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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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l’un des thèmes favoris de <strong>Chagall</strong>, surtout à <strong>par</strong>tir des années 1950 avec la fin de la guerre<br />

– occupe une place très importante dans cette <strong>Bible</strong> féminine. Sara et Agar sont à plusieurs<br />

reprises représentées en tant que mères prenant leurs enfants dans les bras (ill. 199) 864 .<br />

Rébecca se montre également dans son rôle de mère qui fait bénir son fils cadet Jacob au<br />

détriment de son fils aîné <strong>par</strong> son mari Isaac. Avoir un fils avait une telle importance que<br />

Rachel donna sa servante Bilha à Jacob pour qu’elle lui donne un descendant, et Léa, la<br />

sœur de Rachel, fit la même chose avec sa servante Zilpa. Quant à Anne, la future mère de<br />

Samuel, elle se trouvait dans une situation semblable à celle de Rachel et de Léa, c’est-àdire<br />

à devoir supplier le Seigneur pour pouvoir enfanter un fils. En outre, dans ces figures<br />

de mère, nous trouvons un <strong>par</strong>allèle avec des représentations de la Vierge à l’enfant du<br />

début des années 1950. Les dessins sur Sara et Agar soutiennent plus <strong>par</strong>ticulièrement cette<br />

com<strong>par</strong>aison : dans le dessin sur la naissance d’Isaac (ill. 200) 865 et celui sur Agar chassée<br />

avec son fils dans le désert (ill. 199), nous remarquons que la même figure de la mère<br />

portant son enfant dans ses bras ap<strong>par</strong>aît de manière répétitive. Outre cette représentation<br />

classique et traditionnelle de la mère, le fait que l’enfant dans ces dessins soit montré<br />

toujours nu comme un nourrisson renforce la ressemblance avec la représentation de la<br />

Vierge à l’enfant. Tout comme il avait fait de la Sainte Mère dans ses peintures une<br />

allégorie de la maternité, <strong>Chagall</strong> figura encore dans ces dessins Sara et Agar comme des<br />

images génériques de la maternité.<br />

Deuxièmement, nous pouvons constater que dans plusieurs épisodes les<br />

personnages féminins sont figurés en tant qu’épouses. En effet, elles sont représentées<br />

principalement dans le contexte de la rencontre avec leur époux : Rachel et Jacob, Séphora<br />

et Moïse, Ruth et Booz, Abigaïl et David furent ainsi représentés au moment de leur<br />

première rencontre ou de leurs retrouvailles. Ces scènes sont dessinées comme des<br />

moments doux et romantiques entre un homme et une femme. Le rôle de la femme est ici<br />

principalement celui de l’amoureuse, et dans ces scènes l’artiste la plaça à côté de l’homme<br />

sans d’autres éléments explicatifs.<br />

Troisièmement, l’artiste met en lumière des femmes patriotiques : celles qui ont<br />

mené des actes remarquables au profit du peuple d’Israël. Ce sont des femmes<br />

extrêmement courageuses et leurs actes ont souvent sauvé des vies. Parmi elles, il y a bien<br />

sûr Esther qui a sauvé son peuple de l’extermination, en se présentant auprès du roi au<br />

risque de se faire tuer, mais <strong>Chagall</strong> nous montre aussi des femmes anonymes aussi<br />

864 Agar dans le désert (le 16 e dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960)<br />

865 Naissance d’Isaac (le 116 e dessin pour Dessins pour la <strong>Bible</strong>, revue Verve, 1960)<br />

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