La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne
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la <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong>, nous trouvons peu de remarques originales. <strong>La</strong> plu<strong>par</strong>t des critiques<br />
<strong>par</strong>ues après la publication de l’ouvrage s’appuyèrent sur l’analyse de Meyer Schapiro<br />
présentée comme l’introduction à la <strong>Bible</strong> de <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> dans la revue Verve. Sa<br />
division en trois groupes des thèmes traités <strong>par</strong> l’artiste – les grands fondateurs de la<br />
communauté juive, ceux qui l’ont fortifiée et les Prophètes – fut en <strong>par</strong>ticulier<br />
généralement citée comme une information « [permettant] de saisir <strong>par</strong>faitement les<br />
intentions de l’artiste » 846 . Sur le contenu en général, c’est l’accent sur l’homme et sur son<br />
histoire qui fut le plus souligné <strong>par</strong> la critique, qui considérait la <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong> comme<br />
une ode à l’histoire des hommes : « Tout un <strong>par</strong>fum juif, mais aussi et surtout tout un<br />
<strong>par</strong>fum humain émane de ces bouleversantes images », écrivit Jean Cassou 847 ; « Mais,<br />
humains, tous ces personnages fantastiques le demeurent néanmoins à travers leur<br />
histoire », ajouta Jean-Albert Cartier 848 . Quant au style, on souligna l’expressivité du noir<br />
et du blanc dans les planches de l’artiste, com<strong>par</strong>able à celle de Rembrandt : « Quand<br />
<strong>Chagall</strong> masse pour endroits des noirs profonds, [...] quand il oppose des zones de blanc<br />
pur à des zones de moucheté, ce sont là ses moyens astucieux pour nous suggérer la<br />
couleur », poursuivit J.-R. Thome 849 ; « L’artiste a animé de coups de lumière ; on songe<br />
invinciblement à Rembrandt devant ces nappes d’ombre », André Chastel dixit 850 ; « Dans<br />
la gamme des gris et des noirs, il y a en puissance tout le désir de couleur du peintre »,<br />
analysa Paul Chambrillon 851 .<br />
Outre ces appréciations les plus <strong>par</strong>tagées, sur les illustrations de la <strong>Bible</strong> de<br />
<strong>Chagall</strong>, Jean-Albert Cartier nota qu’il n’y avait pas de conventions, et que son monde<br />
biblique hors de tout espace temps précis touchait à une universalité 852 . Jacques Maritain<br />
mit également l’accent de son analyse sur le caractère non confessionnel de la <strong>Bible</strong> de<br />
<strong>Chagall</strong> et sur sa poésie : « Cependant <strong>Chagall</strong>, dans ces eaux-fortes, n’a pas voulu être<br />
juif, je suppose qu’il ne sait même pas très exactement quelle dogmatique juive ou<br />
chrétienne l’Ancien Testament illustré <strong>par</strong> lui nous propose. C’est la poésie de la <strong>Bible</strong><br />
846 Cf. « Trois ouvrages font de <strong>Chagall</strong> la vedette de l’édition cette saison », le 15 décembre 1956. (*source<br />
non identifiée – document dans la boîte de « <strong>Chagall</strong> » de la Bibliothèque Kandinsky, Musée d’art moderne,<br />
Centre Georges Pompidou, <strong>Paris</strong>) ; Jean-Albert Cartier adopta également ces trois groupes pour classer les<br />
thèmes de la <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong>. Cf. Jean-Albert Cartier, « <strong>La</strong> <strong>Bible</strong> vue <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong> », Le Jardin des Arts,<br />
novembre 1956, <strong>Paris</strong>, Éditions Tallandier, p. 34.<br />
847 Jean Cassou, « <strong>La</strong> <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong> », Art et Style, <strong>Paris</strong>, avril 1946, n.p.<br />
848 Jean-Albert Cartier, « <strong>La</strong> <strong>Bible</strong> vue <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong> », art. cit., p. 35.<br />
849 J.-R. Thome, « Le livre illustré », France-Asie, juin 1950, n.p.<br />
850 André Chastel, « <strong>Chagall</strong> Graveur à la Bibliothèque Nationale », art. cit.<br />
851 Paul Chambrillon, « Pour <strong>Chagall</strong> graveur », mercredi 26 juin 1957. (*source non identifiée – document<br />
dans la boîte de « <strong>Chagall</strong> » de la Bibliothèque Kandinsky, Musée d’art moderne, Centre Georges Pompidou,<br />
<strong>Paris</strong>).<br />
852 Jean-Albert Cartier, « <strong>La</strong> <strong>Bible</strong> vue <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong> », art. cit., pp. 34-35.<br />
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