La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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amoureuse est parfaitement résumée dans David et Bethsabée au double profil 828 (ill. 188) : le roi David porte sa harpe et Bethsabée se montre les seins nus. La couronne est partagée par leur tête fusionnée, signe de leur union et de leur amour. Concernant la multiplication des représentations sur ce sujet, nous pouvons peut-être trouver son origine dans la biographie de Chagall alors très amoureuse de sa jeune compagne de l’époque, Virginia Haggard. Dans Le Roi David 829 et David à la lyre 830 (ill. 189), le roi musicien est d’ailleurs représenté à côté d’une mère portant son enfant, au lieu de sa bien-aimée dénudée, ce qui n’est pas sans évoquer Virginia et leur jeune enfant, David. 2. 3. La publication tardive de la Bible à l’eau-forte Les illustrations de Chagall pour la Bible virent enfin le jour en 1956 chez l’éditeur Tériade. L’ouvrage conçu en accord avec Ambroise Vollard dans les années 1920 fut interrompu et resta endormi à cause d’évènements malencontreux comme la crise économique des années 1930, la seconde guerre mondiale et la mort de Vollard. Mais le projet fut repris par l’artiste après son retour en France à l’initiative du nouvel éditeur Tériade, successeur de Vollard, pour être publié sous forme de grand livre d’art et dans la revue Verve. La version du livre : une édition de luxe Pour la Bible, Chagall gravit cent cinq cuivres. Sur la totalité de ce travail, seulement soixante-six eaux-fortes furent tirées de 1931 à 1939 dans les ateliers de Maurice Potin, peintre-graveur. Les trente-neuf autres eaux-fortes furent terminées par l’artiste dans les ateliers et avec la collaboration de Raymond Haasen qui en effectua le tirage de 1952 à 1956. Les cent cinq cuivres furent rayés après tirage. L’ouvrage apparut sous le titre Bible – Eaux-fortes originales de Marc Chagall en deux volumes. Il fut tiré de cet ouvrage deux cent soixante-quinze exemplaires sur papier Montval numérotés de 1 à 275, et vingt exemplaires hors commerce numérotés de I à XX, réservés aux collaborateurs. Tous les exemplaires furent signés par Marc Chagall. Il fut tiré en outre 828 David et Bethsabée au double profil, 1951, Plat en céramique, 42 x 35 cm, Collection particulière ; Ibid., cat. ill. 49. 829 Le roi David, 1952, Stèle en pierre de Rogne, Musée National Message Biblique Marc Chagall, Nice ; cf. Ibid., cat. ill. 45. 830 David à la lyre, 1950, Plat en céramique, 30,5 x 25 cm, Paris, Collection Ida Chagall ; cf. Ibid., cat. ill. 53. 234

cent albums sur vélin d’Arches, contenant les cent cinq planches de l’ouvrage peintes à la main, signées et numérotées par l’artiste 831 . C’est un ouvrage de luxe, au format 44 x 33 cm, en feuilles, présenté en deux volumes sous étui. Comme André Chastel le décrivit, il s’agit d’« une belle et lourde édition pour bibliophiles » 832 . Ce n’est d’ailleurs pas une Bible à lire mais à contempler : elle ne contient pas le texte en entier, mais seules les parties correspondant aux images furent publiées pour accompagner les planches d’eaux-fortes. Même le langage XVII e siècle du texte dénote que cet ouvrage n’est pas fait pour l’usage pratique : les versets de la Bible figurant dans cet ouvrage sont extraits de la traduction établie d’après les textes hébreux par les pasteurs et professeurs de l’Église de Genève publiée en 1638 à Genève. Le texte a été composé en « Romain du Roi » corps trente-deux gravé par Grandjean au XVII e siècle sur l’ordre de Louis XIV. La composition et l’impression furent exécutées sous la conduite de Georges Arnoult. Le tirage fut achevé sur les presses de l’imprimerie nationale le 14 décembre 1956, Daniel Gibelin en était alors le directeur 833 . La version de la revue Verve et ses lithographies Tériade dirigea également une autre publication de la Bible de Chagall dans une version plus accessible au public. La revue artistique et littéraire Verve consacra son double numéro (N os 33 et 34) 834 à la reproduction intégrale en héliogravure des 105 planches gravées à l’eau-forte par l’artiste. Les références mentionnées dans les légendes se rapportent à la Bible des Pasteurs et Professeurs de Genève publiée en 1638, comme dans l’édition originale. L’artiste composa spécialement pour cette édition 16 lithographies en couleurs et 12 en noir et blanc, ainsi que la couverture et la page de titre. Le volume fut achevé d’imprimer le 10 septembre 1956, par les Maîtres-Imprimeurs Draeger Frères pour l’héliogravure et par Mourlot Frères pour la lithographie. Les lithographies insérées dans cet ouvrage montrent un style complètement différent de celui des eaux-fortes. Les lignes souples et fluides construisent des formes arrondies et simplifiées. Quant aux lithographies en couleurs, elles sont composées de couleurs très vives et pures qui se renforcent par leur contraste. En revanche, les lithographies en noir et blanc laissent voir une beauté sobre par leurs lignes très épurées. 831 Bible – Eaux-fortes originales de Marc Chagall (deux tomes), Paris, Tériade, 1956 (exemplaire 192). 832 André Chastel, « Chagall Graveur à la Bibliothèque Nationale », Le Monde, le 28 juin 1957, n.p. 833 Bible – Eaux-fortes originales de Marc Chagall, op. cit. 834 os Marc ChagallBible, Verve (revue artistique et littéraire / directeur : Tériade) Vol. VIII, N 33 et 34, Paris, Éditions de la revue Verve, 1956. 235

amoureuse est <strong>par</strong>faitement résumée dans David et Bethsabée au double profil 828 (ill. 188)<br />

: le roi David porte sa harpe et Bethsabée se montre les seins nus. <strong>La</strong> couronne est <strong>par</strong>tagée<br />

<strong>par</strong> leur tête fusionnée, signe de leur union et de leur amour. Concernant la multiplication<br />

des représentations sur ce sujet, nous pouvons peut-être trouver son origine dans la<br />

biographie de <strong>Chagall</strong> alors très amoureuse de sa jeune compagne de l’époque, Virginia<br />

Haggard. Dans Le Roi David 829 et David à la lyre 830 (ill. 189), le roi musicien est d’ailleurs<br />

représenté à côté d’une mère portant son enfant, au lieu de sa bien-aimée dénudée, ce qui<br />

n’est pas sans évoquer Virginia et leur jeune enfant, David.<br />

2. 3. <strong>La</strong> publication tardive de la <strong>Bible</strong> à l’eau-forte<br />

Les illustrations de <strong>Chagall</strong> pour la <strong>Bible</strong> virent enfin le jour en 1956 chez l’éditeur<br />

Tériade. L’ouvrage conçu en accord avec Ambroise Vollard dans les années 1920 fut<br />

interrompu et resta endormi à cause d’évènements malencontreux comme la crise<br />

économique des années 1930, la seconde guerre mondiale et la mort de Vollard. Mais le<br />

projet fut repris <strong>par</strong> l’artiste après son retour en France à l’initiative du nouvel éditeur<br />

Tériade, successeur de Vollard, pour être publié sous forme de grand livre d’art et dans la<br />

revue Verve.<br />

<strong>La</strong> version du livre : une édition de luxe<br />

Pour la <strong>Bible</strong>, <strong>Chagall</strong> gravit cent cinq cuivres. Sur la totalité de ce travail,<br />

seulement soixante-six eaux-fortes furent tirées de 1931 à 1939 dans les ateliers de<br />

Maurice Potin, peintre-graveur. Les trente-neuf autres eaux-fortes furent terminées <strong>par</strong><br />

l’artiste dans les ateliers et avec la collaboration de Raymond Haasen qui en effectua le<br />

tirage de 1952 à 1956. Les cent cinq cuivres furent rayés après tirage. L’ouvrage ap<strong>par</strong>ut<br />

sous le titre <strong>Bible</strong> – Eaux-fortes originales de <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> en deux volumes. Il fut tiré de<br />

cet ouvrage deux cent soixante-quinze exemplaires sur papier Montval numérotés de 1 à<br />

275, et vingt exemplaires hors commerce numérotés de I à XX, réservés aux<br />

collaborateurs. Tous les exemplaires furent signés <strong>par</strong> <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>. Il fut tiré en outre<br />

828<br />

David et Bethsabée au double profil, 1951, Plat en céramique, 42 x 35 cm, Collection <strong>par</strong>ticulière ; Ibid.,<br />

cat. ill. 49.<br />

829<br />

Le roi David, 1952, Stèle en pierre de Rogne, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, Nice ; cf.<br />

Ibid., cat. ill. 45.<br />

830<br />

David à la lyre, 1950, Plat en céramique, 30,5 x 25 cm, <strong>Paris</strong>, Collection Ida <strong>Chagall</strong> ; cf. Ibid., cat. ill. 53.<br />

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