26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

une lettre à son ami Opatoshu en lui confiant son état de complet anéantissement. Après<br />

avoir longuement <strong>par</strong>lé de sa désolation, il avoua sa faiblesse d’être dépendant : « <strong>La</strong><br />

grande infortune, c’est que je ne peux pas vivre seul. Et je ne peux pas non plus travailler<br />

» 774 .<br />

Peu de temps après l’annonce de son amour pour Leirens, Virginia quitta<br />

définitivement l’artiste le 16 avril 1952. Malgré la fureur engendrée <strong>par</strong> l’évènement,<br />

<strong>Chagall</strong> devait toujours être amoureux d’elle, puisque le jour de son dé<strong>par</strong>t <strong>Chagall</strong> lui<br />

offrit deux dessins à l’encre le représentant avec elle. Sous les dessins l’artiste écrivit :<br />

« Pour Virginia / mon amour / <strong>Marc</strong> » ; « ma vie, mon art, mon amour – ma Virginia /<br />

<strong>Marc</strong> » 775 . Peut-être avait-il mal à croire qu’elle <strong>par</strong>tît réellement et attendait-il qu’elle<br />

changeât d’avis. Dans la lettre à son ami Opatoshu à qui il se plaignait des défauts de<br />

Virginia, l’artiste, <strong>par</strong>lant de son « amour terrible envers elle », dit qu’ « elle peut rester où<br />

elle veut » 776 . L’artiste avait probablement une attitude contradictoire vis-à-vis de Virginia.<br />

À ce propos, elle raconta ce qu’elle disait à <strong>Chagall</strong> :<br />

« Mais tu ne m’aimes pas. Tu dis que tu m’aimes, mais je ne le sens pas. Quand je <strong>par</strong>s je<br />

te manque, mais quand je suis là tu me critiques tout le temps. Je te déçois ; je ne suis pas<br />

devenue ce que tu espérais » 777 .<br />

L’absence de certaines qualités chez Virgnia, plus <strong>par</strong>ticulièrement maternelles, devait<br />

poser un problème fondamental au sein de couple : la dévalorisation de soi chez Virginia<br />

causée <strong>par</strong> la dépréciation de <strong>Chagall</strong>.<br />

Or, le dé<strong>par</strong>t de Virginia causa le même problème que lors de la mort de Bella : en<br />

l’absence de la maîtresse de maison, qui allait dorénavant s’occuper de l’artiste ? Comme<br />

la première fois, ce fut encore Ida qui trouva rapidement une gouvernante pour son père, en<br />

pensant que ce serait « une solution temporaire » 778 . Cette personne, Valentina Brodsky,<br />

arriva le jour même où Virginia quitta la maison, et devint bientôt la troisième femme de<br />

<strong>Chagall</strong>. Dans sa lettre à son ami Opatoshu du 30 juin, tout en exprimant encore le<br />

sentiment d’avoir été trahi <strong>par</strong> Virginia, l’artiste écrivit qu’il attendait que ses sentiments<br />

774<br />

Lettre de <strong>Chagall</strong> aux Opatoshu du 10 avril 1952 ; Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A<br />

Documentary Narrative, op. cit., p. 789.<br />

775<br />

Ibid., pp. 792-793.<br />

776<br />

Lettre de <strong>Chagall</strong> aux Opatoshu du 10 avril 1952 ; Ibid., p. 789.<br />

777<br />

Virginia Haggard, Ma vie avec <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 220.<br />

778<br />

Lettre de Ida <strong>Chagall</strong> à Bernard Reis du 2 mai 1952 ; Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A<br />

Documentary Narrative, op. cit., p. 791.<br />

222

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!