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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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l’artiste, l’idéal de compagne pour <strong>Chagall</strong>. Mais, malheureusement Virginia n’était pas<br />

Bella. Il semble que cela fut une des causes les plus importantes de discorde entre <strong>Chagall</strong><br />

et Virginia. Celle-ci en témoigna dans son livre :<br />

« Il me <strong>par</strong>lait souvent de Bella ; il croyait que son esprit survivait quelque <strong>par</strong>t et qu’elle<br />

veillait sur nous. Il disait que je devais m’efforcer d’être digne d’elle, ce qui, évidemment,<br />

me <strong>par</strong>aissait impossible... » 768 .<br />

Finalement, les caractéristiques de la figure féminine idéale chez <strong>Chagall</strong> semblent pouvoir<br />

se résumer en un seul trait : la maternité. Comme Virginia le dit, les femmes jouèrent un<br />

rôle important dans la vie de l’artiste, et comme ses tableaux le montrent, il se représenta<br />

souvent uni à sa bien-aimée. Néanmoins, ce rôle semble avoir toujours été le même : la<br />

mère demeurait la figure centrale dans sa vie ; Bella, l’épouse idéale, <strong>par</strong>ticipait également<br />

à cette figure maternelle. Même sa relation avec Ida rappelle celle d’un enfant s’appuyant<br />

constamment sur sa mère. Depuis la mort de Bella, Ida reprit son rôle et travailla beaucoup<br />

pour promouvoir le nom de son père. Elle traita les affaires, organisa les expositions et<br />

négocia avec les éditeurs, les journalistes et les critiques d’art à la place de sa mère 769 . Par<br />

contre, Virginia écrivit elle-même qu’elle n’était qualifiée pour aucune de ces tâches, elle<br />

se consacra donc à d’autres besoins comme recevoir des visiteurs, diriger la maison,<br />

conduire la voiture pour <strong>Chagall</strong>, prendre en photo ses nouveaux tableaux et les faire<br />

encadrer, répondre au téléphone et taper la correspondance à la machine 770 . Or, non<br />

seulement dans les affaires de l’artiste mais encore dans leur vie commune, Virginia<br />

sembla avoir été complètement dominée <strong>par</strong> Ida. À ce propos, Virginia raconta que lorsque<br />

Ida désapprouvait un projet sur lequel <strong>Chagall</strong> et elle étaient pourtant tombés d’accord,<br />

c’était toujours Ida qui finissait <strong>par</strong> gagner l’artiste à sa cause, et celui-ci désavouait alors<br />

sa compagne en affirmant qu’il n’avait jamais été de son avis 771 . Lorsque Virginia se<br />

plaignit à l’artiste en lui disant : « Ta vie est avec Ida, de plus en plus » 772 , <strong>Chagall</strong><br />

avoua en effet : « Ida s’occupe de tout. Sans elle je serais perdu » 773 . Il savait très<br />

probablement lui-même que la présence d’un être maternel pour le rassurer et diriger sa vie<br />

lui était indispensable : quand il fut avisé de la décision de Virginia de le quitter, il écrivit<br />

768<br />

Virginia Haggard, Ma vie avec <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 75.<br />

769<br />

Virginia raconte que Ida souhaitait devenir marchand indépendant de l’œuvre de son père. Ibid., p. 146.<br />

770<br />

Ibid., p. 212.<br />

771<br />

Ibid., p. 147.<br />

772<br />

Ibid., p. 220.<br />

773<br />

Ibid.<br />

221

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