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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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<strong>La</strong> rupture avec Virginia et la « mère » indispensable pour <strong>Chagall</strong><br />

En février 1952, Virginia obtint le divorce de son mari John McNeil, ainsi que le<br />

droit de garde de leur fille. Comme elle l’écrivit, <strong>Chagall</strong> et elle en furent contents et<br />

soulagés 764 . Mais leur vie de couple, au lieu de se légaliser <strong>par</strong> ce divorce, arriva bientôt à<br />

sa fin. Pendant que <strong>Chagall</strong> séjournait à <strong>Paris</strong> pour la pré<strong>par</strong>ation de son exposition,<br />

Virginia tomba amoureuse de Charles Leirens, un photographe belge qui vint à Vence pour<br />

pré<strong>par</strong>er un film documentaire sur <strong>Chagall</strong>. En réalité ils s’étaient déjà rencontrés en 1948<br />

lorsque Leirens avait photographié les <strong>Chagall</strong> à High Falls. Ignorant ce qui se passait,<br />

<strong>Chagall</strong> demanda à Virginia d’apporter ses céramiques et ses sculptures à <strong>Paris</strong> pour<br />

l’exposition. Arrivée sur place, Virginia lui annonça son amour pour Leirens et sa décision<br />

de le quitter. Complètement désem<strong>par</strong>é, l’artiste ne comprit ni cette situation<br />

catastrophique, ni la raison pour laquelle Virginia choisit Leirens. Celui-ci était plus âgé<br />

que <strong>Chagall</strong> d’un an, et souffrait en plus de nombreuses maladies. Dans la lettre à son ami<br />

Opatoshu, <strong>Chagall</strong> écrivit : « Si, au moins, elle était tombée amoureuse d’un jeune homme,<br />

ce serait compréhensible » 765 . Dans la même lettre, l’artiste jugea que Virginia n’avait<br />

compris ni sa personne, ni sa mission dans la vie, ni son rôle dans l’art. Il se plaignit<br />

qu’elle l’accusait d’être matérialiste et égoïste, qu’elle trouvait ses peintures trop chères et<br />

sa maison trop grande, etc. L’artiste lui reprocha surtout de ne pas s’intéresser aux gens qui<br />

le rendaient visite, comme les collectionneurs, les écrivains et les directeurs de musées, et<br />

de ne pas savoir les recevoir. Enfin, il en conclut qu’« elle ne [pouvait] pas être la femme<br />

d’un homme célèbre » 766 . <strong>Chagall</strong> estima également que « si elle avait eu du génie pour<br />

ressentir l’art, et [son] art en <strong>par</strong>ticulier, elle aurait compris quel type de personne [il était],<br />

le créateur de cet art. [...] [Mais] elle n’avait pas même un dixième du génie qu’avaient<br />

Bella et les femmes des artistes juifs en général, qui restent à leur place, saintes et<br />

dévouées » 767 .<br />

Ces dernières remarques reflètent exactement ce que l’artiste attendait d’une<br />

femme, en <strong>par</strong>ticulier de son épouse. <strong>La</strong> personne dont il avait besoin devait être quelqu’un<br />

de complètement dévouée à lui et à son art, capable de gérer les tâches de toutes sortes afin<br />

qu’il puisse se concentrer uniquement sur ses œuvres. Bella correspondait à ce type de<br />

personne : belle, douce, intelligente, et surtout compétente à satisfaire tous les besoins de<br />

764 Lettre de Virginia aux Opatoshu du 23 février 1952 ; Ibid., p. 775.<br />

765 Lettre de <strong>Chagall</strong> aux Opatoshu du 10 avril 1952 ; Ibid., p. 789.<br />

766 Lettre de <strong>Chagall</strong> aux Opatoshu du 10 avril 1952 ; Ibid., p. 788.<br />

767 Lettre de <strong>Chagall</strong> aux Opatoshu du 10 avril 1952 ; Ibid.<br />

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