La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne
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conseils de personnages importants de la communauté juive. André Chouraqui témoigna ainsi l’angoisse de Chagall, à qui il avait conseillé d’accepter la décoration de la chapelle de Vence. Dans la lettre adressée à l’artiste, Chouraqui fait comprendre que ce travail n’affecterait pas la judéité de Chagall, et que celui-ci pourrait décorer la chapelle de telle sorte que sa peinture témoigne de la « lumière » du message de la Bible qui est l’héritage commun entre le judaïsme et le christianisme 755 . Il semble que ces propos ont contribué à convaincre l’artiste, qui a désormais activement participé aux travaux destinés à l’Église. En fin du compte et comme nous l’avons déjà précisé, l’église du Plateau d’Assy reçu quelques années plus tard la céramique murale de Chagall pour son baptistère, tandis que le projet de l’artiste pour la chapelle de Vence n’aboutit jamais 756 . Chagall n’ira pas vivre en Israël Vingt ans après la première visite, Chagall eut l’occasion de se rendre de nouveau en Palestine. En 1951, l’État d’Israël, officiellement constitué en 1948, organisa une importante exposition de Chagall. L’Association des Musées d’Israël fut même spécialement formée pour cet évènement. Au départ, l’ouverture de l’exposition fut prévue pour le 5 mai 1951 à Jérusalem et le 12 mai à Tel Aviv, mais l’artiste souhaita reporter jusqu’à l’automne à cause du voyage d’Ida aux États-Unis, prévu pour le mois d’avril. Néanmoins, l’exposition fut inaugurée le 30 mai à Jérusalem et le 7 juillet à Tel Aviv, le jour de l’anniversaire de l’artiste. Ida qui avait préparé l’exposition partit pour l’Israël au début du mois de mai, et Chagall accompagné par Virginia la rejoignit en juin 757 . Le pays les accueillit chaleureusement, et l’exposition eut un énorme succès auprès du public. Cent dix-neuf œuvres de l’artiste regroupant des peintures, des gravures, des dessins et des céramiques furent exposées, et la fréquentation atteignit presque 1 500 personnes par jour. Virginia témoigna que c’était la plus belle exposition de Chagall qu’elle n’eût jamais vue, 755 Voir « Lettre à Marc Chagall » (26 mars 1954) dans André Chouraqui, Le destin d’Israël, Paris, Parole et Silence, 2007, pp. 245-249. 756 L’écrit de Virginia Haggard nous fait croire que l’Église prit garde à ne pas laisser son espace religieux complètement à la disposition de Chagall. Dans son livre, elle raconte la réaction froide du Père Couturier lorsqu’elle avança l’idée de faire dans un édifice religieux un espace spirituel mais non confessionnel avec des peintures de Chagall : « Un jour, alors que je reconduisais le père Couturier [...], nous parlâmes du désir de Marc de réaliser des peintures murales à thèmes bibliques pour un édifice religieux. J’imaginais volontiers, lui dis-je, une manière de temple, où toutes les religions seraient rassemblées sous la forme d’une philosophie mystique globale. Couturier manifesta son désaccord avec une politesse glacée ». (Virginia Haggard, Ma vie avec Chagall, op. cit., p. 165.) Cependant, d’après la lettre de Chouraqui, la décoration de la chapelle de Vence fut bien demandée à Chagall, et non pas proposée par celui-ci : « les chapelles de Vence que l’on vous demande avec tant d’instance de décorer sont des chapelles désaffectées et qui n’appartiennent pas à l’Église mais à la Municipalité [...] » (« Lettre à Marc Chagall » (26 mars 1954) dans André Chouraqui, Le destin d’Israël, op. cit., p. 247). 757 Benjamin Harshav, Marc Chagall and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 744-745. 218
même si les peintures provenaient essentiellement de la collection de l’artiste 758 . Comme lors de sa première visite, Chagall était profondément touché au point de s’exclamer : « Bizarre ! Cette exposition m’excite plus que toutes mes autres expositions dans le monde. Elle est la plus significative pour moi » 759 . Or, l’exposition sur la Terre Sainte devait sans doute avoir une signification particulière plus au niveau personnel et patriotique qu’artistique pour Chagall : « Je suis envahi par une excitation inhabituelle due à une sorte de responsabilité envers ces jeunes gens d’Israël qui, sur leurs propres épaules et avec leur propre âme, ont ouvert une nouvelle page de notre vie de Juifs et ont sacrifié leur vie pour briser les chaînes du ghetto et pour nous mener vers de nouveaux horizons bibliques, vers un nouveau pays et un nouvel héroïsme » 760 . Si l’artiste apprécia énormément l’enthousiasme du peuple israélien, cela n’était cependant pas suffisant pour le convaincre de venir vivre en Israël. Il semble que l’artiste reçut des suggestions dans ce sens, auxquelles il répondit clairement : « J’aimerais bien aider, mais pour venir ici où est-ce que je trouverais la force ? Je devrais avoir vingt ans de moins, en plus l’art vit en France » 761 ; « Je dois rester en France [mais] je veux aller de temps en temps en Israël [...] » 762 . À Paris, le bruit courut que Chagall partait pour s’installer en Israël. Le journal Artes questionna l’artiste à ce propos, celui-ci précisa alors sa position une fois pour toutes : il choisit la France. « Tout le monde le sait : l’art vit en France. Voilà la vérité. J’ai vu Israël. Je suis reconnaissant au gouvernement pour l’invitation, pour l’aimable réception, et pour la merveilleuse organisation de mon exposition. Aussi longtemps que ma santé le permettra, je serai heureux de passer un ou deux mois là-bas de temps en temps pour peindre les murs qu’ils m’offrent, car dans mon cœur habite un écho de la Bible. Mais mon être entier habite en France, où je suis venu dans ma jeunesse pour vivre et travailler » 763 . 758 Lettre de Virginia à Louis Stern du 11 juillet 1951 ; Ibid., p. 756. 759 Lettre de Chagall sur son exposition en Israël ; Ibid., p. 749. Nous traduisons. 760 Lettre de Chagall sur son exposition en Israël ; Ibid. Nous traduisons. 761 Lettre de Chagall à Yosef Opatoshu du 28 juillet 1951 ; Ibid., p. 757. Nous traduisons. 762 Lettre de Chagall à Moshe Mokady du 27 juillet 1951 ; Ibid., p. 759. Nous traduisons. 763 « Chagall : ‘Mon cœur reste en France’, Il ne s’installera pas en Israël », Article dans Ma’ariv à Tel Aviv du 4 août 1951, np ; cf. Benjamin Harshav, Marc Chagall and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 761-762. Nous traduisons. 219
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sorte que sa peinture témoigne de la « lumière » du message de la <strong>Bible</strong> qui est l’héritage<br />
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En fin du compte et comme nous l’avons déjà précisé, l’église du Plateau d’Assy<br />
reçu quelques années plus tard la céramique murale de <strong>Chagall</strong> pour son baptistère, tandis<br />
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<strong>Chagall</strong> n’ira pas vivre en Israël<br />
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en Palestine. En 1951, l’État d’Israël, officiellement constitué en 1948, organisa une<br />
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spécialement formée pour cet évènement. Au dé<strong>par</strong>t, l’ouverture de l’exposition fut prévue<br />
pour le 5 mai 1951 à Jérusalem et le 12 mai à Tel Aviv, mais l’artiste souhaita reporter<br />
jusqu’à l’automne à cause du voyage d’Ida aux États-Unis, prévu pour le mois d’avril.<br />
Néanmoins, l’exposition fut inaugurée le 30 mai à Jérusalem et le 7 juillet à Tel Aviv, le<br />
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les accueillit chaleureusement, et l’exposition eut un énorme succès auprès du public. Cent<br />
dix-neuf œuvres de l’artiste regroupant des peintures, des gravures, des dessins et des<br />
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Virginia témoigna que c’était la plus belle exposition de <strong>Chagall</strong> qu’elle n’eût jamais vue,<br />
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Voir « Lettre à <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> » (26 mars 1954) dans André Chouraqui, Le destin d’Israël, <strong>Paris</strong>, Parole et<br />
Silence, 2007, pp. 245-249.<br />
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L’écrit de Virginia Haggard nous fait croire que l’Église prit garde à ne pas laisser son espace religieux<br />
complètement à la disposition de <strong>Chagall</strong>. Dans son livre, elle raconte la réaction froide du Père Couturier<br />
lorsqu’elle avança l’idée de faire dans un édifice religieux un espace spirituel mais non confessionnel avec<br />
des peintures de <strong>Chagall</strong> : « Un jour, alors que je reconduisais le père Couturier [...], nous <strong>par</strong>lâmes du désir<br />
de <strong>Marc</strong> de réaliser des peintures murales à thèmes bibliques pour un édifice religieux. J’imaginais volontiers,<br />
lui dis-je, une manière de temple, où toutes les religions seraient rassemblées sous la forme d’une philosophie<br />
mystique globale. Couturier manifesta son désaccord avec une politesse glacée ». (Virginia Haggard, Ma vie<br />
avec <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 165.) Cependant, d’après la lettre de Chouraqui, la décoration de la chapelle de<br />
Vence fut bien demandée à <strong>Chagall</strong>, et non pas proposée <strong>par</strong> celui-ci : « les chapelles de Vence que l’on vous<br />
demande avec tant d’instance de décorer sont des chapelles désaffectées et qui n’ap<strong>par</strong>tiennent pas à l’Église<br />
mais à la Municipalité [...] » (« Lettre à <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> » (26 mars 1954) dans André Chouraqui, Le destin<br />
d’Israël, op. cit., p. 247).<br />
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Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., pp. 744-745.<br />
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