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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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qu’ils allaient revenir en France l’année suivante et peut-être habiter sur la Côte d’Azur 695 .<br />

Dès lors, la décision fut prise, comme en témoignent les lettres suivantes où il mentionna à<br />

plusieurs reprises son projet de déménagement.<br />

En ce qui concerne les motivations de <strong>Chagall</strong> pour revenir en France, Benjamin<br />

Harshav 696 remarqua en premier lieu que le fait qu’il n’apprit jamais l’anglais aux États-<br />

Unis réduisait le milieu dans lequel il évoluait à la communauté des immigrés. En effet,<br />

comme nous l’avons mentionné au début de ce chapitre, les contacts des <strong>Chagall</strong> à New<br />

York étaient seulement centrés sur les anciens amis et sur la communauté yiddish.<br />

Cependant, <strong>Chagall</strong> ne voulait pas juste être considéré comme un artiste juif. Alors que,<br />

selon Harshav, <strong>Chagall</strong> pensait qu’en France il y avait une telle estime pour l’Art que son<br />

œuvre serait appréciée au-delà de la question de son identité juive. Ce fait dut grandement<br />

jouer sur sa décision. En effet, <strong>Chagall</strong> faisait <strong>par</strong>tie des plus importants artistes d’avantgarde<br />

<strong>par</strong>isiens du début du siècle, et après les deux guerres, son art poétique était encore<br />

plus apprécié dans le monde artistique français. Mais surtout <strong>Chagall</strong> sentait qu’il y était<br />

alors considéré comme un artiste français, et non pas seulement comme un artiste juif, ce<br />

qui faisait une nette différence entre sa situation en France et celle aux États-Unis. De plus,<br />

étant donné que la France était le pays qu’il avait choisi et dans lequel il avait vécu dix-huit<br />

ans, il semblait naturel qu’une fois la paix rétablie, <strong>Chagall</strong> eût voulu y rentrer au lieu de<br />

rester aux États-Unis où il s’était rendu à contre cœur. En outre, Harshav mentionna la peur<br />

que l’artiste ressentait en Amérique quant à une éventuelle persécution due à sa<br />

fréquentation des associations des Juifs communistes. <strong>Chagall</strong> n’était pas communiste,<br />

mais il était effectivement membre du « comité des écrivains, artistes et scientifiques<br />

juifs », qui avait une tendance progressiste et prosoviétique. Outre toutes ces raisons qui<br />

devaient sans doute jouer dans sa décision, il faut aussi noter que sa fille Ida était déjà<br />

rentrée en France. Comme nous l’avons remarqué dans le travail pour l’Oiseau de feu et<br />

pour les expositions, après la mort de Bella, Ida était constamment présente pour aider son<br />

père. Celui-ci aurait sans doute eu du mal à s’imaginer vivre sans elle.<br />

2. Les œuvres à thème chrétien intimement liées à la vie de l’artiste<br />

Durant la période d’exil et d’épreuves, <strong>Chagall</strong> a consacré ses œuvres religieuses à<br />

thème chrétien, essentiellement à la Crucifixion. Dans ces œuvres, ses expériences<br />

695<br />

Lettre de <strong>Chagall</strong> à Virginia du 27 octobre 1947 ; cf. Ibid., p. 623.<br />

696<br />

Ibid., pp. 651-652.<br />

203

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