26.06.2013 Views

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L’amour <strong>par</strong>ti et l’amour trouvé : Bella et Virginia<br />

<strong>La</strong> vie de <strong>Chagall</strong> fut complètement bouleversée <strong>par</strong> un évènement tragique<br />

inattendu : sa femme Bella tomba malade et mourut soudainement le 2 septembre 1944.<br />

Elle fut victime d’une infection virale à la gorge qui s’aggrava si vite qu’elle expira le<br />

lendemain de son hospitalisation. En réalité, Bella tombait souvent malade et elle avait<br />

déjà subi plusieurs opérations durant les années 1920 et 1930 à <strong>Paris</strong>. Elle sentait<br />

probablement qu’elle s’affaiblissait de jour en jour, puisque dans les dernières années de sa<br />

vie, elle s’efforça de finir la rédaction de ses mémoires dans sa langue maternelle, le<br />

yiddish. Elle avait commencé à les écrire après leur voyage en Pologne en 1935, et elle y<br />

raconte son enfance en Russie prédominée <strong>par</strong> les traditions familiales juives, ses<br />

expériences de jeunesse et sa rencontre avec <strong>Chagall</strong>. L’ouvrage fut illustré <strong>par</strong> l’artiste et<br />

publié en deux volumes 666 après la mort de Bella. <strong>Chagall</strong> relate à la postface :<br />

« Je la revois, quelques semaines avant son sommeil éternel – fraîche, belle comme<br />

toujours, dans notre chambre à la campagne. Elle range ses manuscrits : œuvres<br />

achevées, esquisses, copies. Je lui demande en étouffant ma peur :<br />

‘‘Pourquoi tant d’ordre soudain ?’’ [...]<br />

‘‘Tu sauras alors, où tout se trouve...’’<br />

Tout en elle était profond et calme pressentiment. [...] Ses dernières <strong>par</strong>oles : ‘‘Mes<br />

cahiers...’’ » 667 .<br />

L’artiste y ajoute encore : « Le tonnerre gronda, [...] le 2 septembre 1944, quand<br />

Bella quitta ce monde. Tout est devenu ténèbres » 668 . Cette dernière phrase semble refléter<br />

exactement ce qui lui était arrivé, car pour l’artiste la présence de Bella était vitale. Dès<br />

leur première rencontre, Bella était son amoureuse, sa fiancée, sa muse et son modèle.<br />

Après être devenue sa femme, elle se dévoua complètement à <strong>Chagall</strong> et s’occupa de lui<br />

comme une mère, l’entourant d’affection et de tendresse, mais assurant également les rôles<br />

de conseiller et de critique. <strong>Chagall</strong> disait qu’il ne finissait jamais un tableau sans<br />

demander l’avis de Bella 669 . Elle le soutenait aussi à la manière d’un manager, en l’aidant à<br />

666<br />

Lumières allumées (« Brenendike licht », New York, 1945) et Première rencontre (« Di Ershte<br />

Begegenish », New York, 1947).<br />

667<br />

Postface de <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> dans Bella <strong>Chagall</strong>, Lumières allumées, op. cit., pp. 388-389.<br />

668<br />

Ibid., p. 389.<br />

669<br />

« Je n’achève ni tableau, ni gravure sans lui demander son “oui ou non” ». <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, Ma Vie, op. cit.,<br />

p. 170.<br />

196

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!