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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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entièrement chagallien. <strong>La</strong> première d’Aleko eut lieu le 10 septembre 1942. Ce fut un<br />

triomphe, impressionnant le public et la critique <strong>par</strong> l’harmonie <strong>par</strong>faite du décor et des<br />

costumes 661 .<br />

<strong>Chagall</strong> découvrit également le Mexique à travers les randonnées avec Bella.<br />

Durant celles-ci, il réalisa des esquisses qu’il développa <strong>par</strong> la suite sous forme de<br />

gouaches, dans lesquelles l’attachement qu’il éprouvait pour ce pays est <strong>par</strong>ticulièrement<br />

sensible. Comme le remarque Franz Meyer, la création d’Aleko et le séjour au Mexique<br />

suscitèrent chez l’artiste « de nouvelles œuvres à motifs fantastiques, mouvementées de<br />

forme et intenses de couleur » 662 . Mais il nous semble également que la pré<strong>par</strong>ation de ce<br />

ballet fut aussi l’occasion pour lui de travailler de nouveau sur la culture russe. Cette<br />

commande contribua à entretenir ses liens avec son pays natal en guerre, dont il avait<br />

quotidiennement des nouvelles grâce aux journaux et grâce à ses contacts personnels,<br />

notamment avec le monde yiddish communiste. <strong>Chagall</strong> témoigna sa fidélité envers sa<br />

patrie dans le journal yiddish communiste new-yorkais, Morgn Frayhayt (Matin Liberté) :<br />

« Je ne me suis jamais coupé de ma terre natale. Car mon art ne peut pas vivre sans elle,<br />

ni se fondre dans aucun autre pays. [...] J’envoie mes sincères salutations et mes<br />

meilleurs souhaits à mes grands amis et collègues soviétiques – écrivains et artistes,<br />

mais aussi à ces artistes encore plus grandioses que sont les héros de l’armée rouge sur<br />

tous les fronts » 663 .<br />

De plus, en 1943 <strong>Chagall</strong> rencontra Solomon Mikhoels et Itzik Fefer, qui visitèrent New<br />

York comme délégués du Comité Juif Antifasciste de Moscou, l’unique organisme<br />

représentant les Juifs soviétiques 664 . Le président du comité, Solomon Michoels, était un<br />

grand acteur que <strong>Chagall</strong> connaissait personnellement depuis 1920 suite à son travail au<br />

théâtre yiddish de Moscou. Quant à Itzik Fefer, c’était un poète yiddish soviétique. <strong>La</strong><br />

rencontre avec ces deux personnalités du monde yiddish replongea <strong>Chagall</strong> dans la<br />

nostalgie de son pays. À leur dé<strong>par</strong>t, <strong>Chagall</strong> confia deux tableaux dédiés à sa patrie et une<br />

lettre adressée « à ses amis russes ». L’artiste réalisa d’autre <strong>par</strong>t une série de dessins pour<br />

les poèmes yiddish de Fefer, publiés à New York en 1943 et en 1944 665 .<br />

661<br />

Ibid., p. 210.<br />

662<br />

Ibid., p. 211.<br />

663<br />

Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A Documentary Narrative, op. cit., p. 522. Nous<br />

traduisons.<br />

664<br />

Ibid., p. 526.<br />

665<br />

Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 212.<br />

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