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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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lui-même en train de porter sa femme, Bella, dans les bras. Pour ces deux personnes, nous<br />

ne voyons qu’une paire de bras comme dans la planche I, et la jambe de l’artiste et la jupe<br />

de Bella ne font qu’un. C’est sans doute une forme picturalement harmonieuse et<br />

symbolique reflétant l’amour fusionnel entre les deux personnes. À travers ces exemples<br />

cités, nous pouvons faire le constat que l’artiste s’est servi du motif de la fusion des deux<br />

corps pour représenter l’union intime entre l’ange et l’homme dans sa <strong>Bible</strong>. Puisque les<br />

anges de ces planches sont des figures indirectes de l’Éternel, cette liaison signifie celle<br />

entre Dieu et l’être humain. Ceci nous montre que <strong>Chagall</strong> a mis ainsi en <strong>par</strong>allèle la<br />

relation entre Dieu et l’homme avec celle des amoureux, conformément à l’image qu’en<br />

donne aussi la <strong>Bible</strong> dans le Cantique des Cantiques<br />

Conclusion<br />

Dans la <strong>par</strong>tie I, nous avons relevé, dans le <strong>par</strong>cours biographique et artistique de<br />

<strong>Chagall</strong>, un fait intéressant : l’alternance du monde intérieur et du monde extérieur. <strong>La</strong><br />

dualité de ces deux mondes constitue chez lui une identité complexe. Nous nous sommes<br />

dès lors interrogés sur l’impact de cette pluriculturalité dans les œuvres de <strong>Chagall</strong>,<br />

notamment dans ses illustrations bibliques. Répondre à ces interrogations fut l’objet de<br />

cette seconde <strong>par</strong>tie, divisée en trois points d’analyse : l’héritage du monde d’origine, les<br />

influences du monde extérieur, et la <strong>par</strong>ticularité de <strong>Chagall</strong>.<br />

En premier lieu, le judaïsme est présent dans cet ouvrage comme un repère ou un<br />

point de dé<strong>par</strong>t. D’abord sur le plan du contenu, l’artiste a suivi le canon hébraïque de la<br />

<strong>Bible</strong> et son ordre, différents du canon chrétien. Puis sur le plan iconographique, l’artiste a<br />

été très conscient de la tradition, nous pouvons le vérifier <strong>par</strong> l’absence d’image de Dieu à<br />

forme humaine dans cet ouvrage. Cette absence est directement liée à la tradition juive qui<br />

obéit à la Loi de la prohibition d’images dans l’Ancien Testament. Mais pour représenter la<br />

présence de Dieu sans le figurer, l’artiste a employé plusieurs moyens indirects en adoptant<br />

les méthodes de ses ancêtres ou en les inventant : il a dessiné uniquement sa main et a peint<br />

des anges à la place de l’Éternel ; il a écrit également le nom de Dieu en hébreu dans un<br />

globe lumineux pour indiquer sa présence. Par ailleurs, la <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong> est aussi juive<br />

<strong>par</strong> ses motifs et ses symboles issus du judaïsme : outre le rouleau de la Torah,<br />

abondent des objets rituels comme le chandelier, le chofar, les phylactères et le châle de<br />

prière. Les signes du peuple juif comme l’étoile de David et l’inscription en hébreu<br />

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