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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Plusieurs catastrophes se succèdent, entre autres, les hommes et les bêtes ont été attaqués<br />

<strong>par</strong> des insectes et meurent de maladies. <strong>La</strong> petite scène que <strong>Chagall</strong> a mise derrière Moïse<br />

est alors une sorte de résumé de ce qui va arriver à la suite de l’entretien de Moïse avec le<br />

pharaon. L’artiste a disposé ainsi plusieurs scènes dans une image, probablement pour<br />

montrer une continuité du récit. C’est une façon de figurer des évènements successifs en<br />

simultanés.<br />

Or, ce procédé est souvent utilisé dans l’art médiéval. Dans sa figuration<br />

simultanée, plusieurs phases d’une même scène sont représentées dans un même ensemble,<br />

sans aucune forme de sé<strong>par</strong>ation qui permette de les dissocier et de les ré<strong>par</strong>tir dans le<br />

temps 602 . En outre, la succession dans le temps est souvent exprimée <strong>par</strong> la juxtaposition<br />

d’une suite de représentations, <strong>par</strong> exemple, de gauche à droite. Plus rarement, lorsqu’il<br />

s’agit de deux scènes différentes qui se succèdent dans un temps court, la première<br />

représentation est située devant et la seconde derrière sur une même image. Nous pouvons<br />

prendre un exemple concret. Il y a en effet plusieurs livres bibliques qui commencent <strong>par</strong><br />

« Après la mort de... ». L’iconographie médiévale traduit cette situation dans le temps ainsi<br />

: le personnage décédé est situé au premier plan, devant, et la scène qui se passe après est<br />

située derrière 603 (ill. 130 604 ). Dans ce cas, « derrière » signifie « après ». En outre,<br />

l’imagier médiéval peut également employer cette manière de disposer deux scènes pour<br />

exprimer la causalité, en représentant simultanément dans une unité évidente des phases<br />

d’une opération qui ne peuvent être que successives dans la réalité 605 . En ce qui concerne<br />

<strong>Chagall</strong>, l’illustration qui regroupe deux scènes distinctes – la démonstration de Moïse au<br />

devant de la scène et la réaction du pharaon suivie <strong>par</strong> les fléaux à l’arrière –<br />

ap<strong>par</strong>tiendrait, quant à elle, à la figuration simultanée de scènes représentant l’antériorité et<br />

la postériorité des évènements.<br />

1. 3. Le langage du corps au travers des gestes<br />

Dans l’art médiéval, les gestes des personnages sont souvent déterminés d’après<br />

des types conventionnels. L’imagier exprime des idées selon un code fixe, qui permet<br />

602<br />

François Garnier, Le <strong>La</strong>ngage de l’image au Moyen Âge II – Grammaire des gestes, op. cit., p. 45.<br />

603<br />

Ibid., p. 46.<br />

604<br />

« Après la mort de Josué, les fils d’Israël interrogèrent Dieu... » : Initiale du Livre des Juges, <strong>Bible</strong> latine,<br />

XIII e siècle, <strong>Paris</strong>, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 1185, fol. 68 ; cf. Ibid., ill. 18.<br />

605<br />

Ibid., p. 46.<br />

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