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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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1. Le langage de l’image analogue au modèle médiéval<br />

En observant la <strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong>, nous réalisons que l’artiste illustre les récits<br />

bibliques souvent avec une grande fidélité au texte, mais sans chercher à figurer l’univers<br />

biblique et ses personnages avec un réalisme objectif. En évitant la logique et les règles de<br />

la peinture classique, il organise ses représentations en disposant les éléments de façon<br />

symbolique et significative. Dans ce sens, dans sa manière de construire une scène <strong>Chagall</strong><br />

est plus proche des artistes médiévaux que de ses contemporains. Les artistes médiévaux,<br />

en effet, disposent librement de l’espace et du temps en donnant une signification aux<br />

éléments à travers leurs dimensions et leurs situations, les uns <strong>par</strong> rapport aux autres, et ils<br />

attribuent également du sens aux gestes des personnages en les déterminant d’après des<br />

types récurrents. Dans cette <strong>par</strong>tie nous allons analyser ce langage iconographique qu’ont,<br />

en commun, <strong>Chagall</strong> et les artistes médiévaux, en les com<strong>par</strong>ant à <strong>par</strong>tir des exemples<br />

concrets. Nous citerons entre autres quelques exemples de la peinture murale de Doura<br />

Europos qui date du III e siècle après J.-C. Ils sont légèrement antérieurs à l’époque<br />

médiévale, mais tout en étant plus proche de l’Antiquité, ils <strong>par</strong>tagent avec l’art médiéval<br />

les mêmes caractéristiques de langage et de construction de l’image.<br />

1. 1. L’espace flexible : jeu de dimensions et de situations<br />

<strong>Chagall</strong>, comme l’imagier médiéval, modifie la grandeur des personnages dans une<br />

image selon le sens qu’ils voudraient leur attribuer. Par ce jeu des dimensions, ils attirent<br />

notre attention sur le message qu’ils voudraient nous transmettre en priorité. Lorsque nous<br />

regardons les illustrations de <strong>Chagall</strong>, nous sommes <strong>par</strong>fois étonnés de voir l’artiste qui ne<br />

se soucie guère des règles de la perspective. Par exemple, pour la planche XI <strong>Chagall</strong><br />

figure Abraham pleurant de la mort de Sara, sa femme. Par rapport à cette gisante toute<br />

menue, Abraham qui cache son visage de sa main est peint démesurément grand (ill.<br />

119) 581 . Sa dimension considérable, en <strong>par</strong>ticulier celle de sa main cachant le visage,<br />

occupe la plus grande <strong>par</strong>tie de la scène en nous laissant imaginer l’intensité de sa tristesse.<br />

581<br />

Abraham pleurant Sara (pl. XI), 1931-1934, Eau-forte, 29, 7 x 24, 5 cm, Nice, Musée National Message<br />

Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

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