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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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dans l’ambiance générale d’images, mais dans certains exemples elle est suffisamment<br />

perceptible pour donner à comprendre le lien entre les deux artistes.<br />

Il y a d’abord un exemple très intéressant. Si nous regardons la planche XXI de<br />

<strong>Chagall</strong> illustrant « Joseph et la femme de Putiphar », le costume de Joseph nous attire <strong>par</strong><br />

sa singularité. Joseph porte un bonnet, un vêtement ample et plus ou moins long comme<br />

une robe, et une paire de bottes (ill. 78). Ce costume, qui ne semble ni juif, ni égyptien du<br />

temps pharaonique, <strong>par</strong>aît quelque peu décalé. Et en com<strong>par</strong>ant cette image avec une autre<br />

version à la gouache 562 , nous réalisons que l’artiste, en changeant de support, a légèrement<br />

modifié le costume : dans la gouache, le chapeau a des oreillettes, et Joseph porte des<br />

chaussons (ill. 104). Son habillement est donc plus proche de l’égyptien, mais <strong>par</strong> la suite<br />

<strong>Chagall</strong> l’a changé, ce qui donne à Joseph un style complètement différent. Cela n’est peutêtre<br />

qu’un détail, mais il est curieux que <strong>Chagall</strong> ait choisi pour sa planche finale de<br />

s’éloigner de la vraisemblance des éléments, si on tient compte du contexte de cette scène<br />

qui se passe en Égypte. Une démarche inhabituelle qui révèle certes le caractère singulier<br />

de <strong>Chagall</strong>, mais qui peut aussi avoir un lien avec Rembrandt. En effet, la planche de<br />

<strong>Chagall</strong> ressemble beaucoup à la gravure de Rembrandt sur le même sujet (ill. 105) 563 : Le<br />

cadre de la scène dans laquelle la femme de Putiphar est allongée sur le lit à moitié nue,<br />

l’emplacement de ce lit à côté d’un mur obscur, le rideau autour du meuble, et le costume<br />

de Joseph composé d’un petit chapeau, d’une longue chemise et de chaussures liées aux<br />

jambières. Tous ces éléments se trouvent dans les deux illustrations, et semblent ainsi<br />

exprimer l’influence de Rembrandt sur <strong>Chagall</strong>.<br />

D’autres planches de ce dernier semblent avoir eu, elles aussi, les œuvres de<br />

Rembrandt pour modèle de composition. <strong>La</strong> planche LXI illustrant David devant le roi<br />

Saül en est un premier exemple. Cette scène représente le jeune David jouant de la harpe<br />

pour consoler le roi de ses tourments (ill. 106) 564 . <strong>Chagall</strong> a figuré ici David comme un bel<br />

adolescent avec un joli visage et des cheveux bouclés. Il porte un vêtement fin et élégant<br />

aux manches larges. Devant lui, le roi Saül est assis sur le trône. Il cache son visage avec<br />

sa main droite, et la gauche est posée sur sa poitrine. Son vêtement noir et son air sombre<br />

contrastent avec ceux de David, clair et innocent. En réalité, un dessin à la plume de<br />

562 Il s’agit d’une des gouaches pré<strong>par</strong>atoires pour les eaux-fortes : Joseph et la femme de Putiphar, 1931,<br />

Gouache, 62, 5 x 48, 5 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

563 Rembrandt Harmenszoon van Rijn, Joseph et la femme de Putiphar, 1634, Eau forte, 9 x 11, 5 cm,<br />

Genève, Musée d’Art et d’Histoire, Cabinet des Estampes.<br />

564 David chante, en s’accompagnant de la harpe, devant Saül, et le soulage de ses tourments (pl. LXI),<br />

1952-1956, Eau-forte, 30, 7 x 24, 8 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

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