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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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littérature <strong>par</strong>abiblique que le texte sacré lui-même. C’est ainsi que le Targoum et le<br />

Midrash constituent de véritables sources d’étude de l’iconographie biblique juive.<br />

Nous ne possédons aucune information qui nous permettrait de savoir si <strong>Chagall</strong><br />

était au courant de ces traditions littéraires, s’il en est inspiré ou non. Cependant, dans ses<br />

illustrations de la <strong>Bible</strong> nous arrivons à relever quelques exemples qui montrent les mêmes<br />

types de représentations que celles créées à <strong>par</strong>tir des <strong>par</strong>aphrases bibliques traditionnelles.<br />

D’abord, concernant l’épisode de Jacob qui voit, dans son rêve, des anges montant et<br />

descendant sur une échelle, les Targoums 508 relatent que ces anges sont au nombre de<br />

deux, alors que la <strong>Bible</strong> ne le précise pas. Dans la peinture murale de Doura Europos, le<br />

panneau relatif à ce sujet montre effectivement deux anges sur l’échelle, cette<br />

représentation est ainsi considérée comme une interprétation targoumique 509 . Or, il est<br />

intéressant de relever que, dans la planche XIV, <strong>Chagall</strong> a lui aussi représenté deux anges<br />

sur l’échelle de Jacob.<br />

On pourrait prendre encore l’exemple de Joseph avec la femme de Putiphar. Celleci<br />

voulait coucher avec Joseph et tenta de le séduire quand il n’y avait personne dans la<br />

maison. Alors que la <strong>Bible</strong> 510 dit seulement que Joseph fut entré dans la maison et<br />

qu’aucun domestique ne se trouvait là, les commentaires rabbiniques 511 y ajoutèrent des<br />

détails : c’était un jour de fête où tout le monde était <strong>par</strong>ti au temple, et la femme de<br />

Putiphar fit semblant d’être malade pour saisir l’occasion d’être seule avec Joseph. Sa<br />

fausse maladie justifie le fait qu’elle se trouve au lit. Dès lors, plusieurs images médiévales<br />

illustrant cet épisode représentent cette femme, se trouvant au lit, et essayant de séduire<br />

Joseph (ill. 77 512 ). C’est cette interprétation que <strong>Chagall</strong> a choisie d’illustrer (pl. XXI) : la<br />

femme de Putiphar, allongée sur son lit, tend son bras pour attraper Joseph (ill. 78) 513 . De<br />

plus, l’artiste a accentué l’érotisme du récit en la présentant nue.<br />

508<br />

Le Targoum Neofiti sur la Genèse XXVIII, 12 cite le Targoum du Pseudo-Jonathan qui précisa le nombre<br />

des anges. cf. Pierre Prigent, L’image dans le Judaïsme – Du II e au VI e siècle, op. cit., p. 157.<br />

509<br />

cf. Ibid.<br />

510<br />

Genèse XXXIX, 7-12.<br />

511<br />

Talmud babylonien, Sota 36b ; cf. Imaging the Early Medieval <strong>Bible</strong>, éd. <strong>par</strong> John Williams, Pennsylvania,<br />

The Pennsylvania State University Press, 1999, p. 68.<br />

512 e e<br />

<strong>La</strong> femme de Putiphar tentant de séduire Joseph, XVII siècle (Dessin d’après la peinture murale du V<br />

siècle de l’ancienne église de Saint-Paul hors le mur à Rome), Vatican, Biblioteca Apostolica, cod. Barb. lat.<br />

4406, fol. 46. Cf. Imaging the Early Medieval <strong>Bible</strong>, éd. <strong>par</strong> John Williams, Pennsylvania, The Pennsylvania<br />

State University Press, 1999, p. 68.<br />

513 <strong>La</strong> femme de Putiphar tente en vain de séduire Joseph (pl. XXI), 1931-1934, Eau-forte, 30, 1 x 25 cm,<br />

Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

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