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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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auprès de son ami Yosef Opatoshu pour avoir l’information : « Dis moi, comment est-il<br />

écrit sur chacune des deux tablettes de Moïse ? En hébreu ? » 498 . Quant aux noms des fils<br />

d’Israël sur l’éphod d’Aaron (pl. XL ; ill. 69), la <strong>Bible</strong> précise qu’il faut graver « six noms<br />

sur la première pierre et les six autres sur la seconde dans l’ordre de leur naissance » 499 .<br />

<strong>Chagall</strong> a suivi ces prescriptions, mais pas entièrement : il a écrit les noms des six fils<br />

(Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Zabulon et Issachar) sur la <strong>par</strong>tie gauche de l’éphod et ceux<br />

des six autres fils (Dan, Gad, Acher, Nephtali, Joseph et Benjamin) sur celle de droite. Or,<br />

s’il voulait respecter la règle, il fallait écrire les douze noms, de droite à gauche, selon le<br />

sens de lecture hébraïque, dans l’ordre suivant : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Dan, Nephtali,<br />

Gad, Acher, Issachar, Zabulon, Joseph, Benjamin. En effet, l’ordre que <strong>Chagall</strong> a adopté<br />

pour écrire les noms des douze frères ne correspond pas à celui de leur naissance, mais à<br />

celui des bénédictions de Jacob, relatées dans la Genèse (XLIX, 1-28). Il est étonnant de<br />

voir que <strong>Chagall</strong> se soit occupé minutieusement des détails de l’Écriture, mais toujours<br />

sans se priver de liberté d’expression.<br />

En troisième et dernier lieu, nous remarquons que <strong>Chagall</strong> a employé aussi des<br />

inscriptions selon un choix tout à fait personnel. Par exemple, dans la planche LXXIV il a<br />

représenté le roi David en train de chanter un hymne de victoire adressé à Dieu (ill. 76) 500 .<br />

Levant ses bras, David regarde le ciel, d’où <strong>par</strong>t une grande lumière qui se répand sur lui.<br />

Dans cette <strong>par</strong>tie lumineuse, <strong>Chagall</strong> a écrit une <strong>par</strong>tie du cantique de David. Certes, elle<br />

est directement liée au contexte, mais elle est incommunicable pour les gens qui ne lisent<br />

pas l’hébreu, elle ne reste ainsi qu’un élément plastique de l’image. De même, le mot<br />

Jérusalem écrit autour de l’image de la cité dans la planche XCV (ill. 73) joue le même<br />

rôle. L’artiste écrit ces mots, qui ne sont pas nécessairement demandés <strong>par</strong> le contexte, de<br />

son propre fait. Nous avons étudié le sujet des inscriptions en hébreu dans les analyses des<br />

peintures comme Le Juif rouge ou Les portes du cimetière. Nous en avons également<br />

conclu que les inscriptions transmettent des messages plus accessibles aux Juifs qu’à<br />

n’importe lequel d’entre nous, même si nous pouvons apprécier ces œuvres sans forcément<br />

lire l’écriture. Néanmoins, pour les Juifs et ceux qui lisent le symbolisme judaïque, les<br />

œuvres bibliques de <strong>Chagall</strong> apportent certainement une plus grande richesse, ce qui est<br />

aussi le cas dans ces deux planches de la <strong>Bible</strong>.<br />

498<br />

Lettre de <strong>Chagall</strong> à Yosef Opatoshu en 1944 ; cf. Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A<br />

Documentary Narrative, op. cit., p. 537.<br />

499<br />

Exode XXVIII, 10.<br />

500<br />

David, délivré de tous ses ennemis, chante un hymne de victoire à l’Éternel (pl. LXXIV), 1952-1956, Eauforte,<br />

32, 1 x 23 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

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