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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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sortie d’Égypte (ill. 75) 494 . Différemment des autres femmes de la scène, nous remarquons<br />

que sa tête est couverte d’un tissu blanc aux rayures noires, et que sa hanche est entourée<br />

<strong>par</strong> le même type de tissu. Grâce à ses ornements de bandes noires et des franges, nous<br />

reconnaissons le Talit, le châle de prière. Il est porté <strong>par</strong> les hommes juifs pendant la prière<br />

avec les Téphillin 495 . On dit qu’un Juif enveloppé dans son Talit est comme un ange du<br />

Seigneur des armées et nombre de Juifs orthodoxes de la vieille école se couvrent la tête de<br />

leur Talit en signe de respect, en présence de Dieu 496 . Nous nous rappelons que l’artiste a<br />

représenté ce châle chez les crucifiés en signe de leur judéité, ceci nous fait penser que<br />

celui de Miryam suit le même objectif. Mais cette fois-ci c’est une transgression de la<br />

tradition, car le port du Talit et des Téphillin est réservé uniquement aux hommes. Depuis<br />

peu, certaines féministes juives les portent à la synagogue comme symbole d’un statut<br />

religieux égalitaire, mais la plu<strong>par</strong>t des rabbins orthodoxes désapprouvent cette pratique 497 .<br />

Il est invraisemblable que <strong>Chagall</strong> ignore la coutume, néanmoins il a pris la liberté de<br />

représenter cet objet rituel sur Miryam, peut-être afin de rappeler ainsi son statut de<br />

prophétesse.<br />

Dans l’ensemble de ses eaux-fortes pour la <strong>Bible</strong>, <strong>Chagall</strong> a laissé plusieurs<br />

inscriptions en hébreu, qui indiquent de manière explicite le caractère juif de sa <strong>Bible</strong>.<br />

Comme nous l’avons vu, il a écrit à plusieurs reprises le Tétragramme pour éviter de<br />

représenter un Dieu anthropomorphique. Il a écrit également les dix commandements sur<br />

les tables de la Loi (pl. XXXVII), les noms des douze tribus d’Israël (pl. XL), le hymne de<br />

David à l’Éternel (pl. LXXIV), etc. Nous pouvons regrouper ces inscriptions en trois<br />

catégories selon l’usage que l’artiste en fait.<br />

En premier lieu, l’inscription en hébreu de <strong>Chagall</strong> montre son respect pour la Loi<br />

et pour la tradition juive en lien avec l’interdit de représenter Dieu. Ceci s’avère évident<br />

dans les utilisations du Tétragramme, pure forme hébraïque employée <strong>par</strong> l’artiste pour<br />

symboliser la présence de Dieu.<br />

En second lieu, <strong>Chagall</strong> utilise les inscriptions hébraïques en lien avec le contexte.<br />

Sur les tables de la Loi que Moïse a reçues de Dieu (pl. XXXVII ; ill. 68), l’artiste a<br />

éprouvé le besoin d’écrire correctement les dix commandements. Il s’est même renseigné<br />

494 Marie, sœur de Moïse, danse avec ses compagnes pour célébrer la délivrance d’Israël (pl. XXXV), 1934-<br />

1939, Eau-forte, 30 x 23, 6 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

495 Le tableau de <strong>Chagall</strong> Le Juif en noir et blanc montre justement un Juif portant ces deux objets.<br />

496 Alan Unterman, Dictionnaire du Judaïsme – Histoire, mythes et traditions, op. cit., p. 281-284.<br />

497 Ibid.<br />

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