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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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illustrations (pl. XCV). Premièrement, <strong>par</strong> une symbolique qui lui est propre, cet objet<br />

évoque ici le lien étroit du peuple juif à l’Éternel qui le secourût. En effet, dans cette<br />

planche qui montre la cité de Jérusalem, un ange joue du chofar, instrument qui évoque le<br />

<strong>par</strong>don et la délivrance de Dieu envers le peuple juif. Ensuite, l’attribution de Téphillin à<br />

cet ange revêt plusieurs sens : elle précise le contenu de ce message biblique et son<br />

destinataire : la promesse de Dieu faite à son peuple. De plus, elle renforce le caractère<br />

précisément juif de l’ange, car les Téphillin sont non seulement des objets de l’office<br />

quotidien chez les conservateurs mais encore un signe qui distingue les Juifs des non<br />

Juifs 483 . Cette fonction s’applique aussi dans l’art, car si l’iconographie chrétienne<br />

constitue une certaine norme de représentation de l’ange, nous n’y trouvons jamais un ange<br />

muni de Téphillin. Ceci est une création de l’art juif moderne, réalisée <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong>, et<br />

présente dans une seule de ses planches.<br />

3. 3. <strong>La</strong> judéité confirmée : l’étoile de David, le châle de prière et l’écriture<br />

L’« Étoile de David » est la traduction française du mot hébreu Magen Dawid qui<br />

signifie « Bouclier de David ». <strong>La</strong> grande propagation de ce motif date des temps<br />

modernes mais il était effectivement présent tout au long de l’histoire de l’art juif. Nous le<br />

trouvons déjà sur un sceau hébraïque antique décoré d’une étoile hexagonale. Nous le<br />

rencontrons également dans la sculpture juive de l’époque romaine et byzantine, ainsi que<br />

dans des manuscrits médiévaux en Europe et au Yémen où les illustrateurs chrétiens s’en<br />

servirent pour désigner les Juifs 484 . Ce motif fut ainsi employé depuis des siècles à la fois<br />

dans les emblèmes officiels des communautés et comme ornementation des objets<br />

personnels 485 .<br />

L’hexagramme possède une connotation magique depuis le moyen âge, et à <strong>par</strong>tir<br />

de la Renaissance, ce signe, ajouté à des invocations magiques, se répand. Sa grande<br />

diffusion dans l’usage privé fut favorisée <strong>par</strong> la <strong>par</strong>ution d’un livre en 1701 à Amsterdam :<br />

Le Livre de l’Ange Raziel. Cet ouvrage a donné les formules d’un nombre considérable de<br />

talismans et de charmes qui étaient calligraphiés le plus souvent dans le graphisme de<br />

l’hexagramme. Aux yeux des fidèles ce livre constituait une protection efficace contre les<br />

483 Bien que le terme de Téphillin soit identique au mot Téphillah, « prière », certains interprétèrent le mot<br />

comme un dérivé non pas de la racine « pll », « intercéder », mais de « plh », « sé<strong>par</strong>er », « distinguer », pour<br />

insister sur le fait que les Juifs doivent se distinguer des non-Juifs. Ibid.<br />

484 Victor Klagsbald, À l’ombre de Dieu – dix essais sur la symbolique dans l’art juif, op. cit., p. 25.<br />

485 <strong>Marc</strong>-Alain Ouaknin, Symboles du Judaïsme, op. cit., p. 126.<br />

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