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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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trouvons un point commun surprenant : la combinaison du chandelier et du grand-prêtre<br />

Aaron et le même rapport dimensionnel entre les deux.<br />

<strong>La</strong> mise en valeur de la menorah d’une manière si semblable <strong>par</strong> ces artistes juifs,<br />

<strong>Chagall</strong> et l’enlumineur médiéval, semble traduire leur reconnaissance de la signification<br />

que cet objet revêt pour les Juifs. Victor Klagsbald a expliqué le véritable symbolisme de<br />

la menorah en s’appuyant sur la vision prophétique de Zacharie 456 . Dans la première <strong>par</strong>tie<br />

du IV e chapitre du livre Zacharie, on trouve la signification de cet objet :<br />

« L’ange qui me <strong>par</strong>lait revint [...]. Il me demanda : – Que vois-tu ? Je répondis : – Je<br />

vois un chandelier tout en or muni, à la <strong>par</strong>tie supérieure, d’un réservoir. Il est surmonté<br />

de sept lampes [...]. Reprenant la <strong>par</strong>ole, je questionnai l’ange [...] : – Que signifient ces<br />

choses, mon Seigneur ? Il me dit : – Ne sais-tu pas ce que cela représente ? [...] Voici le<br />

message que l’Éternel adresse à Zorobabel : “ Cette œuvre, vous l’accomplirez ni <strong>par</strong> la<br />

puissance, ni <strong>par</strong> la force mais c’est <strong>par</strong> mon Esprit, le Seigneur des armées célestes le<br />

déclare” » 457 .<br />

<strong>La</strong> menorah, dit l’ange, représente donc l’Esprit de Dieu. Manifestant la présence de<br />

l’Esprit divin, elle est porteuse d’espoir de rédemption, car la force physique n’est pas<br />

déterminante et la victoire ap<strong>par</strong>tient à l’Esprit de Dieu. Cette vision prophétique fit ainsi<br />

de la menorah le symbole religieux le plus vénéré du judaïsme 458 .<br />

Par ailleurs, la fonction symbolique du chandelier s’enrichit au cours de l’histoire<br />

juive. <strong>La</strong> menorah qui, à l’origine, symbolise la victoire de l’Esprit sur la force brutale<br />

acquiert progressivement d’autres significations : elle évoque la Torah, la relation entre<br />

Dieu et le peuple d’Israël, les espérances messianiques, la victoire militaire, etc. Mais en<br />

tant qu’objet reflétant essentiellement l’image de Dieu qui donne la lumière, la menorah<br />

est devenue avant tout un symbole de lumière ; lumière spirituelle et primordiale, qui est<br />

celle de la Torah et qui est la lumière éternelle illuminant tout Juif pendant sa vie et audelà,<br />

dans le monde à venir 459 .<br />

Quant au rouleau de la Torah, qui est aussi d’une importance primordiale dans le<br />

judaïsme, il est fréquemment utilisé dans l’œuvre de <strong>Chagall</strong> comme symbole de la judaïté.<br />

456 e<br />

C’est à l’époque du retour de Babylonie (V siècle avant J.-C.).<br />

457<br />

Zacharie IV, 1-6.<br />

458<br />

Victor Klagsbald, À l’ombre de Dieu – dix essais sur la symbolique dans l’art juif, Leuven (en Belgique),<br />

Peeters, 1997, p. 2.<br />

459<br />

Ibid., pp. 1-8.<br />

137

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