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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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cours des âges obtenant de nombreuses connotations nouvelles, ce qui rend les symboles<br />

du judaïsme uniques, profonds et polysémiques. Ici nous nous intéressons aux objets et aux<br />

motifs juifs représentés <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong>, ainsi qu’à leurs significations symboliques. Mais,<br />

surtout, nous voulons savoir comment <strong>Chagall</strong> représente ces symboles et ce qu’il nous<br />

laisse voir à travers eux. C’est là un travail délicat, car le signe d’un objet ou d’un motif ne<br />

délivre pas un message unique, mais il nous permettra de comprendre plus profondément la<br />

<strong>Bible</strong> de <strong>Chagall</strong>. Nous étudierons ici les objets et les motifs symboliques juifs représentés<br />

<strong>par</strong> l’artiste en les regroupant en trois catégories selon leurs significations.<br />

3. 1. L’évocation de la présence divine : le chandelier et le rouleau de la Torah<br />

Parmi les objets ou les motifs représentés dans l’iconographie de l’art juif, c’est le<br />

chandelier à sept branches, la menorah, qui occupe sûrement la première place. Ce<br />

candélabre sacré fascina jadis la tradition juive, et reçut de multiples significations<br />

symboliques. Il devint un des emblèmes d’Israël presque au même titre que l’étoile de<br />

David, et dans la peinture de <strong>Chagall</strong> il est sans doute l’objet le plus fréquemment<br />

représenté.<br />

<strong>La</strong> forme de la menorah est dictée dans l’Exode 451 , qui suggère une signification<br />

assez complexe : c’est un chandelier d’une seule pièce en or ayant trois branches de chaque<br />

côté et un pied. Chaque branche ainsi que le pied porte des calices en forme de fleur<br />

d’amandier avec le bouton et la fleur. Et en haut du chandelier sept lampes sont fixées. En<br />

forme d’arbre porte-lumière, ce chandelier est un porte-lampes, mais il n’est pas un<br />

ap<strong>par</strong>eil d’éclairage. Sa fonction liturgique est l’offrande de la lumière. C’est un objet<br />

religieux chargé de multiples sens symboliques. D’abord l’amande, fruit porteur d’huile,<br />

est identifiée comme un élément constitutif et originel de la lumière sainte. L’amandier est<br />

également com<strong>par</strong>é au « veilleur » dans le livre de Jérémie 452 . En outre, la forme<br />

arborescente est considérée dans de nombreuses traditions religieuses comme le support<br />

d’une représentation cosmique, souvent liée au mystère de la lumière. Le nombre de sept<br />

branches est lui aussi symbolique : il représente la sainteté de la semaine qui répète les<br />

jours de la création, tandis que les sept lampes symbolisent les sept planètes. De même, son<br />

451 Exode XXV, 31-39.<br />

452 Jérémie I, 11-12 : « L’Éternel m’adressa encore la <strong>par</strong>ole en ces termes : – Que vois-tu, Jérémie ? Je<br />

répondis : – Je vois une branche d’amandier. – Tu as bien vu, me dit l’Éternel. Eh bien, je veille sur ma <strong>par</strong>ole<br />

pour accomplir ce que j’ai dit ».<br />

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