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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Ici, nous pouvons remarquer que la main de Dieu fut peinte non seulement comme un<br />

signe de la présence divine mais surtout de son action envers les hommes. Par exemple,<br />

pour la vision d’Ézéchiel, l’artiste a peint le prophète au milieu des fragments de corps<br />

humains et la main de Dieu au-dessus du prophète (ill. 67) 447 . De plus, l’artiste a<br />

représenté le prophète et la main de Dieu à plusieurs reprises dans une seule scène pour<br />

exprimer le déroulement du récit. Mais ces mains ne sont pas toutes de la même forme : la<br />

première est fermée saisissant les cheveux du prophète, tandis que les autres sont ouvertes<br />

et tendues vers lui. Ceci donne à voir une illustration littérale du verset biblique. Il est dit,<br />

en effet, dans le livre d’Ézéchiel : « <strong>La</strong> main de l’Éternel se posa sur moi et l’Éternel<br />

m’emmena <strong>par</strong> son Esprit et me déposa au milieu d’une vallée pleine d’ossements » 448 .<br />

L’illustration de la main de Dieu manifestant son action doit être effectivement en rapport<br />

avec l’étymologie du mot : en hébreu, iad signifie à la fois main et puissance. <strong>La</strong> main de<br />

Dieu évoque donc une notion équivalente à la puissance divine. En outre, cette main est<br />

toujours la droite, la dextre qui, selon Louis Réau, « étant la plus forte, a la<br />

prééminence » 449 . Pourtant, ceci n’est pas toujours le cas chez <strong>Chagall</strong> : dans son<br />

illustration de Moïse recevant les Tables de la Loi (pl. XXXVII), nous voyons deux bras de<br />

Dieu surgissant du nuage, mais seule sa main gauche est visible (ill. 68) 450 . Cela montre<br />

que <strong>Chagall</strong> est suffisamment sensible à la tradition pour représenter la main de Dieu<br />

exerçant son pouvoir sur les hommes, mais il reste insouciant des règles et libre dans son<br />

expression.<br />

3. Le symbolisme révisé des motifs et des objets traditionnels<br />

Une des richesses de la <strong>Bible</strong> <strong>illustrée</strong> <strong>par</strong> <strong>Chagall</strong> se trouve dans les symboles. En<br />

dessinant les motifs et les objets juifs, l’artiste introduit dans ses illustrations les<br />

symboliques judaïques de manière directe ou indirecte. Le symbolisme religieux est un<br />

élément essentiel dans diverses confessions religieuses. Mais il est d’une importance<br />

encore plus grande dans le judaïsme, car après la perte du Temple de Salomon le symbole<br />

religieux tangible est devenu indispensable pour combler l’absence. Il s’est enrichi au<br />

447<br />

<strong>La</strong> vision d’Ézéchiel, Peinture murale de la Synagogue de Doura Europos, 245 après J.-C., Mur nord,<br />

registre inférieur.<br />

448<br />

Ézéchiel XXXVII, 1.<br />

449<br />

Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien, tome II, <strong>Paris</strong>, Presses Universitaires de France, 1955, p. 7.<br />

450<br />

Moïse, au Sinaï, reçoit des mains de Dieu les Tables de la Loi (pl. XXXVII), 1934-1939, Eau-forte, 28, 9<br />

x23 cm, Nice, Musée National Message Biblique <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>.<br />

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