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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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Introduction<br />

Dans la première <strong>par</strong>tie, nous avons étudié le <strong>par</strong>cours personnel que <strong>Chagall</strong> fit<br />

depuis sa naissance jusqu’à ses illustrations pour la <strong>Bible</strong>. De cette observation sur sa vie et<br />

sur son art, nous avons pu constater un fait qui semble constituer le cœur de la création<br />

artistique de <strong>Chagall</strong> : l’alternance constante des cultures, autrement dit, la dualité du<br />

monde intérieur et du monde extérieur. Le jeune Juif vitebskois, en choisissant la vie<br />

d’artiste, se lança dans une perpétuelle confrontation entre son univers d’origine et<br />

l’univers des autres. Par rapport à la tradition juive, l’art religieux chrétien qu’il connut à<br />

Saint-Pétersbourg puis à <strong>Paris</strong> ap<strong>par</strong>tenait à un monde nouveau, extérieur et étranger. Mais<br />

la première guerre mondiale et la Révolution soviétique qui retinrent l’artiste dans sa ville<br />

natale le firent replonger dans sa culture juive. Ensuite, après avoir regagné la France,<br />

l’artiste travailla peu sur le sujet juif et le sujet russe, et s’efforça d’assimiler la culture du<br />

monde occidental. Néanmoins, différents évènements qui survinrent après la commande<br />

des illustrations de la <strong>Bible</strong>, entre autres, le voyage en Palestine et les persécutions des<br />

Juifs, ramenèrent <strong>Chagall</strong> à ses origines. Le judaïsme devint ainsi le sujet majeur de ses<br />

préoccupations et de ses créations.<br />

Ainsi, l’alternance de différents mondes et cultures que l’artiste connut fit naître<br />

chez lui une sorte de dualité culturelle. Celle-ci peut être entendue comme une coexistence<br />

de l’élément juif et des autres éléments issus des cultures occidentales. C’est cette<br />

coexistence que l’on retrouve dans son art religieux dont les 105 eaux-fortes consacrées à<br />

la <strong>Bible</strong>. Dans cette deuxième <strong>par</strong>tie, nous allons donc observer comment ces éléments,<br />

juifs et occidentaux, se croisent, se heurtent et s’harmonisent dans ces illustrations pour y<br />

créer une dynamique <strong>par</strong>ticulière.<br />

Par ailleurs, comme nous l’avons mentionné dans la <strong>par</strong>tie précédente, ces<br />

illustrations pour la <strong>Bible</strong> furent réalisées <strong>par</strong> l’artiste à <strong>par</strong>tir de la fin des années 1920<br />

jusqu’aux années 1930. Elles furent malheureusement interrompues <strong>par</strong> la situation<br />

économique et politique <strong>par</strong>ticulièrement difficile à l’époque. Ces planches d’eaux-fortes<br />

restèrent alors pendant longtemps inachevées jusqu’à ce que l’éditeur Tériade, successeur<br />

de Vollard, ait pris en charge leur publication en 1956. Les planches furent reprises et<br />

remaniées <strong>par</strong> l’artiste pour cette publication, plus de 15 ans après leur création. Elles<br />

furent ainsi le fruit d’un long travail de remaniements. Il y a donc des différences de<br />

temporalité : décalage artistique entre les premières planches des années 30 et quelques-<br />

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