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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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des représentations typiques du réfugié juif chez <strong>Chagall</strong>. Cette figure sera développée<br />

surtout pendant la guerre et ap<strong>par</strong>aîtra toujours dans les scènes d’évènement malheureux.<br />

Quant au crucifié, il ne cessera pas également d’ap<strong>par</strong>aître dans les années<br />

suivantes. Dans une étude, <strong>Chagall</strong> le peignit vêtu du Talit, le châle de prière, et dans une<br />

autre 375 (ill. 56) portant les Téphillin, les phylactères, comme des signes de judaïté. Ainsi,<br />

l’œuvre <strong>La</strong> Chute de l’Ange est finalement chargée de nombreux motifs symboliques. Dans<br />

le tableau, le ciel est ténébreux malgré la présence du soleil, l’ange enflammé tombe du<br />

ciel. Le temps et le monde basculent, c’est ce que révèlent l’horloge et l’homme tombant<br />

du ciel. Devant ces menaces, la mère veut protéger l’enfant, et l’homme sa Torah.<br />

Cependant, la crucifixion du Christ enveloppé du châle de prière juif annonce l’imminence<br />

du sacrifice des Juifs. Seul l’animal joue du violon comme s’il voulait consoler le monde, à<br />

peine éclairé <strong>par</strong> un cierge.<br />

<strong>La</strong> Crucifixion : Catastrophe !<br />

Outre l’homme mélancolique à la Torah et la chute de l’ange, les prémonitions de<br />

l’artiste devant les menaces de l’époque prirent leur forme ultime dans l’image de la<br />

crucifixion. Réalisée au seuil de la guerre, en 1938, <strong>La</strong> Crucifixion blanche 376 (ill. 57) est<br />

une synthèse de tous les éléments représentatifs de l’anxiété du peuple juif durant cette<br />

situation désastreuse. Au centre de ce tableau, nous voyons le Christ sur la croix, illuminé<br />

<strong>par</strong> un rayon de lumière venant du ciel. Son identité est doublement soulignée <strong>par</strong> les<br />

inscriptions sur la croix : « INRI », l’abréviation latine de « Jésus de Nazareth, roi des<br />

Juifs », et sa traduction en araméen. Contrairement aux représentations singulières dans des<br />

tableaux antérieurs comme <strong>La</strong> Sainte Famille 377 de 1910 ou Dédié au Christ 378 , le Christ<br />

est peint ici sous son aspect traditionnel, c’est-à-dire adulte et barbu. Ses yeux sont fermés,<br />

et sa tête penchée vers le bas. Son corps jauni est très pâle, il a peut-être déjà expiré. Au<br />

pied de la croix, un chandelier à six branches est resté allumé. Le ton général du tableau<br />

dominé <strong>par</strong> le blanc gris glacial renforce l’ambiance rude et tragique. Autour du Christ, les<br />

images de catastrophes se multiplient : la synagogue est en flamme et un soldat se jette sur<br />

les rouleaux de la Torah ; de nombreux objets sont dispersés tels que des livres, une chaise,<br />

un chandelier, ainsi qu’un rouleau d’où <strong>par</strong>t de la fumée blanche ; une bande portant des<br />

375<br />

Étude pour <strong>La</strong> Chute de l’ange, 1934, <strong>La</strong>vis d’encre de Chine, 37, 5 x 48 cm, <strong>Paris</strong>, Collection<br />

<strong>par</strong>ticulière ; cf. Ibid., cat. ill. 124.<br />

376<br />

<strong>La</strong> Crucifixion blanche, 1938, Huile sur toile, 155 x 139, 5 cm, Chicago, The Art Institute of Chicago ; cf.<br />

Ibid., cat. ill. 127.<br />

377<br />

<strong>La</strong> Sainte Famille, 1910, Huile sur toile, 76 x 63,5 cm, Zurich, Kunsthaus,.<br />

378<br />

Dédié au Christ ou Golgotha, 1912, Huile sur toile, 174 x 191,1 cm, New York, Museum of Modern Art.<br />

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