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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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emarqué que même sans menace extérieure, mais avec beaucoup d’émotion, l’artiste avait<br />

dépeint des synagogues et d’autres monuments historiques en Israël tels qu’il les voyait. Le<br />

voyage à Vilna, tout près de Vitebsk, était aussi bouleversant que celui en Palestine pour<br />

<strong>Chagall</strong>. Il nous semble encore une fois que l’artiste reconstitua fidèlement ces sites sur ses<br />

toiles, à la manière d’un journal intime, avec l’intention de les graver dans sa mémoire et<br />

dans son cœur.<br />

L’ange qui tombe, l’imminence du danger<br />

L’inquiétude grandissante de l’artiste quant à la situation menaçante se manifeste<br />

également dans le tableau <strong>La</strong> Chute de l’Ange. À <strong>par</strong>tir d’un petit tableau au crayon et à<br />

l’aquarelle de 1924 371 , <strong>Chagall</strong> développa une représentation apocalyptique. Ce tableau<br />

nous présente un Juif, portant un rouleau de la Torah dans ses bras, qui esquive l’ange<br />

tombant du ciel. Comme dans le dessin pour le poème de Lyesin, la chute de l’ange à côté<br />

d’un Juif portant un rouleau de la Torah est nettement symbolique, voire prémonitoire.<br />

Autour des années 1933-34, l’artiste fit un autre tableau sur le même sujet, ainsi que des<br />

études avec des variantes. <strong>La</strong> deuxième version 372 du tableau montre de nouveaux<br />

éléments comme une horloge et un homme portant une canne à la main, qui tombent aussi<br />

du ciel. Le ciel est également occupé <strong>par</strong> le soleil et la lune. Au bas du tableau, une vache<br />

et un violon surgissent, ainsi qu’un cierge allumé. Au loin, nous voyons un village. Tous<br />

ces constituants resteront jusqu’à la dernière version 373 de l’œuvre (ill. 55). Cependant, les<br />

études de 1934 apportent encore quelques éléments nouveaux et une modification<br />

majeure : les figures de la mère à l’enfant et du crucifié sont ajoutées, et l’ange est<br />

désormais sexué, féminin. De plus, dans une 374 de ces études, l’ange est coloré en rouge,<br />

couleur qui restera jusqu’à la version finale de 1947, comme s’il était démoniaque ou<br />

embrasé. Or, l’image de la mère qui porte son enfant dans ses bras nous semble être une<br />

autre représentation du Juif à la Torah : avec le même geste que celui-ci qui porte le<br />

rouleau de la Torah comme s’il voulait le protéger, la mère garde l’enfant du danger<br />

extérieur. Françoise Rossini-Paquet remarqua que l’image de la mère à l’enfant était une<br />

371 <strong>La</strong> Chute de l’ange, 1924, Crayon, Dessin à la plume et à l’aquarelle sur papier, 25 x 33 cm, <strong>Paris</strong>,<br />

Collection <strong>par</strong>ticulière, ; cf. Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., cat. ill. 369.<br />

372 <strong>La</strong> Chute de l’ange. Deuxième état, 1923-33, Huile sur toile, 148 x 166 cm ; cf. Ibid., cat. ill. 613.<br />

373 <strong>La</strong> Chute de l’ange, 1923-1933-1947, Huile sur toile, 148 x 166 cm, Bâle, Collection <strong>par</strong>ticulière ; cf.<br />

<strong>Chagall</strong> connu et inconnu, op. cit., cat. ill. 125.<br />

374 Étude pour la Chute de l’ange, 1934, Huile et encre de Chine sur carton, 49, 5 x 63 cm, <strong>Paris</strong>, Collection<br />

<strong>par</strong>ticulière ; cf. Ibid., cat. ill. 123.<br />

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