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La Bible illustrée par Marc Chagall - Université Paris-Sorbonne

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mortes, les Fables, la <strong>Bible</strong> et Ma vie. En effet, Vilna, appelée « Jérusalem de la Lituanie »<br />

<strong>par</strong> les Juifs, était considérée comme la capitale culturelle des Juifs de l’Europe de l’Est.<br />

Étant située près de la Biélorussie, cette ville rappela fortement à l’artiste sa ville natale,<br />

Vitebsk. Il dit : « <strong>La</strong> ville est comme Vitebsk » 339 . Cependant, ce voyage à Vilna ne lui<br />

redonna pas seulement espoir quant à l’organisation de l’art juif et ne lui rappela pas<br />

seulement sa ville natale. Il révéla également la misère des Juifs qui subissaient la<br />

discrimination et l’antisémitisme alentour. L’artiste y fit la connaissance de Doubnov, le<br />

célèbre historien du judaïsme. Franz Meyer raconta que <strong>Chagall</strong> vit le fils de cet érudit se<br />

faire insulter dans la rue 340 . À son retour, <strong>Chagall</strong> dit : « L’humanité d’aujourd’hui est très<br />

loin de l’art et de l’humanité. [...] Et après mon voyage en Pologne, lorsque j’ai vu des<br />

Juifs mourant presque de faim, j’étais encore plus triste » 341 .<br />

2. 1. Face aux signes de la persécution des Juifs<br />

<strong>La</strong> visite de Vilna, qui offrit à <strong>Chagall</strong> un contact direct avec la culture yiddish et<br />

une réflexion sur la souffrance des Juifs, réveilla en lui le besoin et le désir de s’exprimer<br />

dans sa langue maternelle <strong>par</strong> la poésie, une autre passion de l’artiste. Il rédigea alors un<br />

long poème autobiographique en yiddish, qu’il acheva en 1937. <strong>Chagall</strong> le data pourtant de<br />

1935. Benjamin Harshav pensa que l’artiste avait mis l’année de son voyage à Vilna en<br />

signe de redécouverte de sa culture d’origine, selon son habitude de dater <strong>par</strong> logique<br />

« émotionnelle ». En effet, ce poème composé de quatre grandes <strong>par</strong>ties <strong>par</strong>le<br />

essentiellement de sa ville, de sa famille et de son peuple. Il fut publié sous différentes<br />

versions à New York et à Moscou, puis, des extraits <strong>par</strong>urent plus tard comme des poèmes<br />

indépendants, dans différentes langues. <strong>La</strong> <strong>par</strong>tie qui nous intéresse est la dernière, qui est<br />

une « lamentation » sur le destin du peuple juif. Alors qu’elle fut découpée en deux<br />

poèmes différents dans la version française, Sans larmes (les trois premiers <strong>par</strong>agraphes) et<br />

À terre (les quatre derniers <strong>par</strong>agraphes), elle doit être lue comme un ensemble. Voici le<br />

passage en question :<br />

Mon peuple, tu es sans larmes<br />

339 <strong>La</strong> carte postale adressée à Yosef Opatoshu (le 12 août 1935 à Vilna) ; Ibid., p. 445.<br />

340 Franz Meyer, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong>, op. cit., p. 191.<br />

341 Lettre de <strong>Chagall</strong> à Otto Schneid en octobre 1936. Benjamin Harshav, <strong>Marc</strong> <strong>Chagall</strong> and His Times – A<br />

Documentary Narrative, op. cit., p. 450. Nous traduisons. À Vilna, <strong>Chagall</strong> vit également des enfants mal<br />

nourris dans la Colonie pour les Enfants Faibles.<br />

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