Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...
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Répétons-le une fois <strong>de</strong> plus, la « pureté » <strong>de</strong>s images et du disc<strong>ou</strong>rs sur et à partir <strong>de</strong> cellesci<br />
est un non-sens. La différence entre documentaire et fiction existe bel et bien, mais la<br />
frontière entre ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> films est plus que ténue, et surt<strong>ou</strong>t la plupart <strong>de</strong>s films<br />
fonctionnent sur le principe du métissage : combien <strong>de</strong> films <strong>de</strong> fiction intégrant <strong>de</strong>s images<br />
d’archives plus <strong>ou</strong> moins ret<strong>ou</strong>chées <strong>ou</strong> « reconstituant » <strong>de</strong> manière plus que convaincante le<br />
<strong>pas</strong>sé… et à l’opposé combien <strong>de</strong> documentaires utilisant <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> fiction non cités (un<br />
grand classique étant les images d’ « Octobre » d’Eisenstein dans les documentaires sur<br />
1917) et utilisant <strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> fiction dans le montage, le son, la voix off et le<br />
commentaire… Il serait donc stérile, voire faux, d’opposer une forme à l’autre. Il s’agit donc<br />
bien <strong>de</strong> comparer, <strong>de</strong> montrer les <strong>pas</strong>serelles, les « dialogues » entre les œuvres.<br />
Sur ce point, le choix <strong>de</strong>s films s’est fait <strong>de</strong> manière quasi instinctive : Quand il s’est agi <strong>de</strong><br />
construire cette classe <strong>pas</strong>seport à partir <strong>de</strong>s axes déjà expliqués plus haut, le choix <strong>de</strong><br />
Buongiorno, Notte s’est imposé d’emblée. J’avais vu le film lors <strong>de</strong> sa sortie en 2004, et le<br />
s<strong>ou</strong>venir d’un film s<strong>ou</strong>s tension ainsi que sa fin a- historique restait très vivace.<br />
P<strong>ou</strong>r le documentaire la démarche fut différente : C’est à partir du s<strong>ou</strong>venir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux excellents<br />
documentaires <strong>de</strong> Bernard Debord en compétition à Pessac ( Le soleil et la mort, Tchernobyl<br />
et après… en 2006 et Tibet le mensonge chinois en 2009) et <strong>de</strong> la rencontre avec leur auteur<br />
que j’ai visionné « les <strong>années</strong> Mao » alors inédit p<strong>ou</strong>r moi. Il est apparu alors que les aspects<br />
parallèles et complémentaires étaient évi<strong>de</strong>nts, même si les <strong>de</strong>ux films semblent aux antipo<strong>de</strong>s<br />
en termes <strong>de</strong> forme.<br />
On le verra, ce sont d’abord et avant t<strong>ou</strong>t <strong>de</strong>ux films à la première personne : Directement<br />
chez Bernard Debord qui assume lui-même symboliquement la voix off du commentaire,<br />
indirectement et <strong>de</strong> manière plus maïeutique dans Buongiorno, Notte ; mais t<strong>ou</strong>t est dit dès le<br />
premier plan, on y reviendra. De manière plus directe le film <strong>de</strong> Bernard Debord utilise les<br />
images <strong>de</strong>s fictions <strong>de</strong> JL Godard la chinoise et <strong>de</strong> Denys Arcand les invasions barbares…<br />
alors que la fiction <strong>de</strong> Marco Bellochio est littéralement « truffée » d’images d’archives <strong>de</strong> la<br />
TV italienne, images elles-mêmes retravaillées tant p<strong>ou</strong>r le son, le montage que p<strong>ou</strong>r la<br />
lumière et les c<strong>ou</strong>leurs….<br />
Mais ces films à la première personne ne sont <strong>pas</strong> p<strong>ou</strong>r autant <strong>de</strong>s autobiographies, ni <strong>de</strong>s<br />
auto- justifications a postériori. On revient ici sur la notion <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue déjà évoquée :<br />
chacun <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux auteurs l’expose, avec <strong>de</strong>s conclusions opposées, car leur contexte national<br />
fut différent : en gros, Bernard Debord présente l’extrême gauche maoïste défunte comme<br />
fécon<strong>de</strong> à moyen et long terme p<strong>ou</strong>r la société française, alors que Marco Bellochio n<strong>ou</strong>s offre<br />
une vision plus cérémonielle <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil, avec un leitmotiv : ce qui a été …aurait pu être<br />
différent. Au-<strong>de</strong>là donc d’une représentation <strong>de</strong>s <strong>années</strong> 70 et <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>années</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>p<strong>ou</strong>dre</strong> p<strong>ou</strong>r citer Hamon et Rotman il s’agit donc ici d’une réflexion plus large sur la<br />
représentation d’un phénomène historique vécu directement par les auteurs mais avec un recul<br />
<strong>de</strong> trente ans par rapport aux évènements et s’adressant à un public auquel il manque les<br />
« clefs » p<strong>ou</strong>r appréhen<strong>de</strong>r t<strong>ou</strong>s les enjeux <strong>de</strong> ces images, fictionnelles et (<strong>ou</strong>) documentaires.<br />
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