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Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...

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Là où il y a divergence, c’est que le meurtre du père a eu lieu en réalité en Italie, et que la<br />

violence <strong>armée</strong> a fait <strong>de</strong>s ravages (voir les documents historiques sur ce point) avec en plus un<br />

terrorisme d’extrême droite très meurtrier : jusqu’aux attentats <strong>de</strong> Madrid, l’attentat <strong>de</strong> la gare<br />

<strong>de</strong> Bologne restait l’action terroriste la plus meurtrière <strong>de</strong> l’après-guerre. Ce meurtre n’a <strong>pas</strong><br />

eu lieu en France, et à l’opposé le meurtre <strong>de</strong> Pierre Overney a clôt quelque part la tentation<br />

<strong>de</strong> la guérilla urbaine et <strong>de</strong> la <strong>lutte</strong> <strong>armée</strong>, alors qu’en Italie le processus armé commence<br />

justement à ce moment-là. Cette dérive mortifère en France n’a <strong>pas</strong> existé (même si cela n’a<br />

<strong>pas</strong> été sans casse « interne », Dominique Grange range le rappelle avec justesse) et en terme<br />

<strong>de</strong> représentation les films le montrent bien : prégnance <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> Vertov, Rossellini, <strong>de</strong><br />

la propagan<strong>de</strong> stalinienne et <strong>de</strong>s références <strong>de</strong>uxième guerre mondiale.<br />

C’est peut-être là qu’est la clé <strong>de</strong> la différence entre le cas italien et le cas français : comme le<br />

dit Miller « les Maos n’ont <strong>pas</strong> démérité <strong>de</strong> la démocratie » alors que la dérive politique et<br />

<strong>armée</strong> italienne a v<strong>ou</strong>lu tuer le père, la religion, créer la <strong>de</strong>rnière révolution violente du mon<strong>de</strong><br />

occi<strong>de</strong>ntal développé alors qu’en France le problème ne se posait déjà plus en ces termes. Et<br />

c’est p<strong>ou</strong>r cela que le film <strong>de</strong> Bellochio est unilatéral, alors que celui <strong>de</strong> B.Debord est choral<br />

et multiforme. On notera d’ailleurs l’abondance <strong>de</strong>s images anodines mais p<strong>ou</strong>rtant<br />

signifiantes sur la rue, la société française, alors que bien logiquement la société italienne est<br />

quasi absente du film <strong>de</strong> Bellochio, <strong>ou</strong> se résume à un dialogue muet entre <strong>de</strong>ux employés <strong>de</strong><br />

la bibliothèque, l’un faisant le salut fasciste l’autre levant le poing serré, <strong>ou</strong> la<br />

commémoration magnifique qui réunit t<strong>ou</strong>t le mon<strong>de</strong> mis ne déb<strong>ou</strong>che sur rien…<br />

Alors bien sûr on objectera que les explications politiques, historiques <strong>ou</strong> sociologiques sont<br />

au moins aussi importantes que ce combat entre <strong>ou</strong>verture et fermeture.<br />

Bien évi<strong>de</strong>mment ! On tr<strong>ou</strong>vera d’ailleurs en partie III une référence fondamentale p<strong>ou</strong>r ces<br />

aspects, en l’occurrence le livre d’Isabelle Sommier.<br />

Mais ce qui a intéressé ici est évi<strong>de</strong>mment la question <strong>de</strong> la représentation filmique, qui obéit<br />

forcément à d’autres logiques…<br />

A Bernard Landier, mon Maitre et ancien Gar<strong>de</strong> r<strong>ou</strong>ge.<br />

52<br />

Frédéric Fièvre<br />

5 septembre 2012

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