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Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...

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Phénomène générationnel ? 9 ans séparent ici Bernard Debord <strong>de</strong> Marco Bellochio, mais ils<br />

font justement partie t<strong>ou</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> cette génération comme diraient Hervé Hamon et Patrick<br />

Rotman qui a cru v<strong>ou</strong>loir et p<strong>ou</strong>voir radicalement changer le mon<strong>de</strong> via <strong>de</strong>s modèles et <strong>de</strong>s<br />

utopies. On peut donc concevoir ces films comme <strong>de</strong>s bilans, mais la nostalgie voire la<br />

mélancolie - n’en déplaise à Jean Michel Frodon <strong>de</strong>s Cahiers du cinéma - n’est <strong>pas</strong> forcément<br />

le moteur essentiel <strong>de</strong> leur création. Il ne s’agit <strong>pas</strong> non plus d’un règlement <strong>de</strong> compte, du<br />

type « brûlons ce que n<strong>ou</strong>s avons adoré » si c<strong>ou</strong>rant dans certains cénacles intellectuels<br />

métropolitains, tant en France qu’en Italie <strong>ou</strong> en Allemagne.<br />

Ces <strong>de</strong>ux films évitent ce piège et réactualisent, dans <strong>de</strong>s logiques différentes, on le verra, le<br />

rapport à l’Histoire en la désacralisant ; grâce donc à un recul et un point <strong>de</strong> vue clairement<br />

assumé.<br />

Une <strong>de</strong>uxième logique fondamentale a également guidé ce choix : la volonté <strong>de</strong> mettre en<br />

perspective <strong>de</strong>ux pays européens, <strong>de</strong>ux <strong>lutte</strong>s dans un contexte général commun ( le poids <strong>de</strong><br />

la jeunesse issue du baby-boom, la guerre du Viet Nam, l’imprégnation idéologique, la<br />

certitu<strong>de</strong> révolutionnaire…) mais aussi avec leur spécificités ( entre autres exemples la force<br />

<strong>de</strong> la religion catholique dans le film <strong>de</strong> Bellochio : un Français, <strong>de</strong> gauche <strong>ou</strong> non, sera<br />

t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs surpris <strong>de</strong> voir un militant communiste italien se signer et invoquer le Christ…).<br />

En s<strong>ou</strong>s texte –p<strong>ou</strong>r ne <strong>pas</strong> dire en s<strong>ou</strong>s image!- il y a aussi la question <strong>de</strong> la différence entre<br />

la voie française (<strong>pas</strong> <strong>de</strong> <strong>pas</strong>sage massif à la <strong>lutte</strong> <strong>armée</strong>, même si la m<strong>ou</strong>vance post maoïste<br />

fut s<strong>ou</strong>vent bor<strong>de</strong>rline sans <strong>ou</strong>blier les NAPAP <strong>ou</strong> Action directe) et la voie italienne (une<br />

nébuleuse <strong>de</strong> gr<strong>ou</strong>pe armés dont les BR furent qu’un avatar et bénéficiant d’un s<strong>ou</strong>tien réel<br />

d’un m<strong>ou</strong>vement socio politique plus large). En plus simple et en plus rapi<strong>de</strong>, le traumatisme<br />

issu <strong>de</strong>s « <strong>années</strong> <strong>de</strong> plomb » en Italie est encore bien vivace. Le bilan en vie humaines est<br />

sans commune mesure -le cas Moro n’étant qu’un paroxysme- alors que la France, même s<strong>ou</strong>s<br />

relative tension, ne connut jamais le danger <strong>de</strong> dérives à la fois <strong>de</strong>s gr<strong>ou</strong>pes armés et <strong>de</strong> l’état.<br />

Bref, d’abord sortir d’une étu<strong>de</strong> trop « franco française » bien sûr mais aussi en profiter p<strong>ou</strong>r<br />

rappeler ce qu’était l’Europe en 1975/ 78, bien loin <strong>de</strong> celle d’auj<strong>ou</strong>rd’hui (c<strong>ou</strong>pée en <strong>de</strong>ux<br />

par la Guerre Froi<strong>de</strong>, une CEE encore à 9, l’Europe du sud t<strong>ou</strong>t juste sortant <strong>de</strong>s dictatures…)<br />

mais <strong>pas</strong> si éloignée que cela <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> 2012 en terme <strong>de</strong> préoccupations sociales et<br />

politiques, car les questions posées par l’extrême gauche <strong>de</strong>s <strong>années</strong> 70 sont encore d’une<br />

furieuse actualité…<br />

Enfin, et c’est la troisième logique fondamentale, il y a ici la volonté <strong>de</strong> confronter, <strong>de</strong><br />

comparer <strong>de</strong>ux façons <strong>de</strong> faire du cinéma : <strong>Les</strong> habitués du FIFH savent que le travail <strong>de</strong>s<br />

dossiers pédagogiques est s<strong>ou</strong>s tendu par une idée simple : L’Histoire peut et doit se<br />

représenter <strong>de</strong> multiples manières -il n’y a <strong>pas</strong> « <strong>de</strong> genre historique » parfait- et qu’il faut<br />

sortir <strong>de</strong> l’idée que dans un film « ça c’est vrai, ça c’est faux <strong>ou</strong> impossible » et que par<br />

conséquence seul le documentaire très rig<strong>ou</strong>reux, avec intervention <strong>de</strong> doctes universitaires<br />

serait le seul type <strong>de</strong> films à peu près regardable et présentable à un public scolaire.<br />

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