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Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...

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On p<strong>ou</strong>rrait objecter que le film <strong>de</strong> Jean Luc Godard date <strong>de</strong> 1967, donc déjà quasi archive en<br />

tant que telle par son côté révélateur <strong>ou</strong> prémonitoire ; acquérant ainsi un statut d’image<br />

témoignage, proche par exemple <strong>de</strong> celui du Great Dictator <strong>de</strong> Charlie Chaplin.<br />

De même, l’extrait choisi <strong>de</strong>s invasions barbares : il tend lui aussi à <strong>de</strong>venir une sorte <strong>de</strong><br />

<strong>pas</strong>sage obligé p<strong>ou</strong>r l’illustration du thème autocritique ( !) <strong>de</strong>s « ex » .Symboliquement,<br />

cette séquence d’une efficacité red<strong>ou</strong>table a <strong>ou</strong>vert la présentation du FIFH <strong>de</strong> 2010 consacré<br />

au communisme… on retr<strong>ou</strong>ve ici l’effet « Good bye Lenin », où la séquence <strong>de</strong> la statuesuperbe<br />

au <strong>de</strong>meurant- est <strong>de</strong>venue tellement iconique que les manuels scolaires reproduisent<br />

à l’infini l’image <strong>de</strong> la statue <strong>de</strong> Lénine déb<strong>ou</strong>lonnée et tirée vers le ciel par un filin, mais<br />

celle-ci dans le réel, quelque part entre Kaunas <strong>ou</strong> Erevan…<br />

Mieux encore, les <strong>de</strong>ux cinéastes utilisent les <strong>de</strong>ux types d’images en raccord, p<strong>ou</strong>r encore<br />

mieux « br<strong>ou</strong>iller les pistes ».<br />

Dans BN, dès le début du film dans la partie 2, c’est le raccord entre le visage <strong>de</strong> Chiara levé<br />

vers le ciel (fiction) et l’image <strong>de</strong> mauvaise qualité <strong>de</strong> l’hélicoptère (archives TV). Ce choix<br />

même <strong>de</strong> la mauvaise qualité est intéressant : Bellochio aurait très bien pu filmer un « vrai »<br />

hélicoptère et faire un raccord parfait. Paradoxalement, c’est justement la succession d’une<br />

image réelle « moche » qui rend la juxtaposition fausse, mais v<strong>ou</strong>lue p<strong>ou</strong>r renforcer l’effet<br />

quasi fantastique <strong>ou</strong> onirique recherché ici.<br />

Ensuite, dans la partie 5 le procédé monte d’un cran : c’est le plan avec la photo<br />

« reconstitution » où le visage <strong>de</strong> l’acteur Herlitzka <strong>de</strong>vient la juxtaposition <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Moro.<br />

Rien dans le récit n’imposait un tel choix : c’est donc bien la volonté du réalisateur <strong>de</strong><br />

chevaucher là encore la frontière ténue entre image <strong>de</strong> fiction et image du réel. Ce procédé<br />

peut d’ailleurs ici tr<strong>ou</strong>ver sa limite dans son aspect presque trop démonstratif, p<strong>ou</strong>r ne <strong>pas</strong> dire<br />

un peu trop appuyé.<br />

De manière plus subtile il y a la séquence spirite, qui reconstitue un épiso<strong>de</strong> réel (voir les<br />

entretiens <strong>de</strong> l’auteur avec la presse sur ce point). Ici c’est paradoxalement la présence <strong>de</strong><br />

Bellochio en personne qui rend la séquence crédible !<br />

Enfin le paroxysme est atteint avec la très c<strong>ou</strong>rte séquence fiction du Pape, superbe dans sa<br />

forme p<strong>ou</strong>r mieux atteindre son but <strong>de</strong> fond, à savoir le petit « mot » d’Andreotti ; bien vite<br />

mise en perspective avec les « vraies » images <strong>de</strong> Paul VI -qui n’a d’ailleurs plus que<br />

quelques mois à vivre au printemps 1978.<br />

Et p<strong>ou</strong>rtant Marco Bellochio avait dès le départ haut et fort proclamé que son film était une<br />

fiction, et surt<strong>ou</strong>t <strong>pas</strong> un film historique sur la mort d’Aldo Moro (le film avec Gian Maria<br />

Volonté l’avait <strong>de</strong> t<strong>ou</strong>te façon précédé). Sa fiction parle bien p<strong>ou</strong>rtant d’Histoire à partir d’un<br />

évènement fondateur <strong>de</strong> l’Italie d’après 1945 : il n’a donc <strong>pas</strong> pu s’empêcher <strong>de</strong> croiser les<br />

images <strong>de</strong> dates et <strong>de</strong> nature différente <strong>de</strong> manière quasi généalogique : C’est donc moins une<br />

fois <strong>de</strong> plus la différente <strong>de</strong> nature qui importe mais le rapport <strong>de</strong> filiation, <strong>de</strong> logique p<strong>ou</strong>r le<br />

disc<strong>ou</strong>rs présenté dans le film.<br />

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