Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...
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Passons maintenant au matériau <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la construction du disc<strong>ou</strong>rs filmique : le choix <strong>de</strong>s<br />
types d’image et leurs articulations.<br />
L’image d’archive est utilisée intensivement dans les <strong>de</strong>ux cas. Bien évi<strong>de</strong>mment, elles sont à<br />
la base du film documentaire, mais elles sont essentielles aussi dans la fiction <strong>de</strong> Bellochio, on<br />
l’a vu. A la limite, on p<strong>ou</strong>rrait même imaginer la même image dans les <strong>de</strong>ux films (le cas<br />
s’était produit dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> parallèle du film <strong>de</strong> fiction « les fragments d’Antonin »<br />
et du documentaire « le soldat inconnu vivant »)<br />
D’où vient cette similitu<strong>de</strong>…qui n’est qu’apparente bien sûr ?<br />
Prenons par exemple l’utilisation <strong>de</strong>s images TV: elles sont très présentes dans les <strong>de</strong>ux cas<br />
mais avec <strong>de</strong>s choix différents.<br />
Dans BN, c’est d’abord le choix <strong>de</strong>s extraits – eux- mêmes retravaillés, donc quelque part<br />
fictionalisés- <strong>de</strong>s JT <strong>de</strong> la RAI <strong>de</strong> 1978. De ces extraits multiples, <strong>de</strong>ux ressortent<br />
particulièrement : le reportage sur les obsèques <strong>de</strong> l’escorte <strong>de</strong> Moro, et surt<strong>ou</strong>t bien sûr le<br />
long travelling lors <strong>de</strong>s « obsèques » officielles agrémentées <strong>de</strong> plans sur le Pape. Deux<br />
cérémonies donc… ce n’est <strong>pas</strong> un hasard bien sûr et participe du point <strong>de</strong> vue global <strong>de</strong><br />
l’auteur.<br />
A l’opposé, et cela p<strong>ou</strong>rrait au départ paraitre surprenant, Bernard Debord utilise très peu les<br />
archives <strong>de</strong> l’information TV <strong>de</strong>s <strong>années</strong> 60/70 –à l’exception notable du c<strong>ou</strong>rs extrait <strong>de</strong><br />
« Tel quel » et surt<strong>ou</strong>t <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la « sortie » au propre comme au figuré <strong>de</strong> Bernard Clavel.<br />
Il préfère utiliser les images <strong>de</strong> films militants <strong>de</strong> l’époque (ceux <strong>de</strong> JP Thorn par exemple) <strong>ou</strong><br />
d’extraits <strong>de</strong> reportages <strong>de</strong> manifestations <strong>ou</strong> <strong>de</strong> <strong>lutte</strong>s… alors que les JT <strong>de</strong> l’époque (« la<br />
voix <strong>de</strong> la France » faut-il le rappeler…) parlaient <strong>de</strong>s « casseurs » <strong>ou</strong> du procès Le Dantec.<br />
Plus significatif, B. Debord va utiliser <strong>de</strong>s images TV déviantes non <strong>pas</strong> par rapport aux<br />
canons <strong>de</strong> la censure <strong>de</strong> l’époque mais plutôt par rapport au sujet lui-même : si on commence<br />
la présentation <strong>de</strong>s <strong>années</strong> Mao en disant qu’on peut y voir les <strong>de</strong>ux Michel (Polnareff et<br />
Fugain !) beauc<strong>ou</strong>p p<strong>ou</strong>rraient être déstabilisés… A la limite, on p<strong>ou</strong>rrait dire alors qu’on<br />
assiste alors à une sorte <strong>de</strong> parallélisme inversé : M. Bellochio va donner du poids et du sens<br />
« l<strong>ou</strong>rd » à son film via les archives TV -mais avec leur fictionnalisation, ne serait-ce qu’avec<br />
l’emplois <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong> Pink Floyd- alors qu’à l’opposé B.Debord s’en sert p<strong>ou</strong>r alléger,<br />
dynamiser et diversifier son propos ( l’exemple le plus extrême p<strong>ou</strong>rrait être l’intervention <strong>de</strong><br />
Pierre … Cardin, en lieu et place <strong>de</strong> Pierre …Victor !)<br />
De même, les <strong>de</strong>ux films abolissent la frontière images du réel/images <strong>de</strong> fiction : Chez<br />
Bellochio la fiction est documentarisée à l’image <strong>de</strong> « Païsa », un œil non averti peut aisément<br />
et <strong>de</strong> bonne foi assimiler les images <strong>de</strong> Rossellini à celles <strong>de</strong>s archives nazies , même si la<br />
qualité <strong>de</strong> la lumière et du grain <strong>de</strong> l’image ne trompe <strong>pas</strong>… A l’opposé moins d’ambigüité<br />
apparente chez Debord : les <strong>de</strong>ux fictions utilisées (La Chinoise <strong>de</strong> Godard et les invasions<br />
barbares d’Arquand) sont bien présentées comme telles… mais…<br />
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