Les années de poudre : lutte armée ou pas? - Festival international ...
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Genèse <strong>de</strong> « Buongiorno, Notte »<br />
Elle est relativement simple : Dans la rencontre avec Lorenzo Co<strong>de</strong>lli (voir en troisième<br />
partie) Marco Bellochio explique que c’est un film <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, très exactement <strong>de</strong> RAI<br />
cinéma. Le projet <strong>de</strong>vait être monté très vite, car les producteurs désiraient présenter le film à<br />
la Mostra <strong>de</strong> Venise 2003. Comme il le dit lui-même « je me suis placé <strong>de</strong>vant ce projet avec<br />
une gran<strong>de</strong> disponibilité et le cœur léger ».<br />
Dans un entretien avec Jacques Man<strong>de</strong>lbaum (Le Mon<strong>de</strong>, 4 février 2004), Marco Bellochio<br />
précise que « j’ai rapi<strong>de</strong>ment compris que je disposais d’une liberté totale, aussi bien sur le<br />
fond que sur la forme. Je pense que c’est ce qui a été déterminant dans ma décision, c’est<br />
précisément le sentiment que je p<strong>ou</strong>rrais modifier, et même trahir, la chronique <strong>de</strong>s<br />
évènements telle qu’elle existe dans le livre d’Anna Laura Braghetti dont je me suis inspiré<br />
[…] en m’efforçant surt<strong>ou</strong>t d’infléchir le sentiment <strong>de</strong> tragédie inexorable qui est attaché à<br />
cette affaire. »<br />
Le projet a donc pris forme surt<strong>ou</strong>t à partir <strong>de</strong> la lecture du livre d’Anna Laura Braghetti , qui<br />
a servi <strong>de</strong> base au scénario, mais sans la collaboration <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière. Pas <strong>de</strong> rencontre avec<br />
<strong>de</strong>s témoins, <strong>pas</strong> <strong>de</strong> travail d’enquête approfondi mais un travail <strong>de</strong> construction du décor,<br />
comme s’il avait adopté dès le départ une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> metteur en scène <strong>de</strong> théâtre… P<strong>ou</strong>r le<br />
reste le travail <strong>de</strong> mise en scène s’est fait surt<strong>ou</strong>t au j<strong>ou</strong>r le j<strong>ou</strong>r, à partir <strong>de</strong> la trame<br />
scénarisée, elle-même remaniée plusieurs fois. La place même <strong>de</strong> Moro semble elle-même<br />
avoir évolué : c’est l’acteur Roberto Herlitzka qui semble avoir <strong>de</strong> fait « imposé » Moro à<br />
l’image plus qu’il n’était prévu au départ. P<strong>ou</strong>r ce qui est <strong>de</strong> l’utilisation massive <strong>de</strong>s archives<br />
TV Marco Bellochio estime que « le fait historique méritait le risque d’une forme mixte »<br />
c’est-à-dire la volonté <strong>de</strong> « métissage » <strong>de</strong>s images déjà évoquée en avant- propos.<br />
A ce propos, Marco Bellochio précise (t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs avec J. Man<strong>de</strong>lbaum) : « l’omniprésence<br />
d’images <strong>de</strong> la télévision officielle <strong>de</strong> l’époque est quelque chose que j’ai envisagé dès le<br />
sta<strong>de</strong> du scénario […] <strong>Les</strong> extraits <strong>de</strong> films sont venus plus tard, comme <strong>de</strong>s icônes<br />
représentatives <strong>de</strong> l’univers mental d’une certaine gauche italienne, <strong>de</strong>puis Dziga Vertov<br />
jusqu’à Rossellini. »<br />
En conclusion il est donc remarquable <strong>de</strong> penser que ce qui est <strong>de</strong>venu un grand film -peut -<br />
être le meilleur en Italie sur le sujet- a une origine aussi « mo<strong>de</strong>ste » : Il n’est <strong>pas</strong> au départ un<br />
projet fondamental, un grand œuvre qui mature <strong>de</strong>s <strong>années</strong> avant d’être concrétisé. Et<br />
p<strong>ou</strong>rtant c’est bien le travail <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong> fabrication au j<strong>ou</strong>r le j<strong>ou</strong>r qui a transformé<br />
la vision <strong>de</strong> Marco Bellochio ; presque insidieusement p<strong>ou</strong>rrait-on dire… avec comme résultat<br />
un quasi examen mémoriel à la fois <strong>de</strong> l’auteur mais aussi d’une partie au moins <strong>de</strong> cette<br />
génération.<br />
« L’écr<strong>ou</strong>lement du communisme m’a rendu à la nécessité <strong>de</strong> m’interroger et d’interroger<br />
le <strong>pas</strong>sé » Marco Bellochio, entretien publié dans le j<strong>ou</strong>rnal « la Repubblica » en 1996 p<strong>ou</strong>r<br />
la sortie <strong>de</strong> son documentaire Sogni infranti : Ragionamenti e <strong>de</strong>liri<br />
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