L'ALGÉRIEdu CENTENAIRE - 1830-1962 ENCYCLOPEDIE de L'AFN
L'ALGÉRIEdu CENTENAIRE - 1830-1962 ENCYCLOPEDIE de L'AFN
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— 16 —<br />
a) Le pays d’abord<br />
Tous les boursiers, ou presque, avaient lu les <strong>de</strong>scriptions<br />
enthousiastes d’Alger, d’Oran, <strong>de</strong> Constantine que<br />
donnent les manuels <strong>de</strong> géographie, admiré les photographies<br />
du Défilé <strong>de</strong>s Portes <strong>de</strong> Fer, ou du Ravin <strong>de</strong>s<br />
Singes, voire <strong>de</strong> quelque village kabyle ou d’une oasis<br />
heureuse. Ils se faisaient donc <strong>de</strong> l’Algérie une idée très<br />
favorable, s’attendant à trouver partout <strong>de</strong>s sites pittoresques,<br />
ou <strong>de</strong>s champs bien cultivés près <strong>de</strong> villages<br />
d’un exotisme <strong>de</strong> bon ton. Aussi peut-on « noter souvent<br />
« quelque déception en présence <strong>de</strong> l’aridité générale<br />
« <strong>de</strong>s paysages nord-africains... -le pays nous a déçu.<br />
« Pour quelques centaines d’hectares fertiles, que d’éten-<br />
« dues désertiques ; que <strong>de</strong> rocs à nu, ari<strong>de</strong>s et brûlés.<br />
« La nature algérienne — est-ce la faute du moment<br />
« — nous a semblé avare <strong>de</strong> richesses et d’aptitu<strong>de</strong>s agri-<br />
« coles, pour tout dire d’un mot, hostile », écrit<br />
M. Monlau, professeur à l’Ecole primaire supérieure<br />
d’Oloron, qui pourtant a été séduit par le pittoresque<br />
<strong>de</strong> la vie indigène et en parle en poète. Mais beaucoup<br />
ont compris l’âpre gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ces sites et apprécié leur<br />
tristesse. Du reste, tous’ notent le contraste existant<br />
entre les parties cultivées et les étendues stériles ou laissées<br />
en jachère. La Mitidja et ses riches villages, ses<br />
champs prospères, ses vignes leur ont donné une gran<strong>de</strong><br />
idée <strong>de</strong> I’œuvre française <strong>de</strong> colonisation. Beaucoup s’attar<strong>de</strong>nt<br />
à décrire le charme <strong>de</strong> Blida, la ville <strong>de</strong>s roses, <strong>de</strong><br />
Bouffarik et <strong>de</strong> ses orangers, la fertilité <strong>de</strong> certaines<br />
régions <strong>de</strong> l’Oranais, l’agriculture tenace <strong>de</strong> la Kabylie.<br />
La magie <strong>de</strong>s pays du soleil ne les a pas laissés indifférents<br />
: « Ce que le Français du Nord ne peut imaginer<br />
« avant <strong>de</strong> l’avoir vue, c’est la couleur <strong>de</strong>s paysages<br />
« Ici, le soleil et la sècheresse marquent le sol d’une<br />
« forte empreinte et le font très différent <strong>de</strong> ceux aux-<br />
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« quels nos yeux sont accoutumés. Sous le soleil <strong>de</strong><br />
« midi, la route <strong>de</strong> Bougie à Djidjelli offre aux regards<br />
« émerveillés les couleurs les plus opposées. Au pied<br />
« <strong>de</strong>s falaises rouges, les oueds gonflés par le <strong>de</strong>rnier<br />
« orage apportent à la mer une boue sanglante colorée<br />
« <strong>de</strong> larges taches chocolat. Puis les tons s’adoucissent<br />
« en <strong>de</strong>s ocres et <strong>de</strong>s beiges plus neutres qui tournent<br />
« insensiblement au vert, tandis que, dans le lointain,<br />
« la mer se teinte<br />
« d’outremer et <strong>de</strong><br />
« violet. Le soir, à<br />
« l’heure où le soleil<br />
« rase là cime <strong>de</strong>s<br />
« montagnes, le même<br />
« paysage apparaît<br />
« entièrement déco-<br />
« loré, méconnaissa<br />
« ble. Les montagnes,<br />
« le ciel, a mer endor-<br />
« mie ont pris les<br />
« teintes transluci<strong>de</strong>s<br />
« <strong>de</strong> l’opale et hési-<br />
« tent entre <strong>de</strong>s bleus,<br />
« <strong>de</strong>s jaunes, <strong>de</strong>s roses<br />
« très doux ». . . , écrit<br />
avec un enthousiasme<br />
sincère Mlle Alger.<br />
Legrand,<br />
professeur à l’Ecole primaire supérieure <strong>de</strong> Bar-le-Duc.<br />
Mais plus que les paysages <strong>de</strong> la campagne algérienne,<br />
les spectacles urbains ont retenu l’attention <strong>de</strong>s visiteurs.<br />
Leur caractère est, en effet, beaucoup plus frappant, pour<br />
l’Européen et le dépayse davantage.<br />
Le port magnifique d’Alger suscite une admiration<br />
générale. La ville française aux larges rues claires et<br />
propres plaît aussi ; par contre le quartier <strong>de</strong> la Casbah,