Mémoires historiques, tome premier - Investigaciones Históricas ...
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SE-MA TS’IEN — <strong>Mémoires</strong> Historiques, <strong>tome</strong> <strong>premier</strong> 69<br />
« N’est-ce pas la preuve que, s’ils n’avaient pas réparti les<br />
avantages, ils (les anciens princes) auraient craint les difficultés ?<br />
C’est grâce à ces principes qu’ils ont pu maintenir la (maison) des<br />
Tcheou jusqu’à aujourd’hui. Maintenant Votre Altesse étudie les<br />
moyens d’accaparer ce qui est utile ; comment le peut-elle faire ?<br />
Un homme du commun, s’il s’approprie un objet utile, est déclaré<br />
un voleur. Si quelqu’un est roi et qu’il agisse ainsi, il verra peu de<br />
sujets lui rester soumis ( 360 ). Si le duc de Yng est écouté, les Tcheou<br />
sont perdus.]<br />
Le roi Li n’écouta pas ces conseils, mais en définitive, il fit du duc de Yng<br />
un haut dignitaire et l’employa dans les affaires. Le roi eut une conduite<br />
cruelle et hautaine. ╓ 271 [ ( 361 ) Les gens du royaume le blâmèrent ( 362 ). Le duc<br />
de Chao ( 363 ) a reprit (le roi) en lui disant :<br />
— Le peuple ne peut supporter son sort ( 364 ).<br />
Le roi se mit en colère et chargea un ╓ 272 devin ( 365 ) du pays de Wei de<br />
découvrir ceux qui le blâmeraient ; ceux qu’il dénonçait étaient aussitôt mis à<br />
mort ; les critiques furent rares, mais les seigneurs ne vinrent plus à la cour<br />
rendre leur hommage. La trente-quatrième année, le roi redoubla de sévérité ;<br />
les gens du royaume n’osaient plus parler ; ils se jetaient seulement un regard<br />
en passant leur chemin. Le roi Li s’en réjouit et dit au duc de Chao :<br />
— J’ai supprimé toute critique, car on n’ose plus parler.<br />
Le duc de Chao répondit :<br />
— Vous avez fait un barrage. Mais retenir les bouches du peuple<br />
est plus difficile que de retenir les eaux. Lorsque les eaux sont<br />
arrêtées, elles débordent et les personnes qui en sont victimes sont<br />
en grand nombre. Il en est de même pour le peuple. C’est pourquoi,<br />
comme ceux qui s’occupent des eaux leur pratiquent des issues et<br />
les laissent s’écouler, ceux qui s’occupent du peuple le libèrent et<br />
le laissent parler. Aussi, le Fils du ciel, lorsqu’il gouverne,<br />
engage-t-il les fonctionnaires, depuis les ducs du palais ( 366 ) et les<br />
hauts fonctionnaires jusqu’aux divers officiers ( 367 ), à lui présenter<br />
les poésies, ceux qui n’ont pas d’yeux à lui présenter les pièces de<br />
musique ( 368 ), ╓ 273 les annalistes à lui présenter les livres ( 369 ) ; les<br />
maîtres de la musique donnaient les avertissements ; ceux dont les<br />
yeux sont privés de pupilles récitaient ( 370 ) ; ceux dont les yeux ne<br />
voient point, quoique ayant des pupilles, chantaient ( 371 ) ; les cent<br />
fonctionnaires ( 372 ) exprimaient leurs critiques. Les gens du<br />
commun peuple faisaient transmettre ( 373 ) leurs paroles (au<br />
souverain) ; les officiers qui approchaient (le souverain) rectifiaient<br />
tous (les abus) ; ses parents réparaient ses fautes et le surveillaient ;<br />
ceux qui étaient privés d’yeux et les annalistes l’instruisaient et<br />
l’informaient ; les hommes de soixante et de cinquante ans le