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Abderahman dépouillé par Amiziane et qui lui a voué une
haine implacable s'est rendu à Bougie où il a longuement
conféré avec M. le Commandant supérieur sur les moyens
d'exterminer son ennemi. Ce cheick des Bou Messaoud a fait
là une démarche très significative, et bien qu'il soit animé
par la soif de la vengeance plutôt que par le désir de nous
être utile, il sera possible d'en tirer parti.
Les Kabyles mis en arrestation au moment de l'assassinat
du commandant Salomon ont été mis en liberté comme
appartenant à des tribus éloignées de Bougie qui n'ont
jamais pris part aux hostilités dirigées contre cette place. Il
n'en a été retenu que quatre qui pourront faciliter l'échange
ou le rachat des enfants espagnols tombés entre les mains des
M'zaï'a par le naufrage de la sandale maure de Ben Arib. Il
paraît être malheureusement certain que les deux Français
qui se trouvaient sur cette embarcation ont subi le même
sort, c'est-à-dire qu'ils ont eu la tête tranchée.
Le commandant supérieur rend compte en ces termes
d'un événement assez grave survenu dans la nuit du 12 au
i3 août. (( Le concierge de la prison militaire, homme probe
« et résolu, faisant sa ronde à n heures du soir dans la
< prison militaire, a dû se défendre contre quatre prison-
ce niers qui ont attenté à ses jours : il était armé d'un poi-
« gnard. Le plus furieux des quatre, Sicardet, ayant persisté
« dans sa rébellion et ses voies de fait, bien que prévenu à
« plusieurs reprises de ne pas avancer, reçut une blessure
« peu grave en apparence, mais qui était mortelle; porté de
« suite à l'hôpital, cet homme y mourut en arrivant ». Le
commandant supérieur, en m'informant de cet événement,
me fait connaître qu'il avait d'abord suspendu le concierge
de ses fonctions, mais que, d'après les rapports qui lui ont
été faits, il a cru devoir faire cesser cette suspension.
Je lui donne l'ordre de faire traduire cet homme devant
un conseil de guerre pour qu'une enquête judiciaire vienne
mettre au grand jour toutes les circonstances de cette affaire.