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Le général Bugeaud au général Létang
(Arch. Guerre)
Excideuil, le 11 novembre 1836.
Je suis flatté du désir, que vous m'avez montré de me voir
revenir à Oran prendre le commandement en chef. Je n'ai
rien fait, ni pour y aller, ni pour n'y pas aller. Je suis resté
tranquille à la campagne. C'est assez mon habitude; je ne
demande pas, mais je ne refuse pas les postes honorables et
certainement Oran est un de ceux-là. J'ai dit partout que
vous étiez propre à le remplir. On y a envoyé le général
Damrémont, j'ignore ce qui a pu amener cette détermina
tion. Je présume que vous connaissez ce lieutenant général
puisqu'il a déjà servi en Afrique. Je l'ai un peu vu à Paris,
il m'a paru fort bon enfant.
A présent que vous voilà dégagé des tribulations du com
mandement en chef,i j'espère que vous prendrez le temps
de rédiger et publier vos vues sur la guerre et la colonie
d'Afrique. Vous me répétez que vous êtes convaincu qu'on
ne parviendra à aucun résultat tant qu'on agira comme
on le fait,
et vous m'avez dit à Oran que vous aviez un
système que vous pensiez devoir résoudre le problème; et
moi je vous répète que vous ne pouvez plus longtemps gar
der le silence-
sur ce système sans manquer à ce que vous
devez au- pays et au roi. Publiez-le ou adressez-le au minis
tre, ce sera bien votre propriété, vous en aurez tout l'hon
neur si la chose est bonne, vous aurez de plus l'immense
jouissance d'avoir rendu un grand service à la France qui
dépense 7 ou 8.000 hommes par an et 25 millions sans