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Sous un climat si rude, avec des fatigues comme celles
qu'exige cette guerre, si elle est faite convenablement, on
doit mettre le soin le plus scrupuleux à ne donner aux sol
dats que des vivres de première qualité. L'humanité l'exige;
on peut même dire que c'est un devoir que de bien traiter
des hommes qui font à la patrie un si dur sacrifice. C'est
d'ailleurs de l'économie bien entendue, car il y a peu de dif
férence entre le prix des bonnes denrées et celui des mau
vaises. Les hommes bien nourris sont dans le rang au lieu
d'aller dans les hôpitaux où ils coûtent plus cher. La con
servation des hommes est une partie essentielle de la science
du général; sans elle, les armées sont bientôt affaiblies au
point de ne pouvoir plus rien entreprendre. Un grand nom
bre de compagnies ont été perdues pour avoir négligé ces
soins de chaque jour qui maintiennent la santé du soldat.
Le Gouvernement el l'administration ne paraissent pas
assez pénétrés de cette vérité. Le pain en Afrique n'est pas
suffisamment bon. Le biscuit est loin de valoir celui de l'ar
mée de mer; il y en a souvent de gâté et, dans les moments
de presse, comme on n'a pas le choix, les corps les reçoivent
par nécessité et le soldat se trouve privé d'une partie de la
subsistance. Le riz est de la dernière qualité : c'est de la
criblure de riz qu'on leur donne à l'armée.
Le lard salé doit être, évité avec soin. Il ne faut l'employer
qu'à la dernière extrémité et il ne doit entrer que pour peu
de chose dans les approvisionnements, parce qu'il donne la
diarrhée à l'instant même. Avec un peu d'industrie, il est
facile de s'approvisionner de viande fraîche. Les haricots
doivent être proscrits; le riz de bonne qualité doit remplacer
tous les légumes secs; il est très sain; c'est un des premiers
éléments de la bonne nourriture en Afrique.
Ce ne sont pas seulement les soldats qui appellent la solli
citude du Gouvernement; le sort des officiers n'est pas beau
coup
plus heureux et il leur est impossible de vivre et de
s'entretenir en Afrique avec leur solde. Leurs rations ne
suffisent pas à leurs nourritures; ils achètent à des prix exor
bitants le vin et les autres comestibles que transportent à la