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la charge et il est parti au galop. Il a reçu de très près la
fusillade d'une cavalerie supérieure. 6 hommes ont été bles
sés, 4 chevaux tués et la charge a avorté. Je me suis avancé
avec le second échelon et j'ai précipité le tout sur l'ennemi.
Dans ce moment, Mustapha que j'avais fait appeler, et qui,
selon son habitude (i), chassait le sanglier avec ses Douairs
sur mon flanc gauche, est arrivé fort à propos sur le flanc
de l'ennemi pendant que nous le poussions de front. Sa
déroute alors a été complète. Les plus mal montés sont tom
bés sous le fer et leur tête a été coupée. Dans le nombre, se
trouve un .
aga d'Abd el Kader et un de ses chaouchs.
J'ordonnai de continuer la poursuite jusqu'à ce que tout
fût dispersé. Cela nous a ramenés jusque sur l'Amiguier,
mais ce n'était pas du temps perdu. La leçon était bonne.
Elle apprenait aux Arabes qu'il ne faisait pas bon nous flai
rer de si près; elle prouvait à nos soldats que quand on veut
se, faire lion,
on fait respecter sa queue. Cela était d'autant
plus nécessaire qu'avant la charge plusieurs officiers m'as
suraient que cela ne réussirait pas, que nous fatiguerions
nos chevaux et que, quand nous ferions demi-tour, nous
serions harcelés de nouveau. Nous n'en avons pas revu un
seul,
et cet acte de vigueur nous a probablement sauvé too
ou i5o blessés, que nous aurions eu dans le tiraillement
d'arrière-garde qui aurait duré jusqu'à la Sâsaf. Ajoutons
qu'il est honteux pour 6.000 hommes de se laisser ainsi
bafouer par une poignée d'hommes, bien que ce soit, il faut
l'avouer, de fort habiles cavaliers. J'ai eu 6 hommes tués et
3 blessés. Je vous ferai connaître par mon ordre du jour
les militaires qui se sont distingués.
Après ce combat, je me suis arrêté deux heures sur la
Sasaf, à une lieue de Tlemcen. C'est là que Cavaignaç, le
bey et les chefs des Maures et des Juifs sont venus me rejoin
dre. Ils ont été bloqués presque constamment. Abd el Kader
(1) Ils chassent au dernier jour de marche quand rien n'annonce
l'ennemi.