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L'Emir, bien loin de faire un secret de ces envois, s'en
vantait publiquement et il dit souvent à ses ennemis qu'il
en recevrait tous les jours s'il voulait.
Le i5 août, quinze chameaux chargés de poudre et de
balles ont été adressés du Maroc à Abd el Kader.
A la fin de ce même mois,
un autre convoi d'un mois de
biscuit pour 800 hommes et 100 quintaux de salpêtre arrive
du Maroc adressé à l'Emir.
Au commencement de cet hiver, les troupes d'Abd el
Kader réduites à 25o cavaliers et 5oo fantassins, étaient dans
un état complet de dénuement et ce chef avait été obligé
de les renvoyer faute de matériel de campement lorsqu'un
nouvel envoi du Maroc qu'il disait se composer de 80 tentes,
1.000 fusils, des ustensiles et des effets d'habillement est
venu lui donner les moyens de tenir la campagne.
A peu près à la même époque, l'empereur du Maroc écri
vait à l'Emir pour lui annoncer la mort du roi de France
et la guerre civile. Cette nouvelle fut le motif de grandes
réjouissances à Mascara où l'on tira dix coups de canon et
où l'on fit une petite guerre dans laquelle Abd el Kader se
faisait prendre et reprendre lui-même par les deux partis.
Enfin le 2 novembre, l'Emir voulant reconnaître les nom
breuses bontés de l'empereur du Maroc à son égard, lui
envoie deux petits lions, une lionne, trois autruches, quatre
chevaux, quatre mules et deux petites caisses d'argent. Il
lui envoie en même temps quatre Européennes, la femme
Lanternier, sa fille* deux Allemandes, toutes prises à Deli-
Brahim à l'époque des foins par un parti d'Hadjoutes. Déjà
Abd el Kader avait, envoyé à Muley Abderrahmann le bey
que nous avions installé à Médéa, Mohammed ben Hussein
qu'on lui avait amené le 22 mai et qu'il avait dirigé le même
jour sur le Maroc.
Tels sont, Monsieur le Ministre, les faits dont MM. Maurice
et de France ont été les témoins et que j'ai cru devoir met
tre sous vos yeux. Le dernier surtout est très grave et peut
donner lieu à des réclamations des victimes.