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Les Arabes labouraient leurs champs et les troupeaux nom
breux autour de nous se trouvaient quelquefois sur le che
min même que nous parcourrions; Nous n'étions plus qu'à
deux marches de Constantine.
Le 19, nous campâmes à Baz-oued-Zenati et ce fut là que
commencèrent pour l'armée des souffrances inouïes et les
mécomptes les plus cruels.
Nous étions parvenus dans des régions très élevées. Pen
dant la nuit, la pluie, la neige et la grêle tombèrent avec
tant d'abondance et de continuité que nous fûmes exposés
à toutes les rigueurs d'un hiver de Saint-Pétersbourg, en
même temps que les terres entièrement défoncées représen
taient aux vieux officiers les boues de Varsovie.
Nous apercevions Constantine et déjà nous désespérions
d'arriver jusque sous ses murs.
Nous nous mîmes toutefois en marche le 20 et l'armée
parvint, à l'exception des bagages et d'une arrière-garde,
au monument de Constantine (1) l'on fut obligé de s'arrêter.
Le froid devint excessif; beaucoup
d'hommes eurent les
pieds gelés; beaucoup d'autres périrent pendant la nuit, car
depuis Bas-el-Akba on ne trouve plus de bois.
Enfin les bagages,
sur lesquels on doublait et triplait les
attelages nous ayant ralliés, nous franchîmes le 21
Bou- le
l'un des affluents de l'oued Bummel (3). Gros
Mezroug (a),
sie par les torrents, cette rivière avait beaucoup
débordé :
les hommes avaient de l'eau jusqu'à la ceinture et plusieurs
auraient péri sans le dévouement des cavaliers qui cou
raient eux-mêmes de grands dangers en cherchant à les
sauver. Plusieurs chevaux des transports furent noyés dans
(1) Il s'agit vraisemblablement du mausolée gréco-punique qui
s'élève sur le plateau de Souma, à 15 kil. S. de Constantine.
(2) Bou Merzoug naît à 35 kil. S. de Constantine et se jette dans
le Rummel un peu au-dessus de cette ville.
naît à 35 kil. E.-N.-E. de Sétif, dans les monts
(3) Rummel, Roumel,
Ferdjioua, passe au pied de Constantine et se jette dans la Méditer
ranée sous le nom d'Oued el Kébir, à 45 kil. E. de Djidjelh.