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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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la musique moderne française. Sa pièce la plus célèbre, le Prélude à l’après-midi d’un<br />

f<strong>au</strong>ne, fut créée en 1894.<br />

Simultanément, la musique atonale avait déjà atteint une certaine maturité. Avec la<br />

complexification de l’harmonie, l’idée d’une musique qui ne serait pas basée sur la<br />

relation de « tonique/dominante », et qui donnerait donc une importance égale à toutes<br />

les notes de la gamme, germait dans l’imagination des compositeurs depuis l’époque<br />

romantique. Franz Liszt fut le premier à tenter cela, avec sa Bagatelle sans tonalité,<br />

S.216.a. en 1885. Pourtant, le premier compositeur à véritablement se détacher du<br />

système tonal fut Arnold Schönberg (1874-1951). Après ses premières œuvres écrites<br />

dans un style romantique, il s’éloigna progressivement de l’harmonie classique<br />

jusqu’à finalement, dès 1910, se libérer totalement des limitations de la tonalité avec<br />

son cycle de lieder Livre des jardins suspendus, op. 15 (1910) et Pierrot lunaire, op.<br />

21 (1912). Il f<strong>au</strong>t noter que ces pièces sont atonales sans être sérielles ; Schönberg ne<br />

développa le système à douze tons qu’en 1920.<br />

La réaction massivement négative et violente avec laquelle les gens réagirent <strong>au</strong>x<br />

œuvres transitionnelles – puis <strong>au</strong>x œuvres atonales de Schönberg – est très<br />

intéressante ; de comprendre ses c<strong>au</strong>ses pourrait être utile pour comprendre la réaction<br />

scandalisée envers le Sacre. En effet, parmi le vocabulaire utilisé par les critiques<br />

pour décrire l’œuvre de Schoenberg, on retrouve le « délire de la fièvre », la<br />

« monstruosité », le « c<strong>au</strong>chemar », l’ « impuissance », l’ « œuvre perverse » ; ceci<br />

sans oublier le vocabulaire de la violence politique, d’« anarchie », d’ « attentat » et<br />

de « terrorisme ».<br />

Un article de journal de l’époque permet d’éclaircir ce qui effrayait <strong>au</strong>tant les gens<br />

dans la musique de Schönberg. Voici ce qu’écrivit Julius Korngold, critique de la<br />

Neue Freie Presse : « …La loi acoustique qui veut que les premiers harmoniques d’un<br />

ton soient son octave, sa quinte et sa tierce…puis sa septième mineure…[constitue] le<br />

fondement naturel du système tonal. Une musique <strong>au</strong>ra be<strong>au</strong> s’éloigner de ces bases<br />

dans sa structure harmonique et mélodique, rechercher les “affinités” les plus<br />

éloignées – elle ne pourra pas s’affranchir de cette origine. Car cela est impossible. Si<br />

l’on sacrifie à Schönberg l’“ancienne esthétique”, on lui abandonne également comme<br />

fané le concept de “be<strong>au</strong>té”. Et ce faisant, ne lui cèdera-t-on pas <strong>au</strong>ssi ce que tout art<br />

doit avoir en commun, à savoir ce qu’il a à dire à notre sensibilité et à notre âme ? Les<br />

séries de sons [Tonreihen] de Schönberg demeurent pour nous muettes, rigides, vides,<br />

sans expression. Voir un monce<strong>au</strong> de ferraille usée et déformée, jetée <strong>au</strong> coin d’une<br />

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