Les bourses Solidarités Étudiantes - La Guilde Européenne du Raid

c’est dans la plupart des cas techniquement
possible - permettre aux populations
d’assurer elles-mêmes leur sécurité (ou
souveraineté) alimentaire, il faudrait
mettre en place des programmes à long
terme prenant en compte l’environnement
et la gestion des ressources naturelles
(sols, eau, biodiversité), l’amélioration et
la diversification des productions vivrières,
la formation et l’organisation des acteurs
à tous les niveaux.
C’est dans cette perspective que s’est
organisé le séjour au Mali, au cœur
du pays dogon, d’Amandine et Jean
François, tous deux étudiants en agronomie.
Ils sont partis enseigner la valorisation
pratique des extraits de neem en
protection des cultures.
En effet, dans les pays du Sud, à la fois
pour des raisons climatiques et par
manque de moyens d’intervention, le
parasitisme des cultures et des récoltes en
cours de stockage est permanent et très
important. Entraînant des pertes énormes.
Les moyens d’intervention sont, par
contre, faibles ou inexistants et la
solution est souvent de faire appel aux
produits chimiques des pays du Nord
qui sont coûteux, souvent inaccessibles
ou périmés, parfois dangereux car
mal utilisés, etc.
Or, il existe localement des ressources
naturelles intéressantes aux propriétés
pesticides remarquables mais peu
(ou pas) connues des populations et
peu valorisées en pratique.
Tel est le cas du neem ou margousier -
arbre originaire d’Inde mais qui s’est
beaucoup développé en Afrique de
l’Ouest - qui contient (en particulier la
graine) des substances ayant un large
spectre d’action sur des parasites des
cultures et même de l’homme à tel point
que la principale molécule active a intéressé
une multinationale américaine
(brevet) et que les extraits de neem
sont autorisés en agriculture biologique
dans certains pays d’Europe.
Amandine et Jean-François, au cours
d’une année de césure dans leur cursus,
ont pris ce problème à "bras le corps".
Avant leur départ, pendant près d’une
année, ils ont travaillé à la préparation
de leur projet puis, sur place (au Mali et
dans les pays voisins), ils ont d’abord fait
le tour des connaissances scientifiques
et techniques sur le sujet. Puis, en
s’appuyant sur les données recueillies,
ils ont préparé et mis en application,
avec les organisations locales, notam-
ment une association féminine nommée
YA-G-TU (association pour la promotion de
la femme) et des groupements villageois,
un programme très concret de sensibilisation,
formation, démonstration, etc.
Ils ont aussi rédigé un rapport scientifique
et technique de grande qualité et
réalisé une plaquette de vulgarisation
simple faisant largement appel au dessin
et à la langue locale (le Dogon) qui a été
diffusée et qui sert de support à la
vulgarisation qui se poursuit grâce à
d’autres stagiaires (Sarah Staub) et
à un animateur local de l’association
féminine (Hamidou).
Ainsi grâce à leur motivation qui les
a amenés à décider une interruption
d’une année dans leur cursus afin de
vivre une expérience de développement,
grâce leur esprit méthodique, leur
rigueur, leur dynamisme, en s’appuyant
sur leurs connaissances agronomiques
et sur leurs aptitudes relationnelles,
Amandine et Jean-François ont vécu
une expérience assez exceptionnelle
tant sur le plan de la connaissance
d’une agriculture très différente de
la nôtre que dans le domaine de la
vulgarisation auprès de populations,
certes analphabètes pour la plupart,
mais très accueillantes et riches de
valeurs humaines.
LES ÉCHOS DU TERRAIN
Pour une association comme Agro Sans
Frontières (ASF), c’est non seulement
intéressant de pouvoir confier la responsabilité
de projets à des jeunes de cette
valeur mais c’est un réel plaisir de les
accompagner dans leur démarche qui
marquera certainement leur vie personnelle
et professionnelle.
Que toutes les personnes et organismes 1
qui ont permis par leur aide scientifique,
technique ou financière, que ce travail
d’intérêt général puisse être réalisé par
Amandine et Jean-François soient ici
très sincèrement remerciés car au-delà
du sujet lui-même, l’enjeu est une prise
de conscience des problèmes du Sud
par les jeunes qui sont les citoyens du
21 ème siècle et qui ont un autre avenir à
inventer pour la Planète et ses habitants.
par Bernard Jouan
Délégué d’Agro Sans Frontières-Bretagne
Agro Sans Frontières-Bretagne
Le Puits Berger, 35740 Pacé
02 99 60 60 34
bmpjouan.asf_bret@club-internet.fr
1 - INP Nancy, ENSA Toulouse, Ville de Rennes et Association
de Jumelage (AJCRPD), Ille et Vilaine-Mopti (AIVM), Crédit
Agricole de Mayenne, Guilde du Raid (Solidarités Étudiantes),
Agro Sans Frontières, Organismes de Recherche (Mali, Burkina,
Niger), CEAS Ouagadougou, Service de l’Agriculture, Association
féminine YA-G-TU, Groupements villageois, etc.
AVENTURE N°111 27
Photo © A.S.F.B.