Les bourses Solidarités Étudiantes - La Guilde Européenne du Raid
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N° 111 - Janv.-Fév. 2007 - 3 euros<br />
SOLIDARITÉS ÉTUDIANTES
Janv.-Fév. 2007 N° 111<br />
Directeur de la Publication :<br />
Patrick Edel<br />
Rédacteurs en chef :<br />
Aurélie Marchais<br />
Hervé Manaud<br />
Avec la participation de :<br />
Slim Ben Youssef, Didier Lecomte, Stéphane<br />
Martin, Hélène Pineau, Béatrice de Montleau,<br />
Jessica Guibert, Vincent Midler, Claire Fellous,<br />
Mathieu Mellul, Maxime Robin, Fabien Simoni,<br />
Alexandre Machillot, Guillaume Rezeau,<br />
Amandine Lebreton, Bernard Jouan, Chantal<br />
Aubert-Fourmy, Valérie Paillas, Benjamin<br />
Pavageau, Marie Perroudon, Adeline Coeur,<br />
Virginie Lequien, Sabine de Soyres, Pauline<br />
Bignon, Franck Cedolin, Marc-Henri Trancart.<br />
Administration, rédaction,<br />
abonnements, publicité :<br />
<strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />
11 rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />
Tél. : 01-43-26-97-52<br />
Fax : 01-46-34-75-45<br />
www.la-guilde.org<br />
Abonnements :<br />
6 numéros 19 euros<br />
Seuls les articles signés ès-qualité par les<br />
membres de la <strong>Guilde</strong> engagent l'association.<br />
Tous droits de repro<strong>du</strong>ction réservés.<br />
N° CPPAP :0207G83995<br />
N° ISSN : 0154-1676<br />
Mise en pages : www.pacopao.info<br />
Imprimerie : JOUVE<br />
18 rue Saint-Denis,<br />
B.P. 2734,<br />
75027 Paris Cedex 01<br />
2 S’ENGAGER<br />
SOMMAIRE<br />
• Stages en ONG<br />
• Seyes, mode éthique<br />
• Terre Nourricière<br />
• Le développement <strong>du</strong>rable<br />
• Le volontariat de solidarité internationale<br />
12 LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
12 Associations membres<br />
• Mélange de compétence<br />
• Partenariat et accompagnement<br />
• L’association IDEAL<br />
• Tourisme solidaire<br />
• Séance Nomade<br />
• Mission exploratoire<br />
• L’ANEMF<br />
24 Témoignage indivi<strong>du</strong>el<br />
• Un parcours fait d’opportunités<br />
25 Zoom sur les <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong><br />
<strong>Étudiantes</strong><br />
• <strong>Les</strong> <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
• Stages agro écologique au Mali<br />
• Un espoir pour l’avenir ?<br />
28 LES PARTENAIRES<br />
28 Professionnels de la solidarité<br />
• L’humanitaire fait rêver<br />
• Partir en connaissance de cause<br />
• Un nouveau Master à l’IRCOM<br />
• Tour de France Bioforce<br />
32 Dispositifs jeunes<br />
• Commerce équitable<br />
• Le programme Envie d’Agir<br />
34 PROGRAMMES GUILDE<br />
• Présentation <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
• Charte des projets associatifs de<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
• Partir en mission<br />
• Madagascar : au cœur de la pauvreté<br />
40 AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />
• En route vers le bonheur...<br />
• Rencontre au sommet<br />
• Des rustines contre la routine<br />
Photo de couverture :<br />
© Kristell Torchu<br />
www.terrenourricière.org<br />
ÉDITORIAL<br />
Solidaires dans l’action !<br />
« On ne peut pas, sous prétexte qu'il est impossible de tout<br />
faire en un jour, ne rien faire <strong>du</strong> tout ».<br />
Cette phrase de l’Abbé Pierre illustre bien l’état d’esprit<br />
des nombreux jeunes qui souhaitent s’engager, être utiles,<br />
aider, ou partir pour rencontrer tout simplement.<br />
Tel est le rêve de plus en plus de jeunes étudiants qui veulent,<br />
non pas changer le monde ou révolutionner la planète,<br />
mais humblement apporter une pierre à l’édifice de<br />
la solidarité internationale.<br />
Nous avons rencontré ces étudiants qui, avant Noël, à l’occasion<br />
d’une opération papiers cadeaux, prennent d’assaut<br />
les caisses des grandes surfaces, organisent des soirées,<br />
distribuent des cartes de vœux ou des calendriers, afin<br />
d’obtenir un soutien pour leur projet de solidarité internationale.<br />
Toutes ces démarches réalisées entre partiels, fins de<br />
semaines et examens, mobilisent les jeunes tout au long<br />
de l’année. Certains sont créatifs et trouvent de nombreuses<br />
astuces pour pouvoir boucler leur budget, pour partir monter<br />
un projet.<br />
Partir est le leitmotiv de tous ces étudiants. Partir, certes,<br />
mais pas n’importe comment, un minimum de préparation<br />
s’impose !<br />
Monter un projet, c’est avant tout être inventif et faire preuve<br />
d’initiative mais c’est aussi, prendre le temps de s’informer,<br />
de se former, de s’interroger, pour mieux rêver de cette<br />
aventure qui commence.<br />
De plus en plus de formations existent, plus ou moins<br />
cohérentes entre l’offre qu’elles proposent et la réalité professionnelle.<br />
Concevoir un projet ou travailler dans la solidarité<br />
internationale ne s’improvise pas. Il faut associer une bonne<br />
dose d’audace, permettant de croire que l’on pourra mener<br />
à bien ses impératifs personnels, avec tous les éléments<br />
qui sont à prendre en ligne de compte.<br />
Ce numéro spécial présente différentes formes d’engagement,<br />
qu’elles soient professionnelles ou estudiantines. Il vous<br />
permettra d’aborder différentes manières d’être un acteur<br />
de la solidarité, ici ou là-bas.<br />
Existe-t-il encore, ce temps où l’on prenait son sac à dos<br />
pour partir vivre une aventure solidaire, tenter de joindre<br />
l’utile à l’agréable ? On nous pose souvent cette question.<br />
Mais de quelles aventures sommes-nous en train de parler ?<br />
Celle de la rencontre et de la découverte à travers des formations<br />
"outils", celle de l’échange à travers "l’appui et<br />
le conseil", ou bien encore celle de la découverte et de<br />
l’apprentissage dans le cadre de "l’Université Nomade",<br />
une université pas comme les autres. Ces interrogations<br />
ont-elles encore leur raison d’être, à la lecture de ce numéro<br />
spécial <strong>Solidarités</strong> Etudiantes ?<br />
Hervé Manaud
Photo © S. Ben Youssef<br />
S’ENGAGER<br />
<strong>Les</strong> différentes façons de s’engager professionnellement<br />
dans la solidarité.<br />
Il n'y a pas un chemin déjà tracé et qu'il suffirait de suivre pour s'engager dans la solidarité.<br />
C'est à chacun de trouver sa voie, de créer ses opportunités...<br />
Inutile de vous répéter des chiffres maintes fois enten<strong>du</strong>s ; inutile d'effrayer les potentiels candidats aux postes de développement<br />
et de solidarité... mais force est de constater que vous êtes de plus en plus à chercher un emploi dans le domaine<br />
de la solidarité. Des filières universitaires et des écoles spécialisées dans la formation aux métiers <strong>du</strong> développement se multiplient<br />
chaque année. On en compte plus d'une centaine aujourd'hui contre une quinzaine il y a moins de 5 ans. En parallèle,<br />
les postes en ONG ne fleurissent pas !<br />
Loin de nous l'idée de vous en dissuader. Au contraire, ce dossier vous éclairera sur les différentes façons possibles de s'investir<br />
dans ce domaine. Il s'agit bien d'étudier les différents parcours professionnels possibles, car c'est aujourd'hui ce qui manque<br />
le plus aux jeunes : de la visibilité sur les voies dans lesquelles ils peuvent trouver un emploi solidaire.<br />
Le dossier qui suit rassemble plusieurs témoignages de personnes exerçant des métiers "solidaires". Ils nous parlent de leur<br />
parcours en espérant pouvoir vous inspirer. Une règle générale est à retenir : patience, persévérance, originalité sont de rigueur<br />
pour réussir à trouver la voie qui nous correspond le mieux.<br />
Stages en ONG<br />
Mettre ses compétences au service de ses convictions pour une carrière réussie.<br />
Zoom sur Slim, lauréat d'une bourse<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> en 2006 pour<br />
son stage d'assainissement des<br />
eaux dans un village en Inde.<br />
Ses convictions et ses compétences<br />
lui ont permis de faire une première<br />
expérience en tant que stagiaire au<br />
sein d'une ONG locale. Aujourd'hui,<br />
il est salarié d'une ONG canadienne<br />
en tant que formateur sur des<br />
projets d'approvisionnement en<br />
eau de pluie...<br />
2 AVENTURE N°111<br />
Cela fait environ deux mois que je suis<br />
de retour en France, bien au chaud<br />
dans mon cocon familial et loin de tout<br />
problème d’approvisionnement en eau.<br />
Pourtant, je pense souvent à ce village<br />
<strong>du</strong> Sud de l’Inde où j’ai travaillé sur un<br />
projet de développement rural.<br />
C’est dans le cadre de mon Projet de<br />
Fin d’Etudes d’ingénieur que j’ai réalisé<br />
ce stage de six mois chez TERI, organisation<br />
indienne de recherche et<br />
d’étude à but non lucratif. Mon travail<br />
« Quel que soit la filière dans laquelle on s'est engagé<br />
au départ, on peut toujours faire le choix de contribuer,<br />
en tant que volontaires ou porteurs de projets à ré<strong>du</strong>ire<br />
les inégalités Nord-Sud »<br />
sur place a consisté pour l’essentiel<br />
à <strong>du</strong> dimensionnement de systèmes<br />
de récupération d’eaux pluviales. Au<br />
final, trois réservoirs sur une école et la<br />
mairie assureront l'approvisionnement<br />
en eau des élèves et des villageois.<br />
Des projets comme celui-là, il en<br />
existe des milliers en Afrique, en Asie<br />
et en Amérique Centrale et <strong>du</strong> Sud.<br />
Parce qu’aucune société ne peut se<br />
développer sans disposer d’une eau<br />
propre et d’un assainissement hygiénique,<br />
il est, à mon avis, essentiel<br />
de s’investir pour assurer ces besoins<br />
vitaux à ceux qui en sont privés.<br />
D’autant plus que l’atteinte des Objectifs<br />
de Développement <strong>du</strong> Millénaire<br />
dépend prioritairement de la satisfaction<br />
de ces deux objectifs.<br />
<strong>La</strong> curiosité, l’envie de vivre cette<br />
expérience et le besoin de faire don de<br />
moi pour une cause que j’estime noble<br />
sont les principales raisons qui m’ont<br />
poussé à me lancer dans ce projet en<br />
Inde. Au cours <strong>du</strong> stage, j’ai apprécié<br />
le fait de sentir l’utilité de mon travail.<br />
J’ai contribué localement à ré<strong>du</strong>ire une<br />
inégalité certaine. J’ai également<br />
apprécié le contact avec les villageois<br />
et l’attention qu’ils apportent lorsqu’ils<br />
comprennent que vous faites partie<br />
de ceux qui sont là pour leur rendre la<br />
vie moins pénible.<br />
Après cette expérience, j’ai envie de<br />
dire que nous ne sommes vraiment<br />
pas à plaindre sur le Vieux continent.<br />
Seul un esprit cynique pourrait affirmer
que tout va pour le mieux dans<br />
le meilleur des mondes. En effet,<br />
le travail ne manque pas dans le<br />
domaine de l’humanitaire vu l’état<br />
critique de certaines régions <strong>du</strong><br />
monde, (même si l'embauche dans<br />
ce secteur n'est pas évidente). En<br />
revanche, les moyens, les projets<br />
et les hommes font toujours défaut et<br />
c’est là que nous avons tous un rôle<br />
à jouer. Il suffit de s’en donner les<br />
moyens. Nous vivons dans un monde où<br />
les gens crèvent de faim mais avouonsle,<br />
nous sommes plus préoccupés par<br />
notre propre plaisir. Chacun pensera ce<br />
qu’il voudra mais nous avons une<br />
responsabilité vis-à-vis de cela.<br />
Ma volonté de m’investir pour le Tiersmonde<br />
s’est renforcée au cours de<br />
ce voyage. Je viens d’ailleurs de trouver<br />
mon premier emploi dans une ONG<br />
canadienne basée à Calgary. Cette<br />
organisation fait <strong>du</strong> transfert de technologies<br />
dans une quarantaine de<br />
pays. Mon nouveau poste consiste<br />
à préparer des formations sur l’approvisionnement<br />
en eau de pluie, puis<br />
à aller les enseigner sur le terrain à<br />
des ONG locales, à des communautés<br />
ou autres institutions. Ce métier est<br />
riche de divers aspects : présence<br />
sur le terrain, pédagogie de l’enseignement,<br />
caractère plus <strong>du</strong>rable.<br />
J’espère m’y plaire…<br />
Pour rendre ce monde plus juste, il<br />
est possible de faire quelque chose :<br />
en observant tout d'abord un comportement<br />
citoyen et responsable mais<br />
aussi et surtout en développant de<br />
vrais projets. L’argent nécessaire<br />
est là, il ne manque que la volonté<br />
politique et l’élan de solidarité qu’il<br />
appartient à chacun d’entre nous<br />
de fournir. Quel que soit le niveau<br />
de formation ou la filière dans laquelle<br />
on s’est engagé au départ, on peut<br />
toujours faire le choix de contribuer<br />
en tant que volontaires ou porteurs<br />
de projets à ré<strong>du</strong>ire les inégalités<br />
Nord-Sud.<br />
par Slim Ben Youssef<br />
Stagiaire lauréat 2006, des <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
désormais salarié en ONG.<br />
S’ENGAGER<br />
Témoignage <strong>du</strong> corps enseignant sur l'engagement des étudiants<br />
Dans l'article précédent, Slim met en avant la responsabilité de chacun dans<br />
l'accroissement des inégalités Nord-Sud. Il tient en effet à chacun de s'investir<br />
pour une cause à laquelle on croit. <strong>Les</strong> contraintes sont pourtant parfois lourdes<br />
et le découragement est malheureusement courant. Mais force est de constater<br />
que nous sommes de plus en plus encouragés dans nos initiatives personnelles,<br />
comme en témoigne la parution <strong>du</strong> livre d'Elizabeth <strong>La</strong>ville : Un métier pour la<br />
planète... et surtout pour moi. <strong>La</strong> mise en place des congés de solidarité<br />
internationale est concrètement un moyen efficace d'offrir l'opportunité aux<br />
salariés de s'ouvrir à des horizons plus solidaires.<br />
C’est d’autant plus vrai dans l’univers étudiant. L'article écrit par Didier Lecomte,<br />
professeur de Slim à l'école des Mines d'Albi, témoigne de l'encouragement<br />
général des établissements universitaires vers un engagement professionnel plus<br />
réfléchi. Inspiré par la démarche de son élève, il nous livre ses pensées<br />
sur l'importance de la considération de ses valeurs et de son éthique, en plus<br />
de ses compétences techniques dans le choix de sa carrière.<br />
« Notre école privilégie les parcours personnels. Chaque étudiant a un référent<br />
pendant sa scolarité avec qui il peut discuter de ses projets, de son orientation<br />
professionnelle. Il bénéficie également d’une formation à la recherche d’emploi à<br />
la fin de la dernière année. Surtout, il apprend à se connaître à travers ce que<br />
nous appelons le carré d’atout. Je pense que c’est réellement un avantage pour<br />
eux de pouvoir situer leur personnalité, de savoir ce qu’ils ont envie et ce qu’ils<br />
sont capables de faire.<br />
Slim est un étudiant relativement atypique. Une minorité d'étudiants de l'école<br />
a pour objectif de mettre en pratique leurs convictions politiques et éthiques,<br />
notamment dans leur choix de stage ou de projets. Mais seulement une poignée<br />
d'entre eux pousse la logique aussi loin que Slim, en fuyant le confort des<br />
grosses sociétés pour mettre leurs compétences au profit des plus démunis.<br />
Aujourd’hui, à l’école des mines d’Albi, les options éco-in<strong>du</strong>stries et génie<br />
énergétique sont des options très prisées car elles abordent les thématiques <strong>du</strong><br />
développement <strong>du</strong>rable. Nous, enseignants, avons beaucoup d’efforts à faire<br />
pour que toutes les disciplines de l’ingénieur portent cette empreinte. Ainsi nous<br />
verrons sûrement des ingénieurs plus "responsables" dans toutes les branches<br />
de la science et de la technique. »<br />
par D. Lecomte<br />
Professeur EMAC<br />
AVENTURE N°111 3<br />
Photo © S. Ben Youssef
Illustration © Seyes Pullover<br />
S’ENGAGER<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> a interviewé<br />
Stéphane Martin, co-fondateur de<br />
Seyes Pullover, entreprise responsable,<br />
pionnière de la mode éthique<br />
française. Ce jeune entrepreneur<br />
nous raconte son parcours et nous<br />
explique son choix de s'être lancé<br />
dans l'aventure solidaire <strong>du</strong> côté<br />
"entreprise".<br />
S.E. : Parlez-nous de votre parcours<br />
et votre engagement dans le domaine<br />
de la solidarité et <strong>du</strong> développement<br />
? Etiez-vous prédestiné à<br />
ce milieu ?<br />
S.M. : J’ai la chance d’être issu d’une<br />
classe moyenne et d’avoir eu des<br />
parents avec assez de ressources<br />
financières pour me permettre de<br />
bénéficier d’un enseignement "supérieur".<br />
Ce sont eux qui m’ont donné<br />
l’opportunité de pouvoir "muscler mon<br />
cerveau" et d’acquérir des armes pour<br />
ma vie professionnelle. Je leur en<br />
suis d’ailleurs énormément redevable<br />
car aujourd’hui il est bien difficile<br />
d’avancer sans avoir une tête bien plei-<br />
4 AVENTURE N°111<br />
Mode éthique<br />
Être son propre patron d’une entreprise responsable<br />
ne. J’ai donc, après un bac ES, intégré<br />
en 1996 une école de commerce qui<br />
m’a permis de mieux appréhender<br />
les mécanismes <strong>du</strong> monde socioéconomique.<br />
Cet apprentissage théorique<br />
m’est aujourd’hui d’une grande<br />
utilité pour gérer le quotidien commercial<br />
et stratégique de SEYES Pullover.<br />
J’ai ensuite mis beaucoup de temps<br />
(3 ans) pour trouver ma voie car<br />
il était hors de question pour moi de<br />
suivre le chemin de ces grands cadres<br />
à 300 KE et roulant en berline ! Cette<br />
longue période de questionnement et<br />
d’introspection a abouti sur le projet<br />
SEYES Pullover, une entreprise en<br />
cohérence avec mon cœur et répondant<br />
à mes convictions.<br />
Prédestiné à ce milieu ? Je ne sais pas.<br />
Je dirais tout simplement que la volonté<br />
de "changer le monde" et d’avoir un<br />
rôle à jouer m’a toujours habité.<br />
Comme on dit : on est ce qu’on fait et<br />
on fait ce qu’on est !<br />
S.E. : Pourquoi avoir fait le choix de<br />
monter votre propre entreprise ?<br />
Pourquoi une entreprise responsable<br />
? Pourquoi une entreprise<br />
plutôt qu'une association ?<br />
S.M. : Aujourd’hui, le fait d’être mon<br />
propre patron offre un confort moral et<br />
psychologique immense. Je vais au<br />
boulot pour voir mon meilleur ami<br />
(mon associé Hervé Guétin avec qui<br />
nous faisons vivre SEYES Pullover).<br />
Pas obligé de voir des gens que je<br />
n’aime pas ! Je suis sûr que beaucoup<br />
de français salariés m’envieraient cette<br />
position. Liberté des horaires, pas<br />
de comptes à rendre… ! Même si la<br />
charge de travail est largement supérieure<br />
à 35 heures.<br />
L’idée de créer une entreprise "responsable"<br />
nous est venue tout naturellement.<br />
En effet, une énorme partie de<br />
nos problèmes (inégalités, exploitation,<br />
pollution… la liste est longue) est<br />
<strong>du</strong>e au fait que nos entreprises n’ont<br />
qu’une raison d’être : maximiser le<br />
chiffre d’affaires. Ces dernières, parce<br />
qu’elles ne sont pas respectueuses et<br />
responsables, engendrent le mal-être<br />
de nos populations. Normal donc de<br />
changer la donne par la pédagogie<br />
de l’exemple : montrer que l’on peut<br />
être économiquement viable tout<br />
en respectant les Hommes et l’environnement.<br />
Changer le monde à notre<br />
échelle, se poser les bonnes questions,
entreprendre intelligemment constituent<br />
la raison d’être de SEYES Pullover.<br />
Faire de beaux et bons pro<strong>du</strong>its.<br />
Et il était important pour nous de<br />
montrer que c’est aussi le rôle<br />
<strong>du</strong> secteur privé de s’engager pour<br />
changer les choses. Il existe pléthore<br />
d’associations qui militent et qui accomplissent<br />
leur mission de solidarité. Elles<br />
prônent des modes de fonctionnement,<br />
des valeurs et c’est aux "entreprisescitoyens"<br />
de les appliquer. Selon moi,<br />
associations et entreprises doivent<br />
avancer dans le même sens et leurs<br />
"démarches-activités" sont largement<br />
complémentaires ; elles ne s’opposent<br />
pas. Et puis ce n’est pas le statut juridique<br />
d’une structure marqué sur un<br />
bout de papier qui fait sa citoyenneté et<br />
construit ses valeurs. Ce sont les<br />
hommes qui la portent !<br />
S.E. : Avez-vous été accompagné<br />
dans votre démarche ?<br />
S.M. : Hervé et moi avons toujours<br />
voulu rester indépendants, que ce soit<br />
au niveau financier ou moral. Pour<br />
créer l’entreprise de nos rêves nous<br />
n’allions tout de même pas demander<br />
ce qu’on devait faire ! Nous avons donc<br />
tout réfléchi par nous mêmes, effectué<br />
nos choix et fait nos compromis. Cela<br />
dit, la richesse intellectuelle de<br />
nombreux partenaires (journalistes,<br />
écrivains, associations…) nous a beaucoup<br />
aidé dans nos choix.<br />
S.E. : Quel enseignement en tirezvous<br />
? (difficultés, satisfaction,<br />
bilan, projets...) tant sur le plan<br />
professionnel qu'humain ?<br />
S.M. : J’en retire aujourd’hui beaucoup<br />
de fierté. Quand je lis dans les yeux de<br />
mes parents : « je suis fier de toi mon<br />
fils », je vous garantis que cela vous<br />
donne des ailes. Le confort moral et<br />
la liberté dont je parlais précédemment<br />
sont aussi une réelle satisfaction.<br />
Et enfin, quand je sors <strong>du</strong> lit le matin,<br />
le sentiment de servir à quelque chose,<br />
se sentir "utile" et faire avancer le<br />
"schmilblik", c’est vraiment gratifiant.<br />
J’ai également tellement appris au<br />
niveau professionnel (relation client,<br />
développement commercial, technique<br />
<strong>du</strong> textile, création des outils de<br />
communication…). Je pense avoir<br />
vraiment démultiplié ma "valeur sur<br />
le marché <strong>du</strong> travail" !<br />
Mais bien sûr tout n’est pas rose. Il<br />
faut être prêt à en vouloir, à affronter<br />
les tempêtes, à assumer les coups<br />
<strong>du</strong>rs, savoir rebondir. Je dirais à celles<br />
et ceux qui veulent entreprendre que<br />
la principale qualité pour mener à bien<br />
sa barque est l’adaptabilité. Il faut<br />
toujours réagir au quart de tour et ce<br />
n’est pas toujours évident de mettre<br />
ses "coups de blues" de côté. C’est<br />
d’ailleurs beaucoup mieux de se lancer<br />
avec quelqu’un pour pouvoir partager<br />
tout ça. Le bon comme le mauvais.<br />
Seul, c’est moins évident.<br />
S.E. : Pourquoi la mode éthique<br />
plutôt qu'un autre secteur ?<br />
S.M. : Nous avons choisi la mode car<br />
derrière le rêve que projette cette<br />
in<strong>du</strong>strie se cachent en fait énormément<br />
de points noirs : des gamins qui<br />
cousent nos jeans pour un dollar la<br />
journée, des agriculteurs de coton<br />
dont les poumons sont bourrés de<br />
pesticides chimiques (20 000 décès<br />
par an selon l’OMS !), des teintures<br />
cancérigènes dangereuses pour la<br />
santé… <strong>La</strong> marge de progrès de ce<br />
secteur est énorme ! Et puis pouvoir<br />
mettre un vrai message derrière une<br />
marque. Just do it ? Oui mais quoi ?<br />
Et bien nous, on fait de l’écologie et<br />
<strong>du</strong> social : coton biologique issu <strong>du</strong><br />
commerce équitable en Inde, respect<br />
des règles de l’OIT sur l’intégralité de la<br />
chaîne de pro<strong>du</strong>ction (liberté syndicale,<br />
pas de travail d’enfant ni de travail<br />
forcé…), teintures écologiques certifiées,<br />
partenariat avec des entreprises<br />
françaises... Pas seulement une optimisation<br />
de notre valeur boursière !<br />
S.E. : <strong>Les</strong> jeunes intéressés par la<br />
solidarité internationale sont<br />
souvent motivés par le fait de<br />
partir. Pourquoi vous êtes vous<br />
engagés ici plutôt que là-bas ?<br />
S.M. : Ceci regarde chacune et<br />
chacun. En ce qui me concerne, mon<br />
équilibre personnel dépend beaucoup<br />
de la proximité de mes proches. Mes<br />
amis et ma famille occupent une place<br />
primordiale dans ma vie perso.<br />
Et puis comme dit l’adage : « il faut<br />
d’abord balayer devant sa porte ».<br />
Enormément de choses sont à faire<br />
dans ce beau pays qu’est la France<br />
en terme d’emplois notamment<br />
(20 000 chômeurs chaque année dans<br />
le textile ! Une vraie peau de chagrin).<br />
D’ailleurs cela m’énerve beaucoup<br />
S’ENGAGER<br />
d’entendre mes compatriotes critiquer<br />
si vivement le pays. Tout n’est pas<br />
parfait mais nous avons la chance<br />
d’avoir la sécu, des savoir-faire mondialement<br />
reconnus, un patrimoine<br />
historique et culturel de tout premier<br />
ordre… Sachons en profiter et améliorer<br />
la donne. Il n’en tient qu’à nous.<br />
Des actes valent mieux que de vives<br />
critiques.<br />
S.E. : De plus en plus de jeunes<br />
rêvent de s'investir professionnellement<br />
en accord avec leurs<br />
valeurs et convictions. Et créer<br />
leur boîte pour être leur propre<br />
patron. Cela demande courage et<br />
détermination. Avez-vous un<br />
message ou des conseils à faire<br />
passer à ces jeunes?<br />
S.M. : Vivez, sentez, regardez, écoutez,<br />
posez-vous les bonnes questions,<br />
soyez créatifs et enthousiastes au lieu<br />
d’être moroses et sans envie, réfléchissez<br />
par vous mêmes au lieu<br />
d’appliquer des schémas préétablis…<br />
Notre existence ne consiste pas<br />
seulement à avoir un pavillon et un<br />
labrador ! Il faut lui donner <strong>du</strong> sens.<br />
Et surtout n’oubliez pas que l’on a<br />
20 ans qu’une fois dans une vie et que<br />
ce n’est pas à 50 ans que vous vous<br />
lancerez. <strong>La</strong> jeunesse est une carte<br />
qu’il faut jouer tant qu’il en est temps.<br />
Et puis la vie, ce n’est qu’une succession<br />
de réussites et d’échecs, cela ne<br />
vous tuera pas. Pas comme une soirée<br />
trop arrosée qui se termine dans un<br />
mur. <strong>La</strong> peur, voilà notre pire ennemi !<br />
Alors courage.<br />
www.seyes.fr<br />
AVENTURE N°111 5<br />
Photo © Seyes Pullover
S’ENGAGER<br />
Terre Nourricière<br />
Success story d’une jeune ONG<br />
L’association Terre Nourricière<br />
suit son bonhomme de chemin,<br />
semé d’embûches et de belles<br />
surprises, depuis maintenant<br />
presque deux ans.<br />
Resituons un peu son histoire !<br />
Le travail réalisé en 2005 par ses deux<br />
fondatrices Kristell et Hélène, résultait<br />
d’une étude sur l’alimentation des<br />
jeunes enfants et d’un reportage de<br />
5 mois en Côte d’Ivoire l’année précédente.<br />
De ces premiers pas dans le<br />
monde de l’alimentation dans les pays<br />
en développement, est né l’objectif<br />
autour <strong>du</strong>quel sont maintenant réunis<br />
quelques 60 adhérents (parmi lesquels<br />
membres bienfaiteurs et membres<br />
actifs, voir très actifs !) : valoriser les<br />
actions des organismes impliqués dans<br />
les pays en développement pour<br />
améliorer <strong>du</strong>rablement les conditions<br />
nutritionnelles des populations.<br />
Au cœur <strong>du</strong> fonctionnement de l’association,<br />
deux axes de travail se sont<br />
définis : Des outils de communication<br />
pour la promotion des ONG<br />
et associations sont pro<strong>du</strong>its, en<br />
France, à la suite des reportages de<br />
terrain. En parallèle, les connaissances<br />
acquises par ces expériences sont<br />
restituées à travers une campagne<br />
de sensibilisation auprès <strong>du</strong> tout public<br />
et des universitaires (cours, conférences,<br />
expositions photographiques),<br />
ainsi qu’en direction des plus jeunes<br />
(contes, ateliers ludiques, goûters<br />
exotiques dans les écoles primaires<br />
et les collèges).<br />
Fin 2005, l’épopée Terre Nourricière se<br />
poursuit au Mali. Une grande quantité<br />
de photographies, interviews et prises<br />
de son voit le jour à travers des<br />
reportages pour plusieurs structures<br />
de solidarité internationale. En 2006,<br />
un séjour en Tunisie et un nouveau<br />
passage de quelques semaines au<br />
Mali permettent de rassembler de<br />
nombreuses séquences vidéo.<br />
6 AVENTURE N°111<br />
Il est temps de consolider<br />
les fondations !<br />
L’association prenant petit à petit<br />
une tournure plus "professionnelle", la<br />
définition d’une nouvelle charte<br />
graphique devient essentielle. Mariano,<br />
jeune designer (www.mwerneck.com),<br />
propose ses services pour cette grande<br />
aventure ! Redéfinir les couleurs et les<br />
polices à utiliser, remettre en question<br />
le logo tant apprécié… accepter de<br />
changer n’est pas toujours très simple,<br />
cela demande des heures de discussions.<br />
Quant à l’image que Terre<br />
Nourricière veut véhiculer, cela oblige<br />
à y réfléchir pour de vrai. Entre<br />
couleurs et ambiance chaleureuse<br />
reflétant les pays évoqués, le jeune<br />
public à sensibiliser en France et la<br />
clarté d’une agence pour une<br />
"prestation de services" à des organismes…<br />
il faut prendre le risque<br />
"d’évoluer" !<br />
De cette charte graphique et de la définition<br />
plus claire <strong>du</strong> fonctionnement<br />
de l’association, est née la nouvelle<br />
version plus évolutive <strong>du</strong> site internet<br />
www.terrenourriciere.org, sur laquelle<br />
travail activement Patrice, informaticien,<br />
et webmaster en devenir.<br />
De nouvelles compétences,<br />
au service d’un objectif précis,<br />
mais vaste<br />
dans sa mise en œuvre.<br />
Certaines compétences professionnelles<br />
sont apparues au sein de<br />
l’association grâce à l’investissement<br />
ponctuel des membres actifs. Ricardo<br />
prête main forte sur la comptabilité,<br />
Catherine et Cendrine apportent leurs<br />
conseils sur l’é<strong>du</strong>cation à l’environnement,<br />
Pierre met à profit ses talents<br />
de cartographe, Alice réalise des petits<br />
films de promotion.<br />
D’autres techniques ont été acquises<br />
par de nouvelles formations, notamment<br />
en retouche de photo numérique<br />
et en vidéo.<br />
« L'aventure commence l'été 2005 au Mali. Hélène Pineau, nutritionniste,<br />
et Kristell Trochu, photographe, parcourent le pays pendant trois mois.<br />
Trois mois de découverte <strong>du</strong> terrain, de travail auprès des ONG et de<br />
rencontres avec la population. »<br />
Photo © Terre Nourricière<br />
Outils de promotion<br />
pour les ONG<br />
<strong>Les</strong> reportages au Mali ont donné lieu<br />
à la réalisation de divers supports<br />
de communication "made in Terre<br />
Nourricière" ! L’AIVM (Association Ille<br />
et Vilaine / Mopti) bénéficie maintenant<br />
d’une plaquette de promotion<br />
évoquant tous les axes de développements<br />
mis en œuvre. Deux films<br />
photographiques d’une vingtaine de<br />
minutes ont aussi été créés pour<br />
cette coopération décentralisée. Dans<br />
une dynamique alliant enchaînements<br />
de photographies, interviews des<br />
acteurs <strong>du</strong> terrain, musique africaine<br />
et textes explicatifs en voix off,<br />
ces montages sont un point de départ<br />
pour animer une soirée. Ils sont aussi<br />
présentés aux bailleurs de fond de<br />
la structure, ainsi qu’aux enseignants<br />
et aux élèves participants ou désirant<br />
découvrir les jumelages scolaires entre<br />
les deux pays.<br />
Une autre plaquette de promotion<br />
retrace les activités de l’association<br />
Koloni, également impliquée dans la<br />
région de Mopti. Pour l’association<br />
Mayi Mava (www.mayimava.com),<br />
un petit film d’environ 5 minutes a été<br />
monté au cours de l’été, avec ses<br />
propres images tournées elles aussi à<br />
travers le Mali. Un "docu-fiction" de<br />
26 minutes est en cours de réalisation<br />
pour la coopération entre les villes<br />
de Vienne et Roman-sur-Isère, et la<br />
ville d’el Jem en Tunisie.<br />
Bien d’autres supports de communication<br />
restent à faire à partir des reportages<br />
réalisés. Encore beaucoup de<br />
travail en perspective !
<strong>La</strong> fac, les lycées,<br />
les écoles primaires,<br />
le grand public,<br />
tous sur un thème !<br />
Le début de l’année 2006 a permis<br />
à Terre Nourricière d’allier une exposition<br />
photo et une conférence sur<br />
le thème "améliorer l’alimentation,<br />
diverses manières d’agir" et plusieurs<br />
activités de sensibilisation auprès des<br />
scolaires.<br />
Des cours dans la licence de nutrition<br />
humaine de l’université des sciences<br />
de Montpellier, en partenariat avec<br />
l’Institut de Recherche pour le<br />
Développement, ont fait découvrir<br />
à ses étudiants les problématiques<br />
des pays en développement.<br />
Loin des cours de cuisine française,<br />
les élèves <strong>du</strong> lycée hôtelier ont ouvert<br />
grands les yeux sur les diaporamas<br />
et les activités de découverte sur<br />
l’alimentation et l’agriculture africaine.<br />
Enfin les petits de l’école Jules Simon<br />
de Montpellier, ont appris que les<br />
arachides poussent comme des radis,<br />
à travers un conte sur la journée<br />
d’un enfant ivoirien !<br />
Des nouveaux outils<br />
pédagogiques…<br />
pour mieux comprendre !<br />
Gwladys, stagiaire Terre Nourricière<br />
pendant 5 mois, a su manier tout<br />
le matériel de l’association, pour créer<br />
un nouvel outil pédagogique (Cf. encadré).<br />
Sylvain, s’est occupé de la valorisation<br />
dans la communication visuelle<br />
de cet outil.<br />
Tout ceci est accompagné d’une exposition<br />
pédagogique, fruit d’une collaboration<br />
entre plusieurs membres actifs,<br />
dont Charlotte, animatrice pédagogique<br />
<strong>du</strong> museum d’agropolis. Florence,<br />
professeur de biologie en collège,<br />
et détachée <strong>du</strong> rectorat au GRAINE<br />
pour l’é<strong>du</strong>cation au développement<br />
<strong>du</strong>rable, a mis à profit ses compétences<br />
en pédagogie pour suivre la<br />
réalisation de ces outils.<br />
Un journal,<br />
pour vous raconter ceci,<br />
et vous faire découvrir cela !<br />
Ah tous ces reporters-écrivains qui se<br />
découvrent ! Plusieurs membres de<br />
Terre Nourricière sont actuellement<br />
dans des pays en développement,<br />
d’autres y ont été, ils se réunissent<br />
dans ce journal autour de l’écriture des<br />
articles qui transmettent leurs études<br />
de terrain, leurs connaissances. Julie,<br />
journaliste passionnée par son travail,<br />
pilote ce projet à nos côtés. Gaël gère<br />
habillement la mise en forme de<br />
ce journal pour ajouter à notre plaisir<br />
de le lire !<br />
S’ENGAGER<br />
Et maintenant, place à une nouvelle<br />
année! Vivement que l’on découvre<br />
toutes les surprises que nous réserve<br />
2007 !<br />
par Hélène Pineau<br />
Co-fondatrice de Terre Nourricière<br />
www.terrenourricière.org<br />
Nourrir le désir de comprendre, cultiver la réflexion sur l’alimentation et les<br />
pays en développement… L’outil pédagogique "Alimentez votre réflexion"<br />
est là pour sensibiliser les acteurs <strong>du</strong> monde de demain !<br />
Spécialement conçu pour compléter le programme scolaire des élèves<br />
de seconde dans la partie "nourrir les hommes", il est aussi adaptable<br />
aux autres classes.<br />
Trois mo<strong>du</strong>les de deux heures pour découvrir la santé au cœur <strong>du</strong> développement<br />
<strong>du</strong>rable.<br />
- <strong>La</strong> faim dans le monde.<br />
- Nourrir les hommes grâce à l’aménagement des espaces agricoles.<br />
- Alimentation ici et là-bas, la diététique au service de la santé.<br />
Diaporamas, ateliers, quiz, débats et réflexion s’accompagnent de témoignages<br />
d’expériences de vie en Afrique des intervenants.<br />
Une exposition pédagogique de huit panneaux (60 x 90) est proposée<br />
aux établissements pour compléter l’approche de cette thématique.<br />
AVENTURE N°111 7<br />
Photo © Terre Nourricière
S’ENGAGER<br />
Le développement <strong>du</strong>rable<br />
Une tendance, mais surtout une opportunité.<br />
Le développement <strong>du</strong>rable a le vent en poupe ! Que ce<br />
soit dans les discours des politiques, dans les communications<br />
marketing des entreprises et même dans<br />
les débats entre amis, le développement <strong>du</strong>rable s'est<br />
infiltré partout. A tel point que l'effet mode rebute<br />
certains qui ne le voient que comme une tendance<br />
qui passera... Peut-être et alors ?<br />
Malheureusement sans que toutes les promesses et belles<br />
paroles soient tenues, l'action doit être un tant soit<br />
peu adapté au discours. Des secteurs d'activité émergeront<br />
de plus en plus, certaines compétences (ingénieurs,<br />
architectes, nutritionnistes,...) voient les opportunités<br />
se multiplier de mettre leur savoir-faire au profit de projets<br />
de développement. <strong>Les</strong> écoles et universités s'y mettent<br />
Il est également possible de<br />
travailler de façon solidaire en<br />
entreprise. Voici l'exemple de la<br />
banque ABN AMRO France à<br />
travers le témoignage de la<br />
directrice <strong>du</strong> Développement<br />
Durable et sa stagiaire.<br />
Dans les établissements financiers,<br />
l’engagement solidaire fait partie <strong>du</strong><br />
dispositif de Développement Durable.<br />
En effet, la définition retenue est large :<br />
« répondre aux besoins des générations<br />
actuelles sans compromettre la<br />
capacité des générations futures de<br />
répondre aux leurs. »<br />
L'expression "développement <strong>du</strong>rable"<br />
qualifie donc, pour chaque acteur<br />
concerné, un développement respectant<br />
simultanément les trois critères<br />
d'efficacité économique, d'équité<br />
sociale et de prudence écologique.<br />
Quel est, dans le dispositif global<br />
à mettre en place, le rôle des institutions<br />
bancaires ? De manière générale,<br />
le rôle des banques est de stimuler et<br />
supporter l’économie, donc de financer<br />
des projets indivi<strong>du</strong>els et collectifs<br />
quels qu’ils soient : constructions<br />
d’infrastructures, de logements,<br />
d’usines et unités de pro<strong>du</strong>ction,<br />
de communautés humaines professionnelles,<br />
financement de projets<br />
dans des pays en voie de développe-<br />
8 AVENTURE N°111<br />
ment, etc. On peut donc observer que<br />
les banques sont consubstantiellement<br />
au centre de l’activité humaine, dans<br />
ce qu’elle a de plus profond et<br />
de plus <strong>du</strong>rable.<br />
Il appartient ainsi aux banques de<br />
privilégier la mise en place de projets<br />
"<strong>du</strong>rables" et de prouver qu’il est<br />
possible que la collectivité, au sens<br />
le plus large, trouve son compte dans<br />
la création de valeurs. Il est d’ailleurs<br />
intéressant de constater que cette<br />
création de valeurs ne revêt rien<br />
d’autre que les aspects traditionnels de<br />
projets bancaires : pour exemples,<br />
l’émission d’actions "vertes" ; le financement<br />
de projets caractérisés comme<br />
protecteurs de l’environnement et<br />
<strong>du</strong> social ; l’élaboration de pro<strong>du</strong>its<br />
d’investissement socialement responsables<br />
répondant à une demande<br />
des clients ; une offre de pro<strong>du</strong>its<br />
pour tout type de "client", y compris<br />
en micro-finance. Il s’agit donc moins<br />
d’une nouvelle économie révolutionnaire<br />
que d’une réorientation progressive<br />
mais prégnante de l’intervention<br />
des forces financières vers le développement<br />
d’activités et de pro<strong>du</strong>its utiles<br />
pour tous.<br />
En imposant de nouvelles contraintes<br />
à leurs clients, certaines banques ont<br />
considéré qu’elles ne pouvaient le faire<br />
sans donner l’exemple. C’est notam-<br />
aussi, adaptant leur enseignement à plus de prise<br />
de conscience et encourageant la prise de responsabilité<br />
(ou <strong>du</strong> moins, de conscience) dans ce domaine.<br />
S'investir dans un emploi qui a <strong>du</strong> sens n'est pas le monopole<br />
des missions proposées par les ONGs. Il est diverses<br />
façons de s'investir professionnellement et utilement dans<br />
la solidarité et le développement <strong>du</strong>rable peut en être une.<br />
<strong>Les</strong> articles qui suivent vous montrent les témoignages<br />
d’une directrice <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable d’un grand<br />
groupe (« encore des discours » me direz-vous !) mais également<br />
d’une stagiaire qui ont choisi de s'investir dans cette<br />
voie et qui aujourd'hui sont engagés au long terme dans des<br />
emplois responsables et liés à des projets de développement<br />
et de solidarité internationale.<br />
S’engager dans le solidaire est possible<br />
Même au sein d’une banque<br />
ment le cas <strong>du</strong> Groupe bancaire ABN<br />
AMRO qui vit le développement<br />
<strong>du</strong>rable au quotidien : gestion des<br />
locaux dans le respect de l’environne-<br />
Photo © ABN AMRO
Photo © ABN AMRO<br />
ment ; intégration des critères de développement<br />
<strong>du</strong>rable dans son activité<br />
professionnelle (financements et placements)<br />
et investissement de ses salariés<br />
dans la société qui les entoure.<br />
En ce domaine, l'éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> challenge<br />
peut être perçue comme une opportunité<br />
: vastes sont les chantiers dans<br />
lesquels s'investir, infinies sont les<br />
possibilités de mettre à profit ses<br />
compétences professionnelles, quelles<br />
qu'elles soient.<br />
Pour permettre à ses salariés de<br />
s’investir en tant que volontaires, ABN<br />
AMRO a mis en place un système<br />
de "Charity hours". <strong>Les</strong> salariés ont<br />
ainsi droit à un quota d’heures annuel,<br />
prises sur leur temps de travail.<br />
Chaque pays, selon sa culture et le<br />
tissu de ses relations locales, peut<br />
participer à des projets d’aide à l’é<strong>du</strong>cation<br />
et au développement.<br />
Avec une expérience d'une dizaine<br />
d'années dans l'audit interne d'un<br />
groupe bancaire, peu nombreux sont<br />
ceux m'auraient naturellement considérée<br />
comme la personne disposée<br />
à "travailler dans le développement<br />
<strong>du</strong>rable" ou dans le domaine de la<br />
solidarité. Et pourtant.<br />
S’ENGAGER<br />
« Vastes sont les chantiers dans lesquels s'investir,<br />
infinies sont les possibilités de mettre à profit ses<br />
compétences professionnelles, quelles qu'elles soient. »<br />
Mes activités professionnelles au<br />
quotidien me permettent de constater<br />
combien il existe encore des actions,<br />
des projets solidaires et <strong>du</strong>rables à<br />
entreprendre, au sein d'une banque<br />
et ailleurs, combien les collaborations<br />
entre acteurs sont souhaitables. Et<br />
combien ce type d’action peut changer<br />
la vision <strong>du</strong> monde et embellir la vie<br />
d’un salarié <strong>du</strong> secteur privé.<br />
<strong>Les</strong> banques sont également indispensables<br />
au tissage d’un système de<br />
soutien aux plus démunis comme<br />
dans le micro-crédit. Toute action<br />
repose sur un financement, qui passe<br />
par le réseau bancaire, ne serait-ce<br />
qu’indirectement pour permettre aux<br />
associations, institutions de microfinance,<br />
de recevoir des fonds en vue<br />
de prêter. ABN AMRO France a fait<br />
le choix stratégique de mettre à disposition<br />
de l'ONG ACTED développant<br />
des programmes de micro-crédit les<br />
compétences des salariés (finance,<br />
audit, juridique, communication...)<br />
volontaires pour s'impliquer dans une<br />
cause solidaire.<br />
Nous voyons donc que les institutions<br />
bancaires sont plus que déterminantes<br />
dans notre projet collectif pour les<br />
siècles à venir et nous ne pouvons<br />
faire l’économie de leur intervention,<br />
à bon escient.<br />
Mais il existe d'autres secteurs<br />
(le commerce, le bâtiment, l'architecture,<br />
l'informatique, la communication...)<br />
dans lesquels il est possible<br />
de s'engager vers une démarche<br />
plus responsable et de faire bouger les<br />
habitudes et les mentalités et ainsi<br />
contribuer à un meilleur développement<br />
économique et humain.<br />
Par Béatrice de Montleau<br />
Directrice Développement Durable<br />
ABN AMRO France<br />
Tous les chemins peuvent mener à la solidarité<br />
Diplômée d'une école de commerce,<br />
je ne pensais pas trouver ma place<br />
(professionnelle) dans le domaine<br />
<strong>du</strong> développement et de la solidarité...<br />
Préjugé qui aurait bien pu<br />
m'entraîner dans un travail qui ne<br />
me correspondait pas.<br />
Comme certainement beaucoup d'étudiants<br />
d'école de commerce, j'ai choisi<br />
cette voie sécuritaire pour m'assurer<br />
un diplôme valorisant et par conséquence<br />
un travail à la sortie.<br />
Un travail ok...<br />
mais lequel ?<br />
<strong>La</strong> compta ? Non merci ; <strong>La</strong> finance, ça<br />
paie bien ! Oui, mais je ne suis pas<br />
matheuse pour deux sous ; l'audit ou<br />
le contrôle de gestion ? J'imagine ça<br />
AVENTURE N°111 9
Photos © ABN AMRO<br />
S’ENGAGER<br />
comme le métier de celui qui coche<br />
des petites cases. Restait bien le<br />
marketing mais pour ce secteur non<br />
plus, je ne faisais pas preuve d'un<br />
enthousiasme débordant.<br />
Je n'étais experte dans aucun de ces<br />
domaines mais mes études m'avaient<br />
donné l'occasion d'acquérir les connaissances<br />
basiques. De la même façon<br />
qu'elles m'avaient permis d'avoir des<br />
notions de gestion de projet. Bref, mon<br />
école m'avait bien plutôt permis de<br />
renforcer des capacités pratiques<br />
(m'organiser, être autonome, prendre<br />
des initiatives, rédiger, animer des<br />
réunions, négocier...), finalement bien<br />
plus précieuses que des connaissances<br />
théoriques.<br />
C'est donc avec ces capacités et à<br />
travers des stages que j'ai décidé de<br />
trouver une voie dans laquelle je<br />
pourrais exercer un métier "utile". Par<br />
"utile", j'entends solidaire, en faveur<br />
d'un développement plus juste, et<br />
surtout qui ait <strong>du</strong> sens.<br />
Bien sûr qu'il ne suffit pas de le vouloir<br />
pour travailler dans la solidarité, mais<br />
la volonté et la persévérance sont<br />
essentielles, <strong>du</strong> moins au début. Déjà<br />
pour penser à toutes les possibilités<br />
de s'investir professionnellement.<br />
Travailler en ONG n'est pas "la" solution.<br />
En effet, beaucoup d'ONG recherchent<br />
un type de profil particulier aux<br />
compétences spécifiques et beaucoup<br />
d'étudiants, jeunes diplômés ou salariés<br />
ne "rentrent pas dans la catégorie".<br />
Mais le développement <strong>du</strong>rable,<br />
quoi qu'on en dise, quoi qu'on en<br />
pense, devient une réalité économique<br />
de plus en plus présente dans les<br />
entreprises. <strong>Les</strong> grands groupes<br />
10 AVENTURE N°111<br />
« Il ne suffit pas de le vouloir pour travailler dans<br />
la solidarité, mais la persévérance est essentielle,<br />
ne serait-ce que pour penser à toutes les possibilités<br />
de s'investir professionnellement. »<br />
sont obligés de l'intégrer désormais<br />
dans leur stratégie. Vous pouvez<br />
y contribuer !<br />
Pour mon stage de fin d'étude, j'ai<br />
travaillé à la direction <strong>du</strong> développement<br />
<strong>du</strong>rable de ABN AMRO France.<br />
Une de mes missions consistait à<br />
mobiliser les employés de toute la<br />
banque pour penser et travailler<br />
aux implications <strong>du</strong> DD dans leur<br />
travail quotidien. Des résultats ont pu<br />
être constatés : efforts éco-citoyens<br />
dans chaque service (certains lèveront<br />
les yeux au ciel sceptiques de l'impact<br />
de ce résultat... Si tous les grands<br />
groupes faisaient ce genre d'effort, ce<br />
ne serait plus une goutte d'eau), des<br />
associations d'employés créées pour<br />
favoriser le covoiturage, des groupes<br />
pour monter des pro<strong>du</strong>its ISR proposés<br />
par la banque...<br />
<strong>Les</strong> PME sont moins soumises à ce<br />
genre d'obligations mais la marge de<br />
manœuvre quand on y est employé est<br />
plus grande: à vous de proposer vos<br />
idées. Lors de mon passage dans une<br />
PME de comptabilité, j'ai proposé de<br />
faire changer le mode de facturation<br />
(et réussi) afin d'éviter des dépenses<br />
inutiles de papier et d'encre.<br />
J'ai également eu l'opportunité de<br />
travailler sur le terrain pour un projet<br />
de micro-crédit en tant que chef<br />
de projet. Cette expérience m'a beaucoup<br />
appris : la rencontre avec les<br />
populations locales, un nouveau style<br />
de vie, une autre façon de penser,<br />
de travailler... Mais je retiendrai<br />
surtout qu'elle m'a confirmé mon envie<br />
de m'engager dans le secteur de<br />
la solidarité.<br />
Aujourd'hui de retour à Paris, je<br />
travaille au sein d'une ONG, ce qui<br />
peut être un objectif pour certains<br />
étudiants intéressés par la solidarité<br />
internationale. J'en suis contente<br />
c'est vrai, mais pas plus fière que<br />
de toutes les étapes qui m'ont amenée<br />
là. Voir ce que nous savons faire,<br />
évaluer notre volonté et mettre en<br />
place notre projet. Voici selon moi,<br />
l'engagement le plus utile au service<br />
de soi et des autres que l'on puisse<br />
prendre.<br />
par A. M.<br />
Stagiaire DD à ABN AMRO France
S’ENGAGER<br />
LE VOLONTARIAT DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE<br />
Un statut défini par la loi N° 2005 – 159 <strong>du</strong> 23 février 2005<br />
ÊTRE VSI C’EST :<br />
- Partir en mission dans un cadre agréé par le Ministère des Affaires Etrangères<br />
- Bénéficier d’une formation avant le départ<br />
- Être pris en charge par l’association porteuse de projet pour les frais de vie sur place ou liés à la mission (logement,<br />
nourriture, transport, frais de mission...)<br />
- Recevoir une indemnisation mensuelle en fonction <strong>du</strong> niveau de vie <strong>du</strong> pays de mission et respectant un barème défini<br />
pour chaque pays par le Ministère des Affaires Etrangères<br />
- Bénéficier d’une couverture sociale complète pour soi et les personnes à sa charge (sécurité sociale, mutuelle, rapatriement,<br />
responsabilité civile) et cotiser à la retraite <strong>du</strong> régime général de la sécurité sociale française<br />
- Avoir droit à des congés indemnisés dans le cadre de la mission<br />
- Bénéficier d’un accompagnement au retour de mission<br />
- Recevoir une indemnité d’aide à la réinstallation en France après 24 mois de mission<br />
- Pouvoir valider sa mission au titre de la Validation des Acquis de l’Expérience<br />
LE PROFIL DES VSI AU 30 JUIN 2006<br />
Sources : VSI en juin 2006 - MAE/MAAIONG/Volontaires 2006 sans AFVP<br />
LE VSI À LA GUILDE :<br />
Étant agréée par le Ministère des Affaires Etrangères, la <strong>Guilde</strong> est habilitée à envoyer des volontaires sous<br />
le statut officiel de Volontaire de Solidarité Internationale (VSI). <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> a la possibilité de développer des partenariats<br />
avec des associations afin de faire bénéficier leurs volontaires de cet agrément et de les faire partir dans le cadre<br />
reconnu et réglementé de VSI. <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> et chaque association se répartissent dès lors les obligations imposées par le<br />
statut quant au cadre <strong>du</strong> déroulement de la mission et de la prise en charge <strong>du</strong> volontaire.<br />
Si vous êtes intéressés par un partenariat avec la <strong>Guilde</strong> pour l’envoi de vos volontaires : contactez-nous !<br />
<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />
11 rue de Vaugirard - 75006 Paris - Tél. : 01 43 26 97 52 / volontariat@la-guilde.org - www.la-guilde.org<br />
Illustrations © V. Lequien<br />
AVENTURE N°111 11
Photo © SOLEM<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
« Si on leur avait dit que c'était impossible, ils ne l'auraient pas fait. »<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> anime un réseau de dizaines d'associations étudiantes toutes engagées dans des projets de solidarité<br />
internationale. Ces projets, pour être de qualité, nécessitent patience, réflexion, persévérance, qualités humaines et<br />
... accompagnement. C'est cet accompagnement que propose <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> à ses membres. Ce programme leur<br />
offre également la possibilité de communiquer sur leurs projets ; il donne une voix à l'engagement étudiant, à travers cette<br />
revue notamment. Vous découvrirez dans les pages à suivre le témoignage de ces associations membres, à chaque fois<br />
sous un angle nouveau, celui de l'approche par laquelle ils ont choisi de s'engager.<br />
Mélange de compétences<br />
Faire équipe avec d’autres pour un projet complet et de qualité.<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> tenait particulièrement à publier<br />
les deux articles qui suivent. En effet, les deux étudiants qui<br />
les ont écrits font partie <strong>du</strong> même collectif associatif, SOLEM<br />
et tous deux ont la même approche réfléchie des projets<br />
auxquels ils participent. Issus de deux milieux étudiants<br />
bien distincts (faculté de médecine et école ingénieur),<br />
ils ont choisi de rapprocher leur compétences afin de<br />
pouvoir mener des projets de développement complets.<br />
Il est regrettable en effet de voir certains projets étudiants<br />
se limiter à certains types d’activité <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> manque<br />
de compétences de l’équipe française le portant. Il est<br />
évidemment plus souhaitable de se limiter que de "tenter le<br />
coup" alors qu’on n’a pas l’expérience et les compétences.<br />
Cependant, peu d’étudiants pensent à activer leurs réseaux<br />
12 AVENTURE N°111<br />
ou les réseaux existants comme celui de <strong>Solidarités</strong><br />
<strong>Étudiantes</strong> pour trouver d’autres associations étudiantes<br />
avec lesquelles coopérer ou au moins auprès desquelles se<br />
renseigner. <strong>La</strong> Fac de médecine et l’ESTP ont fait ce que peu<br />
encore font. SOLEM compte également des projets de<br />
construction faisant intervenir des étudiants en architecture.<br />
Espérons que ces articles en inspireront certains.<br />
Il est important de retenir que dans toute association,<br />
il est important de poursuivre les mêmes objectifs et<br />
d’être con<strong>du</strong>its par les mêmes valeurs. C’est le cas de<br />
ces deux étudiants qui partagent la même approche<br />
qualitative qui les a poussés à suivre des formations et<br />
à se faire accompagner pour la réalisation de leurs projets.<br />
SOLEM, sur la Terre, on sème<br />
Importance de la préparation et de l’accompagnement. Pour une participation<br />
réfléchie et engagée des étudiants en médecine à la solidarité internationale.<br />
L’association SOLEM (SOLidarité<br />
Etudiants Médecine) est l’association<br />
de solidarité locale, santé<br />
publique, é<strong>du</strong>cation au développement<br />
et solidarité internationale<br />
de la faculté de médecine Paris<br />
Descartes. Elle accompagne chaque<br />
année une quinzaine de projets de<br />
solidarité internationale menés<br />
par des étudiants de la faculté,<br />
aussi bien en Afrique, en Asie et<br />
en Amérique <strong>du</strong> Sud.<br />
<strong>La</strong> reprise de projet entre étudiants<br />
d'une année à l'autre a lieu généralement<br />
fin octobre, avec une semaine de<br />
présentation des projets pendant<br />
laquelle les étudiants intéressés<br />
peuvent se renseigner et faire leur<br />
choix. Elle concerne surtout les<br />
étudiants de deuxième et troisième<br />
année, car c’est une période de nos<br />
études où nous avons beaucoup de
Photo © SOLEM<br />
temps libre. Un très grand nombre<br />
d’étudiants sont motivés, plus de<br />
150 pour des promotions de 400, et<br />
16 projets seront menés en 2007.<br />
<strong>La</strong> logique des projets de SOLEM est<br />
très précise : les deux points essentiels<br />
sont la nécessité d’un partenariat avec<br />
une association locale, et d’une pérennisation<br />
à terme <strong>du</strong> projet. Ces exigences<br />
sont énoncées dans une charte.<br />
Mais malgré l’existence de cette charte,<br />
certains projets continuaient à être<br />
peu ou pas réfléchis, et ce en partie<br />
à cause <strong>du</strong> manque de connaissances<br />
et d’expérience des étudiants, à la fois<br />
dans le montage de projet et dans<br />
la solidarité internationale, et aussi<br />
sûrement à cause d’une certaine suffisance,<br />
qui con<strong>du</strong>it à considérer qu’il<br />
n’y a pas grand-chose à savoir, et<br />
qu’en tant qu’étudiants en médecine,<br />
nous en savons assez.<br />
Ainsi, nous avons essayé de pousser la<br />
réflexion de SOLEM et des étudiants,<br />
et ce par des formations, par un accès<br />
à de la documentation, par un partage<br />
d’expériences qui reste encore bien<br />
Qu'il s'agisse des compétences<br />
locales, des nôtres en tant qu'étudiants<br />
ou des organismes qui nous<br />
ont accompagné, on gagne toujours<br />
à échanger et se consulter.<br />
28 septembre 2005 : je viens d’intégrer<br />
l’ESTP (Ecole spéciale des travaux<br />
publics), et je me rends à la Journée<br />
des associations. Le stand d’HILAP<br />
(l’association humanitaire de l’ESTP)<br />
me sé<strong>du</strong>it immédiatement : des<br />
projets de solidarité internationale,<br />
trop limité, et surtout en incitant tous<br />
les acteurs des projets à réfléchir et<br />
à se poser des questions. Nous avons<br />
également eu à cœur d’améliorer la<br />
transmission entre les équipes en<br />
instaurant une fiche de liaison.<br />
Le rôle de SOLEM est une aide, un<br />
accompagnement, des conseils à<br />
chaque projet à la fois sur des aspects<br />
théoriques comme la philosophie d’un<br />
projet de solidarité internationale,<br />
ou sur des questions éthiques, et sur<br />
des côtés pratiques comme les<br />
bailleurs de fonds, les billets d’avions,<br />
les visas, les vaccins… Dans la même<br />
logique, nous avons mis en place<br />
un guide <strong>du</strong> projet de solidarité internationale,<br />
qui liste un certain nombre<br />
de conseils très utiles, et qui s’avèrent<br />
primordiaux.<br />
SOLEM a de grandes ambitions, et<br />
souhaite développer encore de<br />
nombreux aspects de ses projets<br />
comme par exemple, le partenariat<br />
avec d’autres écoles ou facultés, dans<br />
les domaines de la santé, de la<br />
Projet Solidago<br />
<strong>La</strong> rencontre de compétences pour un projet de solidarité<br />
voilà qui m’intéresse ! Je discute avec<br />
le président, et j’appelle mon meilleur<br />
ami, Renaud Razafindrazaka, qui,<br />
depuis longtemps, me parle de Madagascar.<br />
À présent, le rêve peut devenir<br />
réalité : nous allons pouvoir réaliser<br />
un projet là-bas.<br />
Renaud est étudiant en médecine à<br />
Paris Descartes et moi en mécanique<br />
et électricité à l’ESTP. Le projet<br />
Solidago est né. L’idée d’associer<br />
des élèves en médecine et des élèves<br />
ingénieurs pour créer une maternité<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
construction… En effet, nous faisons<br />
souvent uniquement de la prévention<br />
et de la sensibilisation, qui sont nos<br />
domaines de prédilection compte tenu<br />
de nos études, et le fait de coupler cela<br />
à d’autres compétences permettrait<br />
une grande diversité d’action.<br />
Un projet a déjà été concrétisé<br />
en partenariat avec une école d’ingénieurs,<br />
l’ESTP et la complémentarité<br />
s’avère parfaite entre les étudiants,<br />
les étudiants ingénieurs s’occupant<br />
de construction, alors que les étudiants<br />
en médecine font de la prévention<br />
et sensibilisation.<br />
Dans cette même optique, nous<br />
souhaitons très fortement développer<br />
le partage d’expériences, à la fois ente<br />
"projets SOLEMiens", et également<br />
au niveau de réseaux à la fois locaux<br />
et nationaux.<br />
L’apport d’un projet de solidarité internationale<br />
pour les étudiants est<br />
immense, à la fois sur le plan indivi<strong>du</strong>el<br />
et professionnel. Un de nos<br />
souhaits serait d’intégrer la solidarité<br />
internationale dans notre cursus et de<br />
développer l’information sur ce thème,<br />
car elle reste peu présente dans les<br />
préoccupations des étudiants en médecine.<br />
Nous espérons avant tout créer<br />
une vraie ouverture d’esprit chez<br />
les étudiants, et pourquoi pas susciter<br />
des vocations dans les domaines de<br />
l’humanitaire et <strong>du</strong> développement,<br />
que notre profession future nous<br />
permettra peut-être de concrétiser.<br />
par Jessica Guibert<br />
Vice-présidente générale de SOLEM<br />
sé<strong>du</strong>it rapidement Alexandre Robert,<br />
le trésorier <strong>du</strong> projet, puis le reste<br />
de l’équipe : 5 ingénieurs, 6 médecins,<br />
une étudiante en droit et un jeune<br />
salarié. Le projet s’appuie sur HILAP<br />
et SOLEM (Solidarité des Étudiants<br />
en Médecine de la Faculté de Médecine<br />
René Descartes), ainsi que sur les<br />
contacts de Renaud à Madagascar.<br />
Pendant toute l’année, nous définissons<br />
nos objectifs, nous prenons contact avec<br />
les autorités locales, nous levons<br />
des fonds. Le projet est finalement<br />
AVENTURE N°111 13
Associations membres<br />
très ambitieux : construire une maternité,<br />
recruter un médecin pour cette<br />
structure, faire de la prévention<br />
hygiène et SIDA, et assurer la pérennité<br />
<strong>du</strong> projet.<br />
Juin-Juillet 2006 : à Marogoaika,<br />
nous nous lançons dans la construction<br />
d’une salle d’accouchement et d’une<br />
salle de consultation. <strong>Les</strong> fonds<br />
récoltés ont permis d’acheter les matériaux<br />
et de faire appel à une entreprise<br />
locale. Plusieurs entreprises nous<br />
ont fourni des devis, la difficulté ayant<br />
été la lenteur des communications !<br />
<strong>Les</strong> élèves ingénieurs participent à la<br />
construction, aux côtés des villageois,<br />
bénévoles, et des professionnels qui<br />
dirigent les travaux.<br />
Pour que cette unité médicale puisse<br />
être opérationnelle dès sa construction,<br />
il faut trouver un médecin. Par<br />
l’intermédiaire de M. Bernard Ralaivo,<br />
de SOS Village d’enfants, et grâce à<br />
la connaissance <strong>du</strong> milieu médical de<br />
certains d’entre nous, nous entrons<br />
en contact avec un médecin qui a<br />
de l’expérience en tant que médecin<br />
de brousse. Il commencera son travail<br />
dès septembre 2006.<br />
Nous nous engageons également à<br />
contribuer aux frais de fonctionnement<br />
de la première, voire de la deuxième<br />
année : rémunération <strong>du</strong> médecin ou<br />
de la sage-femme, dotation en médicaments<br />
de base... en attendant que<br />
l’État malgache puisse prendre en<br />
charge le centre.<br />
<strong>Les</strong> pathologies courantes à Madagascar<br />
sont nombreuses, graves et souvent<br />
liées au manque d’hygiène sanitaire<br />
(paludisme, maladies diarrhéiques,<br />
pathologies infectieuses diverses,<br />
pulmonaires, cutanées, infantiles, etc).<br />
C’est pourquoi les étudiants en méde-<br />
14 AVENTURE N°111<br />
cine mettent en place des actions<br />
de prévention et d’é<strong>du</strong>cation, afin de<br />
sensibiliser la population aux règles<br />
élémentaires d’hygiène, en transmettant<br />
un ensemble de gestes simples,<br />
mais importants (hygiène dentaire,<br />
hygiène corporelle, hygiène de l’environnement,<br />
hygiène de l’eau, etc.).<br />
D’autre part, nous menons une<br />
campagne de sensibilisation au sida,<br />
aux maladies sexuellement transmissibles,<br />
à la contraception : au CRIPS<br />
(Centre Régional d’Information et de<br />
Prévention <strong>du</strong> Sida), certains d’entre<br />
nous ont reçu une formation précise,<br />
adaptée aux populations subsahariennes.<br />
C’est le rattachement à<br />
l’école de médecine qui nous a permis<br />
d’accéder à ces formations, nous<br />
donnant ainsi les méthodes d’approche<br />
qui avaient déjà fait leurs preuves.<br />
Nous sommes bien conscients que nos<br />
compétences d’étudiants ne sont<br />
pas encore suffisantes pour effectuer<br />
seuls de tels projets. C‘est pourquoi<br />
nous tenons à collaborer avec des<br />
partenaires locaux fiables et avec<br />
des associations. Nous sommes tous<br />
bénévoles et volontaires, et particulièrement<br />
attirés par des projets de<br />
solidarité : il est essentiel pour nous<br />
de mettre l’objet de nos études au<br />
service d’une cause humanitaire.<br />
C’est ce qui se passe lorsqu’un élève<br />
ingénieur passe un mois et demi sur<br />
un chantier, ou qu’un étudiant en<br />
médecine parvient à créer la relation<br />
de confiance nécessaire à la prévention.<br />
Il s’agit d’allier les compétences,<br />
les passions et les énergies de chacun.<br />
Nos approches sont différentes, et<br />
cela peut s’avérer très utile dans<br />
ce genre de missions.<br />
Mais ce qui nous reste de cette expérience,<br />
c’est avant tout la découverte<br />
d’un mode de vie simple et généreux ;<br />
ce sont les visages, les chansons, les<br />
rires, et enfin le sentiment d’avoir<br />
accompli quelque chose.<br />
Il reste aussi la réussite et la solidité<br />
<strong>du</strong> partenariat : le groupe Solidago<br />
de 2006 et 2007 est constitué de<br />
21 étudiants qui se rendront dans<br />
deux villages : à Vasiana, pour réhabiliter<br />
et électrifier un dispensaire,<br />
et à Marogoaika, pour réaliser l’ad<strong>du</strong>ction<br />
en eau <strong>du</strong> village.<br />
par Vincent Midler<br />
Vice-président de Solidago<br />
Responsable Solidarité Internationnal à HILAP<br />
Mvince@noos.fr<br />
http://solidagomada.free.fr<br />
Photos © SOLEM
Photos © ASIEMBO<br />
L’article qui suit est celui d’une<br />
association membre de <strong>Solidarités</strong><br />
<strong>Étudiantes</strong> qui a bâti son projet<br />
sur un partenariat fort, condition<br />
indispensable mais non suffisante<br />
à la réussite d’un projet de solidarité<br />
internationale.<br />
Pour s’assurer d’être acteur d’un<br />
projet de qualité, ASIEMBO a<br />
également choisi de se former et<br />
de se faire accompagner par des<br />
professionnels <strong>du</strong> développement.<br />
ASIEMBO (Association de Solidarité<br />
Internationale des Étudiants en Médecine<br />
de Bobigny), est née en 2004<br />
de la motivation des étudiants en<br />
médecine de Bobigny pour les progrès<br />
humains, sanitaires et sociaux envers<br />
les pays <strong>du</strong> Sud. Cette année, nous<br />
sommes onze adhérents de deuxième<br />
et troisième année. L’objectif principal<br />
de l’association est l'appui technique<br />
que nous pourrons apporter au<br />
docteur P. notre partenaire depuis<br />
le début. Cet appui dépendra des<br />
besoins que le docteur P. aura identifiés.<br />
Il prendra certainement la forme<br />
de consultations gratuites de masse et<br />
d'une campagne de prévention <strong>du</strong>rant<br />
un mois au Cameroun.<br />
Nous souhaitions que notre projet se<br />
déroule en Afrique, continent riche<br />
en traditions et cultures différentes,<br />
mais également en détresse sanitaire<br />
et sociale, notamment de par les<br />
épidémies de paludisme et de sida.<br />
Notre choix s’est porté sur le Cameroun<br />
pour deux raisons essentielles :<br />
d’une part la langue commune et<br />
d’autre part le contact déjà établi<br />
avec un médecin intéressé par notre<br />
association.<br />
Un groupe d’étudiants partirait en<br />
juillet 2007 dans le district de<br />
Moutourva (au Nord <strong>du</strong> Cameroun).<br />
Le projet de cette année fait suite au<br />
projet de l’année 2006 et serait basé<br />
autour de deux axes que nous aimerions<br />
encore améliorer, et d’un troisième<br />
mis en place cette année :<br />
Un axe médical qui s’organise autour<br />
de consultations gratuites suivies<br />
d’une distribution de médicaments<br />
avec explication de la posologie à<br />
respecter (près de dix mille patients<br />
ont été vus en deux ans). L’apport de<br />
microscopes pour accélérer l’accès au<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
Partenariat et accompagnement<br />
ASIEMBO pour des projets de qualité<br />
diagnostic, le financement d’examens<br />
complémentaires et d’interventions<br />
chirurgicales sont trois actions que<br />
nous voulons développer.<br />
Un axe préventif qui s’étend cette<br />
année. Nous souhaiterions effectuer<br />
des séances de prévention sur le sida,<br />
le paludisme et les maladies <strong>du</strong> péril<br />
fécal (<strong>du</strong>es essentiellement aux parasites…).<br />
Pour ce faire nous formerions<br />
des groupes de personnes dans la<br />
file d’attente des consultations pour<br />
expliquer certaines notions d’hygiène<br />
(les risques sanitaires <strong>du</strong>s à l’eau et<br />
aux aliments souillés) et de protection<br />
contre les maladies sexuellement<br />
transmissibles (dons de préservatifs).<br />
Cette approche à la prophylaxie 1 nous<br />
permettrait d’avoir un impact plus<br />
important sur le long terme.<br />
Un projet d’accessibilité aux structures<br />
de santé. Grâce aux associations<br />
locales, nous espérons instaurer<br />
un mode de financement des centres<br />
de santé, actuellement déficitaires,<br />
afin d’assurer la permanence de la<br />
gratuité. Nous souhaitons aussi former<br />
une partie de la population aux actes<br />
d’encadrement <strong>du</strong> médecin (prises<br />
de constantes) que les membres<br />
de l’association effectuent dans le<br />
cadre de leurs venues. Ceci permettrait<br />
à ces consultations d’exister en<br />
dehors de notre présence.<br />
1 - Prévention<br />
AVENTURE N°111 15
Associations membres<br />
L’édition 2007 <strong>du</strong> projet a connu une<br />
rupture <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> déplacement de<br />
notre partenaire, le docteur P. <strong>du</strong> Sud<br />
vers le Nord <strong>du</strong> Cameroun. Soucieux<br />
d’appuyer notre action sur un partenariat<br />
fort, nous avons dû faire face à des<br />
choix et des décisions pas évidentes,<br />
vis-à-vis surtout des populations <strong>du</strong><br />
Sud <strong>du</strong> Cameroun avec lesquelles<br />
nous avions travaillé en 2006. Cette<br />
"rupture" offrait cependant à l’équipe<br />
2007 la liberté d’initier un projet totalement<br />
nouveau. Afin de mener une<br />
action de qualité, nous avons préféré<br />
consulter des professionnels experts<br />
en solidarité internationale, que nous<br />
avions connus lors de sessions de<br />
formation. Nous avons donc fait appel<br />
à <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> qui suivra<br />
notre projet et pourra nous conseiller.<br />
Déjà, notre projet initialement prévu<br />
connaîtra quelques changements en<br />
mettant notamment l’accent sur une<br />
action de développement et en évitant<br />
au maximum de travailler selon une<br />
logique d’assistanat. Nous prioriserons<br />
l’axe préventif en faisant participer la<br />
population pour une action pérenne,<br />
Depuis dix ans, l'association IDEAL<br />
(Initiatives pour le Développement<br />
Economique en Amérique <strong>La</strong>tine),<br />
s’engage pour un développement équitable<br />
et <strong>du</strong>rable en Équateur. Chaque<br />
année l’association, composée exclusivement<br />
de bénévoles, assure le recrutement,<br />
la formation et le suivi d’une<br />
quinzaine de volontaires. Ceux-ci<br />
intègrent les équipes de quatre ONG<br />
locales, et s’impliquent dans des<br />
projets de développement rural pour<br />
une <strong>du</strong>rée de six mois à un an. Plus<br />
de cent jeunes sont déjà partis.<br />
16 AVENTURE N°111<br />
nous insisterons sur la façon de trouver<br />
des moyens d’autofinancement<br />
pour notre partenaire <strong>du</strong> Sud.<br />
Cette expérience nous offre un apprentissage<br />
de la vie associative et de<br />
la réalisation d’un projet de solidarité<br />
internationale, une pratique de la<br />
médecine humanitaire ainsi que<br />
des échanges et des découvertes<br />
culturelles enrichissantes.<br />
L’adhésion à ASIEMBO nous permet<br />
d’appréhender le fonctionnement<br />
d’une association : l’acquisition de<br />
responsabilités, la recherche de financement,<br />
le montage d’un dossier et<br />
l’importance de l’engagement.<br />
Nos motivations se ressemblent. Elles<br />
oscillent entre le désir d’un développement<br />
pour les régions <strong>du</strong> monde où<br />
la situation sanitaire est critique et<br />
l’attente de rencontres et d’échanges<br />
avec une culture qui nous est étrangère.<br />
Pour qu’une action de développement<br />
soit réussie il ne suffit pas<br />
seulement d'apporter connaissances<br />
et argent ; c’est avant tout une création<br />
à partir d’un échange dans lequel<br />
L’association IDEAL<br />
Dix ans d’engagement pour le développement économique en Amérique <strong>La</strong>tine<br />
<strong>La</strong> volatilité de l'engagement des étudiants dans le cadre de leur association<br />
(un ou deux ans en grande majorité) et la pérennité qu'exigent<br />
les projets de développement sont par définition incompatibles. Des associations<br />
étudiantes tentent de développer des parades à cette volatilité.<br />
C'est le cas d'IDEAL, adhérente à <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, qui capitalise<br />
ses dix ans d'existence et de connaissances pour mieux les transmettre<br />
aux nouvelles générations de membres. Surtout pour pallier à l'irrégularité<br />
de l'engagement des étudiants, IDEAL centre ses projets autour<br />
de logique de formations des bénéficiaires afin de ne pas créer de dépendance<br />
vis-à-vis des étudiants français.<br />
Aujourd’hui, IDÉAL est la seconde<br />
association française intervenant en<br />
Équateur. <strong>La</strong> Bourse Entreprendre<br />
ESSCA a récompensé en 2004 son<br />
dynamisme et son caractère innovant.<br />
« Donnez à un homme un poisson<br />
et vous le nourrirez pour un jour,<br />
apprenez à un homme à pêcher<br />
et il se nourrira toute sa vie. »<br />
Proverbe chinois, devise de HEIFER, ONG partenaire d'IDEAL.<br />
l’habitant est acteur. Ce qui nous a plu<br />
dans le projet Asiembo c’est qu’il est<br />
centré autour d’un médecin camerounais<br />
et de chefs de village motivés.<br />
De plus, en tant qu’étudiants en<br />
médecine il nous semble essentiel d’apporter<br />
notre aide à ces pays en difficulté<br />
pour que le droit à la santé ne soit plus<br />
un privilège. Cette expérience nous<br />
permettra de connaître d’autres formes<br />
de médecines, d’être confrontés à des<br />
situations d’urgence ou d’extrême<br />
pauvreté, ce qui fera de nous, nous<br />
l’espérons, de meilleurs praticiens.<br />
par L’équipe ASIEMBO<br />
IDEAL est une association de bénévoles<br />
qui privilégie le transfert de<br />
compétences. Elle est composée de<br />
quatre commissions : "Recrutement",<br />
"Préparation au départ", "Relations<br />
Equateur" et "Animation réseau".<br />
IDEAL vise à renforcer la capacité<br />
d'action de ses partenaires par un<br />
transfert de connaissances permanent.<br />
Cela se décline à tous les niveaux :<br />
au moment de la transition entre<br />
anciens et nouveaux volontaires qui<br />
s'effectue sur le lieu <strong>du</strong> projet ; au sein<br />
de l'association, le savoir faire des<br />
Photo © ASIEMBO<br />
Photo © IDEAL
Photos © IDEAL<br />
volontaires IDEAL se transmet aussi<br />
de génération en génération. Mais c'est<br />
surtout sur le terrain, que la logique<br />
de transfert de compétences prend<br />
tout son sens : sur les projets que les<br />
volontaires accompagnent, la priorité<br />
est donnée à la formation des bénéficiaires,<br />
dans l'objectif de rendre leurs<br />
gestions autonomes.<br />
Exemple d'un programme de<br />
micro-crédit en milieu rural.<br />
Depuis 2000, une ONG partenaire<br />
d'IDEAL accompagne dans la région<br />
<strong>du</strong> Carchi la mise en place d'un système<br />
de micro-finance géré par les<br />
membres des communautés, à qui font<br />
défaut la terre, l'eau et les débouchés<br />
commerciaux... Assurant la relation<br />
directe et quotidienne avec les bénéficiaires<br />
des projets, les volontaires<br />
IDEAL ont joué un rôle clef dans la<br />
constitution d'un réseau de caisses<br />
d'épargnes communautaires et d'un<br />
système rotatif de micro-crédits<br />
laitiers. À travers un programme de<br />
formation continue en finance et en<br />
comptabilité, les volontaires IDEAL<br />
ont progressivement permis une autogestion<br />
des ressources financières de<br />
la part des bénéficiaires. Le système<br />
fonctionne de la manière suivante :<br />
les micro-crédits de 500 dollars pour<br />
acheter des vaches laitières sont<br />
octroyés à tour de rôle à chaque<br />
communauté. Une fois les crédits<br />
remboursés, ils sont distribués à la<br />
communauté suivante. Ce système<br />
présente deux avantages : une partie<br />
des intérêts est systématiquement<br />
reversée aux caisses d'épargne de<br />
chaque communauté et renforce<br />
l'épargne des adhérents. Ensuite,<br />
les crédits alimentent une boucle<br />
économique locale (vente de lait,<br />
fonctionnement d'une collective<br />
fromagère...). <strong>Les</strong> crédits sont tous<br />
remboursés et les bénéficiaires deviennent<br />
rapidement propriétaires de leur<br />
vache. Cette insertion <strong>du</strong> système de<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
micro-crédits dans le tissu économique<br />
local, et l'effort continu de formation<br />
et d'accompagnement réalisé par les<br />
volontaires IDEAL expliquent en partie<br />
le bon déroulement de ces programmes<br />
de développement.<br />
par Matthieu Mellul<br />
www.ideal.asso.fr.<br />
Stages en ligne<br />
Afin de faciliter la mise en relation des jeunes et des associations<br />
de solidarité internationale, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
a lancé depuis 2006 une rubrique offres de stages sur<br />
le site de la <strong>Guilde</strong>.<br />
@<br />
<strong>Les</strong> ONGs à la recherche de stagiaires pour des missions,<br />
de 3 mois à 1 an, aux objectifs précis, peuvent :<br />
- S’enregistrer dans l’Espace Associations,<br />
- Proposer leurs offres de stages.<br />
Cette rubrique, entièrement dédiée aux stages dans le champ<br />
de la solidarité internationale, est un outil qui vient renforcer<br />
l’action de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, qui, depuis son origine,<br />
a toujours agi pour favoriser les stages en ONGs.<br />
<strong>Les</strong> jeunes à la recherche d’une mission, au siège ou<br />
sur le terrain, peuvent :<br />
- Consulter les offres (classées par thématique, fonction<br />
et région),<br />
- Répondre directement à l’annonce,<br />
- S’inscrire pour recevoir par mail toutes les offres correspondant<br />
à leurs critères.<br />
Alors rendez-vous sur le site de la <strong>Guilde</strong><br />
www.la-guilde.org<br />
dans la rubrique <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>.<br />
AVENTURE N°111 17
Associations membres<br />
Tourisme solidaire<br />
Un engagement sur le long terme.<br />
En janvier 2006, dans le numéro<br />
Spécial <strong>Solidarités</strong> Etudiantes de<br />
la revue Aventure, l’association<br />
annonçait déjà un projet de circuit<br />
touristique solidaire dans le Sud<br />
de la Mauritanie. L’objectif était de<br />
permettre à des villages reculés<br />
de financer eux-mêmes leurs<br />
projets de développement, grâce<br />
aux revenus <strong>du</strong> tourisme. Une<br />
année s’est écoulée ; comment<br />
a évolué le processus ambitieux<br />
lancé par Estacaide ? Quelles leçons<br />
ont d’ores et déjà été tirées ?<br />
Zoom sur une association étudiante<br />
qui souhaite sortir de ce "statut"<br />
et devenir plus "pro"...<br />
Depuis deux ans, l’association Estacaide<br />
explore une nouvelle optique de<br />
développement qui tend à la différencier<br />
des autres initiatives étudiantes.<br />
Il s’agit <strong>du</strong> tourisme solidaire.<br />
Un partenariat avec l’association<br />
Mauritanienne Protour, ainsi qu’une<br />
mission d’un mois en juillet dans le<br />
pays, ont permis de recenser trois<br />
villages dans la région <strong>du</strong> Gorgol.<br />
Ces communautés, qui manifestaient<br />
le désir d’accueillir des visiteurs, ont<br />
réussi à cibler leurs principaux besoins<br />
et se sont structurées autour de<br />
projets de développement qui profitent<br />
à l’ensemble de la population (pour<br />
le village de Loboudou, par exemple,<br />
il s’agit de la construction d’un puits).<br />
Ces villages répondent parfaitement<br />
aux critères <strong>du</strong> tourisme solidaire. On<br />
peut encore y apprécier des modes<br />
de vie authentiques mais également<br />
un environnement préservé par l’urbanisation<br />
anarchique qui ne cesse de<br />
s’étendre dans le pays. Outre un<br />
accueil exceptionnel, les villageois<br />
proposent des activités diverses<br />
pour des futurs visiteurs (spectacles,<br />
ballades, initiation aux techniques artisanales,<br />
etc.) De plus, le tourisme<br />
représente pour ces communautés<br />
un instrument de revalorisation de<br />
certaines pratiques culturelles en voie<br />
de disparition. Ainsi, au village de Ganki<br />
on peut observer la "danse <strong>du</strong> mouton",<br />
rituel délaissé depuis plusieurs années<br />
par les jeunes bergers de la région.<br />
18 AVENTURE N°111<br />
Même si toutes les conditions semblent<br />
réunies, la création d’un circuit de<br />
tourisme solidaire ne se résume pas<br />
à un simple recensement de villages. <strong>La</strong><br />
plus grosse partie <strong>du</strong> travail consiste<br />
ensuite à mettre en place une stratégie<br />
efficace pour permettre à ces projets<br />
communautaires de s’autofinancer grâce<br />
au tourisme. Il s’agit de coordonner et<br />
d’organiser les différents acteurs locaux<br />
qui participeront de près comme de loin<br />
au fonctionnement <strong>du</strong> circuit. Et c’est<br />
là que l’aspect théorique <strong>du</strong> projet se<br />
heurte à la réalité <strong>du</strong> terrain. Parfois<br />
il faut savoir renoncer à ses idéaux.<br />
L’un des objectifs <strong>du</strong> tourisme solidaire<br />
est d’abolir toute forme d’intermédiaire<br />
dans le flux d’argent entre le touriste<br />
et la population hôte. Cette idée<br />
semble à première vue très sé<strong>du</strong>isante,<br />
mais se révèle en pratique être<br />
difficilement applicable. En effet, les<br />
villages ciblés étant quelque peu<br />
enclavés, il est impossible pour un<br />
visiteur qui ne connaît pas le pays<br />
de s’y rendre seul. Il faudrait donc<br />
mettre à sa disposition un système qui<br />
serait qualifié en France de "syndicat<br />
d’initiative", qu’il faudrait alors rémunérer.<br />
Cela veut dire dans ce cas qu’on<br />
fait entrer en jeu un intermédiaire,<br />
ce qui est paradoxal vis-à-vis <strong>du</strong> principe<br />
qu’on cherche à appliquer.<br />
Pourtant l’existence d’un tel intermédiaire<br />
n’est pas totalement dénuée<br />
de sens. En effet on peut très bien<br />
Photos © Estacaide
Photo © Estacaide<br />
impliquer une structure locale, qui<br />
permettrait l’interaction entre le touriste<br />
et les populations hôtes, assurant ainsi<br />
le rôle de "cellule relais" <strong>du</strong> circuit.<br />
C’est sur ce principe que s’est construit<br />
le partenariat entre Estacaide et l’association<br />
mauritanienne Protour. Cette<br />
dernière, qui œuvre pour le développement<br />
<strong>du</strong> tourisme solidaire, se doit<br />
de participer activement aux futurs<br />
échanges culturels qui auront lieu dans<br />
sa région. En devenant la cellule relais,<br />
Protour, s’engage entre autres à faciliter<br />
les déplacements <strong>du</strong> touriste entre<br />
les différents villages, ainsi qu’à lui<br />
fournir un interprète si besoin est. <strong>Les</strong><br />
prestations qu’elle offre feront partie<br />
intégrante <strong>du</strong> circuit et seront l’objet<br />
d’une rémunération des futurs touristes.<br />
Avant de lancer définitivement le<br />
circuit touristique il reste certaines<br />
étapes à valider. En particulier les tarifications<br />
précises <strong>du</strong> séjour d’un<br />
touriste demandent une approche<br />
beaucoup plus progressive. Elles<br />
seront finalement déterminées en<br />
fonction des prestations proposées<br />
par les villages et à partir d’une étude<br />
comparative sur les autres voyages<br />
solidaires dans le monde. 20 € par jour<br />
et par personne, c’est la somme<br />
moyenne qui sera versée à un village<br />
<strong>du</strong> circuit. 85 % de cette somme sera<br />
destinée directement au projet<br />
communautaire, le reste couvrant les<br />
frais de nourriture. A plus ou moins<br />
long terme, grâce à ces financements,<br />
trois projets communautaires devraient<br />
voir le jour dans la région <strong>du</strong> Gorgol, et<br />
pourquoi pas en inspirer d’autres.<br />
Estacaide et Protour ont mis en place<br />
une période d’essai d’un an avant de<br />
valider définitivement le circuit. Durant<br />
cette période, des premiers touristes,<br />
conscients <strong>du</strong> "test" auquel ils participent,<br />
se rendront sur place afin<br />
d’auditer cette nouvelle structure de<br />
tourisme solidaire. En fonction <strong>du</strong> retour<br />
de ces visiteurs, il faudra certainement<br />
modifier certains points concernant<br />
le fonctionnement <strong>du</strong> circuit, revoir<br />
les tarifications établies, ou alors peutêtre<br />
repartir à zéro…<br />
A travers ce projet ambitieux mené<br />
par quatre étudiants d’Estacaide, apparaît<br />
un engagement évident "<strong>du</strong>rable".<br />
On ne s’engage pas dans un tel processus<br />
comme on s’engage dans un club<br />
de sport. <strong>Les</strong> mécanismes <strong>du</strong> développement<br />
sur le long terme sont difficiles<br />
à appréhender et ce qu’il nous semble<br />
parfois judicieux, est en réalité une<br />
lamentable erreur. <strong>La</strong> mission de<br />
terrain aide à surmonter les erreurs<br />
<strong>du</strong> néophyte, et offre un regard<br />
nouveau sur une problématique qui<br />
pouvait sembler étrangère auparavant.<br />
On découvre alors que l’on a bien plus<br />
à apprendre <strong>du</strong> Sud que ce que l’on<br />
s’imaginait au départ. On prend aussi<br />
conscience que le processus dans<br />
lequel on s’est lancé va engager plus<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
qu’une année de notre vie. Pour<br />
certains il est donc nécessaire de voir<br />
plus loin que l’association étudiante.<br />
Pour pérenniser l’existence <strong>du</strong> circuit<br />
de tourisme solidaire, et afin d’ouvrir<br />
les portes à de nouveaux projets de<br />
ce type, Estacaide a décidé de créer<br />
une nouvelle association qui sortira<br />
<strong>du</strong> contexte étudiant. "Etre-Solidaire",<br />
dont le site Internet est actuellement<br />
en construction, va permettre, outre<br />
la promotion <strong>du</strong> circuit mauritanien,<br />
de garantir le caractère <strong>du</strong>rable des<br />
futures actions menées. <strong>Les</strong> anciens<br />
étudiants, une fois dans la vie active,<br />
pourront ainsi suivre l’évolution des<br />
projets dont ils sont à l’origine, et<br />
continuer à œuvrer, à travers le monde,<br />
pour le voyage solidaire.<br />
Parce que l’échange culturel doit être<br />
le moteur de la solidarité internationale,<br />
Estacaide a choisi de prôner<br />
un développement équitable qui passe<br />
avant tout par une démarche de<br />
compréhension des pays <strong>du</strong> Sud.<br />
Parce que l’auto développement<br />
devrait être une finalité en soi, le<br />
tourisme solidaire fait partie des solutions<br />
alternatives auxquelles chacun<br />
de nous devrait réfléchir en ce début<br />
de troisième millénaire.<br />
par Maxime Robin<br />
Président d’Estacaide<br />
AVENTURE N°111 19
Photos © Séance Nomade<br />
Associations membres<br />
Séance Nomade<br />
Cinéma itinérant au Mali... des images dans la brousse<br />
Après une première expérience de<br />
cinéma itinérant à Madagascar,<br />
Alexandre et Fabien décident<br />
de monter un projet similaire au<br />
Mali. Cette fois-ci plus réfléchi,<br />
plus professionnel pour une action<br />
de plus grande qualité. Mus par<br />
leur passion et la probable réussite<br />
de ce deuxième projet, ils ont<br />
peut-être trouvé leur voie, en<br />
contribuant aux systèmes de<br />
prévention tenus par les ONGs<br />
locales et en développant la culture<br />
de manière solidaire.<br />
De Tananarive à Bamako<br />
L’équipe de notre association Séance<br />
Nomade projettera sur grand écran<br />
dans les territoires dépourvus d’électricité<br />
des films de sensibilisation et de<br />
prévention, animés de débats par nos<br />
ONGs partenaires sur des sujets de<br />
santé ainsi que des films culturels<br />
et ludiques pour apporter un petit air<br />
de la magie <strong>du</strong> cinéma.<br />
Nous avons mis un an à monter ce<br />
projet, prévu de janvier à avril 2007.<br />
Bénéficiant d’une première expérience<br />
similaire à Madagascar il y a trois ans,<br />
nous avons pu perfectionner ce projet<br />
pour obtenir un maximum d’impact<br />
grâce à ce mode de prévention et anticiper<br />
les aléas et difficultés <strong>du</strong> terrain.<br />
Ce type de projet nous a mis face<br />
à plusieurs défis d’originalité et de<br />
pertinence. Si nous avions l’envie<br />
de parcourir une partie <strong>du</strong> Mali de<br />
façon inhabituelle et passionnante,<br />
il était bien dans l’idée de mettre en<br />
œuvre un projet de solidarité avec des<br />
20 AVENTURE N°111<br />
partenaires locaux, mêlant ainsi les<br />
compétences de chacun pour obtenir<br />
les meilleurs résultats. <strong>La</strong> première<br />
expérience que nous avions eue nous<br />
a ainsi permis de résoudre certains<br />
points. Si nous voulions être efficaces,<br />
inutile de rester un soir par site de<br />
projection, il est bien plus profitable<br />
de rester plusieurs jours par village,<br />
de visiter chaque école et d’entretenir<br />
un réel échange avec la population<br />
et, grâce à l’aide de nos partenaires,<br />
créer la meilleure synergie autour<br />
de ce projet.<br />
Le réseau associatif<br />
Le choix de nos partenaires fut donc un<br />
point essentiel <strong>du</strong> projet. Nous avons<br />
contacté plusieurs ONGs maliennes<br />
référencées sur un annuaire spécifique<br />
présentant leurs coordonnées, leurs<br />
domaines d’actions, ainsi que les<br />
régions où elles sont présentes.<br />
Après plusieurs échanges et rencontres<br />
en France pour certaines,<br />
leurs motivations et leur professionnalisme<br />
nous ont encouragés à continuer<br />
dans cette voie.<br />
Ne restait plus qu’à choisir les films qui<br />
convenaient à chacune. Dans notre<br />
recherche, nous avons vite pris<br />
conscience que les documents vidéo<br />
sur les problèmes <strong>du</strong> VIH/SIDA foisonnent,<br />
et sont très facilement mis à<br />
disposition par les organisations les<br />
réalisant. En revanche, il est vrai<br />
que pour certains sujets (hygiène,<br />
agriculture, désertification), la tâche<br />
fut plus ar<strong>du</strong>e.<br />
De plus, nous avons réfléchi avec nos<br />
partenaires pour aborder certains<br />
sujets sensibles, qui pourraient<br />
connaître un rejet auprès de la population.<br />
Par exemple, l’excision, très pratiquée<br />
au Mali (90 % des femmes<br />
maliennes seraient excisées selon<br />
l’agence malienne pour la protection<br />
de la famille AMPPF !), pourrait attirer<br />
certaines réactions violentes dans des<br />
régions rurales isolées. Pour ce point,<br />
nous avons accordé à nos partenaires<br />
toute notre confiance pour le choix de<br />
débattre de ce sujet.<br />
Pour évoquer les obstacles rencontrés<br />
<strong>du</strong>rant le montage <strong>du</strong> projet, le problème<br />
<strong>du</strong> financement est sûrement celui<br />
le plus ar<strong>du</strong> de tous. Eternelle question<br />
de toute association ou organisation à
Photo © Séance Nomade<br />
but non lucratif : Où vais-je trouver de<br />
l’argent pour financer mon projet ?<br />
Pour notre part, le constat face aux<br />
possibilités offertes fut vite établi.<br />
Alors que les financements publics<br />
(municipaux, départementaux et régionaux)<br />
sont très accessibles, les fonds<br />
privés sont nettement plus compliqués<br />
à obtenir et se sont limités, pour nous,<br />
à nos propres relations. Un conseil<br />
clair à tous ceux qui désirent monter<br />
un projet : Créer une association !<br />
C’est facile, pas cher et ça vous donnera<br />
bien plus de consistance devant<br />
les financiers et même pour vos<br />
propres actions.<br />
Beaucoup des associations étudiantes<br />
qui montent des projets<br />
de solidarité internationale pensent<br />
au voyage qu'ils vont faire et c'est<br />
bien normal. Tout projet de solidarité<br />
est animé d'une envie de<br />
rencontre, de découverte. Malheureusement<br />
dans certains cas, le<br />
voyage obsède et doit avoir lieu<br />
coûte que coûte, au détriment<br />
<strong>du</strong> projet qui n'était pas assez finalisé<br />
pour justifier un départ. SoNo,<br />
membre de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
nous montre l'exemple d'une<br />
réflexion mûrie dans l'intérêt de<br />
monter un projet de qualité.<br />
Solidarité Normalienne (SoNo) a<br />
envoyé l'été dernier une équipe de<br />
quatre personnes en mission exploratoire<br />
au <strong>La</strong>os. Cette étape était indispensable<br />
pour identifier des besoins et<br />
nouer le contact avec un éventuel<br />
partenaire pour monter un microprojet<br />
d'aide au développement.<br />
Un écran d’étoiles<br />
Nos principales motivations sont<br />
certainement liées à la découverte <strong>du</strong><br />
vaste monde, au goût de l’aventure<br />
et des rencontres. Mais nous pensons<br />
qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir<br />
une envie si forte de voyager dans les<br />
pays <strong>du</strong> Sud, sans s’impliquer de façon<br />
solidaire à un moment ou un autre,<br />
de n’importe quelle façon qu’il soit.<br />
L’échange opéré avec les personnes<br />
- Le passé de SoNo au <strong>La</strong>os<br />
SoNo est une association basée à<br />
l'Ecole Normale Supérieure de Cachan.<br />
Elle est essentiellement constituée<br />
d'étudiants et de jeunes enseignants.<br />
De 1997 à 2005, SoNo a mené un<br />
projet pédagogique à Paksé, une ville<br />
QUELQUES LIENS UTILES<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
sur place devient tellement plus intense<br />
et plus coloré, en comparaison<br />
d’une découverte purement touristique.<br />
Une séance de cinéma dans<br />
des régions reculées peut alors devenir<br />
un vrai spectacle et une réelle communion<br />
avec les gens qui nous reçoivent.<br />
Ils voyagent alors avec nous, à travers<br />
l’histoire de l’Afrique et de ses hommes,<br />
racontée par des griots modernes, ayant<br />
tra<strong>du</strong>it leurs paroles en images.<br />
par Alexandre Machillot et Fabien Simoni<br />
Le portail CCA ONG : référençant de nombreuses ONG maliennes : www.malipages.com/ccaong<br />
Le CNA : association dont l’action est la mise en place de cinéma ambulant dans différents pays<br />
d’Afrique de l’Ouest : www.c-n-a.org<br />
Pour les joindre : contact@c-n-a.org<br />
<strong>Les</strong> Global Dialogues : ONG réalisant de nombreux films de prévention VIH/SIDA, disponibles<br />
en plusieurs langues : www.globaldialogues.org<br />
Pour joindre les bureaux à Ouagadougou : scenarios@fasonet.bf<br />
<strong>La</strong> Médiathèque des Trois Mondes : située dans le 5 ème arrondissement de Paris, où y trouve<br />
à la vente de nombreux films africains et autres en VHS et DVD : www.cine3mondes.com<br />
Mission exploratoire<br />
SoNo au <strong>La</strong>os : Trois semaines de rencontres, d'observations, de débats et de réflexion<br />
pour monter les bases d'un nouveau projet dans ce pays d'Asie <strong>du</strong> Sud-Est.<br />
au Sud <strong>du</strong> <strong>La</strong>os, sous la forme<br />
d'un partenariat pour l'enseignement<br />
des langues vivantes et la sensibilisation<br />
à la pratique des sciences<br />
expérimentales. <strong>La</strong> fin <strong>du</strong> premier<br />
projet, l'état toujours fragile <strong>du</strong><br />
système é<strong>du</strong>catif laotien et l'attachement<br />
de SoNo pour ce pays ont<br />
AVENTURE N°111 21<br />
Photo © SoNo
Associations membres<br />
con<strong>du</strong>it à l'organisation d'une mission<br />
exploratoire <strong>du</strong>rant l'été 2006, en vue<br />
de monter un autre projet.<br />
- Préparation<br />
Un travail préparatoire était indispensable<br />
à une efficacité maximale sur<br />
le terrain, étant donné la courte <strong>du</strong>rée<br />
(3 semaines de la mission). Nos<br />
démarches nous ont permis de bénéficier<br />
<strong>du</strong> soutien <strong>du</strong> CCL (Comité de<br />
Coopération pour le <strong>La</strong>os), une ONG<br />
qui œuvre au <strong>La</strong>os depuis 25 ans, et<br />
de l'Ambassade de France à Vientiane<br />
(capitale <strong>du</strong> <strong>La</strong>os). Nous avons aussi<br />
choisi d'effectuer notre mission à<br />
Vientiane car les possibilités de partenariats<br />
solides étaient plus importantes,<br />
et il est essentiel de pouvoir<br />
s’appuyer sur un partenaire fort pour<br />
la viabilité et la pérennité <strong>du</strong> projet.<br />
Et dans notre cas aussi car l'enseignement<br />
supérieur y est presque exclusivement<br />
concentré.<br />
- Principes de la mission<br />
Conscients des domaines d'interventions<br />
possibles pour notre association,<br />
en accord avec nos compétences, nous<br />
avons convenu de faire le maximum<br />
de rencontres et de visites dans les<br />
domaines scolaires, universitaires,<br />
ainsi que celui des bibliothèques.<br />
Notre objectif était de présenter notre<br />
association et ses compétences, et<br />
de voir si des besoins (autres que financiers)<br />
étaient spontanément exprimés<br />
et s'il était envisageable d'y répondre.<br />
Nous devions rentrer, soit avec le<br />
sentiment que SoNo ne pouvait plus<br />
rien apporter au <strong>La</strong>os, soit avec les<br />
bases permettant de monter un<br />
nouveau projet. Il ne faut pas chercher<br />
à tout prix à réaliser une intervention<br />
si celle-ci n’est pas vraiment justifiée.<br />
- Premières enquêtes<br />
Avec l'aide de nos contacts sur place,<br />
nous avons visité des bibliothèques<br />
à Vientiane et dans ses environs et<br />
n'avons pas constaté que nous<br />
pouvions apporter une contribution.<br />
Nous avons aussi enquêté dans le<br />
lycée principal de la ville et à l'Université.<br />
Nous avons ainsi pu connaître<br />
plus de détails sur des dispositifs<br />
d'aide au développement déjà mis en<br />
place par l'Ambassade de France ou<br />
22 AVENTURE N°111<br />
l'AUF. Le lycée bénéficiait déjà d'une<br />
aide importante et nous ne pouvions<br />
rien apporter de plus. Il est toujours<br />
important de prendre connaissance<br />
des actions déjà mises en place pour<br />
ne pas faire la même chose ! Nous<br />
avons constaté que nous pouvions<br />
apporter une aide dans certains départements<br />
de l'Université, mais les<br />
responsables rencontrés n'ont pas<br />
exprimé de besoins particuliers,<br />
malgré les suggestions implicites de<br />
notre part. Après 10 jours soutenus<br />
d'enquête, nous étions au point où<br />
l'on se disait que SoNo ne pouvait rien<br />
apporter, malgré sa bonne volonté.<br />
Le moral était assez bas, même si<br />
nous savions que cela pouvait être une<br />
issue de la mission.<br />
- <strong>La</strong> bonne nouvelle…<br />
Un dernier rendez-vous était prévu le<br />
lendemain, avec quelques professeurs<br />
d'un autre département de l'Université :<br />
la Faculté de Pédagogie, qui forme<br />
les futurs professeurs des lycées. Lors<br />
des discussions, les professeurs ont<br />
spontanément émis le besoin d'un<br />
soutien pédagogique aux professeurs<br />
et ont fait preuve d'un grand enthousiasme.<br />
Et cela correspondait aux<br />
compétences de SoNo ! Nous étions<br />
optimistes et avons testé leur motivation<br />
tout en discutant les modalités<br />
d'un éventuel partenariat. Ils ont<br />
répon<strong>du</strong> au mieux à chacune de nos<br />
sollicitations les jours suivants. Le<br />
Doyen de la Faculté a accepté de nous<br />
rencontrer plusieurs fois et s'est dit<br />
enchanté de notre projet. Notre<br />
contact principal est son bras droit, qui<br />
se chargera de toutes les démarches<br />
administratives. Nous pouvons compter<br />
aussi sur deux autres professeurs<br />
francophones, qui ont fait preuve d'un<br />
grand enthousiasme.<br />
Nous nous sommes donc quittés avec<br />
les bases d'un partenariat, consistant<br />
en une aide pédagogique dans le<br />
domaine des sciences pour les professeurs<br />
dès l'été 2007.<br />
- Conclusion<br />
<strong>La</strong> communication par courriel est active<br />
avec notre partenaire local depuis<br />
notre retour, ce qui était indispensable<br />
à la poursuite de la construction d'un<br />
projet. Nous sommes en train de nous<br />
mettre d'accord sur le contenu <strong>du</strong><br />
contrat de partenariat et nous avons<br />
donc bon espoir d'envoyer une équipe<br />
de SoNo au <strong>La</strong>os dès l'été prochain.<br />
- Remerciements<br />
Un grand merci au CCL, à M Loïc Baur<br />
de l'Ambassade de France et à Mlle<br />
Hop <strong>du</strong> Centre de <strong>La</strong>ngue de Vientiane<br />
pour l'aide qu'ils nous ont apportée<br />
lors de la réalisation de cette mission<br />
exploratoire.<br />
par Kévin Moris<br />
www.sono.ens-cachan.fr<br />
Photo © SoNo
l’ANEMF<br />
Au delà de la coordination et de la formation...<br />
L’Association Nationale des<br />
Étudiants en Médecine de France<br />
regroupe les 70 000 étudiants en<br />
médecine <strong>du</strong> pays. L’association<br />
s’efforce de s’occuper de toutes<br />
les activités entreprises par ses<br />
étudiants, avec en particulier un<br />
volet important concernant la<br />
solidarité internationale.<br />
Le pôle solidarité internationale<br />
regroupe la vingtaine d’associations<br />
de solidarité se répartissant sur l’ensemble<br />
<strong>du</strong> territoire, ce qui représente<br />
environ 75 micro-projets étudiants.<br />
Il s’agit de créer un réseau mettant<br />
à profit le fort engagement associatif<br />
des étudiants en médecine, en organisant<br />
ainsi un terrain d’échanges<br />
d’expériences, d’idées et de projets. En<br />
outre, l’ANEMF organise plusieurs<br />
congrès tout au long de l’année, en<br />
particulier le Week-End <strong>Solidarités</strong><br />
et Santé Publique (WESSP) qui s’est<br />
tenu cette année à Poitiers et regroupant<br />
140 personnes. Ces congrès,<br />
au-delà d’être un moment de<br />
rencontre et d’échange, représentent<br />
également des événements au cours<br />
desquels les responsables associatifs<br />
peuvent se former d’une part à la<br />
solidarité internationale et au montage<br />
de projet et d’autre part aux compétences<br />
associatives.<br />
Ces congrès sont aussi pour les<br />
étudiants l’occasion de rencontrer et de<br />
débattre avec des personnalités et<br />
responsables seniors de la solidarité<br />
internationale et de l’humanitaire ;<br />
étaient ainsi présents au WESSP de<br />
Poitiers Alain Deloche (Président de la<br />
Chaîne de l’Espoir), Xavier Emmanuelli<br />
(Président fondateur <strong>du</strong> Samu Social),<br />
Dider Sicard (Président <strong>du</strong> Comité<br />
Consultatif National d’Ethique) et<br />
Chantal Aubert-Fourmy (Présidente<br />
d’Aide Médicale Internationale) entre<br />
autres.<br />
Dans cette même optique de formation,<br />
l’ANEMF organise chaque année,<br />
sous l’expertise de professionnels<br />
et avec un jury d’étudiants ayant une<br />
certaine expérience dans le montage<br />
de projets, un prix récompensant<br />
les meilleurs micro-projets de solidarité<br />
internationale, tout en conseillant et<br />
critiquant tous les dossiers candidats<br />
afin de permettre à tous les porteurs<br />
de micro-projets de se poser les<br />
bonnes questions et ainsi d’améliorer<br />
leur projet.<br />
Au-delà de cette vocation de coordination<br />
et de formation des associations<br />
de son réseau, l’ANEMF s’ouvre vers<br />
d’autres réseaux et d’autre filières.<br />
Ainsi, l’association travaille régulièrement<br />
en coopération avec <strong>Solidarités</strong><br />
<strong>Étudiantes</strong>, Starting-Block, Ingénieurs<br />
Sans Frontières ainsi que des associations<br />
seniors telles que la Chaîne de<br />
l’Espoir, Aide Médicale Internationale<br />
ou Equilibre et Population. Convaincue<br />
de l’importance d’une mutualisation<br />
des moyens, des compétences et de<br />
l’expérience, l’ANEMF fait de ces<br />
rapprochements avec l’extérieur une<br />
de ses principales priorités.<br />
L’ANEMF s’engage également ici en<br />
France dans l’é<strong>du</strong>cation au développement,<br />
en particulier en participant<br />
depuis cette année au combat contre<br />
le paludisme à l’occasion de <strong>La</strong> Journée<br />
Mondiale de Lutte Contre le Paludisme<br />
le 25 avril prochain. Quatorze associations<br />
<strong>du</strong> réseau vont organiser divers<br />
évènements (concerts, conférences,<br />
stands d’information…) dans leur ville<br />
afin de sensibiliser un public large à<br />
cette problématique. Suivant toujours<br />
la philosophie de « l’union fait la force »,<br />
l’ANEMF s’est associée à l’Institut<br />
Pasteur et Aide Médicale Internationale<br />
entre autres pour la réalisation<br />
de cet événement.<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
<strong>Les</strong> étudiants en médecine ont<br />
toujours d’office une crédibilité auprès<br />
des partenaires et <strong>du</strong> public, et<br />
l’ANEMF veille à ce que cet à priori soit<br />
le plus fondé possible, ce qui n’est<br />
hélas pas toujours le cas pour toutes<br />
les associations, surtout quand elles<br />
sont isolées. De plus, on retrouve<br />
parmi les acteurs de la solidarité internationale<br />
de nombreux médecins ce<br />
qui facilite grandement les relations<br />
avec les différentes ONG. Le danger<br />
étant de se reposer sur ses lauriers,<br />
l’ANEMF se bat pour non pas considérer<br />
cela comme des acquis mais des atouts<br />
dans la réalisation de ses actions.<br />
L’ANEMF est bien consciente qu’elle<br />
a parmi ses membres des acteurs de<br />
la solidarité internationale de demain<br />
et qu’elle a la responsabilité de se<br />
battre pour des causes assez éloignées<br />
des études médicales mais qui y sont<br />
pourtant intimement liées. En mettant<br />
à profit une tradition associative et une<br />
vocation déjà tournée vers les autres<br />
des étudiants en médecine, l’ANEMF<br />
se débat pour apporter sa pierre à<br />
l’édifice de la construction commune<br />
qu’est la solidarité internationale.<br />
par Tristan Pascart<br />
Vice-Président en charge de la Solidarité Internationale<br />
et de l'E<strong>du</strong>cation au Développement<br />
www.anemf.org<br />
« Le pôle solidarité internationale de l'ANEMF s'appuie sur un<br />
réseau mettant à profit le fort engagement associatif des étudiants<br />
en médecine en organisant un terrain d'échanges, d'expériences,<br />
d'idées et de projets. »<br />
AVENTURE N°111 23<br />
Photo © T. Pascart
LES ÉCHOS DU TERRAIN : Témoignage indivi<strong>du</strong>el<br />
UN PARCOURS fait d’opportunités<br />
Photo © G. Rezeau<br />
J<br />
Guillaune Rezeau, <strong>du</strong>rant les 15 ans<br />
de Krousar Thmey : le 7 avril 2006.<br />
e suis responsable de la communication<br />
pour l’ONG "Pour un Sourire<br />
d’Enfant" au Cambodge. Ça fait<br />
trois ans que je travaille dans le domaine<br />
de l’aide au développement. Je<br />
n’avais pas forcément prévu de faire de<br />
la communication, mon parcours s’est<br />
un peu construit au fur et à mesure<br />
des opportunités, des rencontres aussi.<br />
Pendant mes années à la fac, je cherchais<br />
encore beaucoup ma voie, entre<br />
désir d’éthique et épanouissement intellectuel.<br />
J’avais profité de mes longues<br />
vacances étudiantes pour voyager à<br />
l’étranger, dans le cadre de stages ou<br />
de chantiers de solidarité. J’ai pas mal<br />
hésité avant de me lancer dans la solidarité<br />
: faible stabilité de l’emploi, faible<br />
rémunération aussi. J’ai pourtant fait un<br />
des nombreux "masters humanitaires"<br />
qui fleurissent aujourd’hui et j’estime<br />
avoir eu pas mal de chance depuis. <strong>Les</strong><br />
craintes ont toutefois été confirmées :<br />
on vit avec peu d’argent et toujours<br />
avec l’angoisse d'arriver à trouver le<br />
prochain contrat, de savoir ce qu’on va<br />
pouvoir faire après. Mais à côté de ces<br />
difficultés, quel plaisir de travailler à<br />
l’étranger, auprès des bénéficiaires, de<br />
finir sa journée de travail en se disant<br />
24 AVENTURE N°111<br />
Guillaume nous parle de son engagement et des étapes à franchir pour<br />
devenir un acteur de la solidarité internationale. Il nous présente<br />
son approche de cet environnement et sa manière de concevoir son<br />
implication dans des actions de solidarité, après ses études, un stage,<br />
une mission volontaire...<br />
qu’elle a servi à quelque chose. Sur<br />
certain poste, on peut parfois perdre<br />
ce plaisir, surtout quand on est loin <strong>du</strong><br />
"terrain". Mais j’ai la chance de travailler<br />
tous les jours entouré des enfants dont<br />
s’occupe mon association.<br />
Lors de mon master, j’ai pourtant fait<br />
mon premier stage dans une association<br />
parisienne. Un peu à reculons au départ,<br />
je suis pourtant resté un an en plus<br />
de ma période de stage. J’ai appris<br />
énormément. J’ai surtout l’impression<br />
que je n’aurai pas réussi à trouver un<br />
contrat intéressant à l’étranger sans<br />
cette première expérience. Je suis resté<br />
à Paris, mais j’ai rencontré des<br />
personnes de tous horizons et souvent<br />
eu l’impression de me faire une<br />
expérience de terrain par procuration :<br />
représentants d’ONG ou de l’administration,<br />
personnes issues de l’immigration<br />
ou financeurs. Ayant pas mal découvert<br />
les différents systèmes de financement<br />
pour les programmes de développement,<br />
j’ai trouvé un premier poste de<br />
chargé de communication au Cambodge<br />
dans l’association Krousar Thmey, avec<br />
un statut de VSI. Et toujours au<br />
Cambodge, j’ai donc trouvé le second<br />
poste de volontaire en communication<br />
que j’occupe aujourd’hui.<br />
L’aide au développement intègre en fait<br />
de très nombreux métiers. Il faut<br />
donc faire le choix de travailler dans<br />
ce milieu, parce qu’il impose tout de<br />
même pas mal de contrainte, mais il<br />
est aussi intéressant de réfléchir au<br />
métier que l’on veut exercer. Je me pose<br />
encore parfois cette question, n’ayant<br />
pas forcément fait le choix de la communication,<br />
domaine lui-même très large.<br />
Je me vois plutôt comme un généraliste<br />
quand beaucoup de mes collègues<br />
ou amis français au Cambodge sont<br />
spécialistes en droit, en assurance, en<br />
ingénierie, etc. C’est pour ça que le<br />
passage en troisième cycle humanitaire<br />
ne me semble pas être un passage<br />
obligé pour rentrer dans le milieu. <strong>Les</strong><br />
premières expériences professionnelles<br />
sont beaucoup plus déterminantes et<br />
finalement, je crois que j’ai eu beaucoup<br />
de chance avec mon premier "vrai"<br />
stage. On m’a fait pas mal confiance et<br />
j’ai pu faire <strong>du</strong> conseil, des formations,<br />
choses inespérées au départ.<br />
Je n’étais vraiment pas enthousiaste<br />
à l’idée de faire un stage à Paris. J’étais<br />
le seul de ma promotion à ne pas partir,<br />
mais je me rends compte aujourd’hui<br />
que j’ai très bien fait. Il ne faut pas<br />
partir pour partir. Certains ont rejoint<br />
le pays de leur rêve mais pour ne rien<br />
faire ou ne rien apprendre. En plus<br />
de penser au métier autant qu’au milieu,<br />
je crois qu’il faut aussi être patient et<br />
« Il ne faut pas partir pour partir. En plus de penser au<br />
métier autant qu'au milieu, je crois qu'il faut aussi être<br />
patient et regarder le contenu d'un poste, plus que la<br />
taille de l'organisation ou le pays de destination. »<br />
regarder le contenu d’un poste, plus que<br />
la taille de l’organisation ou le pays<br />
de destination. Pour moi, l’avantage<br />
de commencer à travailler dans de relativement<br />
petites associations, c’est de<br />
toucher à tout et de travailler avec tout<br />
le monde. Le problème, c’est que<br />
les chances d’évolution interne sont très<br />
faibles et qu’il n’est pas toujours évident<br />
d’évaluer la crédibilité ou la fiabilité<br />
d’une association quasi inconnue. Il<br />
ne reste qu’à beaucoup se renseigner et<br />
à éviter les idées préconçues.<br />
par Guillaume Rezeau<br />
26 ans
LES ÉCHOS DU TERRAIN : Zoom sur les Bourses<br />
<strong>Les</strong> <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
Après plusieurs semaines de préparation,<br />
je pars avec Jean-François,<br />
étudiant agronome comme moi,<br />
pour un projet de valorisation <strong>du</strong><br />
neem comme pesticide biologique<br />
au Pays Dogon. Encadré par Agro<br />
Sans Frontières Bretagne, ce projet<br />
de 4 mois va nous permettre à<br />
la fois de proposer des méthodes<br />
alternatives de protection des<br />
cultures maraîchères aux paysans<br />
maliens et de rencontrer une<br />
culture riche et inoubliable qu’est<br />
la culture dogon.<br />
Après deux ans d’école ingénieur agronome,<br />
je décide d’effectuer une année<br />
de césure. Envie de découvrir, d’étoffer<br />
mes expériences professionnelles,<br />
mais aussi de mieux cerner une<br />
branche de l’agronomie que j’ai alors<br />
envie d’approfondir : le développement<br />
rural. En 2005, j’ai la chance de<br />
rencontrer Bernard Jouan, président<br />
de l’association Agro Sans Frontières<br />
Bretagne qui nous propose de travailler<br />
sur la valorisation <strong>du</strong> neem, ou margousier<br />
(Azadirachta Indica), arbre d’origine<br />
indienne aux multiples propriétés…<br />
<strong>La</strong> recherche de financements commence<br />
alors, plus d’une année à l’avance !<br />
Dossiers, contacts, rencontres : beaucoup<br />
de temps est nécessaire pour<br />
pour des projets étudiants de qualité.<br />
Comme chaque année, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> favorise l’engagement des jeunes dans des projets de<br />
développement à travers l’octroi de <strong>bourses</strong>. En 2006, nous avons décidé de soutenir des étudiants partis en<br />
stage en ONG mettre à profit leurs compétences. Nous avons délivré ces <strong>bourses</strong> selon trois critères majeurs.<br />
- L’adéquation de la mission réalisée et des compétences <strong>du</strong> stagiaire : Devant l’engouement pour<br />
la solidarité internationale, beaucoup de jeunes veulent s’investir coûte que coûte sans vraiment<br />
cibler leur recherche selon leur profil, alors que la bonne volonté ne suffit pas pour assurer la<br />
réussite d’un projet.<br />
- L’intérêt <strong>du</strong> projet dans lequel s’investit le stagiaire : <strong>La</strong> solidité <strong>du</strong> partenaire local, l’implication de<br />
la population, la viabilité et pérennité <strong>du</strong> projet sont des critères essentiels afin d’éviter une<br />
relation de dépendance <strong>du</strong> Sud vis-à-vis <strong>du</strong> Nord.<br />
- <strong>La</strong> motivation, l’engagement et la réflexion <strong>du</strong> stagiaire que nous pouvons évaluer grâce à la<br />
cohérence de son parcours et l’encadrement qu’il peut recevoir dans sa démarche.<br />
<strong>Les</strong> articles qui suivent sont ceux d’Amandine, une des lauréates <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> et de son responsable de stage,<br />
qui l’a accompagnée tout au long de son expérience. Il était important de mettre en parallèle ses deux témoignages<br />
afin de mettre en avant la construction d’une logique commune entre étudiants et encadrants.<br />
Stage agro écologique au Mali<br />
Valorisation <strong>du</strong> Neem comme pesticide biologique dans les villages dogons.<br />
préparer au mieux les activités. Mars<br />
2006 arrive et c’est le grand départ<br />
pour le Mali. Accueillis à la Maison de<br />
Rennes à Bandiagara, nous prenons<br />
jour après jour nos repères alors que<br />
la chaleur commence à peser sur nos<br />
organismes encore mal habitués.<br />
<strong>La</strong> première phase <strong>du</strong> projet est un<br />
état des lieux de l’utilisation <strong>du</strong> neem,<br />
au Mali ainsi qu’au Burkina Faso et<br />
au Niger. Partis à la rencontre de<br />
chercheurs, d’associations ou de struc-<br />
tures travaillant sur le neem, nous<br />
avons ainsi la chance de traverser<br />
deux autres pays <strong>du</strong> Sahel présentant<br />
chacun de fortes particularités.<br />
De retour au Mali, nous travaillons<br />
en collaboration avec l’association<br />
féminine YA-G-TU, basée à Bandiagara<br />
qui souhaite s’investir dans le projet.<br />
Ainsi, nous organisons des sessions<br />
de sensibilisation dans 8 villages<br />
proches de Bandiagara pour présenter<br />
l’utilisation traditionnelle des fruits<br />
AVENTURE N°111 25<br />
Photo © A.S.F.B.
Photo © A.S.F.B.<br />
Zoom sur les Bourses<br />
<strong>du</strong> neem pour la protection des cultures<br />
maraîchères contre de nombreux ravageurs.<br />
En général, ce sont les femmes<br />
qui nous accueillent au village.<br />
Souvent intéressées, parfois trop occupées.<br />
Mais le bilan final est positif<br />
puisque des essais ont été réalisés<br />
avec succès dans chacun des villages.<br />
<strong>Les</strong> heures passées sur la moto ou<br />
à attendre à l’ombre sur la place <strong>du</strong><br />
village n’auront pas été vaines!<br />
Enfin, nous élaborons un guide de<br />
vulgarisation. Explication des méthodes<br />
d’utilisation <strong>du</strong> neem en français et<br />
dessins illustratifs en dogon donosso,<br />
avec l’aide indispensable de nos amis<br />
maliens pour la tra<strong>du</strong>ction…<br />
Au cours de ces semaines, il nous a<br />
fallu apprendre : la patience (pour le<br />
projet au quotidien), l’autonomie (car<br />
la communication avec la France est<br />
parfois limitée) et le dogon (pour<br />
partager au mieux lors de nos<br />
nombreuses rencontres).<br />
Ce projet a constitué une expérience<br />
extraordinaire aussi bien sur le plan<br />
professionnel que sur les plans humain<br />
et personnel. <strong>La</strong> découverte <strong>du</strong> Mali,<br />
des maliens et d’une culture si ancrée<br />
dans le quotidien est probablement<br />
l’expérience la plus enrichissante révé-<br />
lée par ce stage. Jamais nous n’oublierons<br />
les sourires, la joie de vivre<br />
ambiante ni les couleurs flamboyantes<br />
qui ont fait notre quotidien.<br />
Dès le retour en France, nous avons<br />
rédigé des comptes-ren<strong>du</strong>s pour nos<br />
partenaires et présenté le projet à<br />
nos écoles respectives. En ce qui<br />
concerne la suite <strong>du</strong> projet sur place,<br />
une autre étudiante agronome s’est<br />
ren<strong>du</strong>e au Mali pour le prolonger<br />
de 2 mois. Mais le travail de sensibili-<br />
Si on n’a pas soi-même vu et<br />
vécu concrètement les réalités<br />
humaines des pays pauvres,<br />
il est difficile de s’en imprégner<br />
et de les intégrer dans ses<br />
comportements et engagements<br />
quotidiens.<br />
Or, l’avenir de la Planète et<br />
de ses populations dépendra,<br />
pour une bonne part, de la prise<br />
de conscience et de l’engagement<br />
des jeunes générations :<br />
si le monde doit changer ce sera<br />
par elles et avec elles ! Il est<br />
donc essentiel que les jeunes<br />
puissent aller sur le terrain se<br />
rendre compte des réalités,<br />
côtoyer la vie quotidienne des<br />
gens, participer avec eux à des<br />
actions de développement, etc.<br />
sation et le suivi de la mise en place<br />
d’une unité de pro<strong>du</strong>ction basée sur<br />
le neem sont encore des activités<br />
qui demandent d’être poursuivies pour<br />
Bandiagara et ses environs !<br />
par Amandine Lebreton<br />
Un espoir pour l’avenir ?<br />
L’engagement des jeunes dans des programmes de développement dans les pays <strong>du</strong> Sud.<br />
26 AVENTURE N°111<br />
On parle beaucoup - et de plus en plus -<br />
de "développement <strong>du</strong>rable". C’est sans<br />
doute une bonne chose, <strong>du</strong> moins si<br />
on s’entend bien sur la véritable signification<br />
de cette expression, car elle<br />
implique une prise de conscience des<br />
problèmes, chez nous mais encore plus<br />
dans d’autres régions <strong>du</strong> monde car<br />
développement <strong>du</strong>rable - soutenable -<br />
ne peut se concevoir sans solidarité<br />
Nord-Sud.<br />
De chez nous, pays riches où tout se<br />
trouve en abondance et en particulier la<br />
nourriture, même si elle n’est pas accessible<br />
à tous, on a <strong>du</strong> mal à imaginer que<br />
pour beaucoup d’habitants de notre<br />
planète, la préoccupation principale de<br />
chaque jour est de savoir s’il va être<br />
possible de trouver quelque chose à<br />
boire et à manger !<br />
Pourtant, si on voulait réellement - car<br />
Photo © A.S.F.B.
c’est dans la plupart des cas techniquement<br />
possible - permettre aux populations<br />
d’assurer elles-mêmes leur sécurité (ou<br />
souveraineté) alimentaire, il faudrait<br />
mettre en place des programmes à long<br />
terme prenant en compte l’environnement<br />
et la gestion des ressources naturelles<br />
(sols, eau, biodiversité), l’amélioration et<br />
la diversification des pro<strong>du</strong>ctions vivrières,<br />
la formation et l’organisation des acteurs<br />
à tous les niveaux.<br />
C’est dans cette perspective que s’est<br />
organisé le séjour au Mali, au cœur<br />
<strong>du</strong> pays dogon, d’Amandine et Jean<br />
François, tous deux étudiants en agronomie.<br />
Ils sont partis enseigner la valorisation<br />
pratique des extraits de neem en<br />
protection des cultures.<br />
En effet, dans les pays <strong>du</strong> Sud, à la fois<br />
pour des raisons climatiques et par<br />
manque de moyens d’intervention, le<br />
parasitisme des cultures et des récoltes en<br />
cours de stockage est permanent et très<br />
important. Entraînant des pertes énormes.<br />
<strong>Les</strong> moyens d’intervention sont, par<br />
contre, faibles ou inexistants et la<br />
solution est souvent de faire appel aux<br />
pro<strong>du</strong>its chimiques des pays <strong>du</strong> Nord<br />
qui sont coûteux, souvent inaccessibles<br />
ou périmés, parfois dangereux car<br />
mal utilisés, etc.<br />
Or, il existe localement des ressources<br />
naturelles intéressantes aux propriétés<br />
pesticides remarquables mais peu<br />
(ou pas) connues des populations et<br />
peu valorisées en pratique.<br />
Tel est le cas <strong>du</strong> neem ou margousier -<br />
arbre originaire d’Inde mais qui s’est<br />
beaucoup développé en Afrique de<br />
l’Ouest - qui contient (en particulier la<br />
graine) des substances ayant un large<br />
spectre d’action sur des parasites des<br />
cultures et même de l’homme à tel point<br />
que la principale molécule active a intéressé<br />
une multinationale américaine<br />
(brevet) et que les extraits de neem<br />
sont autorisés en agriculture biologique<br />
dans certains pays d’Europe.<br />
Amandine et Jean-François, au cours<br />
d’une année de césure dans leur cursus,<br />
ont pris ce problème à "bras le corps".<br />
Avant leur départ, pendant près d’une<br />
année, ils ont travaillé à la préparation<br />
de leur projet puis, sur place (au Mali et<br />
dans les pays voisins), ils ont d’abord fait<br />
le tour des connaissances scientifiques<br />
et techniques sur le sujet. Puis, en<br />
s’appuyant sur les données recueillies,<br />
ils ont préparé et mis en application,<br />
avec les organisations locales, notam-<br />
ment une association féminine nommée<br />
YA-G-TU (association pour la promotion de<br />
la femme) et des groupements villageois,<br />
un programme très concret de sensibilisation,<br />
formation, démonstration, etc.<br />
Ils ont aussi rédigé un rapport scientifique<br />
et technique de grande qualité et<br />
réalisé une plaquette de vulgarisation<br />
simple faisant largement appel au dessin<br />
et à la langue locale (le Dogon) qui a été<br />
diffusée et qui sert de support à la<br />
vulgarisation qui se poursuit grâce à<br />
d’autres stagiaires (Sarah Staub) et<br />
à un animateur local de l’association<br />
féminine (Hamidou).<br />
Ainsi grâce à leur motivation qui les<br />
a amenés à décider une interruption<br />
d’une année dans leur cursus afin de<br />
vivre une expérience de développement,<br />
grâce leur esprit méthodique, leur<br />
rigueur, leur dynamisme, en s’appuyant<br />
sur leurs connaissances agronomiques<br />
et sur leurs aptitudes relationnelles,<br />
Amandine et Jean-François ont vécu<br />
une expérience assez exceptionnelle<br />
tant sur le plan de la connaissance<br />
d’une agriculture très différente de<br />
la nôtre que dans le domaine de la<br />
vulgarisation auprès de populations,<br />
certes analphabètes pour la plupart,<br />
mais très accueillantes et riches de<br />
valeurs humaines.<br />
LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />
Pour une association comme Agro Sans<br />
Frontières (ASF), c’est non seulement<br />
intéressant de pouvoir confier la responsabilité<br />
de projets à des jeunes de cette<br />
valeur mais c’est un réel plaisir de les<br />
accompagner dans leur démarche qui<br />
marquera certainement leur vie personnelle<br />
et professionnelle.<br />
Que toutes les personnes et organismes 1<br />
qui ont permis par leur aide scientifique,<br />
technique ou financière, que ce travail<br />
d’intérêt général puisse être réalisé par<br />
Amandine et Jean-François soient ici<br />
très sincèrement remerciés car au-delà<br />
<strong>du</strong> sujet lui-même, l’enjeu est une prise<br />
de conscience des problèmes <strong>du</strong> Sud<br />
par les jeunes qui sont les citoyens <strong>du</strong><br />
21 ème siècle et qui ont un autre avenir à<br />
inventer pour la Planète et ses habitants.<br />
par Bernard Jouan<br />
Délégué d’Agro Sans Frontières-Bretagne<br />
Agro Sans Frontières-Bretagne<br />
Le Puits Berger, 35740 Pacé<br />
02 99 60 60 34<br />
bmpjouan.asf_bret@club-internet.fr<br />
1 - INP Nancy, ENSA Toulouse, Ville de Rennes et Association<br />
de Jumelage (AJCRPD), Ille et Vilaine-Mopti (AIVM), Crédit<br />
Agricole de Mayenne, <strong>Guilde</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> (<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>),<br />
Agro Sans Frontières, Organismes de Recherche (Mali, Burkina,<br />
Niger), CEAS Ouagadougou, Service de l’Agriculture, Association<br />
féminine YA-G-TU, Groupements villageois, etc.<br />
AVENTURE N°111 27<br />
Photo © A.S.F.B.
LES PARTENAIRES<br />
<strong>La</strong> professionnalisation est au cœur des ambitions des ONG aujourd’hui. Or devenir professionnel de la solidarité<br />
international ne s’improvise pas. De nombreuses formations existent, c’est le cas par exemple de l’association HUMACOOP<br />
qui développe depuis plusieurs années des formations en prise directe avec les besoins <strong>du</strong> terrain. L’IRCOM est une école,<br />
qui propose un tout nouveau cursus ; il nous a semblé intéressant de les solliciter sur les spécificités de cette formation.<br />
L’institut BIOFORCE est quant à lui, porteur d’une initiative réunissant de nombreuses organisations françaises, afin de<br />
mieux informer les jeunes qui souhaitent s’engager dans la solidarité internationale. Enfin AMI, nous présente sa position<br />
sur l’engagement des jeunes, à travers la voix de sa présidente, le docteur Chantal Aubert Fourmi.<br />
L’humanitaire fait rêver<br />
Mais l’engagement doit s’appuyer sur des bases solides<br />
Beaucoup d’enfants, de jeunes et<br />
même, de moins jeunes voudraient<br />
s’engager, partir, et ne savent pas<br />
comment passer à l’acte. Certains<br />
voient leur motivation s’effriter au fil<br />
<strong>du</strong> temps, font d’autres choix en cours<br />
de route, mais pour ceux qui restent<br />
vraiment motivés, commence la quête<br />
de la "première mission", celle qui<br />
va ouvrir les portes d’un univers<br />
qui apparaît fascinant.<br />
On se pose la question de ses compétences,<br />
de sa motivation, et rapidement<br />
de la pertinence de son choix :<br />
« Est-ce que je peux apporter quelque<br />
chose aux personnes démunies ? ».<br />
Dans les pays où sévissent des<br />
conflits, où la corruption a désorganisé<br />
les structures de base, où des catastrophes<br />
naturelles ont déstabilisé<br />
un équilibre fragile et révélé des<br />
souffrances insoupçonnées, il est parfois<br />
difficile de trouver sa place.<br />
<strong>Les</strong> motivations principales sont l’envie<br />
de partir et l’envie de servir. Ce point<br />
de départ est nécessaire mais ne doit<br />
pas cacher un mal-être tel, qu’il pourrait<br />
annuler toute la pertinence de<br />
la démarche. On fuit tous quelque<br />
chose quand on part, mais on doit<br />
être assez solide dans sa tête pour<br />
l’assumer pleinement.<br />
<strong>Les</strong> ONG qui s’inscrivent dans des<br />
programmes de plusieurs mois, et<br />
souvent de plusieurs années, auprès<br />
de populations démunies, recrutent<br />
28 AVENTURE N°111<br />
des volontaires pour un minimum de<br />
six mois, souvent toute une année.<br />
Elles vont essayer d’évaluer la capacité<br />
<strong>du</strong> candidat à être efficace au poste<br />
proposé, à être capable de vivre en<br />
communauté, dans des conditions<br />
sanitaires parfois frustes, et parfois<br />
dans des zones de guerre.<br />
Un départ de ce genre ne s’improvise<br />
pas. C’est là que les actions pendant<br />
le cursus étudiant vont être déterminantes<br />
: mettre à l’épreuve sa capacité<br />
à l’empathie (se mettre à la place de<br />
l’autre sans se déstabiliser soi-même),<br />
sa capacité à accepter d’autres<br />
cultures, d’autres échelles de valeur,<br />
sa capacité à valoriser les actions<br />
déjà existantes dans le respect de ceux<br />
qui sont déjà sur place, sa réactivité<br />
face à l’imprévu, menaçant ou non.<br />
C’est pourquoi, les actions de solidarité<br />
en France, l’implication dans le tissu<br />
associatif dès l’adolescence sont importants,<br />
de même que la participation à de<br />
micro-projets à l’étranger. On entend<br />
dire ça et là que ces micro-projets<br />
sont inutiles, faute de pouvoir mettre<br />
en place des outils d’évaluation qui<br />
quantifieraient leur impact réel. Je ne<br />
le crois pas. Outre leurs résultats objectifs,<br />
bien que ponctuels, ces missions<br />
créent des liens et un climat favorable à<br />
la reconnaissance mutuelle : les jeunes<br />
volontaires testent leur motivation et<br />
leur résistance, et apprennent "l’intelligence<br />
<strong>du</strong> terrain" en mettant de côté<br />
toutes leurs certitudes, tandis que les<br />
hôtes apprennent à connaître nos<br />
valeurs et le sens de notre démarche, et<br />
font partager tout un savoir, toute une<br />
sagesse inconnus des jeunes arrivants.<br />
Aide Médicale Internationale met en<br />
place actuellement une session de<br />
formation de cinq jours pour tout<br />
nouvel expatrié qui va partir sur une<br />
de nos missions : avant de partir pour<br />
six mois ou un an, les volontaires sont<br />
ainsi briefés sur les valeurs de notre<br />
ONG et sur les enjeux de nos actions,<br />
afin de partir avec tous les atouts pour<br />
une expérience fructueuse. Nous<br />
recrutons des "médicaux" afin de<br />
travailler au sein d’une équipe<br />
compétente et solidaire : médecins,<br />
infirmiers, sages-femmes, laborantins,<br />
mais aussi des logisticiens, administrateurs,<br />
chefs de projets etc.<br />
par le Dr Chantal Aubert-Fourmy<br />
www.amifrance.org<br />
Présidente d’AMI<br />
« Un départ en mission ne s'improvise pas. C'est là<br />
que les actions pendant le cursus étudiant vont être<br />
déterminantes : actions de solidarité en France,<br />
implication dans le tissu associatif, participation à des<br />
micro-projets à l'étranger... »
Photo © Humacoop Photo © Humacoop<br />
Partir en connaissance de cause<br />
Humacoop propose des préparations au départ<br />
Depuis maintenant plus de dix ans,<br />
l’association Humacoop propose aux<br />
futurs volontaires de se former avant<br />
de concrétiser leur projet de solidarité<br />
internationale. Fondée par un groupe<br />
d’experts d’institutions internationales<br />
et d’ONG, elle regroupe des compétences<br />
dans le champ des sciences<br />
sociales, politiques, juridiques et médicales,<br />
avec pour objet la création et l'enseignement<br />
de mo<strong>du</strong>les de formation à<br />
l'action humanitaire internationale.<br />
Deux sessions annuelles de quinze jours<br />
ont lieu à Grenoble en avril et en<br />
octobre. Ces sessions donnent un<br />
aperçu <strong>du</strong> paysage humanitaire<br />
international dans ses diverses composantes<br />
: acteurs, programmes, enjeux,<br />
doctrines, outils, bailleurs, compétences,<br />
analyses des crises, développement…<br />
<strong>Les</strong> enseignants proviennent<br />
d'universités, ONG, collectivités territoriales,<br />
centres de recherche, organes<br />
de presse, et sont choisis pour leur<br />
expérience <strong>du</strong> terrain et leur expertise<br />
technique. L’objectif de ces formations<br />
est à la fois simple et ambitieux :<br />
rassembler les acteurs de l’humanitaire<br />
pour favoriser le transfert<br />
d’expérience et la réflexion autour<br />
de l’évolution des crises et de la<br />
pertinence des réponses fournies par<br />
les humanitaires. A ce jour, plus de<br />
800 candidats ont suivi les formations<br />
d’Humacoop : Fordep Administrateurgéopolitique,<br />
Premiers départs, et<br />
Médecine Huma-nitaire. <strong>Les</strong> prochaines<br />
sessions auront lieu <strong>du</strong> 2 au 13 avril et<br />
<strong>du</strong> 29 octobre au 9 novembre 2007.<br />
En terme de perspectives, Humacoop<br />
entend développer de nouveaux<br />
mo<strong>du</strong>les d'enseignement sur les questions<br />
humanitaires et de relations internationales,<br />
au vu des modifications<br />
considérables des contextes d’intervention<br />
et des nouveaux enjeux qui<br />
s'imposent aux acteurs de la solidarité<br />
internationale : <strong>du</strong> 12 au 16 mars 2007,<br />
Humacoop lance la formation "Mission<br />
exploratoire". Elle propose aux personnels<br />
expérimentés d’ONG ou de collectivités<br />
territoriales d’acquérir des<br />
outils théoriques et opérationnels pour<br />
analyser et évaluer une situation,<br />
émettre un diagnostic sur la situation<br />
humanitaire d’une population.<br />
Pour compléter cette activité de formation,<br />
Humacoop convie régulièrement<br />
le public grenoblois autour de débats<br />
abordant des thématiques d’actualité<br />
et de solidarité internationale ("Terrorisme<br />
: une menace globale ?", "Médias<br />
et Humanitaire"). Le prochain colloque<br />
prévu au printemps 2007 traitera<br />
des religions comme composante<br />
historique et incontournable de l’humanitaire<br />
et de leur impact dans la<br />
sphère de l’aide internationale.<br />
par Valérie Paillas<br />
« Bien que beaucoup de jeunes<br />
soient attirés par le côté<br />
"aventureux" d’une mission,<br />
une telle expérience doit se<br />
préparer. Humacoop propose<br />
de former les futurs volontaires<br />
de la solidarité internationale. »<br />
LES PARTENAIRES<br />
AVENTURE N°111 29<br />
Photo © Dynamo International<br />
Photo © Noor<br />
Photo © PSE<br />
Photo © Point-Cœur<br />
Photo © Enfants <strong>du</strong> Mékong
Illustration © Ircom<br />
Professionnels de la solidarité<br />
Un nouveau Master à l’IRCOM<br />
"Management <strong>du</strong> développement – mention action humanitaire et sociale"<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> : Pourquoi l'IRCOM a-t-il<br />
développé une nouvelle formation ?<br />
Benjamin Pavageau : L’IRCOM, fondé en 1984, offre<br />
des formations dans le domaine de la communication,<br />
<strong>du</strong> management, de la culture et des sciences politiques<br />
et travaille avec un réseau d’universités internationales<br />
(Afrique <strong>du</strong> Sud, Taïwan, Inde, Europe…). Cette expérience<br />
nous a naturellement poussés à appréhender la communication<br />
dans ses multiples dimensions : interculturelle,<br />
interpersonnelle, internationale…<br />
Nous avons constaté, malgré les formations florissantes<br />
dans le domaine de l’humanitaire, la nécessité de contribuer,<br />
par une nouvelle approche, à sa professionnalisation<br />
et à l’approfondissement <strong>du</strong> sens de son action. En effet,<br />
l’humanitaire pourrait oublier qu’il est au service de la<br />
personne humaine dans toutes ses dimensions et mettre<br />
tous ses efforts dans les moyens techniques. De plus,<br />
compte tenu de nos intuitions et de notre analyse, nous<br />
sommes convaincus que l’ère de "l’assistanat" touche à<br />
sa fin et qu’il est indispensable d’entrer dans le cercle<br />
vertueux de l’économie solidaire. Pour cela, nous souhaitons<br />
contribuer à l’unification de l’action des différents acteurs :<br />
tant les OSI, les collectivités que les entreprises.<br />
S.E. : Quel est sa spécificité par rapport aux nouveaux<br />
Masters qui se créent chaque année ?<br />
B.P. : Son originalité est dans son positionnement, son<br />
contenu et sa méthode. Le positionnement de ce Master<br />
est avant tout celui d’une école de management pour<br />
le domaine de l’humanitaire et de l’aide au développement,<br />
mais également pour l’entreprise. En effet, notre ambition<br />
est de former la personne intégralement et de la rendre<br />
capable de maîtriser les techniques et les outils (gestion<br />
<strong>du</strong> cycle de projet, gestion, communication, fundraising)<br />
mais aussi de comprendre ceux qu’ils servent parce qu’ils<br />
30 AVENTURE N°111<br />
les appréhendent dans leur complexité et leur environnement<br />
social, économique, religieux et culturel. Certains<br />
chefs d’entreprise nous manifestent déjà leur intérêt pour<br />
ce "nouveau type de manager".<br />
Notre vision <strong>du</strong> développement se fonde sur la personne<br />
humaine, "cœur de la paix". Cette vision, au-delà d’une<br />
approche uniquement globale ou indivi<strong>du</strong>aliste, part<br />
d’une analyse des besoins des personnes. Ceci rend<br />
possible le service <strong>du</strong> bien commun.<br />
Comme le dit l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ :<br />
« <strong>La</strong> meilleure connaissance est celle qui mène l’homme<br />
vers les hommes ».<br />
<strong>La</strong> méthode enfin est ancrée dans le réel. Nous avons organisé<br />
le programme en suivant le rythme d’une mission :<br />
identification et finalité, connaissance des parties<br />
prenantes, programmation <strong>du</strong> projet, management et<br />
administration, gestion de la crise et évaluation.<br />
<strong>Les</strong> interventions sont animées par des professionnels et<br />
de nombreux projets sont réalisés pendant la formation<br />
et évalués par les partenaires <strong>du</strong> Master (Auteuil International,<br />
Caritas France, Enfants <strong>du</strong> Mékong, Fondation<br />
Follereau, Groupe Développement, MEP Asie…).<br />
Enfin, sur les quinze mois de la formation, la moitié est<br />
réalisée sur le terrain à travers deux stages.<br />
S.E. : Quelle est l'approche de l'IRCOM face à<br />
l'environnement de la solidarité internationale et<br />
à l’engagement des jeunes ?<br />
B.P. : <strong>La</strong> solidarité internationale implique de se connaître<br />
et de connaître l’autre dans toutes ses dimensions<br />
(culturelles, religieuses, anthropologiques…). Cette connaissance<br />
con<strong>du</strong>it à une action en faveur de l’autonomie<br />
et de la responsabilité des personnes bénéficiaires. C’est<br />
tout le sens des débats actuels autour <strong>du</strong> micro-crédit<br />
et de l’aide à la création d’entreprise.<br />
Nous constatons chez les jeunes à la fois une crainte<br />
<strong>du</strong> monde de l’entreprise ultra compétitive et en même<br />
temps une authentique générosité. Nous pensons que cette<br />
crainte et cette générosité peuvent être transformées<br />
en une action réaliste et réfléchie au service de la dignité<br />
de l’homme, qu’il soit en situation de misère dans<br />
un pays <strong>du</strong> Sud ou en situation de fracture sociale<br />
dans nos pays riches. Finalement, nous essayons de<br />
les aider à trouver un point d’équilibre entre leur générosité<br />
et la réalité, par l’échange Nord-Sud, par la complémentarité<br />
de la démarche des ONG et celle de l’entreprise.<br />
Cet équilibre et cette unité sont un gage d’épanouissement<br />
et de réussite professionnelle.<br />
www.ircom-humanitaire.com<br />
Renseignements : 02 41 79 64 64<br />
« L’originalité <strong>du</strong> master de l’IRCOM est dans son positionnement en tant qu’école<br />
de management pour le domaine de l’humanitaire et de l’aide au développement. »
LES PARTENAIRES<br />
Tour de France - Bioforce<br />
L’humanitaire à la rencontre des jeunes<br />
Vous croiserez sans doute à l’occasion<br />
d’un salon, d’un forum, des<br />
membres de Bioforce responsables<br />
<strong>du</strong> tour de France de l’humanitaire.<br />
Ce tour de France, a pour vocation<br />
d’offrir un espace de rencontre et<br />
de découverte aux jeunes qui<br />
souhaitent s’engager dans la solidarité<br />
internationale.<br />
1 jeune sur 3 souhaite s’engager dans<br />
la Solidarité Internationale. Bioforce,<br />
centre de formation et d’orientation<br />
pour les métiers de l’humanitaire, et<br />
les principales ONG françaises (Action<br />
Contre la Faim, la <strong>Guilde</strong>, Handicap<br />
International, Médecins <strong>du</strong> Monde,<br />
la Croix-Rouge française…) vont à leur<br />
rencontre dans une quinzaine de villes<br />
en France. Un Tour de France pas<br />
comme les autres pour tout savoir sur<br />
la solidarité (métiers, recrutement,<br />
carrière…) et les différentes formes<br />
d’engagement ouvertes aux jeunes !<br />
Pourquoi un Tour de France<br />
humanitaire ?<br />
Pour répondre à l’engouement des<br />
jeunes pour la solidarité…<br />
De nombreuses études témoignent<br />
de l’intérêt croissant des jeunes<br />
(18-28 ans) pour le secteur de la solidarité,<br />
en particulier internationale.<br />
Véritable phénomène de société,<br />
ils affirment leur désir de faire bouger<br />
les choses ! En parallèle des missions<br />
internationales, la diversité des engagements<br />
qui leur sont offerts reste<br />
cependant trop souvent méconnue.<br />
Le premier objectif <strong>du</strong> Tour de France<br />
est de donner cette information aux<br />
jeunes, acteurs solidaires de demain.<br />
Pour expliquer la professionnalisation<br />
de l’action humanitaire<br />
<strong>La</strong> volonté d’agir en faveur des populations<br />
vulnérables est un critère fondamental<br />
de recrutement pour les<br />
acteurs de la solidarité. Elle n’est<br />
cependant plus suffisante ! Pour leurs<br />
quelques 5 500 départs par an, les<br />
ONG recherchent désormais des<br />
professionnels possédant à la fois<br />
une bonne dose de maturité, des<br />
compétences avérées et la capacité<br />
de les adapter à des situations de plus<br />
en plus complexes. Le second objectif<br />
<strong>du</strong> Tour de France est d’expliquer<br />
ces exigences pour permettre à ces<br />
jeunes de mieux s’orienter dans ce<br />
secteur spécifique. Ainsi selon Olivier<br />
Vandecasteele, chargé d’orientation<br />
à Bioforce et animateur <strong>du</strong> Tour de<br />
France, « notre travail consiste à<br />
donner une vision réaliste aux souhaits<br />
des jeunes. Nous souhaitons amener<br />
les jeunes à se poser les bonnes<br />
questions en termes d'engagement,<br />
de disponibilité, de contraintes indivi<strong>du</strong>elles<br />
et surtout qu'ils déterminent<br />
ce qu'ils souhaitent apporter aux populations<br />
<strong>du</strong> Sud. »<br />
S’inscrire dans la <strong>du</strong>rée<br />
A chaque étape, une séance collective<br />
d’information d’une <strong>du</strong>rée de deux<br />
heures est organisée pour répondre<br />
à un large public. Au programme :<br />
métiers de la solidarité, recrutement<br />
des ONG, formes d’engagement ouvertes<br />
aux jeunes en France et à l’international,<br />
témoignages… <strong>Les</strong> jours suivants,<br />
des entretiens indivi<strong>du</strong>els d’orientation<br />
viennent compléter le dispositif, cette<br />
fois pour s’adapter aux questions<br />
spécifiques des participants. L’action<br />
s’inscrit dans la <strong>du</strong>rée par l’édition<br />
d’un guide d’information, réunissant<br />
l’ensemble des propositions des partenaires<br />
en direction des jeunes, qui<br />
est largement diffusé au sein des<br />
structures d’information et d’orientation<br />
Jeunesse.<br />
En 2006-2007, la première saison <strong>du</strong><br />
Tour de France humanitaire va à la<br />
rencontre de ces jeunes dans une<br />
quinzaine de villes de France. Montpellier<br />
a ouvert la marche en novembre<br />
2006, suivie de Marseille, Clermont-<br />
Ferrand, Nantes. Le 15 janvier dernier,<br />
l’équipe <strong>du</strong> Tour de France humanitaire<br />
faisait étape à Toulouse où plus de<br />
120 personnes les attendaient. Viendront<br />
ensuite pour poursuivre la<br />
saison 1 <strong>du</strong> Tour : Grenoble, Lille,<br />
Annecy, Privas, Lyon, Le Mans,<br />
Poitiers, Paris, Dijon…<br />
par Marie Perroudon<br />
www.tdf-humanitaire.net<br />
AVENTURE N°111 31<br />
Photo © TDF-Humanitaire<br />
Illustration ©TDF-Humanitaire
"Dispositifs jeunes"<br />
Commerce équitable<br />
<strong>Les</strong> jeunes s’engagent pour le commerce équitable<br />
Max Havelaar France est une association à but non<br />
lucratif qui délivre un label aux pro<strong>du</strong>its répondant<br />
aux standards internationaux <strong>du</strong> commerce équitable.<br />
Sa mission est de favoriser le développement<br />
des pays <strong>du</strong> Sud, en mettant en relation les coopératives<br />
de pro<strong>du</strong>cteurs au Sud avec les in<strong>du</strong>striels<br />
au Nord et en sensibilisant les Français aux enjeux <strong>du</strong><br />
commerce équitable. Elle fait partie d’une fédération<br />
internationale, FLO (FairTrade <strong>La</strong>belling Organizations),<br />
qui regroupe 20 associations dans le Monde.<br />
« Puisque nos achats ici changent leur vie là-bas »,<br />
les étudiants vont convaincre les consommateurs<br />
français dans les points de vente !<br />
<strong>Les</strong> étudiants sont de plus en plus nombreux à être<br />
sensibles au commerce équitable et désirent réaliser<br />
des actions concrètes avec l’association Max Havelaar<br />
France. C’est pour répondre à cet intérêt grandissant<br />
que le projet "Actions Commerciales Etudiantes avec<br />
l’association Max Havelaar" a été créé.<br />
Pour la deuxième année consécutive, l’association<br />
propose ce projet aux étudiants sur toute l’année<br />
scolaire 2006-07. L’objectif est de s’investir dans<br />
un projet complet pour la promotion des pro<strong>du</strong>its<br />
<strong>du</strong> commerce équitable labellisés Max Havelaar.<br />
<strong>Les</strong> actions proposées sont professionnalisantes<br />
et peuvent faire l’objet d’un projet tutoré ou d’un<br />
stage conventionné.<br />
En 2004, 86 % des jeunes de 15 à 24 ans ont déjà<br />
enten<strong>du</strong> parler <strong>du</strong> commerce équitable et 40 % d’entre eux<br />
ont déjà acheté des pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> commerce équitable…<br />
<strong>Les</strong> jeunes adhèrent au commerce équitable et souhaitent<br />
s’engager pour encourager son développement.<br />
Le commerce équitable permet une démarche d’é<strong>du</strong>cation<br />
et de solidarité pour les jeunes : en effet, l’achat de pro<strong>du</strong>its<br />
équitables permet de faire d’un geste quotidien de consommation<br />
un acte de solidarité.<br />
Faites connaître le commerce équitable :<br />
• Sensibilisez votre entourage : parlez <strong>du</strong> commerce<br />
équitable, de son impact au Sud, faites goûter les pro<strong>du</strong>its,<br />
organisez des projections vidéo, suscitez la discussion…<br />
• Organisez des actions de sensibilisation tout au long<br />
de l’année, notamment lors des temps-forts : Semaine<br />
de la Solidarité Internationale en novembre, Semaine<br />
Etudiante <strong>du</strong> Commerce Equitable en mars, Quinzaine<br />
<strong>du</strong> Commerce Equitable en mai. Ex : conférence-débat,<br />
stand d’information, dégustation…<br />
• Engagez-vous avec les groupes locaux ou des relais<br />
locaux de Max Havelaar France. Pour vous renseigner,<br />
vous pouvez les contacter directement. <strong>La</strong> liste de nos<br />
42 groupes locaux est disponible sur notre site, rubrique<br />
S’engager/Particulier.<br />
32 AVENTURE N°111<br />
Changez les pratiques :<br />
• Préférez les pro<strong>du</strong>its équitables dans les magasins<br />
où vous faites vos courses (les pro<strong>du</strong>its portant le label Max<br />
Havelaar sont facilement identifiables grâce au logo bleu et<br />
vert, garantissant le respect et le contrôle des standards<br />
internationaux <strong>du</strong> commerce équitable)<br />
• Aidez à l’intro<strong>du</strong>ction de pro<strong>du</strong>its équitables dans<br />
les lieux de restauration de votre université ou de votre<br />
école (distributeurs automatiques, cafétérias, resto U…)<br />
Si vous avez besoin d’un coup de main, n’hésitez pas à<br />
contacter l’association.<br />
• Consommez vous-mêmes équitable au sein de votre<br />
association, aussi bien pour les pro<strong>du</strong>its alimentaires que<br />
pour pro<strong>du</strong>its textiles (tee-shirts…). <strong>La</strong> liste des pro<strong>du</strong>its<br />
labellisés Max Havelaar est disponible sur le site, rubrique<br />
Ressources/Le plein d’infos<br />
• Participez à la promotion des pro<strong>du</strong>its équitables<br />
dans les magasins : le projet "Actions Commerciales<br />
Etudiantes avec le label Max Havelaar" propose aux<br />
étudiants de réaliser des actions de sensibilisation directement<br />
sur les lieux d’achat.<br />
• Changez les pratiques de consommation de votre<br />
entreprise, de votre mairie ou de votre région, par exemple<br />
en militant pour au moins un café équitable dans les distributeurs<br />
automatiques ou pour des jus de fruits équitables<br />
lors des cocktails. Dans le cadre professionnel, vous pourrez<br />
également relayer toutes ces démarches auprès de<br />
votre comité d’entreprise, de votre service de gestion…<br />
www.maxhavelaarfrance.org<br />
par Adeline Cœur<br />
Photo © Max Havelaar
Programme prioritaire, Envie d’Agir contribue à donner aux<br />
jeunes la place qui leur revient en tant qu’acteurs à part<br />
entière de la société, dans le développement <strong>du</strong> lien social,<br />
des échanges en faveur de la mobilité, <strong>du</strong> développement<br />
économique, politique et culturel de la jeunesse.<br />
Enjeu pour le présent et pour l’avenir, Envie d’Agir contribue<br />
à mettre en œuvre les politiques publiques en matière de<br />
jeunesse dans une optique de soutien et d’aide aux projets.<br />
Envie d’Agir soutient les jeunes de 11 à 30 ans qui souhaitent<br />
s’engager dans une action utile pour la collectivité ou décidés<br />
à prendre des initiatives pour réaliser des projets personnels,<br />
depuis le plus petit projet de solidarité proximité jusqu’à<br />
la création d’entreprise ou les actions de volontariat en<br />
France et à l’international.<br />
<strong>Les</strong> jeunes candidats reçoivent un accompagnement, alliant<br />
l’information, le conseil et l’expertise de spécialistes. Une<br />
aide financière, la reconnaissance et la promotion locale<br />
et nationale de leurs réalisations leur sont assurées.<br />
Un parcours qui se décline<br />
en trois dispositifs évolutifs :<br />
- Le Fonds Départemental d’Aide à l’Initiative des<br />
Jeunes (FDAIJ) représente le premier niveau <strong>du</strong> parcours<br />
Envie d’agir puisqu’il est destiné à soutenir un premier<br />
projet à finalité d’utilité sociale ou d’intérêt général. Le<br />
FDAIJ permet aux 11-30 ans de bénéficier d’une aide<br />
de 1 000 euros maximum.<br />
- Le Concours de l’Engagement permet dans le cadre<br />
d’une poursuite de projet à finalité d’utilité sociale ou<br />
d’intérêt général de bénéficier d’une aide qui peut aller<br />
jusqu’à 1 600 euros, toujours pour des 11-30 ans<br />
- Défi Jeunes peut se définir comme un défi pour soi, un<br />
défi pour l’autre, avec des critères d’utilité sociale et d’innovation<br />
pour des jeunes majeurs de 18 à 30 ans. <strong>La</strong> bourse<br />
attribuée par Défi Jeunes va de 1 600 à 8 500 euros.<br />
Le saviez-vous ?<br />
Envie d’Agir a permis le soutien direct ou indirect de<br />
42 000 jeunes en 2006. Près de 750 structures labélisées<br />
Point d’Appui Envie d’Agir constituent les bases d’un<br />
réseau de grande proximité destiné à assurer l’accueil,<br />
l’information et le premier accompagnement des porteurs<br />
de projets. Le réseau est constitué d’associations de<br />
jeunesse, de bureaux d’information jeunesse ou de collectivités<br />
territoriales.<br />
Une large typologie de projets<br />
<strong>Les</strong> projets des jeunes porteurs de projets d’Envie d’Agir<br />
et de leurs coéquipiers sont d’une grande variété<br />
puisqu’ils recouvrent des domaines aussi variés que<br />
la citoyenneté, la solidarité de proximité, la solidarité<br />
internationale, le volontariat, la création d’entreprise,<br />
la création culturelle, l’animation de proximité, la première<br />
création professionnelle…<br />
www.enviedagir.fr<br />
LES PARTENAIRES<br />
Le programme Envie d’Agir<br />
Depuis près de trois ans maintenant, la qualité <strong>du</strong> programme Envie d’Agir permet au ministère de la jeunesse,<br />
des sports et de la vie associative de récompenser le talent, le dynamisme, la créativité et l’engagement<br />
solidaire d’une jeunesse riche en projets.<br />
Pour plus de renseignements sur ce programme, vous pouvez aussi<br />
contacter votre Direction Départementale de la Jeunesse et des<br />
Sports : www.jeunesse-sports.gouv.fr<br />
Michaël Carré est un jeune ingénieur de 25 ans. Il a créé la société qui conçoit, développe et commercialise des outils<br />
d’aide à la décision pour des professionnels de santé, en particulier en direction des personnes âgées et des personnes<br />
handicapées. <strong>La</strong>uréat régional Envie d’Agir, son projet a été sélectionné et primé dans le cadre d’Envie d’Agir National.<br />
« Médialis a pour fonction de recenser et d’évaluer les technologies destinées à améliorer la communication, la sécurité et le confort<br />
des personnes âgées et handicapées. En totale neutralité par rapport aux in<strong>du</strong>striels, nous aidons les familles et les soignants à mieux<br />
choisir des pro<strong>du</strong>its comme une prothèse auditive, un fauteuil roulant ou un détecteur de chute. Nous sommes partenaires <strong>du</strong> CNRS,<br />
de l’APHP, de la Société Française de Gériatrie et d’Age Village et nous incitons à une éthique respectueuse des personnes en situation<br />
de dépendance, dans le cadre de la loi <strong>du</strong> 11 février 2005. Suite au décès de mon père à cause d’erreurs médicales, j’ai lancé ce projet<br />
avec un ami sensibilisé depuis toujours à la médecine et au handicap, afin d’accompagner au quotidien les professionnels <strong>du</strong> secteur<br />
médico-social. Ce projet nous enrichit considérablement à titre personnel et notre équipe jeune et dynamique croît rapidement. L’aide<br />
d’Envie d’agir va nous permettre de créer une première grille d’évaluation concernant des pro<strong>du</strong>its dédiés à la maladie d’Alzheimer,<br />
pour la prévention des fugues notamment ».<br />
par Michaël Carré<br />
MEDIALIS, Hauts-de-Seine (92)<br />
AVENTURE N°111 33
Illustration © S. de Soyres<br />
PROGRAMMES GUILDE<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> est un programme de la <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> dédié aux étudiants qui s’intéressent<br />
à la Solidarité Internationale et aux associations étudiantes engagées dans un projet ou une démarche solidaire.<br />
Des formations à la conception<br />
et à la réalisation de projets<br />
de Solidarité Internationale<br />
s’adressant aux étudiants,<br />
associations et organismes<br />
accompagnant les projets.<br />
L’organisation ou la participation<br />
à des temps forts qui sont<br />
l’expression d’une ambition collective<br />
pour plus de solidarité.<br />
34 AVENTURE N°111<br />
Un suivi personnalisé<br />
des projets associatifs<br />
pour<br />
faciliter et améliorer<br />
leur réalisation.<br />
L’animation d’un réseau<br />
d’adhérents et d’experts<br />
encourageant la rencontre<br />
et le partage d’expériences.<br />
Une offre globale :<br />
<strong>La</strong> valorisation et<br />
la professionnalisation<br />
des projets associatifs<br />
et étudiants<br />
de Solidarité Internationale.<br />
Des offres de stages en ONG<br />
déposées par nos partenaires<br />
afin de rapprocher le monde<br />
étudiant des structures<br />
professionnelles de développement.
Illustration © S. de Soyres<br />
PROGRAMMES GUILDE<br />
Deux événements pour 2007<br />
L’UNIVERSITÉ NOMADE<br />
Comprendre la solidarité à travers<br />
une expérience de terrain.<br />
Un parcours expérimental organisé par des experts<br />
de la Solidarité Internationale pour découvrir des projets<br />
de développement, rencontrer les porteurs de projets,<br />
appréhender les réalités <strong>du</strong> terrain autour de thématiques<br />
économiques, sociales, agricoles...<br />
avec des axes de travail tels<br />
que études des politiques de développement,<br />
approche interculturelle, rencontres des acteurs.<br />
En 2007, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> vous emmène à l’étranger,<br />
15 jours en septembre.<br />
40 places disponibles pour les étudiants<br />
et les jeunes professionnels.<br />
LES GRANDS PRIX<br />
SOLIDARITÉS ÉTUDIANTES<br />
Cet automne, une manifestation prestigieuse<br />
pour recompenser des initiatives de Solidarité<br />
Internationale menées par les étudiants.<br />
Prochainement sur www.la-guilde.org<br />
<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />
<strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />
11, rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />
Tel : 01 43 26 94 52<br />
reseau-etu@la-guilde.org<br />
www.la-guilde.org<br />
AVENTURE N°111 35
PROGRAMMES GUILDE<br />
Préambule<br />
Monter un projet de solidarité internationale, alors que le monde <strong>du</strong> développement se professionnalise, ne s’improvise<br />
pas. Pourtant, chaque année de nombreux jeunes partent sur le terrain avec en tête un projet plus ou moins construit,<br />
sans trop connaître les réalités auxquelles ils vont se confronter.<br />
Cette méconnaissance débouche parfois sur des projets dont les conséquences sont à l'opposé <strong>du</strong> but recherché. Parmi<br />
eux, ceux basés sur des collectes et pouvant déboucher sur des trafics (notamment les médicaments) ou une saturation<br />
en pro<strong>du</strong>its inadaptés, ou ceux basés sur des dons et qui, ne s'intégrant pas dans une structure adaptée, entraînent une<br />
déresponsabilisation de la population visée, sont particulièrement à proscrire. À cela s’ajoute le caractère instable et la<br />
grande volatilité <strong>du</strong> milieu étudiant, qui, s’ils ne sont pas suffisamment pris en compte, peuvent s’avérer être un véritable<br />
handicap pour un projet de solidarité internationale demandant parfois un engagement sur plusieurs années.<br />
Au sein de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, nous avons fait le choix d’accompagner les jeunes dans leur volonté de s’engager dans<br />
la solidarité internationale. Notre démarche est simple : conseils techniques et partage d’expériences.<br />
Il ne s’agit pas, au travers de cette charte, de vous fournir un guide méthodologique pour monter un projet, mais de vous<br />
inciter à réfléchir tout au long de la mise en place de votre action. En vous engageant à respecter la Charte des projets<br />
associatifs de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, vous acceptez de rentrer dans une logique de réflexion et de concertation, démarche<br />
de plus en plus reconnue comme un gage de qualité auprès des différents acteurs de solidarité internationale.<br />
Trois phases pour un projet<br />
1. Tout projet de développement doit commencer par une phase de conception. Elle est primordiale car elle a pour objet<br />
de comprendre le contexte local, identifier les besoins pour définir la thématique d’intervention au regard de la capacité<br />
de l’association à mener à bien le projet choisi. Cette phase se déroule lors d’une mission exploratoire (ou diagnostic), elle<br />
conditionne les phases suivantes et plus globalement le succès <strong>du</strong> projet.<br />
Trop souvent cette étape est négligée, voire omise, cependant elle mérite toute votre attention et l’implication de toute<br />
l’équipe.<br />
2. <strong>La</strong> mise en œuvre <strong>du</strong> projet suit directement la définition de la thématique d’intervention. Elle concerne la<br />
spécification de l’action à mettre en œuvre. Cette étape se fera en étroite collaboration avec le terrain puisqu’il s’agit de<br />
définir les objectifs, les moyens les plus appropriés à mettre en œuvre (compte tenu des données humaines, techniques<br />
et financières), la répartition des tâches et des responsabilités, le calendrier et le financement avec comme but premier la<br />
pérennisation <strong>du</strong> projet.<br />
3. Le suivi <strong>du</strong> projet intervient chronologiquement à la fin <strong>du</strong> processus, toutefois, pour être efficace, il sera préparé en<br />
amont. Cette démarche d’évaluation a pour objet de juger de la pertinence et de l’efficacité des actions mises en place.<br />
Elle pourra mener à un réajustement ou une réorientation des actions. <strong>Les</strong> porteurs de projet devront donc déterminer au<br />
préalable des indicateurs de suivi, pour réaliser au mieux cette auto-évaluation.<br />
Rencontrer, échanger, partager sont les leitmotivs autour desquels<br />
s’organise un projet, et ce toujours dans une optique de pertinence<br />
sur le terrain.<br />
36 AVENTURE N°111<br />
Charte des projets associatifs de
S'ouvrir pour mieux s'engager<br />
4. <strong>La</strong> prise de recul sur votre projet est essentielle. Elle doit<br />
déboucher sur une réflexion globale sur la teneur de<br />
votre engagement et de votre projet <strong>du</strong> point de vue<br />
géopolitique, éthique ou méthodologique.<br />
Pour plus d’efficacité, cette réflexion doit être menée en<br />
concertation avec d’autres associations et pourra aboutir au<br />
montage de projets groupés.<br />
5. Il arrive que soient montés dans un même lieu deux<br />
projets similaires, faute de renseignements préalables. Ces<br />
“doublons” représentent autant de fonds qui pourraient être<br />
utilisés autrement.<br />
Il se peut également qu’une tentative de projet similaire ait<br />
été menée sans succès. Il faut alors se renseigner sur les<br />
raisons possibles de l’échec et repenser son propre projet.<br />
En évitant de repro<strong>du</strong>ire ce qui a été fait, vous<br />
gagnerez d'autant en efficacité.<br />
6. L’ouverture aux témoignages et expériences de<br />
techniciens ou de spécialistes au Nord comme au Sud<br />
permet d’affiner ses connaissances dans un domaine<br />
d’action spécifique.<br />
Il vous faut multiplier les compétences, ce qui peut<br />
parfois vous amener à confier une partie de la réalisation <strong>du</strong><br />
projet à ceux qui sont les plus compétents pour le faire.<br />
Travailler ensemble<br />
Nord-Sud<br />
7. Un projet ne peut pas être élaboré unilatéralement au<br />
Nord. Associer la population locale à toutes les phases<br />
<strong>du</strong> projet est la garantie d’un projet réaliste, correspondant<br />
aux besoins exprimés.<br />
8. Avoir une bonne compréhension <strong>du</strong> milieu est<br />
indispensable. <strong>Les</strong> différents aspects de l’environnement<br />
doivent être systématiquement étudiés, car ils auront un<br />
impact sur l’action menée, qu’ils soient d’ordre<br />
géographiques, socio-économiques, politiques, culturels…<br />
9. Votre projet doit s'appuyer sur un partenaire qui peut<br />
être de nature différente (association locale, comité<br />
villageois, groupement de femmes…), mais toujours<br />
représentatif de la population locale.<br />
PROGRAMMES GUILDE<br />
Il sera le plus à même de le gérer en collaboration avec<br />
l’association <strong>du</strong> Nord et sera son interlocuteur privilégié.<br />
Le partenariat devra se faire sur le principe de la<br />
réciprocité et il conviendra de bien définir les<br />
responsabilités de chacun et de répartir les rôles.<br />
10. Savoir utiliser et faire appel aux compétences locales<br />
est important. Non seulement solliciter des spécialistes<br />
locaux est une garantie que les techniques utilisées seront<br />
en parfaite adéquation avec les conditions de vie sur place<br />
(climat, culture, tradition, matériaux disponibles sur place)<br />
mais, dans certain cas, c’est aussi un moyen de valoriser et<br />
de réhabiliter un savoir-faire local oublié au profit de<br />
techniques <strong>du</strong> Nord.<br />
Travailler ensemble<br />
Nord-Nord<br />
11. Savoir s’entourer au Nord est aussi important.<br />
L’objectif est de rechercher les compétences nécessaires au<br />
projet, mais que l’équipe ne possède pas. Il peut s’agir<br />
d’experts (hydrauliciens, médecins, architectes…), de<br />
professionnels d’ONGs et plus généralement les personnes<br />
présentant la spécialité recherchée.<br />
12. <strong>Les</strong> échanges entre ONGs sont très porteurs<br />
et permettent de mener au Sud des actions plus<br />
pertinentes et efficaces.<br />
Un projet ne peut tirer que des bénéfices d’une prise<br />
de connaissance des expériences et des savoir-faire<br />
d’autres ONGs qui œuvrent dans les mêmes domaines et/ou<br />
dans la même région.<br />
13. <strong>Les</strong> réseaux associatifs existants peuvent aussi<br />
assurer un rôle de “conseil” auprès des nouveaux projets.<br />
Tout en permettant à leurs membres de se réunir et<br />
de bénéficier mutuellement de leurs expériences, de leurs<br />
contacts, de leurs réflexions… ils proposent souvent<br />
des cycles de formations, adaptés aux besoins de<br />
leurs adhérents.<br />
Ils sont également très souvent propices à la création<br />
de synergies et au rapprochement d’associations pour<br />
mener des projets en commun. Ce sont des lieux où votre<br />
projet étudiant pourra s'enrichir efficacement.<br />
AVENTURE N°111 37
Illustration © <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> - D.R. PROGRAMMES GUILDE<br />
38 AVENTURE N°111
Madagascar, août 2006, une équipe<br />
de 10 bénévoles <strong>du</strong> programme<br />
des Missions de la <strong>Guilde</strong>, a vécu<br />
comme plus de 300 autres dans<br />
25 autres pays, une expérience<br />
unique de rencontre, riche en<br />
émotions et en solidarité.<br />
Partir un mois pour nous, Français,<br />
dans un pays dît pauvre et de surcroît<br />
dans des conditions de vie si différentes<br />
de notre confort habituel est un<br />
chalenge ambitieux. Au-delà d’une<br />
motivation réelle, la nécessité <strong>du</strong> don<br />
de soi paraît indispensable. L’arrivée<br />
est un véritable choc. Nous prenons en<br />
pleine figure la misère de Madagascar,<br />
l’Ile Rouge si prisée pour son soleil et<br />
la beauté de ses plages, et nous réalisons<br />
difficilement que le cœur de la<br />
mission est ici, à Antananarivo. Une île<br />
aux milles saveurs nous accueille,<br />
aux milles contradictions aussi…<br />
Nous découvrons très rapidement<br />
notre quartier, un bidon ville malgache<br />
comme nous en croiserons d’autres<br />
lors de notre séjour, malheureusement.<br />
Nous sommes très chaleureusement<br />
accueillis par le partenaire local, en<br />
charge de la paroisse, lieu social<br />
par excellence. Nous rencontrons enfin<br />
les enfants, pour qui nous préparons<br />
cette mission depuis plusieurs mois avec<br />
l’aide et l’encadrement de la <strong>Guilde</strong>.<br />
Dire que ces enfants sont pauvres<br />
est une erreur. Ils sont si riches,<br />
d’une richesse de cœur, ils dégagent<br />
une joie de vivre jamais vue nulle part.<br />
Cette richesse tra<strong>du</strong>ite par de grands<br />
sourires sur leurs petits visages<br />
témoigne d’un culte profond de ce<br />
peuple pour une apparence joyeuse<br />
constante. L’étranger est accueilli<br />
comme un proche, les « bonjour ! »<br />
dans la rue fusent constamment<br />
pour les "vahazas" (étrangers) que<br />
nous sommes.<br />
Des journées bien remplies pendant<br />
cette mission... Et des soirées occupées<br />
à l’organisation des activités<br />
<strong>du</strong> lendemain. Activités type peinture<br />
et jeux de plein air alliant ludique<br />
et créativité, des activités type sensibilisation<br />
à l’hygiène et échange en<br />
français alliant apprentissage et<br />
ouverture culturelle…<br />
Nous imaginions, avant de les rencontrer<br />
que ne disposant pas de jouets,<br />
ces enfants inventaient des amusements<br />
sur la base de la récupération<br />
d’objets. Mais ces comportements<br />
sont en réalité peu fréquents et au<br />
contraire, ils ne jouent presque pas :<br />
ils sont souvent assis en groupe, discutent<br />
un peu et observent des pierres<br />
ou autres objets qui sont par terre,<br />
à la portée de leurs mains.<br />
En leur permettant de s’exercer à des<br />
activités relevant des arts plastiques et<br />
<strong>du</strong> sport, nous avons certainement pu<br />
– certes pendant une courte <strong>du</strong>rée –<br />
susciter en eux un peu de créativité,<br />
nécessaire à la stimulation intellectuelle<br />
et à l’épanouissement personnel.<br />
Il est frappant que certains enfants<br />
aient développé de plus en plus de<br />
vitalité <strong>du</strong>rant ce laps de temps, ce qui<br />
PROGRAMMES GUILDE<br />
MADAGASCAR : au cœur de la pauvreté<br />
Vivre une aventure utile auprès des plus démunis<br />
montre tout le bénéfice d’une attention<br />
portée aux enfants en vue de les inciter<br />
à l’action ludique et au développement<br />
de leur imagination. Nous avons<br />
pu voir les plus jeunes s'éveiller au fil<br />
des semaines et devenir de plus en<br />
plus vifs et à l'aise en notre présence.<br />
Grâce à notre statut français, notre<br />
action auprès des enfants avait aussi<br />
un intérêt d’échange culturel. Nous<br />
avons apporté à ces enfants un peu de<br />
notre culture par nos jeux, nos chansons,<br />
nos animations et notre langue !<br />
Et ce sont surtout eux et les partenaires<br />
qui nous ont appris beaucoup<br />
par leur accueil, leur manière de vivre,<br />
leur humilité et leurs savoir-faire !<br />
Cette mission a eu un aspect positif pour<br />
nous et pour les é<strong>du</strong>cateurs qui s'occupent<br />
des enfants toute l'année sans<br />
vacances. L'arrivée des bénévoles de la<br />
<strong>Guilde</strong> leur permet d'être soutenus.<br />
De plus, par notre position de tiers, les<br />
bénévoles de la <strong>Guilde</strong> peuvent interagir<br />
dans l'organisation et la répartition des<br />
responsabilités dans l'institution. Cela<br />
peut peut-être permettre un meilleur<br />
fonctionnement. Par exemple, nous<br />
avons veillé à ce que les é<strong>du</strong>cateurs<br />
aient accès au cahier des enfants toute<br />
l'année, afin d’y notifier leurs évolutions<br />
et remarques.<br />
Nous repartons de cette mission tous<br />
très heureux, et époustouflés par tout<br />
ce que nous avons vécu. Une expérience<br />
unique au service des autres que<br />
chacun devrait vivre au moins une fois !<br />
par l’équipe Aïna<br />
Madagascar Août 2006<br />
AVENTURE N°111 39<br />
Photos © Équipe Aïna 2006
Illsutration © www.dessinemoilebonheur.com<br />
AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />
Parce qu’il existe d’autres façons de coopérer…<br />
<strong>La</strong> solidarité c’est d’abord une rencontre, un échange. Dans les projets dépeints dans cette revue, cette relation naît<br />
souvent dans le cadre d’un projet voulu "solidaire". Mais au hasard d’une rencontre "hors contexte", au cours<br />
d’une aventure, d’un défi personnel, on peut prendre conscience de l’importance <strong>du</strong> partage et de l’engagement. <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong><br />
<strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> est connue pour faire un pont entre les mondes de l’aventure et de la solidarité internationale,<br />
c’est pourquoi nous avons tenu à publier les trois articles qui suivent, illustrant la naissance non provoquée <strong>du</strong> sentiment<br />
de solidarité.<br />
En route vers le bonheur…<br />
A la rencontre des auteurs sud-américains de bandes dessinées.<br />
Pauline Bignon et Franck Cedolin,<br />
étudiants en école de commerce<br />
partagent la passion <strong>du</strong> vélo et de<br />
la BD. Cela leur a suffit pour<br />
monter leur projet. Il prenait tout<br />
d'abord la forme d'un défi personnel<br />
(tour de l'Amérique <strong>La</strong>tine en<br />
vélo pendant 6 mois) mais au<br />
cours de leur réflexion, la dimension<br />
formatrice, culturelle et de<br />
partage a pris de plus en plus<br />
d'importance... Ils vous font profiter<br />
d’ailleurs de leurs conseils et<br />
tuyaux pour vos projets à venir.<br />
« Préparer un projet étudiant, c’est<br />
se lancer dans une aventure passionnante…<br />
et ô combien formatrice ! »<br />
Notre projet, baptisé "Dessine moi le<br />
bonheur…", consiste en une traversée<br />
de l’Amérique <strong>du</strong> Sud à vélo de 6 mois,<br />
à la rencontre des dessinateurs de<br />
bande dessinée sud-américains. Le but<br />
<strong>du</strong> projet : réaliser un recueil de bande<br />
dessinée sur le thème <strong>du</strong> bonheur,<br />
mêlant le travail des auteurs sudaméricains<br />
rencontrés et celui de<br />
grands auteurs français. L’ouvrage, qui<br />
prendra la forme d’un recueil de<br />
nouvelles de bande dessinée, permettra<br />
ainsi de confronter les différentes<br />
visions des auteurs, selon un esprit<br />
que nous souhaitons à la fois authentique<br />
et original.<br />
40 AVENTURE N°111<br />
A travers ce projet, nous nous sommes<br />
ren<strong>du</strong>s compte de la portée professionnalisante<br />
d’une telle expérience.<br />
Au-delà <strong>du</strong> plaisir de concrétiser une<br />
envie personnelle, ce type d’initiative<br />
se révèle particulièrement enrichissante.<br />
A la base, nous voulions simplement<br />
réunir nos différentes passions (la BD,<br />
le voyage, le vélo) dans une même<br />
aventure. A partir de cette simple idée,<br />
nous nous sommes efforcés de faire<br />
émerger une base solide (en se fixant<br />
les grandes idées, la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> projet,<br />
un premier budget,…). Peu à peu, l’en-<br />
semble a pris forme, presque naturellement,<br />
au fil <strong>du</strong> temps et des<br />
rencontres. Savoir rebondir tout en<br />
gardant l’idée directrice <strong>du</strong> projet, cela<br />
constitue selon nous une des clés pour<br />
bien se lancer dans un projet.<br />
Ensuite - et ce fut là une grande partie<br />
<strong>du</strong> travail -, nous avons dû nous lancer<br />
dans la course aux financements… une<br />
véritable jungle au premier abord !<br />
Après, tout dépend de l’ambition <strong>du</strong><br />
projet, des finances personnelles, de<br />
ses relations,… Mais sans argent, pas<br />
de projet !<br />
Photo © Dessine moi le bonheur
Illsutrations © Alain Bignon<br />
De notre expérience, nous avons tiré<br />
quelques idées que nous voulions<br />
partager avec ceux qui se lancent dans<br />
un projet comme le notre.<br />
Avant tout, c’est inévitable, il a fallu<br />
monter un dossier complet : après<br />
l’avoir fait parvenir par mail à de<br />
grandes multinationales, nous avons<br />
réalisé qu’une demande de partenariat<br />
un peu générale envoyée par mail se<br />
solde toujours par un refus général.<br />
Nous nous sommes donc efforcés de<br />
bien cibler nos partenaires, en leur<br />
proposant des retours concrets,<br />
susceptibles de les intéresser, et<br />
en nous creusant la tête pour trouver<br />
ce que nous pouvions leur apporter à<br />
travers le projet. C’est ainsi que la<br />
boutique en ligne de matériel de cyclotourisme,<br />
www.cyclo-randonnee.fr est<br />
devenue notre principal partenaire<br />
technique pour l’aventure…<br />
Pour ce qui est de la recherche de<br />
sponsors, nous nous sommes en outre<br />
ren<strong>du</strong>s compte qu’il est préférable,<br />
de façon générale, de privilégier le<br />
contact "humain" : se déplacer, téléphoner,<br />
s’avère toujours plus convaincant<br />
et plus vivant qu’un simple mail.<br />
Dans ce sens, il ne faut pas hésiter à<br />
communiquer autour de soi pour se faire<br />
aider. <strong>Les</strong> partenaires locaux se sentent<br />
souvent davantage concernés par votre<br />
projet, en tout cas beaucoup plus que<br />
ceux de dimension plus nationale.<br />
De plus, les organismes comme la<br />
<strong>Guilde</strong> sont toujours prêts à vous aider.<br />
Depuis le début, la <strong>Guilde</strong> a toujours<br />
été disponible pour nous conseiller efficacement.<br />
Passez donc les voir !<br />
Pour ce qui est de la mise en valeur <strong>du</strong><br />
projet, la création d’un site Internet<br />
s’avère presque indispensable : notre<br />
site www.dessinemoilebonheur.com a<br />
donné un vrai coup de pouce à l’avan-<br />
cée des évènements, en rendant le<br />
projet plus crédible, et surtout plus<br />
visible. Bien plus, cela nous a forcés à<br />
nous plonger dans les abîmes de l’outil<br />
informatique, qui était encore un peu<br />
obscur pour nous ! <strong>La</strong> construction <strong>du</strong><br />
site nous a donc pris <strong>du</strong> temps, mais<br />
avec le recul, cela en valait la peine.<br />
Si notre projet "Dessine moi le<br />
bonheur…" était à la base un défi<br />
personnel, il a pris désormais une<br />
toute autre dimension. En effet, en<br />
faisant participer des auteurs de BD<br />
issus de pays de niveaux de développement<br />
différents, nous souhaitons<br />
aller à la rencontre de jeunes artistes<br />
pouvant avoir une réflexion sur le<br />
bonheur différente de la notre. Leur<br />
donner la parole, c’est également leur<br />
donner l’opportunité de faire connaître<br />
leurs talents méconnus en France ;<br />
c’est aussi contribuer à nourrir une<br />
AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />
collaboration, au moins artistique<br />
entre nos deux continents et voir<br />
naître des réflexions différentes (ou<br />
non ?) sur un thème universel.<br />
Si le projet est encore loin d’être achevé,<br />
il est bel est bien lancé… Or le plus<br />
important est sans doute l’étincelle <strong>du</strong><br />
début car cette envie, aussi floue soit<br />
elle, va mûrir au fil des rencontres et<br />
des événements.<br />
Ensuite tout le travail fourni pour une<br />
telle aventure ne coûte pas, il comble<br />
même, et se révèle des plus formateurs<br />
! Alors pourquoi hésiter ?<br />
par Pauline Bignon<br />
et Frank Cedolin<br />
www.dessinemoilebonheur.com<br />
AVENTURE N°111 41<br />
Illustration © Dessine moi le bonheur
Photo © M.-H. Trancart<br />
AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />
Rencontre au sommet<br />
Marc-Henri Trancart nous emmène<br />
au coeur des Alpes, à l’occasion<br />
d’une marche en solitaire. Il n’est<br />
pas toujours nécessaire de partir<br />
loin pour "faire des rencontres",<br />
en voici un témoignage.<br />
« Ces gueules cassées, ce sont aussi<br />
tes frères… », me dit Pierre, un SDF,<br />
la cinquantaine, dans un sourire où<br />
subsistent trois dents. L’homme<br />
m’avoue confus qu’il est "sur la route"<br />
depuis des mois, des mois qui sont des<br />
années… Je vais partager ce soir le<br />
bivouac avec lui. Singulière rencontre,<br />
fruit <strong>du</strong> hasard ou <strong>du</strong> destin ?<br />
Cela fait plusieurs jours que je me suis<br />
élancé dans une traversée des Alpes<br />
françaises. <strong>Les</strong> rencontres qui ponctuent<br />
ma marche m’offrent souvent<br />
le couvert, parfois le gîte. Je suis<br />
agréablement surpris qu’ici en France,<br />
le sens de l’hospitalité n’ait pas<br />
disparu. J’ai déjà beaucoup reçu et<br />
maintenant, je vais devoir donner.<br />
Devoir ? Comme si cette obligation me<br />
rebute. Si je marche, c’est pour moi.<br />
42 AVENTURE N°111<br />
Sans hypocrisie, j’ai voulu cette traversée<br />
pour me faire plaisir, et c’est tant<br />
mieux si on m’accueille.<br />
Pierre scrute mon sac à dos et mon<br />
équipement dernier cri, offert par le<br />
sponsor Millet. Naïvement, il me<br />
demande depuis combien de temps<br />
je suis, moi aussi, sur la route. Il pense<br />
que nous sommes embarqués sur la<br />
même galère. Je repousse cette<br />
idée, je me différencie de lui. « Je suis<br />
un vagabond si tu veux, mais pas<br />
un clochard », pensais-je. Pierre sort<br />
de son vieux sac tout rafistolé<br />
"quelques mets de choix" : une<br />
tranche de jambon dérisoire et un pot<br />
de Nescafé à moitié vide. Dans mon<br />
sac à dos, victuailles en abondance<br />
m’attendent secrètement. Car j’ai<br />
faim, la marche m’a épuisé. Toute<br />
cette bonne nourriture achetée à<br />
l’épicerie en vue d’un festin dont je me<br />
réjouissais, doit-elle être bêtement<br />
divisée en deux ? Quand la faim<br />
tenaille l’homme, point de solidarité<br />
avec son voisin. Seulement, si j’ai le<br />
ventre creux, c’est que je l’ai voulu.<br />
Pierre, c’est différent. On croit toujours<br />
qu’un misérable en est là parce qu’il ne<br />
s’est pas battu. Pas si sûr… <strong>La</strong> soirée<br />
se prolonge, Pierre me conte sa vie,<br />
sa chute et son plus grand regret : ne<br />
pas avoir su donner un jour, un<br />
"ptit’ quelque chose de bonheur" à<br />
quelqu’un. En fait, il se sent inutile.<br />
<strong>Les</strong> heures s’étirent, j’ai depuis<br />
longtemps partagé mon repas. Au fil<br />
de ses mots, se défilent mes provisions.<br />
Qu’importe ! J’écoute un homme<br />
qui sans le savoir, m’apporte<br />
beaucoup. Je le lui dis. Sa "gueule<br />
cassée" se réjouit, instant figé dans<br />
ma mémoire. Je l’avais jugé par<br />
son aspect, à la manière d’une haute<br />
montagne, où le brut campe la désolation,<br />
l’impossibilité d’une vie. En<br />
observant différemment, on découvre<br />
un détail, un ru ou une plante<br />
rabougrie, signe qu’il existe un autre<br />
regard. Un petit rien peut alors devenir<br />
extraordinaire dans ce paysage minéral,<br />
qui finit par le mettre en valeur. Un<br />
peu comme cette "gueule cassée",<br />
belle malgré les affres de la vie, redonnant<br />
un nouveau sens à ma marche.<br />
par Marc-Henri Trancart
AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />
Des rustines contre la routine<br />
L’Eurasie en long, en large et en galères<br />
C’est au cours des années, des<br />
rencontres qu’elles amènent et<br />
des épreuves qu’elles nous font<br />
traverser, que le goût <strong>du</strong> voyage<br />
s’est attisé chez Alexandre Garros<br />
et Nicolas Lepoutre.<br />
Montpellier, France, Suède, Croatie,<br />
Hollande, Belgique, Chine, par le biais<br />
de stages d’études puis en trouvant <strong>du</strong><br />
travail, ils commencèrent ainsi à aller<br />
à l’encontre de leurs semblables et<br />
des terres qu’ils habitent, découvrant<br />
le monde, apprenant ses différences,<br />
et appréciant de plus en plus les vrais<br />
valeurs de la vie.<br />
De fil en aiguilles, tailler sa voie sur les<br />
routes <strong>du</strong> globe est devenu plus qu’une<br />
envie, et ce besoin de s’enrichir au gré<br />
des jeux <strong>du</strong> hasard les pousse aujourd’hui<br />
à se rapprocher encore plus de<br />
leur nature humaine.<br />
Résidant actuellement en Australie,<br />
ils s’apprêtent maintenant à rejoindre<br />
leur pays natal armé de leurs vélos,<br />
de leur tente et de leurs muscles<br />
"made in Kronenbourg" : paysages<br />
irréels, cultures envoûtantes, rencontres<br />
inopportunes, chaleurs et sueurs<br />
froides vont désormais les faire vivre<br />
pendant plus d’un an !<br />
A notre âge, beaucoup de jeunes<br />
se posent les questions suivantes :<br />
qui suis-je ? Où vais-je ? Quel est mon<br />
but dans ce monde impitoyable qui<br />
m’entoure ? Bref un besoin énorme<br />
d’apprendre à se connaître, de se<br />
retrouver dans des situations qui nous<br />
construisent afin d’acquérir cette<br />
maturité qui nous permettra de<br />
marcher d’un pas serein dans la vie !<br />
Ce projet est l’aboutissement d’un<br />
besoin personnel et d’une soif de<br />
découverte que nous avions dû mettre<br />
en mode veille <strong>du</strong>rant nos années<br />
Photos © www.rustines-vs-routine.fr<br />
d’études et nos premières années<br />
d’expérience. Et un beau matin, nous<br />
nous sommes ren<strong>du</strong>s compte que<br />
c’était maintenant ou jamais et que si<br />
nous voulions réaliser ce rêve, et bien<br />
nous devions agir, laissant de côté<br />
carrière, famille et amis.<br />
Bien sûr nous ne verrons qu’une infime<br />
partie de ce que recèle le monde, mais<br />
cela suffira (<strong>du</strong> moins pendant un<br />
certain temps) à combler notre passion<br />
commune <strong>du</strong> voyage et des rencontres<br />
et qui plus est, cela nous permettra de<br />
rabâcher nos aventures à nos petits<br />
enfants <strong>du</strong>rant les longues soirées<br />
d’hiver au coin <strong>du</strong> feu...<br />
Quoi que l’on puisse dire, on voyage<br />
d’abord pour soi même, pour découvrir<br />
des contrées lointaines autrement que<br />
par le biais de la TV. Cependant<br />
la démarche aurait moins de sens si<br />
nous nous limitions à voir, et c’est<br />
pourquoi nous souhaitons raconter<br />
et partager au maximum cette expérience<br />
avec les personnes que nous<br />
rencontrerons sur notre chemin et<br />
avec ceux que nous laisserons en<br />
France, et ceci quotidiennement<br />
à travers un site web, puis au travers<br />
de conférences, d’expositions, etc,<br />
à notre retour…<br />
L’itineraire<br />
Le choix <strong>du</strong> sens de l’itinéraire, à<br />
savoir d’Est en Ouest, a été dicté par<br />
les paramètres suivants :<br />
• Notre localisation les mois précédants<br />
le départ,<br />
• Trouver une logique entre nos dates<br />
de voyage et les climats de chaque<br />
pays,<br />
• Avoir des conditions de voyages<br />
simplifiées au départ pour la mise en<br />
route, et à l’arrivée, les difficultés<br />
majeures étant d’ores et déjà passées,<br />
• Faciliter les démarches administratives<br />
(9 derniers pays sans visas),<br />
• Relativiser notre frustration dans<br />
le cas d’un événement indésiré,<br />
• Avoir la motivation de rejoindre notre<br />
« home sweet home ».<br />
Le choix des pays a été conditionné par<br />
notre souhait à découvrir des zones :<br />
• qui nous tiennent à cœur,<br />
• peu connues <strong>du</strong> grand public,<br />
• ayant parfois une image déformée<br />
par les médias, afin de pouvoir se faire<br />
notre propre idée une fois sur place,<br />
• où la notion de partage n’est pas<br />
encore en voie d’extinction…<br />
Mais également conditionné par la<br />
situation géopolitique actuelle,<br />
certaines frontières étant fermées<br />
Cependant, cet itinéraire est une prévision<br />
et en aucun cas une obligation,<br />
donc si une région nous attire ou si des<br />
rencontres nous poussent à rester, cela<br />
se fera de manière naturelle (et vice et<br />
versa)… si nos visas le tolèrent…<br />
par Alexandre Garros<br />
et Nicolas Lepoutre<br />
www.rustines-vs-routine.fr<br />
AVENTURE N°111 43
Illustration © S. <strong>La</strong>ndel<br />
PÔLE VOYAGES<br />
Un programme de la <strong>Guilde</strong><br />
Qui ?<br />
S’adresse à toute association ou personne,<br />
adhérante à la <strong>Guilde</strong>, partant effectuer<br />
une mission de solidarité internationale.<br />
Quoi ?<br />
Soutien au départ en mission à l’étranger<br />
par la mise en place d’un service de réservation<br />
de billets d’avion. Il offre des avantages<br />
non négligeables et adaptés à la situation<br />
<strong>du</strong> bénévole ou <strong>du</strong> volontaire.<br />
Un service aérien<br />
destiné aux associations et personnes<br />
engagées dans<br />
la solidarité internationale.<br />
Contact : Pôle Voyages<br />
<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />
11, rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />
Tél. : 01 43 26 97 52<br />
voyages@la-guilde.org<br />
www.la-guilde.org<br />
Bulletin d’abonnement<br />
à retourner à : la <strong>Guilde</strong> - 11 rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />
(règlement par chèque à l’ordre de la <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong>)<br />
Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Adresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Code Postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />
S’abonne à la revue Aventure (6 numéros) 19 euros (tarif normal)<br />
14 euros (tarif adhérent)<br />
23 euros (tarif étranger)<br />
Comment ?<br />
- Être adhérent à la <strong>Guilde</strong>.<br />
- Demandez-nous un devis en transmettant<br />
votre projet et vos coordonnées complètes<br />
à notre Pôle Voyages.<br />
Joint son règlement de ............. euros à l’ordre de la <strong>Guilde</strong>. Date : .............<br />
<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> – 11 rue de Vaugirard 75006 Paris – Tél. : 01 43 26 97 52 / Fax : 01 46 34 75 45 – aventure@la-guilde.org