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Les bourses Solidarités Étudiantes - La Guilde Européenne du Raid

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N° 111 - Janv.-Fév. 2007 - 3 euros<br />

SOLIDARITÉS ÉTUDIANTES


Janv.-Fév. 2007 N° 111<br />

Directeur de la Publication :<br />

Patrick Edel<br />

Rédacteurs en chef :<br />

Aurélie Marchais<br />

Hervé Manaud<br />

Avec la participation de :<br />

Slim Ben Youssef, Didier Lecomte, Stéphane<br />

Martin, Hélène Pineau, Béatrice de Montleau,<br />

Jessica Guibert, Vincent Midler, Claire Fellous,<br />

Mathieu Mellul, Maxime Robin, Fabien Simoni,<br />

Alexandre Machillot, Guillaume Rezeau,<br />

Amandine Lebreton, Bernard Jouan, Chantal<br />

Aubert-Fourmy, Valérie Paillas, Benjamin<br />

Pavageau, Marie Perroudon, Adeline Coeur,<br />

Virginie Lequien, Sabine de Soyres, Pauline<br />

Bignon, Franck Cedolin, Marc-Henri Trancart.<br />

Administration, rédaction,<br />

abonnements, publicité :<br />

<strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />

11 rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />

Tél. : 01-43-26-97-52<br />

Fax : 01-46-34-75-45<br />

www.la-guilde.org<br />

Abonnements :<br />

6 numéros 19 euros<br />

Seuls les articles signés ès-qualité par les<br />

membres de la <strong>Guilde</strong> engagent l'association.<br />

Tous droits de repro<strong>du</strong>ction réservés.<br />

N° CPPAP :0207G83995<br />

N° ISSN : 0154-1676<br />

Mise en pages : www.pacopao.info<br />

Imprimerie : JOUVE<br />

18 rue Saint-Denis,<br />

B.P. 2734,<br />

75027 Paris Cedex 01<br />

2 S’ENGAGER<br />

SOMMAIRE<br />

• Stages en ONG<br />

• Seyes, mode éthique<br />

• Terre Nourricière<br />

• Le développement <strong>du</strong>rable<br />

• Le volontariat de solidarité internationale<br />

12 LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

12 Associations membres<br />

• Mélange de compétence<br />

• Partenariat et accompagnement<br />

• L’association IDEAL<br />

• Tourisme solidaire<br />

• Séance Nomade<br />

• Mission exploratoire<br />

• L’ANEMF<br />

24 Témoignage indivi<strong>du</strong>el<br />

• Un parcours fait d’opportunités<br />

25 Zoom sur les <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong><br />

<strong>Étudiantes</strong><br />

• <strong>Les</strong> <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

• Stages agro écologique au Mali<br />

• Un espoir pour l’avenir ?<br />

28 LES PARTENAIRES<br />

28 Professionnels de la solidarité<br />

• L’humanitaire fait rêver<br />

• Partir en connaissance de cause<br />

• Un nouveau Master à l’IRCOM<br />

• Tour de France Bioforce<br />

32 Dispositifs jeunes<br />

• Commerce équitable<br />

• Le programme Envie d’Agir<br />

34 PROGRAMMES GUILDE<br />

• Présentation <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

• Charte des projets associatifs de<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

• Partir en mission<br />

• Madagascar : au cœur de la pauvreté<br />

40 AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />

• En route vers le bonheur...<br />

• Rencontre au sommet<br />

• Des rustines contre la routine<br />

Photo de couverture :<br />

© Kristell Torchu<br />

www.terrenourricière.org<br />

ÉDITORIAL<br />

Solidaires dans l’action !<br />

« On ne peut pas, sous prétexte qu'il est impossible de tout<br />

faire en un jour, ne rien faire <strong>du</strong> tout ».<br />

Cette phrase de l’Abbé Pierre illustre bien l’état d’esprit<br />

des nombreux jeunes qui souhaitent s’engager, être utiles,<br />

aider, ou partir pour rencontrer tout simplement.<br />

Tel est le rêve de plus en plus de jeunes étudiants qui veulent,<br />

non pas changer le monde ou révolutionner la planète,<br />

mais humblement apporter une pierre à l’édifice de<br />

la solidarité internationale.<br />

Nous avons rencontré ces étudiants qui, avant Noël, à l’occasion<br />

d’une opération papiers cadeaux, prennent d’assaut<br />

les caisses des grandes surfaces, organisent des soirées,<br />

distribuent des cartes de vœux ou des calendriers, afin<br />

d’obtenir un soutien pour leur projet de solidarité internationale.<br />

Toutes ces démarches réalisées entre partiels, fins de<br />

semaines et examens, mobilisent les jeunes tout au long<br />

de l’année. Certains sont créatifs et trouvent de nombreuses<br />

astuces pour pouvoir boucler leur budget, pour partir monter<br />

un projet.<br />

Partir est le leitmotiv de tous ces étudiants. Partir, certes,<br />

mais pas n’importe comment, un minimum de préparation<br />

s’impose !<br />

Monter un projet, c’est avant tout être inventif et faire preuve<br />

d’initiative mais c’est aussi, prendre le temps de s’informer,<br />

de se former, de s’interroger, pour mieux rêver de cette<br />

aventure qui commence.<br />

De plus en plus de formations existent, plus ou moins<br />

cohérentes entre l’offre qu’elles proposent et la réalité professionnelle.<br />

Concevoir un projet ou travailler dans la solidarité<br />

internationale ne s’improvise pas. Il faut associer une bonne<br />

dose d’audace, permettant de croire que l’on pourra mener<br />

à bien ses impératifs personnels, avec tous les éléments<br />

qui sont à prendre en ligne de compte.<br />

Ce numéro spécial présente différentes formes d’engagement,<br />

qu’elles soient professionnelles ou estudiantines. Il vous<br />

permettra d’aborder différentes manières d’être un acteur<br />

de la solidarité, ici ou là-bas.<br />

Existe-t-il encore, ce temps où l’on prenait son sac à dos<br />

pour partir vivre une aventure solidaire, tenter de joindre<br />

l’utile à l’agréable ? On nous pose souvent cette question.<br />

Mais de quelles aventures sommes-nous en train de parler ?<br />

Celle de la rencontre et de la découverte à travers des formations<br />

"outils", celle de l’échange à travers "l’appui et<br />

le conseil", ou bien encore celle de la découverte et de<br />

l’apprentissage dans le cadre de "l’Université Nomade",<br />

une université pas comme les autres. Ces interrogations<br />

ont-elles encore leur raison d’être, à la lecture de ce numéro<br />

spécial <strong>Solidarités</strong> Etudiantes ?<br />

Hervé Manaud


Photo © S. Ben Youssef<br />

S’ENGAGER<br />

<strong>Les</strong> différentes façons de s’engager professionnellement<br />

dans la solidarité.<br />

Il n'y a pas un chemin déjà tracé et qu'il suffirait de suivre pour s'engager dans la solidarité.<br />

C'est à chacun de trouver sa voie, de créer ses opportunités...<br />

Inutile de vous répéter des chiffres maintes fois enten<strong>du</strong>s ; inutile d'effrayer les potentiels candidats aux postes de développement<br />

et de solidarité... mais force est de constater que vous êtes de plus en plus à chercher un emploi dans le domaine<br />

de la solidarité. Des filières universitaires et des écoles spécialisées dans la formation aux métiers <strong>du</strong> développement se multiplient<br />

chaque année. On en compte plus d'une centaine aujourd'hui contre une quinzaine il y a moins de 5 ans. En parallèle,<br />

les postes en ONG ne fleurissent pas !<br />

Loin de nous l'idée de vous en dissuader. Au contraire, ce dossier vous éclairera sur les différentes façons possibles de s'investir<br />

dans ce domaine. Il s'agit bien d'étudier les différents parcours professionnels possibles, car c'est aujourd'hui ce qui manque<br />

le plus aux jeunes : de la visibilité sur les voies dans lesquelles ils peuvent trouver un emploi solidaire.<br />

Le dossier qui suit rassemble plusieurs témoignages de personnes exerçant des métiers "solidaires". Ils nous parlent de leur<br />

parcours en espérant pouvoir vous inspirer. Une règle générale est à retenir : patience, persévérance, originalité sont de rigueur<br />

pour réussir à trouver la voie qui nous correspond le mieux.<br />

Stages en ONG<br />

Mettre ses compétences au service de ses convictions pour une carrière réussie.<br />

Zoom sur Slim, lauréat d'une bourse<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> en 2006 pour<br />

son stage d'assainissement des<br />

eaux dans un village en Inde.<br />

Ses convictions et ses compétences<br />

lui ont permis de faire une première<br />

expérience en tant que stagiaire au<br />

sein d'une ONG locale. Aujourd'hui,<br />

il est salarié d'une ONG canadienne<br />

en tant que formateur sur des<br />

projets d'approvisionnement en<br />

eau de pluie...<br />

2 AVENTURE N°111<br />

Cela fait environ deux mois que je suis<br />

de retour en France, bien au chaud<br />

dans mon cocon familial et loin de tout<br />

problème d’approvisionnement en eau.<br />

Pourtant, je pense souvent à ce village<br />

<strong>du</strong> Sud de l’Inde où j’ai travaillé sur un<br />

projet de développement rural.<br />

C’est dans le cadre de mon Projet de<br />

Fin d’Etudes d’ingénieur que j’ai réalisé<br />

ce stage de six mois chez TERI, organisation<br />

indienne de recherche et<br />

d’étude à but non lucratif. Mon travail<br />

« Quel que soit la filière dans laquelle on s'est engagé<br />

au départ, on peut toujours faire le choix de contribuer,<br />

en tant que volontaires ou porteurs de projets à ré<strong>du</strong>ire<br />

les inégalités Nord-Sud »<br />

sur place a consisté pour l’essentiel<br />

à <strong>du</strong> dimensionnement de systèmes<br />

de récupération d’eaux pluviales. Au<br />

final, trois réservoirs sur une école et la<br />

mairie assureront l'approvisionnement<br />

en eau des élèves et des villageois.<br />

Des projets comme celui-là, il en<br />

existe des milliers en Afrique, en Asie<br />

et en Amérique Centrale et <strong>du</strong> Sud.<br />

Parce qu’aucune société ne peut se<br />

développer sans disposer d’une eau<br />

propre et d’un assainissement hygiénique,<br />

il est, à mon avis, essentiel<br />

de s’investir pour assurer ces besoins<br />

vitaux à ceux qui en sont privés.<br />

D’autant plus que l’atteinte des Objectifs<br />

de Développement <strong>du</strong> Millénaire<br />

dépend prioritairement de la satisfaction<br />

de ces deux objectifs.<br />

<strong>La</strong> curiosité, l’envie de vivre cette<br />

expérience et le besoin de faire don de<br />

moi pour une cause que j’estime noble<br />

sont les principales raisons qui m’ont<br />

poussé à me lancer dans ce projet en<br />

Inde. Au cours <strong>du</strong> stage, j’ai apprécié<br />

le fait de sentir l’utilité de mon travail.<br />

J’ai contribué localement à ré<strong>du</strong>ire une<br />

inégalité certaine. J’ai également<br />

apprécié le contact avec les villageois<br />

et l’attention qu’ils apportent lorsqu’ils<br />

comprennent que vous faites partie<br />

de ceux qui sont là pour leur rendre la<br />

vie moins pénible.<br />

Après cette expérience, j’ai envie de<br />

dire que nous ne sommes vraiment<br />

pas à plaindre sur le Vieux continent.<br />

Seul un esprit cynique pourrait affirmer


que tout va pour le mieux dans<br />

le meilleur des mondes. En effet,<br />

le travail ne manque pas dans le<br />

domaine de l’humanitaire vu l’état<br />

critique de certaines régions <strong>du</strong><br />

monde, (même si l'embauche dans<br />

ce secteur n'est pas évidente). En<br />

revanche, les moyens, les projets<br />

et les hommes font toujours défaut et<br />

c’est là que nous avons tous un rôle<br />

à jouer. Il suffit de s’en donner les<br />

moyens. Nous vivons dans un monde où<br />

les gens crèvent de faim mais avouonsle,<br />

nous sommes plus préoccupés par<br />

notre propre plaisir. Chacun pensera ce<br />

qu’il voudra mais nous avons une<br />

responsabilité vis-à-vis de cela.<br />

Ma volonté de m’investir pour le Tiersmonde<br />

s’est renforcée au cours de<br />

ce voyage. Je viens d’ailleurs de trouver<br />

mon premier emploi dans une ONG<br />

canadienne basée à Calgary. Cette<br />

organisation fait <strong>du</strong> transfert de technologies<br />

dans une quarantaine de<br />

pays. Mon nouveau poste consiste<br />

à préparer des formations sur l’approvisionnement<br />

en eau de pluie, puis<br />

à aller les enseigner sur le terrain à<br />

des ONG locales, à des communautés<br />

ou autres institutions. Ce métier est<br />

riche de divers aspects : présence<br />

sur le terrain, pédagogie de l’enseignement,<br />

caractère plus <strong>du</strong>rable.<br />

J’espère m’y plaire…<br />

Pour rendre ce monde plus juste, il<br />

est possible de faire quelque chose :<br />

en observant tout d'abord un comportement<br />

citoyen et responsable mais<br />

aussi et surtout en développant de<br />

vrais projets. L’argent nécessaire<br />

est là, il ne manque que la volonté<br />

politique et l’élan de solidarité qu’il<br />

appartient à chacun d’entre nous<br />

de fournir. Quel que soit le niveau<br />

de formation ou la filière dans laquelle<br />

on s’est engagé au départ, on peut<br />

toujours faire le choix de contribuer<br />

en tant que volontaires ou porteurs<br />

de projets à ré<strong>du</strong>ire les inégalités<br />

Nord-Sud.<br />

par Slim Ben Youssef<br />

Stagiaire lauréat 2006, des <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

désormais salarié en ONG.<br />

S’ENGAGER<br />

Témoignage <strong>du</strong> corps enseignant sur l'engagement des étudiants<br />

Dans l'article précédent, Slim met en avant la responsabilité de chacun dans<br />

l'accroissement des inégalités Nord-Sud. Il tient en effet à chacun de s'investir<br />

pour une cause à laquelle on croit. <strong>Les</strong> contraintes sont pourtant parfois lourdes<br />

et le découragement est malheureusement courant. Mais force est de constater<br />

que nous sommes de plus en plus encouragés dans nos initiatives personnelles,<br />

comme en témoigne la parution <strong>du</strong> livre d'Elizabeth <strong>La</strong>ville : Un métier pour la<br />

planète... et surtout pour moi. <strong>La</strong> mise en place des congés de solidarité<br />

internationale est concrètement un moyen efficace d'offrir l'opportunité aux<br />

salariés de s'ouvrir à des horizons plus solidaires.<br />

C’est d’autant plus vrai dans l’univers étudiant. L'article écrit par Didier Lecomte,<br />

professeur de Slim à l'école des Mines d'Albi, témoigne de l'encouragement<br />

général des établissements universitaires vers un engagement professionnel plus<br />

réfléchi. Inspiré par la démarche de son élève, il nous livre ses pensées<br />

sur l'importance de la considération de ses valeurs et de son éthique, en plus<br />

de ses compétences techniques dans le choix de sa carrière.<br />

« Notre école privilégie les parcours personnels. Chaque étudiant a un référent<br />

pendant sa scolarité avec qui il peut discuter de ses projets, de son orientation<br />

professionnelle. Il bénéficie également d’une formation à la recherche d’emploi à<br />

la fin de la dernière année. Surtout, il apprend à se connaître à travers ce que<br />

nous appelons le carré d’atout. Je pense que c’est réellement un avantage pour<br />

eux de pouvoir situer leur personnalité, de savoir ce qu’ils ont envie et ce qu’ils<br />

sont capables de faire.<br />

Slim est un étudiant relativement atypique. Une minorité d'étudiants de l'école<br />

a pour objectif de mettre en pratique leurs convictions politiques et éthiques,<br />

notamment dans leur choix de stage ou de projets. Mais seulement une poignée<br />

d'entre eux pousse la logique aussi loin que Slim, en fuyant le confort des<br />

grosses sociétés pour mettre leurs compétences au profit des plus démunis.<br />

Aujourd’hui, à l’école des mines d’Albi, les options éco-in<strong>du</strong>stries et génie<br />

énergétique sont des options très prisées car elles abordent les thématiques <strong>du</strong><br />

développement <strong>du</strong>rable. Nous, enseignants, avons beaucoup d’efforts à faire<br />

pour que toutes les disciplines de l’ingénieur portent cette empreinte. Ainsi nous<br />

verrons sûrement des ingénieurs plus "responsables" dans toutes les branches<br />

de la science et de la technique. »<br />

par D. Lecomte<br />

Professeur EMAC<br />

AVENTURE N°111 3<br />

Photo © S. Ben Youssef


Illustration © Seyes Pullover<br />

S’ENGAGER<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> a interviewé<br />

Stéphane Martin, co-fondateur de<br />

Seyes Pullover, entreprise responsable,<br />

pionnière de la mode éthique<br />

française. Ce jeune entrepreneur<br />

nous raconte son parcours et nous<br />

explique son choix de s'être lancé<br />

dans l'aventure solidaire <strong>du</strong> côté<br />

"entreprise".<br />

S.E. : Parlez-nous de votre parcours<br />

et votre engagement dans le domaine<br />

de la solidarité et <strong>du</strong> développement<br />

? Etiez-vous prédestiné à<br />

ce milieu ?<br />

S.M. : J’ai la chance d’être issu d’une<br />

classe moyenne et d’avoir eu des<br />

parents avec assez de ressources<br />

financières pour me permettre de<br />

bénéficier d’un enseignement "supérieur".<br />

Ce sont eux qui m’ont donné<br />

l’opportunité de pouvoir "muscler mon<br />

cerveau" et d’acquérir des armes pour<br />

ma vie professionnelle. Je leur en<br />

suis d’ailleurs énormément redevable<br />

car aujourd’hui il est bien difficile<br />

d’avancer sans avoir une tête bien plei-<br />

4 AVENTURE N°111<br />

Mode éthique<br />

Être son propre patron d’une entreprise responsable<br />

ne. J’ai donc, après un bac ES, intégré<br />

en 1996 une école de commerce qui<br />

m’a permis de mieux appréhender<br />

les mécanismes <strong>du</strong> monde socioéconomique.<br />

Cet apprentissage théorique<br />

m’est aujourd’hui d’une grande<br />

utilité pour gérer le quotidien commercial<br />

et stratégique de SEYES Pullover.<br />

J’ai ensuite mis beaucoup de temps<br />

(3 ans) pour trouver ma voie car<br />

il était hors de question pour moi de<br />

suivre le chemin de ces grands cadres<br />

à 300 KE et roulant en berline ! Cette<br />

longue période de questionnement et<br />

d’introspection a abouti sur le projet<br />

SEYES Pullover, une entreprise en<br />

cohérence avec mon cœur et répondant<br />

à mes convictions.<br />

Prédestiné à ce milieu ? Je ne sais pas.<br />

Je dirais tout simplement que la volonté<br />

de "changer le monde" et d’avoir un<br />

rôle à jouer m’a toujours habité.<br />

Comme on dit : on est ce qu’on fait et<br />

on fait ce qu’on est !<br />

S.E. : Pourquoi avoir fait le choix de<br />

monter votre propre entreprise ?<br />

Pourquoi une entreprise responsable<br />

? Pourquoi une entreprise<br />

plutôt qu'une association ?<br />

S.M. : Aujourd’hui, le fait d’être mon<br />

propre patron offre un confort moral et<br />

psychologique immense. Je vais au<br />

boulot pour voir mon meilleur ami<br />

(mon associé Hervé Guétin avec qui<br />

nous faisons vivre SEYES Pullover).<br />

Pas obligé de voir des gens que je<br />

n’aime pas ! Je suis sûr que beaucoup<br />

de français salariés m’envieraient cette<br />

position. Liberté des horaires, pas<br />

de comptes à rendre… ! Même si la<br />

charge de travail est largement supérieure<br />

à 35 heures.<br />

L’idée de créer une entreprise "responsable"<br />

nous est venue tout naturellement.<br />

En effet, une énorme partie de<br />

nos problèmes (inégalités, exploitation,<br />

pollution… la liste est longue) est<br />

<strong>du</strong>e au fait que nos entreprises n’ont<br />

qu’une raison d’être : maximiser le<br />

chiffre d’affaires. Ces dernières, parce<br />

qu’elles ne sont pas respectueuses et<br />

responsables, engendrent le mal-être<br />

de nos populations. Normal donc de<br />

changer la donne par la pédagogie<br />

de l’exemple : montrer que l’on peut<br />

être économiquement viable tout<br />

en respectant les Hommes et l’environnement.<br />

Changer le monde à notre<br />

échelle, se poser les bonnes questions,


entreprendre intelligemment constituent<br />

la raison d’être de SEYES Pullover.<br />

Faire de beaux et bons pro<strong>du</strong>its.<br />

Et il était important pour nous de<br />

montrer que c’est aussi le rôle<br />

<strong>du</strong> secteur privé de s’engager pour<br />

changer les choses. Il existe pléthore<br />

d’associations qui militent et qui accomplissent<br />

leur mission de solidarité. Elles<br />

prônent des modes de fonctionnement,<br />

des valeurs et c’est aux "entreprisescitoyens"<br />

de les appliquer. Selon moi,<br />

associations et entreprises doivent<br />

avancer dans le même sens et leurs<br />

"démarches-activités" sont largement<br />

complémentaires ; elles ne s’opposent<br />

pas. Et puis ce n’est pas le statut juridique<br />

d’une structure marqué sur un<br />

bout de papier qui fait sa citoyenneté et<br />

construit ses valeurs. Ce sont les<br />

hommes qui la portent !<br />

S.E. : Avez-vous été accompagné<br />

dans votre démarche ?<br />

S.M. : Hervé et moi avons toujours<br />

voulu rester indépendants, que ce soit<br />

au niveau financier ou moral. Pour<br />

créer l’entreprise de nos rêves nous<br />

n’allions tout de même pas demander<br />

ce qu’on devait faire ! Nous avons donc<br />

tout réfléchi par nous mêmes, effectué<br />

nos choix et fait nos compromis. Cela<br />

dit, la richesse intellectuelle de<br />

nombreux partenaires (journalistes,<br />

écrivains, associations…) nous a beaucoup<br />

aidé dans nos choix.<br />

S.E. : Quel enseignement en tirezvous<br />

? (difficultés, satisfaction,<br />

bilan, projets...) tant sur le plan<br />

professionnel qu'humain ?<br />

S.M. : J’en retire aujourd’hui beaucoup<br />

de fierté. Quand je lis dans les yeux de<br />

mes parents : « je suis fier de toi mon<br />

fils », je vous garantis que cela vous<br />

donne des ailes. Le confort moral et<br />

la liberté dont je parlais précédemment<br />

sont aussi une réelle satisfaction.<br />

Et enfin, quand je sors <strong>du</strong> lit le matin,<br />

le sentiment de servir à quelque chose,<br />

se sentir "utile" et faire avancer le<br />

"schmilblik", c’est vraiment gratifiant.<br />

J’ai également tellement appris au<br />

niveau professionnel (relation client,<br />

développement commercial, technique<br />

<strong>du</strong> textile, création des outils de<br />

communication…). Je pense avoir<br />

vraiment démultiplié ma "valeur sur<br />

le marché <strong>du</strong> travail" !<br />

Mais bien sûr tout n’est pas rose. Il<br />

faut être prêt à en vouloir, à affronter<br />

les tempêtes, à assumer les coups<br />

<strong>du</strong>rs, savoir rebondir. Je dirais à celles<br />

et ceux qui veulent entreprendre que<br />

la principale qualité pour mener à bien<br />

sa barque est l’adaptabilité. Il faut<br />

toujours réagir au quart de tour et ce<br />

n’est pas toujours évident de mettre<br />

ses "coups de blues" de côté. C’est<br />

d’ailleurs beaucoup mieux de se lancer<br />

avec quelqu’un pour pouvoir partager<br />

tout ça. Le bon comme le mauvais.<br />

Seul, c’est moins évident.<br />

S.E. : Pourquoi la mode éthique<br />

plutôt qu'un autre secteur ?<br />

S.M. : Nous avons choisi la mode car<br />

derrière le rêve que projette cette<br />

in<strong>du</strong>strie se cachent en fait énormément<br />

de points noirs : des gamins qui<br />

cousent nos jeans pour un dollar la<br />

journée, des agriculteurs de coton<br />

dont les poumons sont bourrés de<br />

pesticides chimiques (20 000 décès<br />

par an selon l’OMS !), des teintures<br />

cancérigènes dangereuses pour la<br />

santé… <strong>La</strong> marge de progrès de ce<br />

secteur est énorme ! Et puis pouvoir<br />

mettre un vrai message derrière une<br />

marque. Just do it ? Oui mais quoi ?<br />

Et bien nous, on fait de l’écologie et<br />

<strong>du</strong> social : coton biologique issu <strong>du</strong><br />

commerce équitable en Inde, respect<br />

des règles de l’OIT sur l’intégralité de la<br />

chaîne de pro<strong>du</strong>ction (liberté syndicale,<br />

pas de travail d’enfant ni de travail<br />

forcé…), teintures écologiques certifiées,<br />

partenariat avec des entreprises<br />

françaises... Pas seulement une optimisation<br />

de notre valeur boursière !<br />

S.E. : <strong>Les</strong> jeunes intéressés par la<br />

solidarité internationale sont<br />

souvent motivés par le fait de<br />

partir. Pourquoi vous êtes vous<br />

engagés ici plutôt que là-bas ?<br />

S.M. : Ceci regarde chacune et<br />

chacun. En ce qui me concerne, mon<br />

équilibre personnel dépend beaucoup<br />

de la proximité de mes proches. Mes<br />

amis et ma famille occupent une place<br />

primordiale dans ma vie perso.<br />

Et puis comme dit l’adage : « il faut<br />

d’abord balayer devant sa porte ».<br />

Enormément de choses sont à faire<br />

dans ce beau pays qu’est la France<br />

en terme d’emplois notamment<br />

(20 000 chômeurs chaque année dans<br />

le textile ! Une vraie peau de chagrin).<br />

D’ailleurs cela m’énerve beaucoup<br />

S’ENGAGER<br />

d’entendre mes compatriotes critiquer<br />

si vivement le pays. Tout n’est pas<br />

parfait mais nous avons la chance<br />

d’avoir la sécu, des savoir-faire mondialement<br />

reconnus, un patrimoine<br />

historique et culturel de tout premier<br />

ordre… Sachons en profiter et améliorer<br />

la donne. Il n’en tient qu’à nous.<br />

Des actes valent mieux que de vives<br />

critiques.<br />

S.E. : De plus en plus de jeunes<br />

rêvent de s'investir professionnellement<br />

en accord avec leurs<br />

valeurs et convictions. Et créer<br />

leur boîte pour être leur propre<br />

patron. Cela demande courage et<br />

détermination. Avez-vous un<br />

message ou des conseils à faire<br />

passer à ces jeunes?<br />

S.M. : Vivez, sentez, regardez, écoutez,<br />

posez-vous les bonnes questions,<br />

soyez créatifs et enthousiastes au lieu<br />

d’être moroses et sans envie, réfléchissez<br />

par vous mêmes au lieu<br />

d’appliquer des schémas préétablis…<br />

Notre existence ne consiste pas<br />

seulement à avoir un pavillon et un<br />

labrador ! Il faut lui donner <strong>du</strong> sens.<br />

Et surtout n’oubliez pas que l’on a<br />

20 ans qu’une fois dans une vie et que<br />

ce n’est pas à 50 ans que vous vous<br />

lancerez. <strong>La</strong> jeunesse est une carte<br />

qu’il faut jouer tant qu’il en est temps.<br />

Et puis la vie, ce n’est qu’une succession<br />

de réussites et d’échecs, cela ne<br />

vous tuera pas. Pas comme une soirée<br />

trop arrosée qui se termine dans un<br />

mur. <strong>La</strong> peur, voilà notre pire ennemi !<br />

Alors courage.<br />

www.seyes.fr<br />

AVENTURE N°111 5<br />

Photo © Seyes Pullover


S’ENGAGER<br />

Terre Nourricière<br />

Success story d’une jeune ONG<br />

L’association Terre Nourricière<br />

suit son bonhomme de chemin,<br />

semé d’embûches et de belles<br />

surprises, depuis maintenant<br />

presque deux ans.<br />

Resituons un peu son histoire !<br />

Le travail réalisé en 2005 par ses deux<br />

fondatrices Kristell et Hélène, résultait<br />

d’une étude sur l’alimentation des<br />

jeunes enfants et d’un reportage de<br />

5 mois en Côte d’Ivoire l’année précédente.<br />

De ces premiers pas dans le<br />

monde de l’alimentation dans les pays<br />

en développement, est né l’objectif<br />

autour <strong>du</strong>quel sont maintenant réunis<br />

quelques 60 adhérents (parmi lesquels<br />

membres bienfaiteurs et membres<br />

actifs, voir très actifs !) : valoriser les<br />

actions des organismes impliqués dans<br />

les pays en développement pour<br />

améliorer <strong>du</strong>rablement les conditions<br />

nutritionnelles des populations.<br />

Au cœur <strong>du</strong> fonctionnement de l’association,<br />

deux axes de travail se sont<br />

définis : Des outils de communication<br />

pour la promotion des ONG<br />

et associations sont pro<strong>du</strong>its, en<br />

France, à la suite des reportages de<br />

terrain. En parallèle, les connaissances<br />

acquises par ces expériences sont<br />

restituées à travers une campagne<br />

de sensibilisation auprès <strong>du</strong> tout public<br />

et des universitaires (cours, conférences,<br />

expositions photographiques),<br />

ainsi qu’en direction des plus jeunes<br />

(contes, ateliers ludiques, goûters<br />

exotiques dans les écoles primaires<br />

et les collèges).<br />

Fin 2005, l’épopée Terre Nourricière se<br />

poursuit au Mali. Une grande quantité<br />

de photographies, interviews et prises<br />

de son voit le jour à travers des<br />

reportages pour plusieurs structures<br />

de solidarité internationale. En 2006,<br />

un séjour en Tunisie et un nouveau<br />

passage de quelques semaines au<br />

Mali permettent de rassembler de<br />

nombreuses séquences vidéo.<br />

6 AVENTURE N°111<br />

Il est temps de consolider<br />

les fondations !<br />

L’association prenant petit à petit<br />

une tournure plus "professionnelle", la<br />

définition d’une nouvelle charte<br />

graphique devient essentielle. Mariano,<br />

jeune designer (www.mwerneck.com),<br />

propose ses services pour cette grande<br />

aventure ! Redéfinir les couleurs et les<br />

polices à utiliser, remettre en question<br />

le logo tant apprécié… accepter de<br />

changer n’est pas toujours très simple,<br />

cela demande des heures de discussions.<br />

Quant à l’image que Terre<br />

Nourricière veut véhiculer, cela oblige<br />

à y réfléchir pour de vrai. Entre<br />

couleurs et ambiance chaleureuse<br />

reflétant les pays évoqués, le jeune<br />

public à sensibiliser en France et la<br />

clarté d’une agence pour une<br />

"prestation de services" à des organismes…<br />

il faut prendre le risque<br />

"d’évoluer" !<br />

De cette charte graphique et de la définition<br />

plus claire <strong>du</strong> fonctionnement<br />

de l’association, est née la nouvelle<br />

version plus évolutive <strong>du</strong> site internet<br />

www.terrenourriciere.org, sur laquelle<br />

travail activement Patrice, informaticien,<br />

et webmaster en devenir.<br />

De nouvelles compétences,<br />

au service d’un objectif précis,<br />

mais vaste<br />

dans sa mise en œuvre.<br />

Certaines compétences professionnelles<br />

sont apparues au sein de<br />

l’association grâce à l’investissement<br />

ponctuel des membres actifs. Ricardo<br />

prête main forte sur la comptabilité,<br />

Catherine et Cendrine apportent leurs<br />

conseils sur l’é<strong>du</strong>cation à l’environnement,<br />

Pierre met à profit ses talents<br />

de cartographe, Alice réalise des petits<br />

films de promotion.<br />

D’autres techniques ont été acquises<br />

par de nouvelles formations, notamment<br />

en retouche de photo numérique<br />

et en vidéo.<br />

« L'aventure commence l'été 2005 au Mali. Hélène Pineau, nutritionniste,<br />

et Kristell Trochu, photographe, parcourent le pays pendant trois mois.<br />

Trois mois de découverte <strong>du</strong> terrain, de travail auprès des ONG et de<br />

rencontres avec la population. »<br />

Photo © Terre Nourricière<br />

Outils de promotion<br />

pour les ONG<br />

<strong>Les</strong> reportages au Mali ont donné lieu<br />

à la réalisation de divers supports<br />

de communication "made in Terre<br />

Nourricière" ! L’AIVM (Association Ille<br />

et Vilaine / Mopti) bénéficie maintenant<br />

d’une plaquette de promotion<br />

évoquant tous les axes de développements<br />

mis en œuvre. Deux films<br />

photographiques d’une vingtaine de<br />

minutes ont aussi été créés pour<br />

cette coopération décentralisée. Dans<br />

une dynamique alliant enchaînements<br />

de photographies, interviews des<br />

acteurs <strong>du</strong> terrain, musique africaine<br />

et textes explicatifs en voix off,<br />

ces montages sont un point de départ<br />

pour animer une soirée. Ils sont aussi<br />

présentés aux bailleurs de fond de<br />

la structure, ainsi qu’aux enseignants<br />

et aux élèves participants ou désirant<br />

découvrir les jumelages scolaires entre<br />

les deux pays.<br />

Une autre plaquette de promotion<br />

retrace les activités de l’association<br />

Koloni, également impliquée dans la<br />

région de Mopti. Pour l’association<br />

Mayi Mava (www.mayimava.com),<br />

un petit film d’environ 5 minutes a été<br />

monté au cours de l’été, avec ses<br />

propres images tournées elles aussi à<br />

travers le Mali. Un "docu-fiction" de<br />

26 minutes est en cours de réalisation<br />

pour la coopération entre les villes<br />

de Vienne et Roman-sur-Isère, et la<br />

ville d’el Jem en Tunisie.<br />

Bien d’autres supports de communication<br />

restent à faire à partir des reportages<br />

réalisés. Encore beaucoup de<br />

travail en perspective !


<strong>La</strong> fac, les lycées,<br />

les écoles primaires,<br />

le grand public,<br />

tous sur un thème !<br />

Le début de l’année 2006 a permis<br />

à Terre Nourricière d’allier une exposition<br />

photo et une conférence sur<br />

le thème "améliorer l’alimentation,<br />

diverses manières d’agir" et plusieurs<br />

activités de sensibilisation auprès des<br />

scolaires.<br />

Des cours dans la licence de nutrition<br />

humaine de l’université des sciences<br />

de Montpellier, en partenariat avec<br />

l’Institut de Recherche pour le<br />

Développement, ont fait découvrir<br />

à ses étudiants les problématiques<br />

des pays en développement.<br />

Loin des cours de cuisine française,<br />

les élèves <strong>du</strong> lycée hôtelier ont ouvert<br />

grands les yeux sur les diaporamas<br />

et les activités de découverte sur<br />

l’alimentation et l’agriculture africaine.<br />

Enfin les petits de l’école Jules Simon<br />

de Montpellier, ont appris que les<br />

arachides poussent comme des radis,<br />

à travers un conte sur la journée<br />

d’un enfant ivoirien !<br />

Des nouveaux outils<br />

pédagogiques…<br />

pour mieux comprendre !<br />

Gwladys, stagiaire Terre Nourricière<br />

pendant 5 mois, a su manier tout<br />

le matériel de l’association, pour créer<br />

un nouvel outil pédagogique (Cf. encadré).<br />

Sylvain, s’est occupé de la valorisation<br />

dans la communication visuelle<br />

de cet outil.<br />

Tout ceci est accompagné d’une exposition<br />

pédagogique, fruit d’une collaboration<br />

entre plusieurs membres actifs,<br />

dont Charlotte, animatrice pédagogique<br />

<strong>du</strong> museum d’agropolis. Florence,<br />

professeur de biologie en collège,<br />

et détachée <strong>du</strong> rectorat au GRAINE<br />

pour l’é<strong>du</strong>cation au développement<br />

<strong>du</strong>rable, a mis à profit ses compétences<br />

en pédagogie pour suivre la<br />

réalisation de ces outils.<br />

Un journal,<br />

pour vous raconter ceci,<br />

et vous faire découvrir cela !<br />

Ah tous ces reporters-écrivains qui se<br />

découvrent ! Plusieurs membres de<br />

Terre Nourricière sont actuellement<br />

dans des pays en développement,<br />

d’autres y ont été, ils se réunissent<br />

dans ce journal autour de l’écriture des<br />

articles qui transmettent leurs études<br />

de terrain, leurs connaissances. Julie,<br />

journaliste passionnée par son travail,<br />

pilote ce projet à nos côtés. Gaël gère<br />

habillement la mise en forme de<br />

ce journal pour ajouter à notre plaisir<br />

de le lire !<br />

S’ENGAGER<br />

Et maintenant, place à une nouvelle<br />

année! Vivement que l’on découvre<br />

toutes les surprises que nous réserve<br />

2007 !<br />

par Hélène Pineau<br />

Co-fondatrice de Terre Nourricière<br />

www.terrenourricière.org<br />

Nourrir le désir de comprendre, cultiver la réflexion sur l’alimentation et les<br />

pays en développement… L’outil pédagogique "Alimentez votre réflexion"<br />

est là pour sensibiliser les acteurs <strong>du</strong> monde de demain !<br />

Spécialement conçu pour compléter le programme scolaire des élèves<br />

de seconde dans la partie "nourrir les hommes", il est aussi adaptable<br />

aux autres classes.<br />

Trois mo<strong>du</strong>les de deux heures pour découvrir la santé au cœur <strong>du</strong> développement<br />

<strong>du</strong>rable.<br />

- <strong>La</strong> faim dans le monde.<br />

- Nourrir les hommes grâce à l’aménagement des espaces agricoles.<br />

- Alimentation ici et là-bas, la diététique au service de la santé.<br />

Diaporamas, ateliers, quiz, débats et réflexion s’accompagnent de témoignages<br />

d’expériences de vie en Afrique des intervenants.<br />

Une exposition pédagogique de huit panneaux (60 x 90) est proposée<br />

aux établissements pour compléter l’approche de cette thématique.<br />

AVENTURE N°111 7<br />

Photo © Terre Nourricière


S’ENGAGER<br />

Le développement <strong>du</strong>rable<br />

Une tendance, mais surtout une opportunité.<br />

Le développement <strong>du</strong>rable a le vent en poupe ! Que ce<br />

soit dans les discours des politiques, dans les communications<br />

marketing des entreprises et même dans<br />

les débats entre amis, le développement <strong>du</strong>rable s'est<br />

infiltré partout. A tel point que l'effet mode rebute<br />

certains qui ne le voient que comme une tendance<br />

qui passera... Peut-être et alors ?<br />

Malheureusement sans que toutes les promesses et belles<br />

paroles soient tenues, l'action doit être un tant soit<br />

peu adapté au discours. Des secteurs d'activité émergeront<br />

de plus en plus, certaines compétences (ingénieurs,<br />

architectes, nutritionnistes,...) voient les opportunités<br />

se multiplier de mettre leur savoir-faire au profit de projets<br />

de développement. <strong>Les</strong> écoles et universités s'y mettent<br />

Il est également possible de<br />

travailler de façon solidaire en<br />

entreprise. Voici l'exemple de la<br />

banque ABN AMRO France à<br />

travers le témoignage de la<br />

directrice <strong>du</strong> Développement<br />

Durable et sa stagiaire.<br />

Dans les établissements financiers,<br />

l’engagement solidaire fait partie <strong>du</strong><br />

dispositif de Développement Durable.<br />

En effet, la définition retenue est large :<br />

« répondre aux besoins des générations<br />

actuelles sans compromettre la<br />

capacité des générations futures de<br />

répondre aux leurs. »<br />

L'expression "développement <strong>du</strong>rable"<br />

qualifie donc, pour chaque acteur<br />

concerné, un développement respectant<br />

simultanément les trois critères<br />

d'efficacité économique, d'équité<br />

sociale et de prudence écologique.<br />

Quel est, dans le dispositif global<br />

à mettre en place, le rôle des institutions<br />

bancaires ? De manière générale,<br />

le rôle des banques est de stimuler et<br />

supporter l’économie, donc de financer<br />

des projets indivi<strong>du</strong>els et collectifs<br />

quels qu’ils soient : constructions<br />

d’infrastructures, de logements,<br />

d’usines et unités de pro<strong>du</strong>ction,<br />

de communautés humaines professionnelles,<br />

financement de projets<br />

dans des pays en voie de développe-<br />

8 AVENTURE N°111<br />

ment, etc. On peut donc observer que<br />

les banques sont consubstantiellement<br />

au centre de l’activité humaine, dans<br />

ce qu’elle a de plus profond et<br />

de plus <strong>du</strong>rable.<br />

Il appartient ainsi aux banques de<br />

privilégier la mise en place de projets<br />

"<strong>du</strong>rables" et de prouver qu’il est<br />

possible que la collectivité, au sens<br />

le plus large, trouve son compte dans<br />

la création de valeurs. Il est d’ailleurs<br />

intéressant de constater que cette<br />

création de valeurs ne revêt rien<br />

d’autre que les aspects traditionnels de<br />

projets bancaires : pour exemples,<br />

l’émission d’actions "vertes" ; le financement<br />

de projets caractérisés comme<br />

protecteurs de l’environnement et<br />

<strong>du</strong> social ; l’élaboration de pro<strong>du</strong>its<br />

d’investissement socialement responsables<br />

répondant à une demande<br />

des clients ; une offre de pro<strong>du</strong>its<br />

pour tout type de "client", y compris<br />

en micro-finance. Il s’agit donc moins<br />

d’une nouvelle économie révolutionnaire<br />

que d’une réorientation progressive<br />

mais prégnante de l’intervention<br />

des forces financières vers le développement<br />

d’activités et de pro<strong>du</strong>its utiles<br />

pour tous.<br />

En imposant de nouvelles contraintes<br />

à leurs clients, certaines banques ont<br />

considéré qu’elles ne pouvaient le faire<br />

sans donner l’exemple. C’est notam-<br />

aussi, adaptant leur enseignement à plus de prise<br />

de conscience et encourageant la prise de responsabilité<br />

(ou <strong>du</strong> moins, de conscience) dans ce domaine.<br />

S'investir dans un emploi qui a <strong>du</strong> sens n'est pas le monopole<br />

des missions proposées par les ONGs. Il est diverses<br />

façons de s'investir professionnellement et utilement dans<br />

la solidarité et le développement <strong>du</strong>rable peut en être une.<br />

<strong>Les</strong> articles qui suivent vous montrent les témoignages<br />

d’une directrice <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable d’un grand<br />

groupe (« encore des discours » me direz-vous !) mais également<br />

d’une stagiaire qui ont choisi de s'investir dans cette<br />

voie et qui aujourd'hui sont engagés au long terme dans des<br />

emplois responsables et liés à des projets de développement<br />

et de solidarité internationale.<br />

S’engager dans le solidaire est possible<br />

Même au sein d’une banque<br />

ment le cas <strong>du</strong> Groupe bancaire ABN<br />

AMRO qui vit le développement<br />

<strong>du</strong>rable au quotidien : gestion des<br />

locaux dans le respect de l’environne-<br />

Photo © ABN AMRO


Photo © ABN AMRO<br />

ment ; intégration des critères de développement<br />

<strong>du</strong>rable dans son activité<br />

professionnelle (financements et placements)<br />

et investissement de ses salariés<br />

dans la société qui les entoure.<br />

En ce domaine, l'éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> challenge<br />

peut être perçue comme une opportunité<br />

: vastes sont les chantiers dans<br />

lesquels s'investir, infinies sont les<br />

possibilités de mettre à profit ses<br />

compétences professionnelles, quelles<br />

qu'elles soient.<br />

Pour permettre à ses salariés de<br />

s’investir en tant que volontaires, ABN<br />

AMRO a mis en place un système<br />

de "Charity hours". <strong>Les</strong> salariés ont<br />

ainsi droit à un quota d’heures annuel,<br />

prises sur leur temps de travail.<br />

Chaque pays, selon sa culture et le<br />

tissu de ses relations locales, peut<br />

participer à des projets d’aide à l’é<strong>du</strong>cation<br />

et au développement.<br />

Avec une expérience d'une dizaine<br />

d'années dans l'audit interne d'un<br />

groupe bancaire, peu nombreux sont<br />

ceux m'auraient naturellement considérée<br />

comme la personne disposée<br />

à "travailler dans le développement<br />

<strong>du</strong>rable" ou dans le domaine de la<br />

solidarité. Et pourtant.<br />

S’ENGAGER<br />

« Vastes sont les chantiers dans lesquels s'investir,<br />

infinies sont les possibilités de mettre à profit ses<br />

compétences professionnelles, quelles qu'elles soient. »<br />

Mes activités professionnelles au<br />

quotidien me permettent de constater<br />

combien il existe encore des actions,<br />

des projets solidaires et <strong>du</strong>rables à<br />

entreprendre, au sein d'une banque<br />

et ailleurs, combien les collaborations<br />

entre acteurs sont souhaitables. Et<br />

combien ce type d’action peut changer<br />

la vision <strong>du</strong> monde et embellir la vie<br />

d’un salarié <strong>du</strong> secteur privé.<br />

<strong>Les</strong> banques sont également indispensables<br />

au tissage d’un système de<br />

soutien aux plus démunis comme<br />

dans le micro-crédit. Toute action<br />

repose sur un financement, qui passe<br />

par le réseau bancaire, ne serait-ce<br />

qu’indirectement pour permettre aux<br />

associations, institutions de microfinance,<br />

de recevoir des fonds en vue<br />

de prêter. ABN AMRO France a fait<br />

le choix stratégique de mettre à disposition<br />

de l'ONG ACTED développant<br />

des programmes de micro-crédit les<br />

compétences des salariés (finance,<br />

audit, juridique, communication...)<br />

volontaires pour s'impliquer dans une<br />

cause solidaire.<br />

Nous voyons donc que les institutions<br />

bancaires sont plus que déterminantes<br />

dans notre projet collectif pour les<br />

siècles à venir et nous ne pouvons<br />

faire l’économie de leur intervention,<br />

à bon escient.<br />

Mais il existe d'autres secteurs<br />

(le commerce, le bâtiment, l'architecture,<br />

l'informatique, la communication...)<br />

dans lesquels il est possible<br />

de s'engager vers une démarche<br />

plus responsable et de faire bouger les<br />

habitudes et les mentalités et ainsi<br />

contribuer à un meilleur développement<br />

économique et humain.<br />

Par Béatrice de Montleau<br />

Directrice Développement Durable<br />

ABN AMRO France<br />

Tous les chemins peuvent mener à la solidarité<br />

Diplômée d'une école de commerce,<br />

je ne pensais pas trouver ma place<br />

(professionnelle) dans le domaine<br />

<strong>du</strong> développement et de la solidarité...<br />

Préjugé qui aurait bien pu<br />

m'entraîner dans un travail qui ne<br />

me correspondait pas.<br />

Comme certainement beaucoup d'étudiants<br />

d'école de commerce, j'ai choisi<br />

cette voie sécuritaire pour m'assurer<br />

un diplôme valorisant et par conséquence<br />

un travail à la sortie.<br />

Un travail ok...<br />

mais lequel ?<br />

<strong>La</strong> compta ? Non merci ; <strong>La</strong> finance, ça<br />

paie bien ! Oui, mais je ne suis pas<br />

matheuse pour deux sous ; l'audit ou<br />

le contrôle de gestion ? J'imagine ça<br />

AVENTURE N°111 9


Photos © ABN AMRO<br />

S’ENGAGER<br />

comme le métier de celui qui coche<br />

des petites cases. Restait bien le<br />

marketing mais pour ce secteur non<br />

plus, je ne faisais pas preuve d'un<br />

enthousiasme débordant.<br />

Je n'étais experte dans aucun de ces<br />

domaines mais mes études m'avaient<br />

donné l'occasion d'acquérir les connaissances<br />

basiques. De la même façon<br />

qu'elles m'avaient permis d'avoir des<br />

notions de gestion de projet. Bref, mon<br />

école m'avait bien plutôt permis de<br />

renforcer des capacités pratiques<br />

(m'organiser, être autonome, prendre<br />

des initiatives, rédiger, animer des<br />

réunions, négocier...), finalement bien<br />

plus précieuses que des connaissances<br />

théoriques.<br />

C'est donc avec ces capacités et à<br />

travers des stages que j'ai décidé de<br />

trouver une voie dans laquelle je<br />

pourrais exercer un métier "utile". Par<br />

"utile", j'entends solidaire, en faveur<br />

d'un développement plus juste, et<br />

surtout qui ait <strong>du</strong> sens.<br />

Bien sûr qu'il ne suffit pas de le vouloir<br />

pour travailler dans la solidarité, mais<br />

la volonté et la persévérance sont<br />

essentielles, <strong>du</strong> moins au début. Déjà<br />

pour penser à toutes les possibilités<br />

de s'investir professionnellement.<br />

Travailler en ONG n'est pas "la" solution.<br />

En effet, beaucoup d'ONG recherchent<br />

un type de profil particulier aux<br />

compétences spécifiques et beaucoup<br />

d'étudiants, jeunes diplômés ou salariés<br />

ne "rentrent pas dans la catégorie".<br />

Mais le développement <strong>du</strong>rable,<br />

quoi qu'on en dise, quoi qu'on en<br />

pense, devient une réalité économique<br />

de plus en plus présente dans les<br />

entreprises. <strong>Les</strong> grands groupes<br />

10 AVENTURE N°111<br />

« Il ne suffit pas de le vouloir pour travailler dans<br />

la solidarité, mais la persévérance est essentielle,<br />

ne serait-ce que pour penser à toutes les possibilités<br />

de s'investir professionnellement. »<br />

sont obligés de l'intégrer désormais<br />

dans leur stratégie. Vous pouvez<br />

y contribuer !<br />

Pour mon stage de fin d'étude, j'ai<br />

travaillé à la direction <strong>du</strong> développement<br />

<strong>du</strong>rable de ABN AMRO France.<br />

Une de mes missions consistait à<br />

mobiliser les employés de toute la<br />

banque pour penser et travailler<br />

aux implications <strong>du</strong> DD dans leur<br />

travail quotidien. Des résultats ont pu<br />

être constatés : efforts éco-citoyens<br />

dans chaque service (certains lèveront<br />

les yeux au ciel sceptiques de l'impact<br />

de ce résultat... Si tous les grands<br />

groupes faisaient ce genre d'effort, ce<br />

ne serait plus une goutte d'eau), des<br />

associations d'employés créées pour<br />

favoriser le covoiturage, des groupes<br />

pour monter des pro<strong>du</strong>its ISR proposés<br />

par la banque...<br />

<strong>Les</strong> PME sont moins soumises à ce<br />

genre d'obligations mais la marge de<br />

manœuvre quand on y est employé est<br />

plus grande: à vous de proposer vos<br />

idées. Lors de mon passage dans une<br />

PME de comptabilité, j'ai proposé de<br />

faire changer le mode de facturation<br />

(et réussi) afin d'éviter des dépenses<br />

inutiles de papier et d'encre.<br />

J'ai également eu l'opportunité de<br />

travailler sur le terrain pour un projet<br />

de micro-crédit en tant que chef<br />

de projet. Cette expérience m'a beaucoup<br />

appris : la rencontre avec les<br />

populations locales, un nouveau style<br />

de vie, une autre façon de penser,<br />

de travailler... Mais je retiendrai<br />

surtout qu'elle m'a confirmé mon envie<br />

de m'engager dans le secteur de<br />

la solidarité.<br />

Aujourd'hui de retour à Paris, je<br />

travaille au sein d'une ONG, ce qui<br />

peut être un objectif pour certains<br />

étudiants intéressés par la solidarité<br />

internationale. J'en suis contente<br />

c'est vrai, mais pas plus fière que<br />

de toutes les étapes qui m'ont amenée<br />

là. Voir ce que nous savons faire,<br />

évaluer notre volonté et mettre en<br />

place notre projet. Voici selon moi,<br />

l'engagement le plus utile au service<br />

de soi et des autres que l'on puisse<br />

prendre.<br />

par A. M.<br />

Stagiaire DD à ABN AMRO France


S’ENGAGER<br />

LE VOLONTARIAT DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE<br />

Un statut défini par la loi N° 2005 – 159 <strong>du</strong> 23 février 2005<br />

ÊTRE VSI C’EST :<br />

- Partir en mission dans un cadre agréé par le Ministère des Affaires Etrangères<br />

- Bénéficier d’une formation avant le départ<br />

- Être pris en charge par l’association porteuse de projet pour les frais de vie sur place ou liés à la mission (logement,<br />

nourriture, transport, frais de mission...)<br />

- Recevoir une indemnisation mensuelle en fonction <strong>du</strong> niveau de vie <strong>du</strong> pays de mission et respectant un barème défini<br />

pour chaque pays par le Ministère des Affaires Etrangères<br />

- Bénéficier d’une couverture sociale complète pour soi et les personnes à sa charge (sécurité sociale, mutuelle, rapatriement,<br />

responsabilité civile) et cotiser à la retraite <strong>du</strong> régime général de la sécurité sociale française<br />

- Avoir droit à des congés indemnisés dans le cadre de la mission<br />

- Bénéficier d’un accompagnement au retour de mission<br />

- Recevoir une indemnité d’aide à la réinstallation en France après 24 mois de mission<br />

- Pouvoir valider sa mission au titre de la Validation des Acquis de l’Expérience<br />

LE PROFIL DES VSI AU 30 JUIN 2006<br />

Sources : VSI en juin 2006 - MAE/MAAIONG/Volontaires 2006 sans AFVP<br />

LE VSI À LA GUILDE :<br />

Étant agréée par le Ministère des Affaires Etrangères, la <strong>Guilde</strong> est habilitée à envoyer des volontaires sous<br />

le statut officiel de Volontaire de Solidarité Internationale (VSI). <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> a la possibilité de développer des partenariats<br />

avec des associations afin de faire bénéficier leurs volontaires de cet agrément et de les faire partir dans le cadre<br />

reconnu et réglementé de VSI. <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> et chaque association se répartissent dès lors les obligations imposées par le<br />

statut quant au cadre <strong>du</strong> déroulement de la mission et de la prise en charge <strong>du</strong> volontaire.<br />

Si vous êtes intéressés par un partenariat avec la <strong>Guilde</strong> pour l’envoi de vos volontaires : contactez-nous !<br />

<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />

11 rue de Vaugirard - 75006 Paris - Tél. : 01 43 26 97 52 / volontariat@la-guilde.org - www.la-guilde.org<br />

Illustrations © V. Lequien<br />

AVENTURE N°111 11


Photo © SOLEM<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

« Si on leur avait dit que c'était impossible, ils ne l'auraient pas fait. »<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> anime un réseau de dizaines d'associations étudiantes toutes engagées dans des projets de solidarité<br />

internationale. Ces projets, pour être de qualité, nécessitent patience, réflexion, persévérance, qualités humaines et<br />

... accompagnement. C'est cet accompagnement que propose <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> à ses membres. Ce programme leur<br />

offre également la possibilité de communiquer sur leurs projets ; il donne une voix à l'engagement étudiant, à travers cette<br />

revue notamment. Vous découvrirez dans les pages à suivre le témoignage de ces associations membres, à chaque fois<br />

sous un angle nouveau, celui de l'approche par laquelle ils ont choisi de s'engager.<br />

Mélange de compétences<br />

Faire équipe avec d’autres pour un projet complet et de qualité.<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> tenait particulièrement à publier<br />

les deux articles qui suivent. En effet, les deux étudiants qui<br />

les ont écrits font partie <strong>du</strong> même collectif associatif, SOLEM<br />

et tous deux ont la même approche réfléchie des projets<br />

auxquels ils participent. Issus de deux milieux étudiants<br />

bien distincts (faculté de médecine et école ingénieur),<br />

ils ont choisi de rapprocher leur compétences afin de<br />

pouvoir mener des projets de développement complets.<br />

Il est regrettable en effet de voir certains projets étudiants<br />

se limiter à certains types d’activité <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> manque<br />

de compétences de l’équipe française le portant. Il est<br />

évidemment plus souhaitable de se limiter que de "tenter le<br />

coup" alors qu’on n’a pas l’expérience et les compétences.<br />

Cependant, peu d’étudiants pensent à activer leurs réseaux<br />

12 AVENTURE N°111<br />

ou les réseaux existants comme celui de <strong>Solidarités</strong><br />

<strong>Étudiantes</strong> pour trouver d’autres associations étudiantes<br />

avec lesquelles coopérer ou au moins auprès desquelles se<br />

renseigner. <strong>La</strong> Fac de médecine et l’ESTP ont fait ce que peu<br />

encore font. SOLEM compte également des projets de<br />

construction faisant intervenir des étudiants en architecture.<br />

Espérons que ces articles en inspireront certains.<br />

Il est important de retenir que dans toute association,<br />

il est important de poursuivre les mêmes objectifs et<br />

d’être con<strong>du</strong>its par les mêmes valeurs. C’est le cas de<br />

ces deux étudiants qui partagent la même approche<br />

qualitative qui les a poussés à suivre des formations et<br />

à se faire accompagner pour la réalisation de leurs projets.<br />

SOLEM, sur la Terre, on sème<br />

Importance de la préparation et de l’accompagnement. Pour une participation<br />

réfléchie et engagée des étudiants en médecine à la solidarité internationale.<br />

L’association SOLEM (SOLidarité<br />

Etudiants Médecine) est l’association<br />

de solidarité locale, santé<br />

publique, é<strong>du</strong>cation au développement<br />

et solidarité internationale<br />

de la faculté de médecine Paris<br />

Descartes. Elle accompagne chaque<br />

année une quinzaine de projets de<br />

solidarité internationale menés<br />

par des étudiants de la faculté,<br />

aussi bien en Afrique, en Asie et<br />

en Amérique <strong>du</strong> Sud.<br />

<strong>La</strong> reprise de projet entre étudiants<br />

d'une année à l'autre a lieu généralement<br />

fin octobre, avec une semaine de<br />

présentation des projets pendant<br />

laquelle les étudiants intéressés<br />

peuvent se renseigner et faire leur<br />

choix. Elle concerne surtout les<br />

étudiants de deuxième et troisième<br />

année, car c’est une période de nos<br />

études où nous avons beaucoup de


Photo © SOLEM<br />

temps libre. Un très grand nombre<br />

d’étudiants sont motivés, plus de<br />

150 pour des promotions de 400, et<br />

16 projets seront menés en 2007.<br />

<strong>La</strong> logique des projets de SOLEM est<br />

très précise : les deux points essentiels<br />

sont la nécessité d’un partenariat avec<br />

une association locale, et d’une pérennisation<br />

à terme <strong>du</strong> projet. Ces exigences<br />

sont énoncées dans une charte.<br />

Mais malgré l’existence de cette charte,<br />

certains projets continuaient à être<br />

peu ou pas réfléchis, et ce en partie<br />

à cause <strong>du</strong> manque de connaissances<br />

et d’expérience des étudiants, à la fois<br />

dans le montage de projet et dans<br />

la solidarité internationale, et aussi<br />

sûrement à cause d’une certaine suffisance,<br />

qui con<strong>du</strong>it à considérer qu’il<br />

n’y a pas grand-chose à savoir, et<br />

qu’en tant qu’étudiants en médecine,<br />

nous en savons assez.<br />

Ainsi, nous avons essayé de pousser la<br />

réflexion de SOLEM et des étudiants,<br />

et ce par des formations, par un accès<br />

à de la documentation, par un partage<br />

d’expériences qui reste encore bien<br />

Qu'il s'agisse des compétences<br />

locales, des nôtres en tant qu'étudiants<br />

ou des organismes qui nous<br />

ont accompagné, on gagne toujours<br />

à échanger et se consulter.<br />

28 septembre 2005 : je viens d’intégrer<br />

l’ESTP (Ecole spéciale des travaux<br />

publics), et je me rends à la Journée<br />

des associations. Le stand d’HILAP<br />

(l’association humanitaire de l’ESTP)<br />

me sé<strong>du</strong>it immédiatement : des<br />

projets de solidarité internationale,<br />

trop limité, et surtout en incitant tous<br />

les acteurs des projets à réfléchir et<br />

à se poser des questions. Nous avons<br />

également eu à cœur d’améliorer la<br />

transmission entre les équipes en<br />

instaurant une fiche de liaison.<br />

Le rôle de SOLEM est une aide, un<br />

accompagnement, des conseils à<br />

chaque projet à la fois sur des aspects<br />

théoriques comme la philosophie d’un<br />

projet de solidarité internationale,<br />

ou sur des questions éthiques, et sur<br />

des côtés pratiques comme les<br />

bailleurs de fonds, les billets d’avions,<br />

les visas, les vaccins… Dans la même<br />

logique, nous avons mis en place<br />

un guide <strong>du</strong> projet de solidarité internationale,<br />

qui liste un certain nombre<br />

de conseils très utiles, et qui s’avèrent<br />

primordiaux.<br />

SOLEM a de grandes ambitions, et<br />

souhaite développer encore de<br />

nombreux aspects de ses projets<br />

comme par exemple, le partenariat<br />

avec d’autres écoles ou facultés, dans<br />

les domaines de la santé, de la<br />

Projet Solidago<br />

<strong>La</strong> rencontre de compétences pour un projet de solidarité<br />

voilà qui m’intéresse ! Je discute avec<br />

le président, et j’appelle mon meilleur<br />

ami, Renaud Razafindrazaka, qui,<br />

depuis longtemps, me parle de Madagascar.<br />

À présent, le rêve peut devenir<br />

réalité : nous allons pouvoir réaliser<br />

un projet là-bas.<br />

Renaud est étudiant en médecine à<br />

Paris Descartes et moi en mécanique<br />

et électricité à l’ESTP. Le projet<br />

Solidago est né. L’idée d’associer<br />

des élèves en médecine et des élèves<br />

ingénieurs pour créer une maternité<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

construction… En effet, nous faisons<br />

souvent uniquement de la prévention<br />

et de la sensibilisation, qui sont nos<br />

domaines de prédilection compte tenu<br />

de nos études, et le fait de coupler cela<br />

à d’autres compétences permettrait<br />

une grande diversité d’action.<br />

Un projet a déjà été concrétisé<br />

en partenariat avec une école d’ingénieurs,<br />

l’ESTP et la complémentarité<br />

s’avère parfaite entre les étudiants,<br />

les étudiants ingénieurs s’occupant<br />

de construction, alors que les étudiants<br />

en médecine font de la prévention<br />

et sensibilisation.<br />

Dans cette même optique, nous<br />

souhaitons très fortement développer<br />

le partage d’expériences, à la fois ente<br />

"projets SOLEMiens", et également<br />

au niveau de réseaux à la fois locaux<br />

et nationaux.<br />

L’apport d’un projet de solidarité internationale<br />

pour les étudiants est<br />

immense, à la fois sur le plan indivi<strong>du</strong>el<br />

et professionnel. Un de nos<br />

souhaits serait d’intégrer la solidarité<br />

internationale dans notre cursus et de<br />

développer l’information sur ce thème,<br />

car elle reste peu présente dans les<br />

préoccupations des étudiants en médecine.<br />

Nous espérons avant tout créer<br />

une vraie ouverture d’esprit chez<br />

les étudiants, et pourquoi pas susciter<br />

des vocations dans les domaines de<br />

l’humanitaire et <strong>du</strong> développement,<br />

que notre profession future nous<br />

permettra peut-être de concrétiser.<br />

par Jessica Guibert<br />

Vice-présidente générale de SOLEM<br />

sé<strong>du</strong>it rapidement Alexandre Robert,<br />

le trésorier <strong>du</strong> projet, puis le reste<br />

de l’équipe : 5 ingénieurs, 6 médecins,<br />

une étudiante en droit et un jeune<br />

salarié. Le projet s’appuie sur HILAP<br />

et SOLEM (Solidarité des Étudiants<br />

en Médecine de la Faculté de Médecine<br />

René Descartes), ainsi que sur les<br />

contacts de Renaud à Madagascar.<br />

Pendant toute l’année, nous définissons<br />

nos objectifs, nous prenons contact avec<br />

les autorités locales, nous levons<br />

des fonds. Le projet est finalement<br />

AVENTURE N°111 13


Associations membres<br />

très ambitieux : construire une maternité,<br />

recruter un médecin pour cette<br />

structure, faire de la prévention<br />

hygiène et SIDA, et assurer la pérennité<br />

<strong>du</strong> projet.<br />

Juin-Juillet 2006 : à Marogoaika,<br />

nous nous lançons dans la construction<br />

d’une salle d’accouchement et d’une<br />

salle de consultation. <strong>Les</strong> fonds<br />

récoltés ont permis d’acheter les matériaux<br />

et de faire appel à une entreprise<br />

locale. Plusieurs entreprises nous<br />

ont fourni des devis, la difficulté ayant<br />

été la lenteur des communications !<br />

<strong>Les</strong> élèves ingénieurs participent à la<br />

construction, aux côtés des villageois,<br />

bénévoles, et des professionnels qui<br />

dirigent les travaux.<br />

Pour que cette unité médicale puisse<br />

être opérationnelle dès sa construction,<br />

il faut trouver un médecin. Par<br />

l’intermédiaire de M. Bernard Ralaivo,<br />

de SOS Village d’enfants, et grâce à<br />

la connaissance <strong>du</strong> milieu médical de<br />

certains d’entre nous, nous entrons<br />

en contact avec un médecin qui a<br />

de l’expérience en tant que médecin<br />

de brousse. Il commencera son travail<br />

dès septembre 2006.<br />

Nous nous engageons également à<br />

contribuer aux frais de fonctionnement<br />

de la première, voire de la deuxième<br />

année : rémunération <strong>du</strong> médecin ou<br />

de la sage-femme, dotation en médicaments<br />

de base... en attendant que<br />

l’État malgache puisse prendre en<br />

charge le centre.<br />

<strong>Les</strong> pathologies courantes à Madagascar<br />

sont nombreuses, graves et souvent<br />

liées au manque d’hygiène sanitaire<br />

(paludisme, maladies diarrhéiques,<br />

pathologies infectieuses diverses,<br />

pulmonaires, cutanées, infantiles, etc).<br />

C’est pourquoi les étudiants en méde-<br />

14 AVENTURE N°111<br />

cine mettent en place des actions<br />

de prévention et d’é<strong>du</strong>cation, afin de<br />

sensibiliser la population aux règles<br />

élémentaires d’hygiène, en transmettant<br />

un ensemble de gestes simples,<br />

mais importants (hygiène dentaire,<br />

hygiène corporelle, hygiène de l’environnement,<br />

hygiène de l’eau, etc.).<br />

D’autre part, nous menons une<br />

campagne de sensibilisation au sida,<br />

aux maladies sexuellement transmissibles,<br />

à la contraception : au CRIPS<br />

(Centre Régional d’Information et de<br />

Prévention <strong>du</strong> Sida), certains d’entre<br />

nous ont reçu une formation précise,<br />

adaptée aux populations subsahariennes.<br />

C’est le rattachement à<br />

l’école de médecine qui nous a permis<br />

d’accéder à ces formations, nous<br />

donnant ainsi les méthodes d’approche<br />

qui avaient déjà fait leurs preuves.<br />

Nous sommes bien conscients que nos<br />

compétences d’étudiants ne sont<br />

pas encore suffisantes pour effectuer<br />

seuls de tels projets. C‘est pourquoi<br />

nous tenons à collaborer avec des<br />

partenaires locaux fiables et avec<br />

des associations. Nous sommes tous<br />

bénévoles et volontaires, et particulièrement<br />

attirés par des projets de<br />

solidarité : il est essentiel pour nous<br />

de mettre l’objet de nos études au<br />

service d’une cause humanitaire.<br />

C’est ce qui se passe lorsqu’un élève<br />

ingénieur passe un mois et demi sur<br />

un chantier, ou qu’un étudiant en<br />

médecine parvient à créer la relation<br />

de confiance nécessaire à la prévention.<br />

Il s’agit d’allier les compétences,<br />

les passions et les énergies de chacun.<br />

Nos approches sont différentes, et<br />

cela peut s’avérer très utile dans<br />

ce genre de missions.<br />

Mais ce qui nous reste de cette expérience,<br />

c’est avant tout la découverte<br />

d’un mode de vie simple et généreux ;<br />

ce sont les visages, les chansons, les<br />

rires, et enfin le sentiment d’avoir<br />

accompli quelque chose.<br />

Il reste aussi la réussite et la solidité<br />

<strong>du</strong> partenariat : le groupe Solidago<br />

de 2006 et 2007 est constitué de<br />

21 étudiants qui se rendront dans<br />

deux villages : à Vasiana, pour réhabiliter<br />

et électrifier un dispensaire,<br />

et à Marogoaika, pour réaliser l’ad<strong>du</strong>ction<br />

en eau <strong>du</strong> village.<br />

par Vincent Midler<br />

Vice-président de Solidago<br />

Responsable Solidarité Internationnal à HILAP<br />

Mvince@noos.fr<br />

http://solidagomada.free.fr<br />

Photos © SOLEM


Photos © ASIEMBO<br />

L’article qui suit est celui d’une<br />

association membre de <strong>Solidarités</strong><br />

<strong>Étudiantes</strong> qui a bâti son projet<br />

sur un partenariat fort, condition<br />

indispensable mais non suffisante<br />

à la réussite d’un projet de solidarité<br />

internationale.<br />

Pour s’assurer d’être acteur d’un<br />

projet de qualité, ASIEMBO a<br />

également choisi de se former et<br />

de se faire accompagner par des<br />

professionnels <strong>du</strong> développement.<br />

ASIEMBO (Association de Solidarité<br />

Internationale des Étudiants en Médecine<br />

de Bobigny), est née en 2004<br />

de la motivation des étudiants en<br />

médecine de Bobigny pour les progrès<br />

humains, sanitaires et sociaux envers<br />

les pays <strong>du</strong> Sud. Cette année, nous<br />

sommes onze adhérents de deuxième<br />

et troisième année. L’objectif principal<br />

de l’association est l'appui technique<br />

que nous pourrons apporter au<br />

docteur P. notre partenaire depuis<br />

le début. Cet appui dépendra des<br />

besoins que le docteur P. aura identifiés.<br />

Il prendra certainement la forme<br />

de consultations gratuites de masse et<br />

d'une campagne de prévention <strong>du</strong>rant<br />

un mois au Cameroun.<br />

Nous souhaitions que notre projet se<br />

déroule en Afrique, continent riche<br />

en traditions et cultures différentes,<br />

mais également en détresse sanitaire<br />

et sociale, notamment de par les<br />

épidémies de paludisme et de sida.<br />

Notre choix s’est porté sur le Cameroun<br />

pour deux raisons essentielles :<br />

d’une part la langue commune et<br />

d’autre part le contact déjà établi<br />

avec un médecin intéressé par notre<br />

association.<br />

Un groupe d’étudiants partirait en<br />

juillet 2007 dans le district de<br />

Moutourva (au Nord <strong>du</strong> Cameroun).<br />

Le projet de cette année fait suite au<br />

projet de l’année 2006 et serait basé<br />

autour de deux axes que nous aimerions<br />

encore améliorer, et d’un troisième<br />

mis en place cette année :<br />

Un axe médical qui s’organise autour<br />

de consultations gratuites suivies<br />

d’une distribution de médicaments<br />

avec explication de la posologie à<br />

respecter (près de dix mille patients<br />

ont été vus en deux ans). L’apport de<br />

microscopes pour accélérer l’accès au<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

Partenariat et accompagnement<br />

ASIEMBO pour des projets de qualité<br />

diagnostic, le financement d’examens<br />

complémentaires et d’interventions<br />

chirurgicales sont trois actions que<br />

nous voulons développer.<br />

Un axe préventif qui s’étend cette<br />

année. Nous souhaiterions effectuer<br />

des séances de prévention sur le sida,<br />

le paludisme et les maladies <strong>du</strong> péril<br />

fécal (<strong>du</strong>es essentiellement aux parasites…).<br />

Pour ce faire nous formerions<br />

des groupes de personnes dans la<br />

file d’attente des consultations pour<br />

expliquer certaines notions d’hygiène<br />

(les risques sanitaires <strong>du</strong>s à l’eau et<br />

aux aliments souillés) et de protection<br />

contre les maladies sexuellement<br />

transmissibles (dons de préservatifs).<br />

Cette approche à la prophylaxie 1 nous<br />

permettrait d’avoir un impact plus<br />

important sur le long terme.<br />

Un projet d’accessibilité aux structures<br />

de santé. Grâce aux associations<br />

locales, nous espérons instaurer<br />

un mode de financement des centres<br />

de santé, actuellement déficitaires,<br />

afin d’assurer la permanence de la<br />

gratuité. Nous souhaitons aussi former<br />

une partie de la population aux actes<br />

d’encadrement <strong>du</strong> médecin (prises<br />

de constantes) que les membres<br />

de l’association effectuent dans le<br />

cadre de leurs venues. Ceci permettrait<br />

à ces consultations d’exister en<br />

dehors de notre présence.<br />

1 - Prévention<br />

AVENTURE N°111 15


Associations membres<br />

L’édition 2007 <strong>du</strong> projet a connu une<br />

rupture <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> déplacement de<br />

notre partenaire, le docteur P. <strong>du</strong> Sud<br />

vers le Nord <strong>du</strong> Cameroun. Soucieux<br />

d’appuyer notre action sur un partenariat<br />

fort, nous avons dû faire face à des<br />

choix et des décisions pas évidentes,<br />

vis-à-vis surtout des populations <strong>du</strong><br />

Sud <strong>du</strong> Cameroun avec lesquelles<br />

nous avions travaillé en 2006. Cette<br />

"rupture" offrait cependant à l’équipe<br />

2007 la liberté d’initier un projet totalement<br />

nouveau. Afin de mener une<br />

action de qualité, nous avons préféré<br />

consulter des professionnels experts<br />

en solidarité internationale, que nous<br />

avions connus lors de sessions de<br />

formation. Nous avons donc fait appel<br />

à <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> qui suivra<br />

notre projet et pourra nous conseiller.<br />

Déjà, notre projet initialement prévu<br />

connaîtra quelques changements en<br />

mettant notamment l’accent sur une<br />

action de développement et en évitant<br />

au maximum de travailler selon une<br />

logique d’assistanat. Nous prioriserons<br />

l’axe préventif en faisant participer la<br />

population pour une action pérenne,<br />

Depuis dix ans, l'association IDEAL<br />

(Initiatives pour le Développement<br />

Economique en Amérique <strong>La</strong>tine),<br />

s’engage pour un développement équitable<br />

et <strong>du</strong>rable en Équateur. Chaque<br />

année l’association, composée exclusivement<br />

de bénévoles, assure le recrutement,<br />

la formation et le suivi d’une<br />

quinzaine de volontaires. Ceux-ci<br />

intègrent les équipes de quatre ONG<br />

locales, et s’impliquent dans des<br />

projets de développement rural pour<br />

une <strong>du</strong>rée de six mois à un an. Plus<br />

de cent jeunes sont déjà partis.<br />

16 AVENTURE N°111<br />

nous insisterons sur la façon de trouver<br />

des moyens d’autofinancement<br />

pour notre partenaire <strong>du</strong> Sud.<br />

Cette expérience nous offre un apprentissage<br />

de la vie associative et de<br />

la réalisation d’un projet de solidarité<br />

internationale, une pratique de la<br />

médecine humanitaire ainsi que<br />

des échanges et des découvertes<br />

culturelles enrichissantes.<br />

L’adhésion à ASIEMBO nous permet<br />

d’appréhender le fonctionnement<br />

d’une association : l’acquisition de<br />

responsabilités, la recherche de financement,<br />

le montage d’un dossier et<br />

l’importance de l’engagement.<br />

Nos motivations se ressemblent. Elles<br />

oscillent entre le désir d’un développement<br />

pour les régions <strong>du</strong> monde où<br />

la situation sanitaire est critique et<br />

l’attente de rencontres et d’échanges<br />

avec une culture qui nous est étrangère.<br />

Pour qu’une action de développement<br />

soit réussie il ne suffit pas<br />

seulement d'apporter connaissances<br />

et argent ; c’est avant tout une création<br />

à partir d’un échange dans lequel<br />

L’association IDEAL<br />

Dix ans d’engagement pour le développement économique en Amérique <strong>La</strong>tine<br />

<strong>La</strong> volatilité de l'engagement des étudiants dans le cadre de leur association<br />

(un ou deux ans en grande majorité) et la pérennité qu'exigent<br />

les projets de développement sont par définition incompatibles. Des associations<br />

étudiantes tentent de développer des parades à cette volatilité.<br />

C'est le cas d'IDEAL, adhérente à <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, qui capitalise<br />

ses dix ans d'existence et de connaissances pour mieux les transmettre<br />

aux nouvelles générations de membres. Surtout pour pallier à l'irrégularité<br />

de l'engagement des étudiants, IDEAL centre ses projets autour<br />

de logique de formations des bénéficiaires afin de ne pas créer de dépendance<br />

vis-à-vis des étudiants français.<br />

Aujourd’hui, IDÉAL est la seconde<br />

association française intervenant en<br />

Équateur. <strong>La</strong> Bourse Entreprendre<br />

ESSCA a récompensé en 2004 son<br />

dynamisme et son caractère innovant.<br />

« Donnez à un homme un poisson<br />

et vous le nourrirez pour un jour,<br />

apprenez à un homme à pêcher<br />

et il se nourrira toute sa vie. »<br />

Proverbe chinois, devise de HEIFER, ONG partenaire d'IDEAL.<br />

l’habitant est acteur. Ce qui nous a plu<br />

dans le projet Asiembo c’est qu’il est<br />

centré autour d’un médecin camerounais<br />

et de chefs de village motivés.<br />

De plus, en tant qu’étudiants en<br />

médecine il nous semble essentiel d’apporter<br />

notre aide à ces pays en difficulté<br />

pour que le droit à la santé ne soit plus<br />

un privilège. Cette expérience nous<br />

permettra de connaître d’autres formes<br />

de médecines, d’être confrontés à des<br />

situations d’urgence ou d’extrême<br />

pauvreté, ce qui fera de nous, nous<br />

l’espérons, de meilleurs praticiens.<br />

par L’équipe ASIEMBO<br />

IDEAL est une association de bénévoles<br />

qui privilégie le transfert de<br />

compétences. Elle est composée de<br />

quatre commissions : "Recrutement",<br />

"Préparation au départ", "Relations<br />

Equateur" et "Animation réseau".<br />

IDEAL vise à renforcer la capacité<br />

d'action de ses partenaires par un<br />

transfert de connaissances permanent.<br />

Cela se décline à tous les niveaux :<br />

au moment de la transition entre<br />

anciens et nouveaux volontaires qui<br />

s'effectue sur le lieu <strong>du</strong> projet ; au sein<br />

de l'association, le savoir faire des<br />

Photo © ASIEMBO<br />

Photo © IDEAL


Photos © IDEAL<br />

volontaires IDEAL se transmet aussi<br />

de génération en génération. Mais c'est<br />

surtout sur le terrain, que la logique<br />

de transfert de compétences prend<br />

tout son sens : sur les projets que les<br />

volontaires accompagnent, la priorité<br />

est donnée à la formation des bénéficiaires,<br />

dans l'objectif de rendre leurs<br />

gestions autonomes.<br />

Exemple d'un programme de<br />

micro-crédit en milieu rural.<br />

Depuis 2000, une ONG partenaire<br />

d'IDEAL accompagne dans la région<br />

<strong>du</strong> Carchi la mise en place d'un système<br />

de micro-finance géré par les<br />

membres des communautés, à qui font<br />

défaut la terre, l'eau et les débouchés<br />

commerciaux... Assurant la relation<br />

directe et quotidienne avec les bénéficiaires<br />

des projets, les volontaires<br />

IDEAL ont joué un rôle clef dans la<br />

constitution d'un réseau de caisses<br />

d'épargnes communautaires et d'un<br />

système rotatif de micro-crédits<br />

laitiers. À travers un programme de<br />

formation continue en finance et en<br />

comptabilité, les volontaires IDEAL<br />

ont progressivement permis une autogestion<br />

des ressources financières de<br />

la part des bénéficiaires. Le système<br />

fonctionne de la manière suivante :<br />

les micro-crédits de 500 dollars pour<br />

acheter des vaches laitières sont<br />

octroyés à tour de rôle à chaque<br />

communauté. Une fois les crédits<br />

remboursés, ils sont distribués à la<br />

communauté suivante. Ce système<br />

présente deux avantages : une partie<br />

des intérêts est systématiquement<br />

reversée aux caisses d'épargne de<br />

chaque communauté et renforce<br />

l'épargne des adhérents. Ensuite,<br />

les crédits alimentent une boucle<br />

économique locale (vente de lait,<br />

fonctionnement d'une collective<br />

fromagère...). <strong>Les</strong> crédits sont tous<br />

remboursés et les bénéficiaires deviennent<br />

rapidement propriétaires de leur<br />

vache. Cette insertion <strong>du</strong> système de<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

micro-crédits dans le tissu économique<br />

local, et l'effort continu de formation<br />

et d'accompagnement réalisé par les<br />

volontaires IDEAL expliquent en partie<br />

le bon déroulement de ces programmes<br />

de développement.<br />

par Matthieu Mellul<br />

www.ideal.asso.fr.<br />

Stages en ligne<br />

Afin de faciliter la mise en relation des jeunes et des associations<br />

de solidarité internationale, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

a lancé depuis 2006 une rubrique offres de stages sur<br />

le site de la <strong>Guilde</strong>.<br />

@<br />

<strong>Les</strong> ONGs à la recherche de stagiaires pour des missions,<br />

de 3 mois à 1 an, aux objectifs précis, peuvent :<br />

- S’enregistrer dans l’Espace Associations,<br />

- Proposer leurs offres de stages.<br />

Cette rubrique, entièrement dédiée aux stages dans le champ<br />

de la solidarité internationale, est un outil qui vient renforcer<br />

l’action de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, qui, depuis son origine,<br />

a toujours agi pour favoriser les stages en ONGs.<br />

<strong>Les</strong> jeunes à la recherche d’une mission, au siège ou<br />

sur le terrain, peuvent :<br />

- Consulter les offres (classées par thématique, fonction<br />

et région),<br />

- Répondre directement à l’annonce,<br />

- S’inscrire pour recevoir par mail toutes les offres correspondant<br />

à leurs critères.<br />

Alors rendez-vous sur le site de la <strong>Guilde</strong><br />

www.la-guilde.org<br />

dans la rubrique <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>.<br />

AVENTURE N°111 17


Associations membres<br />

Tourisme solidaire<br />

Un engagement sur le long terme.<br />

En janvier 2006, dans le numéro<br />

Spécial <strong>Solidarités</strong> Etudiantes de<br />

la revue Aventure, l’association<br />

annonçait déjà un projet de circuit<br />

touristique solidaire dans le Sud<br />

de la Mauritanie. L’objectif était de<br />

permettre à des villages reculés<br />

de financer eux-mêmes leurs<br />

projets de développement, grâce<br />

aux revenus <strong>du</strong> tourisme. Une<br />

année s’est écoulée ; comment<br />

a évolué le processus ambitieux<br />

lancé par Estacaide ? Quelles leçons<br />

ont d’ores et déjà été tirées ?<br />

Zoom sur une association étudiante<br />

qui souhaite sortir de ce "statut"<br />

et devenir plus "pro"...<br />

Depuis deux ans, l’association Estacaide<br />

explore une nouvelle optique de<br />

développement qui tend à la différencier<br />

des autres initiatives étudiantes.<br />

Il s’agit <strong>du</strong> tourisme solidaire.<br />

Un partenariat avec l’association<br />

Mauritanienne Protour, ainsi qu’une<br />

mission d’un mois en juillet dans le<br />

pays, ont permis de recenser trois<br />

villages dans la région <strong>du</strong> Gorgol.<br />

Ces communautés, qui manifestaient<br />

le désir d’accueillir des visiteurs, ont<br />

réussi à cibler leurs principaux besoins<br />

et se sont structurées autour de<br />

projets de développement qui profitent<br />

à l’ensemble de la population (pour<br />

le village de Loboudou, par exemple,<br />

il s’agit de la construction d’un puits).<br />

Ces villages répondent parfaitement<br />

aux critères <strong>du</strong> tourisme solidaire. On<br />

peut encore y apprécier des modes<br />

de vie authentiques mais également<br />

un environnement préservé par l’urbanisation<br />

anarchique qui ne cesse de<br />

s’étendre dans le pays. Outre un<br />

accueil exceptionnel, les villageois<br />

proposent des activités diverses<br />

pour des futurs visiteurs (spectacles,<br />

ballades, initiation aux techniques artisanales,<br />

etc.) De plus, le tourisme<br />

représente pour ces communautés<br />

un instrument de revalorisation de<br />

certaines pratiques culturelles en voie<br />

de disparition. Ainsi, au village de Ganki<br />

on peut observer la "danse <strong>du</strong> mouton",<br />

rituel délaissé depuis plusieurs années<br />

par les jeunes bergers de la région.<br />

18 AVENTURE N°111<br />

Même si toutes les conditions semblent<br />

réunies, la création d’un circuit de<br />

tourisme solidaire ne se résume pas<br />

à un simple recensement de villages. <strong>La</strong><br />

plus grosse partie <strong>du</strong> travail consiste<br />

ensuite à mettre en place une stratégie<br />

efficace pour permettre à ces projets<br />

communautaires de s’autofinancer grâce<br />

au tourisme. Il s’agit de coordonner et<br />

d’organiser les différents acteurs locaux<br />

qui participeront de près comme de loin<br />

au fonctionnement <strong>du</strong> circuit. Et c’est<br />

là que l’aspect théorique <strong>du</strong> projet se<br />

heurte à la réalité <strong>du</strong> terrain. Parfois<br />

il faut savoir renoncer à ses idéaux.<br />

L’un des objectifs <strong>du</strong> tourisme solidaire<br />

est d’abolir toute forme d’intermédiaire<br />

dans le flux d’argent entre le touriste<br />

et la population hôte. Cette idée<br />

semble à première vue très sé<strong>du</strong>isante,<br />

mais se révèle en pratique être<br />

difficilement applicable. En effet, les<br />

villages ciblés étant quelque peu<br />

enclavés, il est impossible pour un<br />

visiteur qui ne connaît pas le pays<br />

de s’y rendre seul. Il faudrait donc<br />

mettre à sa disposition un système qui<br />

serait qualifié en France de "syndicat<br />

d’initiative", qu’il faudrait alors rémunérer.<br />

Cela veut dire dans ce cas qu’on<br />

fait entrer en jeu un intermédiaire,<br />

ce qui est paradoxal vis-à-vis <strong>du</strong> principe<br />

qu’on cherche à appliquer.<br />

Pourtant l’existence d’un tel intermédiaire<br />

n’est pas totalement dénuée<br />

de sens. En effet on peut très bien<br />

Photos © Estacaide


Photo © Estacaide<br />

impliquer une structure locale, qui<br />

permettrait l’interaction entre le touriste<br />

et les populations hôtes, assurant ainsi<br />

le rôle de "cellule relais" <strong>du</strong> circuit.<br />

C’est sur ce principe que s’est construit<br />

le partenariat entre Estacaide et l’association<br />

mauritanienne Protour. Cette<br />

dernière, qui œuvre pour le développement<br />

<strong>du</strong> tourisme solidaire, se doit<br />

de participer activement aux futurs<br />

échanges culturels qui auront lieu dans<br />

sa région. En devenant la cellule relais,<br />

Protour, s’engage entre autres à faciliter<br />

les déplacements <strong>du</strong> touriste entre<br />

les différents villages, ainsi qu’à lui<br />

fournir un interprète si besoin est. <strong>Les</strong><br />

prestations qu’elle offre feront partie<br />

intégrante <strong>du</strong> circuit et seront l’objet<br />

d’une rémunération des futurs touristes.<br />

Avant de lancer définitivement le<br />

circuit touristique il reste certaines<br />

étapes à valider. En particulier les tarifications<br />

précises <strong>du</strong> séjour d’un<br />

touriste demandent une approche<br />

beaucoup plus progressive. Elles<br />

seront finalement déterminées en<br />

fonction des prestations proposées<br />

par les villages et à partir d’une étude<br />

comparative sur les autres voyages<br />

solidaires dans le monde. 20 € par jour<br />

et par personne, c’est la somme<br />

moyenne qui sera versée à un village<br />

<strong>du</strong> circuit. 85 % de cette somme sera<br />

destinée directement au projet<br />

communautaire, le reste couvrant les<br />

frais de nourriture. A plus ou moins<br />

long terme, grâce à ces financements,<br />

trois projets communautaires devraient<br />

voir le jour dans la région <strong>du</strong> Gorgol, et<br />

pourquoi pas en inspirer d’autres.<br />

Estacaide et Protour ont mis en place<br />

une période d’essai d’un an avant de<br />

valider définitivement le circuit. Durant<br />

cette période, des premiers touristes,<br />

conscients <strong>du</strong> "test" auquel ils participent,<br />

se rendront sur place afin<br />

d’auditer cette nouvelle structure de<br />

tourisme solidaire. En fonction <strong>du</strong> retour<br />

de ces visiteurs, il faudra certainement<br />

modifier certains points concernant<br />

le fonctionnement <strong>du</strong> circuit, revoir<br />

les tarifications établies, ou alors peutêtre<br />

repartir à zéro…<br />

A travers ce projet ambitieux mené<br />

par quatre étudiants d’Estacaide, apparaît<br />

un engagement évident "<strong>du</strong>rable".<br />

On ne s’engage pas dans un tel processus<br />

comme on s’engage dans un club<br />

de sport. <strong>Les</strong> mécanismes <strong>du</strong> développement<br />

sur le long terme sont difficiles<br />

à appréhender et ce qu’il nous semble<br />

parfois judicieux, est en réalité une<br />

lamentable erreur. <strong>La</strong> mission de<br />

terrain aide à surmonter les erreurs<br />

<strong>du</strong> néophyte, et offre un regard<br />

nouveau sur une problématique qui<br />

pouvait sembler étrangère auparavant.<br />

On découvre alors que l’on a bien plus<br />

à apprendre <strong>du</strong> Sud que ce que l’on<br />

s’imaginait au départ. On prend aussi<br />

conscience que le processus dans<br />

lequel on s’est lancé va engager plus<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

qu’une année de notre vie. Pour<br />

certains il est donc nécessaire de voir<br />

plus loin que l’association étudiante.<br />

Pour pérenniser l’existence <strong>du</strong> circuit<br />

de tourisme solidaire, et afin d’ouvrir<br />

les portes à de nouveaux projets de<br />

ce type, Estacaide a décidé de créer<br />

une nouvelle association qui sortira<br />

<strong>du</strong> contexte étudiant. "Etre-Solidaire",<br />

dont le site Internet est actuellement<br />

en construction, va permettre, outre<br />

la promotion <strong>du</strong> circuit mauritanien,<br />

de garantir le caractère <strong>du</strong>rable des<br />

futures actions menées. <strong>Les</strong> anciens<br />

étudiants, une fois dans la vie active,<br />

pourront ainsi suivre l’évolution des<br />

projets dont ils sont à l’origine, et<br />

continuer à œuvrer, à travers le monde,<br />

pour le voyage solidaire.<br />

Parce que l’échange culturel doit être<br />

le moteur de la solidarité internationale,<br />

Estacaide a choisi de prôner<br />

un développement équitable qui passe<br />

avant tout par une démarche de<br />

compréhension des pays <strong>du</strong> Sud.<br />

Parce que l’auto développement<br />

devrait être une finalité en soi, le<br />

tourisme solidaire fait partie des solutions<br />

alternatives auxquelles chacun<br />

de nous devrait réfléchir en ce début<br />

de troisième millénaire.<br />

par Maxime Robin<br />

Président d’Estacaide<br />

AVENTURE N°111 19


Photos © Séance Nomade<br />

Associations membres<br />

Séance Nomade<br />

Cinéma itinérant au Mali... des images dans la brousse<br />

Après une première expérience de<br />

cinéma itinérant à Madagascar,<br />

Alexandre et Fabien décident<br />

de monter un projet similaire au<br />

Mali. Cette fois-ci plus réfléchi,<br />

plus professionnel pour une action<br />

de plus grande qualité. Mus par<br />

leur passion et la probable réussite<br />

de ce deuxième projet, ils ont<br />

peut-être trouvé leur voie, en<br />

contribuant aux systèmes de<br />

prévention tenus par les ONGs<br />

locales et en développant la culture<br />

de manière solidaire.<br />

De Tananarive à Bamako<br />

L’équipe de notre association Séance<br />

Nomade projettera sur grand écran<br />

dans les territoires dépourvus d’électricité<br />

des films de sensibilisation et de<br />

prévention, animés de débats par nos<br />

ONGs partenaires sur des sujets de<br />

santé ainsi que des films culturels<br />

et ludiques pour apporter un petit air<br />

de la magie <strong>du</strong> cinéma.<br />

Nous avons mis un an à monter ce<br />

projet, prévu de janvier à avril 2007.<br />

Bénéficiant d’une première expérience<br />

similaire à Madagascar il y a trois ans,<br />

nous avons pu perfectionner ce projet<br />

pour obtenir un maximum d’impact<br />

grâce à ce mode de prévention et anticiper<br />

les aléas et difficultés <strong>du</strong> terrain.<br />

Ce type de projet nous a mis face<br />

à plusieurs défis d’originalité et de<br />

pertinence. Si nous avions l’envie<br />

de parcourir une partie <strong>du</strong> Mali de<br />

façon inhabituelle et passionnante,<br />

il était bien dans l’idée de mettre en<br />

œuvre un projet de solidarité avec des<br />

20 AVENTURE N°111<br />

partenaires locaux, mêlant ainsi les<br />

compétences de chacun pour obtenir<br />

les meilleurs résultats. <strong>La</strong> première<br />

expérience que nous avions eue nous<br />

a ainsi permis de résoudre certains<br />

points. Si nous voulions être efficaces,<br />

inutile de rester un soir par site de<br />

projection, il est bien plus profitable<br />

de rester plusieurs jours par village,<br />

de visiter chaque école et d’entretenir<br />

un réel échange avec la population<br />

et, grâce à l’aide de nos partenaires,<br />

créer la meilleure synergie autour<br />

de ce projet.<br />

Le réseau associatif<br />

Le choix de nos partenaires fut donc un<br />

point essentiel <strong>du</strong> projet. Nous avons<br />

contacté plusieurs ONGs maliennes<br />

référencées sur un annuaire spécifique<br />

présentant leurs coordonnées, leurs<br />

domaines d’actions, ainsi que les<br />

régions où elles sont présentes.<br />

Après plusieurs échanges et rencontres<br />

en France pour certaines,<br />

leurs motivations et leur professionnalisme<br />

nous ont encouragés à continuer<br />

dans cette voie.<br />

Ne restait plus qu’à choisir les films qui<br />

convenaient à chacune. Dans notre<br />

recherche, nous avons vite pris<br />

conscience que les documents vidéo<br />

sur les problèmes <strong>du</strong> VIH/SIDA foisonnent,<br />

et sont très facilement mis à<br />

disposition par les organisations les<br />

réalisant. En revanche, il est vrai<br />

que pour certains sujets (hygiène,<br />

agriculture, désertification), la tâche<br />

fut plus ar<strong>du</strong>e.<br />

De plus, nous avons réfléchi avec nos<br />

partenaires pour aborder certains<br />

sujets sensibles, qui pourraient<br />

connaître un rejet auprès de la population.<br />

Par exemple, l’excision, très pratiquée<br />

au Mali (90 % des femmes<br />

maliennes seraient excisées selon<br />

l’agence malienne pour la protection<br />

de la famille AMPPF !), pourrait attirer<br />

certaines réactions violentes dans des<br />

régions rurales isolées. Pour ce point,<br />

nous avons accordé à nos partenaires<br />

toute notre confiance pour le choix de<br />

débattre de ce sujet.<br />

Pour évoquer les obstacles rencontrés<br />

<strong>du</strong>rant le montage <strong>du</strong> projet, le problème<br />

<strong>du</strong> financement est sûrement celui<br />

le plus ar<strong>du</strong> de tous. Eternelle question<br />

de toute association ou organisation à


Photo © Séance Nomade<br />

but non lucratif : Où vais-je trouver de<br />

l’argent pour financer mon projet ?<br />

Pour notre part, le constat face aux<br />

possibilités offertes fut vite établi.<br />

Alors que les financements publics<br />

(municipaux, départementaux et régionaux)<br />

sont très accessibles, les fonds<br />

privés sont nettement plus compliqués<br />

à obtenir et se sont limités, pour nous,<br />

à nos propres relations. Un conseil<br />

clair à tous ceux qui désirent monter<br />

un projet : Créer une association !<br />

C’est facile, pas cher et ça vous donnera<br />

bien plus de consistance devant<br />

les financiers et même pour vos<br />

propres actions.<br />

Beaucoup des associations étudiantes<br />

qui montent des projets<br />

de solidarité internationale pensent<br />

au voyage qu'ils vont faire et c'est<br />

bien normal. Tout projet de solidarité<br />

est animé d'une envie de<br />

rencontre, de découverte. Malheureusement<br />

dans certains cas, le<br />

voyage obsède et doit avoir lieu<br />

coûte que coûte, au détriment<br />

<strong>du</strong> projet qui n'était pas assez finalisé<br />

pour justifier un départ. SoNo,<br />

membre de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

nous montre l'exemple d'une<br />

réflexion mûrie dans l'intérêt de<br />

monter un projet de qualité.<br />

Solidarité Normalienne (SoNo) a<br />

envoyé l'été dernier une équipe de<br />

quatre personnes en mission exploratoire<br />

au <strong>La</strong>os. Cette étape était indispensable<br />

pour identifier des besoins et<br />

nouer le contact avec un éventuel<br />

partenaire pour monter un microprojet<br />

d'aide au développement.<br />

Un écran d’étoiles<br />

Nos principales motivations sont<br />

certainement liées à la découverte <strong>du</strong><br />

vaste monde, au goût de l’aventure<br />

et des rencontres. Mais nous pensons<br />

qu’il est difficile aujourd’hui d’avoir<br />

une envie si forte de voyager dans les<br />

pays <strong>du</strong> Sud, sans s’impliquer de façon<br />

solidaire à un moment ou un autre,<br />

de n’importe quelle façon qu’il soit.<br />

L’échange opéré avec les personnes<br />

- Le passé de SoNo au <strong>La</strong>os<br />

SoNo est une association basée à<br />

l'Ecole Normale Supérieure de Cachan.<br />

Elle est essentiellement constituée<br />

d'étudiants et de jeunes enseignants.<br />

De 1997 à 2005, SoNo a mené un<br />

projet pédagogique à Paksé, une ville<br />

QUELQUES LIENS UTILES<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

sur place devient tellement plus intense<br />

et plus coloré, en comparaison<br />

d’une découverte purement touristique.<br />

Une séance de cinéma dans<br />

des régions reculées peut alors devenir<br />

un vrai spectacle et une réelle communion<br />

avec les gens qui nous reçoivent.<br />

Ils voyagent alors avec nous, à travers<br />

l’histoire de l’Afrique et de ses hommes,<br />

racontée par des griots modernes, ayant<br />

tra<strong>du</strong>it leurs paroles en images.<br />

par Alexandre Machillot et Fabien Simoni<br />

Le portail CCA ONG : référençant de nombreuses ONG maliennes : www.malipages.com/ccaong<br />

Le CNA : association dont l’action est la mise en place de cinéma ambulant dans différents pays<br />

d’Afrique de l’Ouest : www.c-n-a.org<br />

Pour les joindre : contact@c-n-a.org<br />

<strong>Les</strong> Global Dialogues : ONG réalisant de nombreux films de prévention VIH/SIDA, disponibles<br />

en plusieurs langues : www.globaldialogues.org<br />

Pour joindre les bureaux à Ouagadougou : scenarios@fasonet.bf<br />

<strong>La</strong> Médiathèque des Trois Mondes : située dans le 5 ème arrondissement de Paris, où y trouve<br />

à la vente de nombreux films africains et autres en VHS et DVD : www.cine3mondes.com<br />

Mission exploratoire<br />

SoNo au <strong>La</strong>os : Trois semaines de rencontres, d'observations, de débats et de réflexion<br />

pour monter les bases d'un nouveau projet dans ce pays d'Asie <strong>du</strong> Sud-Est.<br />

au Sud <strong>du</strong> <strong>La</strong>os, sous la forme<br />

d'un partenariat pour l'enseignement<br />

des langues vivantes et la sensibilisation<br />

à la pratique des sciences<br />

expérimentales. <strong>La</strong> fin <strong>du</strong> premier<br />

projet, l'état toujours fragile <strong>du</strong><br />

système é<strong>du</strong>catif laotien et l'attachement<br />

de SoNo pour ce pays ont<br />

AVENTURE N°111 21<br />

Photo © SoNo


Associations membres<br />

con<strong>du</strong>it à l'organisation d'une mission<br />

exploratoire <strong>du</strong>rant l'été 2006, en vue<br />

de monter un autre projet.<br />

- Préparation<br />

Un travail préparatoire était indispensable<br />

à une efficacité maximale sur<br />

le terrain, étant donné la courte <strong>du</strong>rée<br />

(3 semaines de la mission). Nos<br />

démarches nous ont permis de bénéficier<br />

<strong>du</strong> soutien <strong>du</strong> CCL (Comité de<br />

Coopération pour le <strong>La</strong>os), une ONG<br />

qui œuvre au <strong>La</strong>os depuis 25 ans, et<br />

de l'Ambassade de France à Vientiane<br />

(capitale <strong>du</strong> <strong>La</strong>os). Nous avons aussi<br />

choisi d'effectuer notre mission à<br />

Vientiane car les possibilités de partenariats<br />

solides étaient plus importantes,<br />

et il est essentiel de pouvoir<br />

s’appuyer sur un partenaire fort pour<br />

la viabilité et la pérennité <strong>du</strong> projet.<br />

Et dans notre cas aussi car l'enseignement<br />

supérieur y est presque exclusivement<br />

concentré.<br />

- Principes de la mission<br />

Conscients des domaines d'interventions<br />

possibles pour notre association,<br />

en accord avec nos compétences, nous<br />

avons convenu de faire le maximum<br />

de rencontres et de visites dans les<br />

domaines scolaires, universitaires,<br />

ainsi que celui des bibliothèques.<br />

Notre objectif était de présenter notre<br />

association et ses compétences, et<br />

de voir si des besoins (autres que financiers)<br />

étaient spontanément exprimés<br />

et s'il était envisageable d'y répondre.<br />

Nous devions rentrer, soit avec le<br />

sentiment que SoNo ne pouvait plus<br />

rien apporter au <strong>La</strong>os, soit avec les<br />

bases permettant de monter un<br />

nouveau projet. Il ne faut pas chercher<br />

à tout prix à réaliser une intervention<br />

si celle-ci n’est pas vraiment justifiée.<br />

- Premières enquêtes<br />

Avec l'aide de nos contacts sur place,<br />

nous avons visité des bibliothèques<br />

à Vientiane et dans ses environs et<br />

n'avons pas constaté que nous<br />

pouvions apporter une contribution.<br />

Nous avons aussi enquêté dans le<br />

lycée principal de la ville et à l'Université.<br />

Nous avons ainsi pu connaître<br />

plus de détails sur des dispositifs<br />

d'aide au développement déjà mis en<br />

place par l'Ambassade de France ou<br />

22 AVENTURE N°111<br />

l'AUF. Le lycée bénéficiait déjà d'une<br />

aide importante et nous ne pouvions<br />

rien apporter de plus. Il est toujours<br />

important de prendre connaissance<br />

des actions déjà mises en place pour<br />

ne pas faire la même chose ! Nous<br />

avons constaté que nous pouvions<br />

apporter une aide dans certains départements<br />

de l'Université, mais les<br />

responsables rencontrés n'ont pas<br />

exprimé de besoins particuliers,<br />

malgré les suggestions implicites de<br />

notre part. Après 10 jours soutenus<br />

d'enquête, nous étions au point où<br />

l'on se disait que SoNo ne pouvait rien<br />

apporter, malgré sa bonne volonté.<br />

Le moral était assez bas, même si<br />

nous savions que cela pouvait être une<br />

issue de la mission.<br />

- <strong>La</strong> bonne nouvelle…<br />

Un dernier rendez-vous était prévu le<br />

lendemain, avec quelques professeurs<br />

d'un autre département de l'Université :<br />

la Faculté de Pédagogie, qui forme<br />

les futurs professeurs des lycées. Lors<br />

des discussions, les professeurs ont<br />

spontanément émis le besoin d'un<br />

soutien pédagogique aux professeurs<br />

et ont fait preuve d'un grand enthousiasme.<br />

Et cela correspondait aux<br />

compétences de SoNo ! Nous étions<br />

optimistes et avons testé leur motivation<br />

tout en discutant les modalités<br />

d'un éventuel partenariat. Ils ont<br />

répon<strong>du</strong> au mieux à chacune de nos<br />

sollicitations les jours suivants. Le<br />

Doyen de la Faculté a accepté de nous<br />

rencontrer plusieurs fois et s'est dit<br />

enchanté de notre projet. Notre<br />

contact principal est son bras droit, qui<br />

se chargera de toutes les démarches<br />

administratives. Nous pouvons compter<br />

aussi sur deux autres professeurs<br />

francophones, qui ont fait preuve d'un<br />

grand enthousiasme.<br />

Nous nous sommes donc quittés avec<br />

les bases d'un partenariat, consistant<br />

en une aide pédagogique dans le<br />

domaine des sciences pour les professeurs<br />

dès l'été 2007.<br />

- Conclusion<br />

<strong>La</strong> communication par courriel est active<br />

avec notre partenaire local depuis<br />

notre retour, ce qui était indispensable<br />

à la poursuite de la construction d'un<br />

projet. Nous sommes en train de nous<br />

mettre d'accord sur le contenu <strong>du</strong><br />

contrat de partenariat et nous avons<br />

donc bon espoir d'envoyer une équipe<br />

de SoNo au <strong>La</strong>os dès l'été prochain.<br />

- Remerciements<br />

Un grand merci au CCL, à M Loïc Baur<br />

de l'Ambassade de France et à Mlle<br />

Hop <strong>du</strong> Centre de <strong>La</strong>ngue de Vientiane<br />

pour l'aide qu'ils nous ont apportée<br />

lors de la réalisation de cette mission<br />

exploratoire.<br />

par Kévin Moris<br />

www.sono.ens-cachan.fr<br />

Photo © SoNo


l’ANEMF<br />

Au delà de la coordination et de la formation...<br />

L’Association Nationale des<br />

Étudiants en Médecine de France<br />

regroupe les 70 000 étudiants en<br />

médecine <strong>du</strong> pays. L’association<br />

s’efforce de s’occuper de toutes<br />

les activités entreprises par ses<br />

étudiants, avec en particulier un<br />

volet important concernant la<br />

solidarité internationale.<br />

Le pôle solidarité internationale<br />

regroupe la vingtaine d’associations<br />

de solidarité se répartissant sur l’ensemble<br />

<strong>du</strong> territoire, ce qui représente<br />

environ 75 micro-projets étudiants.<br />

Il s’agit de créer un réseau mettant<br />

à profit le fort engagement associatif<br />

des étudiants en médecine, en organisant<br />

ainsi un terrain d’échanges<br />

d’expériences, d’idées et de projets. En<br />

outre, l’ANEMF organise plusieurs<br />

congrès tout au long de l’année, en<br />

particulier le Week-End <strong>Solidarités</strong><br />

et Santé Publique (WESSP) qui s’est<br />

tenu cette année à Poitiers et regroupant<br />

140 personnes. Ces congrès,<br />

au-delà d’être un moment de<br />

rencontre et d’échange, représentent<br />

également des événements au cours<br />

desquels les responsables associatifs<br />

peuvent se former d’une part à la<br />

solidarité internationale et au montage<br />

de projet et d’autre part aux compétences<br />

associatives.<br />

Ces congrès sont aussi pour les<br />

étudiants l’occasion de rencontrer et de<br />

débattre avec des personnalités et<br />

responsables seniors de la solidarité<br />

internationale et de l’humanitaire ;<br />

étaient ainsi présents au WESSP de<br />

Poitiers Alain Deloche (Président de la<br />

Chaîne de l’Espoir), Xavier Emmanuelli<br />

(Président fondateur <strong>du</strong> Samu Social),<br />

Dider Sicard (Président <strong>du</strong> Comité<br />

Consultatif National d’Ethique) et<br />

Chantal Aubert-Fourmy (Présidente<br />

d’Aide Médicale Internationale) entre<br />

autres.<br />

Dans cette même optique de formation,<br />

l’ANEMF organise chaque année,<br />

sous l’expertise de professionnels<br />

et avec un jury d’étudiants ayant une<br />

certaine expérience dans le montage<br />

de projets, un prix récompensant<br />

les meilleurs micro-projets de solidarité<br />

internationale, tout en conseillant et<br />

critiquant tous les dossiers candidats<br />

afin de permettre à tous les porteurs<br />

de micro-projets de se poser les<br />

bonnes questions et ainsi d’améliorer<br />

leur projet.<br />

Au-delà de cette vocation de coordination<br />

et de formation des associations<br />

de son réseau, l’ANEMF s’ouvre vers<br />

d’autres réseaux et d’autre filières.<br />

Ainsi, l’association travaille régulièrement<br />

en coopération avec <strong>Solidarités</strong><br />

<strong>Étudiantes</strong>, Starting-Block, Ingénieurs<br />

Sans Frontières ainsi que des associations<br />

seniors telles que la Chaîne de<br />

l’Espoir, Aide Médicale Internationale<br />

ou Equilibre et Population. Convaincue<br />

de l’importance d’une mutualisation<br />

des moyens, des compétences et de<br />

l’expérience, l’ANEMF fait de ces<br />

rapprochements avec l’extérieur une<br />

de ses principales priorités.<br />

L’ANEMF s’engage également ici en<br />

France dans l’é<strong>du</strong>cation au développement,<br />

en particulier en participant<br />

depuis cette année au combat contre<br />

le paludisme à l’occasion de <strong>La</strong> Journée<br />

Mondiale de Lutte Contre le Paludisme<br />

le 25 avril prochain. Quatorze associations<br />

<strong>du</strong> réseau vont organiser divers<br />

évènements (concerts, conférences,<br />

stands d’information…) dans leur ville<br />

afin de sensibiliser un public large à<br />

cette problématique. Suivant toujours<br />

la philosophie de « l’union fait la force »,<br />

l’ANEMF s’est associée à l’Institut<br />

Pasteur et Aide Médicale Internationale<br />

entre autres pour la réalisation<br />

de cet événement.<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

<strong>Les</strong> étudiants en médecine ont<br />

toujours d’office une crédibilité auprès<br />

des partenaires et <strong>du</strong> public, et<br />

l’ANEMF veille à ce que cet à priori soit<br />

le plus fondé possible, ce qui n’est<br />

hélas pas toujours le cas pour toutes<br />

les associations, surtout quand elles<br />

sont isolées. De plus, on retrouve<br />

parmi les acteurs de la solidarité internationale<br />

de nombreux médecins ce<br />

qui facilite grandement les relations<br />

avec les différentes ONG. Le danger<br />

étant de se reposer sur ses lauriers,<br />

l’ANEMF se bat pour non pas considérer<br />

cela comme des acquis mais des atouts<br />

dans la réalisation de ses actions.<br />

L’ANEMF est bien consciente qu’elle<br />

a parmi ses membres des acteurs de<br />

la solidarité internationale de demain<br />

et qu’elle a la responsabilité de se<br />

battre pour des causes assez éloignées<br />

des études médicales mais qui y sont<br />

pourtant intimement liées. En mettant<br />

à profit une tradition associative et une<br />

vocation déjà tournée vers les autres<br />

des étudiants en médecine, l’ANEMF<br />

se débat pour apporter sa pierre à<br />

l’édifice de la construction commune<br />

qu’est la solidarité internationale.<br />

par Tristan Pascart<br />

Vice-Président en charge de la Solidarité Internationale<br />

et de l'E<strong>du</strong>cation au Développement<br />

www.anemf.org<br />

« Le pôle solidarité internationale de l'ANEMF s'appuie sur un<br />

réseau mettant à profit le fort engagement associatif des étudiants<br />

en médecine en organisant un terrain d'échanges, d'expériences,<br />

d'idées et de projets. »<br />

AVENTURE N°111 23<br />

Photo © T. Pascart


LES ÉCHOS DU TERRAIN : Témoignage indivi<strong>du</strong>el<br />

UN PARCOURS fait d’opportunités<br />

Photo © G. Rezeau<br />

J<br />

Guillaune Rezeau, <strong>du</strong>rant les 15 ans<br />

de Krousar Thmey : le 7 avril 2006.<br />

e suis responsable de la communication<br />

pour l’ONG "Pour un Sourire<br />

d’Enfant" au Cambodge. Ça fait<br />

trois ans que je travaille dans le domaine<br />

de l’aide au développement. Je<br />

n’avais pas forcément prévu de faire de<br />

la communication, mon parcours s’est<br />

un peu construit au fur et à mesure<br />

des opportunités, des rencontres aussi.<br />

Pendant mes années à la fac, je cherchais<br />

encore beaucoup ma voie, entre<br />

désir d’éthique et épanouissement intellectuel.<br />

J’avais profité de mes longues<br />

vacances étudiantes pour voyager à<br />

l’étranger, dans le cadre de stages ou<br />

de chantiers de solidarité. J’ai pas mal<br />

hésité avant de me lancer dans la solidarité<br />

: faible stabilité de l’emploi, faible<br />

rémunération aussi. J’ai pourtant fait un<br />

des nombreux "masters humanitaires"<br />

qui fleurissent aujourd’hui et j’estime<br />

avoir eu pas mal de chance depuis. <strong>Les</strong><br />

craintes ont toutefois été confirmées :<br />

on vit avec peu d’argent et toujours<br />

avec l’angoisse d'arriver à trouver le<br />

prochain contrat, de savoir ce qu’on va<br />

pouvoir faire après. Mais à côté de ces<br />

difficultés, quel plaisir de travailler à<br />

l’étranger, auprès des bénéficiaires, de<br />

finir sa journée de travail en se disant<br />

24 AVENTURE N°111<br />

Guillaume nous parle de son engagement et des étapes à franchir pour<br />

devenir un acteur de la solidarité internationale. Il nous présente<br />

son approche de cet environnement et sa manière de concevoir son<br />

implication dans des actions de solidarité, après ses études, un stage,<br />

une mission volontaire...<br />

qu’elle a servi à quelque chose. Sur<br />

certain poste, on peut parfois perdre<br />

ce plaisir, surtout quand on est loin <strong>du</strong><br />

"terrain". Mais j’ai la chance de travailler<br />

tous les jours entouré des enfants dont<br />

s’occupe mon association.<br />

Lors de mon master, j’ai pourtant fait<br />

mon premier stage dans une association<br />

parisienne. Un peu à reculons au départ,<br />

je suis pourtant resté un an en plus<br />

de ma période de stage. J’ai appris<br />

énormément. J’ai surtout l’impression<br />

que je n’aurai pas réussi à trouver un<br />

contrat intéressant à l’étranger sans<br />

cette première expérience. Je suis resté<br />

à Paris, mais j’ai rencontré des<br />

personnes de tous horizons et souvent<br />

eu l’impression de me faire une<br />

expérience de terrain par procuration :<br />

représentants d’ONG ou de l’administration,<br />

personnes issues de l’immigration<br />

ou financeurs. Ayant pas mal découvert<br />

les différents systèmes de financement<br />

pour les programmes de développement,<br />

j’ai trouvé un premier poste de<br />

chargé de communication au Cambodge<br />

dans l’association Krousar Thmey, avec<br />

un statut de VSI. Et toujours au<br />

Cambodge, j’ai donc trouvé le second<br />

poste de volontaire en communication<br />

que j’occupe aujourd’hui.<br />

L’aide au développement intègre en fait<br />

de très nombreux métiers. Il faut<br />

donc faire le choix de travailler dans<br />

ce milieu, parce qu’il impose tout de<br />

même pas mal de contrainte, mais il<br />

est aussi intéressant de réfléchir au<br />

métier que l’on veut exercer. Je me pose<br />

encore parfois cette question, n’ayant<br />

pas forcément fait le choix de la communication,<br />

domaine lui-même très large.<br />

Je me vois plutôt comme un généraliste<br />

quand beaucoup de mes collègues<br />

ou amis français au Cambodge sont<br />

spécialistes en droit, en assurance, en<br />

ingénierie, etc. C’est pour ça que le<br />

passage en troisième cycle humanitaire<br />

ne me semble pas être un passage<br />

obligé pour rentrer dans le milieu. <strong>Les</strong><br />

premières expériences professionnelles<br />

sont beaucoup plus déterminantes et<br />

finalement, je crois que j’ai eu beaucoup<br />

de chance avec mon premier "vrai"<br />

stage. On m’a fait pas mal confiance et<br />

j’ai pu faire <strong>du</strong> conseil, des formations,<br />

choses inespérées au départ.<br />

Je n’étais vraiment pas enthousiaste<br />

à l’idée de faire un stage à Paris. J’étais<br />

le seul de ma promotion à ne pas partir,<br />

mais je me rends compte aujourd’hui<br />

que j’ai très bien fait. Il ne faut pas<br />

partir pour partir. Certains ont rejoint<br />

le pays de leur rêve mais pour ne rien<br />

faire ou ne rien apprendre. En plus<br />

de penser au métier autant qu’au milieu,<br />

je crois qu’il faut aussi être patient et<br />

« Il ne faut pas partir pour partir. En plus de penser au<br />

métier autant qu'au milieu, je crois qu'il faut aussi être<br />

patient et regarder le contenu d'un poste, plus que la<br />

taille de l'organisation ou le pays de destination. »<br />

regarder le contenu d’un poste, plus que<br />

la taille de l’organisation ou le pays<br />

de destination. Pour moi, l’avantage<br />

de commencer à travailler dans de relativement<br />

petites associations, c’est de<br />

toucher à tout et de travailler avec tout<br />

le monde. Le problème, c’est que<br />

les chances d’évolution interne sont très<br />

faibles et qu’il n’est pas toujours évident<br />

d’évaluer la crédibilité ou la fiabilité<br />

d’une association quasi inconnue. Il<br />

ne reste qu’à beaucoup se renseigner et<br />

à éviter les idées préconçues.<br />

par Guillaume Rezeau<br />

26 ans


LES ÉCHOS DU TERRAIN : Zoom sur les Bourses<br />

<strong>Les</strong> <strong>bourses</strong> <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

Après plusieurs semaines de préparation,<br />

je pars avec Jean-François,<br />

étudiant agronome comme moi,<br />

pour un projet de valorisation <strong>du</strong><br />

neem comme pesticide biologique<br />

au Pays Dogon. Encadré par Agro<br />

Sans Frontières Bretagne, ce projet<br />

de 4 mois va nous permettre à<br />

la fois de proposer des méthodes<br />

alternatives de protection des<br />

cultures maraîchères aux paysans<br />

maliens et de rencontrer une<br />

culture riche et inoubliable qu’est<br />

la culture dogon.<br />

Après deux ans d’école ingénieur agronome,<br />

je décide d’effectuer une année<br />

de césure. Envie de découvrir, d’étoffer<br />

mes expériences professionnelles,<br />

mais aussi de mieux cerner une<br />

branche de l’agronomie que j’ai alors<br />

envie d’approfondir : le développement<br />

rural. En 2005, j’ai la chance de<br />

rencontrer Bernard Jouan, président<br />

de l’association Agro Sans Frontières<br />

Bretagne qui nous propose de travailler<br />

sur la valorisation <strong>du</strong> neem, ou margousier<br />

(Azadirachta Indica), arbre d’origine<br />

indienne aux multiples propriétés…<br />

<strong>La</strong> recherche de financements commence<br />

alors, plus d’une année à l’avance !<br />

Dossiers, contacts, rencontres : beaucoup<br />

de temps est nécessaire pour<br />

pour des projets étudiants de qualité.<br />

Comme chaque année, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> favorise l’engagement des jeunes dans des projets de<br />

développement à travers l’octroi de <strong>bourses</strong>. En 2006, nous avons décidé de soutenir des étudiants partis en<br />

stage en ONG mettre à profit leurs compétences. Nous avons délivré ces <strong>bourses</strong> selon trois critères majeurs.<br />

- L’adéquation de la mission réalisée et des compétences <strong>du</strong> stagiaire : Devant l’engouement pour<br />

la solidarité internationale, beaucoup de jeunes veulent s’investir coûte que coûte sans vraiment<br />

cibler leur recherche selon leur profil, alors que la bonne volonté ne suffit pas pour assurer la<br />

réussite d’un projet.<br />

- L’intérêt <strong>du</strong> projet dans lequel s’investit le stagiaire : <strong>La</strong> solidité <strong>du</strong> partenaire local, l’implication de<br />

la population, la viabilité et pérennité <strong>du</strong> projet sont des critères essentiels afin d’éviter une<br />

relation de dépendance <strong>du</strong> Sud vis-à-vis <strong>du</strong> Nord.<br />

- <strong>La</strong> motivation, l’engagement et la réflexion <strong>du</strong> stagiaire que nous pouvons évaluer grâce à la<br />

cohérence de son parcours et l’encadrement qu’il peut recevoir dans sa démarche.<br />

<strong>Les</strong> articles qui suivent sont ceux d’Amandine, une des lauréates <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> et de son responsable de stage,<br />

qui l’a accompagnée tout au long de son expérience. Il était important de mettre en parallèle ses deux témoignages<br />

afin de mettre en avant la construction d’une logique commune entre étudiants et encadrants.<br />

Stage agro écologique au Mali<br />

Valorisation <strong>du</strong> Neem comme pesticide biologique dans les villages dogons.<br />

préparer au mieux les activités. Mars<br />

2006 arrive et c’est le grand départ<br />

pour le Mali. Accueillis à la Maison de<br />

Rennes à Bandiagara, nous prenons<br />

jour après jour nos repères alors que<br />

la chaleur commence à peser sur nos<br />

organismes encore mal habitués.<br />

<strong>La</strong> première phase <strong>du</strong> projet est un<br />

état des lieux de l’utilisation <strong>du</strong> neem,<br />

au Mali ainsi qu’au Burkina Faso et<br />

au Niger. Partis à la rencontre de<br />

chercheurs, d’associations ou de struc-<br />

tures travaillant sur le neem, nous<br />

avons ainsi la chance de traverser<br />

deux autres pays <strong>du</strong> Sahel présentant<br />

chacun de fortes particularités.<br />

De retour au Mali, nous travaillons<br />

en collaboration avec l’association<br />

féminine YA-G-TU, basée à Bandiagara<br />

qui souhaite s’investir dans le projet.<br />

Ainsi, nous organisons des sessions<br />

de sensibilisation dans 8 villages<br />

proches de Bandiagara pour présenter<br />

l’utilisation traditionnelle des fruits<br />

AVENTURE N°111 25<br />

Photo © A.S.F.B.


Photo © A.S.F.B.<br />

Zoom sur les Bourses<br />

<strong>du</strong> neem pour la protection des cultures<br />

maraîchères contre de nombreux ravageurs.<br />

En général, ce sont les femmes<br />

qui nous accueillent au village.<br />

Souvent intéressées, parfois trop occupées.<br />

Mais le bilan final est positif<br />

puisque des essais ont été réalisés<br />

avec succès dans chacun des villages.<br />

<strong>Les</strong> heures passées sur la moto ou<br />

à attendre à l’ombre sur la place <strong>du</strong><br />

village n’auront pas été vaines!<br />

Enfin, nous élaborons un guide de<br />

vulgarisation. Explication des méthodes<br />

d’utilisation <strong>du</strong> neem en français et<br />

dessins illustratifs en dogon donosso,<br />

avec l’aide indispensable de nos amis<br />

maliens pour la tra<strong>du</strong>ction…<br />

Au cours de ces semaines, il nous a<br />

fallu apprendre : la patience (pour le<br />

projet au quotidien), l’autonomie (car<br />

la communication avec la France est<br />

parfois limitée) et le dogon (pour<br />

partager au mieux lors de nos<br />

nombreuses rencontres).<br />

Ce projet a constitué une expérience<br />

extraordinaire aussi bien sur le plan<br />

professionnel que sur les plans humain<br />

et personnel. <strong>La</strong> découverte <strong>du</strong> Mali,<br />

des maliens et d’une culture si ancrée<br />

dans le quotidien est probablement<br />

l’expérience la plus enrichissante révé-<br />

lée par ce stage. Jamais nous n’oublierons<br />

les sourires, la joie de vivre<br />

ambiante ni les couleurs flamboyantes<br />

qui ont fait notre quotidien.<br />

Dès le retour en France, nous avons<br />

rédigé des comptes-ren<strong>du</strong>s pour nos<br />

partenaires et présenté le projet à<br />

nos écoles respectives. En ce qui<br />

concerne la suite <strong>du</strong> projet sur place,<br />

une autre étudiante agronome s’est<br />

ren<strong>du</strong>e au Mali pour le prolonger<br />

de 2 mois. Mais le travail de sensibili-<br />

Si on n’a pas soi-même vu et<br />

vécu concrètement les réalités<br />

humaines des pays pauvres,<br />

il est difficile de s’en imprégner<br />

et de les intégrer dans ses<br />

comportements et engagements<br />

quotidiens.<br />

Or, l’avenir de la Planète et<br />

de ses populations dépendra,<br />

pour une bonne part, de la prise<br />

de conscience et de l’engagement<br />

des jeunes générations :<br />

si le monde doit changer ce sera<br />

par elles et avec elles ! Il est<br />

donc essentiel que les jeunes<br />

puissent aller sur le terrain se<br />

rendre compte des réalités,<br />

côtoyer la vie quotidienne des<br />

gens, participer avec eux à des<br />

actions de développement, etc.<br />

sation et le suivi de la mise en place<br />

d’une unité de pro<strong>du</strong>ction basée sur<br />

le neem sont encore des activités<br />

qui demandent d’être poursuivies pour<br />

Bandiagara et ses environs !<br />

par Amandine Lebreton<br />

Un espoir pour l’avenir ?<br />

L’engagement des jeunes dans des programmes de développement dans les pays <strong>du</strong> Sud.<br />

26 AVENTURE N°111<br />

On parle beaucoup - et de plus en plus -<br />

de "développement <strong>du</strong>rable". C’est sans<br />

doute une bonne chose, <strong>du</strong> moins si<br />

on s’entend bien sur la véritable signification<br />

de cette expression, car elle<br />

implique une prise de conscience des<br />

problèmes, chez nous mais encore plus<br />

dans d’autres régions <strong>du</strong> monde car<br />

développement <strong>du</strong>rable - soutenable -<br />

ne peut se concevoir sans solidarité<br />

Nord-Sud.<br />

De chez nous, pays riches où tout se<br />

trouve en abondance et en particulier la<br />

nourriture, même si elle n’est pas accessible<br />

à tous, on a <strong>du</strong> mal à imaginer que<br />

pour beaucoup d’habitants de notre<br />

planète, la préoccupation principale de<br />

chaque jour est de savoir s’il va être<br />

possible de trouver quelque chose à<br />

boire et à manger !<br />

Pourtant, si on voulait réellement - car<br />

Photo © A.S.F.B.


c’est dans la plupart des cas techniquement<br />

possible - permettre aux populations<br />

d’assurer elles-mêmes leur sécurité (ou<br />

souveraineté) alimentaire, il faudrait<br />

mettre en place des programmes à long<br />

terme prenant en compte l’environnement<br />

et la gestion des ressources naturelles<br />

(sols, eau, biodiversité), l’amélioration et<br />

la diversification des pro<strong>du</strong>ctions vivrières,<br />

la formation et l’organisation des acteurs<br />

à tous les niveaux.<br />

C’est dans cette perspective que s’est<br />

organisé le séjour au Mali, au cœur<br />

<strong>du</strong> pays dogon, d’Amandine et Jean<br />

François, tous deux étudiants en agronomie.<br />

Ils sont partis enseigner la valorisation<br />

pratique des extraits de neem en<br />

protection des cultures.<br />

En effet, dans les pays <strong>du</strong> Sud, à la fois<br />

pour des raisons climatiques et par<br />

manque de moyens d’intervention, le<br />

parasitisme des cultures et des récoltes en<br />

cours de stockage est permanent et très<br />

important. Entraînant des pertes énormes.<br />

<strong>Les</strong> moyens d’intervention sont, par<br />

contre, faibles ou inexistants et la<br />

solution est souvent de faire appel aux<br />

pro<strong>du</strong>its chimiques des pays <strong>du</strong> Nord<br />

qui sont coûteux, souvent inaccessibles<br />

ou périmés, parfois dangereux car<br />

mal utilisés, etc.<br />

Or, il existe localement des ressources<br />

naturelles intéressantes aux propriétés<br />

pesticides remarquables mais peu<br />

(ou pas) connues des populations et<br />

peu valorisées en pratique.<br />

Tel est le cas <strong>du</strong> neem ou margousier -<br />

arbre originaire d’Inde mais qui s’est<br />

beaucoup développé en Afrique de<br />

l’Ouest - qui contient (en particulier la<br />

graine) des substances ayant un large<br />

spectre d’action sur des parasites des<br />

cultures et même de l’homme à tel point<br />

que la principale molécule active a intéressé<br />

une multinationale américaine<br />

(brevet) et que les extraits de neem<br />

sont autorisés en agriculture biologique<br />

dans certains pays d’Europe.<br />

Amandine et Jean-François, au cours<br />

d’une année de césure dans leur cursus,<br />

ont pris ce problème à "bras le corps".<br />

Avant leur départ, pendant près d’une<br />

année, ils ont travaillé à la préparation<br />

de leur projet puis, sur place (au Mali et<br />

dans les pays voisins), ils ont d’abord fait<br />

le tour des connaissances scientifiques<br />

et techniques sur le sujet. Puis, en<br />

s’appuyant sur les données recueillies,<br />

ils ont préparé et mis en application,<br />

avec les organisations locales, notam-<br />

ment une association féminine nommée<br />

YA-G-TU (association pour la promotion de<br />

la femme) et des groupements villageois,<br />

un programme très concret de sensibilisation,<br />

formation, démonstration, etc.<br />

Ils ont aussi rédigé un rapport scientifique<br />

et technique de grande qualité et<br />

réalisé une plaquette de vulgarisation<br />

simple faisant largement appel au dessin<br />

et à la langue locale (le Dogon) qui a été<br />

diffusée et qui sert de support à la<br />

vulgarisation qui se poursuit grâce à<br />

d’autres stagiaires (Sarah Staub) et<br />

à un animateur local de l’association<br />

féminine (Hamidou).<br />

Ainsi grâce à leur motivation qui les<br />

a amenés à décider une interruption<br />

d’une année dans leur cursus afin de<br />

vivre une expérience de développement,<br />

grâce leur esprit méthodique, leur<br />

rigueur, leur dynamisme, en s’appuyant<br />

sur leurs connaissances agronomiques<br />

et sur leurs aptitudes relationnelles,<br />

Amandine et Jean-François ont vécu<br />

une expérience assez exceptionnelle<br />

tant sur le plan de la connaissance<br />

d’une agriculture très différente de<br />

la nôtre que dans le domaine de la<br />

vulgarisation auprès de populations,<br />

certes analphabètes pour la plupart,<br />

mais très accueillantes et riches de<br />

valeurs humaines.<br />

LES ÉCHOS DU TERRAIN<br />

Pour une association comme Agro Sans<br />

Frontières (ASF), c’est non seulement<br />

intéressant de pouvoir confier la responsabilité<br />

de projets à des jeunes de cette<br />

valeur mais c’est un réel plaisir de les<br />

accompagner dans leur démarche qui<br />

marquera certainement leur vie personnelle<br />

et professionnelle.<br />

Que toutes les personnes et organismes 1<br />

qui ont permis par leur aide scientifique,<br />

technique ou financière, que ce travail<br />

d’intérêt général puisse être réalisé par<br />

Amandine et Jean-François soient ici<br />

très sincèrement remerciés car au-delà<br />

<strong>du</strong> sujet lui-même, l’enjeu est une prise<br />

de conscience des problèmes <strong>du</strong> Sud<br />

par les jeunes qui sont les citoyens <strong>du</strong><br />

21 ème siècle et qui ont un autre avenir à<br />

inventer pour la Planète et ses habitants.<br />

par Bernard Jouan<br />

Délégué d’Agro Sans Frontières-Bretagne<br />

Agro Sans Frontières-Bretagne<br />

Le Puits Berger, 35740 Pacé<br />

02 99 60 60 34<br />

bmpjouan.asf_bret@club-internet.fr<br />

1 - INP Nancy, ENSA Toulouse, Ville de Rennes et Association<br />

de Jumelage (AJCRPD), Ille et Vilaine-Mopti (AIVM), Crédit<br />

Agricole de Mayenne, <strong>Guilde</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> (<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>),<br />

Agro Sans Frontières, Organismes de Recherche (Mali, Burkina,<br />

Niger), CEAS Ouagadougou, Service de l’Agriculture, Association<br />

féminine YA-G-TU, Groupements villageois, etc.<br />

AVENTURE N°111 27<br />

Photo © A.S.F.B.


LES PARTENAIRES<br />

<strong>La</strong> professionnalisation est au cœur des ambitions des ONG aujourd’hui. Or devenir professionnel de la solidarité<br />

international ne s’improvise pas. De nombreuses formations existent, c’est le cas par exemple de l’association HUMACOOP<br />

qui développe depuis plusieurs années des formations en prise directe avec les besoins <strong>du</strong> terrain. L’IRCOM est une école,<br />

qui propose un tout nouveau cursus ; il nous a semblé intéressant de les solliciter sur les spécificités de cette formation.<br />

L’institut BIOFORCE est quant à lui, porteur d’une initiative réunissant de nombreuses organisations françaises, afin de<br />

mieux informer les jeunes qui souhaitent s’engager dans la solidarité internationale. Enfin AMI, nous présente sa position<br />

sur l’engagement des jeunes, à travers la voix de sa présidente, le docteur Chantal Aubert Fourmi.<br />

L’humanitaire fait rêver<br />

Mais l’engagement doit s’appuyer sur des bases solides<br />

Beaucoup d’enfants, de jeunes et<br />

même, de moins jeunes voudraient<br />

s’engager, partir, et ne savent pas<br />

comment passer à l’acte. Certains<br />

voient leur motivation s’effriter au fil<br />

<strong>du</strong> temps, font d’autres choix en cours<br />

de route, mais pour ceux qui restent<br />

vraiment motivés, commence la quête<br />

de la "première mission", celle qui<br />

va ouvrir les portes d’un univers<br />

qui apparaît fascinant.<br />

On se pose la question de ses compétences,<br />

de sa motivation, et rapidement<br />

de la pertinence de son choix :<br />

« Est-ce que je peux apporter quelque<br />

chose aux personnes démunies ? ».<br />

Dans les pays où sévissent des<br />

conflits, où la corruption a désorganisé<br />

les structures de base, où des catastrophes<br />

naturelles ont déstabilisé<br />

un équilibre fragile et révélé des<br />

souffrances insoupçonnées, il est parfois<br />

difficile de trouver sa place.<br />

<strong>Les</strong> motivations principales sont l’envie<br />

de partir et l’envie de servir. Ce point<br />

de départ est nécessaire mais ne doit<br />

pas cacher un mal-être tel, qu’il pourrait<br />

annuler toute la pertinence de<br />

la démarche. On fuit tous quelque<br />

chose quand on part, mais on doit<br />

être assez solide dans sa tête pour<br />

l’assumer pleinement.<br />

<strong>Les</strong> ONG qui s’inscrivent dans des<br />

programmes de plusieurs mois, et<br />

souvent de plusieurs années, auprès<br />

de populations démunies, recrutent<br />

28 AVENTURE N°111<br />

des volontaires pour un minimum de<br />

six mois, souvent toute une année.<br />

Elles vont essayer d’évaluer la capacité<br />

<strong>du</strong> candidat à être efficace au poste<br />

proposé, à être capable de vivre en<br />

communauté, dans des conditions<br />

sanitaires parfois frustes, et parfois<br />

dans des zones de guerre.<br />

Un départ de ce genre ne s’improvise<br />

pas. C’est là que les actions pendant<br />

le cursus étudiant vont être déterminantes<br />

: mettre à l’épreuve sa capacité<br />

à l’empathie (se mettre à la place de<br />

l’autre sans se déstabiliser soi-même),<br />

sa capacité à accepter d’autres<br />

cultures, d’autres échelles de valeur,<br />

sa capacité à valoriser les actions<br />

déjà existantes dans le respect de ceux<br />

qui sont déjà sur place, sa réactivité<br />

face à l’imprévu, menaçant ou non.<br />

C’est pourquoi, les actions de solidarité<br />

en France, l’implication dans le tissu<br />

associatif dès l’adolescence sont importants,<br />

de même que la participation à de<br />

micro-projets à l’étranger. On entend<br />

dire ça et là que ces micro-projets<br />

sont inutiles, faute de pouvoir mettre<br />

en place des outils d’évaluation qui<br />

quantifieraient leur impact réel. Je ne<br />

le crois pas. Outre leurs résultats objectifs,<br />

bien que ponctuels, ces missions<br />

créent des liens et un climat favorable à<br />

la reconnaissance mutuelle : les jeunes<br />

volontaires testent leur motivation et<br />

leur résistance, et apprennent "l’intelligence<br />

<strong>du</strong> terrain" en mettant de côté<br />

toutes leurs certitudes, tandis que les<br />

hôtes apprennent à connaître nos<br />

valeurs et le sens de notre démarche, et<br />

font partager tout un savoir, toute une<br />

sagesse inconnus des jeunes arrivants.<br />

Aide Médicale Internationale met en<br />

place actuellement une session de<br />

formation de cinq jours pour tout<br />

nouvel expatrié qui va partir sur une<br />

de nos missions : avant de partir pour<br />

six mois ou un an, les volontaires sont<br />

ainsi briefés sur les valeurs de notre<br />

ONG et sur les enjeux de nos actions,<br />

afin de partir avec tous les atouts pour<br />

une expérience fructueuse. Nous<br />

recrutons des "médicaux" afin de<br />

travailler au sein d’une équipe<br />

compétente et solidaire : médecins,<br />

infirmiers, sages-femmes, laborantins,<br />

mais aussi des logisticiens, administrateurs,<br />

chefs de projets etc.<br />

par le Dr Chantal Aubert-Fourmy<br />

www.amifrance.org<br />

Présidente d’AMI<br />

« Un départ en mission ne s'improvise pas. C'est là<br />

que les actions pendant le cursus étudiant vont être<br />

déterminantes : actions de solidarité en France,<br />

implication dans le tissu associatif, participation à des<br />

micro-projets à l'étranger... »


Photo © Humacoop Photo © Humacoop<br />

Partir en connaissance de cause<br />

Humacoop propose des préparations au départ<br />

Depuis maintenant plus de dix ans,<br />

l’association Humacoop propose aux<br />

futurs volontaires de se former avant<br />

de concrétiser leur projet de solidarité<br />

internationale. Fondée par un groupe<br />

d’experts d’institutions internationales<br />

et d’ONG, elle regroupe des compétences<br />

dans le champ des sciences<br />

sociales, politiques, juridiques et médicales,<br />

avec pour objet la création et l'enseignement<br />

de mo<strong>du</strong>les de formation à<br />

l'action humanitaire internationale.<br />

Deux sessions annuelles de quinze jours<br />

ont lieu à Grenoble en avril et en<br />

octobre. Ces sessions donnent un<br />

aperçu <strong>du</strong> paysage humanitaire<br />

international dans ses diverses composantes<br />

: acteurs, programmes, enjeux,<br />

doctrines, outils, bailleurs, compétences,<br />

analyses des crises, développement…<br />

<strong>Les</strong> enseignants proviennent<br />

d'universités, ONG, collectivités territoriales,<br />

centres de recherche, organes<br />

de presse, et sont choisis pour leur<br />

expérience <strong>du</strong> terrain et leur expertise<br />

technique. L’objectif de ces formations<br />

est à la fois simple et ambitieux :<br />

rassembler les acteurs de l’humanitaire<br />

pour favoriser le transfert<br />

d’expérience et la réflexion autour<br />

de l’évolution des crises et de la<br />

pertinence des réponses fournies par<br />

les humanitaires. A ce jour, plus de<br />

800 candidats ont suivi les formations<br />

d’Humacoop : Fordep Administrateurgéopolitique,<br />

Premiers départs, et<br />

Médecine Huma-nitaire. <strong>Les</strong> prochaines<br />

sessions auront lieu <strong>du</strong> 2 au 13 avril et<br />

<strong>du</strong> 29 octobre au 9 novembre 2007.<br />

En terme de perspectives, Humacoop<br />

entend développer de nouveaux<br />

mo<strong>du</strong>les d'enseignement sur les questions<br />

humanitaires et de relations internationales,<br />

au vu des modifications<br />

considérables des contextes d’intervention<br />

et des nouveaux enjeux qui<br />

s'imposent aux acteurs de la solidarité<br />

internationale : <strong>du</strong> 12 au 16 mars 2007,<br />

Humacoop lance la formation "Mission<br />

exploratoire". Elle propose aux personnels<br />

expérimentés d’ONG ou de collectivités<br />

territoriales d’acquérir des<br />

outils théoriques et opérationnels pour<br />

analyser et évaluer une situation,<br />

émettre un diagnostic sur la situation<br />

humanitaire d’une population.<br />

Pour compléter cette activité de formation,<br />

Humacoop convie régulièrement<br />

le public grenoblois autour de débats<br />

abordant des thématiques d’actualité<br />

et de solidarité internationale ("Terrorisme<br />

: une menace globale ?", "Médias<br />

et Humanitaire"). Le prochain colloque<br />

prévu au printemps 2007 traitera<br />

des religions comme composante<br />

historique et incontournable de l’humanitaire<br />

et de leur impact dans la<br />

sphère de l’aide internationale.<br />

par Valérie Paillas<br />

« Bien que beaucoup de jeunes<br />

soient attirés par le côté<br />

"aventureux" d’une mission,<br />

une telle expérience doit se<br />

préparer. Humacoop propose<br />

de former les futurs volontaires<br />

de la solidarité internationale. »<br />

LES PARTENAIRES<br />

AVENTURE N°111 29<br />

Photo © Dynamo International<br />

Photo © Noor<br />

Photo © PSE<br />

Photo © Point-Cœur<br />

Photo © Enfants <strong>du</strong> Mékong


Illustration © Ircom<br />

Professionnels de la solidarité<br />

Un nouveau Master à l’IRCOM<br />

"Management <strong>du</strong> développement – mention action humanitaire et sociale"<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> : Pourquoi l'IRCOM a-t-il<br />

développé une nouvelle formation ?<br />

Benjamin Pavageau : L’IRCOM, fondé en 1984, offre<br />

des formations dans le domaine de la communication,<br />

<strong>du</strong> management, de la culture et des sciences politiques<br />

et travaille avec un réseau d’universités internationales<br />

(Afrique <strong>du</strong> Sud, Taïwan, Inde, Europe…). Cette expérience<br />

nous a naturellement poussés à appréhender la communication<br />

dans ses multiples dimensions : interculturelle,<br />

interpersonnelle, internationale…<br />

Nous avons constaté, malgré les formations florissantes<br />

dans le domaine de l’humanitaire, la nécessité de contribuer,<br />

par une nouvelle approche, à sa professionnalisation<br />

et à l’approfondissement <strong>du</strong> sens de son action. En effet,<br />

l’humanitaire pourrait oublier qu’il est au service de la<br />

personne humaine dans toutes ses dimensions et mettre<br />

tous ses efforts dans les moyens techniques. De plus,<br />

compte tenu de nos intuitions et de notre analyse, nous<br />

sommes convaincus que l’ère de "l’assistanat" touche à<br />

sa fin et qu’il est indispensable d’entrer dans le cercle<br />

vertueux de l’économie solidaire. Pour cela, nous souhaitons<br />

contribuer à l’unification de l’action des différents acteurs :<br />

tant les OSI, les collectivités que les entreprises.<br />

S.E. : Quel est sa spécificité par rapport aux nouveaux<br />

Masters qui se créent chaque année ?<br />

B.P. : Son originalité est dans son positionnement, son<br />

contenu et sa méthode. Le positionnement de ce Master<br />

est avant tout celui d’une école de management pour<br />

le domaine de l’humanitaire et de l’aide au développement,<br />

mais également pour l’entreprise. En effet, notre ambition<br />

est de former la personne intégralement et de la rendre<br />

capable de maîtriser les techniques et les outils (gestion<br />

<strong>du</strong> cycle de projet, gestion, communication, fundraising)<br />

mais aussi de comprendre ceux qu’ils servent parce qu’ils<br />

30 AVENTURE N°111<br />

les appréhendent dans leur complexité et leur environnement<br />

social, économique, religieux et culturel. Certains<br />

chefs d’entreprise nous manifestent déjà leur intérêt pour<br />

ce "nouveau type de manager".<br />

Notre vision <strong>du</strong> développement se fonde sur la personne<br />

humaine, "cœur de la paix". Cette vision, au-delà d’une<br />

approche uniquement globale ou indivi<strong>du</strong>aliste, part<br />

d’une analyse des besoins des personnes. Ceci rend<br />

possible le service <strong>du</strong> bien commun.<br />

Comme le dit l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ :<br />

« <strong>La</strong> meilleure connaissance est celle qui mène l’homme<br />

vers les hommes ».<br />

<strong>La</strong> méthode enfin est ancrée dans le réel. Nous avons organisé<br />

le programme en suivant le rythme d’une mission :<br />

identification et finalité, connaissance des parties<br />

prenantes, programmation <strong>du</strong> projet, management et<br />

administration, gestion de la crise et évaluation.<br />

<strong>Les</strong> interventions sont animées par des professionnels et<br />

de nombreux projets sont réalisés pendant la formation<br />

et évalués par les partenaires <strong>du</strong> Master (Auteuil International,<br />

Caritas France, Enfants <strong>du</strong> Mékong, Fondation<br />

Follereau, Groupe Développement, MEP Asie…).<br />

Enfin, sur les quinze mois de la formation, la moitié est<br />

réalisée sur le terrain à travers deux stages.<br />

S.E. : Quelle est l'approche de l'IRCOM face à<br />

l'environnement de la solidarité internationale et<br />

à l’engagement des jeunes ?<br />

B.P. : <strong>La</strong> solidarité internationale implique de se connaître<br />

et de connaître l’autre dans toutes ses dimensions<br />

(culturelles, religieuses, anthropologiques…). Cette connaissance<br />

con<strong>du</strong>it à une action en faveur de l’autonomie<br />

et de la responsabilité des personnes bénéficiaires. C’est<br />

tout le sens des débats actuels autour <strong>du</strong> micro-crédit<br />

et de l’aide à la création d’entreprise.<br />

Nous constatons chez les jeunes à la fois une crainte<br />

<strong>du</strong> monde de l’entreprise ultra compétitive et en même<br />

temps une authentique générosité. Nous pensons que cette<br />

crainte et cette générosité peuvent être transformées<br />

en une action réaliste et réfléchie au service de la dignité<br />

de l’homme, qu’il soit en situation de misère dans<br />

un pays <strong>du</strong> Sud ou en situation de fracture sociale<br />

dans nos pays riches. Finalement, nous essayons de<br />

les aider à trouver un point d’équilibre entre leur générosité<br />

et la réalité, par l’échange Nord-Sud, par la complémentarité<br />

de la démarche des ONG et celle de l’entreprise.<br />

Cet équilibre et cette unité sont un gage d’épanouissement<br />

et de réussite professionnelle.<br />

www.ircom-humanitaire.com<br />

Renseignements : 02 41 79 64 64<br />

« L’originalité <strong>du</strong> master de l’IRCOM est dans son positionnement en tant qu’école<br />

de management pour le domaine de l’humanitaire et de l’aide au développement. »


LES PARTENAIRES<br />

Tour de France - Bioforce<br />

L’humanitaire à la rencontre des jeunes<br />

Vous croiserez sans doute à l’occasion<br />

d’un salon, d’un forum, des<br />

membres de Bioforce responsables<br />

<strong>du</strong> tour de France de l’humanitaire.<br />

Ce tour de France, a pour vocation<br />

d’offrir un espace de rencontre et<br />

de découverte aux jeunes qui<br />

souhaitent s’engager dans la solidarité<br />

internationale.<br />

1 jeune sur 3 souhaite s’engager dans<br />

la Solidarité Internationale. Bioforce,<br />

centre de formation et d’orientation<br />

pour les métiers de l’humanitaire, et<br />

les principales ONG françaises (Action<br />

Contre la Faim, la <strong>Guilde</strong>, Handicap<br />

International, Médecins <strong>du</strong> Monde,<br />

la Croix-Rouge française…) vont à leur<br />

rencontre dans une quinzaine de villes<br />

en France. Un Tour de France pas<br />

comme les autres pour tout savoir sur<br />

la solidarité (métiers, recrutement,<br />

carrière…) et les différentes formes<br />

d’engagement ouvertes aux jeunes !<br />

Pourquoi un Tour de France<br />

humanitaire ?<br />

Pour répondre à l’engouement des<br />

jeunes pour la solidarité…<br />

De nombreuses études témoignent<br />

de l’intérêt croissant des jeunes<br />

(18-28 ans) pour le secteur de la solidarité,<br />

en particulier internationale.<br />

Véritable phénomène de société,<br />

ils affirment leur désir de faire bouger<br />

les choses ! En parallèle des missions<br />

internationales, la diversité des engagements<br />

qui leur sont offerts reste<br />

cependant trop souvent méconnue.<br />

Le premier objectif <strong>du</strong> Tour de France<br />

est de donner cette information aux<br />

jeunes, acteurs solidaires de demain.<br />

Pour expliquer la professionnalisation<br />

de l’action humanitaire<br />

<strong>La</strong> volonté d’agir en faveur des populations<br />

vulnérables est un critère fondamental<br />

de recrutement pour les<br />

acteurs de la solidarité. Elle n’est<br />

cependant plus suffisante ! Pour leurs<br />

quelques 5 500 départs par an, les<br />

ONG recherchent désormais des<br />

professionnels possédant à la fois<br />

une bonne dose de maturité, des<br />

compétences avérées et la capacité<br />

de les adapter à des situations de plus<br />

en plus complexes. Le second objectif<br />

<strong>du</strong> Tour de France est d’expliquer<br />

ces exigences pour permettre à ces<br />

jeunes de mieux s’orienter dans ce<br />

secteur spécifique. Ainsi selon Olivier<br />

Vandecasteele, chargé d’orientation<br />

à Bioforce et animateur <strong>du</strong> Tour de<br />

France, « notre travail consiste à<br />

donner une vision réaliste aux souhaits<br />

des jeunes. Nous souhaitons amener<br />

les jeunes à se poser les bonnes<br />

questions en termes d'engagement,<br />

de disponibilité, de contraintes indivi<strong>du</strong>elles<br />

et surtout qu'ils déterminent<br />

ce qu'ils souhaitent apporter aux populations<br />

<strong>du</strong> Sud. »<br />

S’inscrire dans la <strong>du</strong>rée<br />

A chaque étape, une séance collective<br />

d’information d’une <strong>du</strong>rée de deux<br />

heures est organisée pour répondre<br />

à un large public. Au programme :<br />

métiers de la solidarité, recrutement<br />

des ONG, formes d’engagement ouvertes<br />

aux jeunes en France et à l’international,<br />

témoignages… <strong>Les</strong> jours suivants,<br />

des entretiens indivi<strong>du</strong>els d’orientation<br />

viennent compléter le dispositif, cette<br />

fois pour s’adapter aux questions<br />

spécifiques des participants. L’action<br />

s’inscrit dans la <strong>du</strong>rée par l’édition<br />

d’un guide d’information, réunissant<br />

l’ensemble des propositions des partenaires<br />

en direction des jeunes, qui<br />

est largement diffusé au sein des<br />

structures d’information et d’orientation<br />

Jeunesse.<br />

En 2006-2007, la première saison <strong>du</strong><br />

Tour de France humanitaire va à la<br />

rencontre de ces jeunes dans une<br />

quinzaine de villes de France. Montpellier<br />

a ouvert la marche en novembre<br />

2006, suivie de Marseille, Clermont-<br />

Ferrand, Nantes. Le 15 janvier dernier,<br />

l’équipe <strong>du</strong> Tour de France humanitaire<br />

faisait étape à Toulouse où plus de<br />

120 personnes les attendaient. Viendront<br />

ensuite pour poursuivre la<br />

saison 1 <strong>du</strong> Tour : Grenoble, Lille,<br />

Annecy, Privas, Lyon, Le Mans,<br />

Poitiers, Paris, Dijon…<br />

par Marie Perroudon<br />

www.tdf-humanitaire.net<br />

AVENTURE N°111 31<br />

Photo © TDF-Humanitaire<br />

Illustration ©TDF-Humanitaire


"Dispositifs jeunes"<br />

Commerce équitable<br />

<strong>Les</strong> jeunes s’engagent pour le commerce équitable<br />

Max Havelaar France est une association à but non<br />

lucratif qui délivre un label aux pro<strong>du</strong>its répondant<br />

aux standards internationaux <strong>du</strong> commerce équitable.<br />

Sa mission est de favoriser le développement<br />

des pays <strong>du</strong> Sud, en mettant en relation les coopératives<br />

de pro<strong>du</strong>cteurs au Sud avec les in<strong>du</strong>striels<br />

au Nord et en sensibilisant les Français aux enjeux <strong>du</strong><br />

commerce équitable. Elle fait partie d’une fédération<br />

internationale, FLO (FairTrade <strong>La</strong>belling Organizations),<br />

qui regroupe 20 associations dans le Monde.<br />

« Puisque nos achats ici changent leur vie là-bas »,<br />

les étudiants vont convaincre les consommateurs<br />

français dans les points de vente !<br />

<strong>Les</strong> étudiants sont de plus en plus nombreux à être<br />

sensibles au commerce équitable et désirent réaliser<br />

des actions concrètes avec l’association Max Havelaar<br />

France. C’est pour répondre à cet intérêt grandissant<br />

que le projet "Actions Commerciales Etudiantes avec<br />

l’association Max Havelaar" a été créé.<br />

Pour la deuxième année consécutive, l’association<br />

propose ce projet aux étudiants sur toute l’année<br />

scolaire 2006-07. L’objectif est de s’investir dans<br />

un projet complet pour la promotion des pro<strong>du</strong>its<br />

<strong>du</strong> commerce équitable labellisés Max Havelaar.<br />

<strong>Les</strong> actions proposées sont professionnalisantes<br />

et peuvent faire l’objet d’un projet tutoré ou d’un<br />

stage conventionné.<br />

En 2004, 86 % des jeunes de 15 à 24 ans ont déjà<br />

enten<strong>du</strong> parler <strong>du</strong> commerce équitable et 40 % d’entre eux<br />

ont déjà acheté des pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> commerce équitable…<br />

<strong>Les</strong> jeunes adhèrent au commerce équitable et souhaitent<br />

s’engager pour encourager son développement.<br />

Le commerce équitable permet une démarche d’é<strong>du</strong>cation<br />

et de solidarité pour les jeunes : en effet, l’achat de pro<strong>du</strong>its<br />

équitables permet de faire d’un geste quotidien de consommation<br />

un acte de solidarité.<br />

Faites connaître le commerce équitable :<br />

• Sensibilisez votre entourage : parlez <strong>du</strong> commerce<br />

équitable, de son impact au Sud, faites goûter les pro<strong>du</strong>its,<br />

organisez des projections vidéo, suscitez la discussion…<br />

• Organisez des actions de sensibilisation tout au long<br />

de l’année, notamment lors des temps-forts : Semaine<br />

de la Solidarité Internationale en novembre, Semaine<br />

Etudiante <strong>du</strong> Commerce Equitable en mars, Quinzaine<br />

<strong>du</strong> Commerce Equitable en mai. Ex : conférence-débat,<br />

stand d’information, dégustation…<br />

• Engagez-vous avec les groupes locaux ou des relais<br />

locaux de Max Havelaar France. Pour vous renseigner,<br />

vous pouvez les contacter directement. <strong>La</strong> liste de nos<br />

42 groupes locaux est disponible sur notre site, rubrique<br />

S’engager/Particulier.<br />

32 AVENTURE N°111<br />

Changez les pratiques :<br />

• Préférez les pro<strong>du</strong>its équitables dans les magasins<br />

où vous faites vos courses (les pro<strong>du</strong>its portant le label Max<br />

Havelaar sont facilement identifiables grâce au logo bleu et<br />

vert, garantissant le respect et le contrôle des standards<br />

internationaux <strong>du</strong> commerce équitable)<br />

• Aidez à l’intro<strong>du</strong>ction de pro<strong>du</strong>its équitables dans<br />

les lieux de restauration de votre université ou de votre<br />

école (distributeurs automatiques, cafétérias, resto U…)<br />

Si vous avez besoin d’un coup de main, n’hésitez pas à<br />

contacter l’association.<br />

• Consommez vous-mêmes équitable au sein de votre<br />

association, aussi bien pour les pro<strong>du</strong>its alimentaires que<br />

pour pro<strong>du</strong>its textiles (tee-shirts…). <strong>La</strong> liste des pro<strong>du</strong>its<br />

labellisés Max Havelaar est disponible sur le site, rubrique<br />

Ressources/Le plein d’infos<br />

• Participez à la promotion des pro<strong>du</strong>its équitables<br />

dans les magasins : le projet "Actions Commerciales<br />

Etudiantes avec le label Max Havelaar" propose aux<br />

étudiants de réaliser des actions de sensibilisation directement<br />

sur les lieux d’achat.<br />

• Changez les pratiques de consommation de votre<br />

entreprise, de votre mairie ou de votre région, par exemple<br />

en militant pour au moins un café équitable dans les distributeurs<br />

automatiques ou pour des jus de fruits équitables<br />

lors des cocktails. Dans le cadre professionnel, vous pourrez<br />

également relayer toutes ces démarches auprès de<br />

votre comité d’entreprise, de votre service de gestion…<br />

www.maxhavelaarfrance.org<br />

par Adeline Cœur<br />

Photo © Max Havelaar


Programme prioritaire, Envie d’Agir contribue à donner aux<br />

jeunes la place qui leur revient en tant qu’acteurs à part<br />

entière de la société, dans le développement <strong>du</strong> lien social,<br />

des échanges en faveur de la mobilité, <strong>du</strong> développement<br />

économique, politique et culturel de la jeunesse.<br />

Enjeu pour le présent et pour l’avenir, Envie d’Agir contribue<br />

à mettre en œuvre les politiques publiques en matière de<br />

jeunesse dans une optique de soutien et d’aide aux projets.<br />

Envie d’Agir soutient les jeunes de 11 à 30 ans qui souhaitent<br />

s’engager dans une action utile pour la collectivité ou décidés<br />

à prendre des initiatives pour réaliser des projets personnels,<br />

depuis le plus petit projet de solidarité proximité jusqu’à<br />

la création d’entreprise ou les actions de volontariat en<br />

France et à l’international.<br />

<strong>Les</strong> jeunes candidats reçoivent un accompagnement, alliant<br />

l’information, le conseil et l’expertise de spécialistes. Une<br />

aide financière, la reconnaissance et la promotion locale<br />

et nationale de leurs réalisations leur sont assurées.<br />

Un parcours qui se décline<br />

en trois dispositifs évolutifs :<br />

- Le Fonds Départemental d’Aide à l’Initiative des<br />

Jeunes (FDAIJ) représente le premier niveau <strong>du</strong> parcours<br />

Envie d’agir puisqu’il est destiné à soutenir un premier<br />

projet à finalité d’utilité sociale ou d’intérêt général. Le<br />

FDAIJ permet aux 11-30 ans de bénéficier d’une aide<br />

de 1 000 euros maximum.<br />

- Le Concours de l’Engagement permet dans le cadre<br />

d’une poursuite de projet à finalité d’utilité sociale ou<br />

d’intérêt général de bénéficier d’une aide qui peut aller<br />

jusqu’à 1 600 euros, toujours pour des 11-30 ans<br />

- Défi Jeunes peut se définir comme un défi pour soi, un<br />

défi pour l’autre, avec des critères d’utilité sociale et d’innovation<br />

pour des jeunes majeurs de 18 à 30 ans. <strong>La</strong> bourse<br />

attribuée par Défi Jeunes va de 1 600 à 8 500 euros.<br />

Le saviez-vous ?<br />

Envie d’Agir a permis le soutien direct ou indirect de<br />

42 000 jeunes en 2006. Près de 750 structures labélisées<br />

Point d’Appui Envie d’Agir constituent les bases d’un<br />

réseau de grande proximité destiné à assurer l’accueil,<br />

l’information et le premier accompagnement des porteurs<br />

de projets. Le réseau est constitué d’associations de<br />

jeunesse, de bureaux d’information jeunesse ou de collectivités<br />

territoriales.<br />

Une large typologie de projets<br />

<strong>Les</strong> projets des jeunes porteurs de projets d’Envie d’Agir<br />

et de leurs coéquipiers sont d’une grande variété<br />

puisqu’ils recouvrent des domaines aussi variés que<br />

la citoyenneté, la solidarité de proximité, la solidarité<br />

internationale, le volontariat, la création d’entreprise,<br />

la création culturelle, l’animation de proximité, la première<br />

création professionnelle…<br />

www.enviedagir.fr<br />

LES PARTENAIRES<br />

Le programme Envie d’Agir<br />

Depuis près de trois ans maintenant, la qualité <strong>du</strong> programme Envie d’Agir permet au ministère de la jeunesse,<br />

des sports et de la vie associative de récompenser le talent, le dynamisme, la créativité et l’engagement<br />

solidaire d’une jeunesse riche en projets.<br />

Pour plus de renseignements sur ce programme, vous pouvez aussi<br />

contacter votre Direction Départementale de la Jeunesse et des<br />

Sports : www.jeunesse-sports.gouv.fr<br />

Michaël Carré est un jeune ingénieur de 25 ans. Il a créé la société qui conçoit, développe et commercialise des outils<br />

d’aide à la décision pour des professionnels de santé, en particulier en direction des personnes âgées et des personnes<br />

handicapées. <strong>La</strong>uréat régional Envie d’Agir, son projet a été sélectionné et primé dans le cadre d’Envie d’Agir National.<br />

« Médialis a pour fonction de recenser et d’évaluer les technologies destinées à améliorer la communication, la sécurité et le confort<br />

des personnes âgées et handicapées. En totale neutralité par rapport aux in<strong>du</strong>striels, nous aidons les familles et les soignants à mieux<br />

choisir des pro<strong>du</strong>its comme une prothèse auditive, un fauteuil roulant ou un détecteur de chute. Nous sommes partenaires <strong>du</strong> CNRS,<br />

de l’APHP, de la Société Française de Gériatrie et d’Age Village et nous incitons à une éthique respectueuse des personnes en situation<br />

de dépendance, dans le cadre de la loi <strong>du</strong> 11 février 2005. Suite au décès de mon père à cause d’erreurs médicales, j’ai lancé ce projet<br />

avec un ami sensibilisé depuis toujours à la médecine et au handicap, afin d’accompagner au quotidien les professionnels <strong>du</strong> secteur<br />

médico-social. Ce projet nous enrichit considérablement à titre personnel et notre équipe jeune et dynamique croît rapidement. L’aide<br />

d’Envie d’agir va nous permettre de créer une première grille d’évaluation concernant des pro<strong>du</strong>its dédiés à la maladie d’Alzheimer,<br />

pour la prévention des fugues notamment ».<br />

par Michaël Carré<br />

MEDIALIS, Hauts-de-Seine (92)<br />

AVENTURE N°111 33


Illustration © S. de Soyres<br />

PROGRAMMES GUILDE<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> est un programme de la <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> dédié aux étudiants qui s’intéressent<br />

à la Solidarité Internationale et aux associations étudiantes engagées dans un projet ou une démarche solidaire.<br />

Des formations à la conception<br />

et à la réalisation de projets<br />

de Solidarité Internationale<br />

s’adressant aux étudiants,<br />

associations et organismes<br />

accompagnant les projets.<br />

L’organisation ou la participation<br />

à des temps forts qui sont<br />

l’expression d’une ambition collective<br />

pour plus de solidarité.<br />

34 AVENTURE N°111<br />

Un suivi personnalisé<br />

des projets associatifs<br />

pour<br />

faciliter et améliorer<br />

leur réalisation.<br />

L’animation d’un réseau<br />

d’adhérents et d’experts<br />

encourageant la rencontre<br />

et le partage d’expériences.<br />

Une offre globale :<br />

<strong>La</strong> valorisation et<br />

la professionnalisation<br />

des projets associatifs<br />

et étudiants<br />

de Solidarité Internationale.<br />

Des offres de stages en ONG<br />

déposées par nos partenaires<br />

afin de rapprocher le monde<br />

étudiant des structures<br />

professionnelles de développement.


Illustration © S. de Soyres<br />

PROGRAMMES GUILDE<br />

Deux événements pour 2007<br />

L’UNIVERSITÉ NOMADE<br />

Comprendre la solidarité à travers<br />

une expérience de terrain.<br />

Un parcours expérimental organisé par des experts<br />

de la Solidarité Internationale pour découvrir des projets<br />

de développement, rencontrer les porteurs de projets,<br />

appréhender les réalités <strong>du</strong> terrain autour de thématiques<br />

économiques, sociales, agricoles...<br />

avec des axes de travail tels<br />

que études des politiques de développement,<br />

approche interculturelle, rencontres des acteurs.<br />

En 2007, <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong> vous emmène à l’étranger,<br />

15 jours en septembre.<br />

40 places disponibles pour les étudiants<br />

et les jeunes professionnels.<br />

LES GRANDS PRIX<br />

SOLIDARITÉS ÉTUDIANTES<br />

Cet automne, une manifestation prestigieuse<br />

pour recompenser des initiatives de Solidarité<br />

Internationale menées par les étudiants.<br />

Prochainement sur www.la-guilde.org<br />

<strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong><br />

<strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />

11, rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />

Tel : 01 43 26 94 52<br />

reseau-etu@la-guilde.org<br />

www.la-guilde.org<br />

AVENTURE N°111 35


PROGRAMMES GUILDE<br />

Préambule<br />

Monter un projet de solidarité internationale, alors que le monde <strong>du</strong> développement se professionnalise, ne s’improvise<br />

pas. Pourtant, chaque année de nombreux jeunes partent sur le terrain avec en tête un projet plus ou moins construit,<br />

sans trop connaître les réalités auxquelles ils vont se confronter.<br />

Cette méconnaissance débouche parfois sur des projets dont les conséquences sont à l'opposé <strong>du</strong> but recherché. Parmi<br />

eux, ceux basés sur des collectes et pouvant déboucher sur des trafics (notamment les médicaments) ou une saturation<br />

en pro<strong>du</strong>its inadaptés, ou ceux basés sur des dons et qui, ne s'intégrant pas dans une structure adaptée, entraînent une<br />

déresponsabilisation de la population visée, sont particulièrement à proscrire. À cela s’ajoute le caractère instable et la<br />

grande volatilité <strong>du</strong> milieu étudiant, qui, s’ils ne sont pas suffisamment pris en compte, peuvent s’avérer être un véritable<br />

handicap pour un projet de solidarité internationale demandant parfois un engagement sur plusieurs années.<br />

Au sein de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, nous avons fait le choix d’accompagner les jeunes dans leur volonté de s’engager dans<br />

la solidarité internationale. Notre démarche est simple : conseils techniques et partage d’expériences.<br />

Il ne s’agit pas, au travers de cette charte, de vous fournir un guide méthodologique pour monter un projet, mais de vous<br />

inciter à réfléchir tout au long de la mise en place de votre action. En vous engageant à respecter la Charte des projets<br />

associatifs de <strong>Solidarités</strong> <strong>Étudiantes</strong>, vous acceptez de rentrer dans une logique de réflexion et de concertation, démarche<br />

de plus en plus reconnue comme un gage de qualité auprès des différents acteurs de solidarité internationale.<br />

Trois phases pour un projet<br />

1. Tout projet de développement doit commencer par une phase de conception. Elle est primordiale car elle a pour objet<br />

de comprendre le contexte local, identifier les besoins pour définir la thématique d’intervention au regard de la capacité<br />

de l’association à mener à bien le projet choisi. Cette phase se déroule lors d’une mission exploratoire (ou diagnostic), elle<br />

conditionne les phases suivantes et plus globalement le succès <strong>du</strong> projet.<br />

Trop souvent cette étape est négligée, voire omise, cependant elle mérite toute votre attention et l’implication de toute<br />

l’équipe.<br />

2. <strong>La</strong> mise en œuvre <strong>du</strong> projet suit directement la définition de la thématique d’intervention. Elle concerne la<br />

spécification de l’action à mettre en œuvre. Cette étape se fera en étroite collaboration avec le terrain puisqu’il s’agit de<br />

définir les objectifs, les moyens les plus appropriés à mettre en œuvre (compte tenu des données humaines, techniques<br />

et financières), la répartition des tâches et des responsabilités, le calendrier et le financement avec comme but premier la<br />

pérennisation <strong>du</strong> projet.<br />

3. Le suivi <strong>du</strong> projet intervient chronologiquement à la fin <strong>du</strong> processus, toutefois, pour être efficace, il sera préparé en<br />

amont. Cette démarche d’évaluation a pour objet de juger de la pertinence et de l’efficacité des actions mises en place.<br />

Elle pourra mener à un réajustement ou une réorientation des actions. <strong>Les</strong> porteurs de projet devront donc déterminer au<br />

préalable des indicateurs de suivi, pour réaliser au mieux cette auto-évaluation.<br />

Rencontrer, échanger, partager sont les leitmotivs autour desquels<br />

s’organise un projet, et ce toujours dans une optique de pertinence<br />

sur le terrain.<br />

36 AVENTURE N°111<br />

Charte des projets associatifs de


S'ouvrir pour mieux s'engager<br />

4. <strong>La</strong> prise de recul sur votre projet est essentielle. Elle doit<br />

déboucher sur une réflexion globale sur la teneur de<br />

votre engagement et de votre projet <strong>du</strong> point de vue<br />

géopolitique, éthique ou méthodologique.<br />

Pour plus d’efficacité, cette réflexion doit être menée en<br />

concertation avec d’autres associations et pourra aboutir au<br />

montage de projets groupés.<br />

5. Il arrive que soient montés dans un même lieu deux<br />

projets similaires, faute de renseignements préalables. Ces<br />

“doublons” représentent autant de fonds qui pourraient être<br />

utilisés autrement.<br />

Il se peut également qu’une tentative de projet similaire ait<br />

été menée sans succès. Il faut alors se renseigner sur les<br />

raisons possibles de l’échec et repenser son propre projet.<br />

En évitant de repro<strong>du</strong>ire ce qui a été fait, vous<br />

gagnerez d'autant en efficacité.<br />

6. L’ouverture aux témoignages et expériences de<br />

techniciens ou de spécialistes au Nord comme au Sud<br />

permet d’affiner ses connaissances dans un domaine<br />

d’action spécifique.<br />

Il vous faut multiplier les compétences, ce qui peut<br />

parfois vous amener à confier une partie de la réalisation <strong>du</strong><br />

projet à ceux qui sont les plus compétents pour le faire.<br />

Travailler ensemble<br />

Nord-Sud<br />

7. Un projet ne peut pas être élaboré unilatéralement au<br />

Nord. Associer la population locale à toutes les phases<br />

<strong>du</strong> projet est la garantie d’un projet réaliste, correspondant<br />

aux besoins exprimés.<br />

8. Avoir une bonne compréhension <strong>du</strong> milieu est<br />

indispensable. <strong>Les</strong> différents aspects de l’environnement<br />

doivent être systématiquement étudiés, car ils auront un<br />

impact sur l’action menée, qu’ils soient d’ordre<br />

géographiques, socio-économiques, politiques, culturels…<br />

9. Votre projet doit s'appuyer sur un partenaire qui peut<br />

être de nature différente (association locale, comité<br />

villageois, groupement de femmes…), mais toujours<br />

représentatif de la population locale.<br />

PROGRAMMES GUILDE<br />

Il sera le plus à même de le gérer en collaboration avec<br />

l’association <strong>du</strong> Nord et sera son interlocuteur privilégié.<br />

Le partenariat devra se faire sur le principe de la<br />

réciprocité et il conviendra de bien définir les<br />

responsabilités de chacun et de répartir les rôles.<br />

10. Savoir utiliser et faire appel aux compétences locales<br />

est important. Non seulement solliciter des spécialistes<br />

locaux est une garantie que les techniques utilisées seront<br />

en parfaite adéquation avec les conditions de vie sur place<br />

(climat, culture, tradition, matériaux disponibles sur place)<br />

mais, dans certain cas, c’est aussi un moyen de valoriser et<br />

de réhabiliter un savoir-faire local oublié au profit de<br />

techniques <strong>du</strong> Nord.<br />

Travailler ensemble<br />

Nord-Nord<br />

11. Savoir s’entourer au Nord est aussi important.<br />

L’objectif est de rechercher les compétences nécessaires au<br />

projet, mais que l’équipe ne possède pas. Il peut s’agir<br />

d’experts (hydrauliciens, médecins, architectes…), de<br />

professionnels d’ONGs et plus généralement les personnes<br />

présentant la spécialité recherchée.<br />

12. <strong>Les</strong> échanges entre ONGs sont très porteurs<br />

et permettent de mener au Sud des actions plus<br />

pertinentes et efficaces.<br />

Un projet ne peut tirer que des bénéfices d’une prise<br />

de connaissance des expériences et des savoir-faire<br />

d’autres ONGs qui œuvrent dans les mêmes domaines et/ou<br />

dans la même région.<br />

13. <strong>Les</strong> réseaux associatifs existants peuvent aussi<br />

assurer un rôle de “conseil” auprès des nouveaux projets.<br />

Tout en permettant à leurs membres de se réunir et<br />

de bénéficier mutuellement de leurs expériences, de leurs<br />

contacts, de leurs réflexions… ils proposent souvent<br />

des cycles de formations, adaptés aux besoins de<br />

leurs adhérents.<br />

Ils sont également très souvent propices à la création<br />

de synergies et au rapprochement d’associations pour<br />

mener des projets en commun. Ce sont des lieux où votre<br />

projet étudiant pourra s'enrichir efficacement.<br />

AVENTURE N°111 37


Illustration © <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> - D.R. PROGRAMMES GUILDE<br />

38 AVENTURE N°111


Madagascar, août 2006, une équipe<br />

de 10 bénévoles <strong>du</strong> programme<br />

des Missions de la <strong>Guilde</strong>, a vécu<br />

comme plus de 300 autres dans<br />

25 autres pays, une expérience<br />

unique de rencontre, riche en<br />

émotions et en solidarité.<br />

Partir un mois pour nous, Français,<br />

dans un pays dît pauvre et de surcroît<br />

dans des conditions de vie si différentes<br />

de notre confort habituel est un<br />

chalenge ambitieux. Au-delà d’une<br />

motivation réelle, la nécessité <strong>du</strong> don<br />

de soi paraît indispensable. L’arrivée<br />

est un véritable choc. Nous prenons en<br />

pleine figure la misère de Madagascar,<br />

l’Ile Rouge si prisée pour son soleil et<br />

la beauté de ses plages, et nous réalisons<br />

difficilement que le cœur de la<br />

mission est ici, à Antananarivo. Une île<br />

aux milles saveurs nous accueille,<br />

aux milles contradictions aussi…<br />

Nous découvrons très rapidement<br />

notre quartier, un bidon ville malgache<br />

comme nous en croiserons d’autres<br />

lors de notre séjour, malheureusement.<br />

Nous sommes très chaleureusement<br />

accueillis par le partenaire local, en<br />

charge de la paroisse, lieu social<br />

par excellence. Nous rencontrons enfin<br />

les enfants, pour qui nous préparons<br />

cette mission depuis plusieurs mois avec<br />

l’aide et l’encadrement de la <strong>Guilde</strong>.<br />

Dire que ces enfants sont pauvres<br />

est une erreur. Ils sont si riches,<br />

d’une richesse de cœur, ils dégagent<br />

une joie de vivre jamais vue nulle part.<br />

Cette richesse tra<strong>du</strong>ite par de grands<br />

sourires sur leurs petits visages<br />

témoigne d’un culte profond de ce<br />

peuple pour une apparence joyeuse<br />

constante. L’étranger est accueilli<br />

comme un proche, les « bonjour ! »<br />

dans la rue fusent constamment<br />

pour les "vahazas" (étrangers) que<br />

nous sommes.<br />

Des journées bien remplies pendant<br />

cette mission... Et des soirées occupées<br />

à l’organisation des activités<br />

<strong>du</strong> lendemain. Activités type peinture<br />

et jeux de plein air alliant ludique<br />

et créativité, des activités type sensibilisation<br />

à l’hygiène et échange en<br />

français alliant apprentissage et<br />

ouverture culturelle…<br />

Nous imaginions, avant de les rencontrer<br />

que ne disposant pas de jouets,<br />

ces enfants inventaient des amusements<br />

sur la base de la récupération<br />

d’objets. Mais ces comportements<br />

sont en réalité peu fréquents et au<br />

contraire, ils ne jouent presque pas :<br />

ils sont souvent assis en groupe, discutent<br />

un peu et observent des pierres<br />

ou autres objets qui sont par terre,<br />

à la portée de leurs mains.<br />

En leur permettant de s’exercer à des<br />

activités relevant des arts plastiques et<br />

<strong>du</strong> sport, nous avons certainement pu<br />

– certes pendant une courte <strong>du</strong>rée –<br />

susciter en eux un peu de créativité,<br />

nécessaire à la stimulation intellectuelle<br />

et à l’épanouissement personnel.<br />

Il est frappant que certains enfants<br />

aient développé de plus en plus de<br />

vitalité <strong>du</strong>rant ce laps de temps, ce qui<br />

PROGRAMMES GUILDE<br />

MADAGASCAR : au cœur de la pauvreté<br />

Vivre une aventure utile auprès des plus démunis<br />

montre tout le bénéfice d’une attention<br />

portée aux enfants en vue de les inciter<br />

à l’action ludique et au développement<br />

de leur imagination. Nous avons<br />

pu voir les plus jeunes s'éveiller au fil<br />

des semaines et devenir de plus en<br />

plus vifs et à l'aise en notre présence.<br />

Grâce à notre statut français, notre<br />

action auprès des enfants avait aussi<br />

un intérêt d’échange culturel. Nous<br />

avons apporté à ces enfants un peu de<br />

notre culture par nos jeux, nos chansons,<br />

nos animations et notre langue !<br />

Et ce sont surtout eux et les partenaires<br />

qui nous ont appris beaucoup<br />

par leur accueil, leur manière de vivre,<br />

leur humilité et leurs savoir-faire !<br />

Cette mission a eu un aspect positif pour<br />

nous et pour les é<strong>du</strong>cateurs qui s'occupent<br />

des enfants toute l'année sans<br />

vacances. L'arrivée des bénévoles de la<br />

<strong>Guilde</strong> leur permet d'être soutenus.<br />

De plus, par notre position de tiers, les<br />

bénévoles de la <strong>Guilde</strong> peuvent interagir<br />

dans l'organisation et la répartition des<br />

responsabilités dans l'institution. Cela<br />

peut peut-être permettre un meilleur<br />

fonctionnement. Par exemple, nous<br />

avons veillé à ce que les é<strong>du</strong>cateurs<br />

aient accès au cahier des enfants toute<br />

l'année, afin d’y notifier leurs évolutions<br />

et remarques.<br />

Nous repartons de cette mission tous<br />

très heureux, et époustouflés par tout<br />

ce que nous avons vécu. Une expérience<br />

unique au service des autres que<br />

chacun devrait vivre au moins une fois !<br />

par l’équipe Aïna<br />

Madagascar Août 2006<br />

AVENTURE N°111 39<br />

Photos © Équipe Aïna 2006


Illsutration © www.dessinemoilebonheur.com<br />

AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />

Parce qu’il existe d’autres façons de coopérer…<br />

<strong>La</strong> solidarité c’est d’abord une rencontre, un échange. Dans les projets dépeints dans cette revue, cette relation naît<br />

souvent dans le cadre d’un projet voulu "solidaire". Mais au hasard d’une rencontre "hors contexte", au cours<br />

d’une aventure, d’un défi personnel, on peut prendre conscience de l’importance <strong>du</strong> partage et de l’engagement. <strong>La</strong> <strong>Guilde</strong><br />

<strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> est connue pour faire un pont entre les mondes de l’aventure et de la solidarité internationale,<br />

c’est pourquoi nous avons tenu à publier les trois articles qui suivent, illustrant la naissance non provoquée <strong>du</strong> sentiment<br />

de solidarité.<br />

En route vers le bonheur…<br />

A la rencontre des auteurs sud-américains de bandes dessinées.<br />

Pauline Bignon et Franck Cedolin,<br />

étudiants en école de commerce<br />

partagent la passion <strong>du</strong> vélo et de<br />

la BD. Cela leur a suffit pour<br />

monter leur projet. Il prenait tout<br />

d'abord la forme d'un défi personnel<br />

(tour de l'Amérique <strong>La</strong>tine en<br />

vélo pendant 6 mois) mais au<br />

cours de leur réflexion, la dimension<br />

formatrice, culturelle et de<br />

partage a pris de plus en plus<br />

d'importance... Ils vous font profiter<br />

d’ailleurs de leurs conseils et<br />

tuyaux pour vos projets à venir.<br />

« Préparer un projet étudiant, c’est<br />

se lancer dans une aventure passionnante…<br />

et ô combien formatrice ! »<br />

Notre projet, baptisé "Dessine moi le<br />

bonheur…", consiste en une traversée<br />

de l’Amérique <strong>du</strong> Sud à vélo de 6 mois,<br />

à la rencontre des dessinateurs de<br />

bande dessinée sud-américains. Le but<br />

<strong>du</strong> projet : réaliser un recueil de bande<br />

dessinée sur le thème <strong>du</strong> bonheur,<br />

mêlant le travail des auteurs sudaméricains<br />

rencontrés et celui de<br />

grands auteurs français. L’ouvrage, qui<br />

prendra la forme d’un recueil de<br />

nouvelles de bande dessinée, permettra<br />

ainsi de confronter les différentes<br />

visions des auteurs, selon un esprit<br />

que nous souhaitons à la fois authentique<br />

et original.<br />

40 AVENTURE N°111<br />

A travers ce projet, nous nous sommes<br />

ren<strong>du</strong>s compte de la portée professionnalisante<br />

d’une telle expérience.<br />

Au-delà <strong>du</strong> plaisir de concrétiser une<br />

envie personnelle, ce type d’initiative<br />

se révèle particulièrement enrichissante.<br />

A la base, nous voulions simplement<br />

réunir nos différentes passions (la BD,<br />

le voyage, le vélo) dans une même<br />

aventure. A partir de cette simple idée,<br />

nous nous sommes efforcés de faire<br />

émerger une base solide (en se fixant<br />

les grandes idées, la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> projet,<br />

un premier budget,…). Peu à peu, l’en-<br />

semble a pris forme, presque naturellement,<br />

au fil <strong>du</strong> temps et des<br />

rencontres. Savoir rebondir tout en<br />

gardant l’idée directrice <strong>du</strong> projet, cela<br />

constitue selon nous une des clés pour<br />

bien se lancer dans un projet.<br />

Ensuite - et ce fut là une grande partie<br />

<strong>du</strong> travail -, nous avons dû nous lancer<br />

dans la course aux financements… une<br />

véritable jungle au premier abord !<br />

Après, tout dépend de l’ambition <strong>du</strong><br />

projet, des finances personnelles, de<br />

ses relations,… Mais sans argent, pas<br />

de projet !<br />

Photo © Dessine moi le bonheur


Illsutrations © Alain Bignon<br />

De notre expérience, nous avons tiré<br />

quelques idées que nous voulions<br />

partager avec ceux qui se lancent dans<br />

un projet comme le notre.<br />

Avant tout, c’est inévitable, il a fallu<br />

monter un dossier complet : après<br />

l’avoir fait parvenir par mail à de<br />

grandes multinationales, nous avons<br />

réalisé qu’une demande de partenariat<br />

un peu générale envoyée par mail se<br />

solde toujours par un refus général.<br />

Nous nous sommes donc efforcés de<br />

bien cibler nos partenaires, en leur<br />

proposant des retours concrets,<br />

susceptibles de les intéresser, et<br />

en nous creusant la tête pour trouver<br />

ce que nous pouvions leur apporter à<br />

travers le projet. C’est ainsi que la<br />

boutique en ligne de matériel de cyclotourisme,<br />

www.cyclo-randonnee.fr est<br />

devenue notre principal partenaire<br />

technique pour l’aventure…<br />

Pour ce qui est de la recherche de<br />

sponsors, nous nous sommes en outre<br />

ren<strong>du</strong>s compte qu’il est préférable,<br />

de façon générale, de privilégier le<br />

contact "humain" : se déplacer, téléphoner,<br />

s’avère toujours plus convaincant<br />

et plus vivant qu’un simple mail.<br />

Dans ce sens, il ne faut pas hésiter à<br />

communiquer autour de soi pour se faire<br />

aider. <strong>Les</strong> partenaires locaux se sentent<br />

souvent davantage concernés par votre<br />

projet, en tout cas beaucoup plus que<br />

ceux de dimension plus nationale.<br />

De plus, les organismes comme la<br />

<strong>Guilde</strong> sont toujours prêts à vous aider.<br />

Depuis le début, la <strong>Guilde</strong> a toujours<br />

été disponible pour nous conseiller efficacement.<br />

Passez donc les voir !<br />

Pour ce qui est de la mise en valeur <strong>du</strong><br />

projet, la création d’un site Internet<br />

s’avère presque indispensable : notre<br />

site www.dessinemoilebonheur.com a<br />

donné un vrai coup de pouce à l’avan-<br />

cée des évènements, en rendant le<br />

projet plus crédible, et surtout plus<br />

visible. Bien plus, cela nous a forcés à<br />

nous plonger dans les abîmes de l’outil<br />

informatique, qui était encore un peu<br />

obscur pour nous ! <strong>La</strong> construction <strong>du</strong><br />

site nous a donc pris <strong>du</strong> temps, mais<br />

avec le recul, cela en valait la peine.<br />

Si notre projet "Dessine moi le<br />

bonheur…" était à la base un défi<br />

personnel, il a pris désormais une<br />

toute autre dimension. En effet, en<br />

faisant participer des auteurs de BD<br />

issus de pays de niveaux de développement<br />

différents, nous souhaitons<br />

aller à la rencontre de jeunes artistes<br />

pouvant avoir une réflexion sur le<br />

bonheur différente de la notre. Leur<br />

donner la parole, c’est également leur<br />

donner l’opportunité de faire connaître<br />

leurs talents méconnus en France ;<br />

c’est aussi contribuer à nourrir une<br />

AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />

collaboration, au moins artistique<br />

entre nos deux continents et voir<br />

naître des réflexions différentes (ou<br />

non ?) sur un thème universel.<br />

Si le projet est encore loin d’être achevé,<br />

il est bel est bien lancé… Or le plus<br />

important est sans doute l’étincelle <strong>du</strong><br />

début car cette envie, aussi floue soit<br />

elle, va mûrir au fil des rencontres et<br />

des événements.<br />

Ensuite tout le travail fourni pour une<br />

telle aventure ne coûte pas, il comble<br />

même, et se révèle des plus formateurs<br />

! Alors pourquoi hésiter ?<br />

par Pauline Bignon<br />

et Frank Cedolin<br />

www.dessinemoilebonheur.com<br />

AVENTURE N°111 41<br />

Illustration © Dessine moi le bonheur


Photo © M.-H. Trancart<br />

AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />

Rencontre au sommet<br />

Marc-Henri Trancart nous emmène<br />

au coeur des Alpes, à l’occasion<br />

d’une marche en solitaire. Il n’est<br />

pas toujours nécessaire de partir<br />

loin pour "faire des rencontres",<br />

en voici un témoignage.<br />

« Ces gueules cassées, ce sont aussi<br />

tes frères… », me dit Pierre, un SDF,<br />

la cinquantaine, dans un sourire où<br />

subsistent trois dents. L’homme<br />

m’avoue confus qu’il est "sur la route"<br />

depuis des mois, des mois qui sont des<br />

années… Je vais partager ce soir le<br />

bivouac avec lui. Singulière rencontre,<br />

fruit <strong>du</strong> hasard ou <strong>du</strong> destin ?<br />

Cela fait plusieurs jours que je me suis<br />

élancé dans une traversée des Alpes<br />

françaises. <strong>Les</strong> rencontres qui ponctuent<br />

ma marche m’offrent souvent<br />

le couvert, parfois le gîte. Je suis<br />

agréablement surpris qu’ici en France,<br />

le sens de l’hospitalité n’ait pas<br />

disparu. J’ai déjà beaucoup reçu et<br />

maintenant, je vais devoir donner.<br />

Devoir ? Comme si cette obligation me<br />

rebute. Si je marche, c’est pour moi.<br />

42 AVENTURE N°111<br />

Sans hypocrisie, j’ai voulu cette traversée<br />

pour me faire plaisir, et c’est tant<br />

mieux si on m’accueille.<br />

Pierre scrute mon sac à dos et mon<br />

équipement dernier cri, offert par le<br />

sponsor Millet. Naïvement, il me<br />

demande depuis combien de temps<br />

je suis, moi aussi, sur la route. Il pense<br />

que nous sommes embarqués sur la<br />

même galère. Je repousse cette<br />

idée, je me différencie de lui. « Je suis<br />

un vagabond si tu veux, mais pas<br />

un clochard », pensais-je. Pierre sort<br />

de son vieux sac tout rafistolé<br />

"quelques mets de choix" : une<br />

tranche de jambon dérisoire et un pot<br />

de Nescafé à moitié vide. Dans mon<br />

sac à dos, victuailles en abondance<br />

m’attendent secrètement. Car j’ai<br />

faim, la marche m’a épuisé. Toute<br />

cette bonne nourriture achetée à<br />

l’épicerie en vue d’un festin dont je me<br />

réjouissais, doit-elle être bêtement<br />

divisée en deux ? Quand la faim<br />

tenaille l’homme, point de solidarité<br />

avec son voisin. Seulement, si j’ai le<br />

ventre creux, c’est que je l’ai voulu.<br />

Pierre, c’est différent. On croit toujours<br />

qu’un misérable en est là parce qu’il ne<br />

s’est pas battu. Pas si sûr… <strong>La</strong> soirée<br />

se prolonge, Pierre me conte sa vie,<br />

sa chute et son plus grand regret : ne<br />

pas avoir su donner un jour, un<br />

"ptit’ quelque chose de bonheur" à<br />

quelqu’un. En fait, il se sent inutile.<br />

<strong>Les</strong> heures s’étirent, j’ai depuis<br />

longtemps partagé mon repas. Au fil<br />

de ses mots, se défilent mes provisions.<br />

Qu’importe ! J’écoute un homme<br />

qui sans le savoir, m’apporte<br />

beaucoup. Je le lui dis. Sa "gueule<br />

cassée" se réjouit, instant figé dans<br />

ma mémoire. Je l’avais jugé par<br />

son aspect, à la manière d’une haute<br />

montagne, où le brut campe la désolation,<br />

l’impossibilité d’une vie. En<br />

observant différemment, on découvre<br />

un détail, un ru ou une plante<br />

rabougrie, signe qu’il existe un autre<br />

regard. Un petit rien peut alors devenir<br />

extraordinaire dans ce paysage minéral,<br />

qui finit par le mettre en valeur. Un<br />

peu comme cette "gueule cassée",<br />

belle malgré les affres de la vie, redonnant<br />

un nouveau sens à ma marche.<br />

par Marc-Henri Trancart


AVENTURE & SOLIDARITÉ<br />

Des rustines contre la routine<br />

L’Eurasie en long, en large et en galères<br />

C’est au cours des années, des<br />

rencontres qu’elles amènent et<br />

des épreuves qu’elles nous font<br />

traverser, que le goût <strong>du</strong> voyage<br />

s’est attisé chez Alexandre Garros<br />

et Nicolas Lepoutre.<br />

Montpellier, France, Suède, Croatie,<br />

Hollande, Belgique, Chine, par le biais<br />

de stages d’études puis en trouvant <strong>du</strong><br />

travail, ils commencèrent ainsi à aller<br />

à l’encontre de leurs semblables et<br />

des terres qu’ils habitent, découvrant<br />

le monde, apprenant ses différences,<br />

et appréciant de plus en plus les vrais<br />

valeurs de la vie.<br />

De fil en aiguilles, tailler sa voie sur les<br />

routes <strong>du</strong> globe est devenu plus qu’une<br />

envie, et ce besoin de s’enrichir au gré<br />

des jeux <strong>du</strong> hasard les pousse aujourd’hui<br />

à se rapprocher encore plus de<br />

leur nature humaine.<br />

Résidant actuellement en Australie,<br />

ils s’apprêtent maintenant à rejoindre<br />

leur pays natal armé de leurs vélos,<br />

de leur tente et de leurs muscles<br />

"made in Kronenbourg" : paysages<br />

irréels, cultures envoûtantes, rencontres<br />

inopportunes, chaleurs et sueurs<br />

froides vont désormais les faire vivre<br />

pendant plus d’un an !<br />

A notre âge, beaucoup de jeunes<br />

se posent les questions suivantes :<br />

qui suis-je ? Où vais-je ? Quel est mon<br />

but dans ce monde impitoyable qui<br />

m’entoure ? Bref un besoin énorme<br />

d’apprendre à se connaître, de se<br />

retrouver dans des situations qui nous<br />

construisent afin d’acquérir cette<br />

maturité qui nous permettra de<br />

marcher d’un pas serein dans la vie !<br />

Ce projet est l’aboutissement d’un<br />

besoin personnel et d’une soif de<br />

découverte que nous avions dû mettre<br />

en mode veille <strong>du</strong>rant nos années<br />

Photos © www.rustines-vs-routine.fr<br />

d’études et nos premières années<br />

d’expérience. Et un beau matin, nous<br />

nous sommes ren<strong>du</strong>s compte que<br />

c’était maintenant ou jamais et que si<br />

nous voulions réaliser ce rêve, et bien<br />

nous devions agir, laissant de côté<br />

carrière, famille et amis.<br />

Bien sûr nous ne verrons qu’une infime<br />

partie de ce que recèle le monde, mais<br />

cela suffira (<strong>du</strong> moins pendant un<br />

certain temps) à combler notre passion<br />

commune <strong>du</strong> voyage et des rencontres<br />

et qui plus est, cela nous permettra de<br />

rabâcher nos aventures à nos petits<br />

enfants <strong>du</strong>rant les longues soirées<br />

d’hiver au coin <strong>du</strong> feu...<br />

Quoi que l’on puisse dire, on voyage<br />

d’abord pour soi même, pour découvrir<br />

des contrées lointaines autrement que<br />

par le biais de la TV. Cependant<br />

la démarche aurait moins de sens si<br />

nous nous limitions à voir, et c’est<br />

pourquoi nous souhaitons raconter<br />

et partager au maximum cette expérience<br />

avec les personnes que nous<br />

rencontrerons sur notre chemin et<br />

avec ceux que nous laisserons en<br />

France, et ceci quotidiennement<br />

à travers un site web, puis au travers<br />

de conférences, d’expositions, etc,<br />

à notre retour…<br />

L’itineraire<br />

Le choix <strong>du</strong> sens de l’itinéraire, à<br />

savoir d’Est en Ouest, a été dicté par<br />

les paramètres suivants :<br />

• Notre localisation les mois précédants<br />

le départ,<br />

• Trouver une logique entre nos dates<br />

de voyage et les climats de chaque<br />

pays,<br />

• Avoir des conditions de voyages<br />

simplifiées au départ pour la mise en<br />

route, et à l’arrivée, les difficultés<br />

majeures étant d’ores et déjà passées,<br />

• Faciliter les démarches administratives<br />

(9 derniers pays sans visas),<br />

• Relativiser notre frustration dans<br />

le cas d’un événement indésiré,<br />

• Avoir la motivation de rejoindre notre<br />

« home sweet home ».<br />

Le choix des pays a été conditionné par<br />

notre souhait à découvrir des zones :<br />

• qui nous tiennent à cœur,<br />

• peu connues <strong>du</strong> grand public,<br />

• ayant parfois une image déformée<br />

par les médias, afin de pouvoir se faire<br />

notre propre idée une fois sur place,<br />

• où la notion de partage n’est pas<br />

encore en voie d’extinction…<br />

Mais également conditionné par la<br />

situation géopolitique actuelle,<br />

certaines frontières étant fermées<br />

Cependant, cet itinéraire est une prévision<br />

et en aucun cas une obligation,<br />

donc si une région nous attire ou si des<br />

rencontres nous poussent à rester, cela<br />

se fera de manière naturelle (et vice et<br />

versa)… si nos visas le tolèrent…<br />

par Alexandre Garros<br />

et Nicolas Lepoutre<br />

www.rustines-vs-routine.fr<br />

AVENTURE N°111 43


Illustration © S. <strong>La</strong>ndel<br />

PÔLE VOYAGES<br />

Un programme de la <strong>Guilde</strong><br />

Qui ?<br />

S’adresse à toute association ou personne,<br />

adhérante à la <strong>Guilde</strong>, partant effectuer<br />

une mission de solidarité internationale.<br />

Quoi ?<br />

Soutien au départ en mission à l’étranger<br />

par la mise en place d’un service de réservation<br />

de billets d’avion. Il offre des avantages<br />

non négligeables et adaptés à la situation<br />

<strong>du</strong> bénévole ou <strong>du</strong> volontaire.<br />

Un service aérien<br />

destiné aux associations et personnes<br />

engagées dans<br />

la solidarité internationale.<br />

Contact : Pôle Voyages<br />

<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong><br />

11, rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />

Tél. : 01 43 26 97 52<br />

voyages@la-guilde.org<br />

www.la-guilde.org<br />

Bulletin d’abonnement<br />

à retourner à : la <strong>Guilde</strong> - 11 rue de Vaugirard - 75006 Paris<br />

(règlement par chèque à l’ordre de la <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong>)<br />

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Code Postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

S’abonne à la revue Aventure (6 numéros) 19 euros (tarif normal)<br />

14 euros (tarif adhérent)<br />

23 euros (tarif étranger)<br />

Comment ?<br />

- Être adhérent à la <strong>Guilde</strong>.<br />

- Demandez-nous un devis en transmettant<br />

votre projet et vos coordonnées complètes<br />

à notre Pôle Voyages.<br />

Joint son règlement de ............. euros à l’ordre de la <strong>Guilde</strong>. Date : .............<br />

<strong>La</strong> <strong>Guilde</strong> <strong>Européenne</strong> <strong>du</strong> <strong>Raid</strong> – 11 rue de Vaugirard 75006 Paris – Tél. : 01 43 26 97 52 / Fax : 01 46 34 75 45 – aventure@la-guilde.org

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