De l'éphémère au permanent - EPFL
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les camps<br />
Premièrement, il f<strong>au</strong>t distinguer les camps créés par des catastrophes naturelles<br />
qui sont souvent situés proche de la ville détruite contrairement <strong>au</strong>x<br />
camps de réfugiés dûs à un conflit qui sont généralement situés à l’extérieur<br />
du pays et créent des problèmes supplémentaires tels que la relation avec<br />
le pays d’accueil ou l’impossibilité de rentrer chez soi sous peine de mort.<br />
Lorsque la création d’un camp est due à des éléments externes tels que<br />
des conflits armés, des raisons économiques ou des désastres naturels,<br />
le site et la taille du camp ainsi que sa durée sont tout <strong>au</strong>tre. Les volontés<br />
et les choix des habitants sont différents. Habiter un lieu par obligation ou<br />
par choix change notre façon d’appréhender l’espace et d’y vivre. Une des<br />
problématiques lors de la reconstruction après un désastre naturel est la<br />
notion de liberté et d’<strong>au</strong>tonomie que l’on perd.<br />
Nous nous concentrerons sur les camps des victimes des catastrophes<br />
naturelles bien que le fonctionnement et l’organisation à l’intérieur du camp<br />
soitent similaires à ceux formés par des conflits.<br />
«I had always thought of camps as ephemeral things, as fleeting<br />
event spaces. Certainly the summer camp season passes and<br />
images of disaster areas fade, but camp spaces endure. In fact,<br />
we are immersed in this camping world, both ideological and<br />
experimental. We camp with kids in our backyards, we arrange<br />
ourselves in partisan camps, we watch as camps overflow with<br />
twenty millions refugees, we fill arenas with disaster victims, we<br />
speculate about the locations of terrorist camps, and we marvel<br />
at North American’s burgeoning RV culture. Camp spaces have<br />
become our environment.»<br />
(C.Hailey, 2009)<br />
Initialement les camps étaient installés et dirigés par des militaires, ces derniers<br />
avaient l’expérience nécessaire pour gérer de grands mouvements<br />
de masse et ceci s’accompagnait de quelques contraintes <strong>au</strong>toritaires: ils<br />
imposaient des couvres feux, des rations alimentaires et l’aide en soi <strong>au</strong>x<br />
victimes venait par la suite. L’objectif premier était de contrôler les différents<br />
groupes de population afin d’éviter d’éventuels conflits. (J.Grisel, 2010)<br />
<strong>De</strong> nos jours, l’aide militaire est toujours utile notamment pour maintenir la<br />
sécurité <strong>au</strong> sein des camps. L’organisation des camps nécessite occasionnellement<br />
de regrouper les gens de même religions ou ethnies afin que le<br />
déroulement de la vie quotidienne soit plus simple, ceci crée parfois des<br />
conflits éthiques <strong>au</strong> sein des organisations. (I.Vuarambon, entretient, 2011)<br />
Selon C.Hailey, les espaces des camps sont à la fois « ouverts et fermés »,<br />
ce qui particularise leur organisation.<br />
Si nous nous référons à une notion de camp qui nous est plus familière,<br />
c’est-à-dire les campings, nous pouvons voir qu’ils suggèrent un espace<br />
libre et ouvert, cependant la plupart du temps c’est le contraire. Les limites<br />
sont précises avec un agencement interne plus ou moins libre et ceci même<br />
dans les campings publics. La grande différence entre le camping que nous<br />
connaissons et les camps de réfugiés est le libre choix, l’obligation domine<br />
la volonté dans les camps de réfugiés.<br />
Le camp est donc à la fois un espace ouvert, mais délimité selon des règles<br />
strictes, l’individu a un certain degré de liberté <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de son habitation.<br />
Hailey souligne que les victimes sont souvent devenues plus vulnérables<br />
avec l’apport d’une aide, car la vulnérabilité insinue que la population touchée<br />
ne peut pas se débrouiller seule et nous pousse à tout organiser et<br />
gérer à sa place, ce qui ne convient pas <strong>au</strong>x habitants du camp et ôte leur<br />
capacité d’<strong>au</strong>togestion. Nous avons remarqué dans les différents témoignages<br />
que malheureusement les camps sont souvent synonymes de mise<br />
à l’écart, de ségrégation et tendent à enfermer les habitants dans un milieu<br />
informel.<br />
Dans l’exemple du tremblement de terre de Gibellina en Italie en 1968,<br />
nous retrouvons des témoignages qui comparent les camps de réfugiés à<br />
des camps de concentration.<br />
«The barrack cities have been called concentration camps by their<br />
inhabitants, and while that may be an exaggeration, the comparison<br />
is not without some validity. These 45’000 people are living surrogate<br />
lives in surrogate towns.<br />
It has been seven years of fire and ice. In the summer the scorching<br />
Sicilian sun turns the barracks into ovens, especially the metal<br />
Quonset huts. In the winter the cold wind whips through the thin walls<br />
of the wooden barracks and rattles the metal sheet of the Quonset<br />
huts, making it difficult to sleep. The only source of heat is a small<br />
electric heater; it must be small and therefore inadequate bec<strong>au</strong>se<br />
the insufficient electrical lines will not support heavier loads.<br />
For seven years the barracks dwellers have known no privacy in their<br />
tiny homes […]. Cardboard-thin walls provide the only separation<br />
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La problématique des camps