le showbiz sérial killer - cible No1: Renaud - Diogene éditions libres

majorité des socialos aussi. Or, je vote socialiste au second tour de
la présidentielle depuis 30 ans (sauf ma voix pour Chirac en 95, vous
savez pourquoi...).
J’avoue que quelques arguments du « non » ne me laissent pas
indifférent (cette Constitution ne va pas assez loin dans la protection
sociale, fait trop la part belle au libéralisme, à la concurrence, aux
délocalisations, etc.). Mais, elle est infiniment plus innovante que les
traités précédents, elle exprime des valeurs morales auxquelles je
crois : droit des femmes, droit des minorités, droit à l’emploi, laïcité,
démocratie, référendum d’initiative populaire, défense des
particularismes et langues régionales, défense de l’exception
culturelle, abolition des frontières internes, protection de
l’environnement, etc.
La loi du marché, le libéralisme triomphant, la libre concurrence, les
délocalisations,... (que critiquent les trotskistes et bizarrement la
droite réac qui s’en est toujours accommodée), même si je les
combats par ailleurs, sont hélas ! les fondements des politiques
capitalistes de l’ensemble des pays européens. Ils sont inéluctables
et ce n’est sûrement pas en votant « non » qu’on mettra fin à ces
pratiques.
En votant « oui », on fait avancer l’Europe, on la rend plus forte
économiquement, socialement, culturellement, politiquement, plus
forte pour résister aux puissances mondiales que sont les U.S.A., la
Chine et l’Inde. Voter « oui » n’empêche nullement de continuer à se
battre pour améliorer encore cette Constitution qui n’est peut-être
pas « parfaite » ni « idéale », mais qui est un premier pas. Voter «
oui » n’empêche nullement de continuer à voter pour des
gouvernements plus progressistes (plus à gauche, je me
comprends...) et je pense enfin qu’un « oui » Français (patrie des
droits de l’homme, rappelons-le...) serait le détonateur d’un « oui »
européen, alors qu’un « non » nous ferait passer pour les « casseurs
» de l’idée européenne.
Enfin, si les tenants du « non » s’imaginent qu’en rejetant cette
Constitution, ils vont inciter les instances européennes à en rédiger
une nouvelle qui tiendrait compte de revendications mêlant
trotskards, droite extrême, et indécrottables staliniens, ils se mettent
le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Ce projet, s’il n’est pas le
meilleur, est le seul et il me semble globalement positif et infiniment
démocratique
Ouest-France du mardi 24 mai 2005