catalogue n° 15 juin 2007 - Librairie Walden
catalogue n° 15 juin 2007 - Librairie Walden catalogue n° 15 juin 2007 - Librairie Walden
catalogue n° 15 juin 2007 Librairie Walden 9, rue aux fromages 14000 Caen téléphone / fax +33 (0)2 31 85 90 62 +33 (0)2 31 86 20 57 contact@librairie-walden.com www.librairie-walden.com “ Read the best books first, or you may not have a chance to read them at all.” Henry-David Thoreau.
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<strong>catalogue</strong> <strong>n°</strong> <strong>15</strong><br />
<strong>juin</strong> <strong>2007</strong><br />
<strong>Librairie</strong> <strong>Walden</strong><br />
9, rue aux fromages<br />
14000 Caen<br />
téléphone / fax<br />
+33 (0)2 31 85 90 62<br />
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www.librairie-walden.com<br />
“ Read the best books first, or you may<br />
not have a chance to read them at all.”<br />
Henry-David Thoreau.
Exceptionnelle vente aux enchères<br />
Fonds Louis Perceau<br />
bibliothèque d’ouvrages anciens et modernes<br />
Erotiques<br />
Littérature<br />
Illustrés modernes<br />
Vente à Paris, Hôtel Drouot<br />
Mardi 26 <strong>juin</strong> <strong>2007</strong><br />
experts : Christophe d’Astier - Hervé Valentin<br />
<strong>catalogue</strong> sur demande<br />
La librairie est ouverte du mardi ou vendredi, de 10h à 13h et de 14h30 à 19h.<br />
Lundi et samedi sur rendez-vous ; déplacement hebdomadaire à Paris, sur rendez-vous.<br />
Les prix sont indiqués en euros<br />
Conditions de ventes conformes aux usages du Syndicat de la <strong>Librairie</strong> Ancienne et Moderne<br />
Caisse d’Epargne Paris-Ile-de-France<br />
52 Avenue Leclerc, 75014 Paris<br />
iban : FR 76 1751 5900 0004 29873919 525<br />
TVA : FR-67432558294<br />
R.C.S. A 432 558 294.<br />
La quatrième de couverture est la reproduction de la vignette au titre de<br />
<strong>Walden</strong>, or Life in the woods. Boston : Ticknor & Fields, 1854.<br />
Règlements par chèque (France), carte Visa &<br />
Mastercard, American Express, virements.<br />
Les recherches et notices pour ce <strong>catalogue</strong> ont été réalisées par Eva de Lamaze, Mathieu S.et Hervé Valentin
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du <strong>catalogue</strong>.<br />
Si vous disposez d’une adresse de messagerie électronique, une version avant première du<br />
<strong>catalogue</strong> vous sera expédiée au format pdf dès le mois précédent.<br />
De plus, une remise de 10% est sytématiquement accordée aux membres des<br />
“ bonnes feuilles ”, et ce sur chaque ouvrage de la librairie - <strong>catalogue</strong>,<br />
foire & salon, boutique, site internet.<br />
Offre réservée à soixante membres - cotisation annuelle de 90 € la première année,<br />
40 € ensuite.
première partie<br />
livres anciens et<br />
du XIX ème siècle
2<br />
3<br />
1 [Abbé Grégoire]. Motion de l’Abbé Grégoire,... à la séance du 14 juillet 1789.<br />
Paris, chez Baudoin, imprimeur de l’Assemblée Nationale, 1789.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE du célèbre discours de l’Abbé Grégoire, tenu pendant les heures<br />
mêmes de la prise de la Bastille :<br />
“ vainement ferait-on couler des fleuves de sang, la Révolution s’achèvera (...)<br />
la raison étend son empire, elle resplendit de toute part... Ah ! S’il fallait de<br />
nouveau nous courber sous le joug, il vaudrait mieux, sans doute, fuir avec un<br />
Ministre chéri au sein de l’Helvétie, ou vers les rivages de Bolton, sur lesquels<br />
d’illustres chevaliers français ont aidé à planter l’étendard de la liberté. Il est<br />
donc vrai que notre roi est obsédé, trompé par ses ennemis et les nôtres... Notre<br />
devoir exige, messieurs , que nous nous rallions autour de lui pour le défendre,<br />
et pour relever avec lui le temple de la patrie.. “<br />
Dehors, les premieèrs piques se dressent sur les rives de la Seine...<br />
l’adoption du veto suspensif : les premiers pas de la démocratie<br />
2 Opinion de M. Grégoire, curé d’Emberménil, député de Nanci (sic), sur la<br />
sanction royale, à la séance du 4 septembre. Paris, Imprimerie nationale, 1789.<br />
Pet. in-12 de 12 pp., sous chemise papier.<br />
250 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Discours fondamental sur une question, simple, mais qui ne l’est pas moins alors :<br />
accordera-t-on au roi un droit de veto? Autrement dit, le monarque pourra-t-il refuser<br />
de contresigner les lois votées par l'Assemblée pour les empêcher d'entrer en vigueur?<br />
Le débat est de brûlante actualité, car Louis XVI hésite encore à approuver les décrets<br />
du 4 et du 11 août. Le veto... le peuple ne comprend même pas ce mot savant.<br />
Qu’importe. En plus d’être mystérieux, le mot inquiète et, tandis qu’on rédigeait la<br />
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, préoccupait les meilleures têtes.<br />
La question du veto est la première qui divise nettement le parti patriote. A droite, les<br />
modérés, comme Mounier, sont favorables à un système à l'anglaise, c'est-à-dire, au<br />
veto absolu. En revanche, les conciliateurs, tels Pétion ou Barnave, voudraient un<br />
veto suspensif qui permette un recours à de nouvelles élections en cas de désaccord persistant<br />
entre le roi et l'Assemblée. Seuls les démocrates s'élèvent violemment contre<br />
toute forme de prérogative royale. Le veto suspensif, défendu par l’Abbé Grégoire, sera<br />
finalement voté par 673 voix contre 325.<br />
3 Paul Arène. Jean-des-figues. Paris, <strong>Librairie</strong> Internationale, Bruxelles, A.<br />
Lacroix Verboeckhoven et Cie, s.d. [1870]. In-12 de 2 ff., frontispice et 333 pp. ; percaline<br />
moutarde, dos lisse, pièce de titre (Reliure de l’époque).<br />
480 €<br />
EDITION ORIGINALE. Eau-forte d'Emile Benassit, en frontispice.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à mon cher Victor Azam, souvenir affectueux, Paul Arène “.<br />
Belle lettre autographe (2 pp. in-12, à l’encre) signée, montée en tête du volume : “<br />
monsieur, la façon particulièrement bienveillante dont vous m’aviez reçu (...)<br />
me faisait désirer vous offrir personnellement un petit livre que je viens de<br />
publier - mais je suis toujours aux heures du journal et voci la troisième fois<br />
qu’il m’est imposible de franchir les portes de votre cabinet. Je vous laisse donc<br />
mon livre en guise de carte de visite, etc... Votre bien dévoué, Paul Arène “.<br />
Victor Azam était rédacteur en chef du journal le Hanneton, ou Arène publia<br />
quelques articles.<br />
Monod, 492.
5<br />
5<br />
6<br />
4 Charles Asselineau. Jean de Schelandre. Paris,Thunot, 1854. In-8, broché,<br />
sous étui-chemise de demi-maroquin marine, dos lisse, titre doré.<br />
430 €<br />
EDITION ORIGINALE du premier livre de l’auteur, imprimé à petit nombre.<br />
La vie de Charles Asselineau, dont la notoriété doit beaucoup au nom de Charles<br />
Baudelaire, fut tout entière dévouée aux livres. Outre son amitié pour le poète et le<br />
travail qu'il mena pour honorer son œuvre, il fut un découvreur obstiné des « obscurs<br />
» de la littérature. Pendant de longues heures passées à explorer les collections de<br />
la Bibliothèque nationale, il découvrit le poète et dramaturge français, Daniel<br />
d'Anchères qui signait de l'anagramme de son nom, Jean de Schelandre: cet auteur<br />
du XVIIème siècle donna un premier recueil de poésies, puis une tragi-comédie en<br />
prose et en vers qui le fit quelque peu connaître. De sa vie on sait peu de chose. Il fit<br />
carrière dans l'Armée, participa aux batailles de Hollande et fut mortellement blessé<br />
au combat en 1635.<br />
Après cette édition publiée chez Thunot, Charles Asselineau fit paraître une édition<br />
augmentée d'un choix de poésies d'après l'édition de 1608, chez Poulet-Malassis.<br />
Bel exemplaire broché, petites déchirures à la couverture, doublée. Rare.<br />
Oberlé, 116 (pour l’édition Malassis) ; Cioranesco XVII, 61955 (pour Schelandre).<br />
5 [Honoré de Balzac, imprimeur]. Marquis de Pastoret. Le Duc de Guise à<br />
Naples ou Mémoires sur les Révolutions... Paris, Urbain Canel [imprimerie de<br />
Balzac, rue des Marais], 1828. In-8 de 318 pp., veau flammé, dos lisse orné, tr. marbrées<br />
(Reliure de l’époque).<br />
340 €<br />
DEUXIEME EDITION - l’originale est de 1825, chez Ladvocat.<br />
A partir de 1825, Balzac se lance dans diverses entreprises d'édition, d'imprimerie,<br />
de fonderie de caractères. Ces tentatives de pallier l'insuccès commercial de ses travaux<br />
littéraires se solderont par un échec. En 1828, criblé de dettes, il doit renoncer à<br />
sa carrière de chef d'entreprise. La production de Balzac imprimeur s'élève à plus de<br />
300 documents, du Prospectus pour les pilules antiglaireuses de longue vie aux<br />
Oeuvres complètes de Shakespeare).<br />
Rare en pleine reliure strictement d’époque. Piqûres dans le texte, sinon bon exemplaire.<br />
6 Honoré de Balzac. Peines de cœur d'une chatte anglaise. Paris, Hetzel, 1840.<br />
In-8 de 64 pp., broché, sous couv. ill.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE, sous forme de livraison aux Scènes de la vie privée et publique<br />
des animaux.<br />
En 1840, l'éditeur Hetzel demande à des écrivains célèbres une série de fables satiriques<br />
qui seraient illustrées par Grandville puis réunies sous le titre des Scènes de<br />
la vie privée et publique des animaux. Conçu par l'éditeur, l’ouvrage met en scène<br />
des animaux "humanisés" ; les textes sont confiés à des écrivains parmi les plus talentueux<br />
de l'époque : Balzac, Baude, la Bédollière, Janin, Nodier, George Sand...<br />
Cet ouvrage est le premier d'une série où l'éditeur applique la recette des Anglais<br />
peints par eux-mêmes que le libraire Curmer avait inventée vers 1839 : une formule<br />
commercialement rentable où les illustrations et quelques plumes connues permettent<br />
de réaliser de beaux volumes dont le public fortuné sera friand, où "notre pensée, en<br />
publiant ce livre, a été d'ajouter la parole aux merveilleux animaux de Grandville, et<br />
d'associer notre plume à son crayon, pour l'aider à critiquer les travers de notre<br />
époque..." (Hetzel, dans l’avant-propos).
8<br />
9<br />
7<br />
Balzac apporte sa première contribution avec les Peines de cœur d’une chatte<br />
anglaise : l’histoire relate les amours interdites d'une aristocratique féline et d'un<br />
matou sans le sou : on dit que, sous ce masque, Balzac aurait mis en scène sa liaison<br />
secrète avec la comtesse Guidoboni-Visconti.... Quelques dix ans plus tard, se souvenant<br />
du succès de cette nouvelle, Hetzel écrira les Peines de coeur d'une chatte<br />
française sous son pseudonyme de Stahl. Publiées ensemble en 1853, ces Peines de<br />
cœurs anglaises et françaises inaugureront la fameuse Collection Hetzel.<br />
Complet des six gravures h.-textes, volantes, en parfaite condition ; sommaire général<br />
et bulletin de souscription à la dernière couverture. Très rare sous cette forme de<br />
livraison avec les couvertures intactes, la quasi-totalité des livraisons ayant par la<br />
suite été réunies pour former les deux volumes que compte l’édition complète.<br />
Carteret III, 553-558 ; Vicaire VII, 405-408.<br />
7 Honoré de Balzac. Oeuvres complètes. Paris, Alexandre Houssiaux, 1855.<br />
20 volumes grands in-8, demi-chagrin rouge, dos à nerfs ornés de filets et caissons<br />
dorés, têtes dorées, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />
3200 €<br />
PREMIERE COLLECTIVE DEFINITIVE des oeuvres, illustrées de <strong>15</strong>0 magnifiques gravures<br />
h.-texte (dont le portrait de Balzac en tête du tome 1).<br />
L’édition est reprise sur celle publiée à partir de 1842 par Furne, augmentée des tomes<br />
XVIII à XX qui paraissent ici pour la première fois : ils contiennent les Scènes de la<br />
vie parisienne. Scènes de la vie politique. Scènes de la vie de campagne.<br />
Etudes analytiques (et 16 planches) ; le Théâtre (avec 4 planches) et enfin Les<br />
Contes drôlatiques (5 planches).<br />
Bel exemplaire, à la date uniforme de 1855 sur chacun des volumes, dont les couvertures<br />
ont toutes été conservées, condition rare. Quelques dos très légèrement éclaircis.<br />
Le portrait, souvent manquant, est ici présent. Le total de <strong>15</strong>0 gravures est remarquable<br />
(sur un total théorique de <strong>15</strong>3) : les exemplaires avec un nombre de gravures<br />
supérieur à 140 se rencontrent rarement.<br />
Vicaire, I, 248.<br />
8 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Oeuvres et les hommes. Les Poètes.<br />
Paris, Lemerre, s.d. [1893]. In-8 de 403 pp. et 8 ff., demi-percaline verte à coins, dos<br />
lisse, pièce de titre de maroquin noir, couv. et dos cons. (Capelle).<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire offert à Jean Lorrain.<br />
Dédicace autographe [Louise Read], avec cachet à l’encre de l'auteur [nom biffé, mais<br />
reste lisible].<br />
Bel exemplaire, des bibliothèques Paul Muret et Hubert Heilbronn, avec ex-libris.<br />
9 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Oeuvres et les hommes. Les Poètes.<br />
Paris, Lemerre, s.d. [1893]. In-8 403 pp. et 8 ff., broché.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Dédicace autographe [Louise Read], avec cachet à l’encre de l'auteur :<br />
“ à monsieur Janicot, de la part de Jules Barbey d’Aurevilly “.
10<br />
12<br />
11<br />
12<br />
10 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Le Chevalier des Touches. Paris, Michel<br />
Lévy, 1864. In-12, demi-percaline lilas, dos lisse orné de filets dorés, fleuron central,<br />
pièce de titre, date en pied.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Reliée en tête, carte de visite imprimée de l’auteur avec petit mot autographe [à<br />
Armand Hayem]<br />
“ impossible de venir dîner - une première à l’Odéon “.<br />
Le Chevalier des Touches fut publié à Paris en douze feuilletons dans le Nain jaune<br />
du 18 juillet au 2 septembre 1863, puis en volume chez Lévy en 1864. La rédaction<br />
de ce roman historique, maintes fois interrompue en raison du manque de documentation<br />
ou de la préférence accordée par l’auteur à d’autres travaux, dura douze ans.<br />
L’ouvrage s’inscrit à l’origine dans un vaste projet : Barbey d’Aurevilly avait décidé<br />
d’écrire plusieurs romans consacrés à la chouannerie et de les regrouper sous le titre<br />
général Ouest. Il renoncera ensuite à cette entreprise, ne gardant par devers lui que<br />
ce qui devait ensuite constituer l’Ensorcelée et le Chevalier des Touches, désormais<br />
deux ouvrages autonomes.<br />
Bel exempaire en sobre reliure d’époque, dos légèrement passé.<br />
11 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Un prêtre marié. Paris, Faure, 1865. 2<br />
vol. in-12, demi-percaline verte clair, dos lisse orné d’un fleuron à froid, pièces de titre,<br />
couv. cons.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Sûrement le plus célèbre roman de l’auteur, « un des écrits les plus saisissants du<br />
XIXème siècle français » (Laffont-Bompiani) que Barbey d’Aurevilly définissait<br />
comme la somme des tous les « sentiments naturels, creusés jusqu'à l'axe, avec le personnage<br />
surnaturel de Calixta, - une mystique catholique, comme il n'y en a pas une<br />
seconde, même dans Balzac».<br />
Bien complet de feuillet avec la griffe de l’auteur au cachet bleu ; sobre reliure du temps, quelques restaurations<br />
angulaires aux couvertures.<br />
12 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Les Diaboliques. Paris, Dentu, 1874. In-<br />
12 de 354 pp. et 1 f. de table, demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, tête<br />
dorée. (Reliure signée de Laurenchet).<br />
4600 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
En tête, carte de visite imprimée avec la signature de l’auteur ; au verso, long mot<br />
autographe à l’encre rouge [à Armand Hayem] :<br />
“ je hais tellement d’écrire que je n’ai pas acheté de papier & que j’écris sur cette misérable<br />
carte. Je ne dînerai chez vous lundi, mon cher Armand, si je n’ai pas de première<br />
(voyez le matin aux journaux). Je suis allé chez votre soeur Samedi pour vous, mais<br />
il paraît que les belles-soeurs croisent le fer et leurs invitations ! Vous partez de repartir<br />
! déjà ! ah ! sont lundis sont bien à tous les diables. L’amitié reste, - mais dans l’absence,<br />
et l’absence est le vers dans la rose.... nous n’irons plus au bois les lauriers sont<br />
coupés - et par la serpette du mariage ! Ma carte finit à temps pour n’en pas écrire<br />
plus... à lundi ! “.<br />
Très bel exemplaire.<br />
Vicaire, p. 305 .; Carteret, p. 110.
14<br />
<strong>15</strong><br />
16<br />
13 Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly. Rhythmes [sic] oubliés. Paris, Lemerre,<br />
1897. In-8 de 1 f. blanc, 2 ff., 54 pp., 3 ff., 1 f.b blanc, broché, couverture beige imprimée<br />
à rabats.<br />
1200 €<br />
EDITION EN PARTIE ORIGINALE. Tirage unique à 510 exemplaires (500 Hollande et 10<br />
Japon), celui-ci un des 10 exemplaires de tête sur Japon, numéroté et paraphé par<br />
l'éditeur.<br />
Deux Rythmes oubliés avaient d'abord paru à Caen en 1857 chez Trébutien, puis<br />
en 1869, à 36 ex. La présente édition donne huit textes de plus : Quand tu fus partie,<br />
Quand tu me reverras, Niobé, Les Quarantes heures, Sonnet, les<br />
Arabesques d'un tapis, les Bottines bleues et Les trois tasses de thé.<br />
Très bel exemplaire, parfait état.<br />
14 Béranger. Oeuvres complètes. Édition unique revue par l'auteur. Paris,<br />
Perrotin, 1834. 5 vol. in-8, demi-maroquin havane à coins, dos lisse orné d’un riche<br />
décor de filets dorés, tr. marbrées (Reliure signée de Chambolle).<br />
1100 €<br />
DEUXIEME EDITION, en partie originale.<br />
Elle reprend l’édition de 1829, avec le portrait de l’auteur et 103 vignettes en noir. On<br />
a relié dans l’exemplaire, en plus des vignettes, la suite des 120 figures par Fournier<br />
de l’édition de 1836, plus un portrait en pied (au tome 4) et deux fac-similés de lettres<br />
(tomes 1 et 4), lesquelles figurent, imprimées, dans l’édition.<br />
Deux figures de l’édition Perrotin sont en outre en double état, sur Chine appliquée<br />
; le tome V, en supplément est souvent manquant et reprend les chansons et oeuvres<br />
érotiques de Béranger.<br />
Superbe exemplaire en parfaite reliure attribuée à Chambolle, de sa bibliothèque (vente Chambolle, Tours,<br />
1992).<br />
<strong>15</strong> Léon Bloy. Le Révélateur du globe. Préface de Jules Barbey d'Aurevilly.<br />
Paris, Santon, 1884. In-12, percaline bleue à décor, tr. dorées (cartonnage éditeur).<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE du premier livre de Léon Bloy.<br />
En 1867, venu à Paris, il fit la rencontre – décisive – de l’écrivain Jules Barbey<br />
d’Aurevilly, qui allait devenir son maître et ami. C'est d'ailleurs sous l'influence de<br />
l'auteur des Diaboliques qu'il se convertit au catholicisme en 1869 : alors qu’il habite<br />
24 rue Rousselet à Paris, il fait connaissance à 21 ans avec Barbey d’Aurevilly,<br />
qui réside en face de chez lui, au 25 et réunit chaque dimanche quelques auteurs débutants<br />
: Bloy, Coppée, Bourget, Huysmans, Péladan ou Richepin. La contagion<br />
est rapide : quelques mois plus tard, il écrit à sa mère, pleine de joie (mais son père<br />
l’est moins) :<br />
« Pour moi, il n’y a de vraie foi que celle qui gouverne absolument et despotiquement<br />
la raison».<br />
Bel exemplaire, ici dans une condition rare sous un cartonnage de l'éditeur, très frais.<br />
16 Théodore Botrel. Sonnet autographe signé.<br />
A l’ombre des drapeaux / Comme au pied de la Croix /<br />
Sans crainte et sans repos / J’aime je chante et crois<br />
T. Botrel, souvenir affectueux, 1906.<br />
90 €
17<br />
18<br />
17 [Reliure - économie politique]. Edouard de Boyve. Histoire de la coopération<br />
à Nîmes et son influence sur le mouvement coopératif en France. Paris,<br />
Guillaumin et Cie, 1889. Fort in-8 de 120 pp., veau sombre glacé, plats richement<br />
orné de filets, fleurons, dentelles et roulettes dorées avec titre porté sur le premier plat,<br />
dos à nerfs richement orné de caissons et fleurons dorés, dentelle et filets dorés intérieurs,<br />
tranches dorées, couv. cons. (Reliure signée de Régnier).<br />
780 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à mon bien cher ami Régnier,<br />
son tout reconnaissant et dévoué,<br />
Ed. de Boyve “.<br />
L’appellation Ecole de Nîmes a été donné à un groupe de théoriciens et de coopérateurs<br />
issus de Nîmes et de sa région, regroupés autour d’Auguste Fabre et Edouard<br />
de Boyve. Ils lancent l’idée d’une fédération des coopératives du pays, et un congrès<br />
se réunit en 1885 à Paris, d’où sortira l’Union coopérative et son journal<br />
l’Emancipation. Le principe de solidarité - soutenu à l’époque par des hommes<br />
comme Henri Marion, Émile Durkheim ou Léon Bourgeois - est présenté comme<br />
la voie entre libéralisme et marxisme.<br />
Un jeune et enthousiaste professeur d’économie, Charles Gide (l’oncle d’André), les<br />
rejoint et formalisera les théories du groupe : les coopératives de consommation en se<br />
développant, aboutiront à la transformation totale de la société en République coopérative.<br />
Cette prééminence des coopératives de consommation n’empêche pas Gide<br />
d’avoir une attitude d’intérêt et de sympathie pour les coopératives ouvrières de production,<br />
de même que de Boyve qui soutient par exemple la création en 1902 à Nîmes<br />
de la célèbre association ouvrière d’imprimerie : La Laborieuse.<br />
Superbe exemplaire en pleine reliure veau glacé à riche décor, parfaitement conservée<br />
l’exemplaire Escoffier<br />
18 Ballanche. Antigone. Paris, Didot l'ainé, 1819. In-8, 328 pp. et 6 gravures h.texte<br />
; plein maroquin à grains longs bordeaux, roulettes à froid et dorées cernant les<br />
plats, dos à nerfs plats fleuronnés dorés et caissons entièrement ornés de fleurons à<br />
froid ou dorés, coins des coupes guillochés dorés, roulette ornée dorée sur les remplis,<br />
gardes de papier vert-gris, tranches dorées (Rel. signée de Simier).<br />
1800 €<br />
L’exemplaire d’Escoffier, décrit dans sa bibliographie.<br />
Comme l'explique l'auteur dans son Avertissement, le texte connut une première<br />
édition à Lyon en 1814 que les événements ont interrompu et qui resta inachevée aux<br />
cinq premiers livres (il n'en subsiste qu'un ou deux exemplaires imparfaits selon<br />
Vicaire (I-169) qui ne mentionne cependant pas notre édition).<br />
Dans une première vie, Ballanche fut imprimeur à Lyon et propriétaire du journal<br />
Le Bulletin de Lyon. Son goût pour les arts et les lettres l'amène à quitter le monde<br />
des affaires, à partir en voyage en Italie et à s'adonner à la littérature. Habitué du<br />
salon de Mme de Récamier fréquenté par Chateaubriand, son oeuvre littéraire a<br />
influencé l'idéologie romantique. Le livre est dédié à Madame, duchesse<br />
d'Angoulême, que Ballanche nomme l'Antigone française. "Ballanche rassemble,<br />
sur les malheurs d'Oedipe, des traditions à peu près entièrement méconnues depus les<br />
poètes grecs." Il imagine le XIXè siècle comme époque de transition pour une rénovation<br />
sociale ; qu'il théorise en sytème dans ses Essais de Palingénésie Sociale<br />
(1827).<br />
Voir Quérard et Bourquelot ; Escoffier 3<strong>15</strong> (cet exemplaire, le sien, décrit comme magnifique) ; Vicaire I-169.
20<br />
19<br />
19 Etienne Cabet. Révolution de 1830, et sa situation présente... Paris,<br />
Auguste Mie, rue Joquelet, et chez tous les marchands de nouveautés, 1832.<br />
In-8 de xiv, 389 et 1 f. d’errata ; demi-veau havane à coins, dos lisse, titre doré, tr.<br />
jaunes (Reliure de l’époque).<br />
350 €<br />
EDITION ORIGINALE du premier livre de l’auteur.<br />
Etienne Cabet avait joué un rôle dans l'état-major dirigeant l'action révolutionnaire<br />
en 1830, et avait été élu dès le 29 juillet membre de la première municipalité insurrectionnelle<br />
dans le quartier du Luxembourg. C'est au cours de la rédaction de cet<br />
ouvrage, où il critique violemment les premiers mois du gouvernement de Louis-<br />
Philippe, que Cabet écrit dans ses grandes lignes un plan d'organisation sociale qui<br />
le conduira droit au communisme icarien et à la rédaction du fameux Voyage en<br />
Icarie.<br />
Ce pamphlet lui vaudra l'exil en Angleterre l'année suivante.<br />
Einaudi, 766.<br />
20 [CALLIGRAPHIE]. Récompaise [sic] d’écriture... Méritées par Melle<br />
Alexandre Savary et données par Gambay Père, professeur d’écriture à Caen.<br />
1er janvier 1816. Manuscrit petit in-8 oblong, bradel vélin rigide, titre manuscrit au<br />
dos (Reliure moderne).<br />
450 €<br />
Elégant manuscrit calligraphié de 7 feuillets joliment illustrés d’ornements en plusieurs<br />
couleurs.<br />
Des collections Monmélien et Jean-Claude Delauney, avec ex-libris.<br />
21 Cham (Amédée de Noé, dit). Les Tâtonnements de Jean Bidoux dans la carrière<br />
militaire. Paris, Martinet, s.d. (c. 1860). Album in-4, titre et 20 pl., cartonnage<br />
vert avec double filet d’encadrement à froid, titre doré en quatre typographies sur<br />
le plat (cartonnage éditeur).<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Suite complète, premier tirage, des 18 planches lithographiées (4 sujets par page).<br />
Relate les aventures du jeune engagé Jean Bidoux et ses deboires militaires.Vivifiant.<br />
Splendide état du cartonnage éditeur ; infimes piqûres sur quelques feuillets. Rare.<br />
Fonds Francais 19, p. 248.<br />
22 Cham (Amédée de Noé, dit). Ah quel plaisir de voyager ! Paris, Martinet,<br />
s.d. (c. 1860). Album in-4, titre et 20 pl., cartonnage rouge avec double filet d’encadrement<br />
à froid, titre doré en quatre typographies sur le plat (cartonnage éditeur).<br />
1600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Suite complète et premier tirage. Superbe album illustré de 40<br />
scènes (2 par page) sur “ l’art du voyage “.<br />
Un des très rares exemplaires sous cartonnage éditeur avec les planches en couleurs,<br />
gommées à l’époque.<br />
Très belle condition d’un des illustrés de Cham les plus rares.<br />
Manque au Fonds Francais ; pas d’exemplaire à la B.N.F.
24<br />
23 Léon Cladel. Crête-rouge. Avec une lettre de Camille Delthil en préface.<br />
Paris, Alphonse Lemerre, 1880. In-8 de xliii et 248 pp., broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE , un des très rares exemplaire sur papier de Chine (pas de grand<br />
papier annoncé).<br />
Ce roman sur la guerre de 1870 fut publié précédemment dans La République<br />
Française sous le titre Les Fiancés de Champigny.<br />
Ayant des scruples à publier un roman où "l'éloge de Gambetta s'éléve parfois à des<br />
hauteurs dithyrambiques" Cladel demande conseil à son camarade Delthil qui l'encourage<br />
à la publication de son Crête-rouge. "Ce roman, ou plutôt ce poëme en prose<br />
est beau et bon ; (...) Il nous fait voir un Gambetta grand et un Trochu petit (...) et<br />
nous montre, dans une exception superbe, qu'il semble donner comme un exemple,<br />
l'héroïsme d'une fille de paysan. En l'écrivant, tu as donc fait une oeuvre utile à la<br />
République" ( in Préface).<br />
24 Pierre Corneille. Cinna, ou la clémence d’Auguste. Imprimé à Rouen aux<br />
despens de l’auteur et se vend à Paris chez Toussainct Quinet, 1643. In-4 de 6<br />
ff. et 110 p., frontispice gravé ; veau lisse, double filets dorés sur les plats, dos lisse<br />
orné d’un cartouche doré en long et fleurons (Reliure XVII me ).<br />
6000 €<br />
EDITION ORIGINALE RARISSIME d’un chef-d’euvre de Corneille.<br />
La Conspiration de Cinna, le pardon d'Auguste conseillé par Livie furent racontés<br />
par Sénèque (De clementia). Ici, la clémence d'Auguste est une nouvelle application<br />
par Corneille de la dramaturgie qu'il avait inventée depuis Le Cid : celle de<br />
l'acte exceptionnel, si exceptionnel qu'il court toujours le risque d'être jugé invraisemblable<br />
pour les contemporains, et ce, alors même qu'il est historique.<br />
Il avait trouvé là un moyen d'échapper aux critiques d'invraisemblance : en grâciant<br />
contre toute attente les conjurés, Auguste accomplit un acte extraordinaire qui transgresse<br />
les lois ordinaires de la vraisemblance.<br />
On ne sait rien des circonstances de création de la pièce, si ce n’est qu’elle fut donnée<br />
au théâtre du Marais et jouée par les « comédiens ordinaires du Roi », qui en formait<br />
la troupe. Floridor, le tragédien le plus célèbre de l’époque, a très vraisemblablement<br />
créé le rôle de Cinna.<br />
Corneille prend un privilège à son nom le 1er août 1642 : cette démarche, obligatoire<br />
en théorie pour toute publication imprimée, offrait une protection légale contre les<br />
contrefaçons (sans toutefois parvenir à les empêcher), mais se faisait ordinairement au<br />
nom de l’imprimeur-libraire.<br />
On n’imprimait en effet les pièces qu’après que leur succès était passé, afin d’éviter la<br />
concurrence des autres théâtres, et, c’est effectivement ce qui se passe en 1643, quand<br />
le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne reprend la pièce. Achevée d’imprimer le 18 janvier<br />
1643, à Rouen, aux frais de l’auteur, celui-ci peut alors revendre sa pièce avec<br />
bénéfice aux libraires parisiens : autant de coups de force qui font de Corneille le premier<br />
dramaturge à s’imposer comme un professionnel des Lettres, revendiquant son<br />
œuvre et la part des profits qu’elle génère.<br />
Cinna, écrivit un contemporain en septembre 1642, « donne de l'admiration à tout le<br />
monde : c'est la plus belle pièce qui ait été faite en France, les gens de lettres et le<br />
peuple en sont également ravis, elle est aussi belle que celles de Sénèque ».
25<br />
26<br />
On ne saurait trop souligner l'importance de la mention explicite « les gens de lettres<br />
et le peuple» : avec Cinna, Corneille conquit enfin la double approbation qui lui faisait<br />
défaut depuis la querelle du Cid et les critiques formulées contre le dénouement<br />
d'Horace.<br />
De fait, le sujet est historique, mais cette fois le vrai n'entre pas en conflit avec le vraisemblable<br />
: il ne s'agit ni de l'histoire d'une fille qui épouse le meurtrier de son père,<br />
ni de l'histoire d'un frère qui tue sa sœur. La pièce lui apporte la consécration :<br />
Corneille apparaît dès lors comme le plus grand poète dramatique de son temps. On<br />
le qualifie alors de "Sophocle français".<br />
Composée en alexandrins à rimes plates, elle est la première pièce de Corneille à respecter<br />
les règles du théâtre classique, alors en formation : respect de l'unité de temps<br />
- une seule journée ; de l'unité de lieu - le palais romain où se situent les deux appartements<br />
d'Auguste et d'Émilie ; l'unité d'action enfin - puisque la préparation de<br />
la conjuration implique l'ensemble des personnages.<br />
Bel exemplaire en reliure légèrement postérieure. Le dernier feuillet blanc a été remplacé postérieurement.<br />
Pour le reste, bel exemplaire, grand de marge, sans restauration.<br />
Frère, p. 276 ; Tchemezine-Scheler, II, 544.<br />
Sur Japon, tirage inconnu.<br />
25 [Curiosa]. La Joie du pornographe ou nouveau recueil d’amusements. À<br />
Paris, Chez la Mère Godichon, s.d. [Bruxelles, H. Kistemaeckers, 1884]. In-16<br />
de 128 pp., demi-maroquin noir, dos lisse, tire doré.<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Titre gravé par Félicien Rops. Recueil limité à <strong>15</strong>0 exemplaires numérotés à la<br />
plume. Un des très rares exemplaires sur papier Japon, tirage non mentioné à la justification<br />
et inconnu des bibliographies consultées.<br />
Impression en quatre couleurs sur papier vélin, avec ornements et encadrements de<br />
filets.<br />
Gay II-724 ; Dutel 418.<br />
exemplaires Frédéric Paulhan<br />
26 Charles Darwin. L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle...<br />
Paris, Reinwald et Cie, 1876. Fort in-8 de xix, 604 pp. et 24 pp. (<strong>catalogue</strong> éditeur)<br />
; cartonnage éditeur pleine percaline verte, dos lisse.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE du texte définitif, le plus complet, d’après la sixième édition<br />
anglaise, revue par l’auteur.<br />
Traduction et préface par Edmond Barbier, qui précise que cette “ nouvelle traduction<br />
qu nous soumettons aujourd’hui au public a été faite sur la sixième anglaise.<br />
C’est l’édition définitive, nous écrit M. Darwin “. L’ouvrage avait connu précédemment<br />
deux autres traductions, jugées moins fidèles (par Royer en 1862 et Mouliné<br />
en 1873).<br />
Lors de la parution de l'Origine des espèces en 1859, la question de l'origine était<br />
loin d'être résolue. Certes, en 1839, Schleiden et Schwann proposèrent leur théorie<br />
cellulaire selon laquelle tout organisme est formé de cellules et Charles Lyell avança<br />
son idée des causes actuelles d'après laquelle le passé devait être interprété à partir du<br />
présent et sans faire appel au surnaturel. Toutefois, ces scientifiques, bien qu'ils aient<br />
« préparé le terrain» à Darwin, étaient loin d'avoir résolu l'énigme.
26<br />
27<br />
Darwin, lui, en revanche, proposa une solution en développant sa théorie de l'évolution<br />
par la sélection naturelle. Il considérait ainsi que toutes les espèces étaient le fruit<br />
de longues et lentes transformations biologiques. Il imposait l'idée d'une continuité<br />
entre tous les êtres vivants. Cette idée fit scandale dans la sphère non seulement scientifique<br />
où prévalait le créationnisme mais aussi dans le monde philosophique, religieux<br />
et politique du XIXème siècle. Ainsi dès sa parution, le livre fit grand bruit. La<br />
première édition -1250 exemplaires - fut vendue dans la journée, « fait sans précédent<br />
pour un livre scientifique ».<br />
Les chercheurs Hooker, Lubbock et Huxley n'hésitèrent pas à déclarer leur adhésion<br />
au darwinisme tandis que les partisans du créationnisme fustigeaient l'oeuvre de<br />
Darwin. Un pasteur écrivit même qu'il avait cherché sans résultat « des termes assez<br />
bas pour exprimer son mépris de Darwin et des darwinistes». Car ce qui fit avant<br />
tout scandale dans l'Origine des espèces, c'est que subjectivement et sans en écrire<br />
un seul mot, Darwin traitait également de l'origine de l'homme. Et ainsi « un livre<br />
qui conclut, même implicitement, à la descendance animale de l'homme, devait naturellement<br />
dresser contre lui une grande partie de l'opinion et de la presse »<br />
(Rostand). Toutefois, l'idée de Darwin finit peu à peu par s'imposer dans les esprits,<br />
preuve en est, en 1864, ce dernier reçut la médaille de Copley de la Société Royale.<br />
Cartonnage en parfaite condition. Très rare dans cet état, doublé d’une intéressante provenance : Frédéric<br />
Paulhan (père de Jean, ex-libris, cachet à l’encre au faux-titre). Conservateur de la bibliothèque de Nîmes<br />
et auteur d’ouvrages de philosophie, il fut l’un des fondateurs de l’Ecole française de psychologie.<br />
27 Charles Darwin. La Descendance de l’homme. Paris, Reinwald et Cie, 1881.<br />
Fort in-8 de XXVII, 721 pp., 1f. et 20 pp. (<strong>catalogue</strong> de l'éditeur) ; cartonnage éditeur<br />
pleine percaline verte, dos lisse (Engel).<br />
600 €<br />
TROISIEME EDITION FRANÇAISE, EN PARTIE ORIGINALE, d'aprés la seconde édition<br />
anglaise revue et augmentée par l'auteur. Préface par Carl Vogt et traduction<br />
d’Edmond Barbier.<br />
C'est dans cet ouvrage que Darwin utilise pour la première fois le terme "d’évolution"<br />
pour le règne animal. Après la parution de l'Origine des espèces, de nombreux<br />
scientifiques acquis au darwinisme n'hésitèrent pas à avancer publiquement ce que<br />
l'œuvre suggérait, mais que cependant Darwin n'avait osé formuler : l'homme a une<br />
descendance animale. Ainsi, à la suite de ses partisans, Darwin publia en 1871, la<br />
Descendance de l'homme, donnant la conclusion qui s'imposait à l'Origine des<br />
espèces : l'homme n'a aucune raison d'être mis à part, et « l'étude attentive de son<br />
organisation corporelle révèle clairement son étroite affinité avec les autres bêtes ».<br />
(Rostand).<br />
Mais l'œuvre de Darwin ne traite pas seulement de l'origine de l'homme. Dans une<br />
seconde partie, l'auteur étudie ce qu'il nomme la sélection sexuelle. Ainsi, après avoir<br />
étudié la sélection naturelle, Darwin s'est trouvé confronté à un problème. Pourquoi<br />
certains individus développaient des attributs ou comportements dangereux pour leur<br />
survie, comme la queue du paon ou les bois du cerf ? Darwin découvrit alors qu'à côté<br />
de la lutte pour la survie, une lutte plus importante encore existait : le combat pour la<br />
reproduction. Dès lors, chaque espèce avait développé des caractères qui accroissaient<br />
ces chances de reproduction. Ainsi, suivant cette théorie, les races se sont modelées<br />
selon un certain « idéal sexuel ». Or, cette idée fut critiquée par de nombreux naturalistes<br />
qui acceptaient pourtant, dans l'ensemble, les principes darwiniens. Quant à<br />
l'idée principale du livre, la descendance de l'homme, elle déclencha une vague de colère<br />
et de contestation mais, toutefois, l'idée avait déjà été avancée dans l'œuvre de<br />
1859. Le scandale fut donc moindre. L'opinion était désormais prête à accueillir de<br />
nouvelles idées, aussi révolutionnaires fussent-elles.<br />
Cartonnage en parfaite condition. Rare dans cet état de fraîcheur, doublé d’une intéressante provenance :<br />
Frédéric Paulhan (ex-libris manuscrit au titre).
29<br />
28<br />
28<br />
28 Alphonse Daudet. Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. Paris,<br />
Dentu, 1872. In-12, demi-veau noir, plats de papier marbré, dos lisse, sous étui bordé<br />
moderne.<br />
3 500 €<br />
EDITION ORIGINALE. (Il n'a pas été tiré de grands papiers).<br />
Envoi autographe :<br />
"à ma chère tante Allard /<br />
L'Alphonse de Julia".<br />
Daudet épousa Julia Allard en 1867 et s'entendit toujours à merveille avec sa bellefamille<br />
au point de partager avec elle habitations et vacances. Sa soeur Anna épousera<br />
aussi en 1874 le frère cadet de Julia, Léon.<br />
Chapatin, Barbarin, Tartarin. L'auteur hésita en effet sur le nom de son héros. Il choisit<br />
d'abord celui de son cousin, lequel lui avait servi de modèle, puis, fâché avec lui, il<br />
pensa à « Barbarin », mais une personnalité de Montpellier portant déjà ce nom, il ne<br />
modifia cette fois qu'une consonne : Tartarin fut enfin baptisé.<br />
Restait à décider de la ville natale du héros ; on raconte qu'à peine sorti en librairie,<br />
le livre provoqua la colère des habitants de Tarascon qui attentèrent un procès en diffamation<br />
à l'auteur et la petite histoire ajoute, qu'en promenade dans les rues de la<br />
ville avec son ami Frédéric Mistral, Daudet fut accueilli par des jets de pierres.<br />
Triste époque. Enfin, le roman comme la pièce de l'Arlésienne parue la même année,<br />
se vendit si mal que les finances du ménage Daudet déjà peu brillantes, fondirent littéralement.<br />
La femme de l'auteur, Julia Allard, nièce de la dédicataire, se mit donc à<br />
écrire et publia, anonymement, un livre dont le style, si voisin de celui Daudet, ne<br />
trompa que les néophytes : Un an de troubles, notes d'une Parisienne.<br />
Elle collabora bientôt au Musée universel et à L'Evénement ; elle publia des essais<br />
et des chroniques littéraires, sous la signature de Karl Steen, dans le Journal officiel<br />
et dans d'autres revues. Le 27 janvier 1867, elle épousa Alphonse Daudet, dont elle<br />
fut l'inspiratrice et la conseillère. Il raconta leur collaboration dans Histoire de mes<br />
livres: «Pas une page, écrit-il, qu'elle n'ait revue et retouchée.» Les Allard et Daudet<br />
louèrent à Champrosay, hameau dépendant de Draveil, l’ancien atelier d’Eugène<br />
Delacroix, décédé cinq ans auparavant. Alphonse Daudet installe son cabinet de<br />
travail dans l’atelier du peintre, qui plonge sur la campagne par une grande fenêtre.<br />
Il y écrit Tartarin de Tarascon et Robert Helmont.<br />
Bel exemplaire en reliure strictement d'époque ; très belle provenance familiale.<br />
Carteret I-192 ; Vicaire III-39.<br />
29 Alphonse Daudet. L'Arlésienne. Paris, Blaizot, 1911. Grand in-8, maroquin<br />
rouge, dos à nerfs, tête dorée, couv. cons. (Rel. signée de Blanchetière).<br />
1300 €<br />
PREMIERE EDITION ILLUSTREE du chef-d’oeuvre théâtral d’Alphonse Daudet. La pièce<br />
fut représentée la première fois en 1872, puis reprise à l’Odéon dès 1885.<br />
Très élégante publication tirée à 278 exemplaires numérotés, celui-ci un des 25 exemplaires<br />
sur Japon, avec trois états des eaux-fortes de Guillonnet.<br />
En tête, aquarelle originale en couleurs, sans doute un dessin préparatoire (très achevé)<br />
pour le frontispice.<br />
Très bel exemplaire.<br />
Mahé, I, 631 ; Monod, 3429.
30<br />
31<br />
32<br />
30 Pierre Dupont. Chants et chansons. Paris, Houssiaux, 1855. 4 vol. in-8,<br />
demi-chagrin marine à coins, dos à nefs, titres dorés, dates en pied (Reliure fin<br />
XIXème).<br />
700 €<br />
Nouvelle édition des chansons de Pierre Dupont comportant comme l'edition originale<br />
la Notice sur Pierre Dupont par Charles Baudelaire. Portrait d'après Jean<br />
Gigoux et <strong>15</strong>9 gravures sur acier.<br />
Ce recueil de chansons politiques - mais aussi des pastorales et des chants dits "symboliques"<br />
- forme une détonante vision sur les évènements de 1848, vus par un socialiste.<br />
Ecrivain engagé, il fut avant tout connu pour avoir été le chansonnier de la<br />
Révolution de 1848. Il évoquait dans ses œuvres la vie et le labeur des paysans et<br />
ouvriers. Son travail mêlait à la fois des pastorales, des chants dits « symboliques » et<br />
des chansons politiques. Ses Chants des ouvriers constituèrent un véritable hymne<br />
à la Révolution de 1848 et le Chant des paysans, fortement hostile à Napoléon III,<br />
lui valut d'être condamné à trois années de déportation.<br />
Baudelaire admira beaucoup ce « poète qui se met en communication permanente<br />
avec les hommes de son temps ». Dans sa préface Baudelaire dira alors du chansonnier<br />
Dupont : « Raconter les joies, les douleurs et les dangers de chaque métier, et<br />
éclairer tous ces aspects particuliers et tous ces horizons divers de la souffrance et du<br />
travail humain par une philosophie consolatrice, tel était le devoir qui lui incombait,<br />
et qu'il accomplit patiemment », ou encore « Ce sera l'éternel honneur de Pierre<br />
Dupont d'avoir le premier enfoncé la porte. La hache à la main, il a coupé les chaînes<br />
du pont-levis de la forteresse ; maintenant la poésie populaire peut passer ».<br />
Il est joint un prospectus publicitaire à parution de l’édition illustrée parue chez Lécrivain & Toubon, avec<br />
une longue lettre autographe de Pierre Dupont qui “ autorise monsieur Léon Bard d’organiser à<br />
Libourne, Bordeaux et où il lui conviendra des concerts sous mon nom, en y ajoutant d’autres auteurs, me<br />
confiant à son goût pour savoir choisir... “.<br />
31 [Edit de Nantes - révocation]. Déclaration du Roy portant explication de<br />
quelques aticles de l’Edit de Revocation de celui de Nantes. Toulouse, Jean<br />
Boude, 1686. [suivi de]. Declaration du Roy touchant la certitude du jour du<br />
retour dans le Royaume de ceux de la R.P.R. qui en sont sorts. Toulouse, Jean<br />
Boude, 1685. [suivi de]. Declaration du Roy donnée en faveur des nouveaux<br />
convertis pour rentrer dans la propriété et jouissance des biens vendus...<br />
Toulouse, Jean Boude, 1686. [suivi de]. Declaration du Roy touchant les pelerinages<br />
hors du Royaume. Toulouse, Jean Boude, 1686. Quatre édits de 7, 6, 6 et<br />
6 pp., sous papier marbré.<br />
400 €<br />
Rare réunion des quatre édits royaux touchant les protestants et leur possible “ réintégration “.<br />
32 Barthélemy Faujas de Saint-Fond. Minéralogie des volcans... Paris,<br />
Cuchet, 1784. In-8 de 18 et 511 pp. et 3 pl., demi-veau havane, dos lisse orné de filets<br />
et fleurons dorés, plats de papier marbrés (Reliure de l'époque, légèrement postérieure).<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE, illustrée de trois planches gravées en fin, avec le feuillet d'explication.<br />
Entraîné par son goût pour l'étude des sciences, Faujas de Saint Fond, avocat de formation,<br />
s'installa à Paris et se rapprocha de Buffon. D'abord adjoint naturaliste au<br />
Museum, puis commissaire du roi pour les mines, il fut le premier professeur de géologie<br />
nommé en France.<br />
La dernière section de l’ouvrage est entièrement consacré à l'études des roches volcaniques<br />
de l'Etna, d'après des pièces ramenées lors de ses voyages sur place. Ses minutieuses<br />
descriptions font toujours autorité.<br />
Ex-libris manuscrit au premier feuillet, d'époque, " Adolphe de Ladissennière (?) ".
34<br />
33<br />
33 Gustave Flaubert. Madame Bovary. Paris, Michel Lévy, 1857. 2 volumes in-<br />
12, demi -veau bordeaux, dos à nerfs, filets dorés, tr. mouchetées, date en pied.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
1800 €<br />
Trente-cinq chapitres pour une succession de tableaux décrivant les moments d’une<br />
vie : récit d’un adultère somme toute banal, Madame Bovary est surout le roman de<br />
l’insatisfaction, de la frustration née du désir non réalisé et de l’ennui.<br />
Le "bovarysme" - ce terme fut forgé par le philosphe Jules Gautier - correspond à la<br />
nostalgie d’un idéal inconnu et trompeur, perçu dans un imaginaire construit par les<br />
lectures. Il n'y eut d'articles franchement élogieux que de Barbey d'Aurevilly, de<br />
Sainte-Beuve et de Baudelaire.<br />
Pour le reste, la clique critique de l’époque eut la plume lourde : « L'auteur de<br />
Madame Bovary appartient, on le voit, à une littérature qui se croit nouvelle et qui<br />
n'a rien de nouveau, hélas ! - » (la Revue des Deux Mondes) ; «un des livres les<br />
plus immoraux que l’on connaisse» (La Chronique) ; on se plaint que «les scènes<br />
d'une crudité révoltante abondent dans l'ouvrage» (Journal des Débats) ; «la décadence<br />
lui semble manifeste... c'est l'exaltation maladive des sens et de l'imagination<br />
dans la démocratie mécontente...» (Le Correspondant) ; «signe d'une décadence<br />
rapide et d'une corruption de plus en plus accentuée» (dans l'Univers). On parle de<br />
«gros tas de fumier», d'«amas d'obscénités et d'impertinences», qu'il affronte bravement,<br />
«quitte à se laver les mains au bas de la page». (Le Récueil). Du pain béni pour<br />
l’accusation !<br />
L’avocat général Ernest Pinard voit dans le roman « une peinture admirable sous le<br />
rapport du talent, mais une peinture exécrable au point de vue de la morale.»<br />
L’ouvrage, pourtant, avait déja subi quelques coupes dès les premiers chapitres : en<br />
lisant le numéro du 1er décembre 1856, Flaubert découvre avec colère que la fameuse<br />
scène du fiacre a été supprimée sans son accord, remplacée par cette note : « La<br />
direction s'est vue dans la nécessité de supprimer ici un passage qui ne pouvait convenir<br />
à la Revue de Paris ; nous en donnons acte à l'auteur. » Il sort de ses gonds. Du<br />
Camp tente de l'apaiser. Peine perdue : « Si mon roman exaspère le bourgeois, je m'en<br />
moque ; si l'on nous envoie en police correctionnelle, je m'en moque ; si la Revue de<br />
Paris est supprimée, je m'en moque ! Vous n'aviez pas à accepter la Bovary, vous<br />
l'avez prise, tant pis pour vous, vous la publierez telle quelle ! ».<br />
Exemplaire du premier tirage avec toutes les caratéristiques : la fameuse faute à Sénart, fautes typographiques<br />
etc. Un bon exemplaire en reliure pastiche de bonne facture. On joint : Madame Bovary, la<br />
censure et l’oeuvre (cf. <strong>n°</strong> suivant).<br />
Agréable reliure moderne, à l’imitation.<br />
Vicaire, III 721.<br />
34 Gustave Flaubert. Madame Bovary. Paris, Michel Lévy, 1857 [Rouen,<br />
coédition Alinéa, Lib. Brunet et éd. Point de vues, <strong>2007</strong>]. 3 vol. in-12, brochés,<br />
sous étui papier.<br />
29 €<br />
EDITION EN FAC-SIMILE DE L’EXEMPLAIRE LAURENT-PICHAT (conservé à la B.H.V.P.),<br />
annoté par Flaubert qui y reporta une à une les corrections exigées par la censure et<br />
commente la suppression de quelques scènes clés : la noce, les comices, le fiacre...<br />
L’édition est complétée d’une intéressane plaquette, Madame Bovary, la censure et<br />
l’oeuvre, qui reprend, outre le réquisitoire de Me Pinard et la plaidoirie de Me<br />
Senart, des lettres, certaines inédites, de Flaubert à Michel Lévy, Maxime du<br />
Camp, Louis Bouilhet, Laurent-Pichat..., toutes autour de l’Affaire Bovary.<br />
Préface d’Yvan Leclerc.<br />
Belle réalisation des libraires d’Alinéa, à l’occasion du <strong>15</strong>0 è anniversaire de la parution du roman.<br />
Tirage à 2500 exemplaires sur alfa ; un des <strong>15</strong>0 exemplaires de tête sur Rives également disponible.
35<br />
35<br />
36<br />
35 [Flibusterie - Daniel de Foe]. Alexandre-Olivier Oexmelin. Histoire des<br />
Aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes ; contenant ce qu’ils<br />
y ont fait de remarquable, avec la vie, les moeurs et les coutumes des<br />
Boucaniers, & des habitants de St. Domingue de la Tortue ; une description<br />
exacte de ces lieux, & un état des Offices, tant Ecclésiastiques que Séculiers, &<br />
ce que les grands Princes de l’Empire y possèdent. A Trevoux, Par la compagnie,<br />
1775. 4 vol. in-12 de (12), 394, (2) ; (2), 428 pp. ; 348 ; (2), 60 pp., 356 pp., (2)<br />
pp. ; basane moderne à l’imitation.<br />
1 200 €<br />
Illustrée de 3 planches dépliantes (dont 1 frontispice) et 5 cartes dépliantes : un boucanier,<br />
l’embouchure du lac de Maracaye, le plan de Vera Cruz, une pirogue, la pêche<br />
à la tortue et au lamentin, la carte de l’Isthme de Panama et un plan de Carthagène.<br />
Rares sont les sources fiables sur lesquelles s’appuyer pour reconstituer la vie des<br />
pirates qui écumèrent les Caraïbes au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Les témoignages<br />
de leurs contemporains sont encore plus rares et, hormis Alexandre Olivier<br />
Oexmelin qui partagea un temps leur existence, les auteurs se laissèrent souvent aller<br />
à « enjoliver » leurs récits.<br />
L'Histoire des aventuriers est le grand texte classique français sur la flibuste, rédigé<br />
par un chirurgien-dentiste : quand une ordonnance du Roi interdit l'exercice de la<br />
chirurgie aux Protestants, Alexandre Œxmelin s'embarque pour les antilles où il<br />
arrive le 7 juillet 1666 en tant qu'«engagé» sur un navire flibustier comme chirurgien,<br />
un poste très recherché par les capitaines parce que la présence d'un chirurgien<br />
rassure les équipages. Pendant huit ans, il suit des groupes de flibustiers, participe à<br />
de nombreuses expéditions et recueille des témoignages qui forment la base de son<br />
livre. Les deux premiers volumes sont consacrés à ses récits.<br />
Le troisième est celui du Journal de Raveneau de Lussan, qui présente une vision<br />
également très réaliste de la flibusterie. C’est dans ce journal que Daniel de Foe a<br />
puisé ses sources et son inspiration pour la création et la rédaction de Robinson<br />
Crusoé.<br />
Le quatrième volume, enfin, présente L’Histoire des pirates anglais. On y croise les<br />
fameux pirates qui semèrent terreur et imagination, de Barbe-noire et Jean Rackam, en<br />
passant par les célèbres Ann Bonny et Mary Read : ces deux femmes, pirates et flibustières,<br />
déguisées en hommes pendant toutes leurs années de flibusterie, partagèrent<br />
l’une et l’autre les faveurs du célèbre pirate Calico Jack avant de se retrouver avec<br />
tous les autres membres de l’équipage sur les bancs du tribunal. Toujours déguisées en<br />
hommes lors du procès, elles furent les seules à échapper à la potence. À l’annonce de<br />
la sentence, alors que le juge demandait s’il existait une éventuelle objection, les deux<br />
femmes déclarèrent :<br />
« My Lord, we plead our bellies [Nous plaidons notre ventre]. » Légalement, en effet,<br />
la condamnation à mort de femmes enceintes était reportée jusqu’à la naissance de<br />
l’enfant. Mary mourut en prison, emportée par la fièvre en 1721. Ann Bonny, quant<br />
à elle, disparut mystérieusement des rapports officiels après avoir été graciée. Nul ne<br />
sait ce qu’il advint d’elle.<br />
L’ateur de cette Histoire des pirates anglais n’est autre que Daniel de Foe, sous le<br />
nom de plume de Johnson.<br />
Bel exemplaire, un peu court de marges, dans une sobre reliure moderne. Cachets de bibliothèques, annulés.<br />
"Perhaps no book in any language was ever the parent of so many imitations, and the source of so many fictions as<br />
this." (Sabin)<br />
36 Camille Flammarion. Les Merveilles célestes. Paris, Bibliothèque des<br />
Merveilles, Hachette et Cie, 1875. In-12 de 376 pp., percaline marine éditeur de la<br />
collection, avec décor aux fers et plaques dorées.<br />
400 €<br />
Cinquième édition, en partie originale et considérablement augmentée : elle est notam-
36<br />
38<br />
38<br />
ment illustrée de 84 vignettes et 3 planches dépliantes (la première édition de 1865<br />
ne contenait que 30 dessins).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à madame Joséphine Perrot, souvenir affectueux de l’auteur,<br />
Camille Flammarion, décembre 1876 “.<br />
A l'automne 1864, Edouard Charton est nommé par la <strong>Librairie</strong> Hachette pour<br />
diriger une collection de vulgarisation des sciences, la « Bibliothèque des merveilles ».<br />
Pour son premier numéro, Charton fait appel à l'auteur d'un livre qui a fait son succès<br />
et qui présentait au public un domaine réservé aux gens de l'Académie, Les<br />
Mondes imaginaires et les Mondes réels. Pour ces « Merveilles », où il s'agit du<br />
même genre d'exercice, Camille Flammarion se trouva tout disposé à satisfaire la<br />
commande. Voici, de l'auteur lui-même, le récit de la genèse de ce livre : « J'étais<br />
enchanté de pouvoir m'amuser à écrire un ouvrage purement littéraire sur un sujet<br />
exquis et je me proposai, dès que les beaux jours seraient venus, d'aller écrire couché<br />
dans l'herbe, au bois de Boulogne. (...) Je choisis à la <strong>Librairie</strong> même des sujets de<br />
superbes gravures et j'y consacrai toutes les belles après-midi des mois de <strong>juin</strong> et de<br />
juillet, composant cette rédaction au crayon et rédigeant le tout définitivement à la<br />
plume le lendemain matin à mon bureau. ». Flammarion fondera dans sa propriété<br />
de Juvisy un observatoire, et décide de faire de Mars l’un de ses chevaux de bataille. Il<br />
embauche rapidement un jeune astronome de talent Eugène Antoniadi qui s’illustre<br />
très vite par ses superbes dessins de la planète rouge. Plus rigoureux que son maître<br />
sur l’interprétation des apparences, Antoniadi se montre prudent : s’il y a des «<br />
canaux » sur Mars, ce sont vraisemblablement des formations naturelles, ravalant<br />
ainsi au rang de légende les « canaux » de Mars. Entre temps, la littérature s’est<br />
emparée du mythe. Mais ceci est une autre histoire.<br />
Bel exemplaire, cartonnage frais.<br />
37 Albert Glatigny. Poésies. Les Vignes folles - Les Flèches d’or - Le Bois.<br />
Paris, Alphonse Lemerre, 1870. In-12 de 2 ff., 250 pp. ; maroquin vert, dos à nerfs<br />
orné de filets, caissons et fleurons dorés, tête dorée, filet à froid sur les plats, étui bordé<br />
(Reliure signée de Huser).<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE COLLECTIVE.<br />
Rarissime exemplaire sur papier de Chine, non mentionné au tirage pas plus que dans<br />
les bibliograpies d’usage.<br />
Superbe exemplaire, parfaitement établi par Huser.<br />
38 Goethe. Les Souffrances du jeune Werther. Paris, de l’imprimerie de<br />
Crapelet, 1845. Fort in-8 de XII-[4]-304 pages, maroquin bleu, triple filet d’encadrement<br />
sur les plats, dos à nerfs richement orné de filets, fleurons et caissons, filets sur<br />
les coupes, tranches dorées.<br />
1300 €<br />
Belle édition, imprimée sur vergé fort, dont la traduction est due au Comte Henri de<br />
la Bedoyère. Elle doit être illustrée de 4 planches dessinées par Tony Johannot et<br />
gravées à l’eau-forte par Burdet.<br />
Ces planches sont en premier tirage, avant la lettre, sur papier de Chine avec le nom<br />
de l’artiste à la pointe et à la date de 1844.<br />
Notre exemplaire contient en outre les trois gravures de Moreau, en épreuves avant<br />
la lettre, qui accompagnaient la première édition de cette traduction parue en 1803.<br />
Brivois, 175-176 ; Vicaire III,1012-1013.
39<br />
40<br />
39 Charles Gounod. Mors et vita. A sacred trilogy. London & New-York,<br />
Novello, Ewer & Co, 1885. Percaline éditeur rouge, dos lisse, titre doré et à froid,<br />
filets d’encadrement.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des exemplaires du tirage de luxe sous cartonnage éditeur (il<br />
existeune version brochée et une version cartonnée en papier).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“à Madame Regnart, par les mains de ma chère Alice,<br />
Ch. Gounod “.<br />
Pendant la guerre de 1870, Gounod est à Londres où il reviendra à plusieurs reprises<br />
: son œuvre y est très appréciée et il y crée alors sa trilogie sacrée Mors et Vita, montée<br />
pour la première fois à Birmingham en présence de la Reine Victoria. Ses<br />
obsèques nationales seront célébrées en l'église de la Madeleine avec Saint-Saëns au<br />
grand orgue et Fauré à la tête de la maîtrise. La messagère est très probablement son<br />
amie la cantatrice Alice Boissonnet de la Touche.<br />
Dos du cartonnage taché.<br />
40 Edmond de Goncourt. Mademoiselle Clairon. D'après ses correspondances<br />
et les rapports de police du temps. Paris, Charpentier, s.d. [1890]. In 12 de viii,<br />
524 pp. et 1 f, demi-maroquin vert à coins, dos à nerfs richement orné de filets, fleurons<br />
et caissons dorés, double filet doré sur les plats, tête dorée (Paul Vié).<br />
4000 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des cinq exemplaires de tête sur Japon (<strong>n°</strong> 2).<br />
Envoi de l’auteur :<br />
" A Madame Alphonse Daudet,<br />
son affectionné,<br />
Edmond de Goncourt ".<br />
Rivale impitoyable de Mlle Dumesnil, “ la Clairon “ débuta à la Comédie-Française<br />
le 19 septembre 1743 dans le rôle de Phèdre. Le succès fut tel qu'elle fut reçue sociétaire<br />
dès le mois suivant. Adulée par un public turbulent, elle fut celle qui aura porté<br />
les pièces de Voltaire à bout de bras. Son paradoxe tient à cette singularité: « avoir<br />
été la grande tragédienne d'un siècle sans tragédie», écrit Jacques Jaubert.<br />
Superbe exemplaire, parfait et de très belle provenance pour ce texte. De la bibliothèque Julia Daudet, avec<br />
ex-libris (cachet à l’encre).<br />
Jacques Jaubert, Clairon, Fayard, 2003 ; Carteret, I, 361 ; Vicaire 3-1067.<br />
41 Eugène Guinot. L'été à Bade. Illustré par Tony Johannot, Eugène Lami,<br />
Français et Jaquemot. Paris, Bourin, s.d. [1850]. Grand in-8 de 300 pp., chagrin<br />
noir, dos à nerfs orné de filets et fers dorés, semis de chiffres et fleurons dorés, tranches<br />
ciselées, filets d’encadrement sur les plats (Reliure signée de Gruel).<br />
1200 €<br />
Deuxième édition revue et corrigée de cet ouvrage inspiré par la mode, par Eugène<br />
Guinot (rédacteur au Siècle et à la Revue de Paris).<br />
L’ouvrage est illustré de 23 hors-texte (Brivois, dont l'ex. ne contenait que 17 h.-t.,<br />
signale que leur nombre varie ; Carteret et Vicaire n’indiquent 20 planches) : un portrait<br />
du Prince régent Frédéric (non annoncé dans les bibliographies) et un autre du
42<br />
41<br />
duc Léopold de Bade, sur Chine appliqué ; une carte de la région de Bade rehaussée ;<br />
6 lithographies de costumes rehaussées de couleurs et <strong>15</strong> vues paysagères gravées en<br />
noir.<br />
Superbe et précieux exemplaire en pleine reliure aux armes du Prince Régent<br />
Frédéric, pour qui la troisième édition [qui paraîtra en 1858] sera dédiée ; les tranches<br />
sont intégralement et finement ciselées.<br />
Exemplaire de choix.<br />
Vicaire III-1169; Carteret III-289 ; Brivois 187.<br />
42 Philip Gilbert Hamerton. Exploration de l’Arroux. Voyage en pirogue.<br />
Eaux-fortes. Paris, Cadart & Luquet, éditeurs, s.d. In-folio, cartonnage bordeaux<br />
de l’éditeur avec liens, 36 eaux-fortes sous chemise de livraison et page de titre gravée<br />
en sanguine.<br />
4000 €<br />
EDITION ORIGINALE ET PREMIER TIRAGE DES EAUX-FORES DE P.G. HAMERTON, dont une<br />
inédite.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à mon ami Marilier, hommage affectueux,<br />
P. G. Hamerton “.<br />
“ Une société de canotiers s’est récemment formée en Angleterre, & le but de ses<br />
membres est de se faire part mutuellement de leurs voyages. Chaque membre du club<br />
possède une petite embarcation, extrèmement légère, & ne portant qu’une seule personne,<br />
qi ui la gouverne à l’aide d’une pagaye... Dans leurs pirogues, les membres du<br />
Canoe-club ont déjà exploré d’immenses longueurs de rivière. Un cours d’eau parfaitement<br />
inconnu, et offrant des difficultés imprévues, a pour eux un charme particulier.<br />
L’Arroux, qui passe par Autun & se jette dans la Loire à Digoin, possédait, il y a<br />
un an, tout ce qui pouvait attirer un membre du Canoe-Club. Personne ne l’avait<br />
encore descendu en bateau ; ses paysages étaient charmants & ses rives pleines d’un<br />
intérêt historique & légendaire. Descendre l’Arrroux était bien réellement une exploration,<br />
& un aqua-fortiste ne pouvait se dispenserd’ajouter à son mince bagage de<br />
canotier une boîte de cuivre vernis. Le résultat du voyage est aujourd’hui offert au<br />
public, & dédié par l’auteur à ses confrères du Canoe-Club.<br />
Je n’ai pas la prétention de savoir dessiner la figure, & les conseils de mon ami<br />
Marilier ont seuls pu donner quelque valeur à mes personnages. Je tiens à le remercier<br />
ici. P.G.H.” [préface].<br />
La postérité retient de Philip Gilbert Hamerton qu'il fut critique d'art et salue The<br />
Portfolio, an artistical periodical comme étant un ouvrage de vulgarisation et de<br />
référence de la fin du XIXème siècle. Pourtant, Hamerton aura beaucoup entrepris,<br />
et dans bien des domaines. Orphelin de mère à la naissance, élevé par une tante toute<br />
de douceur et d'ambition, il fait des études pas si classiques où le français et les arts<br />
d'agrément trouvent place.<br />
Son début d'âge d'homme le voit errer de Paris à l'Ecosse où il tombe sous le charme<br />
absolu du Loch Awe. Un recueil de poèmes invendu ruinera ses premiers espoirs littéraires,<br />
mais c'est pourtant avec « A painter's camp » (1862) qu'il va acquérir une<br />
notoriété durable dans le monde des arts et lettres britanniques. Il épouse une<br />
Française, fille d'un ancien député bourguignon, et après une tentative difficile de<br />
vivre sur le Loch Awe, le couple décide de venir s'installer en France. C'est près<br />
d'Autun qu'ils s'installeront en 1863.<br />
Trente années en Morvan le verront multiplier les ouvrages d'art dont « Etching and<br />
etchers » en 1868 et sa revue « The Portfolio », mais aussi des romans, des essais, des<br />
critiques, des articles dans les « magazines », des récits de voyage... S'y ajoutent
42<br />
quelques ouvrages sur la vie et les mœurs en Morvan et en France, mis en parallèle<br />
avec la société anglo-saxonne. Son public est probablement plus américain que britannique<br />
; notons, pour l'anecdote, que le Président Woodrow Wilson fut - ultérieurement<br />
- un de ses plus fervents admirateurs. Il entretint avec Robert-Louis<br />
Stevenson une correpondance suivie - on peut d’ailleurs rapprocher les deux auteurs<br />
en mentionnant le merveilleux texte de Stenvenson, Voyage avec un âne dans les<br />
Cévennes, quasi contemporain (1878) de celui d’Hamerton.<br />
Hamerton démultiplia sa vie d'auteur avec celle d'un dessinateur de la nature et<br />
d'un graveur. Mais c'est aussi un amoureux de l'eau et un inventeur. Créer, construire,<br />
naviguer, sont les délassements qui rassurent son psychisme fragile. Il devient un<br />
spécialiste des catamarans, fournissant la revue « Le yacht » de mille informations.<br />
Du Loch Awe à la Saône, il se fait ingénieur maritime et expérimente nombre de voiliers<br />
dont il a conçu les plans. Au fond du jardin de sa maison coule le Ternin, ruisseau<br />
affluent de l'Arroux, rivière se jetant dans la Loire. Et voilà Hamerton constructeur<br />
de « panières » à naviguer. Novateur de la voile, il est aussi pionnier du canoé<br />
d'eau vive. Son esprit fertile fait naître le canot en lanières de papier encollé, très fin,<br />
très plat, qui permet de se faufiler sur le moindre petit cours d'eau et donc le Ternin.<br />
C'est ainsi, après « a river voyage in a basket » que naît le projet de « The Unknown<br />
river » : descendre l'Arroux sur tout son cours, et s'arrêter pour graver quelques-uns<br />
des maillons de « ce long collier aux reflets enchanteurs ».<br />
Il emportera plusieurs dizaines de plaques de cuivre qu'il gravera, à toute heure et par<br />
tout temps. Après la parution d'une première version, « A canoe voyage » dans la «<br />
Fortnightly review » en février 1867, il envisagera de reprendre son périple pour de<br />
nouvelles gravures, plus grandes, plus travaillées.<br />
Aucune illustration n’accompagnait ce qui, plus qu’une véritable relation, est une<br />
somme d’impressions et d’anecdotes. Une sélection de trente-six gravures fut éditée la<br />
même années dans un portfolio, mais Hamerton n’était pas satisfait de sa prose et<br />
pensait que certaines eaux-fortes auraient mérité plus de travail, et le portfolio ne fut<br />
vraisemblablement jamais distribué. Il publia en 1869 la nouvelle version de son récit<br />
dans la revue d’art quil venait de lancer, The Portoflio, ccompagné des 36 illustrations<br />
originales.<br />
Le travail sur les nouvelles gravures fut entamé à l’été 1870, mais aussitôt interrompu<br />
par la guerre. La folie de « l'espionnite » qui envahit la France à la veille de la<br />
guerre contre la Prusse le dissuadera d’aller plus loin. Les gravures originales seront<br />
gardées, telle quelles, en 1871 dans l'édition définitive de « The Unknown river ».<br />
Avec une variante, toutefois : l’une des planches ici présente (la rencontre avec les<br />
enfants) ne fut jamais éditée, ni dans l’édition de 1869, ni dans celle de 1871. Elle permet<br />
surtout de mettre un nom sur “ l’aide dessinateur “ de Hamerton, un certain<br />
Marilier, qui signe chacune des planches, dans l’édition du portfolio ici présenté, où<br />
figure un personnage.<br />
Comme le souligne Hamerton dans la préface des livraisons (cf. supra) : “ Je n’ai pas<br />
la prétention de savoir dessiner la figure, & les conseils de mon ami Marilier<br />
ont seuls pu donner quelque valeur à mes personnages. Je tiens à le remercier<br />
ici. P.G.H.”<br />
Cette préface n’a jamais été reprise dans les éditions de 1869 et 1871 et ce texte restait<br />
tout simplement inconnu.<br />
Notre exemplaire est celui offert par Hamerton à son complice, ce qui renforce la thèse<br />
d’une distribution sinon quasi-confidentielle, du moins très restreinte.<br />
Exemplaire apparemment unique à ce jour ; aucun exemplaire de ce tirage et sous cette<br />
forme n’est recensé, après de longues et vaines recherches, dans les bibliothèques fran-
43<br />
çaises, anglaises ou américaines. Il est plus que probable que la diffusion du recueil<br />
n’eut jamais lieu, sans doute pour des questions de coût ou par le souci de perfection<br />
d’Hamerton, qui souhaitait reprendre ses illustrations.<br />
La première édition française du texte est toute récente : elle est l’oeuvre de Daniel<br />
Margottat (Philip Gilbert Hamerton, La Rivière inconnue, Limoges, éditions<br />
du canotier, 2006).<br />
Tous nos remerciements à monsieur Margottat pour son aide précieuse sur l’historique<br />
et l’approfondissement des connaissances sur Hamerton et son oeuvre. Nous lui<br />
devons, pour la partie historique, la rédaction de cette notice. Ce recueil de 1867 lui<br />
était - outre la citation qu’il en fait - parfaitement inconnu et, à vrai dire, faisait figure<br />
de merle blanc.<br />
Parfait état, eaux-fortes dans leur état original, à toutes marges, complet de toutes les couvertures gravées<br />
de relais et des préfaces. D’une insigne rareté.<br />
Daniel Margottat, op. cit., préface.<br />
43 [drogue - médecine]. (Philippe Hecquet). Reflexions sur l'usage de l'opium,<br />
des calmants, et des narcotiques, pour la guerison des maladies. En forme de<br />
lettre... Paris, Chez Guillaume Cavelier fils, rue Saint Jacques, près la Fontaine,<br />
1726. In-12 de viii, 374 pp, 8 ff.n.ch. (index and errata, le dernier blanc ; veau sombre,<br />
dos à nerfs orné de caissons et filets dorés, titre doré, dentelle sur les coupes (Reliure<br />
de l’époque).<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE. rare, dans lequel l’auteur raconte “ avoir trouvé dans l'opium la<br />
véritable panacée” . Après un brillant cursus médical, il reçoit le plus haut grade du<br />
doctorat ; appelé à l'ermitage de Port-Royal-des-Champs, afin d'exercer la médecine<br />
auprès de ces femmes illustres, il soigna pendant quatre ans les malades, sur place et<br />
à l'extérieur. Il retourna ensuite à Paris, au service notamment du prince et de la princesse<br />
de Condé, puis des carmélites du faubourg St-Jacques. Il fut élu Doyen de sa<br />
faculté en 1712. Il mangeait très peu , ne buvait que de l'eau et regardait le tabac<br />
comme pernicieux. La saignée à ses yeux reste l'idéal ; Lesage, dans son Gil Blas le<br />
peint sous le nom du docteur "sandrago".<br />
L'Opium (...) enivre, ainsi que le vin, le caffé & chacun à sa manière, & suivant sa<br />
dose. Il rend l'Homme heureux dans un état qui sembleroit devoir être le tombeau du<br />
sentiment, comme il est l'image de la Mort. Quelle douce Léthargie! L'Ame n'en voudroit<br />
jamais sortir. Elle étoit en proie aux plus grandes douleurs; elle ne sent plus que<br />
le seul plaisir de ne plus souffrir, & de joüir de la plus charmante tranquillité (La<br />
Mettrie, l’Homme machine, 1747).<br />
Hirsch III, 112 ; Barbier IV, p. 149 ; Wellcome III, 232.<br />
44 [Victor Hugo]. Abbé Pierre Dubois. Bio-bibliographie de Victor Hugo, de<br />
1802 à 1825. Paris, Honoré Champion, 1913. In-4 de 242 pp. et 1 f., demi-percaline<br />
verte, dos lisse, pièce de titre, fleuron doré, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />
<strong>15</strong>0 €<br />
EDITION ORIGINALE de cette importante thèse, qui recense l’intégralité des publications<br />
de et sur Victor Hugo dans ses premières années. Remarquablement documentée.<br />
Rare.
46<br />
45<br />
45 Victor Hugo. Hernani ou L'Honneur Castillan. Paris, Mame & Delaunay-<br />
Vallée, 1830. In-8 de 2 ff., vii et <strong>15</strong>4 pp., demi-chagrin prune, dos à nerfs, titre doré,<br />
tr. marbrées (Reliure de l’époque).<br />
EDITION ORIGINALE, premier tirage qui fut mis en vente le 8 mars 1830, aux lendemains<br />
de la bataille de la creation au Théâtre Francais.<br />
L’exemplaire a été enrichi à l’époque d’un portrait de Victor Hugo, du frontispice<br />
paru pour la seconde édition (Barba, 1830) et du portrait de M elle de Mars, créatrice<br />
du rôle.<br />
Louis Boulanger travailla dans l'atelier d'Eugène Deveria qui le présenta à Victor<br />
Hugo avec qui il noua une amitié durable, composant une série de dessins et de lithographies<br />
pour l'illustration d’Odes et ballades, des Orientales, du Dernier jour<br />
d'un condamné, des maquettes de costumes pour Hernani, Lucrèce Borgia et Ruy<br />
Blas et exécutant à l'huile des portraits de Léopoldine Hugo enfant (Salon de 1827),<br />
de Victor Hugo (vers 1833) de Mme Hugo (Salon de 1839).<br />
En reconnaissance, Hugo lui dédia plusieurs pièces de vers. Son Triomphe de<br />
Pétrarque (Salon de 1836), acheté par le marquis de Custine inspira un poème de<br />
Théophile Gautier inséré dans la Comédie de la mort.<br />
Carteret I, 399 ; Vicaire, IV, 251 ; En français dans le texte, <strong>n°</strong> 244.<br />
46 Victor Hugo. Etude sur Mirabeau. Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel,<br />
1834. In-8 de 2 ff. et 91 pp., demi-veau havane, dos lisse orné de filets dorés et à froid,<br />
pièce de titre (Reliure moderne à l’imitation).<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
L’orateur hugolien, qu’il soit incarné par Mirabeau, Ruy Blas ou le Gwynplaine de<br />
L’Homme qui rit, est toujours un orateur populaire, c’est-à-dire lié au peuple dans<br />
un rapport d’engendrement et d’enrichissement réciproques. Douze ans avant de<br />
monter lui-même à la tribune, Hugo questionne ce rapport et renvoie au peuple la formulation<br />
magnifique et raisonnée de ses aspirations : celui-ci reçoit, reconnaît et ratifie<br />
ce langage. Une conception qu’il mettra en œuvre à partir de <strong>juin</strong> 1849 par sa<br />
propre pratique politique.<br />
Le texte paraît le <strong>15</strong> janvier, en guise de préface aux Mémoires de Mirabeau. Just<br />
Muiron, directeur de L’Impartial, publiera le mois suivant un article consacré à l’Étude...<br />
: « Par la pensée comme par le style, le chef de la jeune littérature a égalé<br />
l’homme dont il traçait le portrait », suivi d’un article de Charles Fourier le 28 du<br />
même mois dans La Réforme industrielle : Les nouveaux quakers, trembleurs<br />
intellectuels, pupilles en génie. Réponse à un écrit de M.Victor Hugo, où<br />
Fourier articule sa lecture et annote comme un professeur : « Hugo a écrit : Tout est<br />
défait rien n’est refait. Début fort juste, on ne saurait dire plus vrai, estima Fourier.<br />
Aux hommes de progrès appartient la culture des principes, la greffe de telle ou telle<br />
idée “.<br />
Hugo à Jersey<br />
Le 5 août 1852, Victor Hugo débarque à Jersey. Sur le quai de Saint-Hillier ceux qui<br />
l'attendent ont subi le même sort : opposants au régime en place, ils ont été chassés de<br />
leur propre patrie. Ces proscrits forment une petite communauté unie dans le malheur,<br />
certes, mais politiquement assez disparate.<br />
Pour certains, Hugo est trop républicain, pour d'autres, son passé de pair de France<br />
le rend suspect. Cependant, sa notoriété, son autorité politique, son ascendant personnel<br />
vont faire de lui le chef de la proscription. Parmi eux qu' Hugo fréquentera<br />
particulièrement, se trouve les frères Jules et Emile Allix, ce dernier deviendra son<br />
médecin personnel, le général Le Flô et sa famille ou encore le colonel hongrois<br />
Téléki.
47<br />
Dès son arrivée, l'écrivain va participer aux réunions des exilés, français ou étrangers.<br />
Solidaire de ses frères en exil, il met en place une caisse de secours où il versera<br />
plus d'un tiers de ses revenus annuels. Mais les querelles internes finirent par le lasser.<br />
En mars 1853, Hugo démissionna de la société des proscrits : « Il faut aimer les<br />
proscrits […] mais il faut se garder des réunions » confie-t-il à sa femme. Conscient<br />
de ses responsabilités, il continuera cependant à agir.<br />
Edités en brochures de petits formats ou placardés sur les murs (cf. Hugo à Louis<br />
Bonaparte), ces Discours deviennent de véritables actes politiques. La société des<br />
proscrits qui s'est dotée d'un organe de presse, L'Homme, et d'une imprimerie, les<br />
publiera tous. Ils gagnent ainsi la France et sont lus par des noyaux de résistants.<br />
L'aventure à Jersey prendra fin en 1855. Le consul de France faisant surveiller<br />
constamment Hugo et redoutant un complot trouvera, le 2 octobre 1855, sous un fallacieux<br />
prétexte, le moyen de son expulsion.<br />
Toutes ces publications, à degré variable, sont très rares ; nombre d’entre elles ne figurait pas<br />
dans la collection Zoumeroff consacrée à Hugo. Elles sont ici présentées dans des conditions<br />
de conservation exceptionnelles.<br />
Rarissime exemplaire en grand papier des Châtiments.<br />
47 Victor Hugo. Chatiments. Pet. in-12 de 2 ff., III, 1 f. et 392 pp., broché, sous<br />
couverture d’attente papier moire.<br />
4700 €<br />
ÉDITION ORIGINALE, UN DES 16 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE, RÉIMPOSÉ.<br />
À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 qui voit l'arrivée au pouvoir du prince<br />
Louis-Napoléon Bonaparte, Hugo s'est exilé. Ces vers sont, pour le poète, une<br />
arme destinée à discréditer et abattre le régime de Napoléon III auquel Hugo voue<br />
une fureur vengeresse et un mépris sans bornes.<br />
Après avoir interrompu Histoire d'un crime qu'il ne fera paraître qu'en 1877 devant<br />
le risque d'un coup d'Etat de Mac-Mahon, au moment où il écrivait son pamphlet<br />
en prose Napoléon-le-Petit, Hugo avait déjà en tête un pendant poétique satirique<br />
qu'il comptait intituler Les Vengeresses, puis Le Chant du Vengeur avant de choisir<br />
le seul mot de Châtiments, qui résonne comme un cri de vengeance. Hugo écrivit<br />
à son éditeur Hetzel : "Ce titre est menaçant et simple, c'est-à-dire beau."<br />
Châtiments connaît une double édition à Bruxelles en novembre 1853 : une version<br />
officielle, auto-censurée par des lignes de points, que Hugo nomme "l'eunuque", et<br />
une version clandestine en petit format, conforme à notre exemplaire, à l’adresse fantaisiste<br />
de “ Genève & New-York “.<br />
Seul Flavien Michaux, expert en la matière, signale dans ses Essais bibliographiques<br />
concernant les oeuvres de Victor Hugo, parues pendant l'exil (Paris, L.<br />
Giraud-Badin, 1930), des grands papiers de l'édition complète :<br />
Sur l'édition complète, tirée deux fois en raison d'une erreur typographique, fut extraits<br />
au second tirage six exemplaires sur papier de Chine et seize sur papier de<br />
Hollande.<br />
Second tirage dont le typographe Samuel se montra très satisfait : « Je regrette, écritil<br />
à Hugo, de vous avoir envoyé les premiers cinq mille : les seconds sont infiniment<br />
mieux… ».<br />
L’adresse change ici pour “ En France “ ; seule variante par rapport au tirage courant.<br />
Aucune trace ni mention d’un exemplaire sur grand papier de ce chef-d’oeuvre dans<br />
les bibliographies d’usage ou spécialisées, pas plus que dans les archives de vente de<br />
ces trente dernières années.<br />
Ra-ris-si-me.<br />
Michaux, op. cit. ; pas dans Carteret, Vicaire, ni Clouzot ; pas d’exemplaires à la vente Zoumeroff, ni à la B.n.F,.<br />
ni à la Maison Victor Hugo...
48<br />
49<br />
48 Victor Hugo. 23ème anniversaire de la Révolution polonaise, (29 novembre<br />
1853) à Jersey. Discours de Victor Hugo. S.l. [Jersey], Imprimerie universelle ,<br />
1853.<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Hugo a prononcé trois discours à l'occasion de l'anniversaire de la révolution polonaise,<br />
les 29 novembre 1852, 1853 et 1854. Au-delà de la proscription, de l'exil, de sa<br />
lutte contre Napoléon III, Hugo fut le chantre des défenseurs de la République. Les<br />
victimes de la révolution polonaise, ces hommes et ces femmes dont le pays était occupé<br />
depuis 1932 par la Russie et qui, à Varsovie, organisèrent une rébellion historique,<br />
demeuraient pour lui les « aînés de la persécution ».<br />
Invité pour la seconde fois à commémorer la date anniversaire de cet événement, il<br />
adresse à ce peuple qu'il appelait l'année précédente le « Job des nations », un message<br />
d'espérance au vu des récents événements. Un mois plus tôt en effet, en octobre<br />
1853, la Turquie a déclaré la guerre à la Russie. Le sultan, « prince chétif », bien moins<br />
puissant que le tsar Nicolas Ier, décide de se servir des courants révolutionnaires<br />
pour vaincre son ennemi. « Il ne dépend plus de lui-même à présent de se délivrer de<br />
l'aide redoutable qu'il s'est donnée » prévoit Victor Hugo. « (...) Voici les légions<br />
polonaise, hongroise et italienne qui se forment », comme lui « peuples et rois (...)<br />
savent bien que ce qui brille en ce moment dans la main désespérée de la Turquie (...)<br />
c'est l'éclair splendide des révolutions ». Aux Polonais rebelles comme à tous, Hugo<br />
déclare naissante « l'aube bénie des Etats-Unis d'Europe ». Les frontières, les<br />
douanes, les guerres, la misère, l'ignorance auront disparu ; « la richesse décuplée, le<br />
problème du bien-être résolu par la science (..) la concorde entre les peuples, l'amour<br />
entre les hommes », telle sera l'Europe future, et si « le passé appartient aux princes<br />
» c'est aux peuples, conclut l'orateur, qu'appartient déjà l'avenir.<br />
Repris dans Discours de l'exil sous le titre La Guerre d'Orient puis dans Actes et Paroles avec le titre originel.<br />
49 Victor Hugo. Anniversaire de la Révolution de 1848 ; 24 février 1855. A<br />
Jersey. Discours de Victor Hugo. Jersey : Imprimerie Universelle, s. d. [1855].<br />
In-32 de 14 pp.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
700 €<br />
« C'est à la Révolution qu'il est réservé de frapper les rois du continent. L'Empire est<br />
le fourreau, la République est l'épée. » Cette nouvelle déclaration du plus célèbre des<br />
exilés de Jersey voulait faire date en annonçant la révolution future, c'est-à-dire, comprendre<br />
la chute du régime bonapartiste. « Que, comme Février, elle relève et place sur<br />
l'autel le sublime trépied Liberté-Egalité-Fraternité, mais que sur ce trépied elle allume,<br />
de façon à en éclairer toute la terre, la grande flamme Humanité ! » Eblouir les<br />
penseurs et aveugler les despotes, selon ses mots, tel est l'espoir de l'écrivain révolutionnaire.<br />
Voilà ce qu'il attend de cette « troisième date », celle qui verra l'Empire jeté<br />
à bas.<br />
D'abord placardé, avec une dédicace à Victor Schoeler, puis publié le 1er mars 1854<br />
dans L'Homme, ce discours sera repris dans Discours de l'exil sous le titre « La<br />
Révolution future », puis dans Actes et Paroles avec le titre « Banquet anniversaire<br />
du 24 février 1854 ».<br />
Très rare, au risque de se répéter.<br />
Un livre de la bibliothèque de Victor Hugo à Jersey :<br />
celui, fondateur, contenant l’ex-libris du poète, dans son épreuve originale<br />
offerte par Aglaüs Bouvenne à Victor Hugo, qui fera sien cet ex-libris.
53 [Victor Hugo]. Aglaüs Bouvenne. Les Monogrammes historiques d’après<br />
les monuments originaux. Paris, Académie des bibliophiles, 1870. In-12 de xxxl<br />
et 166 pp., demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, couv. et dos cons. (Reliure<br />
début XXè).<br />
EDITION ORIGINALE imprimée à 512 exemplaires, celui-ci sur vergé, le <strong>n°</strong> 1.<br />
Envoi signé :<br />
“ à monsieur Victor Hugo,<br />
Hommage et souvenir de son admirateur<br />
sincère, Aglaüs Bouvenne “.<br />
5000 €<br />
Avec cet envoi, inscrit sur une feuillet de papier vergé, est offert par Bouvenne une<br />
épreuve originale gravée du futur, ex-libris de Victor Hugo : les tours de Notre-dame,<br />
avec un entrelac des initiales du poète.<br />
Dessiné et gravé par Aglaüs Bouvenne lui-même, qui lui offre cet ex-libris en même<br />
temps que son livre.<br />
Hugo, touché, lui répondra aussitôt en ces termes :<br />
“ Hauteville-House, 10 juillet [1870].<br />
Monsieur,<br />
j’ai reçu avec un vif intérêt votre excellent et curieux travail. Votre ex-libris fait par<br />
vous pour moi, me charme. J’accepte avec reconnaissance cette jolie petite planche.<br />
Comment vous en remercier ? S’il est un livre de moi que vous désiriez tenir de ma<br />
main, veuillez me le dire, et j’aurai l’honneur de vous l’offrir. Votre ex-libris marquera<br />
tous les livres de la bibliothèque de Hauteville-House. Je vous serre la main avec<br />
une vive cordialité. Victor Hugo. “ ( in Correspondance, ed. 1898, tome III - [coll.<br />
privée]).<br />
Aglaus Bouvenne dessina également l’ex-libris de Théophile Gautier ;<br />
Bracquemond se chargea du sien. Il rédigera quelques années plus tard une étonnante<br />
et passionnante étude sur Hugo, Victor Hugo : ses portraits et ses charges,<br />
1827-1879, <strong>catalogue</strong>s par Aglaus Bouvenne (Paris, J. Baur, 1879).<br />
La bibliothèque de Hauteville-House renferme toujours une grande partie des livres de<br />
Victor Hugo, malgré des disparitions successives au fil du temps. Cet exemplaire<br />
figure dans les deux inventaires dressés par Julie Chenay, en 1870 puis en 1879.<br />
Dans le dernier recensement (Groupe d’étude Jussieu-Paris VII), il figure aujourd’hui<br />
avec la mention [disparu]. Depuis quand ? Nul ne le sait. Sans doute depuis l’époque<br />
où il a été ensuite relié, au tout début du siècle dernier [l’exemplaire figurait broché<br />
dans les inventaires Chenay].<br />
“ Quelques collectionneurs privés possèdent des ouvrages qui figurèrent sur<br />
l'un ou l'autre des inventaires Chenay ou recèlent l'ex-libris de Victor Hugo,<br />
voire pour les plus chanceux une dédicace adressée à l'écrivain. Pour l'heure,<br />
la récolte est maigre (seulement 4 vol., hors vente des livres de Georges<br />
Hugo), mais je ne doute pas qu'en fouillant plus avant les <strong>catalogue</strong>s de ventes<br />
de nouvelles découvertes soient possibles “. (M.J. Chassier, Composition de<br />
la bibliothèque de Hugo à Hauteville-House).<br />
En voilà donc une, à rajouter parmi les rares connues à conjuguer envoi à Hugo, présence<br />
de l’ex-libris et présence dans les inventaires Chenay.<br />
Mais nous sommes ici, surtout, en présence de l’exemplaire “ fondateur “, qui recèle<br />
l’ex-libris originel.<br />
Chenay, inventaire des livres de Victor Hugo à Hauteville House, 1870 et 1879, <strong>n°</strong> M 05 et L 0 ;<br />
Journet, B024 .
55<br />
54 [Victor Hugo]. Maxime Lalanne. Chez Victor Hugo, par un passant. Paris,<br />
Cadart et Luquet, 1864. In-8 de 68 pages, avec 12 eaux-fortes de Lalanne ; maroquin<br />
rouge, dos à nerfs, titre doré, dentelle et roulette intérieures, tête doré, couv. cons.<br />
(Rel. signée de Champs).<br />
1400 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Le passant est tout simplement Charles Hugo, le propre fils du poète, menant ainsi à<br />
terme l’idée du reportage sur l’écrivain à Hauteville House, en exil. Les illustrations<br />
ont été réalisées par Maxime Lalanne (1827-1886) sous forme de 12 eaux-fortes<br />
d’après 10 photographies d’Edmond Bacot.<br />
Il a été ajouté ancienement une intéressante lettre autographe signée de Victor Hugo<br />
adressée au publiciste belge Berardi dans laquelle le poète lui demande de publier une<br />
mise au point dans son journal l’Indépendance à propos de vers attribués à l’auteur<br />
: ils avaient été en fait écrits par Adolphe Mathieu, chef de la section des manuscrits<br />
à la Bibliothèque royale de Bruxelles, pour demander la grâce de condamnés à mort<br />
depuis Jerse puis publiés sous le nom de Hugo dans plusieurs journaux belges. Le<br />
texte figurera dans Actes et Paroles et l’affaire est exposée dans Victor Hugo au<br />
cœur du monde, (par Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster, ADPF, 2002.]<br />
“ Hauteville House. 21 janvier. Cher Monsieur Berardi, Je vous envoie<br />
quelques lignes qui pourront, je crois, être utilement publiées par<br />
l’Indépendance. J’ai tâché de les faire acceptables pour tout le monde. La publication<br />
de ces vers qu’on m’attribue me force à prendre la parole. Je voudrais<br />
bien que ce ne fût pas en vain. Je me remets entre vos excellentes mains. Votre<br />
ami. Victor Hugo. Mes hommages aux pieds de votre [épouse ?].”.<br />
Bel exemplaire, malgré les habituelles rousseurs au texte, finement relié par Champs.<br />
55 Victor Hugo. Bug-Jaral. Paris, Quantin, s.d. (c. 1880). In-4, demi-veau blond<br />
à coins, dos lisse orné de filets dorés et fleurons à froid, tête dorée, couv. cons.<br />
400 €<br />
PREMIEERE EDITION ILLUSTREE.<br />
Un des 30 exemplaires de tête sur Chine. Frontispice gravé de Célestin Nantueil et<br />
nombreuses planches h.-texte.<br />
Parvenir à rédiger un roman en une quinzaine de jours … tels étaient les termes du<br />
pari.<br />
Pari - remporté - qui signe véritablement l'acte de naissance, de l’écrivain (c’est son<br />
premier roman) ; avant que ce dernier n'en vienne à signer Hugo. Paru à l’origine<br />
dans la rarissime Conservateur littéraire sous le nom de plume de d’Auvernoy -<br />
nom du héros de Bug-Jargal -, le texte connût sa première édition séparée en 1826.<br />
Considérablement remaniée par la suite, cette œuvre de jeunesse s'inscrit dans la tradition<br />
des Lumières, en sa véhémente dénonciation du colonialisme, et de sa terrible<br />
résultante : l'esclavagisme. Pour la première fois, la littérature se voit dotée d'un<br />
héros de couleur noire.<br />
Sur fond d'amours impossibles, l'intrigue se déroule à Saint-Domingue, alors en proie<br />
à de violents heurts. Première révolte d'esclaves à avoir réussi, elle permît ainsi à l'île<br />
d'accéder à son indépendance.<br />
Laissant entrevoir quelques aspects de la personnalité de l'auteur, ainsi que les préoccupations<br />
de l'adolescent d'alors, cette première œuvre romanesque augure pourtant<br />
du grand œuvre à venir : richesse des descriptions, affirmation de l'équité humaine, et<br />
plus encore, de son unité.<br />
Bel exemplaire.
60<br />
61<br />
Exceptionnel ensemble en reliure uniforme<br />
57 Victor Hugo. Œuvres complètes. Édition définitive d'après les manuscrits<br />
originaux. Paris, J. Hetzel et Cie ; A. Quantin, 1880-1889. - 54 vol. grand in-8,<br />
demi-maroquin rouge à coins, titre doré, caissons d’encadrement à froid, têtes dorées,<br />
dates en pied, couv. et dos cons.<br />
7000 €<br />
LA FAMEUSE EDITION HETZEL - QUANTIN, DITE " NE VARIATUR " ; c’est la première édition<br />
de référence. L'ensemble est divisé en huit sections ayant chacune sa tomaison<br />
particulière.<br />
Un des 100 exemplaires sur Hollande.<br />
La série, complète, comprend : I. Poésie (16 vol.) - II. Philosophie (2 vol.) - III .<br />
Histoire (3 vol.) - IV. Voyage (2 vol.) - V. Drame (5 vol.) - VI. Roman (14 vol.) -<br />
VII. Actes et paroles (4 vol.) - VIII Œuvres diverse (2 vol.) - Œuvres posthumes.<br />
Œuvres inédites (1886-1892 - 9 vol.).<br />
Superbe ensemble, admirablement relié.<br />
60 Jean Lorrain. La Mandragore. Paris, Edourard Pelletan, 1899. Grand in-8 de<br />
6 ff. dont le frontispice, 9-62 pp., 1 f., cartonnage éditeur illustré d’après des dessins<br />
de Marcel Pille.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE imprimée à <strong>15</strong>3 ex., remarquablement illustrée de compositions de<br />
Marcel Pille, gravées sur bois en couleurs par Deloche, Florian, Tinayre et<br />
Froment.<br />
Montée en tête, lettre autographe signée de Jean Lorrain, en rapport avec la parution<br />
de l’ouvrage.<br />
Bel exemplaire, très frais, sous un magnifique cartonnage vélin illustré.<br />
Talvart & Place, 236/27 "cet ouvrage est l'un des plus beaux livres d'Edouard Pelletan et l'un des plus rares".<br />
61 Jean Lorrain. Poussières de Paris. Paris, Fayard, 1896. In-12, broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE RARE, constituée des chroniques issues du "Pall-Mall" et de<br />
l'Echo de Paris, entre Avril 1894 et Décembre 1895.<br />
Bel envoi autographe signé :<br />
" à mademoiselle Pauline Zeller, en amitié et en souvenir<br />
de celui dont l'âme assome ses confrères ;<br />
son ami, Jean Lorain ".<br />
Cet ouvrage est la première série de la publication des "Pall-Mall", une suite paraîtra<br />
en 1902. Sans doute le meilleur recueil des articles, virulents, de Jean Lorrain.<br />
Pauline Zeller, une des filles du professeur d'histoire en Sorbonne Jules Zeller, fut<br />
une habituée du salon de la princesse Mathilde ; elle fut à deux doigts d'épouser<br />
Edmond de Goncourt.<br />
Très rare en si parfait état et avec envoi.<br />
Talvart XII, 234.
65<br />
64<br />
64 Pierre Loti. Aziyadé. Paris, Calmann-Lévy, 1879. In-12, maroquin rouge, dos<br />
à nerfs, titre doré, filets sur les coupes, tête dorée, couv. cons. (Rel. signée de<br />
Noulhac).<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE rare du premier de l’auteur, parue sans nom d’auteur.<br />
Reliée en tête, billet autographe signé de Pierre Loti, qui a recopié sur le premier<br />
feuillet un passage de l’article du journaliste Prosper Jeune :<br />
“ et puis, vous savez, vous me dégoûtez dégoutamment “.<br />
Au verso, Loti adresse au même ce mot autographe :<br />
“ le primitif Loti vient de vous lire - et veux tout de suite vous remercier de l’article<br />
du 12 avril malgré l’ironie d’entre les lignes. Bien cordialement, Pierre Loti “.<br />
C’est trois mois auparavant, le 20 janvier 1879, que paraît Aziyadé ; la couverture<br />
mauve est ornée d'un portrait de femme orientale, qui disparaîtra sitôt ce premier tirage<br />
pour être remplacer par une couverture moins exotique et muette de l’éditeur<br />
Calmann-Lévy. L'accueil de la critique est mince, et celui du public réservé.<br />
En séjour à Salonique, Pierre Loti, alors jeune officier de la marine française aperçoit,<br />
derrière les barreaux d'une fenêtre de harem, le visage d'Aziyadé, belle et taciturne<br />
esclave circassienne. De là va suivre une longue histoire d’amour, née au milieu<br />
des parfums et des mystères d’Orient, qui culminera dans le déchirement et le sacrifice<br />
à Istanbul, l’ancienne Constantinople à la frontière des continents et cultures.<br />
“(...) Les sourcils étaient bruns, légèrement froncés, rapprochés jusqu’à se rejoindre<br />
(...) La jeune femme qui avait ces yeux se leva, et montra jusqu’à la ceinture sa taille<br />
enveloppée d’un camail à la turque (féredjé) aux plis longs et rigides. Le camail était<br />
de soie verte, orné de broderies d’argent. Un voile blanc enveloppait soigneusement la<br />
tête, n’en laissant paraître que le front et les grands yeux. Les prunelles étaient bien<br />
vertes, de cette teinte vert de mer d’autrefois chantée par les poètes d’Orient. Cette<br />
jeune femme était Aziyadé.”<br />
Bel exemplaire bien établi par Noulhac. Charnières élimées, dos légèrement passé, tout comme la fragile<br />
couverture.<br />
65 Malebranche. Traité de la nature et de la grâce. Amsterdam, chez Daniel<br />
Elsevier, 1680. In-16 de 268 pp. + supplément de 68 pp., demi-veau blond marbré,<br />
dos à nerfs orné de caissons d'encadrement et fleurons dorés, titre doré, date en pied,<br />
toutes tranches mouchetées. (Reliure de l'époque signée Pierson).<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Fils d'un secrétaire du roi, Nicolas de Malebranche intègre le collège de la Marche<br />
puis la Sorbonne où il reçoit une éducation religieuse et scolastique. Il rentre à<br />
l'Oratoire et est ordonné prêtre en 1664.<br />
Disciple le plus fidèle du cartésianisme, il publie Le Traité de la nature et de la<br />
grâce, aux enjeux scientifiques et polémiques, dans lequel il revient sur le problème<br />
du miracle. Mais contrairement à Descartes, l'oratorien considère que Dieu porte en<br />
lui les idées et qu'il transmet les connaissances sensibles et rationnelles aux âmes<br />
humaines à partir des lois de l'union du corps et de l'âme. Une polémique l'oppose<br />
aussitôt à Arnauld et Bossuet, qui dénoncent un rationnalisme dans lequel Dieu<br />
n'est plus "l'auteur que d'un certain ordre général d'où le reste se développe comme<br />
il peut". Car malgré la religiosité apparente de ses théories, Malebranche s’inscrit à<br />
contre courant de la pensée dogmatique chrétienne et annonce prématurément la<br />
dynamique critique des Lumières.<br />
Bel exemplaire, en reliure pastiche fin XIXème de Pierson.<br />
Brunet, III - 1035 ; Rahir, 1743.
67<br />
68<br />
66<br />
66 Karl Marx. Le Capital. Livre premier. [avec]. Le Capital. Préface de<br />
Friedrich Engels. Les Procès de circulation du capital. Livre II. [avec]. Le procès<br />
d'ensemble de la production capitaliste. Livre III (2 volumes). Paris,<br />
Editeurs Maurice Lachatre et Cie, 1872 ; Paris, Giard & Briere, 1900-1902. Pet.<br />
in-folio de 2 ff. de titres, frontispice, 2 fac-similés et 351 pp. ch. ; 3 vol. forts in-8 de<br />
xxii, 591 pp., xxiv et 520 pp. ; demi-maroquins noirs, dos à nerfs orné de caissons à<br />
froid, titres dorés, couv. et dos cons.<br />
6000 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française, donnée par Joseph Roy et revue par<br />
Marx.<br />
Elle fut publiée en livraisons entre août 1872 et mai 1875 [pour le livre I]. Le volume<br />
est complété des Livres II et III, qui ne paraissent qu’entre 1900 et 1902, dans des traductions<br />
de Julian Borchardt et Hippolyte Vanderrydt.<br />
La traduction de Joseph Roy, d’après la première édition allemande, est entièrement<br />
révisée par Marx, qui a participé à l'élaboration du texte français, y introduisant au<br />
jour le jour des remaniements importants, comme en témoigne à plusieurs reprises sa<br />
correspondance.<br />
Très bel ensemble en reliures modernes uniformes des trois livres du Capital.<br />
Petites galeries de vers restaurées sur quelques feuillets en fin du tome 1, infîmes rousseurs.<br />
Rubel, Bibliographie des Oeuvres de Karl Marx, 634 ; Einaudi, 3770 ; Utopie, BnF, 216 ; cf. PMM, 359.<br />
67 [Botanique]. A. Masclef. Atlas des plantes de France, utiles, nuisibles et<br />
ornementales. Paris, Paul Klincksieck, éditeur, 1891. In-8, en feuilles, de 8 ff.n.ch.<br />
(titres, préface et avant-propos) et 367 pp. (textes, commentaires, index et table) ; 400<br />
planches in-8, en couleurs.<br />
1250 €<br />
EDITION ORIGINALE, parue en quatre livraisons de 100 pl. chacune, sous chemises cartonnage<br />
de l’éditeur, illustrées sur le premier plat.<br />
L’ensemble est complet de la préface, textes et tables et des 400 planches en couleurs,<br />
représentant, en grandeur nature et en coloris de toute fraîcheur, 450 plantes communes.<br />
Le texte explicatif et scientifique reprend les propriétés des plantes, leurs<br />
usages et applications en médecine, agriculture, horticulture...<br />
Cette abondante iconographie, très documentée, constitue le Complément de la Nouvelle flore<br />
de Gaston Bonnier et Georges de Layens.<br />
Rare. Une chemise restaurée, sinon très bel ensemble.<br />
68 Guy de Maupassant. Sur l’eau. Paris, Marpon et Flammarion, s.d. (1888).<br />
In-12 de 2 ff., 246 pp. et 1 f., demi maroquin marine, titre doré.<br />
360 €<br />
EDITION ORIGINALE. Ill. de Riou dans le texte.<br />
« Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes. Ayant fait,<br />
au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la Méditerranée, je me suis<br />
amusé à écrire chaque jour, ce que j’ai vu et ce que j’ai pensé... » C’est à bord de son<br />
yacht « Bel-Ami » que fut écrit ce livre d’impressions de voyages, il s’apparente à plusieurs<br />
autres récits « Au Soleil » et « La Vie errante ». Le texte initial avait paru dans<br />
les Lettres et les Arts en février, mars et avril 1888.<br />
Clouzot, 198 ; Talvart, XIII, 259.
69<br />
70<br />
71<br />
69 Guy de Maupassant. Notre coeur. Paris, Ollendorff, 1890. In-12, demi-percaline<br />
bleue, dos lisse, pièce de titre, couv. cons. (Reliure de l’époque).<br />
3000 €<br />
EDITION ORIGNALE.<br />
Envoi autographe signé :<br />
Bel exemplaire.<br />
“ à José Maria de Hérédia,<br />
son ami, Guy de Maupassant “.<br />
70 Prosper Mérimée. Théâtre de Clara Gazul, comédienne espagnole. Paris, A.<br />
Sautelet et Cie, librairies, 1825. In-8 de 2 ff., ix, 337 pp. et 1 f., demi-veau havane,<br />
dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés et à froid, tr. peignes (Reliure moderne à<br />
l’imitation, tr. d’origine).<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE, parue anonymement.<br />
La notice est signée Jos L’ESTRANGE, nom sous lequel se cachait Mérimée. Premier<br />
ouvrage de Mérimée, d’une grande rareté “ (Carteret).<br />
Très bel exemplaire, sans rousseurs.<br />
Carteret, II, p. 133 ; Clouzot, 200.<br />
frontispice de Félicien Rops sur Chine<br />
71 [Prosper Mérimée]. Par Un des quarante. H.B. [Henri Beyle, dit Stendhal].<br />
Elutheropolis, de l'imposture du Nazareen, 1864. Petit in-8 de 1 f. blanc, 1 fauxtitre,<br />
1 épigraphe, titre, 62 pp. et 1 f., broché, sous couverture muette.<br />
700 €<br />
Troisième édition, imprimée à 140 exemplaires, celui-ci 1/110 sur vergé et illustrée<br />
d’un frontispice de Félicien Rops, imprimé sur papier de Chine.<br />
Après la rarissime originale de 1850 (une quinzaine d'exemplaires) et la tout aussi<br />
recherchée imprimée par Poulet-Malassis (à 36 exemplaires), cette troisième édition,<br />
toujours à petit nombre n'est pas moins élégante que les précédentes. Belle typographie<br />
en rouge et noir, beau papier vergé.<br />
Carteret, II, p. <strong>15</strong>2.<br />
72 Octave Mirbeau. Dingo. Paris, Eugène Fasquelle éditeur, 1913. Grand in-8,<br />
couv. blanche à rabats, broché.<br />
3000 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 25 exemplaires sur Japon (tirage de tête), celui-ci un des<br />
h.-commerce nominatif (non attribué).<br />
L'objet de Dingo, dont le personnage principal est un chien qui joue le rôle de leveur<br />
de masques, est-il sérieux ou excentrique ? Le recours à l'allégorie, caractéristique du<br />
roman réaliste de tradition balzacienne, n'est-il pas totalement détourné par le romancier<br />
? Car il va sans dire que les thèmes de la constance du chien et de sa fidélité à<br />
l’homme, de sa variabilité et de sa différence d’avec l’homme, se retrouvent tous dans<br />
Dingo, son dernier roman. Pourtant, à ces thèmes s’en ajoutent d’autres, notamment
72<br />
73<br />
74<br />
l’anarchisme, la condamnation de la bourgeoisie et la condition de l’artiste. Dingo ressemble<br />
aux autres textes déjà mentionnés, dans lesquels le chien communique un message<br />
philosophique et politique.<br />
A travers les activités de Dingo (même meurtrières), le chien expose “ un microcosme...<br />
dans lequel grouille une humanité larvaire, qu’il regarde s’agiter d’un œil impitoyable.<br />
Mais en reliant la nature primitive du chien (prétendue non-civilisée) à une<br />
vérité anarchique, Mirbeau incarne dans le chien, et dans sa primitivité, une résistance<br />
à toute conformité politique et sociale (...) le chien, lourd de son bagage intertextuel,<br />
porte en lui sa propre sauvagerie honnête et sa primitive sincérité, et se révolte<br />
instinctivement et intuitivement contre ce à quoi le narrateur humain lui-même ne<br />
peut pas se confronter “. (Enda Mac Caffrey, in Le Portrait d’un artiste en jeune<br />
chien, cahiers Mirbeau <strong>n°</strong>7).<br />
Bel exemplaire, à toutes marges.<br />
73 Robert de Montesquiou. Les Hortensias bleus. Paris, Charpentier et<br />
Fasquelle, 1896. In-12 de 420 pp. demi-percaline mauve de l'époque, pièce de titre de<br />
maroquin marron et titre doré, fleuron central doré, filet doré en pied (Reliure de<br />
l'époque).<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />
Envoi autographe signé à La Comtesse de Pourtalès.<br />
Un des sonnets du recueil (le 145), lui est dédié, ainsi qu'il le rappelle dans sa dédicace.<br />
Louise Sophie Mélanie Renouard de Bussière, comtesse Edmond de Pourtalès, a<br />
été l'une des « reines de Paris » sous le Second Empire. Impossible donc pour Robert<br />
de Montesquiou de ne pas la cotoyer: ce dandy exubérant, ce mondain doublé – ce<br />
n’est pas négligeable – d’un aristocrate à la conversation étincelante et au verbe centrifuge<br />
avait en partie servi de modèle pour le personage de des Esseintes dans A<br />
Rebours d’Huysmans, et d’une bonne partie du Baron Charlus chez Proust.<br />
“ Avec la moitié des Hortensias bleus, on ferait un tome, encore très dense, qui<br />
serait presque tout entier de fine ou de fière ou de douce poésie (...) M. de<br />
Montesquiou existe : hortensia bleu, rose verte ou pivoine blanche, il est de<br />
ces fleurs qu'on regarde avec curiosité dans un parterre, dont on demande le<br />
nom et dont on garde le souvenir. (Remy de Gourmont, in Le Livre des<br />
Masques).<br />
Bel exemplaire en sobre mais élégante reliure d'époque.<br />
Talvart XIX, 314<br />
74 [échecs]. Alfred de Montigny. Les Stratagèmes des Echecs, ou Collection<br />
des cours d'Echecs les plus brillans et les plus curieux, tant dans la partie<br />
ordinaire que dans les différentes parties composées ; tirés des meilleurs<br />
Auteurs, et dont plusieurs n'ont point encore été publiés. Par un Amateur.<br />
Paris et Strasbourg, Armand Konig, an X (1802). 2 tomes reliés en un volume in-<br />
12 de 93 pp. (texte) -122 (pour les 120 diagrammes) ; demi-percaline verte, dos lisse<br />
(Reliure fin XIX ème ).<br />
2300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Ce grand classique de l’époque sera traduit en allemand la même année et aura une<br />
traduction anglaise en 1816.
74<br />
75<br />
76<br />
Alfred de Montigny avait, dans la foulée, donné une nouvelle édition de l’Analyse<br />
du jeu des échecs (Strasbourg, 1803) de Philidor.<br />
Reprenant les grands principes de son illustre prédécesseur, Montigny livre ici une<br />
première partie théorique mais surtout, dans le second volume, livre une magnifique<br />
galerie de cas pratiques, en 120 diagrammes : les cases foncées sont imprimées en doré,<br />
les pièces sont représentées par des lettres TCFDRP rouges (pour les blancs) et noires.<br />
Le feuillet de faux-titre du tome II n’a pas été conservé a la reliure ; une planche (diagramme <strong>15</strong>/16) mal<br />
placée en tête, mais tous les diagrammes sont bien présents.<br />
Bibl. Van der Linden-Niermeijeriana 456 ; Cat. Schaakboekerij Niemeijer 1799 ; Coll. Rimington-Wilson 1085.E<br />
75 [Moreau le Jeune]. Gaston Schefer. Moreau le Jeune. 1741 - 1814. Paris,<br />
Goupil & Cie, 19<strong>15</strong>. Fort in-4 de 172 pp., demi-maroquin tête de nègre à coins, dos<br />
à gros nerfs orné de caissons d'encadrement, filets dorés et à froid, titre doré, date en<br />
pied, filets dorés sur les plats, tête dorée, couv. cons. (Reliure de l'époque).<br />
420 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 200 exemplaires sur Hollande.<br />
Conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, Gaston Schefer était également un spécialiste<br />
de l’oeuvre de Chardin.<br />
83 figures hors-texte, dont 4 en couleurs, illustrent l’ouvrage.<br />
Bonne condition, quelques frottements sur les plats.<br />
76 Jospéhin Péladan. Le Vice suprême. Paris, <strong>Librairie</strong> des Auteurs Modernes,<br />
1884. In-12 de 338 pp. + <strong>catalogue</strong> de l’éditeur, demi-maroquin bordeaux, dos à 5<br />
nerfs, titre doré, date en pied, couv. cons. (Reliure signée de Laurenchet).<br />
EDITION ORIGINALE rare ; exemplaire du premier tirage, sans mention d’édition.<br />
Frontispice gravé de Félicien Rops ; préface de Jules Barbey d’Aurevilly.<br />
750 €<br />
En 1883 est fondé à Bruxelles le « Groupe des XX ». Rops, considéré comme le chef<br />
de file de l’avant-garde belge, est invité à y participer. Joséphin Péladan publie alors<br />
un premier texte sur Rops dans L’Esthétique au Salon de 1883. Il y définit son art<br />
selon une formule devenue célèbre : “ L’Homme possédé de la femme, la Femme possédée<br />
du Diable “. Délaissant la peinture stricte de la vie moderne, Rops poursuit la<br />
réflexion entamée avec Les Sataniques et se tourne vers un art symbolique.<br />
A l’initiative de Péladan, Rops rencontre Barbey d’Aurevilly pour lequel il illustre<br />
Les Diaboliques, une célèbre suite qui procède de la même réflexion esthétique.<br />
Quelques mois plus tard, au milieu de l’année 1884, Péladan part à la conquête de<br />
Paris en publiant Le Vice suprême, premier roman où apparaissent des thèmes<br />
occultistes. L’ouvrage, préfacé par Barbey d’Aurevilly, connaît un succès rapide et<br />
la reconnaissance de Stanislas de Guaita : « Je n'oublierai jamais ceci : que je dois<br />
à votre livre d'avoir entrepris l'étude de la Science hermétique » (lettre, <strong>15</strong> novembre<br />
1884).<br />
Un lien important se crée et désormais Péladan, délaissant l’esthétisme décadent, se tournera<br />
radicalement vers l’occultisme et les salons des Rose-Croix.<br />
Exemplaire de choix, complet du rare <strong>catalogue</strong> in-fine sur papier fin, qui annnonce, entre autres, la parution<br />
prochaine des Vieilles actrices de Barbey d’Aurevilly. Une mouillure angulaire au premier feuillet,<br />
couv. piquée et doublée.
78<br />
77<br />
77 Alexandre Pouchkine. Poèmes dramatiques. Paris, Hachette, 1862.In-12,<br />
demi-maroquin rouge, dos lisse, filets et titre dorés. (Reliure de l’époque).<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française, donnée par Louis Viardot et Ivan<br />
Tourgunéniev.<br />
Depuis l'enfant qui surprenait sa famille par son aisance à retenir ou composer des<br />
vers, et l'adolescent du Lycée de Tsarskoïe Selo qui lisait ses premiers poèmes, la joie<br />
de vivre et l'espérance du poète devenu homme s'étaient taries.<br />
A Boldino, Pouchkine écrivit ses derniers chefs-d'œuvres, Les Poèmes dramatiques.<br />
Il est désormais marié, ses démêlés avec le pouvoir n'ont plus cours depuis<br />
l'avènement du nouveau tsar Nicolas 1er, mais ce dernier, en le nommant chambellan<br />
lui impose une autre forme de tyrannie. Le poète s'afflige :<br />
« Dépendre d'un monarque, ou de la populace... / L'un vaut l'autre pour moi. Je veux<br />
vivre à ma guise, / Ne servir que moi-même et qu'à moi-même plaire, / ne courber mon<br />
esprit, mon honneur, mon échine, / Devant aucun pouvoir et aucune livrée. »<br />
Bientôt, et pour une histoire d'honneur justement, Pouchkine mourra des suites<br />
d'un duel. « Le plus occidental des romanciers russes », Ivan Tourgueniev rencontra<br />
par deux fois Pouchkine par l'intermédiaire de son professeur Pletnev, grand ami du<br />
poète. Traducteur excellent du russe au français - on lui doit une version russe des<br />
Contes de Flaubert -, et du français au russe, Tourgueniev aura avec Louis<br />
Viardot bien plus qu'un lien d'amitié. En effet, en 1842, le volage Tourgueniev<br />
devient père d'une petite Pélagie, née de ses amours brèves avec une paysanne. Le 28<br />
octobre 1843, il fait la connaissance de Viardot, qui, sept ans plus tard, deviendra le<br />
père adoptif de l'enfant rebaptisée Pauline...<br />
Outre ses considérations quelques peu cancanières, les deux amis travailleront avec<br />
bonheur à plusieurs traductions. Celle du chef- d’oeuvre de l’enfant de Tsarskoïe Selo<br />
est leur première collaboration : coup d’essai transformé en coup de maîtres.<br />
Bel exemplaire en reliure d’époque de grande qualité, condition des plus rares. Des bibliothèques Albert<br />
t'Serstevens et du fonds Rémy Canet, avec ex-libris.<br />
78 Jules Renard. Coquecigrues. Paris, Paul Ollendorf, 1893. In-12 broché de 297<br />
pp., étui-chemise plein papier.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé au faux-titre.<br />
Ce « volume de fantaisies cruelles et incisives », comme le nommera un journaliste<br />
de l'Echo de Paris fut si bien accueilli par la critique qu’Ollendorf accepta la publication<br />
d'un nouveau recueil, la Lanterne sourde, moins de quatre mois après celuici<br />
; en 1906, Jules Renard regroupera l'un et l'autre en un seul livre.<br />
Pour l'heure, les nouvelles de Coquecigrues parurent d'abord en revue, entre 1890<br />
et 1892, certaines dans le Mercure de France dont l'auteur participa à la fondation.<br />
Un soir d'hiver 1889, au café François 1er, Louis Dumur, Edouard Dubuset G.-<br />
Albert Aurier projetèrent de ressusciter le très ancien Mercure de France. Alfred<br />
Vallette, auquel ils proposèrent la direction du journal, s'entoura alors d'Albert<br />
Samain et de l'érudit Louis Denise. Quant à Jules Renard, il fut contacté par son<br />
ex-condisciple au lycée Charlemagne, Ernest Raynaud, devenu poète et ardent défenseur<br />
du symbolisme, lui-même amené dans l'aventure par Dumur.<br />
Bel exempaire broché.
81<br />
80<br />
79 [Arthur Rimbaud]. Jean Hubert. Histoire de Charleville depuis son origine,<br />
jusqu’en 1854. Charleville, chez l’auteur ; Reims, Brissart-Binet ; Paris,<br />
Dumoulin, 1854. In-12 de 2 ff., iv, 312 pp. et deux plans dépliants en fin, broché.<br />
EDITION ORIGINALE rare et recherchée.<br />
240 €<br />
Cette histoire de Charleville paraît en 1854 (année de naissance de Rimbaud.) Le rapprochement,<br />
outre cete coïncidence de date, s’impose car l’auteur, alors professeur de<br />
rhétorique à Charleville, deviendra au moment de sa retraite, bibliothécaire de la ville.<br />
Adolescent, Rimbaud fréquenta souvent cette bibliothèque, qui devint son refuge<br />
habituel.<br />
Un jour, le bibliothécaire Hubert, lassé de ses demandes d’ouvrages insolites - vieux<br />
traités de sorcellerie, livrets d’opéras comiques, romans licencieux du XVIIIe siècle -<br />
le mit à la porte. Pour se venger, Rimbaud rima le virulent poème Les Assis, qui<br />
cloue au pilori les fossiles qui tout le jour "tremblent du tremblement douloureux du<br />
crapaud" et que surtout il ne faut jamais faire lever du siège auquel ils sont greffés par<br />
des amours épileptiques".<br />
Bel exemplaire broché.<br />
Album Pléiade, Rimbaud p.78 (qui reproduit une photographie du Père Hubert) ; Verlaine, Les poètes maudits.<br />
80 Paul Verlaine. Femmes. Imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part.<br />
S.l.n.d. [publiée par C. Hirsch et probablement imprimé par Renaudie à Paris,<br />
c. 1895]? Pet. in-8 de 69 pp. et 1 f. de table, couverture vert rempliée, titrée or.<br />
700 €<br />
DEUXIEME EDITION, après la rare originale de 1890 imprimée à 175 exemplaires sur<br />
vélin.<br />
Cette seconde édition est elle imprimée à 20 exemplaires sur Japon et 480 exemplaires<br />
sur Hollande (le nôtre un de ceux-là). Jean-Pierre Dutel, dans sa récente bibliographie<br />
des Ouvrages érotiques, répertorie pour ce livre deux tirages, avec des placements<br />
de fleurons différents.<br />
Notre exemplaire est encore différent et constitue un état inconnu du tirage, sans<br />
doute d'essai ou d’épreuve (fleuron différent à la page 19).<br />
Légères piqûres éparses dans le texte, faiblement prononcées ; sinon bel exemplaire.<br />
Dutel, 292** ; Chevrel, Trilogie érotique, préface ; Pia, 464.<br />
81 Jules Verne. Michel Strogoff. Paris, Collection Hetzel, s.d. Cartonnage éditeur<br />
de 370 pp. (relié par Lenègre, plat au portrait collé, dos au phare).<br />
Illustré par Férat de 98 gravures monochromes et 8 hors texte en couleurs.<br />
700 €<br />
Bel état du cartonnage aux coiffes, coins, gardes et tranches, intérieur sans défaut majeur (ex-libris ancien<br />
à l’encre au premier feuillet, infîmes piqûres).
82<br />
83<br />
84<br />
82 Jules Verne. Deux ans de vacances. Paris, Collection Hetzel, s.d. Cartonnage<br />
éditeur de 420 pp. (plat éléphant et éventail, titre au cartouche, dos au phare).<br />
450 €<br />
Illustré par Roux de 5 gravures monochromes, 12 hors texte et 2 cartes en couleurs.<br />
Bel état du cartonnage aux coiffes, coins, gardes, intérieur sans défaut ; dorures légèrement<br />
ternies néanmoins.<br />
83 [Voltaire, (Pierre-Marie Arouet dit)]. Histoire de l’empire de Russie sous<br />
Pierre le Grand. S.l.n.é., 1759. 2 volumes in-12 de 302 et 317 pp. + 2 cartes<br />
dépliantes en fin, demi-veau moderne, dos lisse, titre doré.<br />
EDITION ORIGINALE, premier tirage paru sans nom d’auteur.<br />
700 €<br />
S'il est une figure qui ne cessa de fasciner Voltaire, c'est assurément celle de Pierre<br />
le Grand. En 1731 déjà, l'Histoire de Charles XII laissait percevoir la séduction<br />
exercée par l'empereur de Russie sur le philosophe. Comme souvent pour la rédaction<br />
de ses ouvrages historiques, Voltaire utilisa des documents imprimés et manuscrits<br />
pour la rédaction de l’ouvrage.<br />
Ici, ce furent principalement des sources fournies par le conte Ivan Ivanovitch<br />
Schouvalov, chambellan et favori de l'Impératrice Elisabeth Petrovna, qui avait<br />
commandé l'oeuvre à Voltaire.<br />
Tous les matériaux nécessaires lui furent envoyés par l'Académie des sciences de<br />
Russie ; Voltaire n'eut alors "qu'à plonger à pleines mains au milieu de richesses de<br />
toutes espèces": notes, récits, mémoires, extrait du journal de Pierre-le-Grand, ainsi<br />
"qu'une foule de pièces historiques et critiques". L'ouvrage, bien documenté, comporte<br />
néanmoins un grand nombre d'erreurs et n’évite pas l'écueil de l'idéalisation. Pris<br />
au piège du mirage russe, comme bon nombre de ses contemporains, Voltaire passe<br />
sous silence les méfaits de la dérive autocratique comme l'état de servage dans lequel<br />
sont maintenus les sujets de l'Empire ; fortement critiquée pour ses imprécisions et sa<br />
partialité, l'Histoire de l'Empire de Russie sous Pierre le Grand est souvent considérée<br />
comme la moins bonne des œuvres historiques du patriarche.<br />
84 Emile Zola. La Curée. Paris, Lacroix et Verboeckhoven, 1871. In-12 de 360<br />
pp., demi-maroquin ébène à coins, dos lisse fileté, titre doré, filets dorés sur les plats,<br />
tête dorée , couv. cons. (Reliure signée de Capelle).<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE. (pas de grands papiers).<br />
Bel exemplaire, bien relié. Couv. lavée anciennement.<br />
85 Emile Zola. Germinal. Paris, Charpentier 1885. In-8 de 594 pp., demi-maroquin<br />
brun à coins, dos a nerfs, titre doré, tête doréée, couv. et dos cons. (Reliure de<br />
Kauffman).<br />
EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong>0 exemplaires sur Hollande.<br />
Jointe, une photographie originale d’Emile Zola.<br />
1900 €
86<br />
« Hâtez-vous d'être justes, autrement, voilà le péril : la terre s'ouvrira et les nations<br />
l'engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l'histoire ».<br />
Ces mots, tirés de la Correspondance de l'auteur, pourraient servir de préambule à<br />
Germinal. Cette oeuvre est bien le plus puissant réquisitoire contre l'injustice sociale<br />
de la fin du Second Empire, dont l'histoire du mouvement ouvrier, les grèves et leur<br />
corollaires sanglants, les répressions, sont le plus triste exemple. Zola, toujours<br />
attentif à l'actualité politique et sociale de son époque, chroniqueur à la Cloche et au<br />
Sémaphore de Marseille lors de la Commune, tirera de ses expériences son personnage<br />
principal, l'ouvrier rebelle, le révolutionnaire. Au moment où il s'apprête à<br />
réunir les documents de son futur roman, 12 000 mineurs de la région d'Anzin entament<br />
une grève qui fera date dans l'histoire. Or, un ami de Zola, le député Alfred<br />
Giard, lui propose de l'emmener sur place. Se faisant passer pour son secrétaire,<br />
l'écrivain va parcourir pendant plusieurs jours ces corons du nord si admirablement<br />
décrits dans le livre, descendre dans les mines, assister aux réunions syndicales, parler<br />
aux familles des mineurs chez lesquelles il est reçu, fréquenter les mêmes cafés.<br />
Toutes les notes qu'il prend alors sur le vif, constituent ce qu'il nommera lui-même,<br />
« Mes notes sur Anzin ».<br />
Muni de ce document capital, Zola rentre chez lui et commence la rédaction de son<br />
livre le 2 avril 1884. A Anzin, la grève dure encore. Alors qu'il travaille, Zola confie<br />
à son ami Henri Céard :<br />
« (...) un travail de chien comme je n'en ai encore eu pour un roman ; et cela sans<br />
grand espoir d'être récompensé. C'est un de ses livres que l'on fait pour soi, par<br />
conscience ».<br />
L'avenir lui donnera tort sur un point ; cinq ans après la publication de Germinal,<br />
85000 exemplaires étaient sortis des presses, et, à la mort du romancier en 1905, l'éditeur<br />
annonçait le 110ème mille.<br />
Bel exemplaire.<br />
86 Emile Zola. L’Oeuvre. Paris, Bibliothèque Charpentier, 1886. Fort in-12 de<br />
491 pp., demi-maroquin bordeaux à coins, dos à 5 nerfs, titre doré, tête dorée, couv.<br />
cons. (Reliure signée Laurenchet).<br />
1 500 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 175 exemplaire sur Hollande (seul papier).<br />
Bel exemplaire, bien établi en reliure moderne de qualité. A toutes marges.<br />
fin de la première partie<br />
Nous sommes toujours acheteurs de livres rares, en lot,<br />
à l’unité ou bibliothèques complètes.<br />
Expertises & organisation de ventes publiques.<br />
N’hésitez pas à faire circuler le <strong>catalogue</strong>,<br />
votre satisfaction est notre meilleure publicité.
deuxième partie<br />
livres<br />
du XX ème siècle
1<br />
2<br />
3<br />
1 Alain-Fournier. Miracles. Introduction de Jacques Rivière. Paris, Nouvelle<br />
Revue Française, 1924. In-12, broché.<br />
170 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Double envoi autographe signé :<br />
Bel exemplaire.<br />
“ à mademoiselle [effacé], en grande amitié,<br />
Jacques Rivière / Isabelle Rivière “.<br />
parfait exemplaire broché.<br />
2 Guillame Apollinaire. Le Poète assassiné. Paris, Bibliothèque des curieux, 1916.<br />
In-12 de 316 pp., broché.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE(pas de grand papier).<br />
Illustré d’un portrait-frontispice par Rouveyre, le recueil, qui regroupe des textes rédigés<br />
entre 1910 et 1913, rassemble des nouvelles et des contes à la fois mythiques et autobiographiques<br />
qui rencontrent un réconfortant succès pour Apollinaire ; ses amis profiteront<br />
de l’événement pour organiser un banquet en son honneur, le 31 décembre 1916. Du<br />
baume au coeur pour Apollinaire, qui avait vécu plusieurs revers difficiles : affecté<br />
comme artilleur le 1 er novembre 19<strong>15</strong>, le sous-lieutenant d’infanterie monte en ligne avec<br />
son unité au Bois-des-Buttes, au nord-ouest de Reims, le 17 mars 1916, six jours après sa<br />
naturalisation officielle : il est blessé à la tête d’un éclat d’obus qui perce son casque :<br />
“ Mon amour. J'ai été blessé hier à la tête par un éclat d'obus de <strong>15</strong>0 qui a percé le<br />
casque et pénétré. Le casque, en l'occurence, m'a sauvé la vie. Je suis admirablement<br />
bien soigné et il paraît que ce ne sera pas grave.. (lettre à Madelein Pagès, 18<br />
mars 1916 ; reprise dans Tendre comme le souvenir, cf. <strong>n°</strong> 4 ).<br />
La couverture de Capiello, qui représente un cavalier au front blessé, semblait bien prémonitoire...<br />
Très bel exemplaire ; rare dans cette condition.<br />
3 [Guillame Apollinaire]. Présence d’Apollinaire. Paris, Galerie Breteau,<br />
décembre 1943 - janvier 1944. Pet. in-4, en ff., sous chemise imprimée.<br />
480 €<br />
Superbe <strong>catalogue</strong>, avec des textes inédits de souvenirs par Roch Grey, André Billy,<br />
Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Vincent Muselli, Albert Gleizes, Marie Laurencin,<br />
Jacques Villon...<br />
Une seconde partie, titrée Hommages, présente des poèmes inédits, dont un signé Léo<br />
Malet (Puissance), dont c’est ici l’une des premières publications. Egalement, des textes<br />
de Noël Arnaud, J.-F. Chabrun, Luc Estang, Luc Decaunes.<br />
Cinq bois h.-texte par Le Moal, Gruber, d’après G. de Chirico, Manessier, Toulouse,<br />
Moisset.<br />
L’exposition, quant à elle, proposait un fantastique panel d’oeuvres, livres et revues : portraits<br />
d’Apollinaire par Marie Laurencin, Giorgio de Chirico, Irène Lagut,<br />
Marcoussis, Picasso ; un portrait-charge par Picasso, des manuscrits originaux, des<br />
préfaces, aquarelles, revues, éditions originales. Egalement, des revues de l’époque (La<br />
Plume, La Phalange, Les Marges, Sic, Nord-Sud, Dada 3, Cabaret, etc.).<br />
L’exposition présentait aussi plusieurs oeuvres de Braque, Chirico, Derain, Duchamp<br />
(la Partie d’échecs, 1911), Dufy (Le Château rouge, 1906), Gleizes, Gontcharova,<br />
Juan Gris, Frank Kupka, Irène Lagut, Marcoussis, Metzinger, Modigliani,<br />
Picabia, Picasso, Rouauly, Survage, Utrillo, Vlaminck...<br />
Complet de l’affiche dépliante, imprimée sur le même papier, qui reprend une des illustrations<br />
du <strong>catalogue</strong>.<br />
Rare ; bel objet.
4<br />
5<br />
6<br />
4 Guillame Apollinaire. Tendre comme le souvenir [Lettres à Madeleine Pagès].<br />
Paris, Gallimard, 1952. In-12 de 354 pp., broché.<br />
540 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 61 ex. numérotés sur Hollande, celui-ci 1/11 h.-commerce<br />
(après 2 Japon hors-commerce et 27 sur Madagascar).<br />
C'est le 2 janvier 19<strong>15</strong>, après une brève permission, que Guillaume Apollinaire rencontre<br />
Madeleine Pagès, qui, par hasard, partage son compartiment dans le train Nice-<br />
Marseille. Le poète s'en retourne alors vers Nîmes, au 38è régiment d'artillerie, où il fait<br />
ses classes ; la jeune fille doit prendre le bateau qui la ramènera en Algérie. Ils se parlent,<br />
se plaisent, se troublent, puis se séparent pudiquement. Une folle et sublime correspondance<br />
s'ensuit aussitôt : des centaines de lettres, un festin de vers, du sexe métaphorique<br />
ou explicite, des considérations littéraires et militaires - avec, en épilogue, cet éclat d'obus<br />
qui fracasse la tempe du poète. Les deux amants ne se sont revus qu'une fois, un an plus<br />
tard. De ces Lettres à Madeleine naît un document majeur sur la passion en temps de<br />
guerre ; une archive de première importance sur la façon, toute idéale, dont le poète<br />
consent à l'incendie de son coeur.<br />
Nombreuses reproductions photographiques à pleine-page.<br />
Parfait état, non coupé. De la bibliothèque du relieur J.-P. Miguet (vente, Paris, 2005).<br />
5 Guillame Apollinaire. Le Guetteur mélancolique. Poèmes inédits. Paris,<br />
Gallimard, 1952. In-12 de 149 pp., broché.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 26 exemplaires surMadagascar (<strong>n°</strong>18, tirage de tête).<br />
Frontispice par Picasso ; préface d’André Salmon.<br />
Comme le note Pascal Pia dès 1954, Le Guetteur mélancolique, destiné aux fidèles<br />
du poète, est un "recueil de brouillons", mais de brouillons "captivants" : tout comme le<br />
recueil intitulé Il y a (Paris, Albert Messein, 1925), le Guetteur mélancolique est composé<br />
de poèmes soit inédits, soit éparpillés dans diverses revues. Dans sa Préface, André<br />
Salmon en explique ainsi le titre : « Les éditeurs ont adopté celui qui s'inspire d'un<br />
distique du temps de la guerre: le Guetteur mélancolique. [...] On estimera qu'un tel<br />
choix plairait au Mal-Aimé, au songeur de Landor Road, à celui qui guettait<br />
dimanche sur le pont Mirabeau, au fier garçon vêtu de bleu, [...] guettant au ciel<br />
de ces fusées dont les pauvres soldats transformeraient l'armature en belles et<br />
misérables bagues, si souvent gage de l'impossible espéré. Que ne guettait-il pas<br />
?»<br />
Après un poème de trois vers contenant l'expression qui donne son titre au recueil, vient<br />
la première section, «Stavelot» (1899) qui comprend seize textes, essentiellement écrits<br />
pendant les trois mois d'été qu'Apollinaire passa dans les Ardennes belges. La plupart<br />
des neuf poèmes rassemblés dans la deuxième partie, «Rhénanes» (1901-1902), avaient<br />
été publiés en revue par l'auteur. Les «Poèmes à Yvonne» (1903) se composent de cinq<br />
pièces extraites du «Journal» que tenait à cette époque Apollinaire : elles sont adressées<br />
à une voisine de palier dont les charmes avaient séduit le poète et leurs accents rappellent<br />
parfois ceux des Poèmes à Lou. La dernière section, «Poèmes divers» (1900-1917)<br />
regroupe, sans souci de cohésion manifeste, quarante-trois poèmes.<br />
Petite déchirure restaurée au deuxième plat ; non rogné.<br />
6 [Guillame Apollinaire]. Eugène Monfort. Apollinaire. Liège, Éditions Dynamo,<br />
s.d. (1965). Petit in-8, cousu et non paginé.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Tirage unique à 51 exemplaires (celui-ci, <strong>n°</strong> 19).<br />
Charmant petit texte de Monfort, qui revient sur la biographie d’Apollinaire et sa rencontre<br />
avec le poète. La plaquette est illustrée de 18 reproductions de photographies et<br />
affiches autour d’Apollinaire, dont des portraits du poète par Picasso, Marcoussis...<br />
Parfait état.
7<br />
8<br />
9<br />
10<br />
7 [Guillame Apollinaire]. Apollinaire vivant. Flip-book. S.l.n.d. In-32, broché.<br />
450 €<br />
EDITION PIRATE, du célèbre flip-book d’après l’originale du Point du jour.<br />
Elle reprend à l’identique - si ce n’est que seul Apollinaire apparaît - l’édition de 1944 :<br />
ce sont les deux seules éditions, à notre connaissance, qui reprennent l’ensemble des 50<br />
photographies originales (le fac-similé réalisé par Pierre Faucheux en 1966 pour l’édition<br />
des Oeuvres complètes chez Balland et une autre édition pirate, oblongue, réalisée<br />
dans les années 70, et qui ne comprenaient que 32 photographies).<br />
Bel exemplaire.<br />
8 Louis Aragon. Je vous salue ma France. S.l., éditions F.T.P.F., s.d. [Cahors,<br />
1944]. In-8 de 8 pp., en ff., sur papier de guerre.<br />
480 €<br />
ÉDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“à Maurice Bridel,<br />
Je vous salue ma France aux yeux de tourterelle<br />
Jamais trop mon tourment, mon amour jamais trop.<br />
Aragon “.<br />
Première édition séparée de ce célèbre poème, qui avait précédemment paru dans le recueil<br />
Musée Grévin, sous le pseudonyme de François la Colère. Aragon a recopié dans l’envoi<br />
les deux fameux vers du poème qui comptent parmi les plus célèbre de ses poèmes de<br />
résistance et maintes fois commentés. Maurice Bridel dirigeait, à Lausanne, une célèbre<br />
librairie. Rare.<br />
Vignes, L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 666.<br />
9 Louis Aragon. France écoute. Alger, Tunis, les Relais de Fontaine, juillet 1944.<br />
In-12, broché.<br />
120 €<br />
DEUXIÈME ÉDITION ; second titre de la collection. Elégante impression en rouge et noir.<br />
Vignes, L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 742.<br />
10 Louis Aragon. René Descartes. S.l., pour les amis de l’auteur, s.d. In-4 de 50<br />
pp., broché.<br />
300 €<br />
PREMIERE EDITION ILLUSTREE. Tirage unique à 300 exemplaires sur vélin, num. et signés<br />
par Aragon.<br />
Objet littéraire bizarre, ce texte de 1949 reflète le rapport qu’entrenait Aragon avec la littérature<br />
de l’épouqe où il avait la responsabilité du quotidien communiste Ce Soir. Le<br />
parti avait rassemblé ses intellectuels sous l’égide de la défense de la paix, et Aragon<br />
sacrifiait sa puissance littéraire à l’exigence politique. Avec ce résultat : ce René<br />
Descartes est un bel exemple du genre de bizarreries dont est capable la littérature quand<br />
elle se suborne au politique : “ Célèbrons donc cette naissance / Et remarquons cette<br />
danse / Où la guerre et la paix étalent leur pouvoir / Que Pallas a raison de penser<br />
que la guerre / ôte toujours beaucoup des beautés de la terre “. On l’a connu<br />
moins facile et plus percutant !<br />
11 Louis Aragon. Pour expliquer ce que j’étais. Paris, Gallimard, 1989. In-12 de<br />
70 pp. et 5 ff., broché.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 51 exemplaires sur Hollande (seul grand papier).
13<br />
12<br />
“ Aragon n’a pas laissé beaucoup d’inédits et peu de surprises sont encore à attendre (...)<br />
les pages qui suivent appartiennent à ce domaine qu’Aragon vivant n’a pas voulu donner<br />
à lire. Vingt-cinq pages recto-verso, d’une écriture serrée...” (préface).<br />
Rédigées en grande partie dans l’immédiat après-guerre, ces pages sont surtout précieuses<br />
par le long discours sur Rimbaud et le rimbaldisme, dont Aragon reprendra certains<br />
thèmes dans Chroniques du bel canto (1946) : “ mais il demeurera ce fait que<br />
Rimbaud a été justement ce personnage légendaire où chacun pouvait trouver le<br />
haschisch de sa songerie. Aussi bien Claudel à l’ombre de sa croix, que mes compagnons<br />
et moi superbement athées ; et je ne me souviens pas à quelle date commença à se faire<br />
jour l’interprétation dite communiste de Rimbaud. De celle-ci il faudrait s’expliquer (...)<br />
je l’attends avec curiosité (...). Rimbaud était à la fois un terrain d’entente et un champ<br />
de bataille. Il doit à cela, au-delà de sa grandeur et de son génie, beaucoup de son importance<br />
historique “.<br />
Parfait état, non coupé.<br />
12 Raymond Aron. Espoir et peur du siècle. Essais non partisans. Paris,<br />
Calmann-Lévy, 1957. In-8, broché.<br />
130 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers). Exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ pour monsieur Dupouey,<br />
en sincère hommage, Raymond Aron “.<br />
La démarche de Raymond Aron est unique en ce qu'elle apporte une perspective nouvelle<br />
à l'étude des relations internationales. Le contexte dans lequel Aron publie ses<br />
articles ainsi que ses travaux les plus importants est celui des années 1950-1960, celui<br />
d'un monde bipolaire marqué par une évolution technologique rapide qui rend possible la<br />
production d'armes de destruction massive. Raymond Aron, dans ses divers écrits et<br />
articles du Figaro, entend présenter de facon rigoureuse une théorie des relations internationales<br />
et la veut détachée de toute idéologie : « la peur n’a pas besoin de définition.<br />
C’est une émotion primaire et, pour ainsi dire, sous-politique ». Bon exemplaire.<br />
13 Antonin Artaud. Le Pèse-nerfs. Suivi de Fragments d’un Journal d’Enfer.<br />
Marseille, les Cahiers du Sud, 1927. In-12, broché.<br />
420 €<br />
EDITION ORIGINALE dans le commerce, imprimée à 553 exemplaires, celui-ci un des 500<br />
exemplaires numérotés sur alfa. L'édition originale hors-commerce de 1925 n'avait été<br />
tirée qu'à 65 exemplaires.<br />
Frontispice d’André Masson.<br />
S'il est difficile de lire Antonin Artaud, c'est sans doute moins à cause des problèmes<br />
d'intelligibilité (dans le sens philosophique du terme) que parce que l'on se trouve<br />
confronté, quel que soit le texte, à une souffrance que l'on sent plus violente que tout ce<br />
que nous sommes en mesure d'imaginer. L'une des causes de « cette douleur plantée en<br />
(lui) comme un coin », thème central ici, est l'inaccessibilité de sa conscience par le langage<br />
: « Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue dans ses relations<br />
avec la pensée. » Les mots, l'écriture, sont vécus comme un enfermement. « Toute<br />
l'écriture est de la cochonnerie (...) Et je vous l'ai dit : pas d'œuvres, pas de langue, pas<br />
de parole, pas d'esprit, rien. Rien, sinon un beau Pèse-Nerfs. Une sorte de station<br />
incompréhensible et toute droite au milieu de tout dans l'esprit. » Mais ce tout, à rapprocher<br />
vraisemblablement de la « possession de la Totalité de son esprit » qu'Artaud<br />
dira n'avoir jamais atteinte, il refuse de l'analyser de peur de s'y perdre et de se « (mettre)<br />
ainsi sans le savoir à PENSER ».<br />
Suivent les trois « Lettres de Ménage » (à Génica Athanassiou) et les « Fragments<br />
d'un Journal d'Enfer » (dont cette édition est l'originale) dans lequel Artaud revient sur<br />
la rupture entre âme et langage qui « trace dans les plaines des sens comme un vaste<br />
sillon de désespoir et de sang » et termine sur cette profession de foi : « J'ai choisi le<br />
domaine de la douleur et de l'ombre comme d'autres celui du rayonnement et de l'entassement<br />
de la matière (...) Je travaille dans l'unique durée. »<br />
Piqûres éparses.
<strong>15</strong><br />
16<br />
17<br />
18<br />
<strong>15</strong> [Bande dessinée]. Milo Manara. Le Parfum de l’invisible. Paris, Albin Michel<br />
/ L'Echo des Savannes, 1986. In-4, album toile noire éditeur, étui pleine toile noire, dos<br />
lisse.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 950 exemplaires numérotés du tirage de luxe sous reliure toile<br />
et étui, avec une lithographie en couleurs num. et signée par Manara.<br />
Avec Le Parfum de l’invisible (et Le Déclic), Milo Manara s’est gravé un nom au<br />
panthéon de la bande dessinée érotique. Parfait état.<br />
16 Henri Barbusse. Le Feu. (Journal d’une escouade). Paris, Flammarion, 1916.<br />
Grand In-8, en feuilles, sous double couverture, étui-chemise plein papier.<br />
1300 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 20 exemplaires réimposés sur vergé d’Arches (tirage de tête).<br />
Exemplaire signé par l’auteur, dans le tirage h.-commerce pour la Société des XX.<br />
Henri Barbusse avait connu le feu des tranchées dès 19<strong>15</strong>, d’abord comme soldat puis<br />
comme brancardier. C’est principalement des hôpitaux que Barbusse témoigne de la «<br />
fatigue épouvantable, surnaturelle, et l’eau jusqu’au ventre, et la boue, et l’odeur et l’infâme<br />
saleté, surnageant sur la terre vorace. C’est cela, cette monotonie infinie de misère,<br />
interrompue de drames aigus, c’est cela et non pas la baïonnette qui étincelle comme de<br />
l’argent». Barbusse n'est pas Céline et Le Feu n'a pas la violence géniale des premières<br />
pages du Voyage au bout de la nuit. Certes. Mais le roman vaut d'abord pour sa force<br />
documentaire et par la dénonciation de l'insupportable duperie de la propagande patriotique,<br />
qui fut à l'époque le discours officiel et surtout par son acte de témoignage, comme<br />
rarement littérature peut en offrir. Salutaire, non seulement comme déposition devant<br />
l'Histoire, mais comme justice rendue à tous ceux qui donnèrent leur vie. Le Feu fut couronné<br />
par le prix Goncourt, qui a voulu surtout rendre hommage aux Poilus - au sacrifice<br />
des Poilus. N'était-ce pas là une voix digne d'être entendue ?<br />
Bel exemplaire, avec ses couvertures marbrées conservées. Rare dans ce tirage.<br />
17 Georges Bataille. L’Archangélique et autres poèmes. Paris, Mercure de France,<br />
1967. In-8 de 189 pp., broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE collective. Un des 50 exemplaires sur Arches (<strong>n°</strong> 28, tirage de tête).<br />
Les textes hétéroclites réunis sous ce titre religieux ont été rédigés par Bataille pendant<br />
l’occupation. Alors en pleine crise de mysticisme, il a recours au langage poétique pour<br />
révéler cette expérience. Paradoxal pour un homme qui, depuis longtemps, combattait le<br />
genre poétique et qui signera bientôt (en 1947) Haine de la Poésie, lui qui railla l’évanescence<br />
lyrique des surréalistes, leur “ écoeurante niaiserie sentimentale “, il se met à<br />
écrire des poèmes d’amour : “ un long pied nu sur ma bouche / un long pied contre le<br />
coeur / tu es ma soif / ma fièvre “. Sa rencontre amoureuse avec Diane Kotchoubey, en<br />
1943 à Vézelay, y est sans doute pour beaucoup.<br />
18 [Beat generation - Anthologie]. Tne Doctor generosity poets. Wescoville,<br />
Damascus road Press, s.d. [1971]. In-8 de 222 pp., broché.<br />
350 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé à Greg Corso, :<br />
“ Corso, i’m still smoking today even Gaulloises !<br />
... Paris, Feb. 4, 1976, Ginsberg “<br />
Hommage collectif au poète Paul Blackburn, ami de Ginsberg ; musicien d’origine, il<br />
créea de nombreusese performances orales et musicales avec et autour des auteurs de la<br />
Beat generation.
19<br />
20<br />
21<br />
23<br />
19 Samuel Beckett. Cap au Pire. Paris, Les Editions de Minuit, 1991. In-12 de 60<br />
pp. et 1 f., broché.<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />
Un des 109 exemplaires sur vergé (seul grand papier).<br />
400 €<br />
Une traduction posthume de Samuel Beckett et sans la collaboration de ce phénomène<br />
littéraire bilingue, voilà qui est inhabituel ! C'est que l'auteur jugeait intraduisible<br />
Worstward Ho, « sauf à un coût tel que cela m'est insupportable » et qu'il butait dés<br />
les premiers mots du texte « On. Say on » : « comment le traduire sans l'affaiblir ? »<br />
Pour le sortir de cette phase de stérilité, son éditeur et désormais vieil ami, Jérôme<br />
Lindon, contacte un professeur d'anglais de la Sorbonne qui reculera devant cette tâche<br />
épineuse. C'est donc Édith Fournier, affectueuse amie et éminente angliciste, qui s'en<br />
chargera, non sans avoir eu le temps d'en parler avec Beckett et de lui proposer plusieurs<br />
titres dont Cap au pire, qu'il retiendra..<br />
20 Tahar Ben Jelloun. Jour de silence à Tanger. Paris, Le Seuil, 1990. In-8, broché.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 55 exemplaires sur Vergé Ingres (seul grand papier), celui-ci, le <strong>n°</strong> 2.<br />
Au seuil de la mort, un vieil homme contemple et interprète depuis sa chambre de malade<br />
la vie qui l'entoure. Ce récit est consacré au père de l'auteur qui mourra un an après<br />
la parution du livre. Né à Fès en 1944, Tahar Ben Jelloun quitte son pays au moment<br />
de l'arabisation de l'enseignement en septembre 1971. Commence pour ce jeune professeur<br />
de philosophie une carrière journalistique et littéraire féconde. Devenu collaborateur<br />
régulier du Monde des livres il publiera chez Denöel puis au Seuil des recueils de<br />
poèmes et son premier roman : Harrouda. Après avoir reçu le Goncourt pour La Nuit<br />
sacrée, il écrit Jour de silence, sans conteste son chef-d'œuvre.<br />
Etat de neuf.<br />
21 [Pierre Bettencourt]. La Femme de Ségou. Se trouve à Ségou et en France chez<br />
quelques libraires, s.l. [Saint-Maurice d’Etelan], 1944. In-12, non paginé, [54 pp.],<br />
broché.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Tirage unique à 220 ex. num. sur Arches (<strong>n°</strong> 82). Le texte fut repris fin novembre 1944<br />
dans la revue Confluences publiées à Lyon.<br />
Belle publication de Pierre Bettencourt réalisée sur ses presses de Saint-Maurice<br />
d’Etelan, avec une couverture en relief en lettres jaunes et rouges sur fond noir.<br />
Tiévant, 161 ; Les Désordres de la mémoire, 109.<br />
22 Princesse Bibesco. Portraits d’hommes. Paris, Grasset, s.d. (1929). In-12 de 225<br />
pp., demi-vélin moderne à coins, dos lisse, titre en noir, tête dorée, couv. et dos cons.<br />
220 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />
“ à Monsieur André Maurois / une lectrice, entre tant / d’autres, mais qui a /<br />
la chance de se promener / quelque fois avec lui, entre / Saint-Cloud, Bagatelle / et<br />
Paris. / Princesse Bibesco. “<br />
De la bibliothèque Simone et André Maurois avec leur ex-libris gravés.<br />
23 Izis Bidermanas. Paris des rêves. Genève, Clairefontaine, 1950. In-4, couv. ill.<br />
par la photographie.<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />
100 €<br />
Textes de Breton, Cendrars, Miller, Cocteau, Paulhan, illustrant les photographies de<br />
Bidermanas.<br />
Bel exemplaire, bien complet des papillons volants des traductions des textes de Miller, souvent manquants.
26<br />
27<br />
24<br />
24 Maurice Blanchot. L’amitié. Paris, Gallimard, 1971. In-8 de 332 pp.,broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 20 ex. sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 5, seul grand papier).<br />
700 €<br />
Qu'on ne s'y trompe pas, ce livre n'est pas un essai sur l'amitié mais un recueil d'articles<br />
sur des sujets variés ou des auteurs : Lévi-Strauss, des Forêts, Duras, Leiris,<br />
Lévinas, Kafka...<br />
Le dernier chapitre frome un hommage à l'ami disparu, Georges Bataille ; de l'amitié,<br />
qu'il appelle ce « ce rapport sans dépendance », il affirme qu'elle ne peut aller sans discrétion,<br />
celle « qui ne m'autorise jamais à disposer de lui (l'ami), ni de mon savoir de lui<br />
(fût-ce pour le louer) (…) Il n'y a pas de coup de foudre de l'amitié, plutôt un peu à peu,<br />
un lent travail du temps. On était amis et on ne le savait pas. »<br />
Parfait état neuf.<br />
25 Brassaï. Conversation avec Picasso. Paris, Gallimard, 1964. In-8, broché.<br />
340 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
53 photographies h.-texte sur papier glacé ; envoi signé de Brassaï :<br />
“ à Jacqueline Besnard, son ami, Brassaï (...) 27 oct. 1964 “.<br />
L’aventure débute en 1932, lorsque Brassaï (qui vient de terminer les photos du Paris<br />
de nuit de Morand) est chargé par le critique d'art Tériade d'une commande pour le<br />
premier numéro de la revue Minotaure qu'il prépare avec un jeune éditeur suisse,<br />
Albert Skira : il s'agit de prendre des vues de l'atelier de la rue du 23, rue de la Boétie<br />
et des sculptures qu’il contient : "A peine arrivé, Picasso m'entraîna vers l'écurie qu'il<br />
avait transformée en atelier. Dans la série Atelier de sculpteur, qui fait partie de la<br />
Suite Vollard, sommet de son oeuvre graphique, figuraient de nombreuses têtes monumentales,<br />
presque sphériques. Quelle ne fut pas ma surprise de les retrouver ici, grandeur<br />
nature, dans l'éclatante blancheur de leur plâtre (...) vous aurez fort à faire, Brassaï, me<br />
dit-il. Et la nuit tombera très tôt..." Le lendemain Picasso prenait une loge pour lui et<br />
Brassaï "au Medrano". Début d’une longue amitié...<br />
Bel exemplaire de ce livre capital sur l’histoire picturale, littéraire et photographique du siècle. Dos passé.<br />
26 Georges Brassens. La Tour des miracles. Paris, J.A.R., 1953. In-8, broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers ; un tirage numéroté sera réalisé postérieurement).<br />
Envoi autographe au faux-titre :<br />
" à Roger Vrigny / amicalement / Geroges Brassens".<br />
En parlant de son ami Bobby Lapointe, Brassens le rejoignait par son goût de l’absurde,<br />
“ que d’une façon unique et magistrale il sût transcrire en chansonnettes qui<br />
resteront sans équivalent. J’aurais très bien pu moi-même oeuvrer dans ce sens puisque<br />
j’ai toujours eu une affinité pour l’irrationnel, l’absurde. Ceux qui ont eu le courage de<br />
lire «La Tour des miracles», roman de jeunesse, savent bien que je peux sans<br />
ambages, naviguer dans ces eaux-là (...) on m’a beaucoup sollicité pour publier La<br />
Tour. Des copains l’appréciaient. Des gens qui m’aiment bien se pourléchaient à l’idée<br />
d’avoir ça un jour dans leur bibliothèque. Alors, pour avoir la paix, j’ai dit oui, comme<br />
d’habitude. Mais il faut prévenir l’amateur : c’est farci de fautes de goût, et même de<br />
fautes de tout “.<br />
Très bon état. Les envois de Brassens sur ce texte sont rares.<br />
27 André Breton. Le Surréalisme et la peinture. New York, Brentano’s, 1945. In-<br />
8 de 203 pp., cartonnage illustré d’une vignette d’après Magritte.<br />
160 €
29<br />
28<br />
Deuxième édition, en partie originale illustrée de 72 reproductions hors-texte dont 6 en<br />
couleurs. Dans l'édition de 1928 qui ne contient que « Le surréalisme et la peinture»<br />
André Breton répondait, sur le ton à la fois vindicatif et lyrique qui lui sied si bien, à un<br />
article paru dans La Révolution Surréaliste. Cette réponse est ici mise en perspective<br />
par de nouveaux textes, dont quleques-uns avaient parus en anglais en préface au <strong>catalogue</strong><br />
de l'exposition Art of this century.<br />
Bel exemplaire sous le fragile cartonnage.<br />
28 André Breton. Nadja. Paris, Gallimard, 1928. In-12 de 213 pp., broché, étui-chemise.<br />
1600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi autographe signé :<br />
“ à André Maurois / André Breton “.<br />
Oeuvre majeure de Breton, le seul de ses ouvrages à ce point repris et augmenté lors de<br />
sa réédition, Nadja est traversé par la figure de deux femmes qui ont, chacune à leur<br />
manière, présidé à sa rédaction.<br />
La première, celle dont le nom à jamais est inscrit au fronton du surréalisme, croisa le<br />
poète dans la rue, un jour d'octobre 1926. Après une dizaine de rencontres presque quotidiennes,<br />
une nuit passée ensemble dans un hôtel de Saint-Germain-en-Laye, passage<br />
gommé dans la seconde édition, et pas moins de vingt-sept lettres échangées, Breton<br />
interrompt ses relations avec la jeune femme qui elle-même lui écrit : « merci André, j'ai<br />
tout reçu (…). Je ne veux pas te faire perdre le temps nécessaire à des choses supérieures<br />
».<br />
Le 21 mars 1924, en proie à des hallucinations, elle est emmenée à Sainte-Anne etest<br />
transférée, trois jours plus tard dans un l'hôpital psychiatrique de la banlieue parisienne.<br />
Ainsi s'achève l'histoire de Léona-Camille-Ghislaine D. qui, selon la critique, avait<br />
emprunté à une danseuse ce surnom de « Nadja ». Cinq mois plus tard, André Breton<br />
commençait son livre sans avoir une seule fois revu la passante de la rue Lafayette, son<br />
égérie future.<br />
La seconde de ces femmes, c'est Lise Deharme alias Lise Meyer, dont l'apparition, deux<br />
ans plus tôt, au Bureau de recherches surréalistes a troublé à ce point le poète qu'il décide,<br />
au moment de commencer son livre, de se rapprocher d'elle. Ainsi part-il pour la<br />
Normandie, en août 1927, et s'installe au manoir d'Ango, près de Varengeville-sur-Mer,<br />
à quelques kilomètres de Pourville où se trouve le manoir de Mordal loué par Lise. On<br />
retrouve dans Nadja le souvenir de leur première entrevue : elle portait des gants bleu<br />
ciel qu'Aragon lui proposa de laisser à la Centrale. Comme Breton refusait, Lise décida<br />
« de revenir poser sur la table (…) un gant de bronze ». De retour à Paris, le 31 août<br />
1927, les deux premières parties de Nadja achevées, il écrit à Deharme : « Je vais publier<br />
l'histoire que vous connaissez en l'accompagnant d'une cinquantaine de photographies<br />
relatives à tous les éléments qu'elle met en jeu » ; il lui demande aussi l'autorisation de<br />
faire photographier le gant de bronze et une reproduction d'un tableau qui se trouve dans<br />
le manoir de Mordal ajoutant que « cela ferait un livre beaucoup plus troublant ». Voici<br />
peut-être la meilleure définition de Nadja par son auteur même. (lettre à Deharme, 16<br />
septembre 1927).<br />
Un seul exemplaire d’un livre d’André Maurois - et encore, Maurois n’y est que préfacier<br />
- était présent dans la bibliothèque André Breton : Léo Magne, l'extraordinaire<br />
aventure d'Antoine de Tounens. Peu de liens nets entre les deux hommes, même si ils<br />
se retrouveront tous deux à New-York à partir de 1942, en exil pendant l’occupation.<br />
Bel exemplaire ; rare en service de presse et envoi.<br />
29 [André Breton]. Ludwig Joachim dit Achim d'Arnim. Contes bizarres. Paris,<br />
Les Editions des Cahiers Libres, 1933. Grand in-8 de 2 ff., 203 pp. et 2 ff., broché sous<br />
couverture illustrée et rempliée.<br />
2000 €
33<br />
31<br />
EDITION ILLUSTRÉE de quatre compositions en couleurs de Valentine Hugo.<br />
Un des cinquante exemplaires de tête sur Japon, comprenant une épreuve supplémentaire<br />
réservée aux seuls exemplaires sur Japon, avec cette mention manuscrite :<br />
“ pour Roger Caillois, avec l’amitié de Valentine Hugo “.<br />
EDITION ORIGINALE de l'importante introduction d'André Breton : cent ans après la<br />
mort d’Arnim, il met en valeur les liens fondamentaux qui rattachent le romantisme allemand<br />
au surréalisme. Ce texte brillant complète la préface originale de Théophile<br />
Gautier, qui avait présenté en France l’oeuvre d’Achim d’Arnim.<br />
Breton présente Arnim comme le maillon d’une chaîne qui aboutit aux surréalistes,<br />
reliant Rimbaud, Lautréamont et Alfred Jarry. “ Toute l’histoire de la poésie depuis<br />
Arnim est celle des libertés prises avec l’idée du “ je suis“.<br />
Bel exemplaire, deux petits accros au dos muet.<br />
31 Jean Bruller (dit Vercors). Un homme coupé en tranches. Paris, Paul<br />
Hartmann, 1929. In-4 de 86 pp., broché, sous couverture rempliée.<br />
1 200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> ex. num. sur Hollande (après 8 exemplaires sur Japon),<br />
avec une suite en noir des 18 dessins et un dessin original (encre et aquarelle, en couleurs)<br />
signé.<br />
Encouragé par le succès de son premier recueil de dessins, « 21 recettes de mort violente<br />
» Jean Bruller abandonnait en 1926 l'avenir tout tracé par l'obtention de son diplôme<br />
d'ingénieur. Tout en collaborant à divers journaux satiriques, Bruller poursuit une<br />
œuvre personnelle, longue méditation sur l'Homme dont témoigne cet album, comme<br />
deux ans plus tôt, les Hypothèses sur les amateurs de peinture. « C'est seulement<br />
quand je préparais mon deuxième album que j'ai commencé à réfléchir un peu et à me<br />
demander ce que nous faisions sur terre », confiera-t-il plus tard. Or ses Hypothèses...<br />
sont une sorte de préalable à son Homme coupé en tranches : « (…) c'est en découvrant,<br />
dit-il, en amateur de peinture que je suis, combien de ces personnages existent en nous<br />
ignorés de la conscience, que s'est imposé à moi, l'année suivante, mon Homme coupé<br />
en tranches, série de portraits d'un même individu, mais tels que le voient différemment<br />
son père, son fils, son médecin, sa pieuse tante, son patron et ses inférieurs, etc. (…) ».<br />
Bel exemplaire, très rare sur ce papier.<br />
32 Jean Bruller (dit Vercors). Ce que tout rêveur doit savoir de la méthode psychanalytique<br />
d’interprétation des rêves ; suivi d’une nouvelle clé des songes.<br />
Avec 20 aquarelles de l’auteur représentant des rêves typiques. Paris,<br />
Creuzevault, 1934. In-4 non paginé, broché, couv. rempliée.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE, imprimée à 1<strong>15</strong>0 ex. num., celui-ci 1/1100 sur vélin Aussédat<br />
(<strong>n°</strong>284).<br />
Dans les années vingt, l'ingénieur électricien Jean Bruller, jeune diplômé, s'oriente<br />
contre toute attente vers le dessin satirico-philosophique et entre à l'atelier de la Grande-<br />
Chaumière. Avant de devenir le célèbre Vercors que l'on sait, il mène avec succès une<br />
carrière de dessinateur et de graveur dans la presse, les éditions précieuses, et crée une<br />
œuvre personnelle où « l'amour, la tendresse (...) évoquent un humanisme désabusé ».<br />
Comme ce livre en témoigne, Bruller s'intéresse à partir des années 1930 aux théories<br />
freudiennes sur le rêve. Une thématique qui inspirera également les 160 estampes de La<br />
Danse des vivants , entreprise à la même époque.<br />
Bel exemplaire.<br />
33 Bernard Buffet. Le Cirque. Paris, Art et Style , 1956. Pet. in-4 de 54 pp., couv.<br />
illustrée, broché.<br />
480 €<br />
ÉDITION ORIGINALE. Belle couverture illustrée d’une composition originale de Bernard<br />
Buffet.<br />
Envoi autographe signé :
34<br />
“ à monsieur Jacob Israël, en hommage, Bernard Buffet, le 27 avril 1956 “.<br />
L’ouvrage comprend également deux reproductions photographiques de Buffet et 29<br />
planches hors-textes et en pleines pages dont 7 en couleurs, toutes sur le thème du cirque.<br />
Lauréat du prix de la Critique d'art, sorte de Goncourt de la peinture, à dix-neuf ans,<br />
Bernard Buffet est déjà largement célèbre quand paraît ce livre. A partir de 1951, il<br />
expose en France, en Europe et aux Etats-Unis à raison de quatre à six fois par an ; ses<br />
oeuvres ont déjà entrées dans les collections de la Tate Gallery de Londres, du Museum<br />
of modern Art de New-York et au musée des Beaux-Arts de Los Angeles.<br />
A la parution de ce livre, l'artiste s'est installé dans sa propriété de Domont, à vingt kilomètres<br />
au nord de Paris ; Manines, ancien relais de chasse, devient le quartier général<br />
du peintre qui en cette année 1956 est au sommet de sa renommée. La revue<br />
Connaissance des arts le place en tête des dix meilleurs peintres de sa génération, les<br />
organisateurs de Biennale de Venise lui consacre une salle particulière dans le pavillon<br />
français et la ville de Genevilliers lui commande une fresque d'un kilomètre sur la façade<br />
d'un immeuble. Cependant les vingt-six toiles du Cirque, loin d'être festives, reflètent<br />
un monde tragique.<br />
34 José Cabanis. Les Jeux de la nuit. La Bataille de Toulouse. Paris, Gallimard,<br />
1964, 1966. Deux vol. in-12 de 112 pp. et 142 pp., brochés.<br />
350 €<br />
EDITIONS ORIGINALES. Un des 135 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />
Exemplaire signé par Cabanis pour Les Jeux de la nuit.<br />
35 Albert Camus. L’Homme révolté. Paris, Gallimard, 1951. In-12, broché, étui-chemise<br />
de demi-maroquin orangé, dos lisse, titre doré.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 260 ex. num. sur pur-fil (deuxième papier, <strong>n°</strong> 123).<br />
Texte majeur dans l'œuvre, “ celui auquel je tiens le plus “ dira Camus, L'Homme révolté<br />
est une réflexion sur les clichés de l'intelligentsia de gauche.<br />
Le livre soulève nombre de polémiques dès sa parution, mais la plus importante est lancée<br />
six mois plus tard, par la rédaction des Temps modernes : Jean-Paul Sartre avait<br />
chargé le philosophe Francis Jeanson de rendre compte du livre, ce dont il s'acquitta en<br />
écrivant sept pages d'une insigne virulence parues dans le <strong>n°</strong> de mai 1952 sous le titre “<br />
Albert Camus ou l'âme révoltée “.<br />
Le secrétaire de Sartre, Jean Cau, fait alors savoir à l'auteur qu'une réponse éventuelle<br />
de sa part serait publiée dans la revue. L'écrivain démonte alors point par point la critique<br />
du journaliste. On lui reproche de penser peu mais de bien écrire, “ s'il est vrai,<br />
rétorque-t-il, que mes pensées sont inconsistantes, autant les bien écrire pour limiter les<br />
dégâts. Supposez en effet qu'on ait à lire des pensées confuses en style consternant, voyez<br />
l'exil ! “.<br />
Ailleurs il dénonce l'esprit de parti sous-jacent aux remontrances de Jeanson: “ On ne<br />
décide pas de la vérité d'une pensée selon ce que la droite et la gauche décident d'en faire.<br />
“ Enfin, l'auteur met en cause, sans le nommer, Sartre lui-même. Celui-ci répondra par<br />
dix-neuf pages qui débutent ainsi : “ Mon cher Camus, notre amitié n'était pas facile<br />
mais je la regretterai. “<br />
Bel exemplaire, parfait état.<br />
36 Albert Camus. L’Envers et l’endroit. Paris, Gallimard, 1958. In-12, broché, étuichemise<br />
demi-maroquin orangé, dos lisse, titre doré.<br />
1300 €<br />
ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé :
37<br />
43<br />
40<br />
“ à Lalanne (Henri), roi du plateau,<br />
son vieil ami, avec fidèle affection,<br />
Albert Camus “.<br />
Le texte princeps avait paru à Alger en 1937, à petit nombre, et constitue la première<br />
publication d’Albert Camus. “ Cette édition est depuis longtemps introuvable et j’ai<br />
toujours refusé la réimpression de l’Envers et l’endroit (...) [mais] un temps vient toujours<br />
dans la vie d’un artiste où il doit faire le point, se rapprocher de son propre centre...<br />
si je ne parviens pas à récrire L’Envers et l’endroit, je ne serai jamais parvenu à rien,<br />
voilà ma conviction obscure...” (in Préface).<br />
De fait, Camus verra dans cette oeuvre de jeunesse la source secrète qui a alimenté ou<br />
aurait dû alimenter tout ce qu'il a écrit. "L'Envers et l'endroit" livre l'expérience, déjà<br />
riche, d'un garçon de vingt-deux ans : le quartier algérois de Belcourt et le misérable<br />
foyer familial dominé par une terrible grand-mère ; un voyage aux Baléares, et Prague,<br />
où le jeune homme se retrouve "la mort dans l'âme" ; et surtout, ce thème essentiel :<br />
"l'admirable silence d'une mère et l'effort d'un homme pour retrouver une justice ou un<br />
amour qui équilibre ce silence".<br />
Bel exemplaire, en premier tirage sans mention.<br />
37 Francis Carco. Jésus-la-caille. Paris, A la Cité des Livres, 1926. In-8 de 2 ff. 205<br />
pp. et f., broché.<br />
500 €<br />
Un des 50 exemplaires sur Hollande van Gelder (tirage de tête après 20 exemplaires sur<br />
Japon).<br />
Envoi signé :<br />
“ à mon vieux Tristan Derème, avec les sourires (et les meilleurs) de<br />
[JÉSUS-LA-CAILLE] et de son fidèle ami,<br />
Francis Carco “<br />
[et un autoportrait à l’encre] .<br />
Bel exemplaire de belle provenance.<br />
38 [Max Ernst]. Lewis Carroll. Wunderhorn. S.l. (Stuttgart), Manus Presse, 1970.<br />
Pet. in-folio de 78 pp., percaline pétrole, dos lisse, titre en long, étui éditeur.<br />
800 €<br />
ÉDITION ORIGINALE ; texte bilingue anglais / allemand. Tirage à 1000 exemplaires.<br />
Les textes de Carroll illustrés de 36 litographies originales en couleurs de Max Ernst.<br />
”Ernst's homage to Lewis Carroll is an ironic investigation of logic filled with<br />
Ernst's spectacular color lithographs which are characteristically ”illogical.”<br />
(Spies).<br />
Hubert, ”Surrealism & The Book”, pp.175-179 ; Spies / Leppien, 135/I.<br />
40 Henri Cartier-Bresson. The decisive moment. New York, Simon & Schuster,<br />
1952. Pet. in-folio, cartonnage et jaquette à l’identique de l’éditeur.<br />
1000 €<br />
PREMIÈRE ÉDITION AMÉRICAINE, parue simultanément à l’édition française, d’Images à la<br />
sauvette.<br />
Elle paraît, comme pour l’édition parisienne, sous un cartonnage illustré d’un dessin de<br />
Matisse doublée, pour l’édition américaine, d’une jaquette à l’identique.<br />
Le plus célèbre des ouvrages de Cartier-Bresson, celui où il définit ses trois principes<br />
dans la fameuse préface : le hasard objectif emprunté à André Breton marque le croisement<br />
du temps et de l’espace ; l’instant décisif emprunté au Cardinal de Retz<br />
désigne le moment précis du déclenchement, du tir ; enfin la géométrie, qui nomme la<br />
forme et la composition, reprend la devise qui fut gravée à la demande de Platon au fronton<br />
de l’Académie : "Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre".<br />
Jaquette soigneusement doublée, petites restaurations aux coiffes, sinon bel exemplaire.
41<br />
44<br />
42<br />
43<br />
41 Henri Cartier-Bresson. Danses à Bali. Paris, Robert Delpire, (1954). In-12 de<br />
122 pp. et 2 ff., cartonnage éditeur, jaquette illustrée à rabats.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Préface inédite d’Antonin Artaud, intitulée “Théâtre balinais”.<br />
Après avoir contribué à la création de l'agence Magnum en 1947, Cartier-Bresson,<br />
armé de son Leica, entreprend un séjour de trois années en Orient… L'Inde, où il photographiera<br />
Gandhi quelques minutes avant son assassinat. La Chine, 12 jours avant l'arrivée<br />
des troupes de Mao. L'Indonésie enfin, qui vient d'accéder à son indépendance.<br />
Marié depuis 1937 à Ratna Mohini (cf. <strong>n°</strong> suivant) - danseuse balinaise - qui réalise ici<br />
la traduction des textes accompagnant les clichés de son époux, cet ouvrage est le second<br />
à paraître en France de celui qui fut surnommé « l'œil du siècle ». Deux ans après<br />
Images à la sauvette paraissent donc en 1954 ces Danses à Bali, prémisse d'une longue<br />
collaboration entre l'éditeur et le photographe.<br />
Outre la volonté de ce dernier d'élever son activité au rang d'art, son souhait premier est<br />
ici de réaliser un reportage à caractère purement ethnographique.<br />
Bel exemplaire.<br />
42 Henri & Ratna Cartier-Bresson. Nos Ombres en Fête. Our Festive Shadows.<br />
S.l.n.é, 1990. Grand in-8, broché, de 33 pp.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 250 ex. sur Ingres d'Arches.<br />
Envoi autographe signé de Henri Cartier-Bresson au faux-titre :<br />
"a Suziel / Henri".<br />
Portrait original de Ratna, en tirage original d’ Henri Cartier-Bresson, signé.<br />
Une note manuscrite de remerciements du dédicataire à Cartier-Bresson est jointe.<br />
Etat de Neuf. Rare.<br />
43 Blaise Cendrars. Le Brésil. 105 photos par Manzon. Monaco, les Documents<br />
d’Art, 1952. In-8 de 1<strong>15</strong> pp., broché, couv. ill. d’une vignette photographique.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Daniel Jardot, pour l’inviter aux grands voayges,<br />
Blaise Cendrars “.<br />
Bel exemplaire de ce ravissant ouvrage avec photographies contrecollées, dont une en couverture.<br />
44 Patrick Chamoiseau. Texaco. Paris, Gallimard, (1992). In-8 de 426 pp., broché.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 50 ex. num. sur Vélin pur-chiffon. (seul grand papier, <strong>n°</strong>28).<br />
Troisième roman de Patrick Chamoiseau, Texaco trace la double figure d'une femme<br />
et d'un pays : Marie-Sophie Laborieux (née vers 1913, fille d'un esclave affranchi et<br />
fondatrice du quartier de Texaco à Fort-de-France) et la Martinique. L'auteur de<br />
Chronique des sept misères et de Solibo magnifique a ici une grande ambition : faire<br />
comprendre deux siècles de l'histoire de son pays, à travers la résistance d’occupants illégaux<br />
sur le site du futur quartier du même nom, sur lequel se dresse un dépôt d’essence<br />
qui reste, aujourd’hui encore, dans l’histoire et l’imaginaire de l’île. Une résistance<br />
apprise dès le temps du marronage, où dans les mornes, les anciens esclaves, se rebellant<br />
contre la fatalité, ont du apprendre la débrouillardise.<br />
Texaco, comme tout roman important, c'est une langue, un style, une réflexion sur la<br />
littérature. Chamoiseau se définit clairement comme un " marqueur de paroles ", situé<br />
près d'une frontière au tracé complexe et fragile, celle qui sépare la littérature orale et la<br />
littérature écrite. Mieux que personne, il se promène en équilibre parfait sur cette frontière,<br />
lui qui veut dépasser " la fascination-répulsion qu'exercent sur le vaincu les valeurs
45<br />
46<br />
47<br />
49<br />
du vainqueur ". Il a créé une langue, qui, comme le signale Hector Bianciotti " sans se<br />
départir des lois de la rhétorique française, trouvait ses propres gisements d'or, et ses<br />
métaphores, comme un envol de papillons des tropiques au-dessus d'un jardin de Le<br />
Nôtre". Belle image, assurément.<br />
Ce style, Chamoiseau le place sous le signe de la liberté et du risque. C'est cela particulièrement<br />
qui a séduit Milan Kundera, lorqu'il parle, dans un article de la revue l'Infini,<br />
sur la littérature antillaise, de " la solution de Chamoiseau " : " [qui] n'a pas fait un<br />
compromis entre le français et le créole en les mélangeant. Sa langue, c'est le français,<br />
bien que transformé ; non pas créolisé (aucun Martiniquais ne parle comme ça) mais chamoisisé<br />
". Parfaite lecture, assurément.<br />
Prix Goncourt 1992. Etat de neuf.<br />
45 René Char. Les Matinaux. Paris, Gallimard, 1950. In-12, broché, étui-chemise.<br />
EDITION ORIGINALE, exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Envoi signé :<br />
“ à Jean Cayrol, de tout coeur, René Char“.<br />
500 €<br />
Ce recueil réunit des poèmes d'immédiat après-guerre. Beaucoup furent écrits en<br />
Provence, dans la retraite du Rébanqué où Marcelle Mathieu mettait à la disposition<br />
des écrivains “ une petite maison de montagne installée simplement comme un cabanon<br />
de paysan “.<br />
C'est au fils de celle-ci, Henry, que René Char offrira le manuscrit des Matinaux. A la<br />
mort de cette mécène discrète, en janvier 1973, Martin Heidegger envoya au poète un<br />
éloge funèbre ; lui aussi avait appartenu au cercle d'amis de Charconviés dans cette<br />
retraite particulière.<br />
Un des meilleurs recueils de l’auteur, d’une très belle provenance. Bel exemplaire.<br />
46 [René Char]. Georges Braque. Pierre-André Benoît. Salut à René Char. Alès,<br />
P.A.B., 1955. In-12, en ff.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE, imprimée à 99 exemplaires, celui-ci 1/95 sur vergé, justifié par<br />
P.A.B.<br />
Illustration de Georges Braque au titre.<br />
47 René Char. Trois coups sous les arbres. Théâtre saisonnier. Paris, Gallimard,<br />
1967. In-8 de 251 pp. et 3 ff., broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 25 exemplaires de tête sur Hollande (<strong>n°</strong> 6).<br />
48 Jean Cocteau. Lettres à Jean Marais. S.l., Albin Michel, 1987. Fort in-8 de 496<br />
pp., broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 80 exemplaires de tête sur vergé.<br />
Nombreuses reproductions photographiques hors-texte. Préface et notes de Jean<br />
Marais.<br />
Etat de neuf.<br />
49 Jean Cocteau. Poèmes. Léone - Allégories - La Crucifixion - Neiges. Paris,<br />
Gallimard, 1948. In-12 de <strong>15</strong>7 pp., broché.<br />
380 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
" à Albert Béguin<br />
ce souvenir fidèle de Jean Cocteau, 1948."
51<br />
50<br />
Né le 7 juillet 1901 à la Chaux-de-Fond, Albert Béguin obtint sa licence ès-lettres à<br />
l'Université de Genève. Spécialiste du Romantisme allemand auquel il consacre sa thèse,<br />
il fonde la revue franco-suisse des Cahiers du Rhône qui défend et soutient les écrivains<br />
francophones pendant la guerre. Exécuteur testamentaire de l’œuvre de Bernanos, il<br />
vient à Paris à partir de 1947, rencontre Emmanuel Mounier, directeur de la revue<br />
Esprit et lui succèdera après le décès brutal de celui-ci.<br />
l’exemplaire André Maurois, joliment relié par son épouse.<br />
50 Jean Cocteau. La Fin du Potomak. Paris, Gallimard, 1940. In-12, vélin moderne,<br />
dos lisse, titre en noir avec dessin original en couleurs, tête dorée, couv. et dos cons.<br />
(Rel. signée Simone André Maurois).<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE, exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ A André Maurois, souvenir d’une amitié fidèle, Jean “.<br />
Deux mois avant la première des Parents terribles, Cocteau se retire dans un hôtel de<br />
Dax et laisse le théâtre pour la poésie, imaginant une fin à son Potomak écrit vingt-cinq<br />
ans plus tôt.<br />
Il y eut en effet un premier Potomak, né à l'aube de la Grande Guerre comme celui-ci, à<br />
l'aube de la seconde. Le désastre proche avait donc à deux reprises provoqué chez Jean<br />
Cocteau une angoisse qui lui fit imaginer ce monstre exposé dans une cave de la place de<br />
la Madeleine, «Potomak », et auquel le poète rend visite en compagnie de personnages<br />
allégoriques. Dans le second récit, le monstre n'est plus visible mais son ombre plane toujours<br />
: « (…) l'actualité suintait bien de ce second Potomak, note un critique, mais sur<br />
un mode bouffon : Hitler y croise une sorte de Maurice Chevalier et une fée juive, bénéfique<br />
et laide, vaguement inspirée de Marianne Oswald. » A cette époque, Claude<br />
Mauriac qui écrivait un essai sur l'auteur, eut droit à des lectures d'une voix qu'il qualifia<br />
de « sèche, précise, inhumaine ».<br />
« L'amitié fidèle » de Maurois pour l'auteur lui vaudra en partie d'être élu à l'Académie<br />
française où Maurois adressa la réponse traditionnelle au Discours de réception du<br />
nouvel élu.<br />
Bel exemplaire, finement relié et illustré par Simone Maurois.<br />
De la bibliothèque André Maurois, avec son ex-libris dessiné par Henri Mondor.<br />
51 Jean Cocteau [préface de]. Jean Harold [photomontage de]. Claude Francis<br />
[commentaires de]. La Tête des uns dans le corps des autres. Paris, Le Soleil Noir,<br />
1953. In-4, 80 pp. et 1 f. blanc, cartonnage éditeur, dos et plats muets.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi signé :<br />
“ A Charles Trenet, ce modeste témoignage de gratitude pour les poétiques<br />
têtes-à-têtes que je passe en sa compagnie.<br />
De tout coeur, Jean Harold, été 1955 “.<br />
En jouant avec la tête et les jambes de Churchill, de Sartre ou de Claudel, Jean Harold<br />
créa un type neuf de photomontage. « La nouveauté (de son travail), écrit Cocteau, c'est<br />
qu'il ne dépasse pas les limites de la caricature », expression artistique qui se tenait, selon<br />
le poète, « au bord du grand style ».<br />
La créativité de cet artiste séduisait si bien Cocteau qu'il lui confia en 1950 la réalisation<br />
de l'affiche d'Orphée, créée selon le même procédé de photomontage ; ses compositions<br />
photographiques ornaient aussi, paraît-il, la maison de Milly-la-Forêt. A l'époque<br />
de ce livre, Harold était aussi le directeur de la librairie existentialiste, sise rue de<br />
Beaujolais dans le quartier du Palais-Royal, et se trouvait donc être le voisin du Milord<br />
l'Arsouille, cabaret célèbre où débutèrent des artistes dont la liste laisse rêveur (Léo<br />
Ferré, Gainsbourg, Ferrat, etc...) et dont le fondateur n'était autre que Francis<br />
Claude. Entre Cocteau et Claude, ses deux amis, qu'il fit se rencontrer, Harold fut<br />
donc bien entouré pour son premier ouvrage.
52<br />
53<br />
Sorti de la maison d'édition de François Di Dio, dont le <strong>catalogue</strong> ne contiendra que des<br />
livres inouïs, cet exemplaire réunit enfin par sa dédicace deux noms qui bénéficièrent l'un<br />
et l'autre du même parrainage : une préface signée Cocteau. Trenet en effet, demanda au<br />
poète un texte pour son roman, La Bonne Planète, paru en 1949.<br />
Solal, Mangeclous, Mattathias, Ariane, Adrien Deume...<br />
En 1930, Albert Cohen nous présente un héros qui sera le centre de son œuvre, qui donnera<br />
son nom au premier roman de l'auteur : Solal XIV des Solal.<br />
Le titre éponyme fut publié en 1930 chez Gallimard et si, après ce début prometteur,<br />
Cohen se proposa de publier un roman par an, "[l]es aléas de sa vie, conjugués à son tempérament<br />
neurasthénique ne lui permettaient pas de soutenir un tel rythme". Ce fut à<br />
cette époque que Cohen commença le projet d'un vaste roman devenu par la suite Belle<br />
du Seigneur.<br />
Sept ans plus tard, il tira du manuscrit la matière d'un nouveau roman à la demande<br />
insistante de Gaston Gallimard : Mangeclous, publié en 1938 ; "Mangeclous, dont<br />
on dit que c'est un livre très comique, a été écrit pendant la période la plus triste de ma<br />
vie. [...] triste, triste et écrivant un livre pas triste du tout, le dictant plutôt. J'ai toujours<br />
dicté, et toujours à une femme".<br />
On dut attendre 1968 avant que ne paraisse enfin Belle du Seigneur. Les vingt-quatre<br />
chapitres qui s'inséraient entre les chapitres XI et XII du manuscrit original furent<br />
publiés un an plus tard sous le titre Les Valeureux.<br />
52 Albert Cohen. Solal. Paris, Nouvelle Revue Française, 1930. In-12, broché.<br />
900 €<br />
ÉDITION ORIGINALE. Un des 647 exemplaires sur vélin (seul papier avec les réimposés).<br />
Gaston Gallimard découvrit la prose d’Albert Cohen dans un numéro de la Nouvelle<br />
Revue Française qui publiait, en 1922, Après minuit à Genève. L’éditeur est séduit<br />
au point d’envoyer le directeur de la revue, Jacques Rivière, au devant de l’étranger.<br />
Originaire de Corfou, l’inconnu réside à Genève où il fait profession d’avocat. Rencontre<br />
brève mais décisive. Rivière quitte la ville avec un contrat en blanc où Cohen s’est engagé<br />
pour cinq romans auprès de Gallimard, inscrivant le titre fictif d’une œuvre fictive :<br />
Rapides internationaux. Il n’a devant lui aucun projet littéraire mais il a signé.<br />
Aucune ambition au barreau non plus. Or, cet engagement lui vaut un poste à la division<br />
diplomatique du Bureau international du travail à Paris, sur recommandation de<br />
Rivière, et la direction d’une revue, qu’il crée en 1925 avec l’aide financière de<br />
Gallimard : La Revue juive. Que ne ferait pas son protecteur quand il " tient un<br />
auteur" ! Et le roman, les romans promis ? L’éditeur devra attendre huit ans pour que<br />
paraisse, non pas Rapides internationaux, mais Solal.<br />
Début d’une épopée mémorable...<br />
Bel exemplaire<br />
53 Albert Cohen. Mangeclous. Paris, Nouvelle Revue Française, 1938. In-8, broché.<br />
1 700 €<br />
ÉDITION ORIGINALE.<br />
Un des 60 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />
Mangeclous est l'un des cousins de Solal, lequel est devenu sous-secrétaire général de<br />
la Société des Nations à Genève.<br />
Dans l’île grecque de Célaphonie, les cousins et oncles de Solal, surnommés "les<br />
Valeureux" reçoivent un télégramme mystérieux de Suisse : un message codé qui ressemble<br />
à une chasse au trésor ! Aussitôt, les quatre Valeureux sont d’attaque :<br />
Mangeclous, un épicurien insatiable et mythomane de première qui se racle les dents<br />
avec des clous ; Sartiel, l'oncle de Solal, l'inventeur fou ; Salomon, le timide qui<br />
apprend à faire la brasse dans une bassine et Mathathias, le timoré. Sans oublier<br />
Rachel, la femme de Mangeclous, ogresse hypocondriaque de 120 kilos, qui passe sa vie
54<br />
55<br />
57<br />
à répertorier ses médicaments ! A l’aube de la seconde geurre mondiale, Mangeclous<br />
recèle une grinçante et vivifiante critique envers la Société ds Nations, " dont je comprends<br />
maintenant l'utilité et le rôle humanitaire. Ce n'est pas Société des Nations qu'il<br />
faut dire, mais Satisfaction des Nourris et Satiété du Nombril et Saturation de Nouilles<br />
! Seigneur amphitryon, dispensateur de voluptés alimentaires et de festins gustatifs de la<br />
langue et du gosier, je n'oublierai jamais ce grand jour où j'ai absorbé, résorbé, avalé, croqué,<br />
grignoté, dévoré, goûté, happé, gobé, bâfré, consommé jusqu'à gonflement dangereux<br />
des parois stomacales et dilatation suprême de votre munificence j'ai subsisté, brouté,<br />
ruminé et vécu et me suis rempli à la satisfaction des entrailles et papilles linguales et me<br />
suis réellement et véritablement régalé, restauré, repu, rassasié, assouvi, gorgé, gavé,<br />
empli et sustenté. Oh, je penserais toute ma vie à de telles résorptions et intussusceptions<br />
! Certes, je m'en suis glissé en mon tuyau digestif, et mon estomac en restera farci jusqu'à<br />
la fin de ses jours. ...Au nom de mon estomac adoré, merci ! Et je vais m'asseoir non<br />
sans avoir crié alléluia de tous mes intestins satisfaits !".<br />
Bel exemplaire.<br />
54 Albert Cohen. Belle du seigneur. Paris, Gallimard, 1968. In-8, broché, étui-chemise<br />
de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré.<br />
10 000 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 55 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />
“ Quel morceau, Quel monstre ! 845 pages, 32 francs et à peu près autant d'heures de<br />
lecture que de francs : on est terrorisé... On tente pourtant l'aventure. On plonge dans<br />
l'énorme histoire : alors le mécanisme joue et l'on est piégé . Des beautés éclatantes , des<br />
torrents de mauvais goût : on est emporté par l'un, ébloui par les autres. On sort de là<br />
un peu stupéfait , la tête vide, mais soyons francs : le jeu en valait la chandelle “.<br />
(François Nourissier, Les Nouvelles Littéraires, Septembre 1968).<br />
Le roman rompt un silence de quatorze ans (Le Livre de ma mère paraît en 1954) “ je<br />
me souviens du jour où nous l’avions porté, fébriles et inquiets. Le directeur littéraire qui<br />
nous reçut alors a été effrayé, et ne voulait pas publier cet ouvrage “ monstrueux “. Nous<br />
somme repartis effondrés. (...). Heureusement, le bon Gaston Gallimard prit les choses<br />
en main. Nous coupâmes les passages trop longs, et ceux-ci furent la matière des<br />
Valeureux, qui parurent en 1969 “ (in Les Nouvelles littéraires, oct. 1981, p. 20).<br />
Exemplaire absolument parfait, non coupé, à l’état de neuf. Rarissime dans cette conditon.<br />
55 Albert Cohen. Les Valeureux. Paris, Gallimard, 1969. In-8, broché, étui-chemise.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 55 exemplaires sur pur-fil (seul grand papier).<br />
Ce quatrième et dernier roman de l'auteur eut une genèse un peu particulière. En 1967,<br />
Cohen dépose l'imposant manuscrit de Belle du Seigneur chez Gallimard. Le comité<br />
de lecture émet quelques réserves sur la longueur du texte et Cohen reprend son manuscrit<br />
pour y effectuer d'importantes coupes. L'année suivante, le roman paraît tandis que<br />
Cohen reprend les « chutes » de son manuscrit et se met au travail. Un nouveau récit va<br />
naître de celles-ci, Les Valeureux, publié en 1969. Charles Gombault auquel il est<br />
dédié, devint l'ami de Cohen pendant la guerre de 1940 à Londres, où il était rédacteur<br />
en chef du quotidien France. La fille de l'écrivain y travaillait comme correctrice et son<br />
père l'y rejoignait parfois. Après la guerre, Cohen s'installa à Genève et Gombault à<br />
Paris où il devint directeur de France-Soir. Les deux hommes se voient rarement mais il<br />
semble que le journaliste prit part à l'affaire des coupes de Belle du Seigneur.<br />
Parfait état.<br />
57 Albert Cohen. Carnets. Paris, Gallimard, 1969. In-8 de 186 pp., broché, sous étuichemise<br />
de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 65 exemplaires sur pur-fil (seul grand papier).
58<br />
59<br />
Etrange journal que celui tenu par Albert Cohen de janvier à septembre 1978. L'auteur,<br />
qui est alors âgé de 82 ans, se débat entre une grave dépression et une santé chancelante,<br />
et ce journal qu'il a entamé sur les conseils de son médecin nous entraîne d'emblée vers<br />
son enfance et sa "maman morte à qui absurdement [il] aime parler, Maman morte à qui,<br />
stupidement souriant, [il] veu[t] raconter les jours de [son] enfance."<br />
Et l'évocation des jours de l'enfance et de la maman morte cède la place à l'ami de l'adolescence,<br />
Marcel Pagnol qui est mort quatre ans plus tôt, puis à une femme aimée, elle<br />
aussi disparue, Yvonne Imer pour qui Albert Cohen écrivit le premier roman, Solal.<br />
Parfait état, non rogné.<br />
58 Albert Cohen. Ô vous, frères humains. Paris, Gallimard, 1972. In-12 de 213 pp.<br />
et 1 f., broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse (pas de grand papier).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à monsieur Verbaud, en cordial hommage,<br />
Albert Cohen “<br />
59 Colette. Prrou, Poucette, et quelques autres. Paris, <strong>Librairie</strong> des Lettres, s.d.<br />
[1913]. Demi-maroquin brun clair à coins, dos lisse entièrement orné de motifs dorés et<br />
de petites pièces de maroquin mosaïquées, monogramme « L.C. » en pied, tête dorée, couv.<br />
et dos cons., (rel. de l’époque, signée Dervois).<br />
ÉDITION ORIGINALE rare, imprimée à seulement 300 exemplaires, tous sur Hollande.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ (...) hommage des auteurs, Prrou, Poucette, Poum,<br />
La Shâla, Lola et Colette “.<br />
Si les contes animaliers de Colette, livrés au journal Le Matin, n'atteignaient pas toujours<br />
les deux cent vingt lignes réglementaires, ils ne manquaient jamais de charmer ses<br />
collaborateurs. Charles Sauerwein, directeur des informations, s'exclamait à propos de<br />
l'un d'entre eux : « il est épatant ton conte et tu devrais bien en faire quatre par mois ».<br />
Confortée, Colette fit même d'avantage, puisqu'elle décida de regrouper douze de ces<br />
textes en volume. Ainsi parut le 20 mars 1913, à la <strong>Librairie</strong> des Lettres, Prrou,<br />
Poucette et quelques autres.<br />
60 Colette. Julie de Carneilhan. Paris, <strong>Librairie</strong> Arthème Fayard, 1941. In-12 de<br />
218 pp. et 2 ff., broché.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe :<br />
“ à mon confrère Jacques Lemoine,<br />
avec mon sentiment très cordial,<br />
Colette “.<br />
Une aristocrate de la campagne, divorcée après avoir été l'épouse d'un politicien coureur<br />
de jupons se voit proposer par celui-ci une affaire peu honnête. Tel est l'intrigue de ce<br />
texte traité sans complaisance, comme souvent, par son auteur : « Je suis bien fâchée,<br />
écrit-elle à Marguerite Moreno, que tu aies lu ce roman mal léché, mal coupé, sans<br />
blancs, sans astérisques et avec mille fautes. »<br />
Colette composa Julie de Carneilhan au début de l'Occupation, tandis qu'elle donnait<br />
des articles à plusieurs journaux et magazines, évitant soigneusement d'aborder l'actualité<br />
: la dédicace de cet exemplaire est significative de son aversion et de son parti-pris. Le<br />
texte paraît d'abord en feuilleton dans Gringoire pendant l'été 1941 avant sa publication<br />
en volume au mois d'octobre.
65<br />
61<br />
66<br />
63<br />
61 Colette. Le Toutounier. Paris, Ferenczi, 1939. In-12 de 170 pp. et 1 f., broché.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Envoi autographe :<br />
“ pour Léo Larguier, un petit roman de sieste,<br />
- car j’espère bien qu’il fait la sieste ? Colette “.<br />
Paru en pré-originale dans Paris-Soir, du 23 <strong>juin</strong> au 8 juillet 1938, le Toutounier fut<br />
publié en volume à la veille de la seconde guerre mondiale. Colette a alors accepté sa collaboration<br />
au journal Marie-Claire où elle tient la rubrique du Courrier ; elle vient<br />
aussi d'emménager au 9, rue de Beaujolais intégrant ces appartements des jardins du<br />
Palais-Royal, sa dernière adresse.<br />
Ce livre, ultime récit de Colette, constitue avec Duo, paru cinq ans plus tôt, une suite<br />
romanesque. Au coeur du récit trône un canapé-lit qui a bercé et consolé l’ enfance : « Elle<br />
s'abandonna enfin au « toutounier natal », vaste canapé d'origine anglaise, indestructible,<br />
défoncé autant qu'une route forestière dans la saison des pluies”.<br />
63 [Colette]. Chats de Colette. Paris, Albin Michel, (1950). In-12 de 195 pp., demimaroquin<br />
noir, dos lisse, titre doré, couv. cons.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ cher Léo Larguier, bonne année à vous et, - à moi,<br />
qui sommes souffrants, de tout mon coeur, Colette “.<br />
64 Joseph Conrad. Lord Jim. Paris, Editions de la Nouvelle Revue Française,<br />
1922. Fort in-12 de 356 pp., broché.<br />
110 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />
Un des 800 ex. num. sur vélin pur-fil (seul papier avec les réimposés).<br />
65 Joseph Conrad. Jeunesse. Suvi de Coeur des ténèbres. Paris, Editions de la<br />
Nouvelle Revue Française, 1922. Fort in-12 de 356 pp., broché.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française.<br />
Un des 943 ex. num. sur vélin pur-fil (seul papier avec les réimposés).<br />
Ce voyage dans les territoires sauvages de l’Afrique devient une plongée tragique dans<br />
l’inconscient, noyée dans la jungle, la sueur, les bruits, la chaleur et la folie : ce sont ces<br />
ténèbres que tente magnifiquement d’éclairer Joseph Conrad. Son aventurier surdoué,<br />
Kurtz, est un pur produit de l’occident laché dans les profondeurs de la jungle congolaise,<br />
jusqu’à soumettre une entière tribu à son bon vouloir par le seul pouvoir de son éloquence<br />
fastueuse et maléfique. Cet extraordinaire récit fut utilisé par Francis Ford<br />
Coppola pour Apocalypse Now, avec Marlon Brando comme interprète du Kurtz.<br />
Bel exemplaire ; un des rares romans “ non maritime “ de Conrad, mais un chef-d’oeuvre.<br />
66 [René Crevel]. Autobiographie de René Crevel. S.l.n.d. (Paris, Kra, éditions du<br />
Sagittaire, 1926). Impression sur papier vert, agrafé, 8 pp.<br />
200 €<br />
Petite publication sous forme de <strong>catalogue</strong> des éditions Kra, qui débute par deux longues<br />
pages de présentation du jeune auteur René Crevel, par lui-même :<br />
“ né le 10 août 1910 à Paris de parents parisiens (...) N’est allé ni au Tibet, ni au<br />
Groënland, ni même en Amérique, mais les voyages qui n’ont pas eu lieu en surface on a<br />
tenté de les faire en profondeur. (...) Voudrait bien pour des romans futurs retrouver des<br />
personnages aussi nus, aussi vivants que les couteaux et fourchettes qui figuraient les
67<br />
68<br />
hommes et les femmes, dans les histoires destinées à demeurer inédites, qu’il se racontait<br />
enfant. Avait commencé des recherches pour une thèse de doctorat ès-lettres sur Diderot<br />
romanicer quand, avec Marcel Arland, Jacques Baron, Georges Limbour, Max<br />
Morise, Roger Vitrac, il fonda la revue Aventure (...) c’est alors qu’il connut Louis<br />
Aragon, André Breton, Paul Eluard, Philippe Soupault, Tristan Tzara et, un jour,<br />
devant un tableau de Georgio de Chirico, il eut enfin la vision d’un monde nouveau...”.<br />
67 [Dalì]. René Crevel. Dalì ou l’anti-obscurantisme. Paris, éditions surréalistes,<br />
1931. In-8 de 52 pp., broché, couverture rempliée muette, papier toile noir, étiquette<br />
blanche imprimée contrecollée sur le premier plat.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 600 exemplaires sur vélin blanc (seul tirage après <strong>15</strong> exemplaires de tête sur<br />
Japon).<br />
Envoi autographe :<br />
“ à monsieur Prouvost (?),<br />
sincère hommage, René Crevel “.<br />
C’est en novembre 1931 que paraît le livre de René Crevel, Dalì ou l'anti-obscurantisme,<br />
illustré de 10 planches photographiques hors-texte des toiles de Dalì, photographiées<br />
par André Caillet.<br />
Dalì quant à lui a brossé un portrait sensible, spectral, de Crevel, aujourd’hui conservé<br />
à Figueras : c’est un Crevel habité, hanté par ses démons, qui paraît surgir du royaume<br />
des morts, du cercle de l’Enfer, pour témoigner de la fragilité et de la beauté de l’existence.<br />
Longtemps après la disparition de Crevel, Dalì a trouvé les mots et les formules pour<br />
rappeler qui avait été son ami : « Personne n'a été aussi souvent "crevé", personne<br />
n'est autant "rené" à la vie que notre René Crevel. Son existence se passait en de<br />
constantes allées et venues dans les maisons de santé. Il s'y rendait crevé pour réapparaître<br />
renaissant, florissant, neuf, luisant et euphorique comme un bébé. Mais cela durait<br />
peu. La frénésie de l'auto-destruction le reprenait vite et il recommençait à s'angoisser, à<br />
refumer de l'opium, à se battre contre d'insolubles problèmes idéologiques, moraux,<br />
esthétiques et sentimentaux, s'adonnant sans mesure à l'insomnie et aux larmes jusqu'à<br />
en crever” (Le Journal d'un génie, coll. l’Imaginaire, Paris, Gallimard, 1994, pp. 85-<br />
91).<br />
Quelques traces d’usures à la fragile couverutre de moire noire.<br />
68 [Dalì]. Paintings, drawings prints. New-York, MoMa, Editions by The<br />
Museum of Modern Art, 1941. Pet. in-4 de 88 pp., cartonnage éditeur percaline verte<br />
imprimée, dos lisse, jaquette imprimée.<br />
2300 €<br />
EDITION ORIGINALE. Nombreuses illustrations, certaines en couleurs et double-page.<br />
Superbe dessin original de Dalì au premier feuillet, signé et daté, dans sa belle signature<br />
des premières années.<br />
En novembre 1933 a lieu la première exposition individuelle de Dalì aux États-Unis,<br />
dans la galerie Julien Levy de New York.<br />
Il publie le manifeste New York salues me, où il décrit ses impressions au sujet de la<br />
ville, et donne une conférence au Museum of Modern Art sur le thème Peintures surréalistes<br />
et images paranoïaques. Il rencontre à cette occasion Reynolds Morse, un<br />
industriel de Cleveland qui devient un des grands collectionneurs de sa peinture.<br />
En 1941, il fait une nouvelle exposition à la galerie Julien Levy, où il présente son<br />
célèbre Autoportrait mou avec lard grillé : c’est à la suite de cette exposition que le<br />
Moma décide de lui consacrer sa première grande rétropsective.<br />
Légères piqûres aux feuillets liminaires, prononcées également au dessin.
69<br />
71<br />
69 [Dalì]. Benvenuto Cellini. Autobiography translated by John Addington<br />
Symonds. Illustrated by Salvador Dalì. New-York, Doubleday & Company,<br />
1948. In-8, cartonnage éditeur ill., dos lisse.<br />
900 €<br />
Exemplaire signé et daté (1948) par Dalì au titre.<br />
Né en Italie en <strong>15</strong>00, orfèvre et sculpteur émérite, Cellini eut une destinée pour le moins<br />
mouvementée. Criminel patenté, il se voit condamné à mort pour meurtre en <strong>15</strong>40. Dès<br />
lors activement recherché, il ne dût son salut qu'a l'invitation en France de François<br />
Ier, qui, « pour son bon plaisir » commanda plusieurs œuvres à l'artiste florentin ; lequel<br />
jouissait alors déjà d'une solide notoriété.<br />
Quelques années avant sa mort, il avait entrepris la rédaction de son autobiographie.<br />
Seulement publiée au XVIII ème siècle, celle-ci constitue un témoignage important tant<br />
à la fois concernant la pratique de son art - de facture manièriste - que par le tableau qu'il<br />
brosse de la société de son temps. Déjà reconnu antérieurement par la publication de traités<br />
à caractère techniques, il manifeste là une véritable verve d'écrivain. L'on pourrait<br />
parfois reprocher à certains des passages de ses mémoires qu'elles adoptent presque le ton<br />
de l'épopée mais il n'en demeure pas moins que ce récit picaresque connut un immense<br />
succès.<br />
Traduit par Goethe, inspirant à Berlioz un opéra, et figure de proue des romantiques,<br />
Cellini était également profondément admiré par Dalì.<br />
Illustrations de Dalì en noir et couleurs. Bel exemplaire.<br />
70 [Francis Carco]. Maurice Donnay. Le Chat noir. Paris, Bernard Grasset, 1926.<br />
In-12, demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs, titre doré, tête doré, couv. et dos cons.<br />
600 €<br />
ÉDITION ORIGINALE. Un des 7 exemplaires de tête sur Chine ; parmi ceux-ci, un des deux<br />
h.-commerce.<br />
Précieux exemplaire de Francis Carco, dans lequel il a été relié une copie manuscrite,<br />
par Maurice Donnay, du poème 14 Juillet : 4 feuillets découpés au format du livre dont<br />
un porte à son dos un envoi signé<br />
“ Au séduisant Francis, à mon jeune et très cher ami Carco,<br />
son dévoué, M. Donnay.''<br />
Témoin et acteur du célèbre cabaret, Maurice Donnay y fit des débuts de poète, chansonnier<br />
et dramaturge avant d'entrer en 1907 à l'Académie française. C'est donc l'académicien<br />
Donnay qui se souviendra de ce lieu mythique et des personnages qui l'animèrent<br />
: son fondateur Rodolphe Salis, Verlaine « vieux et chauve » qui appelait les symbolistes<br />
des « cymbalistes » pour le bruit qu'ils faisaient, et le créateur du théâtre<br />
d'ombres, Henri Rivière, où Donnay fit jouer ses premiers drames. Le poème manuscrit<br />
joint à cet exemplaire est celui qui commença de faire connaître l'auteur. Un jour que le<br />
cabaret recevait quelques critiques célèbres, Salis insista pour que Donnay se produise<br />
devant ce beau monde : « (…) il m'entraîna de la salle François-Villon dans la salle<br />
des Gardes, me poussa devant lui dans l'escalier d'honneur et de l'escalier d'honneur<br />
dans la salle des fêtes. Alors je récitai Quatorze juillet, A ta gorge et, le lendemain,<br />
mon nom était dans les journaux. »<br />
Carco, familier de Montmartre ne participa jamais à l'aventure du Chat Noir qui ferma<br />
ses portes lorsqu'il avait quatorze ans, mais La Bohème et mon coeur dit assez de quel<br />
côté penchait le sien, et on ne peut rêver dédicataire plus adéquat.<br />
71 Charles De Gaulle. La France et son armée. Paris, Plon, 1938. In-12 broché de<br />
277 pp., sous étui-chemise plein papier gris-perle.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Signature autographe de l’auteur, daté du 17 mai 1953.<br />
Tirage original de 1938, la seule édition à posséder la dédicace au Maréchal Pétain, qui<br />
disparaîtra évidemment des rééditions suivante, des clandestines de Beyrouth et Londres<br />
(1943) à celles, officielles, rééditées chez Plon à partir de juillet 1944. Au verso du dernier<br />
feuillet imprimé, <strong>catalogue</strong> publicitaire de l’éditeur, qui annonce le titre à paraître du<br />
Colonel Charles de Gaulle. La promotion ne tardera pas...<br />
Très rare dans ce tirage de 1938. Fausse mention de mille à la couverture, bel exemplaire.
74<br />
75<br />
76<br />
73<br />
77<br />
73 Charles De Gaulle. Mémoires de guerre. L’appel. L’Unité. Le Salut. Paris, Plon,<br />
1954, 1956 & 1959. 3 vol. in-8, brochés.<br />
1800 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des cinquante exemplaires hors-commerce sur vélin Aussedat<br />
(troisième papier après 69 sur Hollande et les ex. sur pur-fil).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à monsieur Henri Mainguet,<br />
avec le témoignage de ma haute considération,<br />
C. de Gaulle, 11.11.54 “.<br />
Précieux exemplaire offert par De Gaulle à Henri Mainguet, directeur des éditions<br />
Plon, chez qui De Gaulle avait, à partir de 1938, fait éditer toutes ses oeuvres. Il restera<br />
fidèle à cette maison d’édition toute sa vie. Remarquons la date de l’envoi, à peine un<br />
mois après que livre soit imprimé (5 octobre 1954), dans un jour éminemment stratégique<br />
: 11 novembre. Un 18 <strong>juin</strong> eût été encore plus remarquable !<br />
Bel exemplaire broché, tel que paru, de belle provenance.<br />
74 Albert Dubout. Les Gens du siècle. Paris, Gallimard, 1937. In-8 carré, broché.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grands papiers), exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Exemplaire signé par Dubout au faux-titre.<br />
Second recueil de dessins publiés par Dubout, quelques mois après après le Du bout de<br />
la lorgnette de Dubout, préfacé par Soupault et paru quelques semaines plus tôt.<br />
Petits manques de papiers au dos. Rare.<br />
l’exemplaire de Dubout, reliure illustrée par ses soins à l’encre et à la plume<br />
75 [Albert Dubout]. François Villon. Oeuvres. Paris, Gibert, 1934. Pet. in-4 de 141<br />
pp., plein vélin moderne, dos lisse, couv. et dos cons.<br />
2000 €<br />
Tirage unique numéroté à 3000 exemplaires, celui-signé par Dubout à la justification.<br />
Précieux exemplaire comportant, monté en tête, un dessin original à l’encre de chine, utilisé<br />
pour l’illustration de l’ouvrage (p. 144).<br />
L’exemplaire, anciennement celui d’Albert Dubout [certificat joint], a été relié en vélin<br />
moderne pour ce dernier, qui a illustré à l’encre et à la plume le dos de l’ouvrage.<br />
C’est le seul exemplaire connu d’une reliure directement illustrée par Albert Dubout.<br />
Parfait état.<br />
76 [Albert Dubout]. Raymond Hesse. De Phrynée à Abelard. [Paris, A l’emblème<br />
du secrétaire, 1936]. Suite des six dessins censurés, non diffusés.<br />
450 €<br />
Seuls quelques exemplaires hors-commerce (une vingtaine) possédaient cette suite de six<br />
dessins supplémentaires, censurés et non diffusés dans le tirage de l’édition (soit 500<br />
exemplaires).<br />
Très rare ; parfait état.<br />
77 Albert Dubout. [Pagnol - La Gloire de mon père]. Dessin original signé. S.l.n.d.<br />
(Paris, 1958). encadré.<br />
1700 €<br />
Très beau dessin original pour l’illustration de La Gloire de mon père (repris dans<br />
l’édition en volume).<br />
Au verso du dessin, jolie composition préparatoire au crayon, représentant l’oncle et la<br />
tante de Pagnol, comme ils apparaîtront dans l’édition illustrée. Cachet de l’atelier<br />
Dubout.
78<br />
79<br />
80<br />
81<br />
83<br />
84<br />
78 Albert Dubout. [Pagnol - Le Temps des secrets]. Dessin original signé. S.l.n.d.<br />
(Paris, 1958).<br />
1700 €<br />
Très beau dessin original pour l’illustration du troisième volume de la trilogie de Pagnol.<br />
Le dessin sera repris tel quel dans l’édition dans l’édition en volume.<br />
79 Albert Dubout. Fernandel. Portrait à l’encre de chine et crayon, 190 x 165 mm.,<br />
s.d. [circa 1945].<br />
900 €<br />
Beau dessin préparatoire à l’encre de chine pour l’affiche à venir du film de Marcel<br />
Pagnol, Naïs. Le dessin retenu sera légèrement différent (cf. <strong>n°</strong> suivant).<br />
Adaptant un récit peu connu d'Emile Zola, Pagnol rejoint ici l'inspiration de ses<br />
œuvres d'avant-guerre, notamment Angèle, dans lequel il révélait en 1934 une sensibilité<br />
méconnue dans Angèle, où Fernandel interprète Saturnin, un nigaud au grand<br />
coeur. L'acteur a l'occasion ensuite de confirmer son talent à plusieurs reprises avec le<br />
même Pagnol : Regain (cf. <strong>n°</strong> 125 ) et Le Schpountz (en 1937).),La Fille du puisatier<br />
(1940), puis cet émouvant Bossu pour Naïs (1945).<br />
79 bis Albert Dubout. [Fernandel]. Naïs. Affiche originale du film, d’après un dessin<br />
de Dubout. S.l.n.d. [Paris, Imprimerie de la Cinématographie française, avril<br />
1945]. 78 x 38 cm, sous cadre.<br />
450 €<br />
Très bel état de la célèbre affiche, couleurs bien nettes et prononcées ; discrète marque de<br />
pliure centrale, anciennement encollée.<br />
80 Albert Dubout. Recueil de cinq gravures à l’eau-forte.<br />
1 200 €<br />
Suite des cinq seules gravures d’Albert Dubout qu’il ait jamais composées. Elles n’ont<br />
jamais été éditées et furent composées séparemment, à divers moments de la vie de<br />
Dubout, entre 1935 et 1970.<br />
Tirage unique à 30 exemplaires pour chaque, toutes numérotées au crayon. Les plaques<br />
ont été détruites après le tirage. La série comprend un autoportrait ; une femme nue se<br />
masturbant ; un portrait [en épreuve d’essai] ; un torero ; trois personnages. Splendides<br />
réalisations d’une facette méconnue de l’artiste.<br />
Parfait état. Très très rare.<br />
81 Albert Dubout. [Torro y torero]. Dessin original, encre de chine, aquarelle et<br />
feutre, <strong>15</strong>5 x 125 mm, signé à l’encre et daté au crayon. [1925].<br />
1 200 €<br />
Splendide dessin en couleurs des premières années de Dubout illustrateur, à l’époque de<br />
ses productions de peintre, entre 1924 et 1928. Superbe composition à l’encre noire, aquarelle<br />
(vert, rouge et fonds) et rehauts d’argent pour le costume du torero.<br />
82 [Albert Dubout]. René Lesage. Le Diable boîteux. Monte-Carlo, Editions du<br />
Livre, 1945. In-4, broché, sous étui-chemise éditeur.<br />
300 €<br />
Un des exemplaires sur vélin, celui-ci signé par Dubout. Parfait état.<br />
83-84 Albert Dubout. La Muse Libertine. Paris, Editions du Valois, 1957. In-4,<br />
broché, sous étui-chemise éditeur.<br />
430 €<br />
Un des quelques exemplaires d’auteur, justifié AD par Dubout, avec une suite en noir<br />
des illustrations (réservée aux 500 exemplaires numérotés et aux exemplaires de tête avec<br />
épreuve).<br />
Idem ; exemplaire du tirage normal sans la suite en noir. Signé par Albert Dubout en tête.<br />
230 €
86<br />
85<br />
85 Albert Dubout. Alexandre Dumas. Les Trois mousquetaires. Paris, André<br />
Sauret, 1968. 3 vol. pet. in-4, reliure éditeur chagrin rouge, dos à nerfs ornés, têtes<br />
dorées, coffret éditeur.<br />
1 800 €<br />
Un des quelques exemplaires d’auteur, justifié AD par Dubout, parmi les 200 exemplaires<br />
de tête sur vélin.<br />
Il est joint le dessin original de l’illustration en couleurs de la page 59 du tome 1.<br />
Un des plus belles réalisations de Dubout.<br />
Bel ensemble ; dessin en parfait état, aux couleurs très fraîches.<br />
86 [Marcel Duchamp]. Arturo Schwarz. La mariée mise à nu chez Marcel<br />
Duchamp même. Paris, Georges Fall, 1974. In-4 de 290 pp. sous cartonnage éditeur<br />
illustré par la photographie.<br />
230 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française (pas de grands papiers).<br />
Belle iconographie de 40 planches h.-texte et 136 illustrations.<br />
Bel exemplaire ; livre rare, fragile et recherché.<br />
87 Marguerite Duras. Abahn, Sabana, David. Paris, Gallimard, 1970. In-12, broché<br />
de 149 pp.<br />
800 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 65 exemplaires de tête sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 3, seul grand papier).<br />
En attendant l'aube où leur destin va se jouer Abahn, Sabana et David se livrent à un<br />
huis-clos pathétique. Voici un des livres les plus méconnus de l'auteur sur la Shoa. Un<br />
sujet qui la touche particulièrement : n'a-t-elle pas été l'épouse de Robert Antelme qui<br />
fut interné à Dachau ? Duras pose ici la question : peut-on écrire et créer après<br />
Auschwitz ?<br />
Très bel exemplaire, parfait état.<br />
88 Marguerite Duras. L’Amant. Paris, Les Editions de Minuit, 1984. In-12 de<br />
142 pp., broché.<br />
7000 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 99 exemplaires de tête sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 30, seul grand papier).<br />
“ Un jour, j'étais âgée déjà, dans le hall d'un lieu public, un homme est venu vers moi.<br />
Il s'est fait connaître et il m'a dit : "Je vous connais depuis toujours. Tout le monde<br />
dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu vous dire que pour moi<br />
je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j'aime moins votre<br />
visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté."<br />
Ainsi commence l'Amant, le roman qui valut, en 1984, à Marguerite Duras le<br />
Goncourt, un tirage de près de trois millions d'exemplaires, des traductions dans une<br />
quarantaine de langues et un énorme succès mondial, amplifié par le film qu'allait en<br />
tirer Jean-Jacques Annaud. Etonnant visage, en effet, que celui de cette femme, et<br />
étonnant parcours que le sien, de la grâce sensuelle et troublante d'une jeune fille de<br />
l'entre-deux-guerres à la moue goguenarde du monstre sacré contemporain, les yeux<br />
provocants toujours grands ouverts derrière ses grosses lunettes.<br />
Descendre le grand fleuve puissant et lent du Mékong, suivre les méandres de son<br />
delta dans la moiteur des rizières, tels sont les périples de Duras encore enfant,<br />
voyages qui sont ici autant de décors au roman. En écrivant ce livre, elle remontait à<br />
ses sources, à sa jeunesse asiatique, à une histoire dont elle refusera toujours de départager<br />
la vérité de la fiction : vers 1930, sur un bac traversant un bras du fleuve, un<br />
Chinois richissime aborde une petite Blanche. Conseiller, comme il arrive à certains,<br />
de lire L'Amant à haute voix est le meilleur que l'on puisse faire. La voix off du film<br />
de Jean-Jacques Annaud ne fait pas autre chose. On entre ainsi plus avant dans le<br />
rythme intime de cette prose unique qui valut à Duras une renommée mondiale.<br />
Parfait état. Très rare en tirage de tête.
90<br />
93<br />
91<br />
90 Bret Easton Ellis. Moins que zéro. Paris, Christian Bourgois, 1986. In-8 étroit<br />
de 234 pp. et 2 ff., broché.<br />
240 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française par Brice Matthieussent.<br />
Exemplaire signé au faux-titre par Ellis.<br />
Roman yuppie et décadentiste, l’auteur peint, en un style minimaliste le cauchemar américain,<br />
au travers de Clay, incarnation désenchantée de cette lost generation. Avec pour<br />
lointain parangon Holden - personnage principal de l'Attrape-coeur - portraits de deux<br />
(anti) héros en proie, en plus d'une grave crise identitaire, au plus profond mal-être.<br />
Plongée dans les abîmes de la vacuité, immersion dans les abysses de la vanité, en un portrait<br />
tout aussi violent, saignant, que nihiliste du mode de vie de la upper-class californienne.<br />
91 Paul Eluard. Les Animaux et leurs hommes. Paris, Au Sans pareil, 1920. In-8<br />
de 43 pp. et 2 ff. ; revorim (Rel. signée Jean de Gonet, 1992).<br />
2200 €<br />
EDITION ORIGINALE imprimée à 575 exemplaires, celui-ci un des 500 sur alfa ( <strong>n°</strong> 303),<br />
offerte :<br />
“ à Guillermo de Torre, bien cordialement,<br />
Paul Eluard “.<br />
Précieuse provenance européano-dadaïste : Guillermo de Torre fonde en effet en 1918<br />
l’Ultraïsme, au confluent de mouvements d'avant-garde décrits dans la publication Un<br />
manifiesto literario, manifeste dans lequel les signataires expriment leur désir de<br />
rompre avec les normes esthétiques jusqu’alors en vigueur, et que le mouvement se propose<br />
de dépasser. Fortement influencé par le Cubisme français (Apollinaire, Reverdy),<br />
par le Créationnisme poétique du chilien Vicente Huidobro, mais aussi par le<br />
Futurisme italien de F. T. Marinetti et bien sûr par Dada, l’Ultraïsme est l’émanation<br />
espagnole d’idées esthétiques éparses cultivées dans les pays européens périphériques.<br />
Dans les années 1920-1923, plusieurs revues, souvent éphémères, propagent l'Ultraïsme<br />
en Espagne (Grecia, Cervantès, Ultra) ou en Argentine (Proa, Prisma, Martín Fierro<br />
; son influence fut décisive ; la "génération de 1927" (F. García Lorca, G. Diego, P.<br />
Salinas...) y trouve, en partie, ses racines ; J. L. Borges y fut associé.<br />
Guillermo de Torre, fervent admirateur de Max Jacob, donnera en 1924 la version<br />
espagnole du Cornet à dés (sous le titre El Cubilete de Dados).<br />
Pierre Bérès présentait dans son imposant <strong>catalogue</strong> Vingtième siècle un exemplaire<br />
du même ouvrage et même provenance (<strong>n°</strong> 473 du <strong>catalogue</strong>) ; cet exemplaire avait ensuite<br />
été offert par de Torre à son épouse [envoi autographe signé], puis à son fils, Miguel<br />
de Torre [ex-libris]. Il est vraisemblable que Guillermo de Torre ait demandé à Eluard<br />
un second exemplaire, qu’il garda cette fois pour lui seul !<br />
Très bel exemplaire, avec l’ex-libris manuscrit de Guillermo de Torre sur la couverture ; belle reliure revorim<br />
de Jean de Gonet.<br />
93 Paul Eluard. Mourir de ne pas mourir. Paris, Gallimard, Une oeuvre, un portrait,<br />
1926. In-12 de 60 pp., broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE imprimée à 535 exemplaires.<br />
Portrait en frontispice par Max Ernst.<br />
Splendide et émouvant recueil de poésies, marqué d'un désespoir non feint, ne serait-ce<br />
dès la dédicace à André Breton, où l'auteur annonce qu'il s'agit là de son « dernier livre<br />
» : la veille du 25 mars 1924, date de l'achevé d'imprimer de ce livre, Eluard a pris le<br />
train pour Nice avec l'intention de quitter le continent pour des destinations lointaines.<br />
Sa femme Gala, dont la liaison avec Max Ernst n'est pas étrangère à cette décision, n'est<br />
au courant de rien, et encore moins ses amis surréalistes. Seul Eugène Grindel, son père,<br />
a reçu le jour même du départ un pneumatique :<br />
« J'en ai assez. Je pars en voyage. Je te laisse toutes les affaires que tu avais entreprises<br />
(...) Ne lance pas la police, ni publique, ni privée à mes trousses. Le premier qui se fourre<br />
dans mes pattes, je le mets hors d'état de nuire...».
95<br />
96<br />
97<br />
Trois semaines plus tard, Eluard s'embarquait sur l'Antinous, en partance pour Pointeà-Pitre.<br />
Le recueil orphelin paraît, les comptes-rendus sont élogieux et Jean Bernier,<br />
dans la revue Clarté, n'hésite pas à inscrire Eluard dans la lignée de Rimbaud. «<br />
Qu'Eluard revienne ou ne revienne pas écrit-il, (...) il nous laisse un livre inépuisable ».<br />
Le critique ne sait pas encore l'issue de l'escapade moins rimbaldienne qu'il n'y paraît.<br />
Très vite, la colère retombée, Eluard a informé Gala et Ernst de son itinéraire ; ils le<br />
rejoindront à Saigon et le trio terminera ensemble ce tour du monde improvisé.<br />
94 Paul Eluard - Joë Bousquet. Chantiers. Carcassonne, <strong>n°</strong> 6, deuxième année,<br />
s.d. (1929). Pet in-4 agrafé de 35 pp. + <strong>catalogue</strong> publicitaire.<br />
100 €<br />
EDITION ORIGINALE du <strong>n°</strong> 6 de cette fameuse revue animée par Joë Bousquet et Claude<br />
Estève ; elle fusionnera l'année suivante avec celle des Cahiers du Sud. Un inédit<br />
d'Eluard ouvre le numéro ; on trouve également des texte de Fernand Alquié, André de<br />
Richaud...<br />
Bon état. Peu courant. La revue, au total, comptera 9 numéros, parus entre 1928 et 1930.<br />
95 Paul Eluard. Comme deux gouttes d’eau. Paris, Editions surréalistes, chez José<br />
Corti, s.d. (1933). In-12 carré, agr.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Envoi signé :<br />
" exemplaire de Marcel Fautrad, Paul Eluard ".<br />
Les poèmes de cette plaquette ont été composés durant l'été 1932. Telle des confidences,<br />
chacuns d'eux évoquent un souvenir précis auquel le poète dit adieu : le temps du sanatorium<br />
à Clavadel où il rencontre une jeune fille russe, la future Gala : « On a brisé le<br />
globe alpestre / Où le couple érotique semblait rêver », « Sourires dessinés par des<br />
caresses / Douleurs déchirées par des caresses ». Puis l'époque douloureuse, la fuite,<br />
Eluard s'embarquant pour un tour du monde (cf. <strong>n°</strong> précédent ) vagabond et stérile : «<br />
De tout ce que j'ai dit de moi que reste-t-il / J'ai conservé de faux trésors dans des<br />
armoires vides / Un navire inutile joint à mon enfance à mon ennui / Un départ à mes<br />
chimères », « Oui j'ai tout espéré / Et j'ai désespéré de tout »…<br />
Ces textes seront repris en 1934 dans La Rose publique ; Nusch est alors entrée dans<br />
la vie d'Eluard, « Tout est nouveau, tout est futur » écrira-t-il l'année suivante dans<br />
Facile.<br />
Bel exemplaire.<br />
96 Paul Eluard. Pneumatique autographe signé, à Marcel Herrand. Paris, 54 rue<br />
Legendre, 2 octobre 1937. 1 f. in-8 oblong.<br />
300 €<br />
“ mon cher Herrand, je vous ai téléphoné cet après-midi. Je m’excuse de n’avoir<br />
pas réussi à vous téléphoner avant. J’étais malade et puis cette conférence est une<br />
fatigue de plus. Hugnet doit vous téléphoner. Je voudrais bien que vous puissiez<br />
lire un poème de lui. Fraysse qui est là me dit que vous êtes souffrant. J’espère<br />
que cela ne sera rien. Croyez-moi très amicalement. Vôtre Paul Eluard “.<br />
Venu du théâtre où il dirigeait avec Jean Marchat le « Rideau de Paris », Marcel<br />
Herrand se confond dans notre mémoire avec le rôle de Lacenaire, le dandy assassin du<br />
Boulevard du Crime qu'il incarna avec talent dans Les Enfants du paradis. On le spécialisa<br />
dans les rôles de "méchant" : Fantômas, Don Salluste, le policier Corentin<br />
(des Chouans) ; il incarnera, pour son dernier personnage à l'écran, Louis XV dans<br />
Fanfan la Tulipe. Il noua de nombreuses vraies et grandes amitiés, notamment avec<br />
Paul Eluard et Jean Cocteau.<br />
97 [René Magritte]. Paul Eluard. Moralité du sommeil. Dessins de René<br />
Magritte. S.l. (Anvers), L’Aiguille Aimantée, sans date [1941]. In-12 non paginé,<br />
agrafé.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe :
100<br />
98<br />
99<br />
“ à Marcel Herrand / son admirateur et ami / Paul Eluard “.<br />
Après neuf mois de captivité, Marcel Marien est en 1941 libéré à Anvers, puis gagne<br />
Bruxelles où il rejoint Magritte, Nougé, Scutenaire, Ubac et rencontre Christian<br />
Dotremont. Il fonde alors les éditions "L'Aiguille aimantée" (nom donné par Nougé)<br />
qui publie notamment en à peine quelques semaines Moralité du sommeil, avec trois<br />
dessins de Magritte.<br />
Ce dernier avait déjà signé quatre ans auparavant " Du Temps que les Surréalistes<br />
avaient raison ", à la suite duquel Paul Eluard avait signé un poème intitulé René<br />
Magritte, qui sera publié dans Les Cahiers d'art.<br />
Rare avec envoi sur cette plaquette parue en pleine guerre, Eluard rentrant quelques mois plus tard dans la<br />
clandestinité.<br />
98 Paul Eluard. [Louis Aragon - Robert Desnos - Edith Thomas]. Chants des<br />
francs-tireurs. S.l.n.d.n.é. [Edité par l’Union des Femmes Françaises, 1944].<br />
Plaquette in-16, format carré de 16 pp., en feuilles.<br />
400 €<br />
Recueil clandestin de poèmes inédits pour la plupart, composé de La Chanson des<br />
francs-tireurs, de la Ballade de celui qui chanta dans les suplices (Louis Aragon)<br />
; Ce coeur qui haïsait la guerre (Robert Desnos) ; Lève-toi et marche, un poème<br />
(Edith Thomas) ; Bêtes et méchants, Les Armes de la douleur, (Paul Eluard) ;<br />
Prélude à la Diane française (Louis Aragon).<br />
Rare. Non répertoriée dans L’Intelligence en guerre.<br />
99 Paul Eluard. Les Armes de la douleur. Comité National des écrivains, 1944.<br />
Plaquette in-16, agrafée.<br />
200 €<br />
ÉDITION ORIGINALE.<br />
L’intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 718.<br />
100 Paul Eluard. Le Phénix. Paris, G.L.M., 1951. Petit in-4 de 65 pp., broché.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires numérotés sur vélin blanc.<br />
Envoi signé de l’artiste :<br />
“ cher Henri (Sauguet), voici votre livre,<br />
avec la joie, toujours renaissante<br />
elle aussi, d’entendre vos oeuvres ;<br />
avec l’affection de Valentine“.<br />
Il est joint une épreuve originale sur vélin d’Arches tirée et justifée à 10 exemplaires et<br />
signée par Paul Eluard, de l’illustration du poème “Printemps” (page 37), avec épreuve<br />
sur vergé du poème sur feuillet volant.<br />
Au congrès international de la paix à Mexico, quatre ans après la mort de Nusch, Paul<br />
Eluard fait la connaissance de sa dernière muse, Dominique Laure, de 19 ans sa cadette.<br />
Sitôt rentré, le <strong>15</strong> <strong>juin</strong> 1951 il l’épouse en présence de Picasso et de Roland Penrose.<br />
Alors qu'il travaille à sa Première anthologie de la poésie du passé, Eluard compose<br />
ces poèmes, à la lumière de ce nouvel amour : “ Sans toi je ne suis rien qu'une étendue<br />
déserte entre autrefois et aujourd'hui “.<br />
Valentine Hugo, qui illustre le recueil de 18 dessins, fut présentée à Henri Sauguet<br />
dans les années vingt quand ce jeune compositeur arriva à Paris et se lia avec le Groupe<br />
des Six. Elle créa avec son mari Jean Hugo certains des costumes des Ballets russes et<br />
des Ballets montés par le comte de Beaumont, dont le fameux Roméo et Juliette écrit<br />
par Cocteau.<br />
Un des plus beaux recueils de Paul Eluard. Bel exemplaire.
103<br />
101<br />
102<br />
101 Paul Eluard. Lettres à Gala. Paris, Gallimard, 1984. In-8 de 520 pp., broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 57 exemplaires sur vergé de Hollande (tirage de tête).<br />
Ces lettres ont été retrouvées par Cécile Eluard, la fille du poète et de sa première femme,<br />
Gala. Si celle-ci est restée célèbre comme compagne et muse de Dalì, on n'oublie souvent<br />
qu'elle fut d'abord le grand amour d'Eluard auquel elle devra ce surnom magique et<br />
royal. Les futurs amants se rencontrèrent en décembre 1912, envoyés, l'un de France,<br />
l'autre de Russie au sanatorium de Clavadel en Suisse. Ils ont dix-sept ans et s'appellent<br />
encore Paul-Eugène Grindel et Helena Dmitrievna Diakonova. La longue histoire<br />
qui les unira, au-delà des quelques années de leur mariage, dévoile dans cette correspondance<br />
son sens et sa portée. Elle s'échelonne de 1924 à 1948, soit quatre ans avant la mort<br />
d'Eluard et retrace autant leur relation que l'aventure artistique et littéraire de leur<br />
époque, il suffit pour s'en convaincre de consulter l'impressionnant index nominum de<br />
l'ouvrage.<br />
Parfait état.<br />
102 Max Ernst. Sept microbes vus à travers un tempérament. Paris, Edition des<br />
Cercles d'Art, 1953. In-12 broché, couv. cartonnée avec une ill. en couleurs de Max<br />
Ernst.<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 1000 ex. num. sur Marais.<br />
Premier plat illustré d’une vignette contrecollée ; nombreuses compositions originales de<br />
Max Ernst pareillement reproduites dans le texte.<br />
Très discrète pliure au dos. Excellent état sinon.<br />
103 Georges Feydeau. La Dame de chez Maxim. Paris, <strong>Librairie</strong> Théâtrale<br />
Artistique & littéraire, 1914. Fort in-8 de 382 pp., broché.<br />
950 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 13 exemplaires sur Japon (après 1 exemplaire d’auteur sur<br />
Chine).<br />
Représentée pour la première fois le 17 janvier 1899 au Théâtre des Nouveautés, le<br />
succès et l’avenir de cette pièce lui confèrent une place centrale dans l’oeuvre de Feydeau.<br />
Le motif est simple au possible : entraîné par un ami, un homme peu habitué à l’alcool<br />
passe sa nuit à boire, se préparant un lendemain douloureux où il devra résoudre les problèmes<br />
qu’il s’est lui-même crée. La réception par la critique de l’époque fut élogieuse<br />
d’un bout àl’autre : Catulle-Mendès, qui systématiquement déplorait les farces où il<br />
jugeait que l’auteur gâchait son talent, baisse les armes : “ Pas moyen d’avoir raison<br />
contre quelqu’un qui vous fait pouffer !”.<br />
Surdimensionnée en tout, vingt-neuf personnages en scène pendant trois heures, La<br />
Dame de chez Maxim’s regorge de procédés comiques si variés qu’ils constituent à eux<br />
seuls une somme. La consécration définitive viendra en 1981 avec l’inscription de la pièce<br />
au répertoire de la Comédie Française.<br />
Très rare en grand papier.<br />
104 Georges Feydeau. Mais n’te promène donc pas toute nue ! Paris, <strong>Librairie</strong><br />
Théâtrale Artistique & Littéraire, 1911. In-12 de 78 pp., broché.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 13 exemplaires sur Japon (après 1 exemplaire d’auteur sur<br />
Chine).<br />
Georges Feydeau n’hésitait pas à écrire les dernières répliques de ses pièces au beau<br />
milieu des répétitions ; on montait donc souvent une oeuvre en cours. C’est ainsi qu’en<br />
septembre 1910, toute la troupe du Théâtre des Nouveautés attendit en vain que l’auteur<br />
mette un point final à son vaudeville : Cent millions qui tombent. Mais celui-ci<br />
commença par abandonner son oeuvre rétive pour composer une farce conjugale en un<br />
acte : Mais n’te promène doc pas toute nue !. Créée le 25 novembre 1911 au Théâtre<br />
Fémina, la pièce connaîtra un véritable triomphe. Dans Coemedia, Léon Blum se montrait<br />
stupéfait par “la quantité d’effets de dialogue” que l’auteur pouvait tirer d’une que-
106<br />
105<br />
relle conjugale et du “nombre d’effets de situation que [pouvait] lui fournir une femme<br />
qui se promène dans un appartement vêtue d’une chemise de nuit et d’un chapeau”. Cette<br />
satire des moeurs parlementaires de la IIIème République (la carrière d’un député mise en<br />
péril par le comportement de son épouse) entrera au répertoire de la Comédie Française<br />
le 29 Aavril 1971. Encore une consécration...<br />
105 Georges Feydeau. La Main passe. Pièce en quatre actes. Avec la mise en scène<br />
complète et conforme à la représentation. Paris, <strong>Librairie</strong> Théâtrale, 1907. In-8,<br />
broché.<br />
950 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 12 exemplaires numérotés sur Japon (après 1 exemplaire<br />
d’auteur sur Chine).<br />
Pièce représentée pour la première fois le 1 er mars 1904 au Théâtre des Nouveautés.<br />
Tout en s’inscrivant dans la lignée des grands vaudevilles comme Le Dindon ou La<br />
Dame de chez Maxim, cette pièce se distingue par la présence d’un quatrième acte et<br />
par une place plus grande donnée à la comédie de moeurs, à l’observation psychologique<br />
et aux éléments humains plutôt qu’aux artifices de la dramaturgie.<br />
Précurseur des comédies courtes et cinglantes de la fin de la vie de l’auteur, La Main<br />
Passe est sans doute la pièce où il se rapproche le plus de son contemporain Tchekhov,<br />
à la fois dans la forme - cette forme un peu hybride en quatre actes - et dans le fond - ce<br />
regard impitoyable mais amusé sur les faiblesses humaines.<br />
106 Sigmund Freud. Totem et Tabou. Interprétation par la psychanalyse de la vie<br />
sociale des peuples primitifs. Paris, Payot, 1925. In-8 broché de 221 pp.<br />
120 €<br />
Sur fond d'inceste et de parricide, Freud tente d'étayer une « hypothèse » (c'est ainsi<br />
qu'il la définira rétrospectivement), partant du postulat que la Culture ne peut voir le<br />
jour que sous les auspices du meurtre et de l'inceste. Illustrant alors son propos par la<br />
représentation d'une scène primitive, originelle, voyant le père tout puissant dévoré par<br />
ses propres fils (et peu après rongés par la culpabilité). Ainsi, Freud entend étendre ses<br />
concepts psychanalytiques à l'aune de l'Humanité toute entière. Ce texte est d'ailleurs<br />
l'un des rares de l’auteur à considérer le collectif. Empruntant à l'anthropologie, à la linguistique<br />
et à l'observation clinique, on peut, a posteriori, considérer cette œuvre comme<br />
fondatrice de l'ethnopsychiatrie ; œuvre au cœur de laquelle s'affronte et s'oppose normalité<br />
et pathologie, individualisme et collectivisme, mythes et fantasmes, attraction et<br />
répulsion. Majeur.<br />
107 Sigmund Freud. Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. Paris, <strong>Librairie</strong><br />
Gallimard, 1927. In-12, broché.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française. Un des 60 exemplaires sur pur-fil (seul<br />
grand papier).<br />
Premier titre traduit par Marie Bonaparte.<br />
Un des textes dont Freud était le plus fier. Cet essai se propose d'élucider quelques unes<br />
des énigmes de la vie et de l'oeuvre du grand créateur (dont le fameux sourire de La<br />
Joconde) et constitue une sorte de prototype de ce qui deviendra au fil des ans la psychobiographie.<br />
Malheureusement, Meyer Shapiro sonna le glas des élaborations de Freud<br />
dans un texte paru au cours des années cinquante dans lequel il relève un certain nombre<br />
d'erreurs fondamentales dans les données utilisées par Freud.<br />
Néanmoins, le texte demeure fondamental pour qui s'intéresse à la question de la sublimation<br />
et de la créativité ; y apparaît aussi pour la première fois le concept de narcissisme<br />
qui sera l'un des principaux leviers précipitant la grande révision théorique des<br />
années vingt.<br />
Dos passé comme toujours pour les titres de cette collection sous la fragile couverture bleue.<br />
108 Serge Gainsbourg. Au pays des malices. Paris, Le Temps Singulier, 1980. In-<br />
12 de 336 pp. et 6 ff., broché.<br />
280 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé.
111<br />
112<br />
113<br />
114<br />
111 Federico Garcia Lorca. Ode à Salvador Dalì. Paris, G.L.M., 1938. In-8, broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française (avec texte espagnol en regard), imprimée<br />
à 5<strong>15</strong> exemplaires.<br />
Ce poème chante bien sûr la peinture de Salvador Dalì. «En prenant ta palette, dont<br />
l'aile est trouée d'un coup de feu, tu demandes la lumière qui anime la coupe renversée<br />
de l'olivier », mais aussi l'amitié qui unissait les deux hommes, « Mais avant tout je<br />
chante une pensée commune qui nous unit aux heures obscures et dorées. L'art, sa lumière<br />
ne gâche pas nos yeux. C'est l'amour, l'amitié, l'escrime qui nous aveuglent ».<br />
Ce que rappelle l'émouvante photographie de 1927 placée en frontispice. « Je ne loue pas<br />
ton imparfait pinceau adolescent » : Dalì, dont la technique a toujours été reconnue,<br />
tiqua-t-il sur la première partie de ce vers ? Le cas échéant, on peut penser que la suite le<br />
rassura : « mais je chante la parfaite direction de tes flèches ». Ce texte est présenté en<br />
version bilingue, celle en français ayant été établie par Paul Eluard et Louis Parrot.<br />
En dépit d'un tirage à 5<strong>15</strong> exemplaires, cette plaquette se rencontre rarement.<br />
Bel exemplaire, parfait état.<br />
112 [Herman, ill. par]. Federico Garcia Lorca. Poèmes sur la nature. Paris, chez<br />
l’auteur, Herman, 1965. In-8 à l'italienne, en feuilles, sous emboitage et chemise plein<br />
veau souple.<br />
600 €<br />
ÉDITION ORIGINALE COLLECTIVE et première édition illustrée.<br />
Tirage limité à 220 exemplaires, celui-ci <strong>n°</strong> 3 sur vélin pur fil Arches (second papier).<br />
Texte en francais et espagnol ; le recueil comprend notamment Este es el prologo, Idilio,<br />
ritmo de otono... Il est illustré de 7 belles eaux-fortes originales de Herman, à toutes<br />
marges, sous serpente.<br />
Parfait état.<br />
113 Romain Gary. Lady L. Paris, Gallimard, 1963. In-12, broché.<br />
230 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 80 exemplaires sur vélin pur-fil (après 20 ex. sur hollande).<br />
Romain Gary savait plusieurs langues : le russe, le français, l'anglais... C'est en<br />
anglais, alors qu'il était consul de France à Los Angeles, qu'il a écrit Lady L, inspiré par<br />
sa première femme anglaise. Rentré en France, en compagnie de sa nouvelle femme, Jean<br />
Seberg, Gary décide de faire traduire Lady L en vue d'une publication de la version<br />
française par la N.R.F.<br />
“ Votre Lady L., c'est très fort ! Au point que certains disent que "vous y allez fort".<br />
Quant à moi, j'y vois, porté par un magnifique talent, un prodige d'humour et de désinvolture.<br />
Quelle chance est la vôtre qu'il y ait les Anglais ! Mais, cette chance, comme<br />
vous la méritez ! “ C’est signé, fichtre, Charles de Gaulle ( in Lettres, notes et carnets).<br />
114 Romain Gary. La Promesse de l’aube. Paris, Gallimard, (1960). In-8 broché de<br />
374 pp.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 80 exemplaires sur vélin pur-fil Lafuma (après 20 ex. sur Hollande).<br />
"C'est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l'endroit<br />
même où je suis tombé. La brume matinale adoucit les choses ; àl'horizon, pas un mât ;<br />
sur un rocher devant moi, des milliers d'oiseaux ; sur un autre, une famille de phoques :<br />
le père émerge inlassablement des flots, un poisson dans la gueule, luisant et dévoué."<br />
Un grand roman de Gary, dans un récit (presque) autobiographique d'une double promesse<br />
: celle faite par la vie au narrateur, avec l'immense amour maternel donné au seuil<br />
de l'existence, et celui du narrateur à sa mère, d'être à la hauteur de ses espoirs fous à son<br />
sujet.<br />
Bel exemplaire. Rare.
1<strong>15</strong><br />
116<br />
118<br />
1<strong>15</strong> Romain Gary. Vie et mort d’Emile Ajar. Paris, Gallimard, 1981. In-12 de 42<br />
pp., broché.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 20 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Dernier livre de Romain Gary, qui paraît posthume, ce livre-testament confesse, si<br />
besoin était, que Gary était aussi Ajar, pourquoi, et comment ; c’est aussi un essai sur<br />
la littérature et son devenir : “ j'ai donc pleinement conscience que ces pages paraîtront<br />
sans doute dérisoires au moment de leur publication, car, que je le veuille<br />
ou non, puisque je m'explique ici devant la postérité, je présume forcément que<br />
celle-ci accordera encore quelque importance à mes oeuvres et, parmi celles-ci,<br />
aux quatre romans que j'ai écrits sous le pseudonyme d'Emile Ajar".<br />
Bel exemplaire, parfait état neuf.<br />
116 André Gide. Les Nourritures terrestres. Paris, Mercure de France, 1897. In-12,<br />
demi-maroquin grenat à coins, plats de papier marbré serti d'un filet doré, dos à nerfs et<br />
caissons fleuronnés dorés avec fleurettes mosaïquées en vert, tête dorée, couv. et dos cons.<br />
(Maylander).<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE d'un des chef-d'oeuvres de Gide, sur papier ordinaire (il n'a été tiré<br />
que <strong>15</strong> exemplaires numérotés).<br />
Parce qu'il arrivait à contre-courant, ne relevait d'aucun genre et se passait ouvertement<br />
d'étiquette, ce livre découragea. Seuls à estimer ce lyrique « manuel d'éducation », Paul<br />
Valéry et un jeune homme, chroniqueur à L'Ermitage : Henri Ghéon.<br />
Mais dans le cercle des amis d'André Gide et jusqu'à sa famille, ces Nourritures par<br />
trop terrestres choquèrent ; dans la préface de la seconde édition, l'auteur médite cet<br />
accueil :<br />
« Quand ont paru mes Nourritures, on était en plein Symbolisme ; j'ai cru que l'art courait<br />
de grands risques à se séparer ainsi résolument du naturel et de la vie. » Plus loin<br />
encore, il reprend ceux qui n'y ont vu qu'une « glorification du désir et des instincts : «<br />
Pour moi, lorsque je le rouvre, c'est plus encore une apologie du dénuement, que j'y vois.<br />
» Que l'on se rappelle en effet des formules fameuses comme : "Nathanaël, je t'enseignerai<br />
la ferveur", ou bien: "Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée",<br />
ou encore: "Non point la sympathie, Nathanaël, -l' amour", et on s'apercevra que<br />
Gide met constamment l'accent sur la nécessité de l' effort personnel, sur le don total de<br />
soi. L' émerveillement panthéistique qui est exalté ici, ne va pas sans, ce dépouillement,<br />
sans cet abandon de tout confort matériel, moral ou intellectuel, qui rappellent les préceptes<br />
du Zarathoustra de Nietzsche.<br />
Enrichi du <strong>catalogue</strong> du Mercure, 4 pp. sur papier saumon (non signalé par Naville). Très bel exemplaire, malgré<br />
un dos légèrement passé. Exemplaire de choix.<br />
118 André Gide. Lettres à Angèle. Paris, Mercure de France, 1900. In-12, demimaroquin<br />
marron à petits coins, dos lisse orné de filets au palladium, couv. cons. (Rel.<br />
signée de Schlissinger).<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE, imprimée à 300 exemplaires sur Hollande.<br />
Envoi signé :<br />
“ à Charles Lacoste, affectueusement, André Gide “.<br />
Né à Floirac en Gironde, ami d’enfance d’Odilon Redon, le peintre Charles Lacoste<br />
fréquente Francis Jammes au Grand Lycée de Bordeaux. Un télégramme signé à<br />
Florent Schmitt, compositeur lyrique, est relié en fin d’ouvrage : « viendrai causer avec<br />
vous demain matin, André Gide», daté d’Argelès, août 1909, sans doute adressé à<br />
Schmitt dans sa retraite pyrénéenne d'Artiguémy. Florent Schmitt composera, dix ans<br />
plus tard, la musique de scène d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare dans la traduction<br />
de Gide, avec Ida Rubinstein dans le rôle-titre. Personnalité riche aux facettes<br />
multiples, Florent Schmitt fut l'un des fondateurs, en 1909, de la Société musicale indépendante,<br />
avec Maurice Ravel et Gabriel Fauré.<br />
Quelques défauts aux couvertures, sinon bel exemplaire, non rogné.
119<br />
120<br />
121<br />
122<br />
119 André Gide. Les Caves du Vatican. Paris, N.R.F., 1914. 2 vol. in-8, brochés.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 500 exemplaires de tête sur Arches, avec un portrait-frontispice<br />
de Laurens.<br />
L'un des livres les plus célèbres de Gide fut aussi l'un de ceux qui lui coûta le plus à écrire.<br />
Son projet remontait à 1893, des indications sur les personnages commencent à apparaître<br />
dans le Journal dès 1905 et Gide en commence la rédaction en 1911. Le travail<br />
avance difficilement comme l'atteste le brouillon extrêmement raturé. Enfin, le 24 <strong>juin</strong><br />
1913, l'auteur confie à son Journal : « Achever hier les Caves. Sans doute, il me restera<br />
beaucoup à reprendre encore après que je l'aurai donné à lire à Copeau et sur les<br />
épreuves. Curieux livre ; mais je commence à en avoir plein le dos et par-dessus la tête.<br />
Je ne me persuade pas encore qu'il est fini, et j'ai du mal à m'arrêter d'y songer. » En<br />
effet, après avoir rendu sa copie, il doit s'y atteler à nouveau. Copeau a lu. Lu et corrigé.<br />
Pendant l'été de 1914, Gide se plaint : « Mes heures les meilleures, je les emploie à<br />
mettre au point les passages des Caves dont Copeau ne s'est pas montré satisfait ; j'y ai<br />
beaucoup de mal et n'y parviens qu'avec un énervement sans nom. » Le résultat sera à<br />
la hauteur de l'effort fourni.<br />
Pour la trame de son récit, Gide était parti d'un fait divers sordide, une sombre histoire<br />
d'escroquerie qui en 1892 défraya un temps la chronique. A Lyon, des escrocs avaient fait<br />
croire à des gens trop crédules, et pour leur soutirer quelque argent, que le pape Léon<br />
XIII était retenu prisonnier par des cardinaux francs-maçons dans les caves du Vatican.<br />
De cette invraisemblable aventure, Gide avait gardé dans ses documents des articles de<br />
journaux et des affiches ; il ne lui restait qu'à écrire. On en a surtout retenu le fameux<br />
«acte gratuit» dont Gide a dû se défendre d'avoir voulu faire l'apologie: «Mais non, je<br />
ne crois pas, pas du tout, à un acte gratuit. Même, je tiens celui-ci pour parfaitement<br />
impossible à concevoir, à imaginer».<br />
Très bel exemplaire.<br />
120 André Gide. Le Prométhée mal enchaîné. Paris, Editions de la Nouvelle<br />
Revue Française, 1920. Petit in-4 non paginé, demi-percaline bleue, dos lisse, pièce de<br />
titre havane, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Rel. signée Stroobants).<br />
300 €<br />
PREMIÈRE ÉDITION ILLUSTRÉE. Un des 750 exemplaires de tête sur vélin (<strong>n°</strong> 249).<br />
Trente compositions de Pierre Bonnard in et hors-texte.<br />
121 André Gide. La Tentative amoureuse ou le traité du Vain désir. Paris,<br />
Editions de la Nouvelle Revue française, 1921. Pet. in-4 de 40 pp., broché.<br />
500 €<br />
PREMIERE EDITION ILLUSTRÉE, imprimée à 412 exemplaires, tous sur papier Lafuma-<br />
Navarre .<br />
Illustré de neuf aquarelles de Marie Laurencin, gravés sur bois en couleurs par Jules<br />
Germain et L. Petitbarat.<br />
Ce livre, annonce Gide, est celui de « nos plaintifs désirs, le souhait d'autres vies à jamais<br />
défendues, de tous les gestes impossibles (...) ». Certains, comme ici l'auteur, ont rejoint<br />
leur désir et par là même s'en sont délesté : « Ici, j'écris un rêve qui dérangeait par trop<br />
ma pensée et réclamait une existence. » Cet exutoire est celui du jeune Gide. Il a vingtquatre<br />
ans lorsqu'il l'écrit. Les Nourritures terrestres sont à venir...<br />
Pour la première édition illustrée de ce livre, Gide demanda le concours de Marie<br />
Laurencin qui rentrait en France après plusieurs années d'exil. Devenue allemande par<br />
son mariage avec le baron Otto von Wätjen en <strong>juin</strong> 1914, elle avait en effet vécue la<br />
période de la guerre en Espagne. De retour à Paris, elle divorça la même année que cette<br />
publication et commença sa collaboration avec les Ballets russes.<br />
Bel exemplaire.<br />
122 André Gide. Les Faux-monnayeurs. Paris, Gallimard, 1925. In-12 de 503 pp.,<br />
broché..<br />
320 €<br />
EDITION ORIGINALE.
123<br />
124<br />
125<br />
Un des exemplaires sur vélin pur-fil (<strong>n°</strong> 87, seul papier avec les réimposés).<br />
« [...] Je devrais à présent m'attaquer aux Faux-Monnayeurs, mais par timidité, par<br />
indolence, par lâcheté, je souris à toutes les distractions qui se proposent et ne sais comment<br />
étreindre mon sujet (...). J'écris, sans presque aucune peine, deux pages du dialogue<br />
par quoi je pense ouvrir mon roman. Mais je ne serai satisfait que si je parviens à m'écarter<br />
du réalisme plus encore. L'important c'est de m'habituer à vivre avec mes personnages.<br />
» (Cuverville, 3 octobre 1921).<br />
Gide met un point final au manuscrit le 8 <strong>juin</strong> 1925. Presque quatre ans de travail pour<br />
son unique roman et l'une des merveilles de la littérature française du XXème siècle. Sur<br />
la forme, les Faux-monnayeurs en appelle au procédé de mise an abyme. L'expression,<br />
avec cette graphie particulière, est inventée par Gide, qui la cite dès 1893. Paludes, en<br />
1895, en donna déjà une première ébauche : ici, le roman dans le roman, "le roman se<br />
regardant en train de se faire" (Sarraute), un roman qui contient toute l'histoire du<br />
roman - roman d'apprentissage, roman-feuilleton ou encore roman policier et roman<br />
d'idées. Attention chef-d'œuvre.<br />
123 André Gide. Journal des Faux-monnayeurs. Paris, Eos 1926. In-8 carré de 143<br />
pp. et 3 ff., broché.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 25 exemplaires sur Hollande (tirage de tête après l’exemplaire <strong>n°</strong>1 sur Japon).<br />
Complément indispensable des Faux-monnayeurs.<br />
C'est à ce Journal que les commentateurs doivent d'avoir pu découvrir l'architecture du<br />
roman des Faux-Monnayeurs, sa genèse et son intention. Gide annexa même à ce document<br />
les coupures de presse qui lui inspirèrent son histoire : un trafic de fausse monnaie<br />
rapporté dans le Journal de Rouen en septembre 1906, une autre affaire de faux-monnayeurs<br />
anarchistes l'année suivante puis, toujours dans le même quotidien, le scandale<br />
des collégiens qui se suicidèrent à Clermont-Ferrand. « On peut considérer ce petit livre,<br />
écrira Albert Thibaudet dans son compte-rendu, comme un dialogue sur le roman, ou<br />
plutôt un monologue où Gide est capable de faire plusieurs personnages. »<br />
Bel exemplaire, rare sur ce papier.<br />
124 Jean Giono. Colline. Paris, Bernard Grasset, 1929. In-12 de 210 pp., broché, sous<br />
double couverture.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des dix-sept exemplaires sur papier de Hollande (tirage de tête).<br />
Exemplaire signé par Jean Giono au faux-titre.<br />
Ce roman, qui forme avec Un de Baumugnes et Regain la trilogie de Pan, élève le récit<br />
à la hauteur du mythe, en exaltant les forces puissantes, exemptes de manichéisme, de la<br />
Nature, et en décrivant les accords secrets qui s'établissent avec les hommes, ceux d'un<br />
maigre hameau de la Provence sauvage, dans les monts de Lure. Avec ce texte bref, Jean<br />
Giono, inspiré, fait son entrée en littérature avec un chef-d'oeuvre, qui, d'emblée, l'amène<br />
à une reconnaissance bien au-delà des limites «régionalistes.»<br />
Bel exemplaire.<br />
125 Jean Giono. Regain. Paris, Grasset, 1930. In-12 de 240 pp. et 2 ff., broché.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 66 exemplaires sur vélin pur-fil (après 8 exemplaires sur<br />
Japon et 24 sur Arches).<br />
« (...) Comme pour Colline, j'ai les personnages sous les yeux », confie l'auteur à son<br />
ami Louis Brun tandis qu'il travaille à ce livre. Non seulement les hommes mais aussi<br />
les paysages. Redortiers, rebaptisé Aubignane, appartient à ces villages provençaux abandonnés<br />
et à demi en ruine qui le fascinent. Il l'a visité à deux reprises, avant et après la<br />
première guerre mondiale et noté son triste dépeuplement. Il s'en souviendra ici : «<br />
Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; et c'est<br />
vrai, c'est là qu'ils ne sont plus que trois », Panturle, la Mamèche et Gaubert le forgeron,<br />
dont le départ au début du récit finit de rendre le hameau désolé.
130<br />
131<br />
126<br />
Dans sa Présentation de Pan, trilogie où doit s'insérer Regain, Giono prévoyait : « Il<br />
faudra que je parle de celui-là qui était tout seul, au fond du plateau et puis qui a acheté<br />
une femme avec les soixante francs d'un âne et qui, de ça, a fait revivre toute sa terre, et<br />
qu'une herbe nouvelle a poussé et qu'on a pu faucher le regain. » Ce fut chose faite. «<br />
Celui-là » bien sûr c'est Panturle qui achètera la pauvre Arsule au rémouleur<br />
Gédémus...Un des plus beaux romans de Giono.<br />
126 Jean Giraudoux. Amphitryon 38. Paris, Bernard Grasset, 1929. In-12 de 232<br />
pp. et 3 ff., maroquin rouge, dos lisse, titre doré, fer doré reproduisant la signature de<br />
Giraudoux sur le plat, double couv. et dos cons. (Reliure signée de ).<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires de tête sur Madagascar, celui-ci hors-justification<br />
(62 exemplaires), avec note autographe de Bernard Grasset :<br />
“ exemplaire d’archives 1/3 , Bernard Grasset “.<br />
Louis Jouvet, se chargea en 1929 de la première d'Amphitryon 38, la pièce la plus<br />
célèbre de Giraudoux. Cette pièce de théâtre était loin d'être la première ayant pour objet<br />
le personnage mythologique d'Amphitryon - époux d'Alcmène, qui a avec Zeus une<br />
liaison dont Hercule est le fruit. Des auteurs célèbres tels que Plaute, Molière, Dryden<br />
et Heinrich von Kleist précédèrent Giraudoux, raison pour laquelle il lui accola le<br />
numéro 38...<br />
De la bibliothèque Jacques Lorcey, avec ex-libris.<br />
130 Julien Gracq. André Breton. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1948. In-12, broché.<br />
1800 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 50 exemplaires sur pur-fil (seul papier après 20 exemplaires<br />
sur vélin).<br />
Cet essai que Julien Gracq publie au début de 1948 a été écrit en quelques mois, dans<br />
un élan d’admiration et de sympathie. Il a une pleine valeur d’engagement, au moment<br />
où Breton, très isolé à son retour en France, s’efforce de relancer le mouvement surréaliste.<br />
Le groupe est d’ailleurs évoqué, mais en tant que «milieu», comme un ensemble peu<br />
différencié : pas une ligne pour Aragon et Éluard, Artaud, Desnos ou Max Ernst. Il<br />
néglige les débats internes et externes qui font la trame de l’histoire du surréalisme et<br />
s’attache à « l’action par la plume “, que caractérise selon lui au mieux André Breton.<br />
Juste retour des choses envers celui qui, quelques années auparavant, avait placé Gracq<br />
dans ses malles d’ouvrages d’île déserte :<br />
“ Je ne pouvais faire moins que d'emporter Lautrémont qui depuis vingt ans a été de<br />
tous mes voyages... Puis les deux ouvrages qui consacrent pour moi jusqu'à ce jour l'expression<br />
la plus évoluée en vers ou en prose : Je sublime de Benjamin Péret et Au<br />
Château d'Argol de Julien Gracq (...).» (Réponse au questionnaire sur les écrivains<br />
mobilisés : quels livres avez-vous emportés ?, février 1940).<br />
Célèbre portrait d’André Breton en frontispice, par Hans Bellmer.<br />
Parfait état ; rare.<br />
131 Julien Gracq. Lettrines 2. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1974. In-12, broché.<br />
3000 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 50 exemplaires sur Hollande (<strong>n°</strong> 31, tirage de tête).<br />
Lettrines II paraît en 1974. Un matériau du même genre s’y trouve distribué en<br />
rubriques, discrètement intitulées «Chemins et rues», «Littérature»: c’est l’indice d’une<br />
recomposition de l’œuvre, où bientôt vont émerger des livres d’un type nouveau, comme<br />
Les Eaux étroites (dont les éléments proviennent de ces mêmes cahiers) et La Forme<br />
d’une ville.<br />
La tonalité du livre est donnée par la section centrale, Distances : il y sera question de<br />
proches de l’auteur : une grand-tante, une voisine, préludant à l’évocation du père dans<br />
un texte d’une beauté singulière, où tous les liens affectifs sont recréés par la médiation
132<br />
133<br />
134<br />
naturelle, mais exclusive, de la «poésie qui monte de la Terre». La vieillesse ferme des<br />
portes, mais elle offre le meilleur des points de vue sur les chemins déjà parcourus : cantonnements,<br />
chemins de Basse-Normandie pendant la guerre, route des Landes.<br />
L’éventail des lieux s’ouvre jusqu’à offrir une carte de la France gracquienne, avec ses<br />
points d’attraction (l’Aubrac, le Raz, la vallée du Rhône ou du Roussillon...).<br />
Les pages consacrées à l’Amérique, que Gracq découvre en 1970, frappent par la perméabilité<br />
avec laquelle le texte accueille toutes sortes de mots indigènes, mais elles rendent<br />
un son plus sec parce qu’il leur manque l’accompagnement de livres aimés ; le roman<br />
américain brille par son absence - hormis Lovecraft, qui est encore un ressortissant de<br />
l’Europe gothique, un Edgar Poe mineur. Des notes très variées (on songe à Valéry) sur<br />
la littérature, ressortent celles qui s’apparentent au récit autobiographique : l’apprentissage<br />
de la poésie au lycée, et surtout une histoire d’amour avec un livre, Le Rouge et le<br />
Noir.<br />
On y perçoit nettement la relation que Gracq entretient avec les livres : plus qu’un<br />
simple environnement, c’est un milieu incubateur qu’il y trouve, et ce milieu s’ouvre de<br />
toutes parts sur l’expérience et sur le monde.<br />
Exemplaire parfait.<br />
132 Julien Gracq. La Forme d’une ville. Paris, <strong>Librairie</strong> José Corti, 1985. In-12,<br />
broché, chemise-étui.<br />
2000 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 125 exemplaires de tête sur papier Rhapsodie d'Arjomari.<br />
Paru en 1985, le livre le plus original de la production tardive de Gracq est consacré à<br />
Nantes.<br />
Il commence par une citation de Baudelaire qu’il reprend et détourne: «La Forme d’une<br />
ville, on le sait, change plus vite que le cœur d’un mortel.» Dans cette ville que continuent<br />
de hanter Jacques Vaché et André Breton, et derrière eux Rimbaud, dont<br />
Breton avait éprouvé dans le parc de Procé l’emprise imaginaire, il semble que pour<br />
Gracq rien n’aura eu lieu : pas un souvenir au sens commun du terme, pas une rencontre,<br />
exception faite de circonstances où il déchiffre après coup son propre paysage mental.<br />
La coïncidence met alors le temps en court-circuit dans une attitude convulsive : «Je<br />
suis resté l’enfant collé à la vitre du wagon...».<br />
En dépit de ces multiples prises, la ville demeure un être de fuite, infidèle à soi-même ;<br />
c’est ce qui fait le charme de Nantes : «Ni tout à fait terrestre, ni tout à fait maritime : ni<br />
chair, ni poisson - juste ce qu’il faut pour faire une sirène.» Splendide texte.<br />
Bandeau éditeur à parution conservé ; exemplaire parfait, non coupé.<br />
133 Julien Gracq. Entretiens. S.l., José Corti, 2002. Fort in-12 broché de 303 pp.., broché.<br />
600 €<br />
ÉDITION ORIGINALE. Un des 135 exemplaires sur vergé (seul grand papier).<br />
" Ces entretiens s'échelonnent sur plus de 30 ans puisque le premier avec J.L. de<br />
Rambures date de 1970 et le dernier, avec Bernhild Boie de 2001 (...) Julien<br />
Gracq s'exprime sur les sujets les plus divers :(...) sa façon d'écrire, son esthétique,<br />
sa rencontre avec André Breton et le surréalisme (...) et sur certains des<br />
grands événements du siècle comme sur les paysages, l'histoire, la politique, le<br />
rôle de la critique. Que Julien Gracq se soit très rarement prêté au jeu de l'interview<br />
rend ce choix d'autant plus marquant, d'autant plus significatif. " (avertissement<br />
de l’éditeur).<br />
Parfait état, non coupé.<br />
134 Julien Gracq. Lettre autographe signée [à Ken Ritter et Lydie Lachenal]. 1 p.<br />
in-12, avril 1994, enveloppe conservée.<br />
300 €<br />
Julien Gracq remercie Ken Ritter de l’envoi d’un ouvrage de Philippe Soupault, “ un<br />
poète que j’ai un peu conu (trop peu) à la fin de sa vie, et dont je me réjouit de voir l’intérêt<br />
grandissant qu’il éveille maintenant, à si bon droit.. “.
138<br />
135<br />
136<br />
137<br />
135 Guillevic. Bel ensemble en tirage de tête, tous en état de neuf absolu, non coupés.<br />
L’ensemble : 1000 €<br />
Le volume : 250 €<br />
a Euclidiennes. Paris, Gallimard, 1967. In-12 de 63 pp. et 5 ff.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur vélin.<br />
Rare en grand papier ; un des textes de poèmes les plus r recherchés de Guillevic.<br />
b Ville. Paris, Gallimard, 1969. In-8 de 145 pp. et 6 ff.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur vélin.<br />
c Inclus. S.l.n.d., Gallimard, (1973). In-8 broché de 241 pp.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> exemplaires de tête sur Lafuma.<br />
d Du Domaine. Poème. Paris, Gallimard, (1977). In-8 broché de <strong>15</strong>3 pp.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires de tête sur Arches.<br />
e Requis. Poème. 1977-1982. Paris, Gallimard, (1977). In-8 broché de <strong>15</strong>3 pp.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 17 exemplaires de tête sur Arches.<br />
136 Sacha Guitry. Quatre ans d’occupation. Soixante jours de prison. Paris,<br />
L’Elan, 1947-1949. Trois vol. in-8, brochés.<br />
350 €<br />
EDITIONS ORIGINALES. Un des 75 exemplaires h.-c. sur Lafuma pour Soixante jours de<br />
prison (tirage de tête avec 75 exemplaires sur Rives signés par l’auteur), augmentée de<br />
la suite à part des dessins du texte, sous chemise .<br />
Le premier volume est en premier tirage, avec un envoi signé :<br />
“ pour le docteur E.R. Wertheimer, avec tous mes voeux de bonheur, Sacha Guitry “.<br />
Egon Ranshofen-Wertheimer était historien, écrivain et diplomate. Il travailla de<br />
longues années au Secrétariat Général de l’O.N.U. à New-York.<br />
Bel exemplaire.<br />
137 Ernest Hemingway. L’Adieu aux armes. Paris, N.R.F. , 1931. In-12 de 382 pp.,<br />
demi-maroquin rouge, dos lisse, titre doré, couv. cons.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction française. Un des 180 exemplaires h.-commerce sur<br />
alfa de presse (tirage de tête).<br />
Blessé sur le front italien, Ernest Hemingway est transféré à l'hôpital de Milan, où il<br />
tombe amoureux d'une jeune infirmière anglaise, Margaret Jenkinson. C'est de ce point<br />
biographique que naît l'idée de L'adieu aux armes, publié en 1929, et premier roman<br />
d'Hemingway. «Je ne dis rien. J'ai toujours été embarrassé par les mots : sacré, glorieux,<br />
sacrifice, et par l'expression «en vain» (...) Je n'avais rien vu de sacré, et ce qu'on appelait<br />
glorieux n'avait pas de gloire, et les sacrifices ressemblaient aux abattoirs de Chicago<br />
avec cette différence que la viande ne servait qu'à être enterrée».<br />
Admirable préface de Pierre Drieu la Rochelle.<br />
138 Eugène Ionesco. Le Roi se meurt. Paris, Gallimard, “le manteau d’Arlequin”,<br />
1963. In-12, broché.<br />
120 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Envoi autographe :<br />
“ pour monsieur Dupouey, avec l’hommage de l’auteur, Eug. Ionesco “.<br />
« Pourquoi suis-je né si ce n'est pour toujours ? » Ionesco le confia plus d'une fois : la<br />
mort hantait sa vie. Quelques mots dans ses Notes sur le théâtre suffisent : « J'écris<br />
pour crier ma peur de mourir, mon humiliation de mourir. »
139<br />
140<br />
141<br />
142<br />
Cette angoisse révoltée se cristallisa dans une pièce en particulier, Le roi se meurt.<br />
L'œuvre fut brève à écrire mais interminable à mûrir. Jacques Mauclair, prêt à diriger<br />
un théâtre dans le seul but de monter la nouvelle oeuvre de Ionesco, attendit sept ans.<br />
L'année où les choses se concrétisent il reçoit, à deux mois de la première, un billet de<br />
l'auteur : « Je ferme le téléphone, je m'enferme et je travaille. Ne m'appelez pas et laissez-moi<br />
faire. (…) C'est la pièce la plus pénible à écrire. J'en viendrai à bout. »<br />
Promesse tenue ; la pièce fut créée le <strong>15</strong> décembre 1962 au théâtre de l'Alliance française,<br />
à Paris.<br />
139 [Jack Kerouac]. Victor-Lévy Beaulieu. Jack Kerouac. S.l. [Paris], Editions de<br />
L'Herne / Coll. “Les Livres Noirs”, s.d. [1973]. In-8 de 235 pp., broché.<br />
120 €<br />
EDITION ORIGINALE du classique et meilleur ouvrage consacré à Kerouac.<br />
Abondante iconographie hors-texte.<br />
140 Joseph Kessel. Les Coeurs Purs. Paris, Editions de la Nouvelle Revue<br />
Française, 1927. In-8, broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE COLLECTIVE. Un des 110 réimposés in-4 (tirage de tête).<br />
Quatre mois après le retentissant succès des Captifs, la NRF réclamait un nouveau titre<br />
au très sollicité Joseph Kessel. En effet, depuis son entrée dans la maison, l’auteur avait<br />
multiplié les succès et cela chez plusieurs éditeurs. Kessel réunit ici trois nouvelles mises<br />
sous le signe maudit de l’ataman Batka Makhno. Ex-bolchevik devenu bandit et responsable<br />
de pogromes en Ukraine, dénoncé en son temps par Kessel, Makhno était<br />
depuis réfugié à Paris et se répandait en injures sur le compte de l’écrivain. Ce qui donna<br />
à celui-ci l’idée de ce recueil qu’il préface en expliquant la genèse des textes qu’il forme.<br />
141 Joseph Kessel. Des Hommes. Paris, Gallimard, 1972. Fort in-8 de 319 pp. et 3<br />
ff., broché.<br />
780 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 30 exemplaires num. sur Hollande du tirage de tête.<br />
« En réunissant aujourd'hui ses préfaces, notes, portraits qui jalonnent tant d'années j'ai<br />
voulu simplement dire merci à des hommes dont les oeuvres m'ont rendu la vie plus belle<br />
et m'ont aidé à la vivre mieux. »<br />
Kessel décidait donc au soir de sa vie d'offrir au public une sorte de géographie de ses<br />
fabuleuses rencontres : artistes, hommes d'actions, tziganes, révolutionnaires, pionniers<br />
d'Israël soient quarante-sept portraits qu'il reprit, retravailla encore et qui, réunis sous<br />
ce titre, forment un petit chef-d'oeuvre tant par la qualité du style que par le document<br />
qu'ils représentent. Le succès de librairie fut si colossal, que l'auteur, las de travailler,<br />
reprit goût à l'ouvrage et signa avec les éditions Rombaldi un contrat pour la parution<br />
de ses oeuvres complètes en trente volumes.<br />
Parfait état.<br />
142 Joseph Kessel. Les Maudru. Sans lieu, Julliard, (1945). Petit in-12 de 138 pp.,<br />
broché.<br />
250 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 120 exemplaires de tête sur vélin pur-fil ( <strong>n°</strong> 12).<br />
Frontispice de Jean Reschofsky.<br />
Les revirements de l'Occupation et l'aventure des combattants de la France Libre,<br />
Kessel fut le premier a les décrire dans un roman. Quand il y met un point final, le 16<br />
février 1941, il est conscient qu'un livre à la gloire de la résistance pourrait le conduire<br />
en prison. Il enterre donc les deux exemplaires dactylographiés des Maudru dans le jardin<br />
de sa villa d'Anthéor.<br />
Lui-même fait à présent partie du réseau de combat Carte en zone sud que les Allemands<br />
vont envahir en novembre 1942. Le réseau est en danger et l'on presse Kessel de fuir. Il<br />
récupère alors les deux copies des Maudru, en brûle une ainsi que le manuscrit et confie
145<br />
143<br />
144<br />
146<br />
l'autre à sa mère, lui faisant promettre de la détruire après lecture. « Je les avaient<br />
détruits car ils auraient suffi à me perdre. Et par miracle j'en retrouvais un exemplaire.<br />
Ce miracle était dû au courage et à l'amour de ma mère qui l'avait conservé sans me le<br />
dire, courant tous les risques que cela comportait (...) », se souviendra-t-il.<br />
Le texte sera publié sous la bannière d'un jeune éditeur, René Julliard, avec avance et<br />
promesse d'un tirage de luxe, rare en ces temps de l'immédiate après-guerre. De quoi suffire<br />
de combler les attentes de l'auteur.<br />
143 Rudyard Kipling. [Jean Bruller, illustrations de]. Comédie en marge du<br />
monde. Sans lieu, sans éditeur (Paul Hartmann), 1930. In-4 de 23 pp., broché, couverture<br />
rempliée.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Tirage unique hors-commerce strictement limité à 60 exemplaires, celui-ci nominatif<br />
pour Maurice Forlin.<br />
Belles illustrations de Jean Bruller, en bistre et noir, ainsi qu’une lettrine.<br />
144 Rudyard Kipling. The Second jungle book. London, Macmillan & Co, 1918.<br />
In-12 de 5 ff., 299 pp. et 1 f., basane souple de l’éditeur avec fleuron central doré (l’éléphant<br />
et la swastika), dos lisse richement orné de filets dorés, tête dorée.<br />
450 €<br />
Belle édition du Second livre de la Jungle, abondamment illustrée dans le texte.<br />
Exemplaire signé par Rudyard Kipling au faux-titre.<br />
L'écrivain Henry James écrit à son sujet : "Kipling me touche personnellement, comme<br />
l'homme de génie le plus complet que j'ai jamais connu". En 1907, il est le premier<br />
auteur de langue anglaise à recevoir le Prix Nobel de littérature, et le plus jeune à l'avoir<br />
reçu. Les illustrations sont signées du père de l’auteur.<br />
Rudyard Kipling naît le 30 décembre 1865 à Bombay, fils d'Alice Kipling, née<br />
MacDonald, et de John Lockwood Kipling, sculpteur et professeur à la Jejeebhoy<br />
School of Art and Industry de Bombay ; ses parents venaient à peine d'arriver en Inde,<br />
et s'étaient rencontrés en Angleterre, dans le Staffordshire, près du lac Rudyard - dont<br />
ils donnèrent le nom à leur fils.<br />
145 Heinrich von Kleist. Penthilésée. Traduction de Julien Gracq. Paris, Corti,<br />
1954. In-12 de 122 pp., broché.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction de Julien Gracq.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Pierre Castex / en toute sympathie / Julien Gracq “.<br />
146 Abram Krol. La Fiancée du septième jour. Sans lieu, Caractères, 1955. In-4 à<br />
l’italienne non paginé, en feuilles, sous couverture à rabats rempliés.<br />
240 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteur:<br />
“ à Jean Cayrol. Cette fiancée / d’un temps révolu, en témoignage /<br />
de mes sentiments d’admiration / et d’estime /<br />
Krol / Paris, le 5 juillet 1957 “.<br />
Ouvrage illustré de nombreux et agréables burins et bois gravés à pleine page. Grand<br />
buriniste français, lauréat en 1951 de la bourse de la Fondation Fénéon, Abram Krol a<br />
gravé des centaines d'estampes et illustré de nombreux livres (dont Les Causes célèbres<br />
de Paulhan) avec une unité et une rigueur de style très caractérisée.<br />
Très bel exemplaire.
148<br />
149<br />
<strong>15</strong>0<br />
147<br />
147 [Xavier de Langlais]. Langleiz. Ene al linennoù ar skeudennoù ivez gantan.<br />
[L' âme des lignes]. Brest, Skridoù Breizh, 1942. In-4 de 79 pp., broché.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 200 exemplaires num. sur Alfax-Navarre (deuxième papier après 50 Lafuma,<br />
celui-ci <strong>n°</strong> 101).<br />
Après des études aux écoles des Beaux-Arts de Nantes (1922) et de Paris (1926-1928),<br />
où il profite de ses moments libres pour apprendre seul le breton dans les livres, Xavier<br />
de Langlais se met à illustrer des livres que celui-ci fait éditer. Entretemps 1924, il avait<br />
pris contact avec l'Unvaniezh Seiz Breur, mouvement d'artistes bretons réunis par<br />
Jeanne Malivel et René-Yves Creston. Loin des modes, il se veut artisan, explorant<br />
toutes les techniques : peinture, typographie, gravure, céramique, illustration...<br />
Ene al linennoù ar skeudennoù ivez gantan est un de ses ouvrages les plus remarquables,<br />
où de superbes compositions en noir illustrent le texte placé dans une composition<br />
et typographie des plus originales.<br />
Cat. "Ar Seiz Breur" 2001, pp. <strong>15</strong>7 & 181 avec couv. reproduite ; Bénézit, VI, 431.<br />
148 Valéry Larbaud. Rues et visages de Paris. Liège, A la lampe d’Aladdin, 1927.<br />
Petit in-4 de 31 pp. et 3 ff.<br />
700 €<br />
EDITION EN PARTIE ORIGINALE. Un des 50 exemplaires de tête sur Arches (après un<br />
unique Japon).<br />
Belle eau-forte originale, en frontispice, de Jean Donnay. Elle représente un immeuble<br />
démoli à l'angle de deux rues que l’artiste situe au début de la rue Dauphine à Paris.<br />
Première édition séparée du texte seul : « Qui sait, s'interroge l'auteur, si même les<br />
dernières terrasses des derniers cafés tiendront devant cette marée toujours plus<br />
rapide et plus monotone, et si cette vie de flânerie et d'observation ne se réfugiera<br />
pas, sous une autre, dans les rues plus calmes ? »<br />
Mais près du bois de Boulogne la question ne se pose plus, là, il observe « la foule élégante<br />
du quartier riche » avec « la dame qui marche, par hygiène, en remuant les bras, le jeune<br />
homme à la longue figure de portrait de grande famille » et « la femme en amazone avec<br />
sa jupe drapée sur ses bottes ». A Montmartre, Larbaud cherche à distinguer la nationalité<br />
du « gros homme à figure ronde et à pardessus court » qui vient d'entrer dans un<br />
café, est-il belge, allemand ? Tandis que celui qu'il aperçoit plus loin, « le petit bourgeois<br />
à barbiche, à lorgnon et à ventre, est indiscutablement français ». Enfin, les dernières<br />
pages du livre sont dédiées à la Parisienne, cette « nymphe sortie de la forêt populaire<br />
(comprendre : des faubourgs) mais assez fine pour s'adapter à bien des circonstances que<br />
le mâle, lui, n'accepterait pas », « partout, ajoute Larbaud, dans la foule je retrouve ses<br />
soeurs, sous l'uniforme de ces années ».<br />
Rare sur ce papier ; parfait état.<br />
149 Valéry Larbaud. Léon-Paul Fargue poète. Ed. Dynamo / P. Aelberts, s.d.<br />
(1964). Pet. in-4 de 20 pp., en feuilles.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 100 exemplaires num. sur vélin Van Gelder (tirage de tête, <strong>n°</strong> 28).<br />
<strong>15</strong>0 [Lautréamont]. Valéry Larbaud. Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Ed.<br />
Dynamo / P. Aelberts, s.d. (1957). In-12 carré de 16 pp., cousu.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 40 exemplaires num. sur vélin blanc (tirage de tête, <strong>n°</strong> 30).
<strong>15</strong>4<br />
<strong>15</strong>5<br />
<strong>15</strong>3 Maurice Leblanc. L’Aiguille creuse. Paris, Lafitte, s.d. [1909]. In-12, demi-veau<br />
havane, dos lisse richement orné de filets et fleurons dorés, titre doré, couv. cons. (Rel.<br />
moderne à l’imitation, signée Laurenchet)<br />
[avec]:<br />
1600 €<br />
Arsène Lupin contre Sherlock Holmes. Arsène Lupin gentelman cambrioleur. Le<br />
Bouchon de cristal.<br />
Les Confidences d’Arsène Lupin. Paris, Lafitte, 1907-1913. 4 vol. in-12. [en reliure<br />
similaire, d’époque].<br />
ÉDITION ORIGINALE pour l’Aiguille creuse, avec un envoi autographe :<br />
“ à monsieur H. Soulat (?), cordial souvenir,<br />
Maurice Leblanc “.<br />
Etretat fut très en vogue à la belle époque, réputée pour son casino, son golf, son air vif,<br />
sa promenade le long du Perrey, mais aussi pour ses résidents occasionnels, les écrivains<br />
Flaubert, Maupassant, Karr, les peintres Monet, Courbet, Corot, Boudin, le compositeur<br />
Offenbach.<br />
Maurice Leblanc s'y est installé et y a campé le décor de son fameux roman.<br />
Le Mystère de l'Aiguille Creuse renferme un secret que les rois de France se transmettent<br />
depuis Jules César…et dont Arsène Lupin s'est rendu maître. La fameuse<br />
aiguille contient le plus fabuleux trésor jamais imaginé, il rassemble les dots des reines,<br />
perles, rubis, saphirs et diamants…la fortune des rois de France. il a tout d'abord été<br />
publié sous forme de feuilleton dans le journal Je sais tout, de novembre 1908 à mai<br />
1909.<br />
Le volume est sorti dès le mois de <strong>juin</strong> 1909 avec, comme c'est l'habitude, quelques modifications.<br />
Arsène Lupin s'oppose cette fois à Isidore Beautrelet, jeune étudiant en rhétorique et<br />
détective amateur génial, qui va donner bien du fil à retordre à Arsène. On pense fortement,<br />
comme source d'inspiration à Joseph Rouletabille, héros de Gaston Leroux.<br />
Bel ensemble. Les autographes de Leblanc sur des textes originaux sont très rares.<br />
<strong>15</strong>4 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. La Fièvre. Paris, Gallimard, (1965). In-8 broché<br />
de 230 pp.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 70 exemplaires réservé au “ club de l’édition originale”.<br />
Hommage signé de l'auteur.<br />
Bulletin de souscription conservé ; bel exemplaire.<br />
<strong>15</strong>5 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. Terra Amata. Paris, Gallimard, s.d. (1967). In-<br />
8 de 221 pp., broché.<br />
700€<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Un des grands textes de Le Clézio des années 70, dans lequel sa réfutation de la société<br />
culmine ; Chancelade y déambule, poussé par le malaise face au monde, et par la fuite des<br />
hommes. Cette thématique sera suivie ensuite dans Le Livre des fuites (en 1969), La<br />
Guerre (1970, cf. <strong>n°</strong> suivant) et Les Géants (1973).<br />
Etat de neuf.<br />
<strong>15</strong>6 Jean-Marie-Gustave Le Clézio. La Guerre. Paris, Gallimard, 1970. In-8 de 207<br />
pp. + 14 ff. en fin de reproductions photographiques à pleine page, broché.<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Etat de neuf.
<strong>15</strong>8<br />
<strong>15</strong>9<br />
160<br />
<strong>15</strong>7 Michel Leiris. Race et Société : contacts de civilisations en Martinique et en<br />
Guadeloupe. Paris, Unesco, 1955. Petit in-8 étroit de 192 pp. et 2 ff., broché.<br />
130 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
<strong>15</strong>8 Claude Lévi-Strauss. La Voie des masques. Genève, Skira, Les Sentiers de la<br />
Création, 1975. Deux vol. in-8 carré, broché, sous étui double de l'éditeur.<br />
140 €<br />
EDITION ORIGINALE rare, l'un des trois titres doubles de la collection, sous étui cartonnage<br />
illustré.<br />
Bel exemplaire.<br />
<strong>15</strong>9 Serge Lifar. Traité de chorégraphie. S.l., Bordas, 1952. Grand in-8 de 231 pp. +<br />
nombreuses illustrations hors-texte (non paginées), broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire enrichi d'un dessin original à l'encre à pleine page de<br />
Lifar au premier feuillet, daté et signé, ainsi que d'un envoi autographe signé au fauxtitre.<br />
Inventeur en 1937 du terme « choréauteur » - en plus de poursuivre une glorieuse carrière<br />
de danseur - ce sont plus de 200 ballets qu'il composera durant sa carrière.<br />
L'exigence plastique, certes indéniable, y transparaît, mais c'est en premier lieu cette perpétuelle<br />
tentative de traduction plastique des sentiments éprouvés qui guide ce « poète du<br />
mouvement » dans chacune de ses créations.<br />
Auteur de plusieurs traités, Lifar théorise ainsi sa démarche ; chantre du néo-clacissisme,<br />
il assure ainsi le profond renouveau de l'Opéra de Paris (au sein duquel il entra en<br />
1929).<br />
Nombreux dessins et lithographies (en noir et couleurs) de Monique Lancelot ; planches<br />
photographiques en noir.<br />
Petit accroc à la quatrième de couv., sinon, excellent état.<br />
160 [Serge Lifar]. Jean Laurent - Julie Sazonova. Rénovateur d’un ballet français.<br />
Paris, Buchet-Chastel, Corrêa, 1960. Grand in-8 de 274 pp. et 2 ff., broché, couverture<br />
illustrée par Picasso.<br />
280 €<br />
EDITION ORIGINALE. Triple envoi autogaphe signé des auteurs et de Serge Lifar.<br />
Né à Kiev en 1904, Lifar se destine en premier lieu à une carrière de pianiste. Alors âgé<br />
de 17 ans, c'est tout à fait par hasard qu'il exécute ses premiers pasen danse. Rapidement<br />
remarqué par Diaghilev, le jeune Lifar est alors animé d'une passion sans borne dans<br />
la pratique de ce nouvel art. A force d'abnégation et de détermination, il devient rapidement<br />
soliste au sein des Ballets russes. Début d’une immense carrière qui remettra en<br />
cause bon nombre des schémas du ballet français moderne.<br />
Bel exemplaire de ce classique, illustré de 16 photos hors-texte.<br />
161 Serge Lifar. La Danse. Paris, Denoël, 1938. In-8, broché.<br />
EDITION ORIGINALE. Bel envoi signé :<br />
“ A René Huyghe, qui sait mieux que personne apprécier le Beau,<br />
ce livre ou j’ai mis le meilleur de moi même. Serge Lifar, Paris, le 5 nbre 1939”.<br />
Nombreuses pl. photographiques dans le texte.<br />
Bel état. Rare avec un bel envoi.<br />
180 €
162<br />
163<br />
164<br />
162 Jean Lorrain. La Jonque dorée. Conte japonais. Paris, Bibliothèque E. Sansot<br />
et cie, 1911. In-12 de <strong>15</strong>2 pp. et 2 ff., broché.<br />
90 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 525 exemplaires num. sur simili-Japon (celui-ci, <strong>n°</strong> 57).<br />
Envoi signé de Georges Normandy :<br />
" à monsieur Alphonse Mellet, à l'administrateur un peu<br />
mais surtout à l'ami, affectueusement, G. Normandy. ”.<br />
163 André Malraux. Royaume farfelu. Paris, Gallimard, 1928. In-4, demi-maroquin<br />
vert, dos lisse, titre en long doré, date en pied, couv. conservées.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 486 exemplaires sur vélin pur fil réimposés, seul avec 13<br />
Japon et 23 Hollande.<br />
Au début des Antimémoires, Malraux rappelle qu'il a, sans le savoir, ressuscité le mot<br />
farfelu, qu'il emprunte à Rabelais.<br />
C'est en effet dans ses Lunes en papier (1921) que ce mot est attesté pour la première<br />
fois au XXè siècle. Admirateur d'Hoffmann, de Max Jacob et de Cendrars, Malraux<br />
affectionnait «ce qu'il y a de bizarre dans les choses quotidiennes», c'est-à-dire leur<br />
aspect farfelu. Lequel définissait une sorte d'humour qu'illustre à sa manière le<br />
Clappique de La Condition humaine, une sensibilité particulière aux situations<br />
cocasses qu’illustreront les «dyables» qu'il dessinait, les chats dont il assortissait parfois<br />
ses dédicaces, -une référence inattendue aux Pieds Nickelés -.<br />
Ce Royaume-farfelu, sous-titré Histoire, est dédié à Louis Chevasson, et forme une<br />
réécriture d’un texte sous pseudonyme (Maurice Sainte-Rose André) que Malraux<br />
avait déjà publié dans L’Indochine: l'Expédition d’Ispahan (août 1925).<br />
Il y narrait le récit d’un groupe d’hommes politiques de Téhéran rejoignant Ispahan par<br />
le désert. Les cavaliers n’y trouvent qu’une ville-fantôme, apparemment vide, mais habitée<br />
de démons. André Malraux poursuit ce voyage imaginaire, ou la ville, bien vivante,<br />
dévore maintenant ses assaillants.<br />
164 André Malraux. La Condition humaine. Paris, Gallimard, 1933. In-12, broché.<br />
2400 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 309 exemplaires in-12 sur pur-fil (seul papier après 1 exemplaire sur Chine et 39<br />
réimposés).<br />
Parmi les 309, celui-ci est l’un des 100 réservés à la Sélection strasbourgeoise.<br />
En 1842, Shanghai fut l'un des cinq ports déclarés ouverts aux bateaux étrangers.<br />
Bientôt, la Chine acceptait la création de concessions étrangères à l'intérieur de la ville.<br />
Dans ces quartiers qui ne relevaient plus de son autorité, on comptait à l'époque de ce<br />
livre, environ quarante mille personnes. Des gens d'affaire comme le marchand d'armes<br />
« Clappique », des intellectuels comme le professeur « Gisors », des ouvriers, des industriels<br />
comme « Ferral », mais aussi des réfugiés politiques de tous pays qui firent de<br />
Shanghai le creuset des agitations politiques de la Chine des années vingt. Malraux<br />
s'inspire ici des événements tragiques du printemps 1927 où les cellules communistes de<br />
Shanghai furent disséminées sur les ordres du général Tchang Kaï-chek, chef du Kouomin-tang,<br />
le parti démocrate.<br />
« J'ai cherché, dira Malraux, des images de la grandeur humaine, je les ai trouvées dans<br />
les rangs des communistes chinois, écrasés, assassinés, jetés vivants dans les chaudières”.<br />
Cependant, la trame historique de ce livre n'est qu'un prétexte à son sujet profond, révélé<br />
par son titre même. Ce qui n'est finalement qu'une longue méditation sur l'Homme a<br />
été, comme l'écrira Jean Guéhenno, mis en scène par le romancier : « On se plaint que<br />
l'auteur ait dû aller chercher jusqu'en Chine les moyens de définir notre condition. C'est<br />
cela même au contraire qui, à mon sens, fait de ce livre un livre exemplaire. » Il explique<br />
alors combien son exotisme fait que « tous nos désordres, toutes nos grandeurs nous y<br />
apparaissent transportées au-delà du monde, éloignées de nous comme pour un spectacle.<br />
» (in Europe, déc. 1933).<br />
Prix Goncourt 1933. Quelques striures au dos, sans gravité. Rare tirage.
165<br />
167<br />
166<br />
165 Andrée Viollis. Indochine S.O.S. Préface d’André Malraux. Paris, librairie<br />
Gallimard, 1935. In-12, broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Précieux exemplaire offert par André Malraux, préfacier de l’ouvrage,<br />
“ pour monsieur Brassaï,<br />
bonne chance !<br />
André Malraux, 1936 “.<br />
Cachet à l’encre rouge de Brassaï au même faux-titre.<br />
1200 €<br />
Malraux a toujours pris soin de se démarquer de la littérature exotique de son temps,<br />
fondée, hormis le Batouala de Maran et le Voyage au Congo de Gide, sur le reportage.<br />
Lorsqu’il écrit en préface aux Chênes qu’on abat... : « ce livre est une interview<br />
comme La Condition humaine était un reportage... », sans doute faut-il comprendre<br />
que ce livre est autant une interview que La Condition humaine un reportage, c’est-àdire<br />
qu’il s’agit là de données superficielles qui ne doivent pas tromper : l’essentiel est<br />
au-delà.<br />
A propos du livre d’Andrée Viollis, il levait ainsi toute ambiguïté : « Un reporter, dans<br />
un art dont la métaphore est l’expression essentielle, ne peut être qu’un manœuvre ; le<br />
poète, le romancier, seront toujours plus grands que lui ». Après son expérience cambodgienne<br />
et le récit qu’il en fit dans La Voix royale, Malraux n'oublie pas ses convictions<br />
anticolonialistes : « L'Indochine est loin : ça permet d'entendre mal les cris qu'on<br />
y pousse » écrit-il, avant de conclure : « Ce livre, lui aussi, est fait pour qu'on sache. Et,<br />
depuis qu'il a été écrit, la danse de mort qu'il montre n'a guère changé que son pas. »<br />
Bel exemplaire. Rare provenance.<br />
166 André Malraux. Oraisons funèbres. Paris, Gallimard, 1971. In-12, broché.<br />
1300 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 80 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Lire ces oraisons à haute voix fait immanquablement monter l’émotion. Essayer donc<br />
avec ce que voit Malraux au moment où Jeanne d’Arc sent la première flamme : “ de ce<br />
qui avait été la forêt de Brocéliande jusqu’aux cimetières de la Terre Sainte, la vieille cavalerie<br />
morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains<br />
jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table ronde et les compagnos de Saint-<br />
Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du<br />
petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux<br />
d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin<br />
immobile, qui devenait le crops brûlé de la chevalerie...”.<br />
Et, si cela ne suffit, il reste encore le texte sur Jean Moulin. Mieux encore, procurez-vous<br />
l’enregistrement original : chair de poule garantie !<br />
Parfait état de neuf.<br />
167 André Malraux. Lazare. Paris, Gallimard, 1974. In-12, broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 120 exemplaires de tête sur Hollande.<br />
480 €<br />
Opéré d’urgence en 1972, Malraux, veillé par Sophie de Vilmorin, la nièce de Louise,<br />
se voit contraint de renoncer au tabac et à l’alcool. De cette expérience, il tire Lazare,<br />
livre testament d’une grande maîtrise, synthèse éclatée de sa vie en réponse à la fameuse<br />
phrase de Perken dans la Voie royale : “ il n’y a pas de mort. Il y a seulement moi. Moi qui vait mourir “.<br />
Parfait état de neuf ; non coupé.
171<br />
168<br />
170<br />
168 Roger Martin du Gard. Jean Barois. Paris, Nouvelle Revue française, 1913.<br />
In-8, percaline verte à décor verticaux, dos lisse, pièce de titre, filets dorés, couv. cons.<br />
(Reliure de l’époque).<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE, exemplaire du premier tirage, sans mention.<br />
Après un premier roman, Devenir ! et une nouvelle, L'Une de Nous, publiés à compte<br />
d'auteur chez Bernard Grasset, Martin du Gard met la touche finale au futur Jean<br />
Barois, que Grasset s'était engagé à éditer. Mais le roman, dans lequel le héros éponyme<br />
défend la libre-pensée, est pourtant refusé par l'éditeur, choqué par la forme résolument<br />
moderne de ce roman-dialogué qu'il qualifiait de «dossier». Roger Martin du<br />
Gard rencontre alors Gaston Gallimard, un vieux camarade d'études, et lui remet le<br />
manuscrit refusé. En novembre, l'auteur débutant, invité à la N.R.F., voit entrer " un<br />
homme qui se glisse à la façon d'un clochard, avec un chapeau bosselé, comme un vieil<br />
acteur famélique... au masque de Mongol ": André Gide, qui eût le coup de foudre dès<br />
les premières feuilles envoya une lettre dithyrambique à Gallimard : « celui qui a écrit<br />
cela peut n'être pas un artiste, mais c'est un gaillard ! il faut publier cela ». Le gaillard<br />
Martin du Gard entrait donc dans le cercle de la Nouvelle Revue Française où il allait<br />
se lier des amitiés durables, dont Gide, Schlumberger et Copeau formeront le noyau<br />
central.<br />
Vignes, 47 “ les exemplaires sans mention sont rares “.<br />
170 [Henri Matisse]. Charles Vildrac. Elie Faure. Jules Romains. Léon Werth.<br />
HENRI MATISSE. Paris, Crès, 1923. In-4, broché.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE de la première monographie consacrée à Henri Matisse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Gaston Modot, bien cordialement,<br />
Henri Matisse“.<br />
Fils d'un architecte, Gaston Modot suit des cours de dessin et d'architecture. Cela le<br />
mène à Montmartre où il peint et vend ses toiles avec ses amis qui se nomment Picasso<br />
et Modigliani ; ce dernier fera de Modot un célèbre portrait, parmi les plus saisissants<br />
jamais réalisés (aujourd’hui à Beaubourg). En 1909, il est embauché chez Gaumont, ou<br />
il devient cascadeur, puis comédien à part entière. Il tournera notamment sept films avec<br />
Jean Renoir (dont La Règle du jeu et La Grande Illusion) ; notons également sa participation<br />
dans L'Age d'or de Luis Buñuel, ou il gifle les mondaines en quête d'amabilité<br />
!<br />
Très rare envoi de Matisse sur la première monogaphie qui lui soit consacrée ; belle provenance.<br />
171 [RÉSISTANCE]. Jacques Maritain. A travers le désastre. New-York, s.d. [1940].<br />
Version tapuscrite [stencil], sous reliure à spirale, titre manuscrit au crayon bleu.<br />
Très rare version originale tapuscrite, avant sa parution en volume.<br />
800 €<br />
En janvier 1940, Jacques Maritain, parain de Maurice Sachs, quittait son pays pour<br />
une série de cours prévus au Pontifical Institute of Médiaeval Studies de Toronto.<br />
Surpris par la guerre il ne retournera en Europe qu'en 1944, appelé comme ambassadeur<br />
auprès du Vatican.<br />
Ecrites pour le public américain auquel il voulait expliquer la situation de son pays et<br />
pour ces compatriotes piégés par « le désastre » de leur pays, ces pages prémonitoires<br />
affirmaient que « la collaboration franco-allemande pour la reconstruction de la paix en<br />
Europe [serait] un chemin vers l'esclavage. »<br />
Le texte est d’abord imprimé en originale à New-York, aux éditions de la Maison française,<br />
en octobre 1941. Quleques mois plus tard, en août 1942, Yvonne Paraf fait passer<br />
le texte en zone nord dans la doublure de sa trousse de voyage : ce sera le deuxième<br />
titre imprimé des Editions de Minuit, après Le Silence de la mer.<br />
500 exemplaires en seront tirés en novembre 1942.
177<br />
172<br />
175<br />
173<br />
177<br />
176<br />
172 Maurice Merleau-Ponty. Sens et non-sens. Paris, Éditions Nagel, (1948). In-<br />
12 de 377 pp., broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire imprimé du service de presse.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à monsieur Estang, hommage de l’auteur,<br />
Maurice Merleau-Ponty “.<br />
Continuateur d'Husserl, inspiré par la philosophie d'Hegel, Merleau-Ponty s'est toujours<br />
attaché à l'étude du rôle du sensible et du corps dans l'expérience humaine de<br />
connaissance du monde. Par tradition, sa pensée phénoménologique vise à désavouer les<br />
dogmes de la science, en une tentative de description concrète du réel, répudiant de facto<br />
tous points de vue rationaliste et empiriste.<br />
A l'instar de Marx, Merleau-Ponty admet l'idée que l'histoire est intelligible, toutefois,<br />
s'y trouve mêlée sens et non-sens. Précisant sa pensée, « il y a, écrit-il, plutôt qu'un<br />
monde intelligible, des noyaux rayonnants séparés par des pans de nuit ».<br />
173 Maurice Merleau-Ponty. Résumés de cours. Collège de France 1952-1960.<br />
Paris, Gallimard, 1968. In-12, broché.<br />
240 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 51 exemplaires de tête sur Vélin (seul papier, <strong>n°</strong> 2).<br />
175 Henri Michaux. Le Lobe des monstres. Paris, L'Arbalète, 1944. In-12, broché.<br />
350 €<br />
EDITION ORIGINALE. Frontispice de l’auteur.<br />
Poète mal logé recherche local… Une petite annonce qu'Henri Michaux aurait pu placarder<br />
dans Paris au moment de rédiger ce texte ; l'hiver 1943 s'annonce très froid, l'auteur<br />
habite dans un studio mal chauffé en compagnie de sa compagne. Double inconfort<br />
: en effet, il a besoin d'être « absolument seul » pour travailler « Je ne peux écrire qu'en<br />
parlant à haute voix.(…) Il faut que je puisse entendre ma pensée ». Que faire ? Aller<br />
écrire dans un café, par exemple. Expérience peu concluante « Je ne peux tout de même<br />
pas crier ma pensée à haute voix ». Certes !<br />
Des contraintes extérieures qui n'empêcheront pas le courageux poète de mener jusqu'à<br />
son terme la rédaction du Lobe des montres. En juillet, il envoie son manuscrit à René<br />
Tavernier, le passeur de textes des éditions lyonnaises de l'Arbalète ; Tavernier présente<br />
le texte à Marc Barbezat qui le publie dans la foulée du recueil Labyrinthes. Michaux a<br />
la réputation d'être impatient à l'endroit de ses livres…<br />
On joint le prospectus original de pré-publication, livré en tiré à part dans les numéros de la revue L’Arbalète.<br />
176 Henri Michaux. Poteaux d'angles. Paris, Gallimard, 1981. In-8 de 89 pp., broché.<br />
650 €<br />
EDITION ORIGINALE DÉFINITIVE. Un des 35 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Les Poteaux d'angle d'Henri Michaux apparaissent comme les plus égarants et les<br />
plus réjouissants poteaux indicateurs jamais offerts au balisage de la raison, de la<br />
conscience et de nos comportements grégaires. Ce sont des aphorismes pour vivre à<br />
l'écart, des préceptes pour ne pas se laisser faire, des réflexions à contre-norme, des<br />
conseils qui n'ont pas de conseils à vous donner. Extrêmement vivifiant.<br />
Une édition abrégée avait parue aux Cahiers de l’Herne en 1971. Parfait état de neuf.<br />
177 [Joan Mirò]. Catalogue d’exposition. S.l.n.d, Ministère d’Etat Affaires culturelles.<br />
In-8 de 75 pp. + nombreuses reproductions hors-texte.<br />
100 €<br />
Catalogue du Musée National d’Art Moderne de Paris édité à l’occasion de cette exposition<br />
consacrée à Mirò et qiui s’est tenue de <strong>juin</strong> à novembre 1962.<br />
Jointe : carte illustrée reproduisant une oeuvre de Mirò et adressée par Malraux (alors Ministre de la Culture)<br />
pour une invitation au vernissage.
180<br />
180 / 181<br />
181<br />
183<br />
184<br />
178 [Joan Mirò]. Derrière le miroir. S.l., Maeght, 1971. In-folio de 38 pp., en ff.<br />
350 €<br />
Numéro spécial consacré à Mirò.<br />
Préface de Pierre Alchensky avec 9 reproductions originales dont 3 en double-page ; la<br />
couverture et les pages 2 et 30 sont des lithographies originales tirées par Adrien<br />
Maeght.<br />
180 Paul Morand. Rococo. Paris, Grasset, s.d. (1933). In-12 de 244 pp., broché.<br />
480 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 25 exemplaires num. sur Hollande (troisième papier).<br />
Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />
“ à monsieur Max Guyon / Morand “.<br />
181 Paul Morand. 1900. Paris, Les Editions de France, 1931. In-12 de 238 pp., broché.<br />
280 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 200 exemplaires num. sur vélin pur-fil.<br />
Envoi autographe signé de l’auteur au faux-titre :<br />
“ à monsieur Max Guyon / Morand “.<br />
182 Paul Morand. Syracuse U.S.A. Paris, Grasset, les 4 M, 1928. In-12 de 55 pp.,<br />
broché.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 36 exemplaires de tête sur Madagascar (<strong>n°</strong>12).<br />
Cette fameuse collection des 4 M étaient exclusivement un produit commercial, lancé par<br />
l’éditeur, Bernard Grasset, en 1924. Selon Paul Morand, c’était Grasset lui-même qui<br />
a trouvé la formule les 4 M et qu’il en était très fier... Pour autant, les quatre auteurs<br />
concernés (Morand, Montherlant, Maurois et Mauriac) n’avaient rien en commun,<br />
sauf cette M initiale. Grasset arrangea un déjeuner des 4 M, couvert par la presse littéraire,<br />
mais, de l’aveu même de Morand, « Ce fut glacial . Il n’y en eut pas d’autres. Mais<br />
la majuscule resta » (Jean Bothorel : Bernard Grasset, 1989, p. 188).<br />
Grasset persista néamoins, et quelques années plus tard, la collection fut créee ; encore<br />
une fois, l’entrpise prit l’eau et il s’agissait bien d’une collection restreinte, puisque seulement<br />
deux titres parurent : Syracuse – U.S.A., de Morand, et Les Iles de la félicité,<br />
de Montherlant.<br />
183 Paul Morand. USA 1927. Paris, Plaisir du bibliophile, 1928. Pet. in-12, broché.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE rare, imprimée à 650 exemplaires, dont quelques. h.-commerce signés.<br />
Très belles ill. de Pierre Legrain sur les "compositions lyriques" de Morand, qui font de<br />
ce livre un ouvrage doublement recherché.<br />
Bel exemplaire de ce livre rare ; infîmes piqures éparses.<br />
184 Paul Morand. Ugo Mochi. Le Voyage. New-York, Heron Press, 1930. In-8,<br />
cartonnage toile verte et rhodoïd éditeur.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE de la traduction américaine et première édition illustrée, avec des<br />
splendides illustrations d’Ugo Mochi (silhouettes découpées), " le poète des ombres ".<br />
Un des 50 exemplaires de tête sur Bodoni, signé par Paul Morand et Ugo Mochi.<br />
Parfait état. Rare.
185<br />
186<br />
187<br />
185 Robert Musil. L’Homme sans qualité. Paris, le Seuil, 1957. 4 vol. in-8, brochés.<br />
EDITION ORIGINALE DE LA TRADUCTION FRANÇAISE, par Philippe Jacottet.<br />
360 €<br />
Roman inachevé - qui représente canoniquement l'impossibilité du romanesque au<br />
XXème siècle, L'Homme sans qualité porte en filigrane la citation de Pascal, « on<br />
n'aime personne, mais des qualités ».<br />
Son intention était d'y dénoncer certaines erreurs notoires de l'idéologie européenne,<br />
erreurs auxquelles nul remède n'avait de son point de vue été apporté, « en procédant du<br />
principe selon lequel les idées déterminent le cours de l'histoire, certes, mais le problème<br />
est que les gens ne parviennent pas à en concevoir de nouvelles ».<br />
Quand l'époque gaspille l'esprit dont elle dispose dans une gigantesque dépense d'énergie<br />
nerveuse, d'activisme effréné qui essaie de masquer le vide, Musil propose, dans une<br />
trame et un style qui présentent à la fois un caractère onirique et fantastique, un parcours<br />
d'hommes et de femmes « sans qualités », qui ne disposent que de métiers, de statuts,<br />
d'identités, de certitudes, formant un groupe de « gens de la réalité », alors qu'Ulrich -<br />
fasciné par la suprématie de la pensée - se définit comme « homme possible », sorte d'homme<br />
expérimental qui a « la faculté de penser tout ce qui pourrait être (…) et n'accorde<br />
pas plus d'importance à ce qui n'est pas.<br />
Un éclaireur éclairé, en quelque sorte.<br />
186 Pablo Neruda. Las Uvas y el Viento. Santiago de Chile, Nascimento, 1954.<br />
Pet. in-4 de 422 pp., broché.<br />
900 €<br />
ÉDITION ORIGINALE RARE.<br />
Exemplaire signé par le poète au feuillet de titre, au feutre.<br />
187 Pablo Neruda. Les Pierres du ciel. Les Pierres du Chili. Paris, Gallimard,<br />
1972. Petit in-8 de 111 pp. et 3 ff.<br />
700 €<br />
ÉDITION ORIGNALE DE LA TRADUCTION FRANÇAISE. (pas de grands papiers).<br />
Exemplaire du service de presse enrichi d’un envoi autographe :<br />
“ à Dedée et Juan, [André et Jean Marcenac]<br />
1972, Pablo Neruda “.<br />
[petite fleur dessinée].<br />
Précieux exemplaire d’un des proches de Neruda, Jean Marcenac. Ce dernier lui consacra,<br />
outre de nombreuses traductions, le volume de la collection « Poètes d'aujourd'hui<br />
».<br />
Le texte de Jean Marcenac sera d’ailleurs complété dans les rééditions par une étude de<br />
Claude Couffon, ici traducteur des Pierres du Chili.<br />
Bel exemplaire de très belle provenance.<br />
188 [Nijinsky]. Françoise Reiss. La Vie de Nijinsky. Nijinsky ou la grâce. Paris,<br />
Editions d'histoire et d'art, Lib. Plon, s.d. (1957). In-4 broché de 160 pp.<br />
140 €<br />
EDITION ORIGINALE. L'ouvrage de référence sur Nijinsky. Envoi autographe signé de<br />
l'auteur au faux-titre :<br />
" pour Simone Rebous / Bien affectueusement. / Françoise Reiss / Paris, le 10<br />
décembre 1957 ".<br />
Nombreuses reproductions photographiques à pleine-page. Jaquette illustrée. Coiffe très légèrement élimée,<br />
sinon, excellent état. Rare.
189<br />
192<br />
193<br />
194<br />
190<br />
191<br />
189 Roger Nimier. L’Etrangère. Paris, Gallimard, 1968. In-12, broché de 217 pp.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires de tête sur Vélin (<strong>n°</strong> 2).<br />
Préface de Paul Morand.<br />
190 Jean d’Ormesson. Le Rapport Gabriel. Paris, Gallimard, s.d. (1999). In-8 broché<br />
de 430 pp.<br />
180 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 90 exemplaires sur Vélin (seul papier).<br />
191 Marcel Pagnol. Marius. Fany. César. Topaze. Illustrations d’Albert Dubout.<br />
Lausanne, Henri Kaeser, 1948-1949 et 1952. Quatre volumes in-8, demi-chagrin vert,<br />
dos lisses, titres dorés.<br />
400 €<br />
Première édition illustrée par Dubout, parue un an avant celle de Monte-Carlo ; elle est<br />
ornée pour chaque volume d'un frontispice et de 24 lithographies en couleurs hors-texte<br />
de Dubout. Tirage unique à 5000 et 1000 exemplaires, signé par Dubout à la justification<br />
de Marius et de Topaze.<br />
Bel ensemble.<br />
192 Marcel Pagnol. Pirouettes. Paris, Bibliothèque Charpentier, s.d. (1952). In-12<br />
broché de 188 pp.<br />
200 €<br />
Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />
" à Jean-Jacques Gautier,<br />
en toute amitié, Marcel Pagnol 1968 ".<br />
Mention de mille à la première de couverture.<br />
193 Marcel Pagnol. Jean de Florette. Manon des Sources. Paris, Editions de<br />
Provence, 1963. 2 vol. in-12, brochés.<br />
400 €<br />
Envois autographes signés sur chacun des volumes :<br />
“ à Jean-Jacques Gautier, son ami, Marcel Pagnol, 18 décembre 1963 “<br />
“ à Gladys Jean-Jacques Gautier, très cordialement, Marcel Pagnol, 18 décembre<br />
1963 “.<br />
194 Jean Paulhan. Le Guerrier appliqué. Paris, Sansot, 1917. In-12, broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Tirage unique à 500 exemplaires, celui-ci 1/470 sur bouffant (après 30 sur pur-fil).<br />
Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />
" pour Orly Collet / en toute amitié /<br />
Jean Paulhan".<br />
480 €<br />
Ce texte, refusé par de nombreux éditeurs, trouvera refuge chez Sansot. Le titre figurera<br />
sur la liste de sélection du Prix Goncourt en décembre 1917. L'un des membres du<br />
jury, Lucien Descaves défendra ardemment ce livre déconcertant, sans succès puisque<br />
le prix ira finalement à La Flamme au poing d’Henri Malherbe, ouvrage qui ne<br />
semble pas être passé à la postérité (une des constantes de ce prix !)<br />
Olry Collet était un collaborateur du Spectateur (1909-1914), la revue de René<br />
Martin-Guelliot, co-animée par Paulhan (-merci à B.B.).<br />
Bel exemplaire, dépourvu des habituelles rousseurs.
197<br />
198<br />
195<br />
195 Jean Paulhan. Le Pont traversé. Paris, Camille Bloch, 1921. In-12 de 88 pp.,<br />
broché.<br />
<strong>15</strong>0 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Tirage unique à 575 exemplaires sur vergé d’Arches (dont 75 h.-commerce ; celui-ci <strong>n°</strong><br />
426).<br />
Le Pont traversé est le troisième livre publié de Jean Paulhan, un an après son entrée<br />
à La Nouvelle Revue française comme secrétaire de Jacques Rivière. L'ouvrage est<br />
divisé en trois « nuits », la première dédié à Roger Allard et la dernière à Louis de<br />
Gonzague-Frick. Allard, responsable des livres illustrés à la NRF, est un proche de<br />
l'éditeur Camille Bloch. C'est par son intermédiaire que ce dernier publie Jules<br />
Romains et Georges Duhamel puis rencontre Raoul Dufy, auteur de la vignette qui<br />
orne la couverture de ses publications.<br />
196 [Jean Paulhan]. 1884 - 1968. Témoignages - L'oeuvre - Langage et pensée -<br />
Les Arts - Le rôle. Textes inédits - Correspondance - Bibliographie. Paris,<br />
Nouvelle Revue française, 1 er Mai 1969. In-8 broché de 1049 pp.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des exemplaires num. et réimposé sur vélin (tirage non précisé<br />
celui-ci, <strong>n°</strong> 78).<br />
Ce numéro spécial de la rvue contient « Haï-kaï » (p. 938-940), « La Bonne entente » (p.<br />
941-945), « Mort de Groethuysen à Luxembourg » (p. 946-976), « Lettre à un académicien<br />
» (p.977-980), « La méthode critique de la N.R.F. » (p. 981-987) ; tous ces textes sont<br />
inédits et n’ont pas été repris dans les Oeuvres. lettres à Guillaume de Tarde, Félix<br />
Fénéon, Marcel Jouhandeau, André Gide, Charles Maurras, Jean Grenier, René<br />
Daumal, Étiemble, Roger Caillois, André Suarès, Franz Hellens, Édith Thomas,<br />
Yvonne Desvignes, André Dhôtel, Geogres Braque...<br />
Nombreuses reproductions photographiques en hors-texte (en noir) en tête de volume.<br />
Non rogné. A l'état de neuf. Rare.<br />
Lacroix, p. 206 (qui n’indique pas de tirage en grand papier).<br />
197 Jean Paulhan. Choix de lettres. 1917 - 1936. La Littérature est une fête. 1937<br />
- 1945. Traité des jours sombres. Paris, Gallimard, 1986 et 1992. 2 forts volumes in-<br />
8, brochés, de 503 et 537 pp.<br />
500 €<br />
EDITION EN GRANDE PARTIE ORIGINALE. Un des 53 et 38 exemplaires num. sur vélin (num.<br />
29 et 9, seuls grands papiers).<br />
Choix présentés par Dominique Aury et J.-Cl. Zylberstein, revus, augmentés et annotés<br />
par Bernard Leuilliot.<br />
A l'état de neuf.<br />
Lacroix, p. 66 & 76.<br />
198 Jean Paulhan. Fautrier l’enragé. Pais, Gallimard, 1962. Pet. in-4, broché.<br />
900 €<br />
Un des 37 exemplaires sur vélin pur-fil (tirage de tête) ; illustrée de trois planches h.texte<br />
de Fautrier (Les peaux de lapins ; Les boites en fer blanc ; Moana). Envoi<br />
autographe signé :<br />
“ l’Art véritable vient d’ôter, non d’ajouter.<br />
C’est à quoi tient la supériorité du marbre sur le bronze.... (à suivre)<br />
pour André Maurois, tout amicalement, Jean Paulhan“.<br />
A l'occasion de l'exposition Fautrier à la galerie René Drouin en 1943, Jean Paulhan<br />
écrivit une première version de ce texte. Deux ans plus tard, il en donnait une seconde<br />
version dans la revue Variété. C'est celle-ci qui sera reprise pour l'édition en volume
199<br />
201<br />
200<br />
publiée chez Blaizot en 1949, puis pour cette édition augmentée d'un quatrième chapitre<br />
et qui constitue l'édition définitive.<br />
Avec cette « façon de prendre à la légère les choses graves, et au sérieux les choses futiles<br />
- tout au moins en apparence » écrit Jean Grenier la critique d'art selon Paulhan correspond<br />
en tous points à l'art moderne. Les deux criterium classiques en la matière, la<br />
beauté et de la virtuosité, ne sont plus de saison. « Le monde Fautrier, écrit Paulhan,<br />
est, de toute évidence, un monde excessif et monstrueux, violent et comme abusif. (...)<br />
C'est l'excès et la démesure qui donnent le mieux chez lui le sentiment du vrai : de l'inévitable.<br />
»<br />
199 Édouard Peisson. Parti de Liverpool... S.l.n.d., <strong>Librairie</strong> Hachette, (1935). In-<br />
12 de 250 pp. plein maroquin rouge, médaillon doré sur les plats laissant apparaître par<br />
un hublot un navire chahuté, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Rel. signée<br />
de René Kieffer).<br />
<strong>15</strong>00 €<br />
Prremière édition illustrée, par E. Dufour.<br />
Toute l'œuvre littéraire d'Edouard Peisson fut marquée par son passé de marin. A 18<br />
ans, il embarqua dans la marine marchande et sillonna la Méditerranée, l'Atlantique et<br />
la mer Blanche. Cependant, en 1923, il fut contraint de rentrer à terre définitivement. Un<br />
décret de la Marine venait de réduire les effectifs de marins de commerce. Peisson devint<br />
alors rédacteur : « Il fallut vivre, dans le sens le plus plat du terme ; manger et avoir un<br />
toit sous lequel s'abriter » (Peisson). Il se mit alors à l'écriture pour tenter de faire<br />
revivre cette vie de marin qui lui manquait tant. Il publia en 1929, sa première nouvelle,<br />
Ballero capitaine.<br />
Toutes ses publications furent presque exclusivement consacrées à la marine marchande,<br />
fait rare pour un écrivain marin. Dans ses livres, l'auteur, souvent comparé à Joseph<br />
Conrad, faisait revire la vie à bord des cargos et navires de commerce : la dureté du travail,<br />
la vie en équipage. Il campait des personnages forts, dans un style très sobre, épuré<br />
: « C'est un maître de la parole sèche, de l'économie, du style dépouillé qui va à l'essentiel<br />
». Mais, Peisson était également passé maître dans l'art de la narration et du suspens,<br />
ce qui lui fallut le surnom de « Simenon de la mer ». Il porta cet art de l'intrigue à<br />
son apogée dans Parti de Liverpool.<br />
[avec] : [Édouard Peisson. Parti de Liverpool]. 23 dessins originaux, signés<br />
Dufour, non datés. In-4 et 23 dessins originaux, sous reliure maroquin rouge à l’identique<br />
du volume de texte, étui (René Kieffer).<br />
23 dessins, esquisses et travaux préparatoires originaux de Dufour pour l’illustration du<br />
texte.<br />
Il est joint une lettre autographe signée de Peisson à Bernard Privat.<br />
Très bel ensemble.<br />
200 Georges Perec. Un homme qui dort. Paris, Denoël 1967. In-12 étroit de 163 pp.,<br />
broché.<br />
350 €<br />
EDITION ORIGINALE Exemplaire du service de presse. Envoi autographe signé :<br />
“ pour Daniel Costelle / Cette histoire en creux / Amicalement / Georges Perec “.<br />
201 Georges Perros. Une Vie ordinaire. Roman poème. Paris, Gallimard, Coll. "Le<br />
chemin", 1967. In-12, broché de 198 pp.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE Un des 31 exemplaires de tête sur vélin.<br />
Superbe exemplaire, à l’état de neuf.
202<br />
203<br />
204<br />
202 Edgar Poe. L'ange du bizarre, suivi d'autres contes. Eaux-fortes originales<br />
d'Edouard Goerg. Paris, Marcel Sautier, 1947. In-4 de 95 pp. et 2 ff., en feuilles, sous<br />
couverture beige rempliée, emboîtage avec dos décoré et imprimé et étui de carton grisbleu.<br />
2400 €<br />
Illustré par Edouard Goerg de <strong>15</strong> eaux-fortes originales. Tirage limité à 275 exemplaires,<br />
celui-ci un des <strong>15</strong> premiers sur Malacca blanc (<strong>n°</strong>3), avec une suite en premier<br />
état, deux suites dans l’état définitif (l’une sur Malacca, l’autre en sanguine), un dessin<br />
original et un cuivre original.<br />
Envoi autographe signé de l’éditeur à la justification et envoi autographe enrichi d’un<br />
grand dessin original à l’encre de l’auteur au faux-titre :<br />
“ à monsieur et madame Copin, avec l’expression<br />
de mes sentiments bien sympathiques, Ed. Goerg “.<br />
Né en Australie d’un père champenois et d’une mère britannique, Édouard Goerg<br />
(1893-1969) quitte Sydney dans sa première jeunesse. Loin d’être “ un cosmopolite ou un<br />
déraciné, un de ces peintres nomades qui s’acclimatent aussi bien à Paris qu’à Londres<br />
ou à New-York (...) “ (Waldemar), il prend des cours chez Sérusier et Maurice Denis<br />
avant de devenir l'un des rares (et des plus originaux) représentants de l'expressionnisme<br />
français.<br />
Graveur subtil, Goerg illustrera également Baudelaire, à qui l’on doit la traduction originale<br />
du texte où Edgar Poe se penche sur une incarnation déroutante de l’ange, où un<br />
ivrogne affronte une étrange divinité faite de bouteilles et parlant un langage étrange, à<br />
la limite du compréhensible...<br />
Berl reconnaîtra en Goerg “ un trouble-fête, le fou et le prédicateur qui, hissé sur un tréteau<br />
de fortune,crache son immense dégoût à la face de ses contemporains “.<br />
Très bel exemplaire, l’un des meilleurs qui soit.<br />
George Waldemar, Goerg, pp. 2-13.<br />
203 Jacques Prévert. Paroles. Paris, Editions du Point du Jour / Le Calligraphe,<br />
1945. In-8 de 224 pp., broché.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Couverture rempliée. Illustrée par une photographie de Brassaï.<br />
Exemplaire de Jean Follain enrichi d'un envoi autographe signé :<br />
" pour Jean Follain / Amicalement / Jacques Prévert ".<br />
Pliure à la première garde. Bon exemplaire au demeurant, de belle provenance normande<br />
: Follain est né et enterré à Canisy, près de Saint-Lô, trouvant dans son territoire natal<br />
de quoi inspirer sa ferveur poétique ; Prévert avait sa maison (aujourd’hui Musée<br />
Prévert) à Omonville-la-petite, après un “ coup de foudre “ en découvrant la région et le<br />
Cap de la Hague en 1930.<br />
204 Marcel Proust. Les Plaisirs et les jours. Illustrations de Madelaine Lemaire.<br />
Préface d'Anatole France et Quatre Pièces pour Piano de Reynaldo Hahn. Paris,<br />
Calmann-Lévy, 1896. Pet. in-folio de 3 ff., x et 273 pp. (mal ch. 271), demi-chagrin<br />
rouge, dos à nerfs, titre doré, couv. cons.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Première oeuvre écrite et publiée de Proust, composée entre 1892 et 1895, joliment illustré<br />
par Madeleine Lemaire et préfacé par Anatole France.<br />
Dans sa correspondance, et à maintes reprises, l'auteur affirmera y avoir travaillé lorsqu'il<br />
était encore collégien. Après quelques difficultés, Calmann-Lévy accepte d'éditer le<br />
volume, qui paraît en librairie le 12 <strong>juin</strong> 1896. La critique fut très modérée ou presque<br />
silencieuse, quoique Léon Blum, dans La Revue blanche, nota avec clairvoyance : « j'attends<br />
avec beaucoup d'impatience et de tranquilité son prochain livre ». Mais un autre,
205<br />
206<br />
un certain Paul Duval plus connu sous le nom de plume de Jean Lorrain, signa un article<br />
fiéleux dans Le Journal : «oeuvre surfaite», «au prix d'excessif», où l’auteur est accusé<br />
d’homosexualité avec Lucien Daudet, de profiter de ses connaissances mondaines pour se<br />
faire éditer.... ; toutes allusions qui touchèrent Proust au point qu'il provoqua Lorrain<br />
en duel, le 6 février 1897 dans le bois de Meudon. L'écrivain avait choisi le peintre Jean<br />
Béraud et Gustave de Borda comme témoins, le critique, Paul Adam et Octave<br />
Uzanne : les deux balles échangées, fort heureusement, n’atteignirent aucun des deux<br />
écrivains. Pendant ce temps, Les Plaisirs… se vendirent mal. Proust écrira en 1904 à<br />
Edmond Jaloux : « Je me suis toujours étonné que quelqu'un ait lu Les Plaisirs et les<br />
jours. Mon éditeur m'a assuré que personne n'était jamais venu lui demander cet ouvrage.<br />
Il faut qu'il exagère un peu », se console-t-il joliment.<br />
De fait, il n'y aura pas de réimpression de l'ouvrage avant 1924, bien que du vivant de<br />
l'auteur, Gaston Gallimard, auquel il avait cédé son texte « sans droits », l'ait envisagé.<br />
Notons enfin que l'illustre préfacier, Anatole France, murmura à son secrétaire,<br />
Jean-Jacques Brousson, au moment d'entreprendre ce travail que Proust écrivait des «<br />
phrases interminables à vous rendre pulmonique ».<br />
Bel exemplaire.<br />
205 Marcel Proust. A la recherche du temps perdu : Du côté de chez Swann. À<br />
l’Ombre des Jeunes Filles en Fleurs. Le Côté de Guermantes I. Le Côté de<br />
Guermantes II - Sodome et Gomorrhe I. Sodome et Gomorrhe I. La Prisonnière.<br />
Albertine Disparue. Le Temps Retrouvé. Paris, Grasset [pour Swann], puis<br />
Editions de la Nouvelle Revue Française, 1913 puis 1918-1927. Soit 13 volumes in-<br />
12, demi-maroquin rouge ancien, dos à nerfs orné de caissons à froid, titres dorés, têtes<br />
dorées, date en pied, couv. et dos cons. (Rel. uniforme, signée de Laurenchet).<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
18 000 €<br />
Exemplaires numérotés sur vélin pur-fil pour les volumes parus aux éditions de la<br />
Nouvelle Revue Française ; le volume d’A l’Ombre des jeunes filles en fleurs est<br />
dans le premier tirage des 500 exemplaires sans mention d’édition.<br />
Premier tirage également pour Du côté de chez Swann, avec la faute typographique sur<br />
la page de titre et l’achevé d’imprimer au verso de la page 528.<br />
Contrecollée sur la page de titre de Du côté de chez Swann, rare carte de visite de<br />
l’auteur<br />
Très bel ensemble, parfaitement relié<br />
“ Marcel Proust, 102 boulevard Hausmann “.<br />
206 Raymond Queneau. Odile. Roman. Paris, Gallimard, s.d. (1937). In-12 de 221<br />
pp., broché.<br />
500 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Marcel Aymé, en toute sympathie<br />
Raymond Queneau“.<br />
Odile est le portrait d'un entre-deux âges de la vie, celui où, sorti de l'adolescence, l'on<br />
espère une maturité qui ne vient pas. Et c'est à Max Jacob qu'il appartient de l'avoir<br />
saisi d'emblée : « Il y a un âge, écrit-il à Queneau, où les études sont terminées sans<br />
l'être, où les ambitions commencent à être déçues bien qu'elles n'aient pas encore été réellement<br />
désirées, où l'on se trompe sur soi-même, où les autres se trompent sur vous. (...)<br />
On n'est plus un étudiant, on n'est pas encore un bourgeois et on croit qu'on ne sera<br />
jamais l'homme de la rue (...) Cet âge-là ne me semble avoir été étudié que par toi... »<br />
(Max Jacob, Lettre à l'auteur, 31 mai 1937).<br />
Michel Lécureur, éditeur scientifique de l'oeuvre romanesque de Marcel Aymé, biographe<br />
du même ainsi que de Queneau, dira combien leur humour rendait proches ces<br />
deux écrivains, signalant que nombre des livres de Queneau se trouvaient dans la bibliothèque<br />
de Marcel Aymé, « il est probable, écrit-il, que les deux hommes se voyaient chez
209<br />
207<br />
208<br />
Gallimard dont ils devaient fréquenter les "coquetèles". Marcel Aymé disait les détester,<br />
mais il s'y rendait néanmoins... ».<br />
Bel exemplaire.<br />
207 Raymond Queneau. Zazie dans le métro. Paris, Gallimard, 1959. In-12 de 253<br />
pp., broché, étui-chemise.<br />
1400 €<br />
ÉDITION ORIGINALE.<br />
Un des <strong>15</strong>8 exemplaires sur vélin-pur fil (deuxième papier après 40 ex. sur Holande).<br />
«Zazie dans le métro »… Dix-neuvième livre de Queneau, qui, enfin, le fit connaître<br />
auprès d'un plus large public. Cette notoriété nouvelle pour le co-fondateur de l'Oulipo<br />
s'explique peut-être par la totale tout autant que saisissante liberté de ton qui transparaît<br />
au travers de ce roman.<br />
Exception faite de l'héroïne, on peut considérer que le langage est véritablement le personnage<br />
principal de ce récit. Récit se déroulant sur fond de pérégrinations, de déambulations<br />
au travers de la capitale, laquelle finalement, apparaît tel un paysage abstrait,<br />
presque irréel.<br />
Queneau militant pour un renouvellement du language, n'hésite pas à introduire la<br />
langue verte au sein de son œuvre, recourir à de savants néologismes, mais également, et<br />
innovation caractèristique, former des mots calqués sur la manière dont nous nous exprimons<br />
oralement A la fois ludique et expérimental sur la forme, déroutant sur le fond,<br />
Zazie est, selon Nabokov, « une sorte de chef-d'œuvre dans son genre fantasque ».<br />
Louis Malle l'adaptant pour le cinéma l'année même de sa publication…<br />
208 Raymond Queneau. Cent mille milliards de poèmes. Postface de François Le<br />
Lionnais. Paris, Gallimard, 1961. In-4 de 4 ff., 10 pp. et ff. de 17 bandes de textes<br />
oblongues, cartonnage toile blanche imprimé de l’éditeur.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE imprimée à 2750 exemplaires, celui-ci un des 250 exemplaires h.commerce<br />
de tête.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Marcel Arland, amicalement, R. Queneau “.<br />
Extraodinaire publication, qui restera comme une des belles aventures typographiques et<br />
créatives du siècle : sur 10 pp. un sonnet (de 14 vers, en 4/3/3) ou chaque vers est écrit<br />
sur une bande amovible de papier que l’on peut lier au vers de son choix parmi les suivans,<br />
ou les précédents. Après un court calcul (10 14) , on arrive donc bel et bien à<br />
100.000.000.000.000 de sonnets possibles, lexicalement et sémantiquement corrects.<br />
Depuis “ le Roi de la Pampa retourne sa chemise “ à “ Toute chose doit pourtant avoir<br />
une fin “, quelques millions de siècles de lecture ! Postface de François le Lionnais, un<br />
des fondateurs avec Queneau de l’Oulipo, crée l’année précédente.<br />
Séduit un temps par le dadaïsme et le surréalisme, il publia en 1923 son premier livre,<br />
Terres étrangères, remarqué par Gide et Larbaud, ce qui lui valut de se voir publié<br />
dans la NRF, dont il devint un collaborateur régulier, prenant la succession de<br />
Thibaudet à la chronique des romans, avant d'assumer la direction de la revue avec Jean<br />
Paulhan, à partir de 1953, puis seul, à la mort de ce dernier en 1968. 1954 : Queneau<br />
accepte la direction de l'"Encyclopédie de la Pléiade".<br />
Exemplaire en parfait état, avec son rodhoïd d’origine conservé.<br />
209 Raymond Queneau. Courir les rues. Battre la campagne. Fendre les flots.<br />
Paris, Gallimard, 1967, 1968, 1969.<br />
1600 €<br />
Un des 40, 35 et 35 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).<br />
Au printemps 1966, Queneau notait dans son Memorandum : « commencé promenades<br />
dans Paris ». Ce qui indiquait qu'il suivrait pour ce livre la même méthode que<br />
celle utilisée pour ces rubriques de L'Intransigeant, « Connaissez-vous Paris ? »<br />
publiées en 1938. Il parcourait la capitale et faisaient de petites découvertes qu'il notait
211<br />
minutieusement, comme par exemple le nombre de bancs parisiens. Son prière d'insérer<br />
indique ainsi la teneur de ces nouvelles promenades, « récit d'allées et venues dans un<br />
Paris qui n'est ni le « Paris mystérieux » ni le « Paris inconnu » des spécialistes. Il n'y<br />
est question que de petits faits quotidiens, des pigeons, du nom des rues, de touristes égarés...<br />
»<br />
Courir les rues initiera le triptyque à venir : les poèmes de ces trois recueils, publiés à<br />
un an d'intervalle, ont tous été écrits en vue de la publication. Ils forment ce qu'il est<br />
convenu d'appeler une trilogie, voulue et expliquée par l'auteur dans deux des prières<br />
d'insérer de ces livres. Pour Battre la campagne d'abord : « Ce livre fait suite à Courir<br />
les rues. Les rues, si on les suit jusqu'au bout mènent aux champs ou dans les bois. On<br />
y rencontre des paysans, des plantes, des animaux, mais la ville avance le long des routes<br />
nationales. Y aura-t-il toujours des paysans, des plantes, des animaux ? » ; puis pour le<br />
dernier recueil, Fendre les flots, « La vie est une navigation, on le sait depuis Homère.<br />
L'auteur regarde s'embarquer un enfant dans une ville maritime, il le suit à travers vents<br />
et marées, et donne ainsi un complément à Chêne et chien ainsi qu'une suite à Courir<br />
les rues et Battre la campagne. »<br />
210 [Raymond Queneau, bibliothèque de]. Yves Berger. Le Sud. Paris, Bernard<br />
Grasset, 1962. In-12 broché de 226 pp.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaire du service de presse.<br />
Envoi autographe signé de l'auteur au faux-titre :<br />
" pour Monsieur Raymond Queneau, / en très sincère hommage, / et avec toute l'admiration<br />
de / son lecteur attentif / Yves Berger / Paris le 6 Octobre 1962."<br />
211 Charles-Ferdinand Ramuz. Adam et Eve. [Lausanne], Mermor, 1933. In-8,<br />
demi-maroquin mauve à coins, filet doré sur les plats, dos à nerfs, tête dorée, dos cons.,<br />
étui papier (Rel. signée de Weckesser).<br />
1100 €<br />
EDITION ORIGINALE. Exemplaires <strong>n°</strong> 1 sur Hollande, avec un envoi autographe signé de<br />
l’auteur :<br />
“ à monsieur Louis Brun, en très lointain mais très particulier hommmage.<br />
CF Ramuz, févr. 33 “.<br />
A la Croix Blanche, sa maison, Louis Bolomey est accablé par le départ de sa femme. Il<br />
fait alors la connaissance d'un certain Gourdou, vieux rétameur itinérant qui lui<br />
explique que ses malheurs viennent du Péché originel dont il porte en lui l'hérédité fatale.<br />
Effaré, Bolomey ouvre le Livre de la Genèse. Il décide alors de forger un univers<br />
d'avant la Chute et de vivre avec sa maîtresse, Lydie, une sorte de nouvel Eden. Un<br />
thème complexe et délicat qui vaudra à Ferdinand Ramuz sept ans d'ébauches avant la<br />
rédaction finale.<br />
A sa parution, le livre suscita nombre d'articles négatifs : « Dès qu'il veut passer aux<br />
vues synthétiques, son style s'essouffle ; et le pis de tout se produit quand il veut exprimer<br />
quelque chose qui ressemble à des idées » dit un éditorialiste. Mais Albert<br />
Thibaudet signe dans la NRF, où le texte paraît en livraisons au même moment que sa<br />
parution en volume, un article élogieux : « Avec la langue de M. Ramuz, avec la théologie<br />
de M. Ramuz (ou de son rétameur) M. Ramuz a fait de ce petit livre un chefd'œuvre<br />
de poésie, le meilleur qu'il ait écrit depuis longtemps. » Or, ces critiques, et les<br />
préventions du comité de lecture de Gallimard, feront que Ramuz remaniera complètement<br />
son texte et donnera à Grasset pour sa réédition une version assez édulcorée. Il est<br />
donc précieux de lire Adam et Eve dans cette édition originale.<br />
Enfin, les relations de l'auteur avec son éditeur suisse était si privilégiées qu'on ne saurait<br />
trouver exemplaire plus adéquat : « Ma vocation d'éditeur, écrira Henry-Louis<br />
Mermod, est en ce sens singulière qu'elle est née de l'admiration que j'avais pour<br />
Ramuz et du désir de le voir souvent. Notre rencontre date de l'automne 1923.(…) Je lui<br />
dis mon admiration, je lui parlais de son œuvre, ne sachant pas encore que sa pudeur<br />
répugnait à toute conversation sur lui et sur ses livres. » L'éditeur expliquera aussi leur<br />
étroite collaboration lors de la fabrication des ouvrages : « Pendant le temps de la composition<br />
du livre j'évitais de lui poser des questions. (…) Le papier, le caractère, la mise<br />
en page du titre, tout était examiné ensemble, mais je m'en remettais pour tout à son
214<br />
212<br />
213<br />
goût, désireux d'avoir un livre qui, jusque dans sa réalisation matérielle, fût Ramuz. »<br />
(Mermod, in Gazette de Lausanne, 31 mai 1947 cité dans Buchet, Ramuz vu par ses<br />
amis.) Directeur littéraire chez Grasset, Louis Brun fut en correspondance régulière<br />
avec l'auteur pendant qu'il travaillait sur son manuscrit.<br />
Très bel exemplaire.<br />
212 [Arthur Rimbaud - supercherie attribuée à]. La Chasse spirituelle.<br />
Introduction de Pascal Pia.<br />
Paris, Mercure de France, 1949. Petit in-4 de 58 pp. et 2 ff., broché, couv. rempliée sur<br />
papier fort, à rabats.<br />
480 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 60 exemplaires sur vergé d'Arches (<strong>n°</strong> 2, tirage de tête).<br />
Serpent de mer obsédant des rimbaldophiles, le monstre refait surface le 19 mai 1949,<br />
quand le Combat de Maurice Nadeau annonçe qu'on avait récupéré par hasard le<br />
manuscrit légendaire, publié le même jour par le Mercure de France sous la houlette<br />
enthousiaste de Maurice Saillet et de Pascal Pia. Stupeur dans le monde des lettres.<br />
Breton s’y colle, on connaît la suite. Le Loch Ness de Rimbaud dort toujours.<br />
Bel exemplaire.<br />
213 Noële Roubaud. [Sans titre]. S.l.n.d.n.é. In-4 sans pagination, cousu.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 100 exemplaires num. sur Hollande (unique papier). Celuici,<br />
<strong>n°</strong> 74 (justification manuscrite de l’auteur).<br />
Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteur au premier feuillet :<br />
“ à André Salmon, Noële Roubaud “.<br />
Charmant album dénué de texte (hormis l’introduction de Georges Delaw) se composant<br />
de 13 sérigraphies en couleurs. Rare.<br />
un portrait en pied inédit d’Apollinaire ?<br />
214 André Rouveyre. Quelques prisonniers allemands. Préface d’Emile<br />
Verhaeren. Paris, Mercure de France, 19<strong>15</strong>. In-8 étroit sans pagination, broché, contenu<br />
dans une boîte de demi-maroquin bleu, dessin en regard sous plexiglas souple, titre<br />
doré en long, date en pied. (Rel. signée de Laurenchet).<br />
1700 €<br />
EDITION ORIGINALE. Tirage strictement limité à 166 exemplaires. Celui-ci, un des 160 sur<br />
Arches (second papier) après seuleument 6 Japon.<br />
Préface d’Emile Verhaeren.<br />
Dessin original signé par Rouveyre, sur calque et papier, représentant un officier français,<br />
signé par l’auteur. Diverses mentions mannuscrites au crayon rec-verso, dont un<br />
[G.A.] [pour Guillaume Apollinaire ?].<br />
L’édition, quant à elle, comprend 17 dessins en noir d’officiers et soldats allemand.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ au quatrième artillerie lourde Pascal-Siegler (sic),<br />
en amitié, Rouveyre, Saint-Cyr, déc. 19<strong>15</strong> “.<br />
Henri Siegler-Pascal fut également un proche de Guillaume Apollinaire, auquel ce<br />
dernier avait dédié et envoyé quelques mois plus tôt Soleil de la Paix, un des futurs<br />
poèmes de Calligrammes. C’est grâce à lui qu’il rencontre, lors d’ue permission en septembre<br />
1914 à Nice, Lou chez des amis parisiens de Siegler-Pascal.
2<strong>15</strong><br />
216<br />
217<br />
Car le dessin de Rouveyre n’est pas sans évoquer la figure même d’Apollinaire : il ne<br />
s’agit en tout cas pas d’un “ prisonnier allemand “ mais d’un officier français puisque les<br />
insignes portés au col sont ceux de l’armée française [Apollinaire était artilleur et souslieutenant].<br />
La figure est, en tout cas, proche du visage d’Apollinaire, tel qu’il sera représenté par<br />
Picasso dans les contemporains pittoresques.<br />
Très bel ensemble.<br />
Cf. Album Pléiade, pp. 206-207.<br />
2<strong>15</strong> Nathalie Sarraute. Vous les entendez ? Paris, Gallimard, 1972. In-12, broché.<br />
400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />
Avec Vous les entendez ? Sarraute délaisse le champ romanesque pour s’intéresser à<br />
l’art et à sa réception - une sculpture de pierre pré-colombienne provoquant par sa seule<br />
présence conflits et tensions au sein d’une famille : agressivité délibérée, jalousie, ignorance<br />
?<br />
L’œuvre d’art comme objet culturel source d’incompréhension et de tension est cette fois<br />
menacée, non par des paroles, mais par des rires, «énigme illimitée où les rapports<br />
humains se réfléchissent les uns les autres sans jamais s’arrêter en une signification définitive».<br />
Une réflexion qui pose la culture au centre même des rapport humains et qui<br />
annonce -le flamboyant humour de Yasmina Réza en moins - la pièce Arts.<br />
Lisons Sénéque ! Un des grands textes de Sarraute, injustement méconnu.<br />
216 Nathalie Sarraute. Entre la vie et la mort. Paris, Gallimard, 1968. In-12 de<br />
261 pp., broché.<br />
650 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 56 exemplaires sur vélin (seul grand papier).<br />
Le destin des livres de Nathalie Sarraute est assez paradoxal : une écriture difficile,<br />
aïgue, analysée comme telle par Maurice Blanchot, et une des plus aimée et des plus<br />
connues de notre littérature. Dans les années soixante, Sarraute publiera trois romans<br />
autour du même thème, développant une réflexion sur “ l’effort créateur “ : les Fruits<br />
d’or en 1963 ; Vous les entendez ? (cf. <strong>n°</strong> précédent) en 1972 et, intercalé, Entre la<br />
vie et la mort, qui tient une place essentielle pour l’auteur : l’histoire d’un écrivain dont<br />
l’introspection tourne au tragique, qui vivra “ une lutte effroyable entre la sensation<br />
pure, le ressenti et le mot à travers lequel il va devenir visible (...) : lutte acharnée et incertaine<br />
sur un des terrains où la vie et la mort s’affrontent avec le plus de dissimulation,<br />
celui où une oeuvre littéraire prend racine, grandit ou meurt “.<br />
Superbe exemplaire ; parfait état.<br />
217 Jean-Paul Sartre. Esquisse d'une théorie des émotions. Paris, Hermann, «<br />
Actualités scientifiques et industrielles », 1939. Grand in-8 de 53 pp., broché.<br />
200 €<br />
EDITION ORIGINALE. (pas de grand papier).<br />
Staline et Hitler ont plongé une partie du monde dans la terreur, il convient donc de<br />
penser l'Homme et le monde avec de nouveaux outils : ne plus se contenter de constater<br />
les faits mais s'intéresser à la signification des faits humains. C'est la naissance de la phénoménologie<br />
que Sartre embrasse aussitôt et applique ici à l'étude des émotions. L'être<br />
humain est jeté dans le monde, ses émotions traduisent son rapport au monde, signifient<br />
sa réalité d'être affectif. Ainsi est mise à jour une des structures essentielles de la<br />
conscience.<br />
Tel est l'apport de la méthode phénoménologique à la psychologie : les émotions ne sont<br />
plus des faits accidentels, observables par introspection ou empirisme, elles sont des phénomènes<br />
de conscience constitutives de la nature de l'homme.<br />
Bel exemplaire, non coupé, en parfait état.
218<br />
219<br />
220<br />
218 Jean-Paul Sartre. Huis clos. Paris, Gallimard, 1945. In-12 de 122 pp., broché.<br />
250 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 250 exemplaires hors-commerce num. sur châtaignier.<br />
Créée le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, nous devons à Robert Kanters de<br />
connaître les prémisses qui permirent à l'auteur de monter cette pièce : « En un jour,<br />
Annet Badel décida de racheter le Vieux-Colombier et de lui rendre son lustre du temps<br />
de Copeau (…). / Et c'est Gaston Gallimard qui apporta le texte manuscrit, ou déjà<br />
publié sous le titre Les Autres par l'Arbalète, d'une pièce d'un auteur dont il avait déjà<br />
publié les premiers livres, dont des articles de la Nouvelle Revue française avaient<br />
ébranlé des idoles en place comme Mauriac ou Giraudoux, et dont Charles Dullin<br />
avait déjà monté une oeuvre, Les Mouches : Jean-Paul Sartre. »<br />
Dans la première distribution, Sartre qui avait écrit sa pièce pour deux jeunes élèves du<br />
Conservatoire, dont l'une était sa maîtresse, confia le rôle titre à Camus ainsi que la mise<br />
en scène. Mais Badel mit en doute les qualités de metteur en scène de l'écrivain et Sartre<br />
proposa le travail à Raymond Rouleau. Camus, privé de mise en scène et déçu, renonça<br />
au rôle et fut remplacé par Michel Vitold.<br />
Outre ces fluctuations, dès sa création la pièce fut un triomphe. Elle est encore aujourd'hui<br />
la plus connue, la plus jouée et la plus rééditée des œuvres dramatiques de Sartre.<br />
219 Jean-Paul Sartre. Les Séquestrés d’Altona. Paris, Gallimard, 1960. In-12 de<br />
222 pp., broché.<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 45 exemplaires de tête sur Hollande.<br />
750 €<br />
Parmi les critiques que souleva la première représentation de cette pièce, donnée le 23 septembre<br />
1959 au théâtre de la Renaissance, celle de Bernard Dort formula nettement<br />
l'intention de l'auteur : « Jamais Sartre n'avait dit comme ici son angoisse devant le<br />
monde d'aujourd'hui, la nécessité de le vivre, de l'assumer pleinement, d'en être non seulement<br />
le témoin, mais un acteur responsable. »<br />
Ce « monde d'aujourd'hui », c'est celui d'Auschwitz, de la guerre d'Algérie ; quinze ans<br />
à peine ont passé pour l'un, et l'autre est contemporaine de la pièce. A la question d'une<br />
journaliste : « Quelle émotion particulière entendez-vous donner par les Séquestrés ? »,<br />
Sartre avait répondu « Le sentiment de l'ambiguïté de notre temps. La morale, la politique,<br />
plus rien n'est simple » et il ajoutait dans une allusion à peine voilée à l'Algérie, «<br />
Il y a cependant des actes inacceptables. » Chacun donc de ces épisodes tragiques appartiennent<br />
à ce XXème siècle « solitaire et difforme », comme le nomme « Frantz », personnage<br />
central de la pièce qui représente un héros contradictoire, qui après avoir sauvé<br />
une vie devient un criminel. Ce renversement des fins par les moyens est ce que l'auteur<br />
appellera dans La Critique de la raison dialectique, écrite en même temps que cette<br />
pièce, « la contre-finalité ».<br />
220 Jean-Paul Sartre. Critique de la raison dialectique (précédé de Question de<br />
méthode). Théorie des ensembles pratiques. Paris, Gallimard, 1960. 2 vol. fort in-8,<br />
brochés.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 20 exemplaires de tête sur Hollande.<br />
Véritable traité où sont analysées les formes contemporaines du mal, ce texte interroge<br />
l'origine, la nature et la possible éviction d'une de ses manifestations les plus courantes<br />
: la violence. Comment éradiquer ce mal ? Une question que seule peut éclairer la raison<br />
appliquée à l'histoire, c'est-à-dire précisément la raison dialectique. Mais attention, celleci<br />
pensée par Sartre prend une résonance très concrète creusant l'écart entre marxisme<br />
et existentialisme. Un écart dont l'auteur lui-même reconnaît la cause profonde, la continuité<br />
du sens de l'Histoire selon la raison dialectique s'oppose à la discontinuité du temps<br />
telle qu'il la pose dans l'Etre et le Néant. Huit cent pages serrées que Sartre mit plusieurs<br />
années à écrire alors même qu'il travaillait sur Les Séquestrés d'Altona (cf. <strong>n°</strong><br />
précédent), autre méditation sur le mal.<br />
Le tome II annoncé n'a jamais paru (sera complété dans une édition collective en 1985 chez Gallimard). Seul<br />
le tirage de tête sur Hollande est en deux volumes, du fait de l'épaisseur du papier : le tirage courant et le purfil<br />
paraissent en 1 vol. in-8 de 755 pp. Parfait état. Très rare.
221<br />
222<br />
222<br />
223<br />
221 Ferdinand de Saussure. Cours de linguistisque générale. Genève, Payot, 1916.<br />
In-8, broché, étui-chemise plein papier, dos lisse à filets d'encadrement.<br />
2400 €<br />
EDITION ORIGINALE (pas de grand papier).<br />
Le Cours de linguistique générale, enseigné par de Saussure entre 1907 à 1911, est<br />
reconstitué en 1916 à partir des notes de travail laissées par Saussure et des cahiers de<br />
Charles Bailly et Albert Sechehaye, deux de ses élèves.<br />
Cet ouvrage capital pose les conditions de la linguistique moderne.<br />
Bel exemplaire broché. Très rare.<br />
222 [Bretagne - prix Goncourt]. André Savignon. Filles de la pluie. (Scènes de la<br />
vie ouessantine). Paris, Bernard Grasset, 1912. In-12 de 303 pp., broché.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Exemplaire <strong>n°</strong> 1 sur Hollande, nominatif de Louis Brun, directeur des éditions<br />
Grasset.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Louis Brun, en cordial souvenir, en remerciement pour son dévouement<br />
et avec l’espoir que nos bons rapports durent longtemps “.<br />
On ne peut pas dire que ce voeux de l'auteur fut tout à fait exaucé... Témoin, la petite histoire<br />
du prix Goncourt qu'il remporta avec ce livre et celle de ses rapports avec Bernard<br />
Grasset. Pendant une campagne menée fermement pour obtenir ce prix, et cela depuis<br />
l'Angleterre où il se rendait souvent pour son travail de journaliste, Savignon n'obtint<br />
pas le soutient total de Grasset.<br />
Au départ l'éditeur croyait si peu à ce livre qu'outre le contrat du 5 décembre 1911 signé<br />
à compte d'auteur, il laissa à d'autres la charge de soutenir Les Filles de la pluie auprès<br />
du jury. Pierre Mille, alors critique au journal Le Temps, mena à sa place certaines<br />
démarches auxquelles il ne fit qu'acquiescer. Cependant Grasset, au dernier moment,<br />
guida son auteur pour qu'un faux pas ne remette pas en jeu ses chances de succès : « Il<br />
me revient de divers côtés, aussi bien du milieu Goncourt que du milieu Vie heureuse<br />
que vous êtes très recommandé. Je viens vous le dire tout de suite, et vous supplie de ne<br />
plus faire aucune démarche d'aucun côté. Tout le monde maintenant connaît votre livre<br />
et une démarche ou une recommandation nouvelle aurait peut-être un effet désastreux.<br />
C'est une chose de pure impression, mais ces impressions-là ne trompent pas (...) Donc<br />
couchez-vous, fiez-vous à ma diplomatie. » Grasset avait raison et sa stratégie porta ses<br />
fruits. Filles de la pluie obtint le Goncourt tandis que Grasset, toujours avisé, avait<br />
entretemps modifié le contrat qui l'unissait à l'écrivain.<br />
Cependant le succès de librairie fut si mitigé que les exemplaires se vendirent lentement<br />
et peu. La critique sévère prévoyait que Sauvignon ne fit pas long feu. Et de fait, après la<br />
guerre, Savignon avait presque disparu de la scène littéraire ; quand son éditeur voulut<br />
le relancer en lui proposant un contrat d'exclusivité, Savignon refusa. Fin de l'histoire.<br />
Ce roman, malgré tout, est aujourd’hui considéré comme un excellent témoignage sur la<br />
vie bretonne et ouessantine du début du XXème siècle.<br />
On joint une lettre autographe, datée du 25 février 1913 : “ Monsieur, c’est avec un vif<br />
plaisir que j’ai lu “ Les Filles de la pluie “ dont vous m’avez fait hommage et qui, dans<br />
mon nouveau poste, vient me rappeler Ouessant. L’auteur rapporte certains faits dont je<br />
peux garantir l’authenticité et sur lesquels il reste encore bien en dessous de la vérité : la<br />
conclusion est nette : “ c’est une île perdue “. Avec mes remerciements, [sign. non identifiée],<br />
ancien juge de paix d’Ouessant ; juge de paix à Tinchebray “.<br />
Exemplaire à grandes marges, en parfaite condition.<br />
223 Léopold Sédar-Senghor. Ethiopiques. Paris, le Seuil, 1956. In-8, broché.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 25 exemplaires de tête sur vélin neige.<br />
Aïthiops, en grec, signifie « ce qui paraît brûlé », d'où noir, couleur de la peau. Le titre du<br />
recueil de Senghor - son troisième recueil de poèmes - est donc révélateur. Il y voit une<br />
revendication de la Négritude - qui consiste en l'affirmation des cultures africaines et en<br />
la revendication de l'identité noire - à travers de poèmes qui ont vocation à être chantés.<br />
Titre très important de l’auteur, qui marque une nouvelle étape de la riche vie de Senghor
224<br />
225<br />
226<br />
: l’enfant prodige de Joal, l’étudiant du lycée Louis-le-Grand, le compagnon d’Aimé<br />
Césaire et de Léon Damas, le premier agrégé de grammaire africain de l’Université de<br />
Paris, le défenseur de la francophonie, l’animateur du Premier Congrès international des<br />
Artistes noirs ou encore Président de la République du Sénégal.<br />
224 Samuel Silvestre de Sacy. Dix légendes en marge du livre. Eaux-fortes de Jean<br />
Bruller. Paris, Chez les frères Creuzevault, s.d. (1930). Fort in-4 de 120 pp. Plein<br />
maroquin tête de nègre, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Rel. signée de<br />
Creuzevault).<br />
1700 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires num. du tirage de tête sur Japon impérial,<br />
celui-ci nominatif pour Jean-Jacques Journet.<br />
Exemplaire enrichi d’un envoi autographe signé de l’auteur :<br />
“ bien cordialement / S. Silvestre de Sacy” ,<br />
ainsi que d’une page du manuscrit [correspondant au texte imprimé page 26], d’un dessin<br />
original en coul. signé de Bruller, d’une suite en premier état + une en noir + une en<br />
couleurs. Envoi autogrraphe signé au crayon de l’illusrateur au faux-titre :<br />
“ à monsieur J.-J. Jourmet / [dessin figurant un moine tonsuré] / bien sympathiquement<br />
/ Jean Bruller “.<br />
Splendde exemplaire, admirablement relié.<br />
225 Georges Simenon. Germaine Krull. La Folle d’Itteville. Phototexte. Paris,<br />
Jacques Haumont, 1931. In-8, broché.<br />
1400 €<br />
EDITION ORIGINALE. Couverture et illustrations photographiques par Germaine Krull.<br />
Rare publication de Simenon, La Folle D'Itteville est présenté le 4 août à bord de sa fidèle<br />
péniche L'Ostrogoth, amarré au quai d'Anjou (pont Marie) à Paris, avec Jacques<br />
Haumont et Germaine Krull. Cette fête arrose le lancement de la collection «<br />
Phototexte » dont -malgré l'annonce en quatrième de couverture d'une nouvelle collaboration<br />
Simenon / Krull pour L'Affaire des 7 »- il ne paraîtra que ce seul volume.<br />
Menguy, p.29, <strong>n°</strong> 8 ; Grisay, p. 98.<br />
les exemplaires de Claude Menguy, le bibliographe de Simenon<br />
226 Georges Simenon. La Guinguette à deux sous. Paris, A. Fayard, 1931. In-12,<br />
broché, couv. illustrée par la photographie.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE. (pas de grands papiers).<br />
Envoi autographe signé :<br />
“En souvenir de Morsang, où j’étais jeune,<br />
à Claude Menguy qui connaît les lieux de l’action. 1985 “<br />
Un assassin, dont on a perdu la trace, est retrouvé, par hasard, parmi les clients de la<br />
Guinguette à deux sous, petit établissement sur les bords de la Seine, près de Morsang.<br />
Chaque dimanche, depuis des années, quelques Parisiens ont pris l'habitude de s'y<br />
retrouver. Environnement hautement autobiographiques : depuis 1931 et les premiers<br />
romans parus chez Fayard (ce titre est le 12 ème de la série), Simenon rédige ses Maigret<br />
à bord de l'Ostrogoth, à quai à Morsang-sur-Seine. Il avait fait construire en 1929 ce<br />
cotre de dix mètres, à Fécamp. Premier voyage pour le navire, par la Belgique, la<br />
Hollande, et la Norvège par le bateau régulier.
227<br />
C’est dans ces moments qu’ il aurait rédigé son premier Maigret, à Delfzijl (Pietr le<br />
Letton), puis les titres suivants ; il s’installe fin 1929 à quai à Morsang-sur-Seine, jusqu’à<br />
l’été 1930 : il passe ensuite l'automne et l'hiver en Bretagne et Normandie: c’est là<br />
qui’il rédige en octobre, à Ouistreham (Calvados) La Guinguette à deux sous. Comme<br />
un adieu, il y évoque Morsang, où il ne reviendra plus : en décembre, L’Ostrogoth est<br />
vendu et Simenon s’installe à Antibes. Le même mois, La Guinguette à deux sous est<br />
imprimée et paraît en librairie en janvier 1932.<br />
C’est sur L’Ostrogoth que Fayard avait organisé, le 20 février 1931, un Bal anthropométrique<br />
qui marque la naissance de Maigret et de l’écrivain Simenon, qui signe sous<br />
son nom pour la première fois. On présente les deux premiers titres parus, Monsieur<br />
Galet, décédé et Le pendu de Saint-Pholien, ainsi que l’étonnante Folle d’Iteveille<br />
(cf. <strong>n°</strong> précédent) :<br />
“ Outre l'opération médiatique qui l'accompagne, le lancement des enquêtes du commissaire<br />
Maigret se signale par une innovation considérable pour l'époque en matière d'édition<br />
: des couvertures illustrées sur les deux plats et le dos par la reproduction d'une photographie<br />
en noir et blanc. Le prix des ouvrages est de 6 Fr. et les lettres blanches du titre<br />
sont garnies d'un filet sinusoïdal, ce qui — en principe (car il existe des exceptions !) —<br />
distingue les éditions originales des réimpressions.” (Yves Martina).<br />
Bel exemplaire de très belle provenance.<br />
Menguy, p.32, <strong>n°</strong> 13 ; Grisay, p. 98.<br />
227 Georges Simenon. Maigret. Paris, A. Fayard, (mars) 1934. In-12 de 254 pp.,<br />
broché.<br />
750 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires de tête sur vélin (seul grand papier, <strong>n°</strong> 20).<br />
Dernier titre des Maigret paru chez Fayard ; ce 19 ème titre devait même clore la série : “<br />
J'ai choisi. Quand, après une vingtaine de romans, je me suis aperçu que je penchais plutôt<br />
du côté de l'œil de Dieu que du côté du quai des Orfèvres, je me suis arrêté et j'ai passé<br />
à d'autres exercices. On m'a envoyé des tas de lettres. On m'en a voulu. « Le Jour » m'a<br />
demandé de faire revivre Maigret pendant quelques semaines. J'ai juré, auparavant, que<br />
c'était la dernière fois ! “ (In « Le Jour » (quotidien), du 19 janvier 1934, pour accompagner<br />
la préoriginale de Maigret).<br />
Car depuis octobre 1933, Simenon est engagé par un contrat qui le lie à Gallimard jusqu'en<br />
1945. Dans son esprit, il en a terminé avec Maigret et la publication, en <strong>juin</strong> de la<br />
même année, de L'écluse <strong>n°</strong> 1 puis, “ pour la dernière fois “ du roman intitulé symboliquement<br />
Maigret, où l'auteur se croit débarrasser définitivement de son personnage,<br />
qu'il envoie en retraite à Meung-sur-Loire.<br />
Mais Simenon est aussitôt sollicité par ses éditeurs et doit se rendre à l'évidence : le destin<br />
de Maigret ne lui appartient plus. En 1936, il fait revivre le commissaire dans une<br />
série de nouvelles-concours commandées par le quotidien « Paris-Soir » puis, l'année suivante,<br />
par la Société Parisienne d'Editions qui lui réclame dix enquêtes (également<br />
sous forme de nouvelles) pour sa collection « Police-Film / Police-Romans »... c’est le<br />
retour du célèbre comissaire , en 1942 et Maigret revient. Suivront 56 romans et 28<br />
nouvelles, auxquels il faut ajouter, après 1942, 82 romans hors-Maigret et à peu près<br />
autant de nouvelles.<br />
Provenance : Claude Menguy (<strong>n°</strong> 36 de la vente de sa bibliothèque).<br />
Menguy, p. 44, <strong>n°</strong> 3 ; Grisay, p. 99.
230<br />
232<br />
233<br />
228 Georges Simenon. Maigret a peur. Paris, Presses de la Cité, 1953. In-12, broché,<br />
jaquette imprimée à rabats.<br />
Un des 100 exemplaires num. sur vélin (seul grand papier). Celui-ci, <strong>n°</strong> 27<br />
450 €<br />
229 Georges Simenon. Le Grand Bob. Paris, Presses de la Cité, 1954. In-12, broché,<br />
couv. illustrée.<br />
600 €<br />
EDITION ORIGINALE, un des 100 exemplaires num. sur pur-fil, enrichi d'un joli envoi<br />
signé à l'encre noire de Simenon :<br />
“ à Jules Gheude, sympathique découvreur<br />
d’éditions originales [signature] / 1986 “.<br />
Parfait état neuf, non coupé, impeccable.<br />
230 Georges Simenon. Pedigree. Paris, Presses de la Cité, 1952. In-8, broché, jaquette<br />
imprimée à rabats.<br />
EDITION ORIGINALE. Jointe, photographie originale de l’auteur.<br />
Bel exemplaire du premier tirage, non expurgé.<br />
450 €<br />
231 Georges Simenon. Chemin sans issue. Paris, Gallimard, 1938. In-12 de 222 pp.,<br />
broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 30 exemplaires sur vélin, celui-ci 1/10 h.-commerce. (<strong>n°</strong> 23).<br />
Bon exemplaire.<br />
1200 €<br />
232 Georges Simenon. Les Témoins. Lakeville, Conn.[ecticut], 1954. In-4 de 231<br />
pp., sur papier jaune, couvertures éditeur de canson noir avec titre imprimé en jaune, dos<br />
à spirales.<br />
4500 €<br />
EDITION ORIGINALE miméographiée à 100 exemplaires, numérotée et signée par l’auteur.<br />
Seuls trois romams de Simenon paraîtront sous cette forme : Maigret chez le Ministre,<br />
Maigret et le corps sans tête et Les Témoins. Ils sont tous trois d’une grande rareté.<br />
La Boule noire, annoncé comme tel, ne paraîtra jamais (mais seulement en éditions française<br />
aux Presses de la Cité).<br />
Menguy, p. 109, <strong>n°</strong> 183.<br />
233 Georges Simenon. Le Roman de l’homme. S.l., 1959. In-12 de 96 pp., en feuilles,<br />
sous chemise de moire crème avec titre doré au dos, étui à l’identique.<br />
600 €<br />
VÉRITABLE EDITION ORIGINALE.<br />
Ce tirage fut entièrement retiré de la vente et jamais diffusé, à la demande de l’auteur :<br />
Simenon y était orthographié Siménon au dos de l’ouvrage ; un nouveau tirage fut réalisé<br />
dans la foulée, sous couverture, tirage et étui différents. Une rareté.<br />
Menguy, p. 1<strong>15</strong>, <strong>n°</strong> 97.
234<br />
234 Siné. Code pénal. Paris, Maurice Gonon, s.d. (1959). Pt in-4 de 229 pp. sous<br />
étui-chemise illustré de l’éditeur.<br />
900 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 500 ex. num. comprenant une suite en noir des h.-texte ainsi que la suite des dessins<br />
non retenus.<br />
Envoi autographe signé par l’auteur au faux-titre :<br />
“ à Dubout, / le jeune / Siné admiratif “.<br />
[dessin au stylo figurant un bagnard, qui, en guise de boulet, traîne sa propre tête].<br />
Très bel exemplaire d’une remarquable association ; Albert Dubout illustrera ensuite le Code des Impôts,<br />
dans la même collection.<br />
235 Philippe Sollers. La Fête à Venise. Paris, Gallimard, (1991). In-8 de 238 pp.,<br />
broché.<br />
700 €<br />
EDITION ORIGINALE.Un des 40 exemplaires num. sur Vélin pur-chiffon. (Seul papier).<br />
“ Si la plupart de mes romans sont marqués par l’art, La Fête à Venise est celui dans<br />
lequel il est le plus central. Mon but était d’examiner l’art dans tous ses états à la fin du<br />
siècle. Le goût était, en fait, le grand sujet de ce roman. Le goût au sens de Lautréamont<br />
aussi, comme nec plus ultra de l’intelligence. En un temps où l’on parle beaucoup de<br />
morale, j’aimerais bien qu’elle soit ramenée à la dimension du goût. (in Beaux Arts, <strong>n°</strong><br />
110, mars 1993, entretien avec Pierre Assouline).<br />
236 Philippe Soupault. Terpsichore. Paris, Emile Hazan, 1928. In-8, broché.<br />
230 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 50 exemplaires h.-commerce sur alfa anglais.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Yves Gandon, souvenir très amical, Philippe Soupault “.<br />
À la fois poète, romancier, journaliste et critique littéraire, Yves Gandon publia son premier<br />
recueil de poèmes, Ventres de Guignol, en 1922. Son œuvre romanesque est particulièrement<br />
marquée par Le Pré aux Dames, « chronique romanesque de la sensibilité<br />
française » en douze volumes (1942-1966), qui dresse un vaste panorama à travers le<br />
regard privilégié de personnages féminins.<br />
237 [Anna Staritsky]. Six poètes belges. Paris, Editions Lacouriere, (1963). Inplano<br />
de 38 ff., en feuilles sous chemise illustrée d'une composition originale.<br />
1700 €<br />
ÉDITION ORIGINALE imprimée à 60 exemplaires, tous orné d’une couverture en collage et<br />
aquarelle originale d’Anna Straritsky.<br />
Anna Staritsky, peintre graveur d’origine ukrainienne, travailla à Bruxelles puis à<br />
Paris à partir de 1953 ; elle permet à Butor de s’émanciper complètement des critères<br />
esthétiques traditionnels du livre de bibliophilie avec leur première réalisation, Une<br />
chanson pour Don Juan (imprimé à 50 exemplaires) qui scelle le début d’une longue<br />
histoire de livres illustrés.<br />
Six poètes belges comprend quant à lui des textes originaux de Robert Guiette, Franz<br />
Hellens, Philippe Jones, Marcel Thury, Edmond Vandercammen et Fernand<br />
Verhesen. Chaque poème est illustré d’une gravure originale sur cuivre, en couleurs,<br />
signée par l’artiste.<br />
La couverture, unique pour chaque exemplaire, est un collage original de l’artiste.<br />
Splendide ouvrage, en parfaite condition, complet ; très rare.
254<br />
239<br />
238 [Surréalisme]. Michel Corvin. Ill. de Copi. Petite folie collective. Lausanne,<br />
Tchou, 1966. In-12 étroit de 253 pp. et 1 f., broché.<br />
140 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé :<br />
“ à Philippe Soupault, cette [PETITE FOLIE COLLECTIVE],<br />
hommage respectueux de Michel Corvin “.<br />
Joli assemblage d’aphorismes, maximes, sentences, proverbes surréalistes et littéraires,<br />
emprûntées à Aragon, Apollinaire, Breton, Char, Cocteau, Crevel, Dalì, Jarry,<br />
Leiris, Michaux, Picabia, Picasso, Queneau, Reverdy, Rigaut, Rimbaud, Tzara,<br />
Vaché... et évidemment à Philippe Soupault, dont le fameux “ Rira bien qui mourra le<br />
dernier “ (p. 187).<br />
Bel exemplaire.<br />
239 Roger Vailland. Le Colonel Foster plaidera coupable. Pièce en 5 actes. Paris,<br />
Les Éditeurs français réunis, s.d. (1952). In-12 broché de <strong>15</strong>7 pp.<br />
300 €<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Envoi autographe signé de Roger Vailland, Loleh Bellon [compagne de Cl. Roy et<br />
comédienne dans la pièce] et Louis Daquin, metteur en scène de la pièce, qui lui est par<br />
ailleurs dédiée.<br />
En Corée du Sud, pays meurtri par la guerre, se rencontrent des personnages aux aspirations<br />
antagonistes. Jimmy, soldat américain insouciant, mort au combat sans bien<br />
savoir pourquoi il s'était battu, le colonel Foster dont l'âme noble répugne à commettre<br />
ce que l'on appellerait aujourd'hui des « crimes de guerre », le communiste Marsan,<br />
condamné à mort, et qui au dernier moment s'exclame qu' « il faut croire au bonheur ».<br />
La première de cette pièce militant contre le guerre eut lieu le 16 mai 1952 au Théâtre<br />
de l'Ambigu. En pleine guerre de Corée, un tel sujet ne pouvait convenir aux autorités<br />
françaises. Par arrêté préfectoral la pièce fut interdite dès le lendemain.<br />
Le double envoi de cet exemplaire est adressé au metteur en scène et au premier rôle. L'un,<br />
réalisateur, scénariste et acteur, militant communiste introduira Roger Vailland dans le<br />
monde du cinéma à la fin des années 40. Ils signèrent ensemble plusieurs scénarios.<br />
Loleh Bellon, quant à elle, de son vrai nom Marie-Laure Bellon, fut l'épouse de l'écrivain<br />
Claude Roy et la sœur de la réalisatrice Yannick Bellon. D'abord comédienne<br />
pour le théâtre, elle fera carrière au cinéma et à la télévision.<br />
240 Roger Vailland. Ecrits intimes. Paris, Gallimard, (1968). Un fort vol. in-8 de<br />
883 pp., broché.<br />
EDITION ORIGINALE.<br />
Un des 36 exemplaires sur Vergé de Hollande, tirage de tête (<strong>n°</strong>23).<br />
480 €<br />
Emporté par la maladie le 12 mai 1965, Roger Vailland laissait dans ses papiers personnels<br />
plus de deux mille pages inédites. Ordonnées et présentées par Jean Recanati et<br />
la dernière compagne de l'auteur, Elisabeth Vailland, cet ensemble présente des<br />
ébauches de romans, de nouvelles ou de pièces de théâtre, des notes mais aussi, et cela en<br />
constitue la plus grande part, la correspondance et le journal intime. En ayant préféré<br />
l'ordre chronologique à l'ordre thématique, les éditeurs ont ainsi mis en exergue « l'évolution<br />
d'un homme, écrit sa femme, qui disait lui-même s'être fait au cours de saisons<br />
successives ».<br />
Le lecteur verra donc ici le jeune homme « frêle et doux », élève au lycée de Reims qui<br />
commence à écrire devenir l'homme de cinquante-sept ans qui confie à son Journal intime<br />
en date du 18 janvier 1965 « Epilogue aux précédents cahiers : une maladie à virus<br />
mal déterminée... « . Entre ses deux époques, il y aura la brève aventure du Grand Jeu<br />
avec Roger-Gilbert Lecomte, le groupe surréaliste, le journalisme, son engagement<br />
dans la Résistance puis son engagement politique d'après guerre. Et dans toutes ces « saisons<br />
», se formera l'oeuvre romanesque dont, curieusement, il n'est que peu question<br />
dans ce livre.<br />
Etat de neuf.
242<br />
243<br />
244<br />
241 [Jean de la Varende]. Robert Brasillach. Commentaire sur la Varende. Liège,<br />
Ed. Dynamo / P. Aelberts, s.d. (1952). Plaquette in-12 de 13 pp., cousue.<br />
110 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des 11 exemplaires de tête sur vergé de Hollande.<br />
Portraits photographiques de La Varende ainsi que de Brasillach en frontispice.<br />
242 Vercors. Le Silence de la mer. S.l., Editions Charlot, 1944. Pet. in-8 de 55 pp. et<br />
1 f., broché.<br />
200 €<br />
Quatrième édition, chronologiquement, du texte. Transmis à Charlot via la valise diplomatique,<br />
l’éditeur “décide immédiatement de le publier. C’est tout de suite un succès -<br />
une vingtaine de milliers d’exemplaires sont vendus rapidement, mais c’est aussi l’occasion<br />
du vive polémique avec les communistes pour lesquels ce livre est celui d’un fasciste<br />
“ (Michel Pluche, cité par Vignes-Lacroix).<br />
Mention fictive d’édition.<br />
Vignes-Lacroix, L’Intelligence en guerre, <strong>n°</strong> 792.<br />
243 Vercors. Le Silence de la mer. Sans lieu, A la croisée des Chemins, 1947.<br />
500 €<br />
Seconde édition illustrée, avec 16 lithographies en couleurs d’Olga Székely-Kovacs.<br />
Un des 475 exemplaires sur vélin d’un tirage total à 500 exemplaires.<br />
Envoi autographe signé de Vercors au premier feuillet. Rare.<br />
244 Maximilien Vox. Diagnostics Littéraires. Paris, Bernard Grasset, 1926. In-4,<br />
broché, sans pagination.<br />
250 €<br />
ÉDITION ORIGINALE. Un des 350 exemplaires sur papier pur chiffon Lafuma<br />
Tout à la fois peintre, auteur, éditeur et critique d'art, c'est néanmoins en sa qualité de<br />
typographe et illustrateur qu'il fut permis à Maximilien Vox d'accéder à une plus grande<br />
notoriété. Concevant la typographie tel un art à part entière, il fut d'ailleurs l'inventeur<br />
d'une classification des caractères à laquelle il légua son nom, et qui fut adoptée par<br />
les autorités compétentes en 1962.<br />
Dans ces « Diagnostics littéraires », il se livre à un bien curieux hommage... “ plein d'irrévérence,<br />
de dérision, d'humour envers quelques uns de ses contemporains, qui<br />
n'en demeurent cependant pas moins ses amis. Nul fiel, pas plus que d'acrimonie<br />
dans cet exercice de la critique par synthèse plastique “ (P. Reboux in<br />
Préface)... et les croquis valant mieux qu'un long discours»…<br />
Chacun de ces pastiches graphiques vient illustrer une œuvre littéraire. Ramuz,<br />
Cendrars, Cocteau, Claudel, Mac Orlan, Giraudoux sont à dénombrer - entre autres<br />
- parmi les victimes de Vox. On peut apprécier la variété du trait et les différentes techniques<br />
usitées dans l'élaboration de ses compositions. Et se délecter, à tous égards, de leur<br />
impact .<br />
Pour exemples : Kipling apparaisant sous l'écrasant aspect d'un pachyderme flanqué de<br />
l'Union Jack s'adonnant sereinement à la lecture du Times, cela, sur un amas d'animaux<br />
suffocants, Wells découvrant son épouse comettant un irréparable pêché de chair avec la<br />
personne d'un robot, un chirurgien-boucher-cuisinier prélevant sa matière première<br />
directement dans les entrailles d'un malheureux (oui, il n'est pas mort…), deux livres de<br />
Morand n'en formant plus qu'un et s'intitulant « Entrebaillé la Nuit »…<br />
Charmant ouvrage, bel exemplaire.
264<br />
245<br />
245 Andy Warhol. The Philosophy of Andy Warhol (from A to B & back again).<br />
New-York, Brace & Harcourt, 1975. In-8, cartonnage éditeur, jaquette originale en<br />
couleurs à rabats.<br />
1200 €<br />
EDITION ORIGINALE, premier tirage.<br />
Exemplaire signé par Warhol au gros feutre noir en vertical.<br />
246 Andy Warhol. A. A novel. New-York, Grove Press, 1968. In-8, cartonnage éditeur,<br />
jaquette originale en couleurs à rabats.<br />
1000 €<br />
EDITION ORIGINALE, premier tirage.<br />
Exemplaire signé par Warhol, au nom complet.<br />
C’est dans ce titre qu’apparaît pour la première fois la figure de Drella, surnom-pseudo<br />
d'Andy Warhol. Cet astucieux mélange de Dracula et de Cinderella met en évidence<br />
le doublement de personalité de Warhol.<br />
A la fois diabolique et angeline. Et touche à tout. Car A, a novel est l’expérience réussie<br />
d’un mélange de cinéma et d’écriture. La Factory de 1963 à 1968 s’envisage comme lieu<br />
d’avènement et réceptacle d’images (photographies et vidéos) avant même qu’il ne soit<br />
question de support ou de leurs utilisations futures. Plus de 500 oeuvres seront ainsi<br />
créées, plus les films de "performance" qui sont l’enregistrement intégral d’une action<br />
dans la limite du stock de pellicule possible : 2 bobines de 54’ pour le portrait d’Henri<br />
Geldzahler fumant un cigare, 9 bobines de 30' pour Blow Job, 2 bobines de 33’ pour<br />
Beauty number 2, entre autres, seront transcrits, revisités et rédigés par Warhol pour<br />
A, a novel.<br />
Deux traces anciennes de papier collant à la jaquette, sans manque, sinon bon exemplaire.<br />
Rare avec la signature complète (Warhol ne signera, par la suite, exclusivement qu’avec ses initiales).<br />
pour finir, un <strong>n°</strong> 1 !<br />
247 Kikou Yamata. Sur des lèvres japonaises. Paris, Le Divan, 1925. In-12 de <strong>15</strong>8<br />
pp., broché.<br />
450 €<br />
EDITION ORIGINALE. Un des <strong>15</strong> exemplaires de tête sur Japon, celui-ci premier, marqué A.<br />
Lettre-préface de Paul Valéry, qui présente ce recueil de contes japonais et de pièces de<br />
Noh traduites.<br />
Exemplaire enrichi d’un feuillet avec idéogrammes, dessin en couleurs et court poème<br />
signé “ Kikou Yamata, Chrysanthème de rivière de montagne “.<br />
Kikou Yamata est née à Lyon le <strong>15</strong> mars 1897, fruit du coup de foudre entre une femme<br />
Lyonnaise et Yamada Tadazumi, diplomate japonais natif de Nagasaki. Celui-ci, ayant<br />
suivi les cours de français de Léon Dury, fut l'un des collaborateurs d'Emile Guimet<br />
au Japon puis en France, avant d'être nommé par l'empereur Meiji Consul du Japon<br />
dans la capitale française de la soie, et chargé d'y développer les ventes de ce qui était alors<br />
le premier produit d'exportation du Japon.<br />
A la mort de son père en 1923, elle rentre avec sa mère en France, et commence des études<br />
d'histoire de l'art à la Sorbonne. Elle fait peu après, à 26 ans, son entrée dans les salons<br />
littéraires parisiens. Cette jeune fille insouciante portant le kimono devient vite "la"<br />
Japonaise pour la société parisienne de l'époque, d'autant plus qu'elle parle un français<br />
parfait : les habitués des salons de Muhlfeld ou de la duchesse de la Rochefoucauld se<br />
passionnent pour les explications que "Mademoiselle Chrysanthème" (=kikou, en japonais)<br />
donne sur le Japon, pays étrange et exotique surtout connu en France au travers des<br />
romans de Pierre Loti. Elle rencontre les grandes figures du monde littéraire parisien,<br />
André Maurois, Anna de Noailles, Jacques Chardonne, Cocteau, Léon-Paul<br />
Fargue et Paul Valéry, qui écrit la préface du texte.<br />
Parallèlement à sa carrière littéraire, Kikou Yamata continue aussi à faire connaître<br />
l'art du bouquet japonais, l'ikebana, dont elle a été la pionnière en France.<br />
Bel exemplaire.
Ce <strong>catalogue</strong> a été imprimé à 1 500 exemplaires<br />
dont 60 numérotés de 1 à 60<br />
et réservés aux membres des “ Bonnes Feuilles “.<br />
N°