ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 336. Des hommes, des femmes et des enfants 1381 travaillaient au barrage, organisés en unités de travail. Les unités etaient composées de 10 personnes environ, provenant de pelotons, compagnies et bataillons plus grands qui comprenaient respectivement 30, 100 et 300 personnes 1382 . Les « unités mobiles » étaient formées de « personnes d’âge moyen » 1383 . Certaines étaient mixtes ; dans d’autres, les travailleurs étaient regroupés par sexe mais il n’y avait pas de différence dans les tâches qu’on leur attribuait 1384 . Les travailleurs des unités mobiles devaient construire le barrage, creuser les canaux, construire les systèmes d’irrigation, faire pousser le riz et le repiquer 1385 . Les « unités d’enfants », regroupaient des adolescents de 13 à 17 ans 1386 . Les enfants des unités d’enfants étaient séparés de leur famille et obligés à vivre avec leurs compagnons d’unité 1387 . Il y avait par ailleurs des « unités de cas spéciaux » où ceux qu’on considérait comme tire-au-flanc ou souffrant d’une « maladie idéologique » étaient placés en observation et en rééducation 1388 . L’unité des « cas spéciaux » se voyait attribuer les plus gros quotas 1389 et ceux dont on pensait qu’ils ne pouvaient pas être rééduqués par l’unité disparaissaient à tout jamais 1390 337. Le barrage a été presque entièrement construit à la main 1391 , avec des quotas de 1 à 3,5 m 3 de terre à creuser par personne chaque jour 1392 . Il semble qu’on ait utilisé certaines machines mais seulement pour des tâches secondaires, des tracteurs par exemple, pour niveler le sol 1393 . 338. Bien que cela ait varié entre les différentes unités, les horaires de travail de Trapeang Thma allaient de 7 heures à 11 heures et de 13 heures à 17 heures environ 1394 . Certains témoins parlent également d’horaires de nuit, de 19 h à 22 h ou plus, surtout si les quotas n’étaient pas atteints 1395 . Certaines unités commençaient à travailler plus tôt le matin, à l’aurore 1396 selon un témoin. Aucun repos ni aucune pause n’était autorisé avant que la tâche prévue ne soit terminée 1397 . Ceux qui achevaient leur quota se voyaient ensuite attribuer des quotas supplémentaires 1398 . Même si certains témoins déclarent qu’il n’y avait pas de punition infligée à ceux qui n’atteignaient pas leurs quotas 1399 , il paraît établi que les travailleurs étaient punis 1400 physiquement 1401 ou par la réduction de leur ration alimentaire 1402 . D’autres travailleurs qui n’avaient pas atteint leurs quotas étaient envoyés en rééducation 1403 ou dans l’unité des « cas spéciaux » 1404 339. Les travailleurs n’avaient pas le droit de s’arrêter pour se reposer pendant les heures de travail 1405 . La plupart des témoins déclarent qu’il leur était interdit de parler entre eux 1406 . On leur accordait de courtes pauses pour boire ou aller aux toilettes 1407 , mais les surveillants et les espions 1408 sur le site prenaient note des travailleurs « paresseux » et les signalaient, aussi personne n’osait demander de faire une pause 1409 . On accordait des jours de congés uniquement quand les parents des enfants étaient malades 1410 . Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 96

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 340. Les travailleurs devaient habiter près du site, dans de grandes salles communes qui abritaient parfois jusqu’à 600 personnes 1411 . On ne leur donnait pas de natte, ni de couverture, d’oreiller ou de hamac pour dormir ; ils devaient se les fabriquer eux-mêmes à partir de sacs de riz et ils devaient souvent dormir à même le sol 1412 . Les hommes et femmes célibataires devaient vivre séparément 1413 . 341. Bien qu’un petit nombre de témoins déclarent qu’il y avait assez à manger 1414 , la nourriture était généralement insuffisante 1415 . Selon certains témoins « il fallait boire de l’eau pour compléter » ou « [cueillir] les feuilles des arbres pour manger » 1416 . À l’occasion, ils recevaient du poisson ou de la viande séchée 1417 , mais, même quand on leur donnait ces aliments, cela ne suffisait pas 1418 . L’eau qu’on donnait aux travailleurs venait des proches étangs boueux 1419 . Personne n’osait se plaindre des rations alimentaires par peur d’être tué 1420 . Les travailleurs du barrage mouraient de faim 1421 et d’épuisement, sur place, parfois en plein travail alors même qu’ils transportaient de la terre 1422 . 342. Il y avait un total manque d’hygiène 1423 . L’eau boueuse amenée des étangs n’était pas bouillie 1424 . Les conditions d’hygiène épouvantables entraînaient des maladies chez nombre de travailleurs : dysenterie, cholera, paludisme, etc 1425 . Les rations alimentaires des malades étaient réduites 1426 . Le personnel médical n’était pas formé : les médecins n’avaient aucune connaissance et on les choisissait sur le tas 1427 . Ils arpentaient le site pour donner à tous les malades le même remède à base de plantes, assimilées à des crottes de lapin 1428 . Des enfants étaient recrutés pour être envoyés au service des Affaires Sociales pendant deux semaines et ils revenaient à Trapeang Thma en qualité de personnel médical dans leur unité respective 1429 . Dans ces conditions, nombreux sont ceux qui moururent de maladie 1430 , parfois par familles entières 1431 . 343. Les travailleurs du peuple nouveau étaient soumis à des conditions de travail plus dures, notamment des quotas de travail plus importants ou des punitions injustifiées 1432 . Les soldats et les cadres du Parti notaient les biographies des travailleurs sur le site pour identifier ceux qu’ils allaient ensuite arrêter et exécuter 1433 . 344. Certains témoins disent avoir assisté ou participé à des cérémonies de mariage à Trapeang Thma, où souvent des dizaines de couples étaient unis lors de cérémonies de masse 1434 . Un témoin déclare que les couples étaient forcés de s’unir 1435 , d’autres mariages devaient être approuvés par le chef de l’unité et les travailleurs qui ne respectaient pas cette règle étaient exécutés 1436 . Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 97

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

336. Des hommes, des femmes et des enfants 1381 travaillaient au barrage, organisés en unités de<br />

travail. Les unités etaient composées de 10 personnes environ, provenant de pelotons,<br />

compagnies et bataillons plus grands qui comprenaient respectivement 30, 100 et 300<br />

personnes 1382 . Les « unités mobiles » étaient formées de « personnes d’âge moyen » 1383 .<br />

Certaines étaient mixtes ; dans d’autres, les travailleurs étaient regroupés par sexe mais il n’y<br />

avait pas de différence dans les tâches qu’on leur attribuait 1384 . Les travailleurs des unités<br />

mobiles devaient construire le barrage, creuser les canaux, construire les systèmes<br />

d’irrigation, faire pousser le riz et le repiquer 1385 . Les « unités d’enfants », regroupaient des<br />

adolescents de 13 à 17 ans 1386 . Les enfants des unités d’enfants étaient séparés de leur famille<br />

et obligés à vivre avec leurs compagnons d’unité 1387 . Il y avait par ailleurs des « unités de cas<br />

spéciaux » où ceux qu’on considérait comme tire-au-flanc ou souffrant d’une « maladie<br />

idéologique » étaient placés en observation et en rééducation 1388 . L’unité des « cas spéciaux »<br />

se voyait attribuer les plus gros quotas 1389 et ceux dont on pensait qu’ils ne pouvaient pas être<br />

rééduqués par l’unité disparaissaient à tout jamais 1390<br />

337. Le barrage a été presque entièrement construit à la main 1391 , avec des quotas de 1 à 3,5 m 3 de<br />

terre à creuser par personne chaque jour 1392 . Il semble qu’on ait utilisé certaines machines<br />

mais seulement pour des tâches secondaires, des tracteurs par exemple, pour niveler le sol 1393 .<br />

338. Bien que cela ait varié entre les différentes unités, les horaires de travail de Trapeang Thma<br />

allaient de 7 heures à 11 heures et de 13 heures à 17 heures environ 1394 . Certains témoins<br />

parlent également d’horaires de nuit, de 19 h à 22 h ou plus, surtout si les quotas n’étaient pas<br />

atteints 1395 . Certaines unités commençaient à travailler plus tôt le matin, à l’aurore 1396 selon un<br />

témoin. Aucun repos ni aucune pause n’était autorisé avant que la tâche prévue ne soit<br />

terminée 1397 . Ceux qui achevaient leur quota se voyaient ensuite attribuer des quotas<br />

supplémentaires 1398 . Même si certains témoins déclarent qu’il n’y avait pas de punition<br />

infligée à ceux qui n’atteignaient pas leurs quotas 1399 , il paraît établi que les travailleurs<br />

étaient punis 1400 physiquement 1401 ou par la réduction de leur ration alimentaire 1402 . D’autres<br />

travailleurs qui n’avaient pas atteint leurs quotas étaient envoyés en rééducation 1403 ou dans<br />

l’unité des « cas spéciaux » 1404<br />

339. Les travailleurs n’avaient pas le droit de s’arrêter pour se reposer pendant les heures de<br />

travail 1405 . La plupart des témoins déclarent qu’il leur était interdit de parler entre eux 1406 . On<br />

leur accordait de courtes pauses pour boire ou aller aux toilettes 1407 , mais les surveillants et les<br />

espions 1408 sur le site prenaient note des travailleurs « paresseux » et les signalaient, aussi<br />

personne n’osait demander de faire une pause 1409 . On accordait des jours de congés<br />

uniquement quand les parents des enfants étaient malades 1410 .<br />

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