ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 1375. La raison d’être même des sites d’exécution énumérés ci-dessus était de faciliter l’exécution de victimes en masse, à l’abris du regard de la population, dans le cadre de la politique du PCK « d’écrasement des ennemis ». Les victimes étaient en particulier les soldats et fonctionnaires de la République khmère à Tuol Po Chrey, les membres du « peuple nouveau » évacués des villes de Kampong Chnnang et Phnom Penh aux sites d’exécution dans le District 12 et des villageois perçus comme étant « liés » au secrétaire purgé de la Zone Est, Sao Phim, à Steung Tauch. 1376. En ce qui concerne les centres de sécurité, pendant toute la durée du régime, les agents de ces centres ont, directement ou indirectement, causé le mort d’un nombre considérable de détenus. Dans la plupart des cas, les prisonniers ont été délibérément tués par divers moyens, notamment l’exécution sommaire à l’intérieur des centres ou à proximité. Cependant, beaucoup de prisonniers sont morts des suites de la torture et des mauvais traitements qu’on leur faisait subir. 1377. Si l’objectif principal des déplacements de population et des sites de travail n’était pas de tuer les personnes visées, les éléments du dossier montrent que des personnes ont été exécutées par des forces armées du PCK juste avant, pendant ou à l’arrivée des déplacements de population 1 et 3. Par ailleurs, la surveillance des individus au sein des sites de travail avait pour but de découvrir des « ennemis », notamment ceux qui refusaient d’être transférés ou qui étaient incapables d’accomplir les tâches qui leur étaient allouées. Les victimes étaient régulièrement tuées sur place (Barrage de Trapeang Thma) ou arrêtées et emmenés pour être tuées a proximité (Barrage du premier janvier, Aéroport de Kampong Chhnang, et Prey Sar). 1378. Des meurtres ont également été commis dans le cadre du mauvais traitement des groupes de bouddhistes (les moines qui refusaient d’être défroqués), de Vietnamiens (ceux qui résistaient a leur déportation en 1975-1976), et de Chams (centres de sécurité de Kroch Chhmar et de Wat Au Trakuon). Dans le cas des Vietnamiens et des Chams, comme il est décrit pour la qualification de génocide, ces meurtres se sont généralisés à partir de 1977. 1379. S’agissant de l’élément moral, les auteurs de la plupart des morts en question, agissant sous l’autorité du PCK, dans la mise en œuvre de son projet commun d’assurer la sécurité et « d’écraser les ennemis », furent animés de l’intention de donner la mort. A supposer que, dans certains cas de torture ou de violences ayant entraîné la mort, les auteurs n’aient pas été animés de l’intention de tuer, vu la nature des atteintes graves à l’intégrité physique de la Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 370

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 victime, ils ne pouvaient que raisonnablement prévoir qu’elles étaient susceptibles d’entraîner la mort. 1380. Ces cas de meurtre, commis par des cadres, des membres du personnel des forces armées et de sécurité du PCK, formaient objectivement partie des moyens utilisés pour atteindre l’objectif commun visant à l’élimination des « ennemis », notamment à travers la mise en œuvre de la politique du Comité central promulgué le 30 mars 1976 visant à déléguer au niveau des comités de zone et de secteur autonome l’autorité pour « écraser » des personnes « en dehors des rangs de la révolution ». Ils faisaient ainsi partie intégrante de l’attaque dirigée contre la population civile, ce dont les auteurs et les personnes mises en examen avaient connaissance. En l’espèce, leur commission partout dans le pays, comme le rapportent de nombreux témoins et parties civiles même en dehors des lieux visés par l’instruction, confirme le caractère généralisé de ces crimes et indique clairement qu’ils étaient décidés et coordonnés par les dirigeants du PCK dans le cadre du projet commun. Extermination 1381. Les éléments constitutifs du crime contre l’humanité d’extermination sont réunis 5263 . Ces faits concernent les personnes tuées, ou qui ont trouvé la mort, en masse, dans les sites d’exécution de Choeng Ek, du District 12, de Steung Tauch et de Tuol Po Chrey ; ainsi qu’aux centres de sécurité de Koh Kyang, Kok Kduoch, de Kraing Ta Chan, celui de la Zone Nord, Phnom Kraol, Au Kanseng, Prey Damrei Srot, S-21, Sang, Wat Kirirum, Wat Tlork; et aux sites et camps de travail forcé du Barrage du premier janvier, de l’Aéroport de Kampong Chhnang, de Prey Sar, du Chantier public de Srae Ambel, du Barrage de Trapeang Thma, et des coopératives de Tram Kok. Les éléments constitutifs de l’extermination sont également réunis dans le cadre des phases 1 et 2 du déplacement de population, et du traitement réservé aux groupes vietnamien et cham. 1382. S’agissant de l’élément matériel, les actes et omissions des auteurs, qu’ils soient directs ou indirects, ont entraîné la mort d’un très grand nombre de personnes, y compris en créant des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population. Même en l’absence de chiffres précis concernant le nombre de personnes décédées et d’identification des corps de toutes les victimes, les éléments du dossier sont suffisants pour établir le décès de dizaines de milliers de personnes. 1383. S’il n’existe aucun seuil minimal de victimes pour qualifier l’extermination, dans chaque cas d’espèce énuméré ci-dessus, en tenant compte à la fois du nombre de morts, établi par des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 371

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

1375. La raison d’être même des sites d’exécution énumérés ci-dessus était de faciliter l’exécution<br />

de victimes en masse, à l’abris du regard de la population, dans le cadre de la politique du<br />

PCK « d’écrasement des ennemis ». Les victimes étaient en particulier les soldats et<br />

fonctionnaires de la République khmère à Tuol Po Chrey, les membres du « peuple<br />

nouveau » évacués des villes de Kampong Chnnang et Phnom Penh aux sites d’exécution<br />

dans le District 12 et des villageois perçus comme étant « liés » au secrétaire purgé de la<br />

Zone Est, Sao Phim, à Steung Tauch.<br />

1376. En ce qui concerne les centres de sécurité, pendant toute la durée du régime, les agents de<br />

ces centres ont, directement ou indirectement, causé le mort d’un nombre considérable de<br />

détenus. Dans la plupart des cas, les prisonniers ont été délibérément tués par divers moyens,<br />

notamment l’exécution sommaire à l’intérieur des centres ou à proximité. Cependant,<br />

beaucoup de prisonniers sont morts des suites de la torture et des mauvais traitements qu’on<br />

leur faisait subir.<br />

1377. Si l’objectif principal des déplacements de population et des sites de travail n’était pas de<br />

tuer les personnes visées, les éléments du dossier montrent que des personnes ont été<br />

exécutées par des forces armées du PCK juste avant, pendant ou à l’arrivée des déplacements<br />

de population 1 et 3. Par ailleurs, la surveillance des individus au sein des sites de travail<br />

avait pour but de découvrir des « ennemis », notamment ceux qui refusaient d’être transférés<br />

ou qui étaient incapables d’accomplir les tâches qui leur étaient allouées. Les victimes étaient<br />

régulièrement tuées sur place (Barrage de Trapeang Thma) ou arrêtées et emmenés pour<br />

être tuées a proximité (Barrage du premier janvier, Aéroport de Kampong Chhnang, et<br />

Prey Sar).<br />

1378. Des meurtres ont également été commis dans le cadre du mauvais traitement des groupes de<br />

bouddhistes (les moines qui refusaient d’être défroqués), de Vietnamiens (ceux qui<br />

résistaient a leur déportation en 1975-1976), et de Chams (centres de sécurité de Kroch<br />

Chhmar et de Wat Au Trakuon). Dans le cas des Vietnamiens et des Chams, comme il est<br />

décrit pour la qualification de génocide, ces meurtres se sont généralisés à partir de 1977.<br />

1379. S’agissant de l’élément moral, les auteurs de la plupart des morts en question, agissant sous<br />

l’autorité du PCK, dans la mise en œuvre de son projet commun d’assurer la sécurité et<br />

« d’écraser les ennemis », furent animés de l’intention de donner la mort. A supposer que,<br />

dans certains cas de torture ou de violences ayant entraîné la mort, les auteurs n’aient pas été<br />

animés de l’intention de tuer, vu la nature des atteintes graves à l’intégrité physique de la<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

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