26.06.2013 Views

ORDONNANCE DE CLÔTURE

ORDONNANCE DE CLÔTURE

ORDONNANCE DE CLÔTURE

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

1358. Les principes de base régissant la justice pénale furent abandonnés par le CPK au profit d’un<br />

système de contrôle politique hautement centralisé, visant à identifier au sein de la société les<br />

éléments potentiellement subversifs, à les neutraliser avant qu’ils ne puissent mettre en danger<br />

la révolution, en les arrêtant pour les rééduquer ou en les éliminant dans le cas où ils avaient<br />

déjà été considérés comme ayant agi contre la révolution. Fondée sur une recherche irréaliste<br />

du « risque zéro », cette politique devait inévitablement dévier. En effet, le processus<br />

d’identification des ennemis mis en place à tous les niveaux du PCK, se fondant sur un<br />

diagnostic de dangerosité invérifiable issu, en grande partie, d’aveux obtenus sous la torture,<br />

s’est autoalimenté et s’est retourné contre ses maîtres. Les critères utilisés pour identifier les<br />

ennemis potentiels au sein de la population ont évolué et se sont élargis au cours de la période<br />

visée par l’instruction en raison des échecs du développement économique et de l’extension<br />

du conflit armé international entre le Cambodge et le Vietnam. La recherche des « ennemis »<br />

a été effectuée par toutes les unités en charge de la sécurité du PCK mais, surtout, par une<br />

force de sécurité dédiée, le « Santebal », contrôlée par le PCK, sans qu’aucun mécanisme ne<br />

soit prévu pour contester la légalité de l’arrestation, de la détention ou de la peine 5256 .<br />

1359. Loin d’être le résultat d’une répétition accidentelle de conduites isolées semblables, l’attaque<br />

a été conçue et coordonnée, au niveau du Centre du Parti, sur la base de directives émises par<br />

les dirigeants, qui contrôlaient directement leur mise en œuvre. En effet, les unités territoriales<br />

n’avaient le droit de communiquer qu’avec leur hiérarchie directe et avec le Centre. Les<br />

cadres « coupables » d’initiatives locales contraires à la ligne du parti, étaient également<br />

considérés comme des ennemis 5257 .<br />

1360. Ce caractère systématique se traduisait dans la pratique par la généralisation des moyens de<br />

mise en œuvre, impliquant un haut degré de planification centrale. Le principal mode<br />

opératoire consistait en des méthodes de violence standardisées, dictées d’en haut et faisant<br />

l’objet de comptes-rendus d’en bas, menées à grande échelle (tel le système tortionnaire mis<br />

en place dans tous les centres de sécurité afin d’identifier et écraser les « ennemis »),<br />

s’appuyant sur toutes les structures étatiques du Kampuchéa démocratique. Ce système a fait<br />

des millions de victimes, dont 1.7 à 2.2 millions de décès, parmi lesquels environ 800 000 par<br />

mort violente 5258 . Au-delà des victimes directes, les disparitions forcées, opérées<br />

systématiquement par les autorités pour masquer les arrestations, faisaient souffrir ceux qui en<br />

étaient témoins, du fait du climat de peur et d’incertitude qu’elles engendraient.<br />

1361. Au vu de l’ensemble de ces éléments, l’attaque contre la population civile était de toute<br />

évidence à la fois généralisée et systématique (étant rappelé qu’un seul de ces critères est<br />

juridiquement suffisant pour élever le crime au niveau de crime contre l’humanité).<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941.<br />

366

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!