ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 DEUXIEME PARTIE : DROIT APPLICABLE Compétence des CETC 1299. En cours d’instruction, plusieurs questions ont été soulevées à propos du droit applicable, en ce qui concerne tant les crimes que les formes de responsabilité prévues par la Loi relative aux CETC 5141 . Sur la base des éléments qui vont être exposés, les co-juges d’instruction considèrent que les crimes et formes de responsabilité définis dans la présente section de l’Ordonnance de Clôture respectent le principe de légalité. 1300. En effet, conformément à l’Accord relatif aux CETC, les Chambres extraordinaires ont été établies par la Loi en tant qu’organe judiciaire au sein des tribunaux cambodgiens, afin de traduire en justice les dirigeants du Kampuchéa démocratique et les principaux responsables des crimes et graves violations du droit pénal cambodgien, des règles et coutumes du droit international humanitaire, ainsi que des conventions internationales auxquelles adhère le Cambodge, commis entre le 17 avril 1975 et le 6 janvier 1979 5142 . 1301. Le fait de savoir si les CETC sont de « nature » cambodgienne ou internationale est sans incidence sur la compétence des CETC à poursuivre ces crimes 5143 , dès lors qu’est respecté le principe nullum crimen sine lege 5144 . 1302. En application de ce principe, prévu à l’article 33(2) (nouveau) de la Loi relative aux CETC, qui renvoie à l’article 15 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, nul ne peut être condamné pour des actions ou omissions qui ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international au moment où elles ont été commises 5145 . En conséquence, pour être retenu devant les CETC, lorsqu’il n’était pas réprimé par la législation pénale nationale, un crime doit être explicitement ou implicitement prévu dans la Loi relative aux CETC et devait être établi en droit international applicable au Cambodge à l’époque des faits 5146 . Les sources de droit international applicables comprennent le droit international coutumier et conventionnel, ainsi que les principes généraux du droit reconnus par la communauté des nations 5147 . De plus, la loi doit avoir été, à l’époque des faits, suffisamment accessible et les personnes poursuivies doivent avoir été en mesure de prévoir qu’elles pouvaient être tenues pour pénalement responsables 5148 , le caractère particulièrement atroce d’un acte pouvant à cet égard être pris en considération 5149 . Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 352

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 1303. Les principes qui viennent d’être exposés s’appliquent également aux diverses formes de responsabilité pénale 5150 . 1304. S’agissant de la question de l’applicabilité directe du droit international au Cambodge, il convient de rappeler que les articles 1, 2 et 29 (nouveau) de la Loi transposent en droit cambodgien les violations du droit international relevant de la compétence matérielle des CETC (génocide, crimes contre l’humanité, violations graves des Conventions de Genève de 1949, destructions de biens culturels durant un conflit armé, et crimes contre les personnes qui bénéficient de la protection internationale) 5151 ainsi que les formes de responsabilité applicables (en les assortissant d’un régime de peines conformément au principe nulla poena sine lege) 5152 . Du fait de ces dispositions, la question de savoir si le droit international est d'application directe au Cambodge ou non est sans incidence sur la compétence des CETC 5153 . 1305. Par ailleurs, les dispositions du droit international réprimant le génocide et les violations graves des Conventions de Genève de 1949, qui prévoient expressément une responsabilité pénale 5154 , étaient juridiquement contraignantes pour le Cambodge comme indiqué ciaprès 5155 ; de ce fait, elles doivent être considérées comme ayant été suffisamment accessibles aux personnes mises en examen, en tant que membres des autorités dirigeantes cambodgiennes. 1306. Pour ce qui est des crimes contre l’humanité, leur caractère punissable en droit coutumier doit être considéré comme ayant été suffisamment accessible aux personnes mises en examen 5156 au vu des procès organisés à la suite de la Deuxième guerre mondiale, à Nuremberg et à Tokyo notamment 5157 . 1307. Les formes de responsabilité incluses dans la Loi relative aux CETC étaient partiellement incorporées au Code pénal cambodgien de 1956, comme indiqué ci-après 5158 et, dans cette mesure, ces formes de responsabilité étaient suffisamment accessibles aux personnes mises en examen. Les formes de responsabilité restantes, à savoir l’entreprise criminelle commune, l’incitation et la responsabilité du supérieur hiérarchique, étaient également définies en droit international, au vu, entre autres, des procès organisés à la suite de la Deuxième guerre mondiale ; ainsi, elles étaient suffisamment accessibles aux personnes mises en examen 5159 . 1308. Ces principes étant posés, il importe de souligner que la règle nullum crimen sine lege ne saurait interdire aux co-juges d’instruction d’interpréter les dispositions qui régissent leur compétence 5160 , le cas échéant en tenant compte de la jurisprudence d’autres tribunaux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 353

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1303. Les principes qui viennent d’être exposés s’appliquent également aux diverses formes de<br />

responsabilité pénale 5150 .<br />

1304. S’agissant de la question de l’applicabilité directe du droit international au Cambodge, il<br />

convient de rappeler que les articles 1, 2 et 29 (nouveau) de la Loi transposent en droit<br />

cambodgien les violations du droit international relevant de la compétence matérielle des<br />

CETC (génocide, crimes contre l’humanité, violations graves des Conventions de Genève de<br />

1949, destructions de biens culturels durant un conflit armé, et crimes contre les personnes qui<br />

bénéficient de la protection internationale) 5151 ainsi que les formes de responsabilité<br />

applicables (en les assortissant d’un régime de peines conformément au principe nulla poena<br />

sine lege) 5152 . Du fait de ces dispositions, la question de savoir si le droit international est<br />

d'application directe au Cambodge ou non est sans incidence sur la compétence des CETC 5153 .<br />

1305. Par ailleurs, les dispositions du droit international réprimant le génocide et les violations<br />

graves des Conventions de Genève de 1949, qui prévoient expressément une responsabilité<br />

pénale 5154 , étaient juridiquement contraignantes pour le Cambodge comme indiqué ciaprès<br />

5155 ; de ce fait, elles doivent être considérées comme ayant été suffisamment accessibles<br />

aux personnes mises en examen, en tant que membres des autorités dirigeantes<br />

cambodgiennes.<br />

1306. Pour ce qui est des crimes contre l’humanité, leur caractère punissable en droit coutumier doit<br />

être considéré comme ayant été suffisamment accessible aux personnes mises en examen 5156<br />

au vu des procès organisés à la suite de la Deuxième guerre mondiale, à Nuremberg et à<br />

Tokyo notamment 5157 .<br />

1307. Les formes de responsabilité incluses dans la Loi relative aux CETC étaient partiellement<br />

incorporées au Code pénal cambodgien de 1956, comme indiqué ci-après 5158 et, dans cette<br />

mesure, ces formes de responsabilité étaient suffisamment accessibles aux personnes mises en<br />

examen. Les formes de responsabilité restantes, à savoir l’entreprise criminelle commune,<br />

l’incitation et la responsabilité du supérieur hiérarchique, étaient également définies en droit<br />

international, au vu, entre autres, des procès organisés à la suite de la Deuxième guerre<br />

mondiale ; ainsi, elles étaient suffisamment accessibles aux personnes mises en examen 5159 .<br />

1308. Ces principes étant posés, il importe de souligner que la règle nullum crimen sine lege ne<br />

saurait interdire aux co-juges d’instruction d’interpréter les dispositions qui régissent leur<br />

compétence 5160 , le cas échéant en tenant compte de la jurisprudence d’autres tribunaux<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

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