ORDONNANCE DE CLÔTURE

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002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 de la hiérarchie, en l’occurrence Ieng Thirith, « après que [Sao] Phim a été accusé de traître. Parfois, Ieng Thirith me parlait personnellement de ce problème » 5038 . Ce témoin ajoute : « Je ne sais pas de qui Ieng Thirith a reçu l'ordre dont nous parlons. Ce qui est certain c'est qu'elle a dit à moi-même et aux unités subordonnées de procéder de cette façon. Et elle m'a même dit que les chefs de la zone Est avaient trahi » 5039 . D’après ce témoin, on n’a jamais revu ces gens et il se peut qu’ils aient été exécutés 5040 . 1255. À Ph-2, des témoins ont expliqué que des centaines de membres du personnel avaient été transférés et remplacés, avant ou vers 1978, parce qu’ils étaient liées à Sao Phim, aux Vietnamiens ou à la Zone Est 5041 . [CAVIARDÉ], ancien membre du comité de Ph-2, a dit : « un soir, de nombreux bateaux [sont venus] récupérer les anciens travailleurs, qui furent remplacés par d’autres » 5042 . [CAVIARDÉ], qui a été envoyé avec des centaines d’autres pour remplacer les travailleurs transférés de Ph-2 au début de 1978, confirme : « tout l’ancien personnel d’environ une centaine de personnes, dont la majorité venue de la zone Est, ont été transportés par barque » 5043 . 1256. D’après [CAVIARDÉ], ancien président de Ph-2 désigné par Ieng Thirith en 1976, celle-ci a donné l’ordre de transférer du personnel de Ph-2 5044 . Il le raconte ainsi : « [certaines fois], après la réunion au Bureau des affaires sociales, Ieng Thirith me donnait une liste des noms des gens qui devaient être exclus, [a d’autres moments], le messager venu du Ministère des affaires sociales m’apportait une liste de noms des gens qui devaient être exclus. Ensuite, je disais aux gens dont les noms étaient mentionnés sur la liste d’aller au Ministère des affaires sociales. Mais je ne les ai jamais vus revenir » 5045 . 1257. [CAVIARDÉ] a aussi expliqué qu’à la fin de 1977, Ieng Thirith l’avait informé directement qu’il allait être transféré de Ph-2 vers un autre endroit. De fait, une embarcation est venue le prendre et il a été emmené à K-7 où sont aussi arrivés sa femme et deux de ses enfants. Il a alors été emmené avec sa famille dans un camp de rééducation 5046 . Interrogé sur les raisons de ces transferts et de ces disparitions, ce témoin a répondu que l’une des raisons était que « c’était des gens de l’Est qui ont été formés par les Vietnamiens » 5047 . Il a aussi dit que « cela ne voulait pas dire que Ieng Thirith avait le pouvoir de prendre des décisions relatives au remplacement des gens. Mais elle appliquait l’ordre de la hiérarchie » 5048 . 1258. [CAVIARDÉ], qui fut affecté à Ph-2 au début de 1978, a expliqué que la nuit suivant son arrivée, tous les membres du personnel plus anciens – une centaine de personnes, la plupart originaires de la Zone Est – avaient été emmenées dans des embarcations. Il affirme aussi que [CAVIARDÉ], fille de Ieng Thirith et présidente de Ph-2, lui a un jour demandé d’emmener Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 342

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427 un certain Vet à K-7. Il a entendu dire que K-7 était un lieu où les prisonniers étaient amenés avant d’être envoyés ailleurs. Cela a été confirmé par Vet, qu’il a revu après la fin du régime. Vet lui a dit qu’après avoir passé deux ou trois nuits à K-7, il avait été envoyé à Prek Dam, où il avait failli mourir 5049 . 1259. Parmi les endroits auxquels ces personnes ont été envoyées, on compte notamment Prek Kdam 5050 , les salines d’État du Centre 5051 et Wat Chey Utdam 5052 , un camp de ré-éducation sous l’autorité de Pang, Président du bureau S-71, où les personnes considerees comme « traîtres » étaient envoyées 5053 . Connaissance et mise en œuvre de cette politique à travers le pays 1260. Même si rien ne prouve que Ieng Thirith ait personnellement visité des centres de sécurité ou des sites d’exécution, elle savait que l’on recherchait et exécutait les ennemis intérieurs et extérieurs du PCK, par sa position de Ministre des affaires sociales, par ses associations avec d’autres dirigeants du PCK, par sa connaissance de et ses relations avec S-21 et par sa participation à des réunions avec des secrétaires de zone, les secrétaires de secteur et les cadres militaires. 1261. Le 30 août 1977, Ieng Thirith a assisté à un banquet donné en l’honneur d’une délégation birmane, à l’occasion duquel Ieng Sary a abordé cette politique dans un discours : « Au cours des huit derniers mois, notre peuple cambodgien et notre armée révolutionnaire ont œuvré avec fougue et ardeur (…) [pour] défendre et protéger notre indépendance nationale, notre souveraineté et notre intégrité territoriale, ainsi que les fruits de la révolution et l’administration populaire de l’État caractérisée par l’égalité et la justice, en réduisant à néant toutes les manœuvres des ennemis de tout genre » 5054 . 1262. À plusieurs reprises, Ieng Thirith a reconnu avoir eu connaissance de l’exécution d’ennemis sous le régime instauré par le PCK. Dans une interview accordée en 1980, elle a expliqué que l’arrestation et l’execution de Ruos Nhim (Secretaire de la Zone Nord-Ouest et membre du Comité permanent) et le suicide de Sao Phim (Secretaire de la Zone Est et membre du Comité permanent), en juin 1978, s’inscrivaient dans la suite du rapport qu’elle avait fait à Pol Pot sur la situation dans le Nord-Ouest. En effet, son rapport avait donné lieu à une enquête qui avait conclu que Sao Phim était un agent vietnamien et que Ruos Nhim était son complice 5055 . Dans la même interview, elle a affirmé que « des agents s’étaient infiltrés dans nos rangs, y compris dans les échelons supérieurs » 5056 . Au cours d’un autre entretien accordé en 1991 à un journaliste du magazine français « Le Nouvel Observateur », elle s’exprimait en ces termes Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941. 343

002/19-09-2007-ECCC-OCIJ ЮŲŠ / No: D427<br />

de la hiérarchie, en l’occurrence Ieng Thirith, « après que [Sao] Phim a été accusé de<br />

traître. Parfois, Ieng Thirith me parlait personnellement de ce problème » 5038 . Ce témoin<br />

ajoute : « Je ne sais pas de qui Ieng Thirith a reçu l'ordre dont nous parlons. Ce qui est<br />

certain c'est qu'elle a dit à moi-même et aux unités subordonnées de procéder de cette façon.<br />

Et elle m'a même dit que les chefs de la zone Est avaient trahi » 5039 . D’après ce témoin, on n’a<br />

jamais revu ces gens et il se peut qu’ils aient été exécutés 5040 .<br />

1255. À Ph-2, des témoins ont expliqué que des centaines de membres du personnel avaient été<br />

transférés et remplacés, avant ou vers 1978, parce qu’ils étaient liées à Sao Phim, aux<br />

Vietnamiens ou à la Zone Est 5041 . [CAVIARDÉ], ancien membre du comité de Ph-2, a dit :<br />

« un soir, de nombreux bateaux [sont venus] récupérer les anciens travailleurs, qui furent<br />

remplacés par d’autres » 5042 . [CAVIARDÉ], qui a été envoyé avec des centaines d’autres<br />

pour remplacer les travailleurs transférés de Ph-2 au début de 1978, confirme : « tout l’ancien<br />

personnel d’environ une centaine de personnes, dont la majorité venue de la zone Est, ont été<br />

transportés par barque » 5043 .<br />

1256. D’après [CAVIARDÉ], ancien président de Ph-2 désigné par Ieng Thirith en 1976, celle-ci a<br />

donné l’ordre de transférer du personnel de Ph-2 5044 . Il le raconte ainsi : « [certaines fois],<br />

après la réunion au Bureau des affaires sociales, Ieng Thirith me donnait une liste des noms<br />

des gens qui devaient être exclus, [a d’autres moments], le messager venu du Ministère des<br />

affaires sociales m’apportait une liste de noms des gens qui devaient être exclus. Ensuite, je<br />

disais aux gens dont les noms étaient mentionnés sur la liste d’aller au Ministère des affaires<br />

sociales. Mais je ne les ai jamais vus revenir » 5045 .<br />

1257. [CAVIARDÉ] a aussi expliqué qu’à la fin de 1977, Ieng Thirith l’avait informé directement<br />

qu’il allait être transféré de Ph-2 vers un autre endroit. De fait, une embarcation est venue le<br />

prendre et il a été emmené à K-7 où sont aussi arrivés sa femme et deux de ses enfants. Il a<br />

alors été emmené avec sa famille dans un camp de rééducation 5046 . Interrogé sur les raisons de<br />

ces transferts et de ces disparitions, ce témoin a répondu que l’une des raisons était que<br />

« c’était des gens de l’Est qui ont été formés par les Vietnamiens » 5047 . Il a aussi dit que « cela<br />

ne voulait pas dire que Ieng Thirith avait le pouvoir de prendre des décisions relatives au<br />

remplacement des gens. Mais elle appliquait l’ordre de la hiérarchie » 5048 .<br />

1258. [CAVIARDÉ], qui fut affecté à Ph-2 au début de 1978, a expliqué que la nuit suivant son<br />

arrivée, tous les membres du personnel plus anciens – une centaine de personnes, la plupart<br />

originaires de la Zone Est – avaient été emmenées dans des embarcations. Il affirme aussi que<br />

[CAVIARDÉ], fille de Ieng Thirith et présidente de Ph-2, lui a un jour demandé d’emmener<br />

Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Route nationale 4, Choam Chao, Dangkao, Phnom Penh<br />

Boite postale 71, Phnom Penh. Tel: +855(0)23 218914 Fax: +855(0) 23 218941.<br />

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